Bonjour à tous !

J'espère que vous prendrez autant de plaisir à lire cette fanfiction que j'en avais eu à l'écrire il y a désormais 10 ans. J'étais encore une collégienne... Le temps passe ! Je reçois encore des reviews et des alertes, ce qui est extrêmement gratifiant. Un grand merci à vous qui continuez à me lire et à me faire part de vos avis !

Si cette fanfiction vous plait, je vous invite à découvrir trois autres de mes productions:

- Mon autre fanfiction, disponible sur ce site : Harry Potter et le Talisman du Destin

- Ma websérie littéraire, Sorceraid (le premier épisode est gratuit, n'hésitez pas ! Synopsis: Nora est une jeune diplômée, blogueuse mode à ses heures, qui vit à Londres et cherche du travail ! Lorsqu'elle découvre cette alléchante offre d'emploi sur Internet, elle ne se pose pas de question : elle fonce… Droit dans un bus ! Accident dont elle ressort sans une égratignure. Cet exploit lui vaut d'être embauchée chez Sorceraid, société de conseil en solutions magiques. Nora passe donc ses journées à fournir à des sorciers décadents (ayant utilisé l'intégralité de leurs ressources en magie) les solutions aux problèmes existentiels de leur quotidien, tels que la résurrection d'Elvis Presley pour un anniversaire ou la traque d'un fantôme inopportun. Bienvenue chez Sorceraid !)

- Le premier tome de ma trilogie, Les Invités de la Samain

En attendant votre visite, je vous souhaite une excellente lecture!

Louknaille


Remarque sur l'histoire: Cette fic se passe au temps de maradeurs et raconte leurs 6è et 7è années à Poudlard. Les points de vue risquent de changer au cours de l'histoire. Cette fanfiction a été publiée avant la sortie du tome 7.

Première partie.

Chapitre 1 : Æternum Asylus.

James passa doucement ses doigts dans la chevelure flamboyante de Lily. Combien de fois il avait rêvé de pouvoir faire ce geste, il ne le savait plus, mais il avait l'impression que tout désormais était différent. Après tout, elle l'avait détesté pendant des années, et son changement de comportement en laisserait sceptiques plus d'un. Mais qu'importe… James avait passé des nuits et des nuits à la désirer, et maintenant son plus grand souhait venait de s'exaucer. Ce que diraient les imbéciles, il s'en fichait complètement. De toute manière, personne n'oserait faire de remarque désobligeante à ce sujet –hormis peut-être Servilus, mais comptait-il vraiment ? – car Lily faisait tourner la tête de nombreux garçons à l'école, à son plus grand désarroi. Quant à lui, il faisait tourner les têtes de nombreuses filles, à son grand plaisir. Alors leur relation attirerait les jalousies, certes, mais pas les moqueries.

-Je me demande comment j'ai fait pour ne pas tomber amoureuse de toi avant, chuchota Lily à son oreille en l'enlaçant tendrement.

-Moi aussi, je me demande comment tu as fait, répondit James avec un petit sourire.

Il l'embrassa dans le cou alors qu'elle pouffait de rire.

-A la fin de l'année, je veux que tu m'emmène avec toi à Æternum Asylus, murmura Lily. Je ne veux pas retourner chez mes parents. Et on partira loin, tous les deux, seuls au monde, avec Sirius, Remus et Peter, si tu veux. Et on vivra comme des aventuriers, au jour le jour !

James lui jeta un coup d'œil amusé.

-Et vos études, dans tout cela, mademoiselle ?

-Au Diable les études ! Mon avenir c'est toi !

James n'aurait su décrire le bonheur qu'il éprouvait. Lily Evans avait enfin succombé à son charme, et elle voulait construire sa vie avec lui…


Un caillou lancé contre sa fenêtre réveilla James en sursaut. Il maudit intérieurement celui qui avait osé le réveiller au beau milieu de merveilleux rêve, brisant cet instant magique dans les bras d'Evans. Jamais il n'aurait pu penser que ce serait un caillou, une saleté de petit caillou de malheur qui gâcherait tout. A vrai dire, il ne pensait tout simplement pas que quelque chose puisse venir le réveiller et le ramener à la triste réalité : tout ceci n'avait été qu'un rêve. Un maudit rêve. Encore un. Lily Evans allait-elle un jour le laisser tranquille, la fin ? Elle le hantait, occupait toute la place dans son esprit, et ce même si elle passait son temps à la rabaisser.

Un second caillou manquant de briser la fenêtre le décida enfin à se lever. Visiblement, c'était important… Sinon pourquoi insister à cette heure-ci de la nuit ? James lança furtivement un regard à sa montre. Trois heures précises. Aucun doute possible : ce n'était pas Peter. Jamais il n'aurait eu le courage de se lever si tôt. Ce n'était pas non-plus Remus : la pleine lune approchait, et le pauvre devait être cloué au lit, chouchouté par ses parents. Mais Sirius n'avait-il pas un repas de famille, ou il ne savait quoi ? C'était en tout cas ce qu'il lui avait dit dans le courant de la soirée, à travers leur miroir à double sens.

D'un geste assuré, James ouvrit la fenêtre après avoir écarté les rideaux. L'air frais de la nuit lui fit du bien. Il aimait beaucoup sortir la nuit ; avec Sirius, ils passaient la moitié de leurs soirées à déambuler dans les couloirs de Poudlard sous sa cape d'invisibilité, parfois accompagnés par Remus, parfois par Peter, et parfois par les deux. C'était étrange, mais il avait l'impression que la nuit était son élément. Parfaitement à l'aise malgré l'obscurité, vivifié par le vent nocturne, c'était comme si la nuit et lui ne faisaient qu'un.

Il aurait reconnu la silhouette qui l'attendait dehors entre mille, et sa mauvaise humeur disparut aussitôt. Il avait certes été réveillé, mais il pardonnait toujours tout à Sirius. Il était son frère. Pas son frère de sang, mais son frère quand même. Ils s'étaient rencontrés dans le Poudlard Express, alors qu'ils allaient rentrer tous les deux en première année. Les Potter et les Black n'avaient jamais été des familles très amies, et James avait provoqué Sirius pour lui rappeler que jusqu'à nouvel ordre, c'était sa famille qui avait le plus d'influence sur la communauté magique. A sa grande surprise, Sirius lui avait répondu qu'il n'y avait rien d'étonnant là-dedans puisque les membres de sa famille étaient tous de sombres crétins. Et le courant était tout de suite passé entre eux deux. James lui avait parlé de sa merveilleuse famille, et Sirius de tous les défauts de la sienne (James se souvenait encore parfaitement que la liste avait été très, très longue). Puis ils avaient discuté de tout et de rien, comme si aucune rivalité ne déchirait leurs familles, et ce jusqu'à ce que deux autres garçons viennent leur demander s'ils pouvaient partager leur compartiment. Ils avaient tous les deux accepté de bon cœur, et la conversation avait repris de plus belle. Ils avaient ensuite été envoyés dans la même maison, à la grande surprise de James qui était persuadé que Sirius serait envoyé à Serpentard et lui à Gryffondor. Mais il avait eu la preuve que Sirius n'était pas comme les autres Black, pour son plus grand bonheur.

