Couples canons (ou presque)


Takiko x Megumi

Depuis maintenant deux ans, Takiko faisait toujours en sorte d'être seule à la Saint-Valentin. Ce n'était pas bien difficile, lorsque, comme elle, on changeait de petit ami comme de chaussures - une habitude qui avait commencé il y avait plus de cinq ans. Mais deux ans plus tôt, elle avait décidé d'être toujours seule à l'occasion de cette fête. Ce jour-là, elle avait un véritable amour à célébrer.

Alors, pendant que la brume voilant les rues désertes et les feux de signalisation se dissipait, elle revêtit son sweet-shirt violet à capuche par-dessus son short de pyjama. Dans ses bras, un bouquet de roses blanches. Elle marcha droit jusqu'au bord de la rivière. Parvenue à un endroit bien particulier, elle s'agenouilla dans l'herbe emperlée de rosée qui lui mouilla les genoux et déposa le bouquet de fleurs devant elle d'un geste amoureux, presque révérencieux.

"Bonjour, mon amour, murmura-t-elle tristement à l'eau immobile."

C'était ici que deux ans plus tôt, la fille dont elle était tombée amoureuse s'était ouvert les veines et avait attendu de se vider lentement de son sang, au bord de la rivière. C'était ici que Takiko aurait aimé avoir l'occasion de lui dire qu'elle l'aimait.

"Bonne Saint-Valentin, Megumi, chuchota-t-elle."

Même si Megumi n'a jamais su et ne pourra jamais l'entendre.


Naoto x Kanako

Aujourd'hui comme tous les autres jours de la semaine, Kanako se trouvait enfermée dans son bureau, en train de vérifier des feuilles de comptes et de relire des bulletins de paye. Elle détestait son nouveau travail, il lui donnait la migraine. En plus de présenter une absence totale d'amusement ou d'excitation. Mener des recherches médiales lui manquait. Dieu comme ça lui manquait ! Mais elle l'avait promis à Naoto. D'ailleurs... elle jeta un coup d'oeil par la fenêtre, juste à côté de son bureau. Normalement, il devrait arriver d'ici peu.

On frappa soudain à la porte et l'ex-scientifique bondit de sa chaise, le coeur battant. Elle se força au calme, arrangea ses cheveux acajou, vérifia dans la vitre que son tailleur tombait bien et que son maquillage n'avait pas coulé, puis elle alla ouvrir la porte. Sur le seuil, elle trouva Naoto, aussi posé et ténébreux que d'habitude. A sa grande honte, elle rougit comme une jeune lycéenne et tâcha de dissimuler son embarras en rajustant le col de sa chemise. Et puis, il n'y avait pas de quoi s'emballer ! Ils s'étaient juste croisés par hasard dans la rue, et elle lui avait proposé de venir récupérer son mouchoir, qu'elle ne lui avait jamais rendu.

A partir de là, la marche à suivre n'était pas très compliquée. Il suffisait de se saluer poliment, d'échanger deux banalités sur le seuil du bureau, puis Kanako irait chercher son mouchoir et le lui rendrait. Rien de moins, rien de plus. Et pourtant, dès que Naoto ouvrit la bouche, la jeune femme perdit totalement le sens des réalités.

Elle franchit les quelques pas qui les séparaient, et lui, porté par le même élan qu'elle, s'élança à sa rencontre et l'étreignit étroitement. Elle se pendit à son cou, il l'enlaça par la taille. Avant qu'elle ait eu le temps d'y réfléchir, leurs lèvres s'étaient trouvées et échangeaient des baisers fiévreux et passionnés. Naoto la fit reculer dans la pièce sans cesser de l'embrasser et il referma la porte derrière eux. Une seconde plus tard, ils se retrouvaient par terre. Dix minutes après, ils entamaient ce que font tous les amoureux de la Terre. Trois heures après, Naoto était parti mais il n'avait pas récupéré son mouchoir. Kanako sourit. Tant pis. Cette fois encore, ce n'était qu'un au revoir.


