Note : l'histoire se déroule dans l'univers de Sides, mais ce n'est pas la peine de l'avoir lu pour comprendre cet OS. Lilith Travers est un OC. C'est une Serpentarde qui a 2 ans de moins que James. Quant à Regan, c'est la fille de Dudley, une moldue dont la mère est sorcière et qui sort avec Fred.

Question rating, j'ai choisi M, parce que le sexe est vachement présent dans cet OS, et que James parle de façon assez crue (après, moi je ne le trouve pas si vulgaire).

Ça m'a fait bizarre d'écrire ce texte, et surtout d'adopter le point de vue de James. J'espère que ça vous plaira !

Jolie Lilith aux yeux assassins. Limpides et si cruels… Lilith ne sourit pas, ne rêve plus, mais me tue. Toujours un peu plus brisée, fêlée, lorsqu'elle atterrit dans mes bras, non pas pour y chercher le réconfort, mais pour se détruire encore. Sous mes draps elle se fait séductrice, passionnée et sensuelle, amoureuse même, et puis au petit matin elle se lève, pantin désarticulé qui jette sur moi un regard empli de dégout, avant de partir, de quitter ma chambre et ma vie jusqu'à la prochaine fois.

Avec elle je me sens pute et fracassé et pourtant j'attends avec impatience de croiser à nouveau sa route. Je veux sa haine et son mépris. Je veux ses insultes, ses mots d'amour et ses silences. Je la veux, elle, quand elle m'ignore, quand elle m'accuse de tous ses maux, de tous ses mots. Je la veux quand elle retient ses gémissements, quand elle mord ses lèvres pour retenir ses je t'aime, quand elle me mord moi pour retenir ses je t'haine.

Mais elle part toujours. On a déjà essayé de s'aimer pour de vrai. On s'est lovés l'un contre l'autre, on s'est caressés, tout sucre tout miel. On a joué le gentil couple, les James et Lily 2.0, en faisant mine de ne pas voir ce qui foirait dans ce charmant tableau. On a joué jusqu'au tomber de rideau, et puis elle s'est barrée. Elle n'aimait pas son rôle, et moi je ne lui ai jamais dit que je n'aimais pas plus le mien.

Je l'ai retrouvée, des mois plus tard, dans un de ces bars crasseux et anonymes. Je l'ai retrouvée entre deux verres de whisky pur-feu, alors j'ai cru que c'était encore une de ces hallucinations qui me hantaient depuis son départ. Ça n'avait rien d'étonnant. Je connaissais par cœur son visage rond, ses yeux noisettes, ses cheveux raides, son dos cambré, sa posture de danseuse. J'avais parcouru mille fois son corps filiforme, son front digne, son petit nez délicat, sa bouche en bouton de rose, son menton volontaire. J'avais embrassé son cou de cygne, m'étais retenu à ses épaules, avais léché ses petits seins haut-placés, caressé son ventre plat, griffé son dos, écarté ses cuisses fermes. Je m'étais glissé en elle tant de fois qu'il me semblait que c'était la seule femme avec laquelle j'avais fait l'amour.

Alors elle s'est assise à côté de moi, sa cape frôlant ma jambe, et sans me regarder, elle m'a demandé de la baiser. En souvenir du bon vieux temps, m'a-t-elle dit. Je ne lui ai pas dit que je ne l'avais jamais baisé, ni que je n'avais besoin de rien pour me souvenir de ce « bon vieux temps ». Je me suis tu et je lui ai tendu la main pour nous faire transplaner directement dans mon lit.

J'ai fait ce qu'elle attendait de moi et j'ai joui en connard. Je ne l'ai pas embrassée, je l'ai à peine aimée. Pourtant, trois semaines après, elle était à ma porte, cigarette au bec et bras croisés. Sa mine renfrognée m'a donné envie de l'allonger et de faire courir des heures durant mes mains sur sa peau. Je voulais qu'elle me supplie. Elle n'a rien dit. Ma seule victoire a été de lui faire éteindre sa clope. L'odeur du tabac me déprime.