Et depuis, ils étaient inséparables. Quatre garçons très différents et pourtant partageant les mêmes idées, liés par une amitié qualifiée d'indestructible. James Potter, Sirius Black, Remus Lupin et Peter Pettigrow. Cornedrue, Patmol, Lunard et Queudver. Les maraudeurs, comme on les appelait à Poudlard. Ce surnom ne les dérangeait pas. Ou du moins, il ne le dérangeait pas, ni lui, ni Sirius. Remus, le plus discret des quatre, avait eu du mal à s'y faire au début, mais avait fini par s'habituer, comme il l'avait fait pour tout le reste : la popularité de James (plusieurs membres de sa famille étaient des aurors très renommés) et le succès de Sirius auprès des filles n'étaient que des détails. Des détails parfois contraignants, certes, mais qui ne viendraient jamais les séparer. Et puis, tous les quatre, ils étaient complémentaires : si Remus et Peter n'avaient pas été là pour rappeler à James et Sirius que le monde ne tournait pas autour de leur nombril, que seraient-ils devenus ? Deux gamins pourris gâtés, désagréables comme Servilus et arrogants comme Rush, un politicien un peu extrémiste persuadé qu'il était l'envoyé de Merlin ? Et si James et Sirius n'avaient pas été là, Remus aurait-il supporté d'affronter inlassablement les soirs de pleine Lune, seul dans la Cabane Hurlante ? Et Peter aurait-il appris à avoir une plus haute estime de lui, lui qui s'était toujours considéré comme un boulet pour tout le monde ? Mais James et Sirius étaient là, aussi Remus passait ses nuits de pleine Lune en compagnie de ses amis animagis ; et Peter avait cessé de répéter à longueur de journée qu'il était inutile et un fardeau pour eux.

C'était peut-être ça que James aimait le plus dans leur amitié : ils pouvaient toujours compter les uns sur les autres, et si l'un d'eux était en mauvaise situation, les autres étaient toujours là pour tenter de le tirer d'affaire et lui éviter la retenue. C'avait été le cas dans leurs premières années, tout du moins, car maintenant, Remus était préfet et se devait de montrer l'exemple aux petits. Bien sûr, il sortait de temps en temps, mais beaucoup moins qu'avant. Néanmoins, James, Sirius et Peter ne lui en voulaient pas. Maraudeurs un jour et pour toujours, non ? Et puis de toute manière, avoir un préfet dans la bande avait ses avantages : ça faisait une personne de moins à éviter lors de sorties nocturnes.

-Hey, tête de nœud, viens m'ouvrir au lieu de réfléchir à je ne sais quelle bêtise ! marmonna Sirius, tout de même assez fort pour que James puisse l'entendre du haut de sa chambre. Ca caille, dehors !

-Tête de nœud ? répéta James. Patmol, fais gaffe à ce que tu dis, sinon je te laisse dehors !

Il y eut un silence seulement troublé par les petits pas feutrés de Oboulo, l'elfe de maison des Potter, qui traversa le couloir en chantonnant. Puis, les deux garçons sourirent et pouffèrent de rire simultanément. James n'attendit plus une seconde : il sortit de sa chambre et bondit dans les escalier, sautant les quatre dernières marches. En courant presque, il traversa le vaste hall du manoir et se dirigea vers la porte, qu'il ouvrit en hâte. Sirius l'attendait là, les yeux pétillants de joie et la bouche étirée en un large sourire. Le jeune homme posa sa valise et se jeta dans les bras de son ami.

-Cornedrue, tu m'as manqué !

-Toi aussi tu m'as manqué ! avoua James, heureux de retrouver son meilleur ami. Qu'est-ce qui t'amène ici de si bonne heure ?

-On en parlera plus tard, dit Sirius. Pour le moment il faut que je trouve quelque part ou dormir. Tu crois que…

Il se tut et afficha une mine désolée. James comprit cependant où il voulait en venir.

-Que tu peux rester ici ? demanda-t-il. Bien sûr ! Mes parents t'ont adopté, la dernière fois que tu es venu. Ils ont trouvé que tu avais la classe. C'est cool, hein ?

-Mouais. Mais tu sais, ils ont déjà beaucoup de travail, et je ne veux pas en plus leur attirer des ennuis… Avec mes parents, tu sais…

-A ce que je sache, tu n'as pas emmené ta mère dans ta valise, alors je ne vois pas où est le problème ! répliqua James. Tes parents auront beau envoyer des centaines de Beuglantes, mes parents s'en fichent, si tu savais à quel point…

-Alors je peux rester ? demanda Sirius avec espoir.

James voulut répondre mais une porte s'ouvrit quelque part au-dessus de leurs têtes, bientôt suivie par des pas se dirigeant vers l'escalier. A la démarche lente et assurée, James sut que c'était son père qui allait descendre d'un moment à l'autre.

-Bonsoir, jeune homme ! lança Williams Potter à l'adresse de Sirius.

Il venait d'apparaître au tournant de l'escalier et souriait. C'était bon signe. Si voir Sirius l'avait gêné, James savait que son père n'aurait pas souri. Il aurait eu cet air dur qui le caractérisait lorsqu'il était en colère ou déçu. Cet air que James détestait par dessus tout, surtout quand il lui était destiné. Son père ne perdait jamais son sang-froid, et pourtant, même s'il ne levait jamais la main sur son fils, James avait toujours l'impression de recevoir une gifle quand Williams lui adressait ce genre de regards. Affronter cet air dur était pour lui la pire des punitions, et il en avait eu, des punitions ! Avec Sirius, il se demandait s'il n'allait pas battre le record de retenues de Poudlard avant la fin de leur scolarité. Aussi, il avait l'habitude de copier des lignes, de récurer des chaudrons ou encore d'astiquer la salle des Trophées. C'était toujours un peu la même chose, à Poudlard. La seule retenue qui était sortie du lot s'était déroulée l'année précédente, à cause d'un sortilège qu'il avait jeté à Rogue. Pourtant, le sortilège n'avait pour but que de lui laver les cheveux, mais McGonagall, la directrice des Gryffondor, n'avait pas dû apprécier. Elle n'avait pas non-plus apprécié le fait que Rogue réplique par un autre sortilège. Au final, ils avaient été contraints de passer une journée reliés l'un à l'autre par une corde magique. Mais il préférait encore cela plutôt que la vue de contrariété dans les yeux de son père. Williams comptait trop pour lui pour qu'il puisse le décevoir. Mais bien entendu, c'était tout de même arrivé une ou deux fois. James gardait d'ailleurs de très mauvais souvenirs de ces instants où il avait été seul dans le bureau de son père à l'écouter lui faire des reproches. Mais au fond, il savait que Sirius, chez lui, vivait bien pire, aussi gardait-il cela pour lui. Pouvait-il se plaindre de simples reproches venant de son père alors que Patmol vivait en permanence chez des gens qui le détestaient ? Alors que Remus se transformait une fois tous les mois en loup-garou ? Alors que Peter devait affronter chaque été l'humiliation d'avoir un père moldu à moitié fou qui avait tué sa femme quand il avait appris qu'elle était une sorcière ?

-Bonsoir, Mr Potter, salua Sirius. Excusez-moi de vous déranger à cette heure-ci mais… enfin, j'ai eu un problème chez moi et il faudrait que…

-Tu es ici chez toi, assura Williams. Reste tout le temps que tu veux.

-Vous n'avez pas peur de recevoir des représailles de ma famille ? s'enquit Sirius. Parce que James m'a dit à quel point vous êtes occupés, vous et Rosanna, avec les meurtres incessants, les mangemorts, et bien sûr le Seigneur des Ténèbres…

-Ma femme et moi savons parfaitement à quoi nous en tenir avec tes parents, Sirius, garantit Williams. Reste si ça te fait plaisir. Tu es ici chez toi, répéta-t-il.

Sirius sourit. James l'imita.

-Bon, le problème est réglé ! s'exclama-t-il gaiement. Sirius, tu dors avec moi. Au fait, Papa, qu'est-ce que tu faisais debout au beau milieu de la nuit ?

-Et toi, qu'est-ce que tu fais debout au beau milieu de la nuit dans les couloirs de Poudlard ?