Futami x Natsuko

Futami avait beau ne plus posséder d'enveloppe de chair et de sang, il se surprenait à ressentir encore des sentiments. En grande partie de l'excitation devant ce monde immense et sans aucune barrière qu'il découvrait depuis sa transformation. Une conscience aigüe de l'importance de sa mission , aussi. Et de l'amour. Il repensait encore souvent à Natsuko qu'il aimait tant, qui avait rendu à la vie son âme desséchée. Il n'avait peut-être plus vraiment conscience du temps, qui n'avait plus aucune emprise sur son corps et son esprit, mais savait que c'était la Saint-Valentin, aujourd'hui. Alors, au gré de ses pérégrinations dans l'espace insondable qui entourait la Terre, il lui envoya un unique message. Un coeur, qui apparut comme de nulle part sur l'écran du téléphone portable de la jeune femme. Ni numéro ni visage n'étaient associés à cette délicatesse attention, mais Natsuko comprit. Il n'y avait qu'une seule personne pour penser si tendrement à elle un jour comme celui-ci.


Naoya x Shouko

Autour de lui, tout semblait voilé par la brume. Ce n'était qu'absence totale de consistance, de haut, de bas. Il n'y avait que... l'univers. Un petit bout de monde, loin de tout, presque secret. Naoya regarda autour de lui, intrigué mais guère inquiet. Il connaissait cette sensation. Il l'avait déjà vécue par le passé, à une occasion... Et cette occasion, c'était...

"Shouko ? murmura-t-il, étonné.

-Oui..."

Le jeune homme se retourna, mais derrière lui, il n'y avait que du vide. Il pivota de nouveau, et il sentit deux bras fantomatiques s'enrouler autour de lui avec la légèreté d'une volute de brouillard.

"Je ne peux pas rester très longtemps, murmura Shouko dans un souffle. Je ne sais même pas de quelle façon je suis parvenue à venir ici, mais... je voulais te revoir.

-Moi aussi, ça me fait plaisir que tu sois là, répondit doucement Naoya en posant ses mains sur les siennes. Tu m'as manqué.

-Tu m'as manqué aussi..."

Après cinq années, il n'avait jamais oublié la jeune fille, et il savait qu'il ne l'oublierait jamais. Et il était heureux de voir que, malgré les mondes et les dimensions qui les séparaient désormais, Shouko trouverait toujours un moyen de parvenir jusqu'à lui, sous sa forme irisée et éclatante de couleurs de jeune fille aux ailes de papillon.


Naoya x Rena

Naoya avait pris le train depuis Tokyo pour se rendre dans la ville où habitait Rena. Ça portait sans doute à confusion, de retourner auprès de la jeune fille le jour de la Saint-Valentin, lui qui avait déjà repoussé ses avances implicites, mais tant pis, il avait envie de la revoir. Alors, il avait acheté un billet de train, un bouquet de fleurs, une boîte de chocolats et il était parti. En laissant son frère derrière lui, mais de toute façon, Naoto avait des choses à faire.

Il avait pris le bus depuis la gare et était parvenu, non sans mal, à retrouver la maison de Rena, perché dans la montagne. Pour l'occasion, il s'était mieux habillé. Il avait même mis une chemise. Timidement, il toqua à la porte. A son grand soulagement, ce fut Rena qui lui ouvrit. La jeune fille tiqua, stupéfaite, et resta comme figée sur le seuil.

"Rena..., commença Naoya, le bouquet de fleurs dans les bras, je..."

La jeune fille ne lui laissa pas le temps de poursuivre. Elle se jeta sur lui et l'embrassa fougueusement sur les lèvres. Naoya sursauta, puis devint aussi rouge qu'une pivoine.

"Re... Rena-san..., balbutia-t-il lorsqu'elle s'écarta pour reprendre son souffle, pris au dépourvu par sa réaction."

Mais elle recommença aussitôt à l'embrasser et il n'eut pas l'occasion d'en dire plus. Finalement, il laissa tomber le bouquet et les chocolats au sol et lui rendit ses baisers. C'était, en réalité, son tout premier.


Yukihiko x Naomi

Sa femme Naomi ne lui avait jamais semblé aussi radieuse que ce jour-là, tandis qu'elle mettait le couvert pour leur dîner de Saint-Valentin. Elle chantonnait, le coeur léger, en déposant assiettes et couverts sur la nappe blanche.

"Qu'est-ce qui t'arrive, ce soir ? s'enquit Yukihiko, souriant, en venant la prendre par la taille. Est-ce qu'on célèbre quelque chose de particulier ? Autre que la Saint-Valentin ?

- Oui, chéri : j'ai une grande nouvelle à t'annoncer."

Elle se haussa sur la pointe des pieds et chuchota quelques mots à l'oreille de son mari, dont les yeux s'agrandirent de surprise. Il dévisagea son épouse, incrédule, mais son visage rayonnant prouvait bien assez qu'elle ne mentait pas.

"C'est formidable ! s'exclama-t-il, transporté de joie. Il y a si longtemps que nous attendions ce moment !

