Résumé: L'action se passe en 2023, le personnage principal, Lloyd Harshad, est en septième année à Poudlard. Serpentard de son état, il se sert de sa ruse pour absolument tout, narguer son rival James Potter, manipuler les membres de son dortoir, et occasionnellement, tuer Harry Potter et son filleul Ted Lupin, du moins il essai. Il enchaine donc les recherches, les entrainements, et les cambriolages pour se rendre à la hauteur de ses espérances. Au cours de ses multiples aventures, il croisera et s'associera avec autant de personnages inimaginables et redoutés qu'il pourra, cela passera de son vampire de mentor, à la descendance de Greyback, et même le mage noir le plus craint, et mort qui plus est, viendra lui rendre visite. Il y a de quoi se mettre en appétit là, non ?

Disclamer: L'univers appartient à Rowling et quelques structures qui font du business, je ne suis propriétaire que de cette histoire.

Au passage, laissez une petite review, même négative. Je suis comme un bébé qu'on allaite. Si on ne me donne pas de reviews, je meurs de faim. Vous n'allez pas tuer un nourrisson quand même ?

Bonne lecture


L'homme le fixait, imperturbable. Il était pourtant menacé, ligoté, et serait certainement mort avant la fin du chapitre. La pièce était en ruine. Comme si un ouragan y avait été emprisonné et avait frappé dans chaque recoin de sa cellule. La bibliothèque était renversée, le bureau cassé en deux, la moitié des tiroirs ouverts, le parquet avait été arraché, et divers bibelots et statues faisaient office de gravats. La scène ressemblait plus à un reliquat d'une catastrophe naturelle qu'à un champ de bataille. Seules les fenêtres ensorcelées étaient intactes, et laissaient entrevoir la demi-lune, mais aucun Moldu n'aurait pu dire ce qui se passait à l'intérieur de la maison.

Au milieu de ce décor chaotique se tenait un jeune homme, droit et fier comme un hippogriffe, baguette à la main, hésitant à prononcer la formule fatale face à sa victime. L'adolescent, à peine majeur, semblait indécis quant au sort du maître des lieux.

Après une minute de silence, les yeux dans les yeux, chacun guettant le moindre mouvement de son adversaire, l'homme à terre se mit à parler, confiant pour son avenir.

– Ce n'est pas si facile que ça en a l'air, de tuer quelqu'un.

Le garçon ne répondit rien, dans le doute. L'homme trouva dans cette confusion un moyen de renverser la situation. Il continua :

– Tu t'es sur-estimé mon garçon. Il faut être prêt pour accomplir un tel acte.

Il raffermit les doigts sur sa baguette, faisant semblant d'écouter les paroles de cet homme.

Et s'il ne le tuait pas... Après tout, comment pourrait-il regarder un enfant en face alors que l'homme qu'il avait tué aurait pu être son père ? Mais il avait percé son déguisement et vu son visage, s'il ne le faisait pas, il serait poursuivi. Un sort d'amnésie alors ? Il chassa l'idée d'un battement de paupière, les Aurors découvriraient vite l'utilisation de l'Oubliette. Ils n'étaient pas encore incapables. Que se passait-il ? Il avait déjà tué avant. Mais cette fois, il n'agissait pas par vengeance ou par défense, mais pour son intérêt. Qu'y avait-il de mal à ça ? On passe d'un acte de violence légitime à un acte gratuit, voilà où ça bloquait ! Pourquoi ne pas l'empoisonner ? Il était chez un sorcier, il pouvait rapidement improviser une mixture meurtrière en mélangeant de la bile de serpent et des œufs de Doxys. Il souffla. Il n'avait que deux mots à dire, six syllabes, puis partir. Ce n'était pas moldu ! Quelle angoisse ! Tout ça pour un bézoard, heureusement, pas n'importe lequel.

Il sortit de sa poche une petite pierre en or pur. L'homme arrêta son monologue quelques secondes.

– Avoir tout saccagé pour cette broutille, dit-il lentement. Tu n'en tireras pas dix gallions mon garçon.

– Ne me prends pas pour un abruti, le coupa-t-il. Je connais parfaitement la valeur de ce trésor,

et ses propriétés magiques surtout.

L'homme eut un sursaut qui aurait pu suffire à le relever, s'il n'était pas abasourdi.

– Comme … comment ça ?

– Un bézoard doré... Le plus précieux des antidotes. Et accessoirement, le dernier composant pour ma potion. Pensais-tu avoir à faire à un voleur de seconde zone ? se moqua-t-il.

L'autre perdit son sourire et ses couleurs le temps d'évaluer les connaissances de son nouvel ennemi.

– Au final, tu es l'abruti de l'histoire. Posséder cet item magique depuis tant d'années, alors qu'entre mes mains, elle sera transformée et ingurgitée en un mois.

– La potion... tu aurais réussi à faire cette fameuse potion. C'est impossible ! Même Nicolas Flamel est mort avant d'avoir trouvé la composition de cette potion.

L'autre renifla de dédain.

– Et pourtant ce n'était pas le temps qui lui a manqué à cet alchimiste gâteux.

Les deux interlocuteurs se dévisagèrent.

– Qui es-tu ?

Cette question le surprit. « Est-ce que je lui dis ? Si je le fais, cela entraîne le fait de devoir obligatoirement le tuer. Pour poser une telle question, il devait sûrement y avoir un mouchard quelque part. »

Il lança un sort de détection avancé, il y avait une caméra moldue cachée dans la lampe du bureau. Il jeta un sort sur l'objet, une fumée opaque en sortit. Tout ce qui avait pu être enregistré était devenu illisible, pour plus de sûreté, il émit une onde de choc de sa baguette qui propulsa la preuve numérique contre le mur. Mieux valait ne pas sous-estimer les autorités et leur modernité.

L'homme profita de cet instant d'inattention, se releva d'un bond, attira sa baguette d'un Accio, et lança un Impedimenta. Lloyd fut projeté. Il n'eut pas le temps de s'écraser contre la cloison qu'il reçut un autre maléfice.

Il pesta. La magie sans baguette. Il s'était fait piéger comme un débutant. Les sorciers ayant assez de puissance pour l'utiliser efficacement était rares, néanmoins il s'en voulait d'un tel manque de prudence. Son orgueil avait pris un sacré coup, la douleur de son dos était bénigne en comparaison.

Désormais, la situation était inversée. Lui au sol, et sa victime debout, plutôt en forme pour quelqu'un qui s'était fait agresser.

– Tu penses trop, ça te conduira à ta perte. Tu aurais dû me tuer au lieu de mesurer le pour et le contre.

Il aurait pu se sentir vexé s'il n'était pas menacé. Il sourit, aussi bizarre que cela puisse paraître, il aimait être en difficulté, et accessoirement faire enrager ses ennemis. Enfin, il ne risquait pas grand-chose tant qu'il avait sa baguette en main. Et comble de l'ironie, son adversaire lui disait comment commettre un meurtre élémentaire. Il réfléchissait trop, par habitude, il retournait un sujet et imaginait toutes les fins possible. Après tout, quel intérêt avait-il à se demander s'il pourrait regarder un enfant après un tel acte ? Ou si cet homme avait une famille qui allait le pleurer ? Quant à sa conscience, elle n'existait plus depuis trois ans...

L'homme s'apprêtait à ré-attaquer, et il devait à tout prix l'éviter s'il ne voulait pas subir l'impardonnable. Il sortit de sa transe, décidément, il pensait trop pour son propre bien. Il se releva, et émit une immense illusion. Ce qui était bien, c'est qu'énormément de choses pouvaient se passer en six syllabes.

L'Avada Kedavra atteignit son ombre alors qu'il sautait sur le côté, invisible à son adversaire. Il se retourna et vit son double allongé les yeux vides fixaient sur lui. L'autre s'était un peu relâché. Il décida de lui faire une petite frayeur. Il lui avait tenté de trancher son âme tout de même, ça se payait. En restant imperceptible, il agita sa baguette lentement.

Son illusion se releva, et jugea son assassin de son regard morbide. L'homme recula précipitamment. Ses couleurs s'échappèrent et le laissèrent seul face à son crime. Il envoya quelques sorts au hasard qui n'eurent aucun effet. Il l'agita une nouvelle fois en dessinant un X. L'un des murs s'assombrit, et des tentacules ténébreuses assaillirent le fantôme qui faiblit sous les coups de fouet.

Lloyd écarquilla les yeux de stupéfaction, il ne savait pas quelle magie utilisait sa victime, mais elle était redoutable ! Intuitivement, il lança un sort. Une gargouille apparut au-dessus de sa tête et écrasa l'homme. L'enchantement fut brisé, et l'illusion continua sa route vers son bourreau à présent terrifié. Il ne ressentait presque pas la douleur, dévorant ce qu'il craignait de ses pupilles dilatées.

Dans l'ombre, le garçon ricana. Il réapparut en face de sa victime et son illusion se dissipa. D'une métamorphose, il changea la gargouille en python, qui s'enroula aussitôt sur le corps de l'homme, qui ne se rendait plus compte de ce qui se passait, les informations se bousculant sans arriver à s'affirmer.

