Après la bataille de Poudlard, septième année à l'école. Petite fic Drago/Hermione, un peu particulière… En effet, j'ai vraiment envie de rester dans l'esprit du livre de J. K. Rowling. Il y a d'autres points, qui en font un Drago/Hermione atypique, mais je ne vais pas vous dévoiler ce dont je ne suis moi-même pas encore sûre, tout de même ! (hum!) Donc sachez-le : amateurs de Drago/Hermione torrides, vous ne trouverez pas votre bonheur par ici (et j'en suis vraiment désolée).
D'un point de vue un peu plus personnel, il faut savoir que c'est ma première fanfiction : il m'est arrivé de poster des écrits, sur des forums d'écriture, par exemple, mais jamais de fanfic, et surtout quelque chose d'aussi long, qui m'engage pour si longtemps. J'ai eu envie d'écrire sur le thème Drago/Hermione car j'en ai déjà lu pas mal, et j'avais depuis longtemps envie de revisiter le genre : finalement, je ne sais absolument pas si ça peut coller. Soyez indulgents )
Se reconstruire
1. Le commencement
Drago se réveilla tôt, ce matin-là : il avait un entraînement de Quidditch. Bien sûr, il y avait plusieurs années, déjà, qu'il n'avait plus vraiment apprécié ce sport. En sixième année, d'abord, il avait été abattu par les lourdes implications de ce tatouage maléfique, la Marque des Ténèbres, tout nouvellement tatoué sur son bras, et par la tâche, complètement folle, que lui avait assignée le Seigneur des Ténèbres. Il y avait aussi eu son père, qui avait failli, et dont il devait racheter l'honneur et la liberté. Il avait craqué à de nombreuses reprises, et puis il avait trouvé Milly Campbell. Surnommée Mimi Geignarde (cela datait de son vivant, d'après ce qu'elle lui avait expliqué), elle hantait les toilettes des filles du deuxième étage où elle était morte une cinquantaine d'années auparavant, les inondant copieusement quand elle était contrariée et surtout, tenant à distance toute élève de Poudlard qu'une envie pressante tenaillait. Il avait trouvé en elle une personne de confiance, qui ne le trahirait jamais, une personne qui avait connu les mêmes horreurs que lui étant jeune. L'année suivante, après avoir organisé l'assassinat de Dumbledore, et avoir échoué à le tuer lui-même, il était resté chez lui, au manoir des Malefoy, devenu le nouveau quartier général du Seigneur des Ténèbres. Une année de pure terreur, une année rythmée par les exécutions dans le salon familial et les séances d'interrogatoires.
Il lui semblait étrange de relier tous ces évènements à son manque d'enthousiasme pour le Quidditch. Peut-être était-ce car c'était bien la seule habitude qui n'avait pas encore disparue pour lui à Poudlard.
Il se leva rapidement et enfila sa robe verte et argent : il prendrait une douche plus tard. Puis avec une grimace, Drago sortit de sa vaste chambre et pénétra dans la petite pièce qui servait de bureau et de pièce à vivre aux préfets-en-chef. Car lui, Drago Malefoy, ancien Mangemort qui comme tous ses pairs portait encore sur le bras les restes délavés d'un sombre passé, avait été nommé préfet-en-chef par McGonagall. Sans qu'elle l'ait jamais évoqué en public, cela faisait partie du mouvement qui visait à « réhabiliter les anciens Mangemorts, et à oublier les querelles du passé », lancé par le Ministère de la Magie. C'était probablement pour cela aussi, d'ailleurs, que tous les élèves avaient été appelés à revenir à l'école pour refaire leur année. Il y avait ainsi deux fois plus de première année, et il y aurait un surplus d'élèves pendant sept ans encore, mais Drago comprenait cette mesure-ci : elle était indispensable pour faire oublier un tant soit peu, surtout aux plus jeunes, les horreurs de l'année passée. De nouvelles extensions avaient été ajoutées aux dortoirs dans les quatre maisons, et autre nouveauté : les préfets partageaient les mêmes appartements, dans une annexe aménagée au cinquième étage. Il y avait là vingt-quatre portes, donnant chacune sur la chambre d'un préfet. La salle commune, une grande pièce très éclairée, était parsemée de tables basses, de coussins et de fauteuils, mais aussi de tables rondes. Tout semblait pousser les préfets à tisser des liens entre eux : l'agencement du mobilier, la lumière chaleureuse qui baignait la pièce… Mais Drago y restait parfaitement insensible. Se demandant encore une fois ce qu'on pouvait bien attendre de lui, dans cet endroit et avec cet insigne qu'il portait au torse, il emprunta le passage gardé par une statue de goule et marcha d'un pas rapide en direction du stade.