James savait parfaitement que quand son père déviait la question pour ne pas y répondre, il valait mieux ne pas insister. Il devait sûrement travailler dans son bureau. Il avait énormément de travail, ces temps-ci. En temps que l'un des meilleurs aurors du pays, il estimait qu'il était de son devoir de tout faire pour empêcher Voldemort de gagner en pouvoir. Mais comme sa mère (elle-aussi auror, bien que beaucoup moins acharnée à sa tâche), James savait qu'il travaillait trop. Il ne dormait presque plus, et quand il dormait, son sommeil était agité et peuplé de mages noirs qui venaient le narguer dans des rêves se terminant toujours mal. Son visage si charmeur se ridait un peu plus de jour en jour, et de profondes cernes venaient souligner ses yeux bleus. Pour rien au monde il ne l'aurait avoué, mais il avait peur pour son père. Pas qu'il ne lui faisait pas confiance, bien au contraire : Williams n'était pas renommé pour rien et il se battait comme s'il était né pour ça, mais il avait peur que dans son acharnement au travail, au devoir où à il ne savait quel autre principe auquel son père tenait tant, il oublie qu'il avait une famille à aimer. Sa mère était plus fragile qu'elle ne le laissait paraître. Quand Williams restait au Ministère au lieu de rentrer la maison passer la nuit, Rosanna Potter s'enfermait parfois pendant des heures dans sa chambre. James n'aimait pas du tout cette situation, en particulier une fois qu'il eut compris que si sa mère s'enfermait, c'était pour ne pas lui montrer ses larmes. Il ignorait si son père savait que sa femme vivait mal ses absences, mais toujours était-il que rien n'avait changé, et depuis des années, il se battait et se battait encore, mettant sa vie en danger pour sa communauté, renonçant à tous les beaux moments qu'il aurait pu passer avec sa famille. James se demandait parfois pourquoi il se battait tant que ça. Pourquoi il était si dévoué à son métier. Il lui avait posé la question, une fois, mais ce jour-là il avait eu le droit à l'un de ces airs durs et pleins de reproches. Alors il avait renoncé à comprendre.

Il savait qu'il devrait être fier de son père. Et au fond de lui, il l'était. Mais plus que tout, il voulait que Williams passe plus de temps à la maison, ne serait-ce que pour sécher les larmes de Rosanna. Au début, il avait trouvé ça drôle de jouer l'homme de la maison pendant les absences de son père, mais il avait grandi et avait compris la triste réalité : un fou furieux qui se faisait appeler Voldemort sévissait et il fallait l'arrêter. Or personne n'y était jamais parvenu. Son père mourrait d'envie d'être celui qui l'attraperait. C'était peut-être cela qui faisait pleurer sa mère : le fait qu'il soit prêt à mourir pour stopper quelqu'un qu'on ne pouvait arrêter.

-Oh, James, tu es toujours avec nous ?

Son père le tira de ses réflexions. Sirius avait les yeux posés sur lui mais souriait toujours.

-Pardon, vous disiez ? s'excusa James.

-Sirius était entrain de raconter pourquoi il est là, expliqua Williams.

-Pas grave, je vais t'expliquer en haut, assura Sirius. Merci de m'héberger, c'est gentil. Viens, James, on monte.

James hocha la tête et tous deux montèrent une par une les marches de l'escalier, sous les yeux amusés de Williams.

-Euh, Papa ! s'exclama James alors qu'il allait atteindre la dernière marche.

-Oui, fils ?

James eut un petit sourire triste.

-Fais attention à toi…

Williams lui adressa un clin d'œil.

-Promis !

Mais James ne fut pas rassuré pour autant car au lieu d'aller se coucher, son père les suivit sans l'escalier et retourna dans son bureau où il s'enferma : James entendit le cliquetis de la clé.

-Il retourne travailler ? s'étonna Sirius en regardant la porte du bureau se refermer.

-Comme tous les soirs, soupira James. Allez, viens.

Il emmena son ami au bout du couloir et poussa la porte en bois de chêne de sa chambre. Il s'écarta pour laisser entrer son ami, refusant plus ou moins poliment les biscuits que lui proposait Oboulo et entra à son tour, refermant sèchement la porte derrière lui.

-Tu devrais être plus sympa avec ton elfe, lança Sirus.

-Il sait très bien que je ne veux pas de gâteaux à trois heures du matin.

-Tu sais, moi, quand mon elfe me propose des gâteaux, c'est soit parce qu'ils sont moisis, soit parce qu'ils sont empoisonnés. Crois-moi, tu ne sais pas la chance que tu as d'avoir un elfe si gentil à ton service.

-Si tu le dis…

James se laissa tomber mollement sur son lit défait et invita Sirius à en faire de même. Il réalisa alors à quel point sa chambre était en désordre : son poster de l'équipe de Quidditch de Frelons de Whitbourne devait être la seule à peu près à sa place, collé bien droit sur son mur beige. Son bureau était envahi de vieux morceaux de parchemins froissés, de livres de magie et de plumes de hiboux, et sur le sol jonchaient des vêtements qui auraient dû être lavés depuis au moins une semaine. Même sa poubelle était si remplie qu'elle débordait et répandait des détritus partout pour manifester sa mauvaise humeur.

-Maudit soit le jour où j'ai acheté cette poubelle magique, grogna-t-il. Regarde-moi ça !

La poubelle confirma ses dires en recrachant un papier qui alla directement se cogner contre la tête de James.

-Bon alors, raconte-moi tout, dit soudain le jeune homme pour éviter de trop penser à tout le rangement qui l'attendait. Qu'est-ce qui s'est passé pour que tu sois viré de chez toi ?

Sirius soupira et s'allongea de tout son long sur le lit de son ami.

-Je n'ai pas été viré. C'est moi qui suis parti.

James ouvrit de grands yeux ronds.

-Comme je t'avais dit, on avait un repas de famille, ce soir. Et quand je dis famille, c'est famille. C'est-à-dire mes oncles, mes tantes, mes cousins, mes cousines, mes grands-parents, mes cousins éloignés, mes oncles éloignés, mes tantes éloignées… Rassemblement de sangs-purs, en d'autres termes.

James fit la grimace.

-Ta cousine Bellatrix ?

Sirius hocha la tête.

-Lucius Malefoy ?

A nouveau, Siruus acquiesça.

-Narcissa ?

-Tout le monde, je te dis !

-Aïe…

James comprenait que Sirius n'ait pas eu envie de rester. Ses parents et son frère étaient déjà insupportables, alors si en plus des cousins ou relations comme les Malefoy, Bellatrix ou Narcissa (deux petites pestes que James avait connues à l'école) venaient allonger la liste, Sirius n'avait pas dû tenir très longtemps. Tous étaient attachés à leur sang plus qu'à n'importe quoi d'autre. Tous sauf Sirius, bien entendu. C'était certainement ce qui avait été le point de départ des tensions, avec sans doute le fait qu'il ait été envoyé à Gryffondor, et non à Serpentard, comme le voulait la tradition familiale.

-Ouais, comme tu dis… approuva Sirius. Comme d'habitude, chacun a joué l'hypocrite avec les autres : ma mère a fait semblant de s'intéresser au futur mari de ma cousine Andromeda, sachant parfaitement que Ted est un moldu comme elle les déteste. Mon frère a fait semblant d'être ami avec Lucius alors qu'il ne peut pas le supporter depuis qu'il lui a cassé son Strutoscope. Et pendant presque une heure, ils ont continué comme ça, comme si de rien n'était alors qu'ils passent leur temps à se poignarder dans le dos quand ils sont seuls chez eux. Je suis bien placé pour le savoir : ma mère se sert parfois de magie noire pour savoir ce que les autres disent d'elle.

James leva les yeux au plafond. Il avait souvent vu Mrs Black (de loin, puisque ses parents lui interdisaient d'approcher ce genre de personnes), et si Sirius et ses parents ne lui avaient pas parlé de ses attirances pour la magie noire, jamais il n'aurait pu la croire capable de faire ça. Elle cachait bien son jeu derrière des bonnes manières et de grands sourires…

-Mais bref, ça c'est comme d'habitude, reprit Sirius. On parle, on parle, et après on passe à table. Ma mère prend bien le soin de me mettre à l'extrémité de la table, à côté d'Andromeda. Par pour que je sois avec quelqu'un que j'aime bien, non, juste pour ne pas que je lui fasse honte devant les autres en parlant de ce qu'on peut faire à Gryffondor, ou de mes amis sang-de-bourbe. Et tu sais ce qu'elle me dit ?

