Titre : Fugitif
Genre : Ce sera un slash, vous me connaissez, avec soyez prévenus. Mystère.
Rating : K pour l'instant.
Disclamers : Je ne suis qu'une pauvre étudiante trompant la morosité de son quotidien en empruntant, pour un temps seulement, les personnages de J.K. Rowling.
NDA : Bon, me revoici avec une nouvelle histoire. Je ne l'écris pas très vite, je tiens à vous en aviser. Entre deux travaux d'université, et surtout quand je ne devrais pas. Mais bon. Je poste ce premier chapitre parce que j'ai réellement besoin de savoir ce que vous en pensez. J'espère que vous aimerez. Sinon, dites-moi pourquoi !
Je tiens ici à remercier tous les reviewers anonymes de PUQE ainsi que ceux qui m'ont rajouté à leurs favoris, je suis très touchée et je vous en suis très reconnaissante. Allez, trève de bavardages. Bonne lecture !
Chapitre 1
A 0812
La pluie jouait un petit air de tam-tam contre la grande vitrine du bureau. La première fois qu'il était entré dans cette pièce, elle sentait la poussière et était beaucoup trop sombre. Il avait transformé un mur complet en une immense fenêtre avant d'installer ses effets personnels. Il était un peu claustrophobe. Et il n'aimait pas trop l'obscurité.
Dix-huit heures venait de sonner dans le bureau de sa secrétaire attenant au sien. Elle avait installé une vieille pendule de famille près de la porte. Les cris stridents du petit volatile animé l'énervaient au plus haut point. L'oiseau sortait et volait pendant quelques secondes, effectuant une espèce de ronde avant de retrouver son nid pour cinquante-neuf autres minutes qui passaient toujours trop vite ou, paradoxalement, trop lentement.
Il retint un bâillement et posa sa plume pour s'étirer longuement. Son corps était courbaturé d'être pendant trop longtemps resté dans la même position. Il avait sauté l'heure du déjeuner, faute de temps. Trop de réunions. Trop de paperasse.
Le Trop régissait sa vie, se disait-il parfois.
- Monsieur le Ministre ?
Il leva les yeux sur sa secrétaire. Jeune, jolie. Une voix peut-être aiguë par moment, voire stressante, mais elle était au moins vaillante et aimable, contrairement à ses prédécesseurs.
Qui, selon ses conseillers, commençaient à se faire trop nombreuses.
Bientôt, racontait-on en riant sur l'étage, elles feraient coalition et se vengeraient en groupe de leur renvoie.
Ce n'était pas sa faute. Il avait juste du mal à se faire à quelqu'un. Il aimait sa tranquillité. Sa petite bulle.
Son seul ami disait qu'il finirait misanthrope et vieux garçon.
Et lui, magnanime, répondait que ça lui convenait à merveille.
- Oui, Judith ? fit-il d'une voix emplie de lassitude contenue.
- Le chef des Aurors désire s'entretenir avec vous, monsieur.
- Qu'il prenne rendez-vous, comme les autres, répliqua-t-il.
Elle prit un petit air contrit.
- Je crois que c'est important, monsieur.
Soupir.
- Faîtes-le entrer, alors.
La jeune femme sourit gentiment et disparu, laissant entrer un homme à la carrure imposante qui referma la porte derrière lui. Habillé d'une robe pourpre, Marius Fletch représentait l'archétype du héros que s'amusaient à dépeindre les journaux en ces temps si sombres. La guerre était terminée depuis un peu plus de trois ans mais l'instabilité politique régnait toujours. Et dire que pendant longtemps, on avait cru que la bataille finale serait le dernier combat qu'on aurait à accomplir. Mais bien que Voldemort soit bel et bien mort, une fois pour toutes, les ennuis perduraient et les forces de l'ordre se tenaient toujours sur le pied de guerre. Chaque semaine, des morts ou des disparitions faisaient la manchette. Certains Mangemorts en fuite n'acceptaient pas la fin de leur supposé ''rêve''. Sans leur Maître, ils étaient devenus fous, incontrôlables. Il semblait à beaucoup que les attaques plus ou moins importantes ne finiraient jamais.
