Sans a toujours été petit. Même dans les souvenirs les plus anciens de Papyrus, Sans était plus petit que lui – même si c'était seulement d'un ou deux centimètres.

Confusément, Papyrus se dit que ça ne devrait pas être comme ça. Parce que Sans est son grand frère. Et surtout, parce que Papyrus se rappelle leur enfance sans parents ni famille en dehors d'eux, et quand il pense à la difficulté que ça a dû être d'élever un petit sac d'os turbulent quand on a tout juste cinq ans de plus, il se dit que Sans mériterait d'être un géant pour que tout le monde s'extasie devant sa génialitude.

Mais à la place, Sans est petit. Si petit que Papyrus peut le prendre sur ses genoux sans problèmes, ou le porter partout comme un simple nounours. Si peu robuste que la moindre forme d'exercice physique le laisse épuisé au bout de deux minutes. Si fragile qu'il tombe malade un minimum de trois fois dans l'année.

Et ça, ça embête Papyrus. Vraiment, ça l'embête. En fait, ça l'embête tellement que c'est une de ses raisons de vouloir faire partie de la garde royale.

Parce que Papyrus n'a pas seulement besoin d'être fort pour lui-même. Il a aussi besoin d'être fort pour Sans, puisque Sans ne peut pas l'être tout seul. Être fort pour deux, c'est facile quand on est le Grand Papyrus. Mais parfois, c'est dur de s'en rappeler.

Surtout quand Sans tombe encore malade et doit passer deux jours au lit. Surtout quand Sans pleure la nuit et refuse de dire le contenu de ses cauchemars. Surtout quand Sans vient voir Papyrus et le prend dans ses bras comme si Papyrus allait disparaître si Sans le lâchait.

Dans ces moments-là, Sans paraît encore plus petit que d'habitude et ça embête vraiment Papyrus. Dans ces moments-là, tout ce que Papyrus réussit à trouver de bien, c'est que lui soit tellement grand.

Parce que même si Sans est tout petit, Papyrus peut être grand pour lui.