James fit non de la tête.

-Elle dit : Tu as de la chance, Sirius. J'ai hésité à te laisser participer à ce repas, puisque tu ne fais pas vraiment partie de la famille.

James ouvrit la bouche de béatitude.

-Elle a dit ça ?

-Hm.

-Et ?

-Et voilà, comme je ne fais pas partie de sa famille, je suis parti en lui envoyant à la figure ses quatre vérités –je crois qu'elle n'a pas apprécié, d'ailleurs. Ca fait six ans que j'attends ce moment. Cet été, j'ai cru que j'allais devenir fou, avec elle.

Sirius soupira une nouvelle fois. James comprenait ce qu'il ressentait, même s'il n'avait jamais connu un telle chose. A sa place, il aurait fait pareil.

-Tu comptes rester combien de temps ici ? demanda-t-il.

Sirius eut l'air gêné.

-C'est-à-dire que… Je n'ai pas l'intention d'y retourner…

-Dans ce cas prépare-toi à un été tel que tu n'en as jamais vécu, mon vieux Patmol ! s'exclama James. On va imposer les règles dès maintenant. Premièrement, il t'est interdit d'effectuer la moindre tâche ménagère. Deuxièmement, il t'est interdit de parler de la famille Black qui n'existe plus. Et troisièmement, dégage de mon lit, c'est moi qui dors là. Toi tu dors par terre sur un matelas. Oboulo ! appela-t-il. Apporte un matelas s'il te plait !

Sirius sourit.

-Cornedrue, t'es génial !

-Ouais, je sais.


Le réveil fut tardif. James, quand il ouvrit les yeux, mit du temps à se rappeler que Sirius était arrivé, mais il reconnut sans peine ces ronflements sonores qui accompagnaient ses nuits à Poudlard. A tâtons, il chercha ses lunettes qu'il avait posées sur son chevet avant de s'endormir, puis les plaça sur son nez qu'il trouvait légèrement trop grand. Comme souvent, il passa une main dans ses cheveux noirs très ébouriffés. A son souvenir, il n'avait été bien coiffé qu'une seule : le soir où il avait dû aller dîner chez le Ministre de la Magie avec ses parents, alors qu'il devait être âgé de huit ou neuf ans. Bien sûr, s'il avait voulu, il aurait pu arranger sa chevelure : son père y parvenait bien, lui. Mais c'était plus une question de volonté. Il n'avait pas envie d'être bien coiffé. Il aimait ce côté rebelle que ses cheveux indomptables lui donnaient. Et les filles adoraient. Elles adoraient aussi ses yeux noisette et sa bouche. Mais tout serait beaucoup plus simple si Evans étaient comme les autres filles. Elles étaient des dizaines à ses pieds, mais évidemment, la seule qui l'intéressait se fichait complètement de lui. C'était désespérant… Et pourtant, lui, il ne se moquait pas d'elle. Quand il lui disait qu'il rêvait de sortir avec elle, c'était vrai. Mais elle semblait penser qu'il allait la jeter comme une vulgaire chaussette. Bien sûr, c'était ce qu'il avait fait à quelques filles qui maintenant le détestaient, mais il ne pourrait jamais lui faire ça à elle. Lily Evans n'était pas comme les autres : elle était plus belle, plus intelligente, plus parfaite… Certains jours, il aurait aimé avoir le visage de Sirius, juste pour voir si elle serait aussi désagréable avec lui ou si au contraire, elle succomberait comme toutes les autres filles. Peut-être que c'était son physique qui ne lui plaisait pas… Qu'est-ce que ça pouvait être d'autre, sinon ? Elle le trouvait prétentieux, mais et alors ? Les autres filles n'étaient pas gênées par ce détail, alors pourquoi le serait-elle ?

Sirius remua dans son lit et finit par ouvrir les yeux. James le regarda s'étirer paresseusement avant de se décider à aller ouvrir les rideaux. Le jour avait de toute manière tellement envahi la pièce que la différente ne fut pas vraiment flagrante.

-Quelle heure il est ? marmonna Sirius d'une voix ensommeillée en se cachant les yeux de son bras.

-Midi moins dix, dit James. Oboulo a dû préparer le petit-déjeuner. Tu descends ?

Sirius fit oui de la tête et se leva lentement.

-Les lettres de Poudlard sont sans doute arrivées, fit remarquer James. On ira faire les courses cet après-midi, ça te va ? Je me demande si on croisera du monde… Evans, par exemple.

-Oui, par exemple ! ricana Sirius, qui parut soudain beaucoup plus réveillé. Mon pauvre James, tu devrais laisser tomber, avec Evans… C'est perdu d'avance.

James fit comme s'il n'avait pas entendu.

Le courrier était bel et bien arrivé, et James nota avec satisfaction qu'en plus des lettres de l'école, deux autres lettres lui étaient destinées.

-Remus et Peter t'ont écrit, chéri, annonça inutilement Rosanna Potter.

James avait déjà reconnu l'écriture de ses amis.

-Sirius, tu as bien tout ce qu'il te faut ? s'enquit Rosanna.

-Ca va, merci !

-Sinon, n'hésite pas à demander, hein ! assura Rosanna. Tu es ici chez toi !

Ses yeux bleus pétillaient de joie. Cela faisait un moment que James n'avait pas vu sa mère si joyeuse. Mais c'était bon signe. Son père avait beau être retourné au Ministère durant le week-end, elle ne passerait pas son samedi seule avec son fils, et avoir de la compagnie leur ferait du bien à tous les deux.

-Tiens, Peter dit qu'il va partir pour deux semaines en Irlande, s'exclama James qui avait commencé la lecture de la première lettre.

Peter, depuis que son père avait été enfermé pour avoir tué sa femme sans raison valable, avait été placé dans une famille d'accueil qui se montrait très chaleureuse et attentionnée envers lui. Il ne manquait de rien et menait une petite vie tranquille avec son frère et sa sœur. Enfin, il les considérait comme tels, même s'ils n'avaient aucun vrai lien de parenté. De toute évidence, il repensait parfois à ses vrais parents et c'était dur pour lui, mais il n'était pas à Gryffondor pour rien : il était fort, même s'il ne le montrait pas toujours. Il avait juste besoin de confiance en lui, et James savait que pour lui, ce n'était pas très facile, puisqu'il était en permanence en compagnie de trois amis plutôt aimés dans l'école. Mais Maraudeurs un jour et pour toujours, non ? James, Sirius et Remus faisaient toujours tout pour qu'il se sente bien, et petit à petit leurs efforts étaient récompensés.

-Et il va ensuite aller voir son père en prison.

-Pauvre petit, murmura Rosanna. Il ne méritait pas ça…

James haussa les épaules. Bien sûr que non, il ne méritait pas ça, mais c'était la vie, non ?

-Au moins il aura passé des bonnes vacances avec les McGregor ! fit remarquer Sirius, la bouche à moitié pleine de porridge. Mieux que les miennes ! Enfin, mieux que ce que j'ai enduré jusqu'à maintenant !

-C'est vrai, admit Rosanna. James, mange au lieu de lire ton courrier ! Surtout que je suis persuadée qu'au fond, tu n'as pas envie de savoir les résultats de tes BUSEs…

James claqua la langue d'agacement et saisit la lettre de Remus. Sa mère leva les yeux au plafond, exaspérée, mais ne dit rien.

-Et Remus vient tout juste de rentrer de chez sa tante Charlotte en Cornouaille, annonça-t-il quelques secondes plus tard. Apparemment il a passé deux merveilleuses semaines.

-C'est bien ce que je dis, jusqu'à présent c'est moi qui ai passé le pire été, bougonna Sirius. Ma mère a été horrible, mon père, on n'en parle pas, et mon frère… Disons que mon frère s'est mis a écrire à Rogue, alors tu vois le genre…

James ouvrit de grands yeux ronds mais n'eut pas le temps de faire de commentaire car sa mère fut plus rapide.

