Note de l'auteur : Rien ne m'appartient, et j'écris seulement pour le plaisir.

Bonjour à tous ! Me voilà donc de retour avec une toute nouvelle fiction !

J'avais cette fois envie de partir sur quelque chose de plus moderne, tout en restant sur le fandom Merlin. Cette fiction était à la base censée être un OS, mais je me suis laissé emporter par l'écriture.

Je signale au passage que l'écriture est déjà terminée, l'histoire complète comportant 8 chapitres. Et je pense poster en moyenne un chapitre par semaine.

Résumé de cette fiction : UA-Contexte moderne - Gwaine ne s'attendait certainement pas à être percuté par quelqu'un en faisant son jogging. Il ne s'attendait pas non plus à ce que ce quelqu'un soit un étranger au charme dévastateur. Parviendra-t-il à le poursuivre tout en supervisant de loin les aventures de Merlin, son colocataire, et d'un séduisant avocat nommé Arthur ? Léon/Gwaine Merthur

Le rating est M, pour quelques petites scènes par-ci par-là. Mais rien d'extrêmement détaillé.

Un grand merci à I'm a marauder pour la correction de ce chapitre !


Running for love

(Ou pourquoi il ne faut jamais envoyer de SMS en courant)


Chapitre 1: Le rencontrer


Le vent soufflait dans ses cheveux, soulevant ses boucles brunes en une danse saccadée, caressant son cuir chevelu en un murmure relaxant. L'adrénaline habitait son corps, coulant dans tout son être en un torrent jaillissant duquel il venait tirer sa force. Il pouvait également sentir son sang pulser dans ses veines alors que ses jambes le guidaient en de longues foulées maîtrisées. Tout son être était éveillé, à l'affut, sollicité dans cette course folle.

C'était cela que Gwaine appréciait tant dans ces moments quotidiens de relaxation. Il courait toujours plus vite, toujours plus longtemps. S'épuisant toujours plus pour se créer de nouvelles limites et gagner en endurance. Ses écouteurs, coincés dans ses oreilles, diffusaient une musique entrainante lui donnant la force et la motivation de continuer.

Le footing, la course à pieds. Voilà quelle était la passion du brun. Ce sport l'avait habité dès son plus jeune âge, l'entrainant durant son adolescence dans une succession de compétitions desquelles il était souvent ressorti victorieux. Un bel avenir s'offrait à lui, à l'époque. Mais, comme très souvent, la vie en avait décidé autrement. Une blessure l'avait forcé à abandonner tout cela, piétinant tous ses rêves de gloire et de réussite. Mais le jeune homme ne s'était pas découragé pour autant, et sa persévérance l'avait conduit à devenir professeur de sport, gardant la course à pied comme son loisir le plus cher.

Gwaine jeta un œil au ciel sombre. La nuit était tombée depuis plusieurs minutes déjà, plongeant la ville de Londres dans une obscurité qui aurait pu être complète sans tenir compte de la multitude d'éclairages publics.

Il accéléra la cadence. Il était tard, il le savait. Et il n'aurait pas dû rallonger de si longtemps sa course quotidienne. Il avait promis à Merlin, son meilleur ami et colocataire, de l'aider à choisir la tenue parfaite pour son rendez-vous de ce soir. Et le jeune homme l'attendait sûrement déjà.

Un sourire taquin se dessina sur le visage de Gwaine. Merlin, tout juste vingt-trois ans, était connu pour être particulièrement difficile dans le choix de ses amants. Il avait même répété à plusieurs reprises qu'il préférait être certain que tout se passerait bien, et surtout de son attirance pour un homme avant de s'engager dans quelque relation que ce soit.

Un homme, oui. Car Merlin était exclusivement attiré par les représentants de la gente masculine. Les femmes ne l'avaient simplement jamais intéressé. Les deux amis avaient d'ailleurs fait connaissance dans un bar gay qu'ils fréquentaient tous les deux, commençant par une brève et sulfureuse relation avant de devenir les meilleurs amis du monde.