L'équipe au complet était déjà là quand il arriva. Encore heureux, Slughorn, directeur des Serpentards, n'avait pas eu la brillante idée de le nommer capitaine de l'équipe. Cela l'aurait étonné, d'ailleurs, de la part du vieux professeur : il était devenu plus que fuyant, depuis la reprise des cours. Il s'était fait remarqué par sa lâcheté lors de la bataille de Poudlard et de plus, lui, Drago Malefoy, n'était pas vraiment le genre de bonnes relations que l'on entretient pour sa réputation. C'était un quatrième année sans grande expérience, Fulley, qui était à la tête de l'équipe.
- Tu es encore en retard, Malefoy ! lança-t-il avec un air résigné. Tu sais, si venir ici ne t'intéresse plus…
- Ferme-la, Furet. On commence quand tu veux.
Une fois n'est pas coutume, Fulley se tut et entraîna son équipe vers le terrain, droit comme un « i ». Il avait compris dès son premier jour qu'il ne pourrait jamais se séparer de Drago. D'abord, parce que c'était le seul joueur de l'équipe ayant un bon niveau et surtout, de l'expérience. Ensuite, parce qu'on ne virait pas d'une équipe un préfet-en-chef porteur de tant de symboles, aussi funestes soient-ils. Fulley savait pourtant que Malefoy n'éprouvait aucun désir de rester défendre les couleurs de Serpentard : il était bien au-dessus de tout ça et au fond, il le comprenait. Comment voler après une balle pouvait-il encore allumer ne serait-ce qu'une étincelle d'intérêt dans les yeux du Serpentard ? Fulley lança le Souaffle aux membres de son équipe en leur demandant de s'entraîner pendant quelques minutes et il commença son habituel entretient avec Malefoy : une autre raison à son indispensabilité.
- Bon, ça fait déjà trois semaines qu'on s'entraîne ensemble : qu'est-ce que tu penses de l'équipe Malefoy ? commença-t-il.
- Les batteurs…
- Orlando et Pierce.
- Ouais, c'est ça. Ils sont plutôt pas mal, il faudrait juste qu'ils s'entraînent vraiment à slalomer plus rapidement et plus efficacement entre les joueurs, mais ils ont un bon renvoi et ils visent plutôt juste. Les cinq poursuiveurs, là, ils sont plutôt moyens, par contre. Je n'ai jamais vu de joueurs lâcher si souvent le Souaffle sans raison apparente.
- Euh… Malefoy, je fais partie de ces cinq poursuiveurs, tu sais ?
- Oui, je sais, et crois-moi, tu es loin d'être le meilleur d'entre eux. Mais tu me demandes mon avis : je te le donne…. Il va falloir aussi que tu nommes des titulaires et des remplaçants, que chacun s'en tienne à son rôle. Ça te permettra également de mieux travailler avec les titulaires, tu peux laisser les remplaçants aux soins de tes batteurs, je pense qu'ils pourront les former assez brièvement…
L'entretien continua de cette manière, Fulley écoutant avec avidité les commentaires et les conseils d'un Malefoy plus morne que jamais. Le jeune capitaine était rentré dans l'équipe l'année précédente, au poste de remplaçant poursuiveur, mais comme il était le seul membre de l'équipe resté à l'école après la bataille de Poudlard, il avait logiquement hérité de son poste. Il était complètement perdu.
