Partie 1 - " Follow me into my dream "
Sur une chanson d'Empyr " March On "
March on little soldiers
March on little sinners
Reaching for the end again
Les jours passent mais ne se ressemblent pas, malgré les apparences. N'importe qui n'aurait jamais rien remarqué, n'importe qui aurait cru à mon trintrin habituel. Mais tu n'es pas n'importe qui - malheureusement - et je sais que, malgré ton ignorance, je suis persuadé même, que tu connais ma souffrance, que tu sais que chaque jour, une nouvelle façon de souffrir s'offre à moi. De nouvelles façons peut-être volontaires de ta part. Je n'en sais rien et au fond , rien ne sert que je ne le sache ou pas ; la souffrance reste la même, la mienne. Pourtant, crois moi que je ferme les yeux, que j'essaie de me boucher les oreilles pour ne rien savoir de tes actes, mais ça ne suffit pas. Je finis toujours par sentir ce couteau s'infiltrer dans la plaie que tu as ouverte ce jour là. Il n'y a aucun doute que tu t'es déjà - plus ou moins gentiment - frottée à quelques filles depuis ce que l'on peut appeler " nous ", mais je ne veux pas le voir et je ne le vois pas. Je ne tente même plus une apparition dans les aftershow car je sais plus ou moins ce que tu y fais. Je me doute bien que quand tu reviens à l'hôtel, tu n'es surement pas seul ou alors une bonne odeur féminine doit envahir ton cou et ton tee shirt. Les yeux fermés, les oreilles bouchés, la réalité vient toujours me cogner ; mais je préfère me dire que finalement, si je n'ai aucune preuve, cela ne s'est peut être pas passé. Tu es un homme, je devrais trouver ça normal, et d'un côté ça l'es... pour un homo refoulé. Ne le crois pas si ça peut te faire du bien, ne le crois pas. N'essaye pas de comprendre, Georg. Parce que je crois que pour faire ce que tu fais aujourd'hui, il ne faut pas beaucoup essayer de comprendre. Heureux sont les ignorants, n'est-ce pas ? Mais ça n'a rien de valorisant. Bill - qui est le seul au courant - me reproche souvent de m'éloigner, de m'enfermer loin du monde extérieur, des fêtes et des rencontres ; mais pour moi la solitude est devenu un bonheur, un met rare que je chéris de plus en plus - autant que toi avec ton ignorance. Tellement que je m'en effraies, parfois. Être seul avec ma batterie me suffit. Être seul avec ma batterie remplace le " être seul avec toi ". Parce qu'il ne me reste plus que ça. Parce qu'au fond, ce que je supporte se résume à ça. Parce qu'au fond, je ne supporte plus ces gens qui déborde de bonheur, de tabac et d'alcool, je ne supporte plus ses filles qui viennent m'aborder sans même reconnaître mon penchant pour la gente masculine, je ne supporte plus cette chaleur qui règne dans ces endroits, cette chaleur qui règne près de toi, tout ses gens qui ne savent rien de ma souffrance. Je ne supporte plus rien. Je ne supporte plus ce souvenir et je ne me supporte plus. Je ne supporte plus de t'aimer et je ne te supporte plus. Et parce qu'au fond, la seule chose qui revient toujours, c'est toi.
March on little brothers
March on little sisters
Can you reach the light again
A ce jour, la lumière ne fait que souligner mon visage aux yeux ternes et cernés, fatigué par un amour à sens unique. Mais mon visage t'importe peu, tout comme mon corps. Tu le délaisses aux profits de corps et de visages beaucoup plus fins, beaucoup mieux sculpté pour cet hétéro pour lequel tu te fais passer. Puisque que tu ne l'es pas ou plus, je le sais, je le sens. A moi tu ne me le feras pas croire. Pas après " nous ". Personne ne peux l'accepter à ta place, alors tu le refuses, comme beaucoup font. Tu n'es qu'un lâche.
