Chapitre 1 :
Deux prisonniers de l'obscurité
Cette fanfic se déroule pendant l'aventure de Bilbon. En effet, je n'ai jamais lu de fanfic liée à cette histoire, et j'ai eu envie d'essayer d'en faire une. J'espère que vous apprécierez.
DISCLAIMER : La chanson de Thorïn et les paroles des nains au sujet de l'obscurité appartiennent à Tolkien ! Mais Alice est le fruit de mon imagination.
L'histoire se déroule pendant l'aventure de Bilbon, donc avant la Communauté de l'Anneau.
Les pensées des personnages sont en italique.
Sur Terre, à Londres, dans un hôpital…
Assise sur un banc dans la salle d'attente, Alice tripotait machinalement le ruban de son paquet cadeau. Elle avait mal à l'estomac. Mais ce n'était pas une douleur physique. Son mal était dû à l'angoisse et au chagrin.
La porte devant elle s'ouvrit. Une infirmière en sortit, un calepin à la main.
« Vous pouvez y aller, mademoiselle. »
Acquiesçant, Alice se leva et franchit la porte. Elle entra dans une chambre d'hôpital. Il n'y avait qu'un grand lit en métal, avec des draps blancs. Les murs et les meubles étaient de la même couleur.
Alice eut le cœur serré. Dans certains pays comme la Chine, le blanc était une couleur de deuil. Et voir une pièce entière où régnait cette couleur ne la rassurait pas.
Sur le lit était allongé une femme. Elle était très belle : de longs cheveux roux dont Alice avait hérités, un visage doux et fin, elle avait l'air triste dans son sommeil.
Alice s'assit à son chevet. La jeune femme se réveilla. Elle sourit en voyant l'adolescente.
« Maman ? »
« Alice. Je suis contente de te voir. »
La jeune fille aurait aimé que ce soit vrai. Sa mère semblait se forcer à sourire. Ses yeux violets avaient l'air si sombres !
« Chérie, je suis désolée, tu sais. Je ne fais que te causer du souci, depuis que je suis tombée malade. »
« Non, maman, c'est pas grave. Rien n'a d'importance, du moment que tu guéris vite. »
La jeune femme ferma les yeux, l'air triste.
« Pardonne-moi », dit-elle dans un soupir.
Alice baissa la tête. Sa mère se redressa sur son lit, de façon à être assise face à elle.
« Alice, je veux que tu sois forte pour les jours à venir. Désormais, tu devras te débrouiller seule jusqu'à mon retour. L'opération que je vais subir risque de durer longtemps. Mais tu n'as pas à t'en faire, je vais te donner une astuce : pense aux choses agréables, imagine-toi revivant des souvenirs heureux, et rien de triste ne t'arrivera jamais pendant mon absence. »
Rien que ça ? Alice regarda sa mère avec surprise.
« Voyons, Alice, souris ! Tu es si douée pour remonter le moral aux gens ! Tu ne l'avais pas remarqué ? »
L'adolescente fit un effort, elle tira ses lèvres vers le haut. Puis elle baissa la tête.
« Je n'y arrive pas ! » dit Alice.
« Oh ? »
« Je ne peux pas… sourire. Je n'ai pas le moral, ça ne marche pas ! »
Émue, la jeune femme prit sa fille dans ses bras.
« Je t'aime tant, Alice ! Prends soin de toi, ma chérie. Je reviendrai, c'est promis ! »
Alice la serra fort contre elle. Ses larmes tombèrent sur la chemise de nuit en papier de sa mère, mais elle n'en tint pas compte. Même dans cet univers froid et aseptisé, elle pouvait sentir le parfum de sa mère : les fleurs du printemps.
L'infirmière entra, lui annonçant que la visite était terminée. Alice quitta la chambre. Elle vit un docteur passer dans le couloir. La jeune fille soupira. Si elle avait été docteur, elle aurait pu soigner sa mère elle-même !
Mais Alice n'avait que quinze ans, elle n'avait même pas encore quitté le collège, elle n'était qu'en troisième !
Dépitée, la jeune fille sortit et prit le bus qui la ramena chez elle. Elle vivait dans une maison isolée, au nord de l'Angleterre.
Une fois chez elle, la jeune fille monta l'escalier jusqu'à sa chambre. Elle réalisa soudain qu'elle avait oublié de donner le cadeau à sa mère. Elle le jeta sur son bureau et s'affala sur son lit.