Mais il y avait des gens qui continuaient à garder espoir. Et qui aimaient à croire en la paix.
Foutue paix.
D'un geste de la main, il invita l'Auror à prendre place dans l'un des fauteuils noir devant son bureau. Il replaça machinalement quelques dossiers en attente alors que l'autre s'exécutait. Finalement, il s'enfonça dans son propre siège, adoptant une position faussement décontractée. Ils se jaugèrent pendant quelques minutes. Ils ne s'étaient jamais vraiment appréciés et une légère hostilité était toujours présente dans l'air à chacune de leurs rencontres. Ça, au moins, ça avait le mérite d'être clair.
- Je doute que vous soyez venu me souhaiter bonjour, Marius, lança-t-il mollement. Qu'est-ce que qui vous amène ?
- Quelques ennuis avec le cas A 0812.
Il haussa un sourcil.
- Ce n'est pas comme si c'était réellement une nouveauté, remarqua-t-il, un peu sarcastique. Je reçois des comptes-rendus chaque mois. Des altercations, des séjours dans la Cellule...
- C'est un peu plus grave, le coupa Fletch.
- Allons donc. On lui a cassé quelque chose ?
- Il a assommé un garde du service de nuit et s'est enfui.
Sa bouche se réduisit à un fin pli de contrariété. Ses yeux devinrent perçants.
- Je vous demande pardon ?
- Il a réussit à l'attirer dans sa cellule en simulant une crise. Les vraies sont assez fréquentes, en fait. On doit régulièrement le transporter dans l'aile médicale pour lui administrer des sédatifs et des anti-douleurs. Quoiqu'il en soit, il a disparu cette nuit.
- Il a une baguette ? demanda-t-il lentement, s'efforçant au calme.
Ne pas crier...
- Non, monsieur. Notre personnel doit laisser tout effet magique au vestiaire. La sienne, celle que nous lui avons confisquée à son entrée, a été remise Albus Dumbledore.
- A-t-il été prévenu de la fuite du détenu ?
- L'un de mes hommes s'en charge à l'instant, monsieur.
Il se passa une main lasse sur le visage. Devant lui, le chef des Aurors se tenait bien droit, prêt à recevoir sa sentence.
- Relaxez un peu, Fletch, le rassura-t-il. Je suis Ministre de la Justice, pas bourreau.
- Oui, monsieur.
- Alors, où en est la situation, sinon ?
- Nous avons réparti environ cent hommes en petites équipes. Ils ratissent les environs d'Azîr. Nous avons aussi les derniers Détraqueurs encore sous notre contrôle.
- Croyez-vous vraiment que ce soit nécessaire ? s'enquit-il.
- Le fugitif est déclaré comme potentiellement dangereux, monsieur. Nous l'avons sous notre garde depuis deux ans, nous savons de quoi il est capable.
- Vraiment ?
- Les Aurors à sa recherche font partie du groupe d'élite. Nous ne voulons prendre aucune chance.
Le jeune ministre hocha la tête.
- Répondez-moi franchement, Marcus, dit-il en se penchant vers lui. Y a-t-il vraiment des chances pour que nous mettions la main dessus ? Selon mes rapports, la dernière fois, ça ne s'est pas fait sans casse.
- Il agit avec la force du désespoir, monsieur. Il n'a pas de plan, ni de baguette. En outre, Azîr est la meilleure prison pour casser nos ''déchets''. Après tant de séances d'isolement, je m'étonne même qu'il n'ait pas perdu l'esprit. Quoique c'est peut-être le cas, qu'en sais-je.
Ses doigts tambourinaient sur la surface de son bureau. Il releva les yeux vers l'Auror, impassible.
- Vous avez besoin de plus d'hommes ?
- Ce ne serait pas de refus, monsieur.
- Je vous ferai parvenir un détachement.
L'autre le remercia poliment. Les yeux du ministre se rétrécirent.
- Je compte sur vous pour que rien ne s'ébruite, Marcus. Merlin sait que nous n'avons pas besoin d'une telle publicité en ce moment, dit-il.