De toute évidence, James était aussi proche de sa mère que de son père, et elle savait tout sur lui : sa relation explosive avec Rogue, sa relation explosive avec Lily Evans, sa relation explosive avec Slughorn et McGonagall… Elle se montrait toutefois plus compréhensive. Parfois elle en riait, parfois elle le réprimandait pour cela… Et contrairement à Williams, elle ne se contentait pas d'un air dur pour lui faire comprendre ce qu'elle pensait, et il arrivait quelquefois qu'elle hausse le ton. Rosanna pouvait se montrer très persuasive, quand elle le voulait, mais depuis que son mari rentrait de moins en moins à la maison, trop occupé à faire des heures supplémentaires au Ministère, elle n'avait plus que très rarement besoin d'élever la voix. James savait que pour elle c'était dur de savoir son mari en danger en permanence, aussi faisait-il tout ce qu'il pouvait pour éviter de la décevoir. Ses parents étaient tout pour lui. Ses parents, ses amis et Lily.

-Comment va cette bonne vieille Alicia Black ? demanda Rosanna, l'air de rien. Elle n'a pas laissé s'échapper le nom d'un mangemort ou deux, au début de l'été ?

Sirius eut une moue désolée.

-Non, aucun.

-Dommage. Ca aurait été bien d'en attraper deux ou trois. Comme ça Williams aurait pu rester un peu dans son lit au lieu de chercher et de chercher encore pendant des journées entières, et même parfois la nuit.

-On pourra demander à Rogue quand on le verra, proposa James. Il est à fond sur la magie noire, alors il doit bien être en contact avec un ou deux mangemorts. Et puis on sait ce qu'il faut faire pour le faire parler, pas vrai, Patmol ?

Sirius hocha la tête.

-Jamesie, tu t'entends parler ? bougonna Rosanna. C'est grave, ce que tu dis là ! On n'accuse pas les gens de complicité avec les mangemorts comme ça, sans preuve !

Elle passa une main dans ses longs cheveux blonds et lisses et remit une mèche derrière son oreille.

-Tu ne devrais pas parler à la légère, James. Imagine ce qu'il doit ressentir, le pauvre petit…

Elle laissa s'échapper un sanglot qu'elle tenta vainement de masquer mais se reprit rapidement. James fronça tout de même les sourcils.

-Maman… C'est de Severus Rogue, qu'on parle. C'est quoi, ce sanglot étouffé ?

-Rien, soupira Rosanna. La fatigue et le stress, sans doute.

James et Sirius échangèrent un regard anxieux.

-Mrs Potter… Ne vous en faîtes pas pour Rogue, nous n'allons pas lui faire de mal… tenta Sirius. Et de toute façon, il ne faut pas croire qu'il est un petit ange… Il sent à la magie noire à dix mètres à la ronde…

-Et puis toi et papa, vous avez toujours détesté sa mère, rappela James.

-Ce n'est pas sa mère que nous détestons, Jamesie, c'est son oncle.

-Mouais, c'est pareil. Je ne vois pourquoi tu aurais pitié de Rogue si tu détestes son oncle…

-Occupe-toi de ton courrier, ordonna Rosonna d'une voix sèche. Sirius, c'est bizarre que ta lettre à toi ne sois pas arrivée…

Sirius haussa les épaules.

-Ma mère a dû aller au Ministère récupérer mes résultats et ma lettre de rentrée avant leur envoi, dit-il. Elle croit peut-être que ça va me faire revenir…

-Je vais aller voir ça, alors, déclara Rosanna. Jamesie, mange. Je serai de retour au minimum dans une demi-heure. Ca dépend de la docilité de cette bonne vieille Alicia Black.

Elle se leva de sa chaise, chercha sa baguette magique dans toutes les poches de son élégante robe et transplana dans un léger « crac », laissant les deux jeunes hommes seuls dans la vaste cuisine. James aimait beaucoup cette cuisine qu'il trouvait accueillante et pleine de couleurs. Rien à voir avec la cuisine des Malefoy la dernière fois qu'il était allé dîné chez eux (cela devait remonter à l'époque où il était encore en première année), grise et froide, ou celle de Millicent Bagnol, le Ministre de la Magie, qui était certes agréable mais un peu trop féminine à son goût.

-Je crois que ta mère en a plus pour trois heures que pour trente minutes, fit remarquer Sirius. La mienne ne lâchera pas si facilement le morceau, tu peux me croire. Je suis sûr qu'elle n'a qu'une seule envie : que je rentre à la maison pour qu'elle me tue de ses propres mains et dans les pires souffrances. Immonde traître à ton sang, ingrat, honte de ma chair, fils indigne ! s'exclama-t-il dans une parfaite imitation de sa mère. J'imagine déjà la scène si par malheur je suis contraint de rentrer chez moi.

-Tu ne retourneras jamais chez toi, promit James. Tu resteras ici tout l'été, et même l'été d'après si tu veux. Et si jamais elle vient de te chercher dans ici, à Æternum Asylum, merveilleux manoir des Potter, tu n'auras qu'à faire comme si tu étais mort.

Sirius pouffa de rire.

-Allez, ouvre donc ta lettre, lança-t-il. On va voir si tu as été brillant…

Le sourire de James s'effaça. D'une main légèrement tremblante, il saisit la dernière enveloppe, qui allait peut-être changer son destin. Et s'il découvrait qu'il n'avait pas eu assez de BUSEs pour être auror, que diraient ses parents ? Auraient-ils honte de lui, comme les Black avaient honte de leur fils aîné ?

Non, c'était impossible. Avec Sirius et Evans, il était le meilleur élève de Poudlard. Si quelqu'un avait réussi ses examens, c'était bien lui. Et de toute façon, pourquoi aurait-il raté ? En métamorphose, il était le meilleur, en défense, il était le meilleur (ou presque), en sortilèges, il se débrouillait très bien, en potions… Bon, en potions, Evans et Rogue avaient une longueur d'avance, mais rien de bien grave… En botanique… En botanique c'était Peter le meilleur, mais c'était uniquement parce que sa mère (puisqu'il appelait comme ça Mrs McGregor) était guérisseuse à l'hôpital Ste-Mangouste pour les maladies et les blessures magiques, puisque que Peter n'était pas ce qu'on pouvait qualifier de très bon élève. En bref, il y avait très peu de chances pour qu'il ait échoué dans les matières principales. Ensuite, en ce qui concernait la divination et l'histoire de la magie, c'était autre chose, mais qui s'intéressait à ces matières, hormis Evans ?

-Bon, tu l'ouvres, oui ou non ? s'impatienta Sirius.

James déchira sans retenue l'enveloppe carrée et saisit les deux parchemins soigneusement pliés qu'elle contenait.

-Normalement, c'est le Ministère qui envoie directement les résultats, dit James. Je me demande pourquoi cette année c'est l'école qui le fait…

-Ils n'ont peut-être plus de hiboux au Ministère, proposa Sirius. Entre ceux qui sont envoyés pour les affaires hyper secrètes, ceux qui sont envoyés aux proches de toutes les victimes quotidiennes, ceux qui sont envoyés à la Gazette du Sorcier, ceux qui sont envoyés aux sorciers de premier cycle qui se servent de leur baguette parce qu'ils croient qu'ils sont en danger alors qu'en fait, l'homme en grand manteau qu'ils ont vu au bout de la rue n'est autre qu'un pêcheur moldu qu'ils ont pris pour Voldemort, ça fait beaucoup !

-Hm…

James n'écoutait à moitié pas, trop absorbé par ses résultats. Une partie de lui lui assurait que tout allait bien se passer, puisqu'il était un excellent élève, mais l'autre ne cessait de se demander si l'on pouvait vraiment se fier à cela. N'était-il pas un peu trop sûr de lui ?