- Merci, Malefoy, lâcha-t-il solennellement quand il eut une meilleure vision de ses objectifs. On les rejoint.
Drago était studieux pendant l'entraînement, comme toujours, mais il avait l'air ailleurs, et personne ne fit réellement attention à lui au cours des heures suivantes.
Une douche, c'était tout ce qu'il désirait, une longue douche très chaude, et puis froide, et encore chaude, pour se délasser… Il se dirigea avec l'allure d'un automate à la salle de bain des préfets, et arrivé devant, prononça le mot de passe : « Citronnelle ! ». Le mur coulissa et fit apparaître une petite antichambre où il se déshabilla et attrapa sa serviette en se dirigeant vers les bains. Il s'arrêta net : on pouvait percevoir de petits bruits de clapotis. Drago n'avait pas fait attention, et il y avait déjà quelqu'un dans l'eau, quelqu'un qui avait apparemment fini de se laver. Poussé par une curiosité qu'il ne se connaissait pas, Drago poussa légèrement la porte pour mieux voir par l'entrebâillement. Alors, il sursauta et recula d'un pas : c'était une fille ! Cela lui paraissait incongru : les préfètes ne venaient jamais ici car la porte ne pouvait pas être fermée à clefs. Drago se sentit mal : il ressentait quelque chose d'étrange… Quelque chose qui lui donnait envie de… De sourire ? Malgré lui, il se repencha sur la porte, avide de ressentir ses lèvres se crisper d'une petite pointe de malice, un petit rien dont personne ne serait jamais au courant, un petit rien qui ne ferait de mal à personne…
Une fine jambe, pâle, apparut dans l'entrebâillement, un bras qui attrapa une serviette avec une certaine grâce, et qui alla secouer négligemment une épaisse chevelure brune. Drago, ébahi, admira la finesse des traits de la jeune femme, comme un enfant découvrant qu'il existait des glaces bien plus grandes que celles que ses parents l'autorisait à manger.
Il sursauta encore quand le passage s'ouvrit derrière lui, mais sans qu'il n'ait eu le temps de se rendre compte de quoi que ce soit, il se retrouva collé au mur et un poing fusa contre sa mâchoire.
- Qu'est-ce que tu fous là, hein ? Qu'est-ce que tu fous là, espèce de sale enfoiré ?!
La vue floue, Drago aperçut un éclat roux, et il comprit qui se tenait devant lui sans le voir.
- Weasley… cracha-t-il avec un flot de sang. T'as cogné fort putain…
- Tu te fous de ma gueule ? Hein ?! Tu te fous de moi ?
Un nouveau poing fusa vers son visage et Drago sentit son nez craquer horriblement. Un autre encore, et sa mâchoire sembla exploser. Au-delà de la douleur, Malefoy ne comprenait pas la fureur de Weasley. Il l'avait surpris en train d'espionner une fille, d'accord, mais…
- Ron ! hurla une voix hystérique. Ron ! Mais qu'est-ce que tu fais ? Lâche-le !
Drago tourna le visage et ouvrit les yeux d'incrédulité, malgré la douleur que cela provoqua en lui : c'était Granger. Elle s'était enroulée à la va-vite dans une serviette. Il l'avait reconnue sur la fin de sa phrase, quand sa voix avait viré dans les aigus, elle était si reconnaissable…
Un nouveau poing lui arriva dans le visage.
- Ne la regarde pas, espèce d'ordure ! Détourne les yeux ! Elle est à moi !
- Ron ! Lâche-le.
Le rouquin frappa une nouvelle fois du poing. Cette fois-ci, il toucha la tempe, et Malefoy s'effondra littéralement, sa tête tournant et des points noirs obscurcissant sa vue. Il sentit un coup de pied lui arriver dans les côtés.