Il fallait avouer qu'il s'était très bien débrouillé pour rattraper son inattention. Il était un expert en duel et cherchait toujours à innover. Néanmoins, il ne combattait ainsi qu'en de rares occasions, comme quand cela pouvait sauver sa vie ou sa liberté par exemple. Il ne fallait pas donner un nom à ses techniques de duel, bien qu'il ne soit ni le premier ni le dernier à se défendre différemment. Les duellistes se défendant comme lui devait se compter sur les doigts de la main d'un manchot. Ils mouraient tous prématurément, étant des symboles à éliminer, qu'ils soient mages blancs ou noirs. Dumbledore était le parfait modèle pour confirmer la règle, le génie de la magie qui avait révolutionné l'usage d'une baguette face aux sorciers dangereux. Le ministère surveillait tout magicien capable de devenir une menace depuis Voldemort. C'était pour cette raison qu'il ne montrait pas son potentiel en cours. Lâche ? Non, il préférait le terme préventif. À Poudlard, il se contentait de faire comme tout le monde : on envoie un sortilège, on bloque, et on recommence. Impossible de faire plus limité en magie que l'enseignement approuvé par le gouvernement, pourtant, le monde était vaste, la magie pleine de ressources inconnues pour la plupart des humains, et Le Chicaneur repoussait encore ces limites en dévoilant son nouveau titre : Le Manoir des Malefoy envahi par les Joncheruines. Heureusement que Potter était là, en parfait rival, pour lui mettre des bâtons dans les roues, sinon il ne retournerait pas passer ses ASPICs cette année.

Il sortit de ses pensées. Ce n'était vraiment pas le moment de se ressasser des anecdotes futiles, pas dans une situation comme celle-ci.

Il s'avança tel un vampire devant sa proie misérablement immobilisée.

– Tu as raison, déclara-t-il, je réfléchis trop...

L'homme ne semblait pas l'écouter, il voyait déjà la lumière au bout du tunnel. Par exaspération, il ressortit le bézoard doré de sa poche et le mit sous ses yeux. La moindre des choses aurait été d'avoir une réaction, pour le plaisir du truand. Il remua les lèvres mais aucun son n'en sortit. Il devrait se contentait de ça. Il aurait apprécié qu'on lui explique de quelle magie se servait cet homme, mais le chercheur devant lui n'aurait rien dévoiler. Son secret partirait donc avec lui.

– Tant pis, merci pour tout... il attendit quelques secondes, le temps de rassembler son courage. Avada Kedavra !

Le serpent disparut, l'homme s'effondra.

– Ça fait moins mal que la première fois, constata-t-il.

Sentir un pouvoir venu du fin fond du cœur se propulser de son bras pour s'écraser sur un être vivant avait quelque chose de libérateur. Comme s'il vomissait une haine refoulée en lui. Normal que certaines personnes y prennent goût. À son premier sort impardonnable, son bras l'avait brûlé quelques jours. C'était sûrement dû à un excès de magie noire. C'était un peu comme l'alcool, la première bouteille vous faisait souffrir, mais avec le temps on oubliait la douleur et on mesurait.

Il ouvrit son blouson et retira une fiole remplie d'une de ses poches intérieures. Il mit le bézoard dans le récipient, et secoua la mixture. De fines bulles jaillirent. La potion rendait la pierre effervescente. Il ne fallait plus qu'attendre qu'elle se dissolve totalement.

Il remit le flacon dans sa poche et sortit de la maison. Le ciel rougit de colère en le voyant partir comme si de rien n'était.

Le ventre du jeune homme grogna. Il se rappela qu'il avait oublié un détail. Il retourna donc dans la demeure, salua en passant une vielle voisine qui ouvrait ses volets, comme s'il l'avait toujours fait. La maison était enchantée pour que les Moldus n'en aient aucun souvenir. La femme se souviendra seulement qu'une personne était passée très tôt, mais serait incapable de dire ne serait-ce que le sexe de l'inconnu. Encore mieux, elle pourrait le confondre avec une de ses connaissances.

Il alla dans la pièce qu'il venait de quitter, fouilla dans les restes du bureau pour y trouver un porte-monnaie contenant de l'argent sorcier et moldu. Il considéra les quelques livres intacts, aucun n'était d'intérêt. Il repassa devant le cadavre. Il se retourna et prit la baguette du défunt d'un Accio.

– Au fait, je m'appelle Lloyd Harshad, ironisa-t-il. Ce fut un plaisir.

Le ciel se calma et perdit de ses couleurs, une nouvelle journée naissait.

Lloyd regarda sa montre. Il n'était pas encore huit heures. Il soupira. On était le premier septembre, il devait prendre le Poudlard Express dans trois heures. Il aurait préféré que l'école se modernise, mais les avions enchantés n'étaient pas encore au point. C'était un certain Arthur Weasley qui s'occupait de cette recherche, d'après la Gazette.

Les vacances étaient terminées. Heureusement qu'il avait rempli ses journées à merveille. Il avait fait le tour d'Europe, visité les plus grandes bibliothèques et musées, et cambriolé ceux qui l'intéressaient la nuit. Il tenait à présent en sa possession de nombreux livres sorciers n'ayant plus de dates, et précieux, à rendre la réserve de Poudlard ringarde, ainsi que des items magiques presque légendaires. Il conservait la plupart secrètement, mais il lui arrivait d'en revendre pour une valeur se calculant en sortilèges scientifiques.

Il n'y avait eu que très peu de risques. Une fausse identité, quelques rituels qu'il avait appris dans des livres pour passer à travers les protections magiques, des sorts de confusion aux gardes, et le travail était à moitié fait. Le monde sorcier se préoccupait peu de son histoire magique, s'il n'y avait que des fantômes comme professeurs aussi... Il ne retiendrait qu'une révolution gobeline. Quoique depuis le changement de direction du ministère, il était plus vigilant. La nouvelle ministre était très attachée aux livres, elle semblait liée à tous ces bouquins. Le ministère anglais se mêlait de l'enquête depuis que les autorités allemandes avait prouvé que la baguette avait été créée par Ollivander. Une écharde de sa baguette était tombé durant une de ses infractions, du bois d'if. Il n'avait fallu qu'un examen pour contacter le marchand. Il avait eu de la chance, le fils Ollivander était moins mystique, et moins expérimenté. Il n'avait pas pu les renseigner sur le propriétaire exact. Et au final, c'était un jeune Auror prometteur qui avait été chargé de l'affaire.

Il commanda un morning-burger et s'installa. Il eut le privilège de s'assoir près des habitués. Un garçon de douze ans obèse, s'empiffrant de frites saignantes de ketchup, et sa grand-mère, qui racontait sa vie soporifique à tous ceux qui ne voulaient pas l'entendre.

Le garçonnet avait déjà fini de tout engloutir sous les acclamations de la femme qui vantait l'appétit de son petit-fils.

On le servit. Il regarda son plat assaisonné de nostalgie. Vivement qu'il retourne à Poudlard pour manger de la nourriture saine. L'école de sorcellerie, le seul lieu épargnait par les multinationales, pensa-t-il avec sarcasme.

Il mastiqua son petit déjeuner quand il croisa le regard envieux du garçon à coté de lui. Cela lui fit vaguement penser à un saint-Bernard quémandant, les bajoues pendantes.

Il grogna, jeta son casse-croute, et se leva.

L'animal aboya de remerciement, tout en dévorant sa nouvelle gamelle, sous les recommandations de sa maîtresse.

Il alla aux toilettes, en songeant qu'il aurait pu mettre quelques gouttes de sa potion à base d'héroïne pour dompter la bête.

Il ouvrit son blouson, et sortit la fiole. Le bézoard doré avait rapidement fondu.

Il prit une seringue, aspira dix millilitres, et se les injecta dans le bras. L'antipoison ne serait efficace qu'en rentrant directement dans le sang. Il devrait prendre une dose chaque jour durant un mois. La poisse !

Le bézoard doré soignait d'absolument tous les poisons sans exception. Si son traitement d'un mois fonctionnait, il serait immunisé à vie. N'est-ce pas suffisant pour retrouver un semblant de sourire quand viendra l'heure de la piqûre ?

Sa vue se brouilla quelques minutes. Son organisme devait s'habituer à la potion.

Il se dévisagea dans la glace. Un jeune homme au visage fin se tenait faiblement à l'évier devant lui. Des cheveux courts et noirs de jais, s'accordaient avec son teint foncé, et des yeux bleus qui ressortaient sur sa peau bronzée. Il avait les traits tirés par la fatigue. Il souffla et se passa de l'eau sur le visage.

Il sortit sa baguette et la pointa sur lui.

Son visage, sa carrure, et son âge se modifièrent. Il se transforma en un homme blanc musclé à la mâchoire carrée, avec des yeux d'un marron banal, et des cheveux châtains. Son regard fut plus brutal et moins intelligent. Le physique des personnes qu'on évite.

Des sueurs froides coulèrent dans son dos. Il frémit. Son intuition ne se trompait quasiment jamais. Il sentait une menace s'approcher. Le corps de l'homme avait dû être trouvé à présent, la Gazette allait être informée dans l'après-midi, et demain paraitra un long article l'accusant d'être un tortionnaire.