Brevet Unisversel

de Sorcellerie Elémentaire.

Le candidat est admis s'il obtient l'une des notes suivantes :

Optimal (O)

Effort Exceptionnel (E)

Acceptable (A)

Le candidat est recalé s'il obtient l'une des notes suivantes :

Piètre (P)

Désolant (D)

Troll (T)

James Williams Potter a obtenu :

Astronomie : A

Soins aux créatures magiques : A

Sortilèges : E

Défense contre les forces du mal : O

Divination : T

James manqua d'éclater de rire à la vue de cette note. Le jour de l'examen de divination, il avait prédit pour son examinateur un mariage avec une grande femme très ronde et très peu jolie –il s'était rendu compte après que la description qu'il avait faite (au hasard) correspondait parfaitement à celle du professeur. Il avait ensuite appris par Franc Longdubat, un de ses amis de Gryffondor qui partageait le dortoir avec lui, que l'examinateur en question était en plein divorce, ce qui n'avait pas dû lui plaire.

Botanique : E

Histoire de la Magie : D

Potions : E

Métamorphose : O

-La classe ! s'exclama James. Regarde ça !

Il tendit la lettre à Sirius qui la parcourut du regard et sourit.

-Tu as eu T en divination ! se moqua-t-il. Et D en histoire !

Il lui rendit ses résultats.

-Bravo, Cornedrue. Sincèrement, c'est bien. C'est très bien, même. Je suis sûr que même Evans a fait moins bien. D'ailleurs, pendant la nuit, ta poubelle m'a recraché un papier à la figure, et tu sais ce que c'était ? Une lettre que tu étais censé lui envoyer…

-Tu l'as lue ? s'enquit James.

-Non. Je savais que sinon, tu m'aurais tué.

Mais James savait que Sirius avait renoncé à sa curiosité par respect pour lui. Il arrivait très souvent qu'ils se moquent d'eux-mêmes, et Patmol adorait l'embêter avec Evans, mais jamais il n'irait faire quelque chose qui pourrait lui faire vraiment honte. C'était l'une des lois de leur amitié : se moquer, certes, mais ne pas humilier. Les Serpentard étaient déjà là pour ça.

-Heureusement que tu ne l'as pas envoyée, dit Sirius. Ca n'aurait fait qu'aggraver les choses.

James ne répondit pas et s'empressa de changer de sujet. Parler de Lily Evans ne l'intéressait pas pour le moment. C'était de toute manière un sujet qu'il valait mieux ne pas aborder trop souvent : le simple fait d'entendre son nom accélérait les battements de son cœur.

-Bon, j'imagine que tu auras à peu près les mêmes résultats que moi, alors autant aller faire les achats scolaires dès maintenant. Et avec un peu de chance on croisera Lunard et Queudver…


Le Chemin de Traverse était bondé de cette foule qui le caractérisait chaque fois que les listes d'affaires scolaires étaient envoyées aux familles. Un mangemort s'y serait caché que personne n'aurait rien vu tant la masse était compacte. James n'était pas certain que sa mère apprécierait de passer tout l'après-midi dans cette atmosphère chargée, mais pour rien au monde il ne serait allé faire ses courses un autre jour que celui-ci : c'était presque une tradition pour les maraudeurs de se retrouver à Londres l'après-midi suivant la réception des listes.

Sirius avait eu exactement les mêmes notes que lui, mais sa mère n'avait fait aucune remarque à ce sujet, aucun compliment. Rosanna avait presque dû se battre en duel contre elle pour pouvoir récupérer la lettre, tant Mrs Black était entrée dans une colère monstrueuse en apprenant où son fils était allé se réfugier. Et comme prévu, elle avait déversé son flot d'insultes, inlassablement, jusqu'à ce que son mari décide d'intervenir. Il n'avait pas réellement calmé le jeu, mais avait réussi à empêcher sa femme de se jeter sur Rosanna (celle-ci avait d'ailleurs fait remarquer à son fils que si elle avait eu l'audace de s'en prendre à elle, elle se serait chargée personnellement de son sort). Folle de rage, Mrs Black avait fini par céder et après avoir consenti à rendre la lettre de Poudlard à Mrs Potter, elle avait fait disparaître le nom de son fils de la tapisserie représentant toute la famille Black depuis des générations et des générations. Sirius avait haussé un sourcil mais n'avait pas parut plus affecté que ça en l'apprenant. De toute évidence, pour lui c'était clair depuis bien longtemps : il n'était plus un Black que par le nom.

-Vous auriez pu attendre que Williams revienne pour faire vos courses, marmonna Rosanna. Il adore venir ici !

-Mais en octobre, on serait toujours entrain d'attendre, rétorqua James. Et puis ça va te faire du bien de sortir de ton petit monde.

-Je te rappelle que mon monde à moi ne se résume pas à ma maison, mon collège et mes amis, réfuta Rosanna.

-Non, à ton mari, ton fils et ton boulot, se moqua James.

Mrs Potter leva les yeux au plafond, exaspérée.

-James, tu m'agaces. Ce n'est pas parce que Sirius est là qu'il faut faire le malin…

-Je ne fais pas le malin ! grogna James.

-Si.

-Non.

-Si !

James s'apprêtait à répondre quelque chose comme à son habitude quand il se chamaillait avec sa mère (il adorait avoir le dernier mot) mais son regard se posa sur une chevelure rousse flamboyante et les mots restèrent coincés au fond de sa gorge. Une magnifique jeune femme accompagnée de deux adultes qui devaient être ses parents et une autre jeune femme beaucoup moins jolie admirait la vitrine de la boutique de Quidditch. Lily Evans. La seule qui avait le pouvoir de l'intéresser plus que les balais de course juste derrière elle. Et pourtant, le Quidditch était sa plus grande passion. Sport sorcier le plus populaire au monde, il se jouait dans les airs en équipes de sept et trois poursuiveurs devaient se passer un souaffle (une grosse balle rouge) afin de le lancer dans les buts que surveillaient un gardien, tandis que les deux batteurs se chargeaient de renvoyer les cognards (deux balles plus petites mais beaucoup plus agressives) sur les joueurs adverses pour les déstabiliser. Le dernier joueur était souvent le plus populaire d'une équipe de Quidditch. Du nom d'attrapeur, il se devait d'attraper une minuscule balle dorée, le vif d'or, réputée pour son extrême rapidité. Quand un attrapeur s'en emparait, il mettait fin au match et faisait gagner cent cinquante points à son équipe, soit presque une victoire assurée. Mais à Gryffondor, Gwenog Jones, bien qu'excellente joueuse, n'était pas la plus populaire, malgré son poste : James Potter, poursuiveur, volait avec tant de légèreté, de précision et de technique qu'il lui avait volé la vedette –et aucun d'eux ne s'en plaignait vraiment : Gwenog était une jeune fille qui allait entrer en sixième année mais qui avait su rester très humble, et James ne refusait jamais un peu de popularité. Et puis, s'il la méritait, pourquoi dire non ? Les Potter avaient toujours eu le Quidditch dans le sang.

-Si, James Potter, tu fais le malin ! répéta Rosanna, légèrement étonnée par ce manque de réaction de la part de son fils.

Lily Evans dut l'entendre car elle tourna brusquement la tête dans leur direction et sembla scruter la foule. James, sentant son cœur s'emballer, afficha son plus grand sourire et lui fit signe de la main. La jeune femme haussa les sourcils et ouvrit de stupéfaction ses grands yeux verts avant de détourner le regard avec un mélange de mépris et de dégoût.

-A qui est-ce que tu faisais signe ? demanda Rosanna et cherchant des yeux quelqu'un qui pourrait correspondre à une fréquentation de son fils.

-Si on allait faire un tour chez Quidditch and Co ? proposa James, l'air de rien.

Il avait très envie de faire la connaissance des parents de Lily. L'autre personne qui les accompagnait était certainement sa sœur, dont elle parlait souvent en mal à ses amies de Gryffondor. Comment s'appelait-elle, déjà ? Marguerite ? Lavande ? Bégonia ?