Maintenant que Gwaine y repensait, il n'y avait en effet que lui qui avait pu profiter de quelques nuits de sexe sans lendemain avec le jeune homme. La récalcitrance de son ami et colocataire l'avait d'ailleurs fait craindre que ce dernier ne finisse seul. Et voilà que, après plusieurs mois d'un calme plat, Merlin lui annonçait qu'il avait rencontré quelqu'un. L'excitation et la joie de Gwaine suite à cette nouvelle avait été à son comble, mais il n'avait pu tirer de son ami que de maigres détails. L'heureux élu se nommait Arthur, et il exerçait comme avocat.

Gwaine espérait seulement que l'homme était digne de confiance, et qu'il ne réduirait pas les espoirs de Merlin à néant. Sinon, il allait avoir à faire à lui. Le brun avait fini par considérer Merlin comme un jeune frère, et était désormais prêt à tout pour le défendre de quelque menace que ce soit.

Il jeta un œil à sa montre. Dix-neuf heures. Il devait vraiment se dépêcher.

Continuant sa course, il se détendit en atteignant le parc non loin de leur appartement. L'endroit semblait désert, bien qu'il pouvait percevoir le bruit de la circulation aux alentours. Il jura lorsqu'il sentit son portable vibrer dans sa poche. Cela faisait la cinquième fois en moins de dix minutes, signe que Merlin s'impatientait.

Attrapant l'engin, il rédigea un rapide message d'excuse tout en continuant de courir, lâchant un moment la route des yeux. Mais ce ne fut que lorsqu'il appuya sur 'Envoyer' que se produisit un évènement qui allait changer irrémédiablement sa vie.

Il ne prêta tout d'abord attention qu'à la douleur soudaine qui se diffusait dans tout son corps, avant de prendre conscience qu'il basculait. Il percuta le sol en une chute douloureuse, grognant alors que les gravillons de la route éraflaient sa peau.

-Mon dieu ! Je suis tellement désolé ! Allez-vous bien ?

Clignant des yeux d'un air hébété, Gwaine mit quelques secondes avant de réaliser que c'était bien à lui qu'on s'adressait. Il rangea machinalement son téléphone dans sa poche, avant de grimacer brusquement. La douleur était vive, mais la réalité reprenait peu à peu le dessus. La voix de celui l'ayant interpelé était à la fois inconnue et étrangement familiére, comme s'il avait attendu toute sa vie pour l'entendre.

Il releva lentement les yeux pour rencontrer les prunelles les plus belles qu'il lui eut été donné d'observer. D'un bleu tirant vers le vert, elles le fixaient avec une inquiétude visible. Il les contempla un long moment, s'émerveillant de la lueur qu'elles réfléchissaient et des dégradés y transparaissant. Elles semblaient comme étinceler d'une gentillesse et d'une inquiétude qu'il n'avait pu observer que chez de rares personnes. Merlin en était une. Mais, même les yeux de son ami n'étaient pas aussi étonnants que ceux qu'il examinait à présent. Il frissonna lorsque l'homme cligna des yeux, et sortit un instant de sa stupeur.

Son regard glissa ensuite vers une bouche fine, qu'il savait qu'il prendrait plaisir à embrasser, pour détailler une barbe de plusieurs jours renvoyant à des boucles d'un châtain tirant à certains endroits vers un blond vénitien plus ou moins prononcé.

Magnifique.

Ce fut le premier mot qui lui vint à l'esprit.

Magnifique et sexy. Diablement sexy.

Oui, cet étranger était tout simplement magnifique. Si c'était ce qu'on pouvait appeler un coup de foudre, alors Gwaine était prêt à tuer pour expérimenter cela tous les jours…même si cela avait certains côtés douloureux.

-Monsieur ? Reprit l'inconnu. Allez-vous bien ?

Frissonnant à l'entente de cette voix rauque, Gwaine saisit la main entrant dans son champ de vision, permettant à l'homme de l'aider à se relever. Il pouvait sentir du sang couler le long de son genoux droit, mais la chaleur de la paume de l'inconnu était tellement plus agréable…Il profita de sa remontée pour détailler d'avantage l'homme dans toute sa hauteur. Et quelle hauteur ! Gwaine se sentit un instant très petit lorsqu'il se tint finalement debout. Son assaillant faisait facilement une tête de plus que lui. Mais il pouvait à présent comprendre pourquoi le choc avait été si rude. Les muscles de l'homme se dessinaient sans mal sous le fin t-shirt qu'il portait, tandis que des jambes puissantes étaient dissimulées par un simple pantalon de jogging.