Un vieil homme entra à son tour dans les toilettes. Il s'appuyait sur sa canne et avançait très lentement, mais sans difficulté.

Lloyd se prépara à sortir de la pièce, mais l'extrémité d'une baguette sur sa nuque le convainquit de ne pas franchir la porte. Il jeta un coup d'œil au miroir, pour s'apercevoir que le vieillard avait laissé place à un homme d'une bonne vingtaine d'années.

– Vous êtes en état d'arrestation...

– Et pour quelle raison je vous prie ? Il ne serait pas bon de savoir que les Aurors fassent des excès de zèle, déclara Lloyd calmement en répertoriant toutes les possibilités qui s'ouvrait à lui.

– Vous êtes suspecté de meurtre, et d'être le fameux Arsène Lupin dont parlent les journaux.

– Rien que ça. Et vous, vous en pensez quoi ?

Il enfonça un peu plus sa baguette.

– Je suis déjà sûr de tenir un assassin. Les Moldus ont des techniques d'investigations pratiques, et vous avez gardé l'odeur de Mr Diamond sur vous. Un charme hyper-sensoriel pour vous pister a suffi. Pour ce qui est des vols, qu'importe comment on vous nomme, je suis le seul Lupin. Où est votre baguette ? Ne la sortez pas ! Montrez-moi la poche.

Lloyd ne cherchait plus à comprendre ce que lui disait cet Auror, la potion l'embrouillait encore légèrement, mais il allait devoir agir, agir très vite. La baguette du cadavre allait servir plus tôt que prévu.

Il montra la poche arrière de son jean. L'homme lui prit celle de Diamond. Doucement, il fit glisser sa baguette de son avant-bras.

Il vit par le reflet que l'homme transformait un paquet de mouchoir en Portoloin avec la baguette de Diamond, sûrement pour aller directement au ministère. Ce type était vraiment doué s'il réussissait à maîtriser une baguette inconnue, et en même temps, le tenir en respect de sa vraie baguette.

Il n'avait plus le choix, sa seule chance était le sort de la rafale, ou il allait faire une visite gratuite à Azkaban.

Il tourna sur lui même comme pour transplaner, en soulevant son arme. L'homme fut projeté sur un mur, la tuyauterie explosa, une mini tornade se répandit en préservant son invocateur. Celui-ci se précipita vers la sortie. Dans le fast-food, des badauds s'agglutinaient vers la source du bruit. Il remarqua que la grand-mère, le petit-fils et la serveuse en faisait partie. Il transforma une table en manticore et une autre en chimère sous leurs yeux. Le ministère allait ainsi être dans l'urgence, et sera trop surchargé pour le poursuivre encore longtemps. Et ils seraient dans l'obligation de supprimer les souvenirs de tous les témoins oculaires, et donc de ceux qui l'avaient vu sous son physique normal.

Les deux créatures se mirent à tout détruire. Elles pouvaient s'attaquer à toute la ville si elles le désiraient, il ne les retiendrait pas.

Il s'élança dans la rue. La discrétion ne comptait plus.

Incarcerem !

Il tomba à la renverse, ligoté. L'Auror avait pu s'échapper de son ouragan magique et le coursait.

Plus collant qu'une sangsue, cet Auror prometteur. Lloyd métamorphosa les cordes en trois cobras qui écartèrent vivement les personnes trop curieuses. Il se releva et fit jaillir des flammes de sa baguette. Un homme carbonisé avait moins de chance de vous attraper.

L'Auror plongea, et essaya de le stupéfixer. Lui aussi avait conclu que peu importait la foule de personne ignorant tout de la magie, seul son but avait de l'importance.

Avec tout ce qu'il avait volé, Lloyd se doutait que la prime de la capture d'Arsène Lupin devait être élevée, mais de là à agir comme un hors-la-loi sorcier, cela l'impressionnait. Ce type n'était vraiment pas n'importe qui.

Il courut, l'Auror toujours derrière lui. Au fur et à mesure, des troupes de représentants du ministère transplanaient et se mettaient à sa poursuite, ou essayaient d'arranger les choses en ville, en contenant deux bêtes dévastatrices et quelques serpents par exemple.

Lloyd décida d'aller dans une rue encombrée où il y aurait des caméras de surveillance. Le travail des Oubliators n'en sera que plus rigoureux.

Il entendit de nouveaux ''pop'' sonores. Il fit un tour sur lui-même et constata qu'il était encerclé. La zone avait dû être enchantée pour qu'il ne puisse pas transplaner et les Moldus avaient été repoussés, ce qui permettait une liberté d'actions de la part des sorciers.

Il ne pourrait jamais résister face à une trentaine de personnes qualifiées pour stopper les criminels. Il allait devoir jouer une de ses dernières cartes, un atout majeur.

Il ferma les yeux, et se concentra de toutes ses forces. L'air du bout de sa baguette changea, littéralement. Il devait se dépêcher avant que les Aurors ne chargent. Il sentit sa baguette chauffer, comme si elle aussi ressentait l'effort à fournir. Il propagea son sort, qu'il passe entre les individus rassemblés, qu'il les encercle sadiquement. La dernière chose à faire était de se protéger, sinon, il était cuit. Un des hommes fit la sommation. Lloyd fendit l'air avec sa baguette et se créa un bouclier.

Les Aurors attaquèrent avec des sorts variés, pas toujours blancs, mais les étincelles, aussi magiques qu'elles soient, ne s'entendent pas avec le gaz. Le décor explosa en emportant les incorrigibles imprudents.

Lloyd était accroupi, complètement exténué. Tout autour de lui n'était que cris de terreur, feu et décombres, l'utopie de tout mage noir...

Il essaya de se relever, mais il rechuta, et tenta de reprendre des forces dans un abri de fortune en espérant que les Aurors mettront du temps à se remettre.

L'Auror qu'il avait rencontré dans les toilettes en décida autrement et courut vers lui. Comment avait-il été épargné, cela restait un mystère. Il le frappa au visage. Il ne répondit pas, il était trop épuisé.

– Salaud, regarde ce que tu as fait !

Il lui donna un coup de poing à la tempe, il s'effondra. Il était fichu. Sa seule compensation était de voir la fureur du héros du jour. Il sourit, ça avait toujours le don de mettre dans une rage folle. Il se reprit un coup. Sa tête se cogna contre le bitume. Il sentit un liquide poisseux couler le long de sa joue. La solution ! Il se pencha, quelques gouttes de sang ruisselèrent à sa bouche.

L'Auror le prit par le col, il plaça sa baguette sous sa gorge. Lloyd lui cracha le sang sur le visage. D'une formule, il aurait pu l'assommer, mais sa priorité était de s'échapper, et pour cela, il devait faire le plein d'énergie.

Il mordit sauvagement le mollet de son adversaire, qui l'envoya valser d'un sort.

Du sang plein la bouche, du sien et celui de l'Auror, il sortit d'une de ses poches intérieures une potion bleue, et la but. Au contact de ses lèvres rougies, l'infusion devint pourpre.

L'homme en face de lui s'écroula, alors que lui reprenait des forces. Il était un vrai cleptomane, pensa-t-il, il s'emparait même de la puissance des autres.

Le flacon vide devint un Portoloin et il disparut du paysage, en laissant ses vestiges à la ville.

Il réapparut derrière un arbre dans un parc du quartier de son enfance, dans la banlieue de Londres. Aussitôt, il déboucha et but deux autres élixirs pour se remettre sur pied. Des mères ronchonnèrent en le voyant faire. Il fit un geste grossier de la main. On pouvait le prendre pour un alcoolique, avec les évènements de ces dernières heures, peu lui importait. Il respira, son cœur ne s'arrêtant pas de trembler.

Il resta assit sur un banc, le temps de reprendre contenance. Dommage qu'il ne soit pas doué en occlumancie pour contrôler un peu mieux ses émotions, mais on ne pouvait pas tout avoir. Il attendit, voyant qu'il ne se calmait pas, il prit une potion tranquillisante, sous les exclamations de mères outrées d'un tel manque de retenue.

Il se leva enfin, et marcha jusqu'à trouver une ruelle dans la pénombre. Il regarda sa montre, il était dix heures moins le quart, il aurait juré plus.

Il disparut dans un ''pop'' étouffé. Il était maintenant dans un petit village près de la mer. Il s'avança sans un regard pour qui que ce soit. Il s'arrêta au bord de la falaise. Il sortit une rose blanche de sa poche et la laissa tomber dans l'eau, au milieu des roches rêches et des vagues violentes. Il partit comme il était venu.

Il transplana sur la voie 9 ¾, et alla se cacher dans les toilettes. Il se nettoya comme il put, guérit sa blessure, et reprit son physique habituel. Il repensa à l'Auror. Il s'était métamorphosé sans l'aide de sa baguette. S'il était un métamorphomage, il allait lui poser de nombreuses difficultés, déjà qu'il trouvait qu'il lui en avait causé assez...

Ce n'était pas la première fois qu'il le rencontrait, il l'avait déjà poursuivi en Grèce, mais l'ampleur des dégâts et des risques n'était plus comparable.