-Je me demande bien pourquoi tu veux aller là-bas, lança Sirius innocemment.

James lui jeta un regard noir.

-Maman, je sais que tu détestes faire les courses, dit-il gentiment, alors si tu veux, tu peux rentrer, Sirius et moi on s'en sortira très bien !

Rosanna plissa les yeux et sourit malicieusement.

-C'est moi qui ait le porte-monnaie ! minauda-t-elle. C'est bête : je vais devoir rester avec vous tout l'après-midi…

Cette fois, ce fut elle que James tua du regard. Il prit fermement le bras de Sirius, fit signe à sa mère de les suivre et se fraya un chemin entre les passants pour se rapprocher de la boutique d'accessoires de Quidditch. Il dut jouer des coudes et s'attira les foudres de quelques unes des personnes qu'il bouscula mais parvint à trouver une petite place à environ un mètre de Lily qui soupira et pria ses parents de s'en aller plutôt vers Fleury et Bott, la toute nouvelle librairie.

-C'est un ami de mon père qui la tient, mentit James.

Il risqua un coup d'œil vers sa mère qui à tout moment pouvait démentir mais Rosanna se contenta de hausser un sourcil, comme chaque fois que quelque chose l'étonnait et l'amusait en même temps. Evans ne remarqua pas cela, à son grand soulagement, mais ne parut pas plus intéressée que si on lui avait annoncé qu'il avait mangé une Patacitrouille pour son dessert.

-Bon, venez, on va ailleurs ! pressa-t-elle ses parents.

-Mais attends, Lilou, grogna Mrs Evans.

James, qui ne put s'empêcher de sourire en entendant le surnom, nota que Lily avait hérité de ses magnifiques yeux et de sa chevelure rousse. En revanche, c'était de son père qu'elle tenait ses traits de visages fins et l'épaisseur de ses cheveux.

-C'est la première fois que nous venons dans ton monde et toi, tu nous presses ! reprocha Mrs Evans. Laisse-nous le temps de découvrir un peu où tu vis !

Mr Evans acquiesça. En revanche, Bégonia (James admit pour une raison de facilité que c'était son prénom) broncha et soupira. James et Sirius échangèrent un regard éloquent : autant Lily était une superbe fille, autant Bégonia en était une repoussante, presque masculine avec sa mâchoire carrée et son grand cou dépourvu du moindre charme.

-Non, je crois que pour une fois, elle a raison, bougonna-t-elle. On devrait se dépêcher…

Mrs Evans leva les yeux au ciel.

-Pétunia (le prénom revint aussitôt à l'esprit de James), ça ne t'intéresse donc pas, toute cette magie ? Regarde, des balais volants ! Les gens font des courses dessus et des matchs !

Pétunia fit une grimace.

-Non, maman, ça ne m'intéresse pas. Je veux rentrer.

Ce n'était pas un avis qu'elle donnait, c'était un ordre.

-Hey, James, regarde ! dit soudain Sirius, qui assistait à la scène depuis le début, aux côtés de Rosanna. Ils ont fait un nouveau modèle de Toupropre !

James détourna les yeux de Lily et reporta son attention sur la vitrine de la boutique. Il se demanda un instant comment il avait pu ne pas le remarquer : le tout nouveau Toupropre, le Toupropre 457, était tellement mis en évidence que déjà s'était rassemblée une foule derrière eux pour apercevoir le balai de course.

-Encore plus puissant ! commenta Sirius. Jusqu'à 190 km/h ! Et une accélération beaucoup plus performante !

-Maman, il me le faut ! déclara James. Avec ça, les Serpentard vont être verts de jalousie ! On va les battre encore plus facilement que l'année dernière !

-Ne compte pas sur moi pour te payer ça, Jamesie. Il coûte deux mille cinq cents galions. Tu te contenteras de ton Toupropre 454.

Ravi mais déçu de la réponse de sa mère, James constata que Mr et Mrs Evans le regardait avec intérêt, même si leurs filles montraient toutes les deux leur impatience.

-Mais allez, M'man, sois sympa ! supplia James. Imagine la feinte Wronski que je vais faire, avec ça !

Il passa une main dans ses cheveux très décoiffés et les décoiffant encore un peu plus.

-C'est quoi, ça, la feinte Fronsgui ? s'intéressa Mrs Evans.

James sourit. Lily cacha son visage derrière ses mains, comme si le fait que sa mère lui adresse la parole était un vrai malheur. Sirius toussa. Rosanna se racla la gorge. Mais James n'aurait pu être plus satisfait.

-La feinte de Wronski, corrigea-t-il. Wronski. Il s'agit d'une figure de haute voltige très complexe et surtout très dangereuse. Elle est très spectaculaire !

-Normal, vu que c'est toi qui la fait, marmonna Lily suffisamment fort pour que tout le monde entende.

James fit comme si de rien n'était.

-Papa, Maman, venez, on s'en va ! supplia Lily.

-Non, non, attends un peu, Lilou ! s'exclama sa mère. Alors comme ça, vous faites de la haute voltige ? dit-elle en s'adressant à James, impressionnée. Félicitations !

James acquiesça et la remercia.

-Ton rôle, Potter, est de marquer des buts, pourtant, pas d'épater la galerie avec de la haute voltige, rétorqua Lily.

Sirius se mordit la lèvre et Rosanna haussa son sourcil. James jeta un regard si noir à Lily qu'elle aurait dû en être désarçonnée. Mais Lily Evans ne faisait jamais comme les autres, et elle ne réagit même pas. C'en était presque vexant. Comment une fille si belle pouvait-elle être si désagréable ? Pourtant, selon Remus, elle était très serviable, voire même sympathique, mais ils ne devaient pas parler de la même Lily. Ou alors il y avait quelque chose qui coinçait avec lui, mais quoi ? Elle lui avait bien dit qu'il était prétentieux, mais elle se trompait complètement, alors qu'est-ce que ça pouvait être d'autre ?

-Ne fais pas comme si tu t'y connaissais en Quidditch, Evans, lança-t-il. Tu serais incapable de différencier un cognard d'un souaffle s'ils n'étaient pas immobiles devant toi.

-Mais je sais différencier la sève de pissenlit et du lait demi-écrémé, rétorqua-t-elle sans aucun scrupule. N'est-ce pas ?

James sentit ses joues s'empourprer. De honte, de colère, il n'en savait rien. Les deux, sans doute. Et encore, Sirius avait renoncé à l'envie de rire ! Etait-ce utile de lui rappeler encore une fois que l'année précédente, il avait confondu de la sève de pissenlit avec son lait du matin (une plaisanterie de Rogue, très certainement, qui lui avait valu une vengeance assez corsée : il avait fini par se retrouver à l'envers les fesses à l'air, et ce devant toute l'école réunie) ? N'avait-il pas été suffisamment humilié comme ça ?

-Lily, sois gentille et cesse d'être agressive avec ce jeune homme, gronda Mr Evans.

-Mais tu sais bien qu'elle s'est transformée en bête sauvage, Papa, lança Pétunia. Elle ne peut plus se contrôler. Tu as bien vu ce matin : elle a complètement explosé ma radio.

-C'était un accident ! se défendit Lily.

-Menteuse ! Tu as volontairement jeté ton gros bouquin poussiéreux dessus !

-Il est tombé tout seul ! Et de toute façon ça n'aurait suffit à la casser, ta radio !

-Bien sûr que si ! cria Pétunia. Tu l'as balancé avec tant de force qu'elle a explosé !

-C'est n'importe quoi !

-Oh, les filles, taisez-vous ! intervint Mrs Evans.

-Sans parler de ma robe de soirée que tu as déchirée par jalousie ! renchérit Pétunia. Tu es devenue une vraie… un vrai…

Elle sembla chercher ses mots pendant un moment.

-Un vrai monstre ! hurla-t-elle.