Gwaine sentit sa gorge s'assécher brièvement, avant qu'il ne déglutisse précipitamment. Il allait devoir songer rapidement à d'autres choses s'il souhaitait garder pour le moment toute sa dignité et ne pas laisser un désir impromptu se dévoiler si tôt.

-Je…Je vais bien. Magnifiquement bien, finit-il par déclarer en affichant son plus beau sourire.

Il n'avait jamais réellement cru au destin, mais cela était trop beau pour qu'il laisse passer une telle occasion. Il lâcha enfin la main de l'homme avec réticence, tentant de se concentrer sur ses paroles.

-Je suis vraiment confus, avouait-il. Je ne vous ai pas vu. J'aurais dû regarder où j'allais.

-Non, c'est ma faute, rétorqua Gwaine. J'aurais dû m'arrêter pour envoyer un SMS. Ou peut-être sommes-nous tous les deux fautifs ?

-Probablement.

Le rire que l'homme laissa ensuite échapper réchauffa le cœur de Gwaine d'une manière qu'il n'avait plus connu depuis bien longtemps. Il avait désormais envie d'entendre ce rire continuellement pour le restant de ses jours. Le sourire de cet homme illuminait de plus son visage d'une manière si unique.

Gwaine frissonna.

-Vous êtes blessé, remarqua ensuite l'étranger.

Gwaine baissa le regard vers son genou doit, duquel du sang coulait encore.

-Ce n'est rien, assura-t-il aussitôt. J'ai vu bien pire.

Il se fichait à vrai dire totalement des dommages que son corps avait pu supporter. En cet instant, il ne pouvait que songer à l'homme debout face à lui. Mais ce dernier s'inquiétait visiblement beaucoup plus de la santé du jeune professeur, car il s'agenouilla aussitôt devant lui pour inspecter plus amplement sa blessure.

-Je vous assure que ça ira, répéta Gwaine en s'asseyant sur le sol pour être à la hauteur du bel étranger. Je n'habite pas très loin d'ici, je serai très vite rentré.

Mais l'homme ne semblait pas vouloir en démordre. Gwaine fronça les sourcils lorsque l'étranger sortit un mouchoir de sa poche, afin d'essuyer les traces de sangs sur la peau du brun. Le jeune professeur frissonna lorsque ces doigts fins se posèrent délicatement sur sa peau. Cette caresse involontaire était chaude, et étonnamment attirante. En temps normal, ce ne l'aura pas stimulé de cette manière, mais avoir un inconnu aussi séduisant l'examiner ainsi était à la fois nouveau et étrangement excitant. Il pouvait déjà sentir une partie bien spécifique de son anatomie réagir à ce traitement particulier, mais fit de son mieux pour calmer ses hormones galopantes. Un short de sport n'était après tout pas une tenue des plus pratiques pour masquer cette réaction naturelle, et Gwaine ne souhaitait pas brusquer de cette manière son interlocuteur.

-La blessure n'est pas profonde, finit par déclarer l'homme après quelques secondes d'un examen muet. Vous devriez nettoyer cela lorsque vous rentrerez chez vous.

-Comptez sur moi, lui assura Gwaine en se relevant.

Il lui tendit ensuite une main pour l'aider à faire de même, souriant largement lorsque la paume de l'étranger se cala solidement dans la sienne.

-Merci, reprit le brun. Je crois que je suis presque ravi que vous m'ayez percuté. Ce n'est pas tous les jours que quelqu'un s'occupe aussi gentiment de moi.

Il lui fit un rapide clin d'œil, frissonnant à nouveau alors que le rire de l'homme retentissait une fois de plus. L'étranger semblait légèrement surpris d'une telle déclaration, mais le sourire étirant ses lèvres ainsi que le rouge colorant ses joues témoignaient d'une joie certaine mêlée tout de même à une légère gêne.

-Je vous en prie. Je devrais peut-être prêter moins souvent attention à mon parcours, dans ce cas.

-Vous devriez, assura Gwaine. Peut-être pourrions-nous ainsi nous revoir à nouveau.

Il ouvrit la bouche pour reprendre la parole, espérant peut-être inviter cet homme à prendre un café ou une bière en sa compagnie. Il ne pouvait le laisser s'enfuir ainsi. Mais ce fut le moment que choisit le téléphone de l'inconnu pour sonner bruyamment. Soupirant, l'homme le sortit un instant, pour le ranger aussitôt.