- Devons-nous avertir le Ministre ? s'enquit Fletch.
- J'ai dit que je ne voulais pas de fuite. Cet idiot ne doit pas se mêler de cette affaire. Il trouverait le moyen de tout gâcher.
L'Auror se permit un léger sourire, acquiesçant.
- Qui d'autre est au courant ?
- Personne, monsieur. Les Aurors aidant sont sous Fidelitum, de même que les gardes d'Azîr depuis le début de son incarcération. Et je ne crois pas qu'Albus Dumbledore créera trop de remous, de son côté.
- Dur d'en douter, murmura-t-il en se levant.
Il glissa quelques dossiers importants dans sa mallette, la miniaturisa et la mis dans sa poche. Il n'était pas très tard mais il était étrangement las.
- Je compte sur vous pour me tenir au courant, Marcus, fit-il en se levant.
- Oui, monsieur, acquiesça celui-ci en l'imitant.
Ils échangèrent une poignée de main cordiale.
- Souhaitez-vous que l'on double votre garde personnelle ? demanda encore l'Auror.
Il sourit seulement.
- Je ne crois pas que cela soit nécessaire.
- Je ne voulais pas remettre en cause...
Il le coupa en faisant un geste de la main. Ils sortirent ensemble et se rendirent à la zone de transplanage.
- Je veux le dossier de A 0812 sur mon bureau demain matin, Fletch, signifia-t-il avant de disparaître. Et cette fois, n'omettez aucun détails, voulez-vous ?
- Ce sera fait, monsieur.
Il lança sa cape sur le bras d'un fauteuil et s'y laissa tomber, poussant un long soupir. Un elfe de maison lui apporta une coupe de vin rouge sans qu'il n'ait à prononcer un seul mot et s'occupa ensuite de tirer les lourds rideaux aux fenêtres. Regarder à l'extérieur l'horripilait, parfois.
- Quelque chose de léger pour le dîner, Conny, ordonna-t-il d'un ton morne.
- Oui, mon maître, fit-elle en s'inclinant avant de sortir.
Il ferma les yeux, le visage caressé par la chaleur du feu brûlant dans la cheminée en pierre. La maison était calme, comme toujours. Juste la pluie omniprésente à l'extérieur. Il prit un peu de vin, le laissant rouler dans sa bouche pour s'en imprégner le palais. Sec.
Les jours prochains ne seraient pas de tout repos. Avec un fugitif en liberté, et pas le moindre, la tension serait à son plus haut niveau. Si jamais la Gazette tombait sur cette nouvelle, il n'osait même pas imaginer la réaction de la communauté sorcière. Ce serait l'enfer.
C'était dans ces moments-là qu'il se demandait ce qu'il fichait à la tête d'un des plus haut ministère. Il était jeune, se coltinait un passé lourd et, selon beaucoup, passablement louche. Mais les gens, en général, avaient confiance en lui et digéraient sans mal tout ce qu'il leur balançait. Il avait l'impression qu'ils n'apprendraient jamais de leurs erreurs.
Il passa un doigt sur le bord de la coupe de cristal. Une migraine lui avait martelé les tempes toute la journée et il se sentait légèrement nauséeux. Peut-être en lien avec la récente nouvelle. Comme s'il avait besoin de ça. Un problème de plus à résoudre. Plus d'heures au bureau. Il y passait déjà trop de temps, selon beaucoup. Mais au moins, ça aidait à oublier.
Merlin, s'il fallait que Dumbledore ne vienne se mêler de tout ça...
Sans trop y prendre garde, il ferma les yeux et s'endormit.
Le tonnerre grondait et la pluie se déversait violemment. Et pourtant il se tenait là, debout, laissant l'eau imbiber ses cheveux et ses vêtements.
C'était frais.
C'était bon.
Et ça faisait si longtemps.
Il n'aurait su dire exactement. Au début, il avait essayé de garder la notion du temps. Mais il n'y avait aucune horloge et on lui avait pris sa montre. Dans les films moldus, les détenus traçaient des lignes blanches sur les murs pour compter les jours.