Elle fut la seule à ne pas être choquée par le terme employé. Mrs Evans la gifla.

-Ne parle plus jamais comme ça de ta sœur, ordonna-t-elle.

-Je n'ai pas de sœur !

James vit Lily baisser les yeux de tristesse. Pas bien aimable, la Pétunia… Ce ne devait pas être facile tous les jours, de vivre sous le même toit qu'elle… A la limite, si Evans ne le supportait plus, elle pourrait toujours vivre à Æternum Asylum !

Pétunia, fière de sa réplique, croisa les bras sur sa poitrine et toisa à tour de rôle James, Sirius, Rosanna et sa sœur. Elle s'attarda un peu plus sur Sirius, sans doute pas indifférente à son charme, mais le jeune homme lui jeta un regard si noir qu'elle finit par détourner les yeux.

-Pétunia, tu rentres à la voiture, ordonna Mr Evans. Immédiatement. Et tu n'en sors pas avant notre retour, c'est bien clair ?

L'homme tendit les clés à sa fille qui les prit, la tête haute.

-Enfin ! lança-t-elle. Ca fait une heure que j'attends ce moment !

D'une démarche assurée elle traversa le groupe en prenant bien soin de bousculer Lily et disparut quelque part dans la foule. Un silence pesant s'ensuivit et James fit semblant de s'intéresser au Toupropre 457, même si dans sa tête, Lily prenait à nouveau toute la place. La pauvre… Elle devait supporter une fille comme ça pendant deux mois ? Elle était sûrement dotée d'une grande patience, car lui l'aurait giflée depuis bien longtemps. C'était peut-être à cause de sa sœur que Lily l'agressait à chaque fois qu'elle le voyait… Pétunia l'énervait tellement qu'elle avait de l'entraînement en matière de réplique, et elle testait son efficacité sur lui… Ca expliquerait beaucoup de choses !

-Que disions-nous, mon garçon ? demanda Mrs Evans.

-Nous parlions de Couidicht, rappela Mr Evans.

Lily grogna.

-Bon, on est venu pour faire les courses ou pour parler à Potter ? Venez, on s'en va !

Ses parents soupirèrent.

-Bon d'accord, accorda sa mère. Mais laisse-moi demander son prénom à ce jeune homme qui, ma foi, m'a l'air très sympathique !

Lily leva les yeux au plafond, exaspérée.

-Il s'appelle Potter, James Potter ! gronda-t-elle. Ca te va ?

Mrs Evans se tourna vers James, comme pour demander confirmation.

-C'est exact, dit-il. James Potter.

-Enchantée, James !

Elle lui tendit une main qu'il serra de bon cœur, charmé par ce sourire qui ressemblait tant à celui de Lily.

-Moi de même, Madame !

Lily tapa du pied d'impatience.

-C'est bon ?

-Oui, oui, ne t'énerve pas ! ronchonna Mrs Evans. Au revoir, James !

Le jeune homme sourit et la salua d'un signe de tête.

Le retour à la réalité fut brutal. Sirius éclata de rire et Mrs Potter eut elle-même du mal à se retenir devant l'air ahuri de son fils. Il avait sympathisé avec les parents de Lily Evans… C'était merveilleux ! Rien de mieux pour se rapprocher de Lily !

-Jolie fille, commenta Rosanna. Alors voilà la fameuse Lily Evans…

Son petit sourire du coin des lèvres agaça James.

-Avoue qu'elle est belle ! grogna-t-il. Et toi, pourquoi tu ris ?

Sirius tentait désespérément de cacher son hilarité mais échouait lamentablement, se tordant sur place.

-Tu devrais voir la tête que tu faisais quand elle a dit qu'elle était enchantée ! ricana-t-il. Mon pauvre Cornedrue…

-Bon, on a encore tous nos achats à faire, bougonna James pour changer de sujet. On devrait commencer par Fleury et Bott…

-Comme par hasard…

James n'eut pas le temps de renvoyer de tirade à sa mère car quelqu'un se jeta sur lui et le prit dans ses bras avant qu'il n'ait compris de qui il s'agissait. Mais il reconnut à son doux parfum fleuri sa cousine préférée, Hilary Potter.

-Tu ne devrais pas aller chez Fleury et Bott, il y a la queue jusqu'à dehors, annonça-t-elle. Comment ça va ?

-Ca va !

Qu'aurait-il pu répondre d'autre à une cousine qu'il n'avait pas vue depuis cinq ans, de toute façon ?

-Et toi ?

-Merveilleusement bien !

Hilary le gratifia de son plus beau sourire, ses yeux verts pétillant de joie de l'avoir enfin retrouvé.

-Rosanna ! s'exclama-t-elle.

-Bonjour, Hilary ! Tu es toute seule ?

-Non, répondit la cousine de James, David, Papa et Maman sont là aussi !

David était le grand frère d'Hilary et était âgé de deux ans de plus qu'elle et James, qui allaient tous les deux entrer en sixième année bien que dans deux écoles aussi différentes qu'éloignées : Andrew et Kyana Potter avaient tous les deux élu domicile aux Etats-Unis, pour eux et leurs deux enfants. Comme tous les oncles et tantes de James, d'ailleurs, car son père était le petit dernier d'une grande famille. A vrai dire, c'était plutôt Williams qui avait quitté les siens pour venir s'installer en Angleterre après la rencontre de Rosanna, alors que le reste de sa famille était resté.

-Qu'est-ce que vous faîtes tous là ? interrogea James, surpris de trouver sa cousine Chemin de Traverse alors qu'elle ne l'avait même pas prévenu qu'elle devait venir, ce qu'elle aurait fait directement en temps normal –ou du moins c'était ce qu'elle avait fait cinq ans auparavant, la dernière fois qu'ils s'étaient vus.

-Je ne sais pas, Papa nous a annoncé ça ce matin et on est parti ce midi.

-Elle est venue parce que tu lui manquais trop, se moqua Rosanna. Tu prends trop de place dans sa tête, puisque tu es parfait !

-Ha ha ! marmonna James. Très drôle ! Non, sérieusement, qu'est-ce qu'ils font ici, à Londres, sans avoir prévenu personne ?

-Qui te dit qu'ils n'ont prévenu personne ? rétorqua Rosanna.

James et Hilary la regardèrent soupçonneusement.

-Vous préparez un mauvais coup, tous ! dit soudain Hilary.

-Nous n'avons pas que ça à faire. Il y a un tueur fou qui rôde, je vous rappelle.

-Alors vous allez le combattre ensemble ! proposa James. C'est ça ?

-Si on ne vous a pas prévenu, c'est sans doute pour une bonne raison, dit seulement Rosanna. Tous les trois, continuez vos achats, moi je vais rentrer avec Andrew et Kyana.

Le regard d'Hilary se posa sur Sirius, qui était resté à l'écart de la discussion.

-Salut ! Tu dois être Sirius, non ?

-Si.

Sirius la salua d'un hochement de tête.

-Et toi Hilary, la cousine favorite de James. Celle avec qui il fait les quatre cents coups.

-Exactement.

-Je te préviens, Hilary, lança James, Sirius et moi on ne fait qu'un. Alors ne t'avise pas de t'en prendre à lui, d'accord ?

-On verra ça ! défia Hilary, un air dur au visage. Mais j'ai beaucoup appris, en cinq ans, alors fais gaffe à toi, je n'ai pas encore eu ma vengeance pour le jour où tu as rempli mon oreiller de bubobulbs pourris !

James éclata de rire.

-Alors la guerre est déclarée !

-La guerre est déclarée ! assura Hilary.

James se réjouit à l'avance du merveilleux été qu'il allait passer en compagnie à la fois de Sirius et de sa cousine. Manquait plus que le reste de la famille surgisse aussi à l'improviste, et ses vacances seraient parfaites…


Fin du chapitre 1. Le prochain très bientôt, appelé "L'ordre du phénix".

Bonne lecture!