-Je suis vraiment désolé, je suis en retard. Il faut vraiment que j'y aille. Encore désolé pour cette collision.

Il aurait pu repartir aussitôt si, dans un élan de courage, Gwaine ne lui avait pas attrapé le bras.

-Attendez ! Je…Je suis Gwaine. Comment vous appelez-vous ?

L'air surpris qu'arbora ensuite l'homme se transforma rapidement en un sourire sincère.

-Léon. Je me nomme Léon.

Gwaine resta longtemps debout, à l'endroit exact de sa chute, ses yeux fixant le tournant où l'homme avait disparu, sa paume collée contre son cœur, un seul mot peuplant son esprit.

Léon.


-Te voilà enfin ! J'ai bien cru que j'allais devoir me débrouiller seul. Arthur sera là dans un quart d'heure, Gwaine ! Dépêche-toi !

Refermant la porte de l'appartement derrière-lui, Gwaine fit à peine attention aux appels de son colocataire. Son étrange rencontre était encore présente dans son esprit, et il ne parvenait pas à oublier cet homme. Son cerveau élaborait déjà mille et une théories expliquant le départ précipité de Léon. Qui l'avait appelé ? Sa famille ? Un rendez-vous urgent ? Sa petite amie ? Son amant ? Gwaine l'ignorait. Il ignorait à vrai dire tout de cet étranger. Il savait juste qu'il souhaitait à tout prix le revoir.

-GWAINE ?

Secouant la tête, il se débarrassa de son sweat avant de se diriger en direction de la chambre de Merlin. Le jeune homme, torse nu, était posté devoir son armoire, fouillant activement dans le meuble. La pièce était par ailleurs dans un état de désordre évident. Des vêtements jonchaient le sol en une pile confuse, dévoilant çà et là une chemise, un jean, ou même une étrange cravate rouge. Lorsque le brun entra, Merlin se tourna aussitôt vers lui, tenant deux chemises contre lui.

- La rouge ou la bleue ?

Le jeune homme semblait indécis, son regard ne cessant de faire des allé retour entre les deux vêtements.

-La bleue, trancha Gwaine. Elle fait ressortir tes yeux. Et enfile un jean plus serré. Tu seras parfait. Je suis sûr qu'Arthur tombera dans les pommes en te voyant.

Il lui fit un clin d'œil avant de continuer avec malice.

-Quoique…Il vaudrait peut-être mieux qu'il garde tous ses esprits si tu as l'intention de le mettre dans ton lit, Merl'.

-J'en ai bien l'intention, marmonna son ami en enfilant la chemise en question.

Gwaine haussa un sourcil. Cela n'était pas vraiment dans les habitudes du jeune homme. Il ne releva toutefois pas cette déclaration. Merlin était anxieux, il le savait. Il pouvait le sentir à ses épaules crispées, et à ses doigts maladroits qui avaient bien du mal à boutonner sa chemise.

Il observa durant quelques instants son ami trimer avec le vêtement, avant de capturer ces mains tremblantes, et de les éloigner des boutons.

-Laisse-moi faire. Ou sinon cette chemise ne sera jamais boutonnée correctement. Tsss, Merlin, vraiment. Le troisième bouton dans la seconde boutonnière ?

Le grognement qui échappa ensuite à son colocataire le fit sourire de plus belle. Il termina rapidement l'habillage du jeune homme, dont les joues avaient atteint un rouge plus qu'intéressant.

S'assurant de la tenue du vêtement, il ramassa ensuite la cravate rouge vif qui trainait sur le sol, avant de la poser sur la chemise.

-Qu'est-ce que tu en penses ? Demanda-t-il. Peut-être aime-t-il le rouge ?

-Gwaine ! Tu sais très bien que je déteste cette cravate.

La cravate regagna bien vite le sol, tandis que le plus âgé des deux éclatait de rire. Il connaissait effectivement toute l'horreur que pouvait inspirer à Merlin ce bout de tissus pourtant innocent. Elle lui avait été offerte par ses parents lors de son vingtième anniversaire, et les deux Emrys obligeaient désormais leur fils à la porter durant toutes les réunions de famille. Merlin avait fini par ressentir une profonde aversion pour ce morceau de tissu, et avait envisagé à plusieurs reprises de s'en débarrasser. Cependant, Gwaine prenait un malin plaisir à faire mystérieusement réapparaître l'objet à chacune de ces tentatives.