Il se jeta un sortilège pour effacer son odeur et celle de Diamond. Le plus grand défaut que l'on a quand on se sent maître de la situation, était qu'on parlait, et on donnait la solution inconsciemment à son adversaire pour ne plus faire les mêmes erreurs. Lloyd n'échappait pas à cette règle.

Il décida de se changer ici, et sortit ses affaires réduites de sa poche. Il revêtit sa tenue verte et argent. Le Choixpeau avait hésité lors de sa première année avec Serdaigle, mais l'ambition et la ruse avait pris le dessus. La soif de savoir et la soif de pouvoir étaient très différentes.

Il retourna sur le quai et s'installa dans l'ombre. L'endroit était encore totalement vide. Il se mit à lire un de ses grimoires volés traitant de la magie bleue.

Lloyd connaissait sept types de magie différentes. La blanche et la noire étaient les plus courantes et la plupart des sorciers s'arrêtait à celles-là. Ensuite venait l'ancienne magie, qui connut son heure de gloire quand on a su comment Potter avait survécu. Lloyd n'avait aucun don pour l'ancienne magie, et ne faisait rien pour s'améliorer. Il n'avait pas vraiment envie de se sacrifier pour protéger un enfant, même si ce dernier allait être traité comme le sauveur de l'Angleterre. Lloyd fonctionnait avec le cerveau, pas avec le cœur.

Les autres magies étaient beaucoup plus intéressantes, et pourtant très peu de personnes les connaissaient. Elles étaient cependant très proches de la magie basique, et nombreux seraient des mages s'ils faisaient le nécessaire.

La magie rouge, sûrement la plus repoussante. La magie du sang. Selon les ouvrages, cette magie fut créée par les Vampires Aztèques au XIII° siècle. Son utilisation se faisait sans baguette, ce qui expliquait son penchant pour cet art. Les Aztèques se servaient de ''l'eau précieuse'' des humains pour diverses potions, et se blessaient volontairement au combat pour décupler leurs pouvoirs. Il était rare que Lloyd ait recours à ces techniques, mais cela lui avait sauvé la mise à plusieurs reprises dans des situations critiques.

Après venait la magie verte, en symbiose avec la nature. Les sorciers doués en botanique et soins en créatures magiques étaient les plus à même de la maîtriser. Ancien art celtique, cette magie était basée sur le contrôle des plantes à des fins médicales ou guerrières, et permet d'être en paix avec les animaux. Lloyd n'aimait pas vraiment la verdure, qu'il trouvait plus comme une fioriture décorative et une ressource pour préparer les potions qu'une véritable science du magicien. Un peu comme les Moldus avec le pétrole, rien d'attirant, mais source d'énergie. Néanmoins, il avait dérobé dans un laboratoire illégal irlandais un torque. Il avait appris que ce collier d'or était un ornement symbolique des druides. Depuis, il le portait constamment, en ne sachant pas comment révéler ses propriétés magiques. Il l'avait cependant transformé en chaînette en argent, moins visible.

Ensuite venait la magie mauve, où il excellait. C'était en fait de l'alchimie avancée, la préparation de potions au plus haut degré. Sans doute la plus utile et la plus riche des magies car elle pouvait s'appuyer du sang, des plantes, et des sorts. La matière enseignée n'était qu'un dérivé, la différence était que l'une reproduisait, et l'autre créait. Cela demandait beaucoup de calculs et de connaissances sur les ingrédients, et de la pratique pour prévoir des réactions grâce à d'anciennes expériences. Lloyd travaillait sur la magie mauve depuis sa troisième année, il avait donc eu le temps d'amasser le savoir et les chaudrons fondus. Désormais, il ne se trompait jamais dans l'architecture de son chaudron, il inventait ses propres remèdes, qui avait fait leurs preuves dans la matinée. Une rumeur circulait, narrant que le créateur de cet art était un Européen de la Renaissance, qui révolutionna le monde sorcier par ses découvertes.

Et pour finir, la magie bleue, celle où il possédait le moins de renseignements, et pourtant y brillait autant qu'en magie violette. Personne ne connaissait l'origine exacte de cette magie. Si on écoutait le peu de gens ayant des informations à ce sujet, c'était Merlin lui-même qui en était le bâtisseur. Cet art était le cousin éloigné de la métamorphose. Il s'agissait d'invocation et du contrôle des éléments. Les techniques de combat de Lloyd s'établissait sur ces enchantements, il adorait invoquer des créatures vivantes, et narguer ses opposants avec des illusions. Il n'avait pas vraiment de talent avec les éléments, sauf l'eau, qu'il commençait à maîtriser depuis les vacances.

– Euh... excusez-moi...

Il referma vivement le livre et redressa la tête.

Un petit garçon seul le fixait avec des yeux implorants. Il ne devait avoir que onze ans, mais semblait plus jeune. Il portait une énorme valise qu'il soulevait avec peine de sa main gauche, et de l'autre main caressait un chaton blanc qui ressortait sur sa peau brune.

– Est-ce que je peux m'assoir à côté de toi ? continua-t-il timidement.

Il soupira. La gare était vide, mais il n'avait pas le choix. Personne n'était assez ignoble pour résister à un démon si charmeur. Même un mage noir psychotique aurait cédé.

Il acquiesça et retourna à sa lecture, l'enfant ne le vit pas ainsi. Il le détailla soigneusement, ses petites mains toujours sur son chat après s'être installé.

– Toi, tu es un sorcier ! déclara-t-il fièrement.

Il souffla. Les Serpentards n'avaient pas le luxe de s'offrir une patience de longue durée, c'était plus une qualité de Serdaigle.

– Moi c'est David, je suis un sorcier aussi. Mais je me suis habillé normalement pour venir ici. Comment tu as fait pour rester discret dans cette tenue ?

Apparemment, ce garçon n'ira pas à Serdaigle. Naïf comme un Pousouffle, têtu comme un Gryffondor.

Le petit garçon le poussa faiblement pour qu'il réponde.

Lloyd jeta un regard glacial au mioche qui se plia... de rire.

– Ma sœur fait la même tête quand je rentre dans sa chambre, s'égaya-t-il.

Ironie de la vie, il avait cambriolé des lieux surprotégés, tué un homme ce matin, mis une ville en panique sous le nez des Aurors, et n'était pas capable de faire taire un gosse. Peut-être faudrait-il qu'il songe déjà à la retraite s'il se ramollissait autant.

– Alors, comment tu t'appelles ?

Décision irrévocable, ce jeune homme ira à Gryffondor ou il n'était plus sorcier. Il consentit à répondre.

– Lloyd Harshad.

– Tu es un grand. Comment c'est Poudlard ?

Il se prêta au jeu et sourit.

– Tu es un né-moldu, n'est-ce pas ?

Le petit sautilla sur place, encouragé par le début de conversation.

– Oui. Alors, Poudlard ?

Tête de mule, tête de lion, aurait dit Tristan Trevithitch. Il rassembla ses idées, ce qu'avaient dit des élèves émerveillés le premier jour, et se jeta à l'eau.

– Poudlard... Quand tu verras apparaître pour la première fois cette école, tu croiras qu'une météorite brillante de vie s'est déposée près d'un sombre lac où se reflète toute la gloire du château... Puis, à l'intérieur, tu t'éblouiras devant les astres te surveillant du plafond comme des fées bienveillantes. Tu rêveras de la splendide alliance de toutes ces personnes souhaitant construire leur destinées. Et au bout d'un mois, tu oublieras mes paroles en espérant avec agacement l'arrivée de vacances mérités.

Le diablotin applaudit. Le mythe de Poudlard était resté intact.

– Qu'est-ce qu'on t'a appris là-bas ?

Enfin une question intéressante. Il joua distraitement avec sa baguette sous des pupilles avides. Il demanda sa chaussure, l'enfant la lui tendit joyeusement en lui faisant promettre de la lui rendre en bon état.

La chaussure s'éloigna d'eux en sautant, sa couleur changeant à chaque fois qu'elle touchait le sol. Il secoua sa baguette comme pour chasser un insecte et la chaussure s'immobilisa pour se transformer en rose de plus d'un mètre de hauteur.

Il baissa la main, jusqu'à ce que la fleur soit totalement éclose, pour qu'une chouette miniature, de la taille d'un pouce, s'envole, des ailes d'argent rattachées à un corps de bronze. L'oiseau voleta en taquinant le chaton, puis se posa dans la main du propriétaire, pour finalement devenir une broche. La rose éclata et les pétales revinrent au pied du garçon sous leur forme initiale, un lacet plus court que l'autre, il fallait quand même de la matière pour fabriquer la broche.

Le jeune élève le regarda ébahi. Lloyd haussa un sourcil, et désigna la broche.

– Cadeau, dit-il simplement. Et il faut travailler très durement pour faire ce que je t'ai montré.

Il rouvrit son livre, pensant qu'il avait enfin réussi à avoir la paix.

Il avait gagné une bataille, mais pas la guerre, et le diable ré-attaqua, prêt à lutter des heures pour obtenir tous les secrets de Lloyd.