La fois suivante, elle a déboulé dans l'appartement sans se soucier de répandre des cendres dans mon salon. Sans se soucier de Debby, non plus. Debby, la gentille Deborah, la mignonne petite blonde qu'oncle George voulait embaucher et avec laquelle je flirtais gentiment sur le canapé. Lilith l'a à peine regardée avant de s'installer sur mes genoux en criant « Tu m'as tellement manqué mon amour ». Exit Debby la souris, bonjour Lilith la tigresse. Je n'ai jamais su dire non à Lilith.

Quand je lui ai raconté, Fred m'a dit que j'avais un sérieux problème. Je ne lui ai pas dit que ça faisait déjà longtemps, et je lui ai payé une bière. Il en a profité pour me parler de sa vie avec sa si parfaite Regan, et je n'ai réussi à lui faire éviter les détails scabreux qu'en lui rappelant que c'était de ma petite cousine dont il parlait.

J'ai profité que mon cousin favori soit ivre pour rentrer chez moi. L'appart était vide et silencieux. Je me suis allongé, seul, sur mon lit. J'ai fermé mes yeux et j'ai vu Lilith.

Je ne sais pas depuis combien de temps je l'aime. Peut-être depuis que je l'ai vue, lors de sa Répartition. Elle était la seule à ne pas trembler. Elle se tenait droite, le dos cambré, sur la pointe des pieds. Et elle me regardait avec défi. Moi, l'élève de troisième année le plus célèbre de toute l'école. Alors je lui rendis son défi. Je ne la lâchai pas de toute la cérémonie, au point d'ignorer mon frère et ma cousine. C'est mon secret le plus honteux. Lorsque mon frère avait atterrit à Serpentard, moi je ne voyais que Travers.

Je me mis à rêver qu'elle soit à nouveau dans mon lit, dans mon lit pour y rester, cette fois. Ce qui me manque le plus, ce n'est pas le sexe, c'est ces nuits passées dans les bras l'un de l'autre, et les réveils où elle me souriait en voyant notre étreinte desserrée. C'est les petits déjeuners partagés alors que l'on avait encore les paupières collées par le sommeil et la langue pâteuse. C'est sa façon d'articuler « James », dans un mélange de gloussement et de soupir. Depuis qu'elle est partie, elle ne m'appelle plus que « Potter ».

Alors pour l'oublier, je bois. Le whisky est là pour ça, m'a un jour confié oncle Charlie comme un secret d'une valeur incommensurable. Il n'a peut-être pas tort : pouvoir oublier la fille qui me tord le cœur et me chavire l'esprit, ça n'a sûrement pas de prix. Mais soit je n'ai pas assez bu, soit ça ne marche pas.

...

Caesonia Rosier, l'apothicaire préférée d'oncle George, ressemble assez à sa nièce pour me briser un peu l'âme. Elle a ce regard dangereux, cette façon d'étirer son corps mince et cette intensité dans ses mouvements. Elle a assez de Lilith pour me faire regretter d'avoir accepté de prêter main forte à Fred. J'aurais dû profiter de mon jour de congé pour dormir, ou pour aller voir Teddy ou Thomas. On aurait été boire un coup, et Teddy se serait plaint que son môme ne fasse pas encore ses nuits. Ça aurait été bien.

Je profite de la première occasion pour aller me réfugier dans la boutique, comme un lâche. J'ai toujours adoré me planquer dans les rayonnages colorés du domaine d'oncle George. Enfant, je pouvais y rester des heures, m'y faisait le plus petit possible pour pas que l'on me remarque. C'est bien les seules fois de ma vie où j'ai voulu passer inaperçu. James Sirius Potter… En même temps, avec un nom pareil, comment voulez-vous que je ne sois pas remarquable ?

Et bien là, je me sens remarquablement nul. Lilith m'a mis à nu, a brisé tous mes masques et m'a laissé à poil et à peine capable de balbutier son nom. Envolé le Potter, le golden boy, le séducteur, l'héritier, l'Auror fantastique, le superbe poursuiveur, le fils aimant, le bon grand frère. Il ne reste plus qu'un idiot complètement accro à une fille encore plus mal dans sa peau que moi.

« James, me dit Fred en entrant, tu es vraiment dans la merde. »

Je ne peux qu'approuver.

...