-C'est pourtant une superbe chose, assura-t-il en la ramassant à nouveau pour l'examiner avec attention. Rouge. D'un rouge si vif qu'il se marierait assez bien avec celui couvrant actuellement tes joues.

Il évita habilement l'oreiller lancé dans sa direction, et abandonna un instant son ami à ses problèmes d'habillement, la cravate retombant à nouveau sur le sol. Se dirigeant vers la cuisine, il s'étira un instant, fermant les yeux sous le tiraillement habituel de muscles fatigués par une longue course. Il ouvrit ensuite une cannette de bière avant de s'installer sur sa chaise préférée, observant pensivement les lumières de la ville au travers de la fenêtre.

La nuit créait une atmosphère paisible, silencieuse, qui n'était que rarement troublée par le grondement des voitures passant encore au dehors. Il contempla le va-et-vient des phares des véhicules, lequel se mêlait parfaitement avec les lueurs tamisées des bâtiments de sa rue.

Il se demanda un instant si Léon était déjà retourné chez lui, ou s'il courait encore dans les rues de Londres. Il avait l'air tellement pressé. Habitait-il dans ce quartier ? Ou s'était-il éloigné drastiquement de son lieu de résidence ? Gwaine espérait surtout être en mesure de le revoir un jour. Un homme aussi sexy était tellement rare que le brun ne comptait pas abandonner si rapidement. Il ne connaissait pour le moment que son nom, mais c'était déjà cela.

-Gwaine ?

Il sursauta lorsqu'une main s'agita devant lui.

-Quoi ? Grogna-t-il en chassant d'un geste cette gêneuse.

-A quoi rêves-tu ? Tu es bien silencieux, ce soir. Tes bavardages me manqueraient presque. Alors dis-moi, qui peuple les rêves de monsieur le professeur ?

Gwaine soupira profondément suite à cette tirade tellement typique de Merlin. Le jeune homme avait visiblement terminé de se préparer et avait donc apparemment décidé de s'adonner à son passe-temps préférée : ennuyer le brun.

-Oh, je sais ! C'est Colin, le barman ? Je dois avouer qu'il est pas mal. Il est juste un peu vieux. Ou peut-être est-ce James. Tu sais, le type qui nous a accostés samedi dernier en boîte. Ou encore…

Gwaine pu estimer à la perfection les secondes qui peuplèrent ce bref moment de silence avant que son meilleur ami de s'interpose entre lui et la vitre. Ses yeux bleus pétillaient de toute une curiosité non contenue, alors qu'un large sourire étirait ses lèvres.

-Tu as rencontré quelqu'un, n'est-ce pas ? Je le savais ! Comment s'appelle-t-il ? Est-il sexy ? Est-ce que tu vas le revoir ? Es-ce que…

-Léon ! Il s'appelle Léon, le coupa Gwaine avec exaspération. Il est merveilleusement sexy. Il a des yeux et une bouche à s'en damner, et j'imagine que je ne le reverrai jamais.

La sonnerie de la porte d'entrée interrompit le brun dans sa tirade dramatique. Il n'eut le temps que de percevoir le 'Ne jamais dire jamais' –credo officiel de Merlin – avant que le jeune homme ne se précipite dans le vestibule.

Lorsque la porte claqua, Gwaine sut qu'il était désormais seul pour la soirée. Il ignorait encore ce qu'il allait faire. Mais pour l'heure, il avait besoin d'une bonne douche.


Gwaine haletait, alors que l'eau chaude tombait en un flux continu. Les gouttes roulaient sur ses épaules, sur son torse, calmant ses muscles endoloris, relaxant tout son être. Il rejeta en arrière sa chevelure humide, projetant des particules mouillées sur les parois de la douche. Il se sentait calme, repu, et aurait en temps normal apprécié sans un geste cette douche bienvenue. Mais c'était sans compte la rencontre qu'il avait faite à peine une heure plus tôt.