-Je le sais !"

Ils s'embrassèrent longuement, aussi heureux qu'il est possible de l'être.

"Papa ? Maman ? Est-ce que c'est bientôt l'heure de manger ?"

Yukihiko et Naomi se tournèrent vers leur fils, âgé de cinq ans, qui venait d'entrer dans la pièce. Ils n'avaient trouvé personne pour le garder, mais peu importait. Ce soir, plus que les autres, était un soir spécial.

"Viens par ici, Naoto, l'invita Yukihiko en se penchant pour le soulever dans ses bras. Papa et Maman ont quelque chose de très important à te dire.

-C'est quoi ?"

Yukihiko et Naomi se regardèrent, se sourirent, puis cette dernière annonça, radieuse :

"Naoto, Maman a fait des tests aujourd'hui, et... elle va avoir un bébé !

-Un bébé ?"

Les yeux du jeune Naoto s'arrondirent de stupéfaction.

"Tu veux dire... qu'il y a un bébé ? Là ? Dans ton ventre ? s'enquit-il en se penchant dans les bras de son père pour toucher l'estomac de sa mère.

-Oui, mon chéri. N'est-ce-pas formidable ?

-Oh, oui !"

Le petit garçon se tortilla pour échapper aux bras de son père et, une fois à terre, il posa ses deux mains sur le ventre de Naomi.

"Un bébé, répéta-t-il, les yeux ronds d'admiration. C'est un petit frère, hein, Maman ?

-Ça, on ne le sait pas encore, mon chéri, répondit Naomi en riant. Mais ça te fait plaisir ?

-Oui, très ! C'est la plus belle Saint-Valentin du monde entier !"

La future mère sourit, attendrie. C'était vrai, après tout. Quelle plus belle Saint-Valentin que celle où l'on apprend que sa famille va s'agrandir ?


Sakie x Tsuzuki

Pour Sakie, la Saint-Valentin était un jour comme les autres. En fait, il était même pire que les autres. Car ses camarades de classe prenaient un malin plaisir à la railler plus que d'ordinaire, pointant du doigt le fait qu'elle n'avait pas de petit ami -honte suprême pour une fille de son âge-, et que le seul homme à avoir accepté de l'approcher, c'était Tsuzuki, leur professeur principal. Qui, en plus, n'avait même pas pour lui d'être particulièrement jeune ou beau. Ces filles allaient probablement trouver un nouveau moyen de l'humilier proprement avant de rentrer chez elles retrouver leur mignon, ténébreux, et parfait petit ami.

Sakie soupira, vaincue d'avance, en refermant son casier. Elle regagna pesamment la sortie du lycée, s'attendant à voir Mihoko ou Kazumi l'empoigner par le col pour la traîner jusqu'au gymnase, ou bien aux toilettes des filles, l'enfermer et lui faire subir des traitements tous plus infâmes les uns que les autres. C'était terrible à dire, mais elle avait l'habitude, maintenant... même si ça ne rendait pas les choses plus faciles pour autant. Rien de d'y penser, la jeune fille avait les jambes en compote.

Mais, quand elle parvint devant les grilles de l'établissement, tendue comme la corde d'un arc, elle eut la stupeur de constater que rien ne s'était passé. Ni Noriko ni Rie n'étaient subitement apparues de derrière un arbre, Miwa ne l'avait pas empoignée par les cheveux pour la tirer dans un recoin. En fait, la cour du lycée était déserte. Il n'y avait... personne.

"Qu'est-ce que... qu'est-ce qui se passe ? murmura Sakie, toujours sur le qui-vive."

Elle remarqua alors, à travers l'une des fenêtres du bâtiment, ses cinq tortionnaires en train de la foudroyer du regard, mauvaises. Stupéfaite, Sakie comprit alors qu'elles se trouvaient en retenue, collées par... elle aperçut également Tsuzuki derrière la vitre et elle comprit. Il avait dû parvenir à les coincer en train de préparer un sale coup, elles qui étaient si difficiles à prendre en flagrant délit, et les avait envoyées en retenue pour la soirée. Ce qui voulait dire... qu'elle était libre, vraiment libre ! La jeune fille avait encore du mal à y croire, mais Tsuzuki lui jeta un regard à travers la fenêtre et elle comprit qu'il avait fait ça pour elle. Pour elle, afin qu'elle puisse avoir un jour de répit... avec leur liaison interdite et clandestine, c'était la seule chose qu'il pouvait lui offrir à l'occasion de la Saint-Valentin. Mais, pour Sakie, c'était déjà immense.