Avoir Albus dans ma cuisine est un grand évènement. Mon petit frère ne me rend visite que trois fois par an, et il se cantonne le plus souvent à mon salon et à mon canapé un peu défoncé. Ce n'est pas que je n'aime pas mon frère. Je ne le comprends pas souvent (ou peut-être trop souvent, on n'est pas très clair là-dessus), mais je l'adore. Il est juste rarement sur Londres, vu qu'il passe son temps à poursuivre le paysage parfait, et quand il est en Angleterre, il repartit ses visites entre la maison de sa copine et le Nid. Il a rarement le temps pour me voir.

Sauf qu'Albus, en plus d'être mon frère, est aussi plus ou moins un ami de Lilith, et en tant que tel, se sent responsable de notre relation. J'ai beau lui dire de lâcher l'affaire, il ne veut rien entendre.

« J'ai vu Lilith, me glisse-t-il à l'oreille avec des airs de conspirateur. »

Je me retiens de lui dire qu'il n'est pas discret et lui mets d'office un plateau d'amuse-gueules entre les mains. J'espère vaguement qu'il comprendra le message et ira nourrir nos cousins, mais en vain.

« Elle est toujours au Ministère. Elle espère avoir une promotion bientôt et…

-Albus… Tais-toi, je murmure.

-Et elle t'aime, continue-t-il sans pitié. »

Il me regarde avec un intérêt clinique, comme je regarde une scène de crime. Je me sens un peu comme ça, d'ailleurs. Comme une scène de crime. Je secoue la tête, sûrement pour me remettre les idées en place. Albus me regarde encore.

« Tais-toi, je lui répète. Amène juste leur à manger. »

Pour une fois, mon frère m'obéis, mais je ne savoure pas vraiment ma victoire. J'entends Fred s'extasier sur la nourriture, et Caitlinn qui lui explique sa recette. Lily demande à Albus ce que je fais. Moi, je me tape la tête contre un mur, à la vielle mode des elfes de maison. Méchant James.

Et puis je retourne dans le salon, un sourire juste assez faux sur le visage. Je n'ai pas mal.

...

Elle est à nouveau là, avec sa cape bordeaux et ses ongles peints de noir. Elle est belle, bien sûr. J'ai envie de la renverser sur le canapé, de renouer avec son corps, vue qu'elle me refusera son cœur.

« Je te hais, me glisse-t-elle. »

Et puis elle se lève, et elle se plante devant moi.

« Je te hais tellement, répète-t-elle plus bas. »

Elle a l'air au bord des larmes, et je voudrais la serrer dans mes bras. Mais je ne peux pas. Elle est trop forte pour se laisser réconforter. Encore moins par moi. Et puis si je la serre aussi fort que je le voudrais, je briserai sans doute ce joli corps tout fin et tout fragile.

« Et moi je t'aime, je murmure. »

Elle se penche vers moi, son visage à quelques centimètres du mien, ses cheveux châtains tombant sur mes épaules, sa cape nous recouvrant comme une tente. Elle sourit sans joie avant de m'embrasser. C'est un baiser plein de ressentiment, de sentiments. C'est un baiser amoureux, empoisonné. C'est un baiser tragique, de ceux qui précèdent sûrement le suicide des amants.

Alors je ris contre ses lèvres et je fais ce que je sais faire de mieux. Je me cache derrière le comique de service que je suis sensé être, et je fais mine de ne pas voir où tout cela nous mène. Mais Lilith se relève et me lance en allumant sa clope:

« Tu n'as pas pu t'en empêcher, pas vrai ? »

Elle glisse sa cigarette entre ses lèvres et enlève sa cape. Sa robe est noire et courte, mais je ne la vois que le temps qu'elle l'enlève. Elle garde ses bas et ses talons, mais fais valser ses sous-vêtements. Et puis elle me toise.

« Et là, tu ris ?

-Je suis sans voix, je réponds. »

En effet, je ne sais à nouveau plus ou est mon masque de James Potter. Lilith me fais perdre mes moyens, comme d'habitude. Elle sourit.

« Bien. Alors aimes moi. »

Je m'exécute. Si je l'aime encore au matin, peut-être qu'elle ne partira pas.