Sa main continuait d'imposer une cadence folle sur son bas ventre, alors que les images de cette entrevue dansaient dans son esprit. Léon. Son regard à mi-chemin entre le bleu et le vert, ces lèvres pâles qu'il s'imaginait maintenant capturer. Ce rire grave résonnait dans tout son être. Ce sourire à faire fondre les glaces les plus dures ne s'effaçait pas de ses pensées. Il imagina que c'était cette main chaude qui le caressait de cette manière, l'amenant doucement au point de non-retour.

Son imagination créait sans mal un théâtre dans lequel Léon et lui étaient les seuls acteurs et jouaient sans entracte une étreinte passionnées se répétant à l'infinie. Il voyait les lèvres de l'homme glisser dans son cou, puis sur son torse, pour enfin atteindre une position plus stratégique.

Gwaine gémit violemment. Ces images étaient trop belles pour qu'il ne parvienne à les supporter beaucoup plus longtemps. Il vint dans un murmure rauque, un seul nom s'échappant de ses lèvres entrouvertes…

Un boxer pour seul pyjama, une serviette encore humide calée sur ses épaules, Gwaine parcouru machinalement la distance séparant la salle de bain de sa chambre. Ses gestes étaient presque automatiques, alors que son esprit peinait encore à regagner la dure réalité. Les images peuplant ses pensées le laissaient toujours imaginer une continuation de la scène de la salle de bain.

Léon le rejoindrait-il dans son lit ? Pourraient-ils par la suite se rouler dans les draps ?

Gwaine lâcha un juron.

Ces fantasmes étaient si soudains que s'en était déstabilisant. Certes, Léon était particulièrement séduisant. Il était même plus que sexy. Mais Gwaine ne devait pas s'y accrocher de manière désespérée. Après tout, peut-être ne le reverrait-il jamais.

Soupirant, il se laissa basculer sur son lit, attrapant au passage son livre de chevet. Il en profita pour jeter un œil à son genou, mais haussa les épaules en notant qu'il avait déjà cicatrisé. Cela n'avait pas réellement d'importance. Il espérait simplement que la route de Léon croiserait à nouveau la sienne un jour.

Il fut réveillé au beau milieu de la nuit par des gémissements et des rires provenant de la chambre de Merlin. Le rendez-vous du jeune homme s'était visiblement bien déroulé. Mais cette nuisance sonore ne l'empêcha pas de se rendormir, ses rêves le portant dans un univers où Léon et lui ne se s'étaient jamais quittés.


Le lendemain, Gwaine s'obstina à réaliser un trajet identique à celui effectué la veille. Merlin le suivait de près, ayant décidé de l'accompagner.

Il n'était pas rare que le jeune homme s'octroie également un footing libérateur en fin de journée. Aspirant à devenir écrivain, il travaillait durant la journée comme serveur dans un café, rédigeant son premier roman le soir venu. Gwaine admirait cette détermination sans faille, et cette motivation qui poussait le jeune homme à continuer. Il avait pu lire certains passages de l'œuvre de son ami. Et il n'y avait pas de doute. Merlin était doué. Très doué. Cependant, il ne pourrait réellement en vivre que si son livre était accepté par une maison d'édition, ce qui ne pourrait être le cas que lorsqu'il l'aurait terminé. Gwaine savait que tout n'était pas rose tous les jours, pour le jeune homme, et il comprenait donc son besoin de décompresser.

Ils s'arrêtèrent un instant dans un des nombreux parcs jalonnant leur parcours. Etirant ses jambes à l'aide d'un banc, Gwaine écoutait d'une oreille distraite Merlin lui narrer sa soirée de la veille. Autour d'eux, d'autres coureurs réalisaient leur circuit habituel, et Gwaine ne pouvait s'empêcher de les observer pensivement. Peut-être parviendrait-il à apercevoir Léon ? Plusieurs fois, des boucles d'une couleur châtain lui avait fait tourné la tête. Mais ce n'était jamais celles que l'homme attendait. Il ne désespérait toutefois pas. Il était certain qu'il le verrait à nouveau…un jour.

Terminant ses étirements, il accepta d'un hochement de tête la bouteille d'eau que lui tendait Merlin, avalant aussitôt une gorgée fraiche.

-On dirait que cet Arthur est quelqu'un de bien, déclara-t-il lorsqu'il eut terminé. Je vous ai entendu rentrer, hier. Et moi qui pensais que tu préférais attendre avec de coucher avec un homme. Tu me surprends, Merlin !