La gare se remplissait paresseusement. Lloyd se leva, suivi de David Wayans, puisque tel était le nom du démon collant. Il rentra dans le train et prit le compartiment du fond. Il s'installa à son aise, et laissa le garçon se débrouiller pour hisser sa valise sur les filets.

Beaucoup de familles avaient du retard, et il manquait souvent un des adultes. Il devait y avoir quelques travaux imprévus dans une ville...

Il vit à travers la vitre une tête rousse pleine de vie trottiner derrière ses frères sans envie. Encore des Weasley, décidément la liste des nouveaux-nés de cette famille ne se terminera jamais, à moins qu'une génération soit stérile, et encore, ils procéderaient au clonage.

David allait reposer une question quand la porte s'ouvrit sur les Trévithitch. Ils portaient déjà leurs tenues de Serpentard. Leur cheveux blonds encadraient leurs visages fins. Ils semblaient apparentés aux Malefoy, mais ils étaient seulement d'origine finlandaise.

Tristan, nonchalamment épaulé à l'encadrement de la porte, fixa de ses yeux gris intrigués le garçon en jouant avec un Vif d'Or, la mode était revenue...

La fille, Astrée, ne s'en préoccupa pas et examina Lloyd, comme pour noter toute trace de changement. Elle était impassible, en parfaite occlumens. Lloyd regrettait d'avoir été la cause de ce manque de gaieté dans ses iris noisettes.

C'était en quatrième année, il était en plein deuil, un deuil dont il ne se remettait toujours pas aujourd'hui. Elle l'avait tout de suite intéressé, mais pas pour les mêmes raisons que la majorité des garçons. Il ne savait toujours pas pourquoi il l'avait choisie elle, peut-être qu'elle avait quelque chose qui lui ressemblait, ou était-ce le simple hasard, il ne savait pas encore.

Il avait ressenti un manque, qu'il avait voulu combler, par n'importe quel moyen. Il avait voulu, ou avait eu besoin, de quelqu'un sur qui s'appuyer, se consoler. Seulement, il ne voulait pas d'une amie, mais d'un pantin. Et à l'époque, il ne savait pas faire l'Imperium.

Il l'avait droguée, et la dépendance fut telle qu'elle aurait fait tout ce qui était réalisable pour sa potion. Il l'avait rendue esclave, il ne trouvait pas d'autres mots. Il lui avait fait faire tant de tâches futiles qu'il en avait honte. Des devoirs, le couvrir lors de ses sorties nocturnes, ou simplement le faire rire. Remplir un gouffre qui s'agrandissait de plus en plus était peine perdue, il prit conscience de la gravité de la situation quand elle avait glissé une main sur son entrejambe en le suppliant de lui donner sa dose. Pris de remords, il essaya de la soigner. Il passa les vacances entières à chercher un remède à sa bêtise, en se faisant passer auprès des parents pour son meilleur ami, et occupa le manoir des Trévithitch.

Ce fut à ce moment qu'il rencontra Tristan, qui l'aida à concevoir des potions. Il s'était bien gardé de lui dire qu'il était le responsable de l'état de sa sœur. Déjà qu'il avait su que Tristan avait raté son examen et redoublé en tentant d'interpréter les raisons qui poussaient sa sœur aux portes de la folie, Lloyd ne souhaitait pas se faire un ennemi de plus.

Finalement, grâce à ses talents en magie mauve, ils avaient réussi.

Ce qui étonna le plus Lloyd fut qu'elle ne le dénonce pas, même une fois complètement rétablie. Il ne comprenait toujours pas ce qui la poussait obstinément à garder le secret. Peut-être lui avait-elle pardonné après qu'il a été plus attentif qu'une lionne devant ses lionceaux. Il avait remué murs et armures du château pour qu'elle l'excuse, ce n'était plus un devoir, c'était une obsession, par repentir.

Quant à Tristan, il était devenu son ami. Mais sa sœur restait la plus proche de Lloyd, elle voyait en lui comme si sa chair était en verre, mettant son âme en spectacle. Il avait deviné qu'elle était légilimens. Ils étaient dans la même classe de septième année, tout le temps ensemble, et pourtant ne se confiaient jamais. C'était un drôle de duo. Et la fille avait trouvé le moyen de tout savoir sans avoir à parler. Depuis, il préférait converser, comme il n'avait plus le choix de cacher sa psyché, et en retour elle lui répondait.

Tristan était en sixième année, il les rejoignait à l'occasion.

– Qui est-ce ? Tes amis ? Ils sont aussi forts que toi ? Tu me les présentes, dis ?

Tristan s'esclaffa, et s'assit à côté de Lloyd.

– Un Albus Potter en version courte sur pattes, se réjouit-il. Nous allons pouvoir te fonder un fan-club !

Lloyd grogna et le laissa faire les présentations. Astrée s'assit à côté de David, en face de Lloyd, en continuant de l'inspecter. Il sentit ses défenses craquer. Il ne revit pas ses souvenirs mais la sentit fouiller. Une personne normale ne ressentait pas ce genre d'intrusion, elle pensait juste être rêveuse sur le moment. Quand on était occlumens, on pressentait une exploration de l'esprit, car on éprouvait la faille mentale éclater, même quand on débutait comme Lloyd.

Il l'expulsa vivement. Elle ne fut ni surprise ni atteinte réellement. Elle était sortie d'elle-même avant qu'il ne la repousse. Elle avait une longueur d'avance sur lui depuis la cinquième année et anticipait ses réactions. Et il savait que la rejeter ne faisait qu'attirer son attention.

– Qu'as-tu fait durant les vacances ? interrogea-t-elle.

– Oui, c'est vrai ça, bavarda son frère, qu'as-tu fait ? On espérait que tu passes nous voir au manoir. Nos hiboux ne te trouvaient pas. On en a conclu que tu t'étais rendu incartable.

David leva la tête, avide de savoir.

– … J'ai voyagé …un peu partout en Europe. Je ne voulais pas être dérangé.

Astrée fronça immédiatement les sourcils. Elle avait déjà compris qui était l'auteur des cambriolages, familièrement appelé Arsène Lupin. Il allait devoir se trouver un nom, il ne pouvait pas garder un surnom déjà usé, il avait son orgueil à nourrir tout de même. Elle n'était pas vraiment renversée, il venait juste de confirmer des doutes. Il lui sourit malicieusement.

– Tu as de la chance ! C'est mieux que rester dans une demeure, à apprendre de la magie noire.

– C'est tout aussi instructif, je peux te l'assurer, se moqua Lloyd en pensant aux livres rares qu'il lisait dorénavant.

– Et comment tu as fait pour recevoir la lettre de Poudlard ?

– J'ai croisé Cassandra Andrews sur le Chemin de Traverse, je lui ai demandé la liste.

– Comment as-tu fait pour savoir si tu as eu des badges ? J'imagine la tête du professeur Cohen si tu lui expliquais que tu voulais être tranquille.

Il eut un sourire ironique, il n'avait pas pensé à cela.

– Nous, on a reçu des badges. J'ai l'honneur de te présenter la nouvelle préfète-en-chef, et le nouveau capitaine de l'équipe de Quidditch de Serpentard.

La révélation n'eut pas beaucoup d'effet. Il s'en doutait depuis longtemps. Tristan était le meilleur joueur en tant que batteur, et Astrée était une élève modèle. Elle n'avait pas été nommée préfète en cinquième année à cause de l'année précédente, mais depuis la désintoxication, elle ne cessait de grimper.

Il eut un rictus. Il s'imaginait déjà leur homologue, une seule et unique personne pour les deux postes, le Gryffondor James Potter. Il serait possible que le capitaine et préfet-en-chef des lions s'attarde plus sur ses amis que sur lui. Il pourrait enfin circuler librement, ou au contraire comploterait pour une simple virée à la Forêt Interdite.

Le quai contrastait parfaitement avec le calme du compartiment à présent. C'est alors qu'il le vit, serrant la main de son rival, une lueur d'amusement dans les yeux, pendant que leurs fils se jetaient dans les bras l'un de l'autre. L'homme blond, comme le rouquin, était très gêné et mécontent de la situation. Seuls les femmes et le brun riaient du tableau qu'ils faisaient.

Lloyd s'imagina dans une circonstance semblable. Lui et James Potter se serrant la main alors que leurs enfants étaient les plus grands amis du monde et faisaient les quatre cents coups à l'école. Il grimaça. Il plaignit sincèrement Malefoy et Weasley seniors.

Après avoir relâché sa fille lors d'une dernière étreinte, le chef des Aurors se redressa. Il allait partir avec sa femme, tout en discutant gravement avec sa meilleure amie, qui n'était autre que l'actuelle ministre de la Magie, quand il sentit un regard venimeux posé sur lui. Il se retourna. Lloyd retint son souffle. Il vit les deux yeux qui avaient tellement survécu qu'ils avaient adopté la couleur du sort de la mort rencontrer les siens. L'homme ne semblait pas le reconnaître, mais il constatait que ce n'était logiquement pas un fan. Il lui sourit mystérieusement, et repartit dans la conversation avec la ministre, en disparaissant derrière la vapeur de la locomotive.