- ROOON !
- Dégage de là, toi !
Les sons paraissaient sourds aux oreilles de Malefoy, et il lui semblait que tout son corps n'était plus qu'une nappe de chaires qui hurlait sa douleur.
Apparemment, Granger avait essayé d'intervenir, et Weasley l'avait violemment repoussée contre le fond de la pièce. Drago perçut des petits pas précipités et des sanglots tandis qu'un nouveau coup de pied le propulsait violemment contre le mur de pierres. Un autre coup lui écrasa l'entre-jambe, tout n'était plus que douleur, et lui se sentait si impuissant.
- Ron, pousse-toi de là !
BANG ! Une détonation retentit. Des sanglots, de très lourds sanglots retentirent aux oreilles du jeune Serpentard. Elle devait être horrifiée par ce qu'elle venait de faire. Il sentit une main se poser sur lui, déclenchant une terrible onde de douleur dans tout son corps. Peut-être voulait-elle se venger en le faisant souffrir encore ? Il s'évanouit.
Une lumière, beaucoup trop forte, un mal de tête absolument épouvantable. Et une voix, lointaine, mais bien trop forte elle aussi.
- Drago ? Tu te réveilles ? Drago ? … Madame Pomfresh, je crois qu'il est réveillé.
Des pas qui approchent.
- Ah ! Enfin, je continuais à m'inquiéter. Monsieur Weasley n'a pas utilisé sa baguette, mais un fort coup à la tempe aurait pu le tuer sur l'instant. Il lui faut simplement un peu de repos, maintenant. Vous pouvez rester ici, monsieur Goyle. Mais ne l'éprouvez pas trop, il a besoin de beaucoup de repos… Je vous laisse quinze minutes.
Drago réussit enfin à ouvrir complètement les yeux. Se souvenant de ce qu'il s'était passé dans la salle de bains des préfets, il eut le temps de se rendre compte que ses membres ne lui faisaient plus mal : seule sa tête continuait à le lancer.
- Mais qu'est-ce que tu fous Drago, hein ? commença Goyle en chuchotant précipitamment. Tu ne parles plus, à personne, et tu as un comportement si étrange ! On dirait que… On dirait…
Il se tut, les yeux de son ami, fixés sur lui et vides d'expression, lui faisaient saisir l'énormité de ses paroles.
- Content de te revoir, Drago.
- Content de te revoir, moi aussi.
Ils restèrent silencieux quelques minutes, puis Goyle demanda enfin :
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Tout à l'heure, McGonagall a amené Weasley ici avec Kingston, et elle a hurlé qu'il ne se rendait pas bien compte des conséquences de ses actes, que l'école n'avait vraiment pas besoin de ça, après tous ses efforts pour réconcilier les maisons entre elles, et surtout pour améliorer les relations entre les Gryffondors et les Serpentards. Elle avait vraiment l'air hors d'elle. Kingston en restait même muet de stupéfaction et Madame Pomfresh a été obligée de les faire sortir de force.
Kingston était le nouveau professeur de métamorphose que McGonagall avait embauché. Elle l'avait également nommé directeur de Gryffondor. C'était apparemment l'un de ses anciens élèves, très doué en tout ce qui touchait la matière et ses transformations. D'après certains, il avait même complété sa formation en faisant des études chez les Moldus et aujourd'hui, personne n'osait le dire tout haut, mais il était bien meilleur que sa prédécesseur. Et il était également bien plus bavard quand il s'agissait de réprimander les élèves.
- Il m'a frappé, comme personne ne m'avait frappé avant, Goyle, tu peux me croire… Je ne l'ai pas vu venir.
Goyle ouvrit de grands yeux ronds. C'était probablement la plus longue phrase qu'on entendait dans la bouche de Drago depuis le début de l'année, quand il avait dû présenter un discours juste après la cérémonie de la Répartition. Discours qui avait été, par ailleurs, une véritable catastrophe.