Mais la cellule était grise et tristement vide. Qu'il ose simplement demander un bout de craie et on le jetterait en isolement. On lui coupait même les ongles chaque jour parce que des détenus avaient tenté de s'ouvrir les veines par un jour plus triste que d'accoutumée.
Avant que l'on ne l'y emmène, il ignorait pratiquement tout d'Azîr. Une prison comme une autre, croyait-il. Parce qu'Azkaban ne suffisait plus.
À choisir, il aurait préféré Azkaban. Même avec des Détraqueurs.
Azîr, c'était le cauchemar sans espoir de retour. Elle avait d'abord poussé par nécessité, comme un champignon vénéneux au milieu d'une étendue de terre perdue. Entourée par une forêt hostile et peuplée d'animaux magiques que même à Poudlard, on ne se serait pas risqué à leur montrer tellement ils auraient pu détruire l'illusion de beauté qu'ils avaient encore du monde.
Il avait volé un journal, un peu plus tôt. Enfin, pas vraiment volé. Il avait été laissé sur un banc de parc.
Il savait maintenant. Trois ans.
Il avait l'impression d'avoir vieilli de dix et pourtant craignait seulement en ce moment même que la pluie ne s'arrête. De voir son reflet dans les flaques d'eau. Il n'y avait pas de miroir, à Azîr. On allait tout de même pas leur laisser du verre tranchant dans les mains des meurtriers...
Il regarda ses propres poignets intacts quoiqu'un peu rougis. On en portait pas des chaînes pendant tant de temps sans en garder quelques marques.
Et puis contrairement à beaucoup, il n'avait pas totalement perdu espoir. Du moins, il lui en restait suffisamment pour préserver son esprit. Et pourtant entendre les autres hurler, s'entretuer, maudire et pleurer brisait à un rythme fou toutes les barrières, ce qui amenait la nécessité de les rebâtir, jour après jour, dans les grincements de dent et les gémissements. L'hymne à Azîr, l'hymne à la détresse.
Lorsqu'il avait réussit à sortir, puis à courir, et courir encore, jusqu'à tomber de fatigue au beau milieu de nulle part, ses jambes flageolantes ne le portant plus, il avait dormi pour la première fois depuis longtemps. Parce qu'on ne dormait pas, à Azîr.
Le vacarme ne s'y éteignait jamais, que ce soit entre les murs ou dans sa tête.
Et le matin l'avait trouvé, endolori et aveuglé par le soleil.
Il y avait beaucoup de nuages mais assez de lumière pour que ses yeux le fassent souffrir. Au début, il avait eu peur. Il s'était empressé de trouver un endroit sombre et désert, craignant qu'on ne le retrouve.
Et il préférait crever plutôt que de retourner là-bas.
Il avait froid. Très froid. Mais il avait l'habitude de l'humidité et des pierres gelées. Les hivers étaient particulièrement vils entre quatre murs.
Il ne savait plus trop quelle heure il était. Environ quinze heures, peut-être dix-neuf aussi. Il avait dormi un peu dormi. Et goutté la pluie. Il rabattit ses bras autour de lui dans une tentative de se réchauffer vainement. Son ventre gargouilla. Mais la faim, il connaissait aussi. Il dénicherait un truc plus tard. Tout plutôt que la bouillie infâme de la prison dont les détenus disaient qu'elle était fait de la poussière des os des morts du dernier jour.
Il lui fallait sa baguette. Mais jamais il ne parviendrait à Poudlard seul. Il ne savait même pas où il était réellement, géographiquement parlant. Et encore, s'il trouvait le collège, jamais il ne parviendrait à déjouer l'attention de son directeur.
Dumbledore.
Ses poings se serrèrent.
Il le briserait. Il lui arracherait tout espoir, le torturerait et lui cracherait au visage avec un sourire victorieux.
Il vengerait ces années perdues, ces années volées. Il reprendrait tout ce que le vieux fou lui avait pris.
Et seulement alors il le tuerait.
À Suivre...