Lloyd bouillait de rage. Il avait été là, derrière la vitre, et il n'avait pas pu lui faire ressentir à quel point il le détestait. À quel point il lui en voulait. Merlin qu'il détestait les Aurors et leur chef !

Il n'était pas dupe, Astrée avait détaillé la scène en lisant dans sa tête avec autant de facilité que pour comprendre comment on se servait d'un balai.

Tristan et David n'avaient pas la même sensibilité, la même intelligence, pour interpréter ce qui venait de se passer. Pour eux, Lloyd était juste rêveur.

Les derniers retardataires embarquèrent et le train démarra.

La porte du compartiment s'ouvrit à nouveau, sur un groupe particulièrement bruyant. Albus, Lily, Rose, Hugo, et Scorpius entrèrent joyeusement.

– Le retour des Maraudeurs ! s'écria Hugo, on vous a manqué ?

Pour toute réponse, Astrée le refroidit d'un Aguamenti. Il avait été un petit peu trop chaleureux, pensa Lloyd cyniquement.

– Ça, c'est pour m'avoir envoyé un Épouvantard pour mon anniversaire !

Lloyd pâlit autant que sa peau le lui permettait. Il avait oublié l'anniversaire d'Astrée. Il n'avait rien offert, n'avait rien souhaité. Il allait le payer très cher.

– Estime-toi chanceuse qu'il ne t'ait pas envoyé de Détraqueur, indiqua Lily, il l'aurait fait s'il en avait eu un sous la main.

– Tu n'aurais pas osé ! se moqua Tristan. Et comment tu aurais fait pour le mettre dans un paquet ? Sais-tu au moins faire le Patronus ?

– Harry nous a appris quand on est rentré en quatrième année.

Tristan ne trouva rien à dire, ce qui ajouta un brin de fierté à leurs visages.

Lloyd n'était pas étonné, il les savait doués. Les Maraudeurs s'étaient nommé ainsi quand ils avaient entendu parler du grand-père d'Albus. C'était un hommage à leur manière, surtout que l'oncle de Hugo les aidait beaucoup dans cette voie. Une résurrection spirituelle des plus grands blagueurs ne se contournait pas. Le groupe était assez hétéroclite, mais aidait beaucoup pour le rapprochement des maisons.

Rose et Albus était à Gryffondor, en sixième année, et animaient leur salle commune en invitant les autres membres de la bande. Lily était la plus jeune, à Serdaigle. Elle était en quatrième année. En raison de l'écart d'âge, elle s'était éloignée du groupe pour être avec ses propres amies. Cependant elle restait toujours active et était accueillie à bras ouverts pour chaque farce. Lloyd ne la connaissait pas très bien. Il la trouvait un peu trop naïve, mais savait qu'elle pouvait être d'une fureur alarmante, ses cousins disaient que ce trait de caractère était de famille.

Hugo était à Poufsouffle, et prenait comme modèle Sirius Black. Il était en cinquième année, mais il avait sa place au sein des Maraudeurs (pourquoi un 'mais' ? Avec quoi opposes-tu la deuxième proposition ?). C'était le plus blagueur, le plus imaginatif, et il savait user de ses charmes à la perfection, que ce soit pour les professeurs ou les élèves. Il était malin, mais moins que sa sœur. À lui seul, il déridait sa Salle Commune à grands coups de pétards Fuseboum. Oui, c'était aussi le moins discret.

Ce qui avait rendu l'équipe plus surprenante était le Serpentard de sixième année Scorpius. Mais quand on interdit quelque chose à un enfant, il est automatiquement curieux de savoir pourquoi. La rencontre entre les Weasley et les Malefoy était inévitable. Et en définitive, Scorpius était quelqu'un qui méritait d'être connu. Il était rusé, narquois, avait l'allure d'un meneur, des qualités qui n'échappaient à personne. C'était Tristan, en redoublant, qui avait sympathisé avec le dernier des Maraudeurs. Lloyd et lui avaient ensuite fait connaissance, un jour Albus s'était joint à la conversation, et depuis, il avait une place privilégiée dans le clan, en entraînant avec lui Astrée et son frère, bien qu'il refusait d'être nommé Maraudeur.

– Et toi Lloyd, tu sais faire un Patronus ?

Il tourna lentement les yeux vers Albus. Ce qu'il prononça lui coûta beaucoup plus qu'il ne l'imaginait.

– Non, je ne sais pas...

C'était vrai, il était capable de faire disparaître un train comme David Copperfield, mais n'était pas capable de repousser un Détraqueur, comme David Copperfield...

– On pensait que tu le maitrisais depuis ta deuxième année, plaisanta Rose.

– Waow, pour une fois que je suis en avance sur Lloyd, ça fait bizarre, argumenta Lily.

Il se détourna vers la vitre. Ils traversaient un campagne verdoyante.

– Tu voudrais que je t'aide ? proposa Albus.

– Non merci, je travaille mieux seul.

Il croisa le regard amusé des Trévithitch. Albus était très envahissant avec lui. Si un jour il devait mener le chef des Aurors par le bout du nez, en cas d'urgence, il aurait toujours la possibilité d'enlever Albus, celui-ci le suivrait docilement et joyeusement.

Il ne savait pas ce qu'Albus admirait tant chez lui. Il ne se trouvait pas très attachant pourtant. Ce devait être l'image qu'il reflétait. Le fait que son grand frère était son rival devait aider aussi. Bien sûr, Albus adorait James, mais il admirait son ennemi. Lloyd avait conclu qu'il était une sorte de grand frère à sa manière. Il se différenciait et ressemblait à James en même temps. Il était ce que Mars était à la Terre, une face plus sombre, mais une planète jumelle.

Il avait longtemps délibéré intérieurement avant d'accepter Albus. Mais, après tout, peut-être que lui arriverait à combler ce vide. Hélas, le cœur de Lloyd était une serrure, et il avait perdu la clé, Albus et Astrée était des clefs, mais n'ouvraient pas cette porte condamnée.

La répartition était terminée, David était allé à Gryffondor comme prévu. Le chaton, toujours sur l'épaule, avait planté ses griffes dans le Choixpeau quand celui-ci avait ouvert la déchirure qui lui servait de bouche. La foule applaudit, Astrée avec un peu moins d'entrain, il y avait eu pas mal de nouveaux Serpentards. Au début de sa scolarité, elle aurait été fière pour sa maison, mais depuis qu'elle était préfète, elle n'y voyait qu'une marmaille croissante dont elle était responsable. Il en fallait peu pour changer une vision.

Les plats apparurent dans des couverts en or à la fin du discours de bienvenue. Comme chaque année, Lloyd se remémora sa première semaine de cours, et de sa convocation au bureau directorial. Il avait essayé de voler des fourchettes et couteaux moldus. Il s'était fait prendre, et honteux, avait dû expliquer aux professeurs qu'il venait d'une famille de Moldus pauvre, et qu'il voulait seulement collecter un peu d'argent pour s'acheter des livres. Il s'en était tiré avec deux heures de retenue et la promesse de ne jamais plus rien voler... à Poudlard. Lloyd avait tenu sa parole, bien qu'il brulât d'envie d'aller dépouiller la réserve de quelques manuscrits.

Tristan et Astrée discutaient calmement, habitués à voir leur camarade songeur. Astrée sentit immédiatement que Lloyd revenait au présent et lui lança une petite pique.

– Alors, on rajoute un Gryffondor à ton fan-club ?

Il grommela une suite de mot incompréhensible. Les gens était attirés par lui sans explications, alors qu'il en était totalement indifférent, pour ne pas dire qu'il les haïssait. Il avait trouvé la cause pour Albus, bien qu'il ait des doutes. Pour David, il lui avait montré les possibilités qui s'offraient à lui s'il était déterminé à devenir puissant. Mais pour les autres ? Ce fut Tristan qui formula sa question.

– Je ne comprends pas pourquoi les gens sont fascinés par toi. Les étudiantes ont beau dire que c'est parce que tu es séduisant, je ne les crois pas, sinon je serais idolâtré pour mon physique !

À son avis, Lloyd pensait que James Potter était de loin plus beau que lui ou Tristan. Il était courageux, intelligent, protecteur, loyal, puissant, drôle à l'occasion, quand Lloyd n'était pas dans les parages, préfet-en-chef, poursuiveur et capitaine. Il pourrait incarner un symbole de réussite, et Lloyd était placé au même niveau que lui alors qu'il n'était ni aimable, ni protecteur, ni chevaleresque, n'avait pas de titre, n'avait jamais eu un trophée ou remporté de coupe.

– Enfin, c'est évident ! s'exclama Astrée. Il suffit de le connaître pour savoir pourquoi c'est un aimant d'attention. Il a une histoire qui attire la compassion. Un enfant adopté par une famille de Cracmols jaloux des pouvoirs des enfants, qui réussit à être le meilleur élève par ambition. Même les Serpentards traditionalistes le respectent.

– … Tu es en train de me dire que les gens ont pitié de moi ?

La phrase était glaciale. Le simple fait d'y penser le répugnait. Astrée ne se laissa pas démonter.