- Mais pourquoi est-ce qu'il a fait ça ? Enfin, je ne comprends pas… Il te déteste, du fond de ses entrailles, c'est sûr, mais de là à… Tu sais, Madame Pomfresh n'a pas arrêté de répéter qu'il aurait pu te tuer. Elle avait l'air vraiment choquée.
Drago resta silencieux quelques secondes.
- J'étais dans la salle de bains des préfets, et il y avait une fille…
Goyle ricana.
- Une fille ? Quel genre de fille aurait assez de courage, ou alors serait assez bête pour aller se laver à la salle de bain des préfets ? Tout le monde sait que… Attends… Cette fille, c'était… Granger ?
- Oui.
- Merde. Et tu es entré, tu as été surpris, et il t'a sauté dessus, c'est ça ?
- Non, je l'ai épiée, en fait, mais je ne savais pas que c'était elle.
Goyle eut un grand sourire, qui se transforma rapidement en grimace.
- Sérieusement, Drago ? demanda-t-il d'un air dégoûté. Je suis le premier à dire qu'il te faut un peu de distraction. Mais… Tu matais Granger ?
- Je ne savais pas que c'était elle, se défendit-il faiblement. J'apercevais juste ses jambes… Ses bras… Et ses cheveux, aussi. Enfin…
Drago vira au rouge, et Goyle préféra ne rien ajouter.
- Bon, je vais y aller, pas mal de devoirs pour la semaine prochaine. Essaye de te remettre pour demain, histoire de profiter un peu de ton week-end.
- Ca m'a vraiment gêné tu sais ? De fantasmer pendant quelques secondes sur une Sang-de-Bourbe…
- Je comprends, t'inquiète pas. Faut juste que j'y aille. Je reviendrai te voir si tu n'es pas sorti demain.
Et il s'en alla.
Drago eut un petit sourire en le voyant partir d'un pas rapide. Il était fini, le temps où Goyle n'était pour lui qu'un petit chien obéissant, où il carrait les épaules dès que quelqu'un faisait mine d'ennuyer le Grand Malefoy. Bien sûr, Goyle n'avait rien perdu de sa stature, mais il était maintenant un véritable ami. Non qu'ils passent leur temps libre ensemble : Drago restait seul dès qu'il en avait la possibilité mais il savait qu'il pouvait compter sur lui, et il appréciait les rares moments qu'ils passaient ensemble. Goyle avait réellement changé, pendant l'été : peut-être le fait d'avoir failli mourir l'avait transformé ? Ou était-ce la perte de Crabbe, qui était mort dévoré par son propre Feudeymon sous ses yeux ? Drago n'en savait rien, mais il y avait tellement de raisons possibles…
Il se sentait bien avec le nouveau Goyle.
Il se sentait mal avec le nouveau lui.
- Voilà mon garçon, on n'y voit plus rien. Personne ne se doutera jamais que tu as eu un accident hier matin !
C'était le dimanche, et Madame Pomfresh lui avait donné une dernière potion au léger goût de fraises des bois, qui avait effacé de son visage les traces de son affrontement.
- Merci.
Drago prit sa robe de Quidditch sale, la roula sous son bras, et quitta l'infirmerie. Il ne savait pas trop où aller : Madame Pomfresh avait eu tort, tout le monde à l'école serait au courant de son passage à tabac. De plus, bien qu'il ait tendance à l'oublier, il était tout de même préfet-en-chef, et il avait été attaqué par un préfet et secouru par son homologue et petite copine dudit préfet : Hermione Granger, Sang-de-Bourbe indécrottable et préfète-en-chef issue de la maison Gryffondor. Si on apprenait en plus que Drago l'avait épiée dans la salle de bains, les semaines à venir seraient probablement assez rudes pour lui. Il se décida enfin à retourner dans sa chambre, où personne ne viendrait jamais le déranger. En effet, bien qu'il fut sensé être disponible à toute heure pour épauler les autres préfets, il leur avait clairement signifié que personne ne devait le déranger, et surtout pas quand il était enfermé dans sa chambre. Drago pesta intérieurement : il était tellement plus simple, le temps où les maisons se faisaient une petite gué-guerre toute l'année pour gagner la coupe.