Cette déclaration eut pour effet de rendre écarlate son ami, déclenchant un éclat de rire chez Gwaine. Il ne comprenait toujours pas comment Merlin pouvait être autant embarrassé par de simples allusions comme celle-ci. Après tout, ils avaient déjà eu une relation ensemble, et il ne devait donc n'y avoir aucun gêne manifeste entre eux. Mais le jeune homme restait tout de même réservé face à de tels sujets de conversation.

-Je m'entends vraiment bien avec lui, admit-il toutefois. Il m'a invité à diner chez lui après-demain. J'ai hâte !

Gwaine fronça les sourcils.

-J'espère que tout se passera bien, et qu'il restera correct avec toi.

-Tout se passera bien, Gwaine ! Tu t'inquiètes trop. J'ai confiance en Arthur.

Le plus âgé hocha la tête. Mais ses inquiétudes ne diminuèrent pas pour autant. Certains hommes avaient déjà profité de l'innocence et de la gentillesse de Merlin pour lui briser le cœur. Et Gwaine avait la ferme intention que cela ne se reproduise plus.

-J'ai hâte que tu me le présente, reprit-il.

Mais il ne prêta pas attention à la réponse de Merlin. Son cœur manqua un battement, puis deux, avant de redémarrer à une vitesse folle alors que la silhouette qu'il avait attendu toute la soirée se dessinait au loin. Le cœur battant à la chamade, Gwaine ne put détacher son regard du corps de l'homme tandis qu'il courait dans leur direction. Ses yeux verts étaient fixés sur le sol devant lui alors que des mèches masquaient une partie de son front.

-Léon !

L'homme sembla sursauter, fronçant les sourcils comme pour s'interroger sur la provenance de cet appel, avant que son regard ne se pose sur Gwaine. Le sourire qui éclaira un instant son visage fut suffisant pour que Gwaine sente une chaleur profonde le réchauffer instantanément. Son excitation s'accrut lorsque Léon bifurqua un moment dans sa direction. Il l'avait vu ! Il se souvenait de lui ! Il venait le saluer ! Les images de la veille refirent surface dans son esprit. Pourrait-il à nouveau serrer cette main chaude dans la sienne ? Allait-il cette fois être capable de l'inviter à boire un verre en sa compagnie ? Il pouvait sentir le regard de l'homme le détailler entièrement, comme pour imprimer dans son esprit toute une foule de détail qu'il n'avait pu capturer la veille. Et Gwaine décida d'en faire de même. Il admira sans honte les bras puissant de Léon, menant vers des mains longues mais fines qu'il savait douces et chaudes. Ses yeux glissèrent un instant vers cette bouche qu'il avait tant de fois rêvé d'embrasser la nuit précédente. Allait-il cette fois y parvenir ?

Mais cette excitation ne fut que de courte durée.

-Léon, où vas-tu ?

Le sourire que Gwaine arborait jusque-là se fana bien vite lorsqu'une jeune femme fit son apparition. L'inconnue possédait de longs cheveux d'un noir d'encre, et observait de ses yeux gris Gwaine avec interrogation. Le brun se figea aussitôt, détournant le regard. Les vêtements moulants de la jeune femme ne laissaient que peu d'imagination quant à la perfection de son corps, et il n'avait pas envie de voir de quelle manière Léon se comporterait avec elle. Il ne put toutefois manquer l'hésitation chez le coureur. L'homme semblait indécis, son regard alternant entre l'inconnue et Gwaine, une grimace témoignant de son dilemme. Ce fut toutefois la jeune femme qui l'emporta, car Léon lui envoya un sourire d'excuse avant de disparaître au tournant suivant.

Tout cela s'était déroulé en à peine quelques secondes, ne laissant même pas le temps à Gwaine de réagir. Ce dernier fixait d'ailleurs toujours l'endroit où le couple avait disparu, tandis que son cœur se brisait lentement. L'adrénaline était toujours présente, certes. Il avait revu Léon, et ce dernier ne l'avait pas oublié. Mais il savait désormais que ses fantasmes ne pourraient jamais voir le jour. Il ignorait qui était cette femme, mais il sentait qu'elle ne laisserait jamais Léon lui appartenir.

-C'était donc Léon ? Fit Merlin d'un ton intéressé. C'est vrai qu'il est très séduisant.