– Au départ, ils devaient, puis tu es devenu meilleur qu'eux. Tu viens du bas de la pyramide et tu es capable d'un jour te reposer au sommet. Les gens ne peuvent que t'admirer pour ça.

L'explication le satisfaisait un peu mieux. Il fixa son assiette sans appétit. Le passé, il détestait ça. Il supposait que ses vrais parents avaient été effrayés et les avaient abandonnés suite à d'étranges phénomènes inexplicables pour eux. Il ne cherchait pas à découvrir ses géniteurs. Quel intérêt y avait-il à retrouver une famille qui ne voulait pas de lui ? À part se venger et les tuer, il ne voyait pas.

Sentant que Lloyd dérivait par la pensée, Astrée le ramena à la réalité.

– Le directeur veut te parler après le dîner. Il voudrait mettre ''certaines choses au point''.

Il haussa les épaules. Il commençait à fatiguer. Les effets des potions se dissipaient.

Il se leva silencieusement et quitta la grande salle. Le repas était fini depuis quelques minutes. Tristan rejoignit les Maraudeurs et Astrée dirigea les Première année à la salle commune.

Il traîna dans les couloirs, n'empruntant aucun des raccourcis qu'il connaissait, il n'avait pas envie d'une remontrance, le plus tard sera le mieux. Il vit alors James Potter suivi de son ami Balthazar Dolios dans le couloir opposé.

– Les cachots sont de l'autre côté, Harshad.

– Il en est de même pour la salle commune des Gryffondors. Tu n'as pas trouvé de meilleures excuses pour me parler ? Pathétique...

– Fais attention à toi, susurra Dolios. Tu n'es pas en position pour nous snober.

Lloyd le regarda avec une surprise sincère.

– Pour quelle raison ? Je ne me prive pas de mépriser les abrutis comme vous, ils sont là pour ça !

Balthazar Dolios était un garçon très lunatique. C'était un Gryffondor ascendant Serpentard, un mélange imprévisible. Il était le meilleur ami de James Potter. Il était d'une ruse dangereuse, par compensation, il n'était pas aussi fort que Potter et Lloyd, mais n'en restait pas moins tenace. Physiquement, il était assez banal. Un châtain aux cheveux coiffés en brosse, et des yeux bleus. Il avait toujours un sourire en coin, comme s'il ressentait l'ironie de chaque situation. Il haïssait Lloyd depuis sa première année. Lloyd s'était amusé à tester des sortilèges sur lui. Une vieille rancune. Lloyd s'était toujours amusé de ses yeux haineux pour des idioties d'enfances. Pour lui, Dolios était sans importance. Ce ne fut qu'en cinquième année qu'il lui donna une raison de le détester à son tour. Il l'avait surpris en train de s'imposer face à Astrée, alors qu'elle était encore faible et récupérée lentement sa santé. Devait-il dire au pauvre lecteur toute l'humiliation qu'a subi Dolios dans la minute qui a suivi ? Disons que pour contrebalancer, Dolios a embrassé tour à tour les murs du couloir, le plafond, et le sol dans un rythme saccadé, répétitif, et de son avis, mélodieux. Lloyd se souvenait même d'avoir aperçu des armures battre la mesure avec leurs pieds. Depuis, il y avait vraiment de la haine entre eux. Il ne savait si Potter avait été au courant de cet incident, mais Lloyd dut aller à l'infirmerie une semaine plus tard pour d'étranges maux.

– Parce qu'il se trouve que James est préfet, et que tu es seul.

– Mouais... les menaces à trois Mornilles. Et crois-tu que deux Cracmols viendraient à bout d'un sorcier ?

Dolios lui jeta un sort inconnu. Il matérialisa à temps un bouclier, tandis que Potter sortait aussi sa baguette.

– Je vois qu'on a ouvert les livres cet été. Marre de rester dans l'ombre peut-être ? nargua Lloyd.

Il s'essoufflait vite, et n'avait pas l'énergie suffisante pour les maintenir. Surtout que Potter était nettement plus fort qu'un Auror, avec le chef des Aurors comme père, quoi de plus normal ?

Au sarcasme, Dolios lança un nouveau sortilège. Lloyd fit léviter le casque d'une armure pour bloquer l'attaque. Il fallait à tout prix qu'il se ménage. Il releva fièrement la tête.

– Alors, vous me laissez aller voir le directeur ou vous voulez vous amuser encore un peu ?

– Qu'est-ce que tu vas faire là-bas ? interrogea Potter.

– Visite de courtoisie, il m'invite à boire un thé, comme à chaque rentrée. Pourquoi ? Il ne le fait avec toi, le Préfet-en-chef ? s'inquiéta-t-il faussement.

Il contracta la mâchoire. C'était tout un art de faire enrager un Gryffondor. Il fallait le piquer dans son orgueil avec une fourberie Serpentard, y prendre du plaisir, et dans le même temps que le Lion s'avoue dressé.

Très bien, passe. Il doit t'attendre. Nous continuerons plus tard.

Il s'avança un peu, puis voyant qu'ils ne réagissaient plus, se plaça devant la gargouille du septième étage.

– Pocahontas !

Il ne l'aurait pas trouvé celui-là, avoir de bonnes relations avec une préfète-en-chef était un atout. Le directeur était un féru de fiction moldue, particulièrement les Walt Disney.

Lloyd se souvenait encore de l'année suivant la retraite de McGonagall. Personne n'avait été épargné. Les mots de passe étaient allés de Rox et Rouky pour les Poufsouffles, du Génie de la lampe pour les Serdaigles, les Gryffondors eurent droit à Simba et les Serpentards à Kaa.

Il entra dans le bureau.

– Hey, salut toi, ça va ?

– Coucou, je t'ai manqué ?

Un petit mammifère lui serra la main. Il était de coutume que les directeurs soient autorisés à avoir un animal de compagnie. Celui-ci était un raton-laveur magique capable de parler, les poils de sa queue avaient des propriétés intéressantes, et ses mains habiles lui permettaient de tout faire.

– Allons Meeko, laisse-le. Je dois lui parler.

Le petit homme regardait par la fenêtre en gobant des Dragées Surprise de Bertie Crochue. Soit il était chanceux, soit il avait perdu le sens du goût, c'était le cinquième qu'il grignotait sans grimacer.

Lloyd n'attendit pas et s'assit dans un fauteuil en ignorant le sifflement sourd de Phineas Nigellus Black. Il remarqua sur l'accoudoir des lettres lui étant destinées, dont une ayant le sceau de Poudlard.

– J'ai envoyé une lettre à vos parents, mais ils n'avaient aucune nouvelle de vous.

– J'ai voyagé...

– Sans les prévenir.

– Je suis majeur et vacciné, répondit-il au tac-au-tac.

Filius Flitwick s'assit en face de lui. Il se faisait vieux, mais semblait tenir le coup. Lloyd se demanda quelle était la durée de vie d'un gobelin moyen. Serait-il toujours à ce poste dans vingt ans ? S'il avait une espérance de vie égale à celle de Dumbledore, il allait voir passer encore une autre génération de Maraudeurs. Qui avait dit que c'était un cadeau de vivre longtemps ?

Lloyd perçut dans le visage du vieil homme de l'amusement, de l'agacement, de la compréhension, du doute, de l'inquiétude.

– Où êtes-vous allé, durant ces vacances ?

Les cambriolages revenaient à l'esprit. Les journaux n'avaient-ils parlé que de ça ? N'y avait-il pas une guerre à l'autre bout du monde pour occuper ces journalistes fouineurs ?

Lloyd douta. Que devait-il dire ? Mentir, risquer d'être moins crédible ? Parler sans gêne, en cachant les détails ? Il commençait à avoir une de ces migraines... Il aurait dû aller faire un petit tour en Égypte pour prendre des photos souvenirs qui l'auraient innocenté.

– En Europe, j'ai fait le tour d'Europe.

– Depuis quand vous êtes-vous jeté un sort d'incartablité ? questionna l'ancien champion de duel.

– Je ne sais pas exactement, ce devait être dû à la magie instinctive. Je voulais être tranquille, et quand j'ai compris que je m'étais rendu incartable, je n'ai pas essayé de l'enlever. C'est tellement reposant d'être introuvable.

À l'époque de McGonagall, il n'aurait jamais osé sortir un tel mensonge. Elle n'y aurait pas cru, elle n'appréciait déjà pas vraiment les Serpentards. Ça aurait été comme se jeter dans le lac en insultant les êtres de l'eau.

– Je vois... Eh bien, désolé de briser ainsi la magie des vacances, mais il faut que vous retiriez l'enchantement. Meeko !

Le raton-laveur tendait les mains vers Lloyd. Il lui donna une baguette farceuse, pas question de donner quelque chose de si précieux à une bestiole, aussi maligne soit-elle. L'animal fit une drôle de tête quand sa baguette se transforma en dindon.

Il soupira théâtralement, et marmonna un Finite incantatem. Son nom devait apparaître sur la carte des Maraudeurs désormais, une arme de plus pour Potter.

Il attendit que le professeur parle, puis comprit qu'il devait ouvrir les enveloppes.