Arrivé devant la statue de la goule, il lança un « Paradoxe ! » et le mur qu'elle gardait coulissa pour lui laisser libre passage vers sa salle commune.
- Malefoy !
Granger, qui était assise dans un fauteuil en train de travailler ce qui ressemblait à une dissertation de Défenses contre les Forces du Mal, se leva d'un bond et s'avança.
- Granger, je n'ai vraiment pas la tête à ça… Et au cas où tu ne serais pas au courant, ton copain m'a complètement défoncé le …
Drago se sentit plaqué au mur : Granger lui avait plaqué la main sur la bouche et le regardait d'un air furieux.
- Tais-toi, chuchota-t-elle entre ses dents.
Elle lui montra ensuite la porte de sa chambre et l'invita silencieusement à l'y suivre. Pris par surprise, Drago opina et pénétra dans la pièce. Elle était l'exacte réplique de la sienne, mais c'était une version bien mieux rangée. De plus, Granger avait accroché aux murs quelques photos, ainsi qu'une écharpe rouge et or qu'elle avait dû porté lors d'un match de Quidditch qui avait vu l'équipe de Gryffondor victorieuse. Il y avait également un petit bureau et deux chaises : la nouvelle préfète-en-chef, consciencieuse, avait donc l'habitude de recevoir dans sa chambre les autres préfets qui demandaient son aide. Il en fut légèrement soulagé.
- Malefoy, lâcha-t-elle d'une voix atone.
- Granger, je suis désolé, vraiment, je ne savais pas que c'était toi dans la salle de bains, j'ai juste… Jeté un œil, voilà. Je peux m'en aller maintenant ?
- En fait, je me fiche un peu que tu aies pu m'apercevoir, je ne sais pas si tu te souviens de… L'incident, mais j'étais à moitié nue quand je suis venue te secourir… Donc un peu plus un peu moins, dans ton cas, je ne suis pas à ça près.
Drago était bouche bée : Granger s'était donc penchée sur lui, inquiétée de son sort, à moitié nue ? Se souvenant de ses jambes, il se surprit à regretter d'avoir eu la vue brouillée à cet instant-là. Drago chassa cette terrible pensée et se reprit.
- Je ne m'en souvenais plus, en effet.
Granger parut légèrement soulagée.
- Je tenais en fait à m'excuser pour le comportement de Ron. Ce que tu as fait est inadmissible, bien sûr, mais j'ai tout de suite deviné que tu ne pouvais pas savoir que c'était moi, c'est évident… Toujours est-il que la réaction de Ron a été disproportionnée, il a failli être renvoyé, hier, et seul Kingston a réussi à raisonner McGonagall. Ron a donc été suspendu de ses fonctions de préfet jusqu'à nouvel ordre et il aura des retenues pendant un mois, « contrat renouvelable à tout moment », de ce que McGonagall en a dit. Je sais que ce n'est pas vraiment une… Compensation, pour toi, mais je te demanderais en contrepartie de ne pas provoquer Ron ouvertement. J'ai déjà assez de soucis comme ça avec les autres préfets qui me rapportent tous les jours des altercations impliquant des élèves de Serpentard. D'ailleurs, soit dit en passant, si tu assumais tes responsabilités et que tu me filais un coup de main, ça serait certainement un peu plus simple. Dernière information : j'ai veillé à ce qu'aucun élève, pas même les préfets, ne soit au courant. Tu as officiellement disparu de la circulation hier car tu te sentais mal après ton entraînement de Quidditch.
Elle avait dit tout cela assise devant son petit bureau, droite et crispée, et parlant de la voix de celle qui a appris son discours par cœur.
- Je… D'accord, répondit simplement Drago.