Gwaine s'arracha enfin à la contemplation de l'endroit où le blond avait disparu, afin de reporter son attention sur son ami.

-Et apparemment surtout très hétéro, grommela-t-il avec dépit.

Il n'avait pu que remarquer les regards que posaient sur Léon la jeune femme le suivant, et il était prêt à parier qu'il s'agissait de sa petite amie. Il avait l'impression que c'était toujours la même chose. Chaque fois qu'il rencontrait un homme séduisant hors du contexte particulier des boîtes ou bar gay, il fallait que l'homme en question préfère les femmes. Il se demandait parfois s'il n'avait tout simplement pas une poisse phénoménale.

Mais après tout, cela ne l'avait jamais particulièrement stoppé. Il avait plusieurs fois décidé de poursuivre tout de même l'individu, tentant de lui donner envie d'essayer une relation nouvelle avec lui. Son pourcentage de réussite restait pour le moment nul, mais il ne désespérait pas. Parviendrait-il à faire preuve d'une motivation similaire pour partir à la conquête de cet homme ? La réponse était évidente, mais Gwaine ne pouvait s'empêcher d'être découragé d'avance. Comment allait-il parvenir à faire face à la magnifique jeune femme qu'il venait d'apercevoir ?

-Vu comment il t'a regardé, je suis certain qu'il ne restera pas hétéro bien longtemps.

-Oh.

Un large sourire éclaira le visage désormais rêveur du professeur. Merlin disait-il vrai ? Lui-même avait effectivement noté une étincelle particulière dans le regard de l'homme, mais il avait simplement supposé que son imagination lui jouait des tours. Mais après tout, si Merlin avait également remarqué cela, il avait peut-être une chance. Une chance infime, mais une chance non nulle.

-Allez, Roméo, rentrons ! Tu reverras ta dulcinée un autre jour, lança le plus jeune avec malice.

Cette tirade fut suivie par une tentative de Merlin de décoiffer Gwaine. Mais c'était sans compter les réflexes du plus âgé, qui évita habilement cette attaque.

Le reste du trajet fut l'occasion pour les deux hommes de se lancer dans une course poursuite affolée. Ils arrivèrent chez eux complètement essoufflés et couverts de sueur, mais avec de larges sourires témoignant de tout leur amusement.

Plus tard dans la soirée, cette bonne humeur avait toutefois quitté Gwaine. Une bière à la main, un livre dans l'autre, il s'installa dans son lit, tentant de se concentrer sur sa lecture. Il pouvait percevoir le cliquetis caractéristique de la machine à écrire de Merlin dans la pièce attenante.

Ce bruit suffisait habituellement à lui permettre de se relaxer. Il ne comptait plus les fois où il s'était assoupi, bercé par ce murmure désormais si familier. Mais ce soir il ne parvenait pas à se détendre entièrement. Le visage de Léon ne cessait d'apparaître encore et toujours dans son esprit. A chaque mot qui lisait, un détail lui rappelant l'homme refaisait surface. C'était comme si son imagination s'était métamorphosé en un film passant et repassant en boucle, narrant sans pause ses deux rencontres avec Léon. Et cela rendait Gwaine fou.

Que lui arrivait-il ? C'était la première fois qu'un homme l'obsédait ainsi. Il avait certes eut un nombre conséquent de relations, certains allant même jusqu'à durer de longs mois. Mais jamais il ne s'était intéressé autant et en si peu de temps à un homme en particulier. Papillonnant habituellement d'une conquête à une autre, il se trouvait là complètement désemparé, et ne savait comment réagir. Il voulait le poursuivre, lui faire la cour, espérer le convaincre de lui laisser une chance. Mais y parviendrait-il ? Et si cet homme n'était réellement attiré que par la gente féminine ? Comment allait-il être capable de rivaliser avec la magnifique jeune femme suivant Léon ?

Soupirant, il enfoui sa tête dans les pages de son livre. Il avait beau tourner et retourner le problème dans son esprit, il ne voyait pas de réelle issue possible. Il finit par s'assoupir dans cette position, humidifiant légèrement les pages de son ouvrage.

(Fin du chapitre 1)


C'est donc tout pour ce premier chapitre. Qu'en avez-vous pensé ? Des réactions ? Des avis ? N'hésitez-pas à me faire part de vos impressions !