Il y en avait une de l'école, une de ses parents, et un petit paquet de ses amis. Il les mit toutes dans une de ses poches encore vides.

– J'ai prévenu le ministère de votre ''disparition'', en vous protégeant comme je le pouvais, cela va de soi, pour que vous n'encouriez pas de peine. Mais je n'hésiterai plus si un tel manquement à la règle devait être renouvelé, l'avertit le directeur. Estimez-vous chanceux que Miss Trevithitch m'ait annoncé que vous prévoyiez de faire une ballade, ou je vous faisais porter disparu.

– C'est une chance en elle-même, murmura-t-il pour lui même. Il ne lui avait pas parlé de son projet, mais elle avait su.

Flitwick dut entendre car il lui fit un grand sourire, et un clin d'œil.

Lloyd n'aimait pas cet homme qui s'introduisait dans la vie privée des élèves. Il préférait quand il y avait une barrière distinctive entre l'élève et le professeur. Hugo se vantait d'avoir eu une discussion avec lui pendant une de ses retenues où ils s'étaient entretenu sur les maîtres spirituels des Maraudeurs, les jumeaux Weasley, et bien sûr, les Maraudeurs premiers du nom ! Personnellement, il trouvait cela absurde, encourager des élèves à mésestimer le règlement était intolérable, les étudiants n'avaient pas besoin de lui pour contourner la discipline.

– Je ne le répèterai pas, intima le professeur. Vous pouvez partir. Et n'oubliez pas ce que je vous ai dit, je serai moins clément la prochaine fois !

– Merci monsieur.

Il sortit en tapotant la tête de la mascotte de Poudlard qui chantait un air de Ne Me Quitte Pas. Filius se retourna aussitôt vers le portrait de Dumbledore.

– Pensez-vous qu'il ait un lien avec les vols de cet été, Albus ?

Le tableau eut une expression malicieuse qui lui était propre.

– Vous aviez dit qu'il était l'un des meilleurs élèves de l'école, et qu'il était pauvre. Ce pourrait être lui. Ce qui m'intrigue, c'est qu'il me rappelle vaguement un de mes anciens élèves, mais les ambitions ne sont pas les mêmes. Il a des amis qui le soutiennent. Miss Trévithitch est sûrement la plus importante, elle le retient dans un sens. Ce n'est pas un futur Mage noir dans sa façon d'être, malgré les similitudes inquiétantes. Il serait plus proche de ce qu'est Severus.

Une voix, pas plus forte qu'un murmure sortit d'un portrait sombre caché dans un coin.

– Ce garçon me ressemble trop. Il finira mal. Il serait étonnant qu'il ne se soit pas encore donné un nom. Il suffit que ses ambitions le poussent à tourner le dos à ses amis pour qu'il devienne comme moi.

– Allons, vous êtes resté du bon côté, Severus.

– Un assassin pour le plus grand bien, ironisa le maître des potions défunt.

– Enfin Severus, je croirais entendre une pointe de rancune...

– Même mort, il faut que vous continuiez à avoir le dernier mot.

– Sachez que ce n'est pas la barbe qui fait le mage, surtout là où nous en sommes.

– Mais faites-le taire ! cria Rogue. Je ne voulais pas être un tableau ! Pourquoi a-t-on écouté ce vieux fou ?

Lloyd se rendait à sa salle commune quand il s'écroula par terre. La potion ne faisait définitivement plus effet. La fatigue le submergea. Il ne pouvait pas prendre un autre élixir, son corps ne le supporterait pas. Il n'avait plus la force de faire quoi que ce soit. Il ne restait plus qu'à attendre que le concierge vienne le remercier de nettoyer le sol avec sa robe. Il entendit des bruits de pas, qui se firent précipités quand ils arrivèrent à l'angle du couloir. Il pria pour que ce ne soit pas Cohen, la directrice de sa maison, sinon il allait passer à un sale quart d'heure et il allait se sentir obligé de mettre du venin de Basilic dans la nourriture de sa chère professeur en signe de représailles...

On lui jeta un sortilège. Il se sentit plus léger. On le prit par les épaules et on le remit debout en le tenant fermement. Il n'était plus capable de marcher.

– Merlin, mais qu'est-ce qui t'est arrivé ?

Il tourna faiblement la tête et aperçut Astrée l'adosser contre un mur pour qu'elle puisse l'examiner.

– Je vérifiais si la saleté des couloirs étaient des poussières d'étoiles, comme se plaisait à le dire un deuxième année à une nouvelle.

Elle ne réagit pas.

– Ne me regarde pas comme ça. Dis-moi plutôt ce que fait une préfète dans les couloirs au lieu de se reposer dans son dortoir.

Elle l'inspecta de ses yeux perçant, et soupira.

– Un élève n'a pas retrouvé ses affaires dans son dortoir, je devais en parler au directeur pour qu'il trouve des vêtements de rechange en attendant de mettre la main sur sa valise.

Elle le souleva par les épaules et le porta vers le dortoir, en maugréant qu'il était lourd, même après le sortilège.

– Et l'élève ?

– Il attendra.

– Pourquoi ? Cette question revenait souvent dans leur conversation sans jamais avoir de réponse convenable, que ce soit d'un côté comme de l'autre.

– Je ne vais pas te laisser ramper jusqu'à la Salle commune pour une vulgaire erreur d'elfe.

– Tu sais que je n'ai rien fait pour mériter ta sympathie. Pourquoi es-tu comme cela avec moi ?

Astrée le scruta sans émotion. À vrai dire, elle ne savait pas non plus. Lloyd ne sembla pas s'en formaliser, il était habitué à ne pas avoir de réponse.

– Arrête-toi ici s'il te plait.

Ils étaient devant un mur où était collé un poster représentant un dragon de Komodo, une idée de Hugo, allez savoir pourquoi. Il se redressa, et reprit son allure froide. Il s'écroula dès qu'elle le lâcha.

– Je crois que s'effondrer de fatigue prend tout son sens en me voyant. Tant pis, rentrons dans la salle en me montrant plus faible que je ne l'ai jamais été, et advienne que pourra.

Elle l'aida à traverser le mur en prononçant le mot de passe. La Salle commune était encore bien remplie par les anciens élèves qui se réjouissaient de leur retrouvailles. Tristan et Scorpius étaient debout, près de la cheminée, et discutaient avec leur camarade. Tristan les vit le premier.

– Qu'est-ce qui s'est passé ?

Lloyd calma le jeu de sa voix assurée. Il était rare de le voir en si mauvais état, et beaucoup étaient angoissé pour un des leurs. Qui a dit que les Serpentards étaient individualistes ?

– Ce n'est rien, rien du tout. J'ai juste voulu tester une potion un petit peu risquée. C'est pour ça qu'Astrée, qui était au courant, est venue me chercher quand je n'arrivais pas. Pas la peine de prévenir un professeur, les effets se dissiperont dans la nuit.

Les Serpents acceptèrent plutôt bien le mensonge. Ils étaient habitués à voir Lloyd sortir de la Salle commune. Ils savaient aussi que c'était un bon élève qui aimait expérimenter, même s'ils ne connaissaient pas les détails.

Il tapota le dos de Tristan pour qu'il le laisse passer. Il lui proposa gentiment de l'aider à descendre jusqu'au dortoir des Septième année, mais il refusa. Astrée veillait sur lui, et était la plus compétente, et il n'aurait pas à mentir devant elle.

Il la guida jusque dans sa chambre. Elle l'allongea sur le lit en le laissant habillé, en prenant soin de poser sa tête sur l'oreiller et le borda.

– Que serais-je sans toi Astrée ? dit-il, amusé de la voir si soucieuse de son confort.

– Pire que tu ne l'es déjà.

Il se redressa et l'embrassa sur la tempe, comme il le faisait d'habitude quand il lui était reconnaissant et quand ils étaient seuls. Les gestes d'affection étaient inaccoutumés entre eux lorsqu'ils étaient en public. Dans l'intimité, ils agissaient comme frère et sœur, mais impossible de dire qui était l'aîné protecteur. Ils comptaient l'un sur l'autre, un accord silencieux qui s'était fait avec le temps.

– Encore une chose. Demain, tu me diras ce qui a pu te mettre dans cet état en si peu de temps. Et ne me dis pas que c'est Flitwick qui t'a battu !

Il protesta faiblement.

– Promets-le moi, ou j'emploie la manière forte !

– Ok, très bien. C'est promis. Tu n'auras qu'à lire la Gazette demain matin.

Elle soupira. Elle devait se demander ce qu'il avait pu faire cette fois ci. Elle se leva sans un mot et s'apprêta à regagner son dortoir.

– Au fait, garde le secret, comme d'habitude.


Voici donc le premier chapitre, corrigé par Poka Rock. Désolé si Lloyd parait trop parfait, mais j'ai besoin de lui créer cette force pour mieux la tourner en dérision à l'avenir. Et pour ceux et celles qui ne sont pas convaincus, je vous rappelle que vous aimez un livre où le héros tue un basilic avec une épée en étant môme, repousse une cinquantaine de détraqueurs, etc... :p

Au prochain chapitre, lecteurs assidus que vous êtes ;)