Son regard se posa sur la cheminée où était posée une photo de ses parents. Tous deux étaient en tenue de mariage. Sa mère étincelait dans sa belle roche blanche, une splendide couronne de fruits rouges et de fleurs d'automne ornait ses cheveux roux. Son père, en costume, avait des cheveux bruns tirant sur le noir, et des yeux verts dont Alice avait hérité. La jeune fille ne l'avait jamais connu, il était mort un an après sa naissance, un cancer du foie.
Et sa mère qui souffrait du même mal, aujourd'hui ! Alice avait peur. Et si elle se retrouvait seule, qui prendrait soin d'elle ? L'idée d'être seule la répugnait, et plus encore celle de perdre la dernière famille qui lui restait.
Le regard de la jeune fille se tourna vers la fenêtre, et elle soupira. Le ciel était obscur, les nuages voilaient les étoiles. Que n'eût-elle donné pour trouver une lumière porteuse d'espoir en cet instant !
Elle s'assoupit. Le noir parut se faire plus intense. La jeune fille soupira.
Pourquoi n'ai-je pas droit à une seule lumière ? pensa-t-elle.
Comme si on l'avait entendu, des voix répondirent en chœur :
« Nous aimons l'obscurité. L'obscurité pour les affaires obscures ! Il y a encore bien des heures d'ici l'aube. »
Alice sursauta et ouvrit les yeux. Qui avait dit ça ? Elle alluma sa lampe de chevet. Elle regretta aussitôt son geste : la lumière l'aveugla.
La douleur passée, elle regarda autour d'elle. Rien. Sa chambre était vide. Confuse, elle se gratta la tête.
Son attention se porta sur son bureau, où le paquet cadeau trônait. Elle se leva et l'ouvrit. Puisque sa mère allait rester pendant deux semaines à l'hôpital, peut-être plus, elle ne pourrait pas le lui donner. De toute façon, elle ne pourrait pas en profiter puisqu'elle serait constamment anesthésiée, donc inconsciente.
La jeune fille sortit un coffret de l'emballage. C'était un bel ouvrage en bois, délicatement ciselé. La jeune fille l'ouvrit. Sur un petit coussin de velours trônait un bracelet. Il était en argent ciselé, taillé en un motif de feuilles entrelacées où trônait une fleur d'argent, au cœur en diamant.
Alice soupira, et le mit à son poignet. Puis elle alla dans la cuisine prendre un verre d'eau.
Dehors, dans un arbre devant sa fenêtre, un être l'observait. Il eut un sourire malicieux. Ses yeux dorés luirent, la lueur de plaisir d'un fauve regardant sa future proie.
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En Terre du Milieu, en Comté, à Cul-de-Sac…
Bilbon s'endormit. Ou plutôt, il essaya. Il ne pouvait se faire à l'idée que treize nains et un magicien avaient envahi son trou de Hobbit.
Certains dormaient dans les lits des chambres d'amis, d'autres dans des fauteuils et des sofas. Encore une chance qu'ils lui aient laissé son propre lit !
Et dire que demain, il partirait à l'aventure avec eux, pour aller piller une montagne et affronter un dragon !
Il y avait beaucoup d'autres choses encore qui perturbaient le pauvre Hobbit : les nains et le magicien avaient tous commandé des petits-déjeuners sans qu'un seul ait pensé à dire « s'il vous plaît », une chose fort déplaisante pour un Hobbit civilisé comme lui.
Bilbon était bien déterminé à ne pas se lever tôt, il n'allait pas se précipiter pour faire tous ces petits-déjeuners à ces gens malpolis !
Soudain, une voix s'éleva derrière le mur de sa chambre. Il reconnut le chef des nains, Thorïn, qui fredonnait.
« Loin au-delà des montagnes froides et embrumées
Vers des cachots profonds et d'antiques cavernes,
Il nous faut aller avant le lever du jour
Pour trouver notre or longtemps oublié. »
Bilbon ferma les yeux. Cette chanson n'allait pas l'aider à dormir, il en avait assez ! Pourtant, le sommeil vint rapidement.
Il se mit à rêver. Il était dans une forêt, une sombre forêt. Il faisait noir, les arbres avaient d'étranges formes, comme des squelettes de monstres penchés vers lui, prêts à l'attaquer au moindre manque d'attention de sa part.
Mais au bout du chemin, Bilbon aperçut quelqu'un. Une jeune fille. Elle était belle, avec de longs cheveux roux et des yeux verts. Mais quand son regard se posa sur lui, il eut peur. Ses yeux étaient devenues brusquement rouges, comme ceux d'un dragon !
Elle tendit la main vers lui, comme pour l'attaquer. Mais elle parut se raviser. Elle recula et s'effaça, dans un nuage de fumée.
Pendant le reste de la nuit, Bilbon fit d'autres mauvais rêves.