Il rouvrit la porte, derrière lui, mais une chose le chiffonnait encore, le souvenir d'un bruit mou sur un mur de pierre.
- Granger, ça va aller ?
Elle haussa un sourcil.
- Bien sûr, balbutia-t-elle, prise au dépourvu. Pourquoi ça ?
- Il m'a semblé entendre… Enfin, j'étais vraiment mal. Mais Weasley, il t'a insultée, n'est-ce pas ? Et il t'a poussée contre le mur ? Je ne suis pas sûr…
La lèvre inférieure de Granger commença à trembler, et Drago se sentit très mal, tout à coup. Il n'aurait pas dû lui en parler, cela ne le regardait pas. Est-ce qu'elle allait fondre en larmes devant lui ?
- Va-t'en ! hurla-t-elle d'un coup.
Drago sursauta, et sans comprendre, il se détourna pour quitter la pièce. Mais Weasley se trouvait déjà derrière lui, l'air furieux et abattu à la fois.
- Tu le reçois dans ta chambre ? demanda-t-il, la voix tremblante de colère.
Drago comprit qu'elle ne s'était pas adressée à lui, comme il comprit immédiatement que le rouquin n'aurait jamais dû dire une chose pareille.
- Tu reçois ton nouvel amant ? Ou l'ancien Mangemort ténébreux ? Comment est-ce que tu veux que je l'appelle ?
Granger bondit comme un ressort de sa chaise et attrapa Weasley par les épaules en le repoussant.
- Va-t'en, siffla-t-elle, comme enragée. Tu n'as absolument rien à faire ici ! Va-t'en immédiatement ! Tu n'as aucune idée de ce dont je serais capable, actuellement…
Des étincelles s'échappèrent de sa baguette, qu'elle tenait fermement à la main. Weasley s'enfuit presque, furibond. Sans attendre la suite, Drago retourna dans sa chambre.
Le soir venu, le jeune homme se tourna et se retourna encore dans son lit. Il ne trouvait pas le sommeil. Il était un habitué des nuits blanches, bien sûr, mais jamais il n'avait ressassées pareilles pensées… Ses nuits étaient couramment peuplées de visions d'horreur, de pauvres sorciers hurlant sous l'effet du sortilège Doloris qu'il avait été obligé de leur infliger, d'autres que Nagini, l'énorme serpent du Seigneur des Ténèbres, avait dévorés vivants sous ses yeux, et parfois même, de scènes de magie noire, qui lui donnaient la nausée. Mais cette fois-ci, autre chose le préoccupait : il s'était confié à Goyle, avait discuté avec Granger, s'était même inquiété de son état. Non pas qu'il apprécie Granger, mais tout de même… Il avait discuté. Il avait ressenti. Une toute petite boule de chaleur se forma dans sa gorge. Il avait envie de parler ! Mais à qui pouvait-il donc parler à une heure pareille ? Il regarda sa montre : 3h du matin. Peut-être Mimi … ? Drago se ressaisit : il pouvait tout de même attendre un peu, surtout pour une envie de parler. Puis, il sourit bêtement dans le noir : c'était un petit rien, un petit rien que cette fine jambe, un petit rien qui avait eu quelques effets, tout de même. Un envoi d'urgence à l'infirmerie, par exemple. Et une petite boule dans la gorge…
Il irait voir Mimi, le lendemain. Cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas visiter les toilettes des filles.
C'est terminé ! Je dois l'admettre, ce premier chapitre n'a peut-être pas grand-chose d'excitant, mais je voulais réellement poser le décor. Je ne sais pas non plus si vous apprécierez ma vision de Drago. Et puis je vais arrêter là, parce que je vais finir par vous énumérer tous les défauts de mon texte !
N'hésitez pas, acharnez-vous sur les reviews ! Je suis preneuse de tout, votre avis m'intéresse.
J'essaie de sortir le prochain chapitre rapidement !
(et j'espère tout de même en mon fond intérieur que ça vous a plu)