And I broke my fingers one by one
Just to see if I'm alive
Tu sais, Georg, pendant l'unique moment où tes lèvres ont rencontrées les miennes, je me suis demandée plusieurs fois si je ne rêvais pas, si je n'allais pas me réveiller quelques secondes après, pour me retrouver seul dans mon lit avec pour fond sonore ses petits gémissements de poufs qui me prouveraient qu'un de vous s'est entiché d'une nouvelle Barbie. Mais je n'ai pas rêvé - et peut être aurait il mieux fallu que ce soit le cas. Je n'ai pas rêvé et souffre de ce réel songe chaque heure un peu plus. Tu t'en fou, hein? Dis le que tu t'en fou. Dis le, avoues que la seule chose qui t'importe, c'est de retrouver ton hétérosexualité , de t'en persuader, peu importe le prix, même si elle doit te coûter mes sourires, mon coeur, ma vie, mon corps, tout ce que je t'avais offert sans hésiter - est ce possible d'être aussi naïf ? J'en suis la preuve vivante, ou plutôt morte. Disons la preuve vivante qui se voit mourir. Tu sais, l'amour ne rend pas seulement aveugle. Il rend tout autant con et sourd. Con aveugle et sourd. Je l'étais. Je le suis. Et je le serais encore plus demain, comme je le suis aujourd'hui plus qu'hier. Si tu me lisais, tu te dirais que je suis fou, que je suis mazo, que je fonce volontairement dans ce mur de béton infranchissable. Oui je fonce. Tant pis, je n'ai plus rien à perdre - ou alors tellement de superficialité. Oh, sûrement suis - je déjà rentrée dans ce mur plusieurs fois et même à chaque fois que je finissais en larme, comme une loque tremblante sous ses couvertures qui ne m'amenait aucune chaleur, aucune étant possible de me réchauffer, la seule étant la tienne. Si tu savais... Si tu savais comme tu me manques. Tu me manques. Tu m'as humilié, blessée, délaissée, ignoré, snobé, mais tu me manques. Même des coups me réconforterait, intéresserait une partie de toi à mon corps. Oui , tu aurais raison. Je suis maso, je t'aime.
Follow me into my dream
Tell me if I'm crazy or insane
I saw the one wing angel bleeding
He can't die but he's trapped in his pain
Tu te souviens de cette nuit. Je ne te pose pas la question , car je sais que tu t'en souviens, justement. Tu te souviens de cette soirée à laquelle tu avais trop bu, où j'ai du te raccompagner, t'épauler jusqu'à ta chambre pour finalement te tenir les cheveux pour que tu vomisses, même si la moitié a malheureusement fini sur ton tee shirt. Peut être qu'un jour tu oublieras , peut être qu'un jour tu m'oublieras, mais aujourd'hui souviens toi : tout est parti de là. Tu étais dégoûtant, tu m'écoeurais tellement que je t'ai déshabillé tant bien que mal pour te foutre sous la douche en boxer, t'essuyant comme une mère ferait avec son gamin. Tu rigolais, moi aussi. Ce n'était pas drôle mais j'aimais ton rire. Je t'aimais. L'eau trempait chaque parcelle de ta peau, brillante , me donnant envie de toi, tes mains glissant sur ton corps que je te jalousais - étant plus svelte que le mien. J'essayais de faire abstraction de tes mains sur ton corps, de cette eau qui venait glisser sur ta peau, me frustrant au plus haut point en empruntant tous les chemins interdits à mes lèvres et à mes mains. Et comme un idiot que tu étais devenu l'alcool aidant, tu as trouvé ça marrant de me tirer violemment par le bras pour me foutre sous la douche moi aussi. Je crois que je ne t'avais jamais autant insulté. Je crois aussi que tu n'avais jamais autant ri. Tu avais peut être perdu toute lucidité, mais tu n'avais rien perdu de ta force physique. Trempé jusqu'aux os, j'ai du t'emprunter tes vêtements pour éviter de me faire incendier par la femme de ménage lorsque je parcourrais les couloirs pour rejoindre ma chambre. Un instant je t'ai regardé, allongé en étoile sur ton lit, fixant le plafond qui avait l'air de t'être captivant. Tes cheveux avaient bouclés et en règle général , tu aurais hurlé face à une telle catastrophe capillaire, mais ce soir là, ton sang était encore trop alcoolisé pour que tu ne t'en rendes compte. Tu n'arborais plus aucun signe de superficialité, je te trouvais magnifique. Et tu l'étais. L'évidence était là, je t'aimais, je te désirais, encore plus que ces autres jours où je te le cachais. Et c'est au moment où j'allais me décider à partir, que tu as commencé à parler, ta voix étant toujours celle d'un bourré. Ton attitude aussi , d'ailleurs. Qui aurait pu rigoler d'une telle façon en parlant de sa plus grande frayeur à part un fou ou un bourré ?
_ J'ai la trouille Gus'. J'ai la trouille que Tokio Hotel chute, que Tokio Hotel se sépare. J'ai la trouille d'être séparé de toi. Avais tu prononcé telle une blague ou une petite histoire, avec cette légèreté que l'alcool fournit.