Les larmes aux yeux, elle sourit à son professeur de l'autre côté de la vitre. Et puis, elle rentra chez elle. Sans nouveau bleu, sans nouvelle égratignure, cette fois.


Naoto x Mariko

Lorsqu'il s'était enfui du centre de recherches avec Naoya, de cette prison dans laquelle ils avaient grandi, Naoto n'avait pas du tout pensé à Mariko. Tout ce qui importait, c'était de saisir cette seule, cette unique chance de retrouver leur liberté volée. Quand il l'avait revue à Tokyo, un peu plus tard, il avait juste été triste de constater qu'elle était encore amoureuse de lui, car il savait que cet amour ne connaîtrait jamais de réponse. Mais quand ils étaient revenus au centre, suivant les messages alarmants que Naoya recevait, et qu'ils avaient trouvé l'endroit carbonisé, sans aucune trace de la femme aux cheveux bruns, son coeur s'était emballé de panique.

"Où sont les autres ? Et où est Mariko ? avait-il exigé de savoir auprès de Mikuriya."

Leur ancien tuteur ne pouvait pas leur donner de réponses, et quelques semaines plus tard, Naoto repensait encore, lourdement, à cette femme qui avait été pour lui comme une amie. Et puis, un beau jour, il l'aperçut dans le reflet d'une vitre, qui l'observait, hésitante. A ce moment-là, il cessa de penser à Kanako et aux passants qui les entouraient; il se dépêcha vers la jeune femme et, après l'avoir étreinte, il lui donna un doux, un profond baiser, celui qu'elle avait tant rêvé et jamais obtenu de lui.

Si l'on en croyait les affiches roses décorées de gros cœurs qui ornaient les murs et les vitrines des salons de thé, on pouvait dire que le timing était parfait.


Naoya x Tsukiko (OC de Taura Fall~ Parce que ce pairing devrait -modérément- exister dans l'anime !)

Naoya avait été vraiment réticent à l'idée d'abandonner son frère pour aller compter fleurette à son petit ami le jour de la Saint-Valentin. Mais, comme l'avait dit Naoto, c'était tout aussi difficile -voire plus- d'assister sans rien dire et sans rien faire, comme un spectateur indésirable, aux adorables marques d'affection qu'échangeaient les deux tourtereaux. C'était bien assez souvent le cas ces derniers temps, puisqu'ils trimballaient Tsukiko partout avec eux. Donc, après avoir répété à Naoya que, oui, il se débrouillerait très bien tout seul, et que, non, ce n'était pas grave s'ils se voyaient moins souvent ces derniers temps (enfin, si, c'était grave, parce que ça le rendait terriblement triste, mais il n'y avait pas grand chose à y faire de toute façon), il avait claqué la porte au nez de son cadet. Qui était parti retrouver Tsukiko, le coeur oscillant entre remords et ravissement.

Lorsqu'ils s'étaient retrouvés, les deux jeunes hommes s'étaient embrassés tendrement, et puis Tsukiko avait pris timidement (car tout chez lui reflétait une délicatesse et une timidité charmantes) Naoya par la main et ils étaient entrés dans le petit appartement qu'il louait.

Pour la Saint-Valentin, ils n'avaient rien prévu d'extravagant, ni de traditionnel. Pas de restaurant, de promenade sous les étoiles ou de film romantique. Ils s'installèrent simplement sur le lit du jeune homme, Tsukiko appuyé contre les oreillers, Naoya assis sur ses genoux, leurs jambes entremêlées. Durant de longues minutes, ils échangèrent des baisers, et puis Naoya ôta son sweat-shirt et Tsukiko, sa chemise. Ils s'enlacèrent à demi et le jeune télépathe positionna ses yeux bien en face de ceux de son amant. Tsukiko y plongea son regard, et tout en caressant tendrement les bras et les épaules nus de Naoya, il se perdit dans ses yeux, revivant, grâce à son pouvoir, des instants de la vie du jeune homme. Mais des instants à eux, qu'ils avaient partagés depuis leur rencontre, la timidité et l'attraction du début, les fous rires, les peurs. Mais le tout rempli de tendresse. Naoya, à son tour, grâce à ses propres pouvoirs, perçut le bonheur, l'affection et la plénitude de Tsukiko couler dans son esprit, comme une paisible mélodie tranquille. Ils restèrent ainsi toute la soirée. Comme si le temps s'était arrêté, alors même qu'il était bref, si bref.