Tu avais le sourire aux lèvres et un petit rire de temps à autre, signe que tu ne savais pas l'impact et l'importance de tes paroles. Tu avais choisi la voie - et voix - du lâche. Tu avais bu pour m'en parler, tu avais bu pour en rigoler, tu avais bu pour ne pas être confronté à ma réaction. Tu ne te doutais pas une seconde, que de retour dans ma chambre, après que je t'ai couché sous les draps et que je t'ai dit de ne plus y penser, tu occuperais ma nuit par mes pensées, laissant mon cœur battre si fort pour quelques mots prononcé par un homme complètement saoul.
The moon crashed on the earth and
I count myself to sleep
'Til I open up my eyes again
Le lendemain matin, accoudé à ta fenêtre, tête baissé et cheveux encore bouclés, je savais déjà ce que tu allais me dire. Je savais déjà que lorsque je m'accouderais à côté de toi, tu commencerais à parler, me présentant tes excuses. En revanche, je n'aurais pas pensé que tu abordes toi-même ce sujet ; c'était généralement moi l'auteur de nos longs échanges silencieux.
_ Merci d'avoir été là hier soir. J'ai vraiment été pitoyable.... C'était ...ma façon à moi de noyer la ... trouille dont je t'ai parlé. Avais tu dis d'une voix hésitante, presque fragile.
_ Georg ...
Combien de fois avais-je essayé d'aborder ce sujet ? Combien de fois l'avais tu fuit alors qu'une réelle discussion s'imposait ? Mieux valait ne pas calculer. Avais tu déjà penser une seconde , qu'un jour, notre passion rendrait l'avenir pétrifiant ? Mieux valait ne pas se retourner. Et aujourd'hui que tu m'en parlais, je n'avais rien à te répondre.
_ Regarde cet immeuble avec cette tour en pique là haut. Si tu grimpe en haut en montant très vite, tu y arrivera le premier, mais tu ne sais pas combien de temps tu tiendras parce que tu est fatigué, et qu'il faut se tenir aux parois pour ne pas glisser. Et si tu glisse, tu tomberas à piques, parce que tu n'auras plus aucune force pour te rattraper. Moi je nous vois, tout en haut, on s'accroche, mais l'on est fatigué. Je ne sais pas combien de temps on tiendra. Je ne sais pas combien de temps je tiendrais, Gustav.
Tes yeux cherchaient du soutien dans les miens. Je savais exactement ce que tu ressentais, je connaissais ta peur : nous possédions la même. J'étais toujours ton secours, mais, malgré moi, je n'avais jamais été réellement capable de te rassurer.
_ Moi non plus. Je ne sais pas combien de temps je tiendrais. prononçais-je lentement d'une voix monocorde.
_ Et si je glisse ? Prononça tu, comme une évidence, comme une fatalité.
_ Je te retiens.
_ Et si tu n'as pas assez de force pour me retenir ?
_ Je glisse avec toi.
Mon regard scrutait le tien. Cela faisait longtemps que je ne l'avais pas vu d'une telle couleur, que je n'avais pas ressenti ce même sentiments qui m'envahissait lorsque tu te confiais à moi, rien qu'à moi. Lorsque tu avais besoin de moi, rien que de moi. Je glisserais avec toi. Je ne suis pas du tout certains que tu puisses faire la même chose pour moi, mais c'est tant pis - voir tant mieux. Sans hésiter , je te suivrais. Sans hésiter, ma vie s'éteindrait avec la tienne.
_ Tu vas sûrement trouvais ça con et niais , tu peux ....
Ne dis rien, j'ai compris. J'ai aussi bien compris que si tu me l'avais crié, que si tu me l'avais supplié.
_ Viens là, petit mouton. Répondis -je dans un sourire, tendant un bras qui vint te serrer contre moi, rapidement rejoint par le second.
Tu faisais souvent ça, il y a quelques années. Quand tu étais contrariée, que tu sortais perdant d'une bagarre ou d'une dispute, instinctivement , je te prenais amicalement mais fermement dans mes bras. Au fur et à mesure de notre étreinte, la fermeté laissait place à la délicatesse, lentement, pour ne pas te déstabiliser. On était jeune, et au fond, nous le sommes toujours... même un peu trop... Mes bras entourant ton torse, je me remémore encore l'odeur de ton après shampoing et cette mèche fourchue que je fixais avant de fermer les yeux, tentant d'isoler notre étreinte du reste du monde. Je sentis tes bras serrer mes épaules un peu plus fort, ce qui déclencha un étrange sourire sur mes lèvres. Tu aurais pu serrer à m'en briser les os que j'en aurais été ravi. Tu avais besoin de moi, et ça , ça valait tous les sacrifices du monde.
_ Tu glisserais vraiment ? Avais demandé ta petite voix douce dans mon dos.
_ Sans hésiter.
Tu n'aurais pas du relever la tête après ces mots. Tu n'aurais pas du croiser nos regards et plonger tes pupilles dans les miennes pour mélanger nos sentiments. Tu n'aurais même pas du prononcer ses mots. Et par ta faute, nos visages se sont trop rapprochés, nos souffles se sont trop mélangés. Par ta faute, nos yeux se sont fermés, nos lèvres capturées dans une extrême douceur que je ne te connaissais pas. Tout était de ta faute. Mes lèvres ne cessaient de capturer ton inférieure, douce prisonnière de ma chair et de ma douceur. Puis soudainement, tu as voulu prendre des initiatives, dépasser la barrière de nos lèvres en pressant tes lèvres contre les miennes avant de les entrouvrir lentement , un brin hésitant, glissant ta langue juste contre ma bouche, qui t'offrit sans attente ce que tu cherchais. Ta main serrait délicatement mon tee shirt, m'attirant vers toi, collant nos torses et nos cœurs agités. C'était tellement beau, tellement fort que mon coeur aurait pu s'en épuiser. Tout était de ta faute. Je tremblais un peu, je crois que toi aussi. J'avais peur que tout se finisse en une fraction de seconde, que tu ne me repousse violemment, brisant ce lien si fragile qui venait s'installer lentement, chatouillant nos cœurs et nos corps. Le désir se mêlant à nos sentiments dont nous ne connaissions même pas la signification, tu m'avais poussé vers le lit, lentement, doucement, mais sûrement. Tu le voulais, je ne t'y ai pas obligé, jamais. Tout était de ta faute. Tes coudes soutenant ton torse au dessus du mien, je n'osais pas relâcher nos lèvres, je n'osais pas croiser ton regard, de peur qu'il ne te sorte de cette sorte de transe dans laquelle tu nous avais mêlé. J'avoue avoir été égoïste à ce moment là. Mais ça restait tout de même de ta faute. Et doucement, tu avais posé ton bassin sur le mien, l'appuyant discrètement, avant qu'il ne caresse son homologue lentement , trop lentement. Mon corps te rassurait, je l'ai compris plus tard. Aucun de nous deux n'était près, et nous le savions, mais c'était tant pis. Nos corps nous appelait, nos corps s'aimaient. Du moins, pendant cet instant là. Le désir remplaçait ta peur, envahissait ton corps et te faisait tout oublier. Tout oublier sauf ma présence. Une main s'emmêlant dans tes cheveux, profitant de cette bulle qui nous entourait, j'avais laissé l'autre partir sous ton tee shirt, découvrant une peau plus douce que je ne le croyais. La tienne avait pris le même chemin, instinctivement. Nous étions comme enfermées dans une bulle de douceur, de plaisir, de chaleur. Une bulle si précieuse et pourtant si fragile. Cette bulle dans laquelle nos bassins s'entrechoquaient, dans laquelle mon cou était couvert de tes baisers, dans laquelle le temps s'était arrêté. Cette bulle dans laquelle mon cœur s'est brisé lorsque les cris des jumeaux dans le couloir l'avaient faite éclatée. Elle était si confortable, si précieuse et pourtant ... Sursautant, tu m'avais observé avec peur, tristesse, venant ensuite le dégoût avant que tu ne saute du lit, trébuchant même. Avant de sortir, tu avais jeté un dernier regard derrière toi, le premier que je n'ai jamais réussi à déchiffrer, le premier à avoir nourri cette blessure. Ce « nous » n'avait duré que quelques minutes, m'étant paru des heures, mais il avait suffit à détruire la carapace que je m'étais construit quelques mois auparavant, celle qui réussissait plus ou moins à ralentir ma destruction, celle que tu avais déclenchée, sans le savoir.
March on little brothers
March on little sisters
Show them what you've got inside
Et les jours passent , sans se ressembler, comme les souffrances se succèdent , toute plus originales et variées. Je n'aurais jamais cru la douleur aussi vicieuse. Et j'aurais préféré ne pas le savoir. Je ne t'aurais jamais cru aussi lâche et vicieux. Et j'aurais préféré ne pas le croire.
