Afin d'éviter le spoil, il est conseillé d'avoir lu la fin d'Animorphs (volumes 53-54 (ou volumes 47-48 en français)), si possible même toute la série (y compris les volumes qui n'ont jamais été traduits en français (vol 47 à 52), Vysserk et Les Chroniques des Hork-Bajirs) avant de lire cette fanfiction. Plusieurs chapitres se déroulent au moments des volumes non traduits.
Sinon, il est très possible de comprendre l'histoire sans cela. La preuve en est que certains de mes amis me lisent sans avoir lu un seul Animorphs ' (Je les remercie particulièrement, d'ailleurs).
Laissez-moi une chance de vous divertir, svp et n'hésitez pas à faire des commentaires et des critiques (constructives je vous pris) ! Je lirai et répondrai, sans faute.
Cette fanfiction fera 12 chapitres lorsqu'elle sera finit (ce qui ne saurait tarder, à présent). Bonne lecture à tous !
Chapitre 1
Deux ans avant la fin de la guerre sur Terre.
Je me nomme Ronny.
C'est le nom de mon hôte. Mon nom yirk est Elbarn 2-7-8. Je suis né il y a 6 années terriennes (1993 - génération 698, fin de cycle) dans le Bassin Nirrp-Niarr d'un grand vaisseau-mère. Nous sommes partis pour la Terre afin de renforcer les troupes déjà présentes sous le commandement de Vysserk 2.
Enfin je dis « nous »… mais je n'étais qu'une « limace » dans un bassin de « limaces », comme disent les Humains. Je n'avais rien à faire de plus que me tenir prêt si l'on m'appelait à combattre. Mais je n'avais pas grand espoir, car je n'étais doué en rien, et je ne serais bon qu'à jouer les chairs à canon… Ce dont le Vysserk présent à bord ne se privait pas d'utiliser. Avec son hôte andalite, il était vite monté dans la hiérarchie, et avait toute hâte de rejoindre la Terre, comme si celle-ci l'avait provoqué.
Aussi me contentais-je de nager dans mon coin et de lire les dernières informations sur les moniteurs du Bassin. J'appris peu sur la Terre, bien que Vysserk 2 l'ait repéré il y a maintes années. Vysserk 5 et lui semblaient en froid, selon mes quelques amis qui avaient la chance d'avoir un hôte. Aussi, il semblait plausible que Vysserk 2 rechigne à délivrer des informations à son concurrent.
A notre arrivée, ma condition changea peu. Le vaisseau-mère resta en orbite, mais nous fûmes déménagés petit à petit dans le Bassin placé dans le sous-sol de la planète.
Là, j'appris que Vysserk 2 donnait le commandement de l'invasion de la Terre à Vysserk 5, avant de partir rejoindre un autre front.
Ainsi, mes frères et moi étions sous les ordres de cette brute sanguinaire… Je n'avais plus vraiment hâte d'avoir mon premier hôte.
Déjà auparavant, l'idée de sortir du Bassin douillet et chaud pour pénétrer un corps inconnu qui risquait de se rebeller m'angoissait au plus haut point. Mais devoir suivre les ordres d'un fou dangereux qui considère ses « frères » comme de la chair à canon et qui les sacrifie pour son profit personnel et ses rêves de gloire… J'étais terrorisé !
Il me faut avouer que je suis loin d'être courageux. Je ne comprends pas réellement cette guerre, mais mes frères disent depuis toujours que je suis un idiot, ceci explique sûrement cela.
La guerre était peu avancée, car Vysserk 2 tenait à ce que l'on envahisse cette planète progressivement et sous couvert, car ses habitants, loin de pouvoir voyager dans l'espace-Zero et ignorant l'existence des « extraterrestres », n'en restaient pas moins incroyablement nombreux et dangereux, d'après ce qu'on en disait. Mes frères riaient à l'évocation de leur dangerosité, mais Harkar 6-5-6, un de mes vieux amis, qui possédait à présent un hôte humain, ne semblait pas plaisanter.
Trois années après notre arrivée, alors que Vysserk 2 était monté au plus haut de la hiérarchie des Vysserks, et que Vysserk 5, à force d'animosité et d'ingéniosité, le talonnait de peu, j'obtins enfin mon premier hôte.
Un Gedd.
Lorsqu'on me l'appris, je compris que je n'aurais droit qu'aux tâches ingrates à l'intérieur du Bassin, tel que le nettoyage et la gérance des Taxxons. Les Taxxons… Je ne sais encore qui me terrorisait le plus : eux ou Vysserk 3. J'avais pu comparer la force d'un Gedd et d'un Taxxon sur les moniteurs du Bassin, ce qui m'avait fait douter de l'utilité de nous allier à de tels êtres. Aussi, cette nouvelle, annoncée joyeusement par mon frère Ixrat 4-7-1, fut loin de me griser.
Le lendemain, à l'annonce de mon nom, j'étais comme un criminel humain montant sur l'échafaud. Je devais d'ailleurs mettre encore moins de volonté que je le pensais, car les ultrasons semblèrent répéter mon nom avec plus d'énervement, aussi me pressai-je d'avantage vers le pont d'infestation. Le bassin s'était tellement agrandit ces derniers mois que je crus ne jamais y arriver à temps.
Enfin je repérai l'ouverture, un simple trou sur une surface légèrement rugueuse. Elle me paraissait trop étroite pour m'y engouffrer, aussi me questionnai-je un instant sur l'existence d'un autre conduit. Affolé comme je l'étais, je n'arrivais plus à me souvenir des règles d'infestation que j'avais lues et relues depuis ma naissance. Moi, l'incapable, l'idiot de ma famille, je me devais au moins de réussir mon infestation. Je me l'étais promis… Mais le jour venu, j'étais comme une jeune larve tout juste formée.
Réagis ! me dis-je enfin.
Quelques idées, des notions que je connaissais, me revenaient à l'esprit, et j'entrai tant bien que mal dans le petit espace. Me tortillant, prisonnier de ce conduit trop étroit, le stress me poussant toujours plus profond, j'arrivai enfin dans la boîte crânienne. Je touchai le cerveau, deux fois plus gros que moi, et sentis sa chaleur, son élasticité, son électricité. Soudain grisé, je me souvins des règles à suivre et m'étalai afin de recouvrir la plus grande surface, me glissant dans les rares interstices. Mes palpes trouvèrent les « commandes » et il ne me fallut pas plus de deux minutes pour trouver comment ouvrir les yeux.
Mais cela ne semblait pas un record aux yeux de la créature qui se tenait devant moi.
« Elbarn 2-7-8, imbécile, je n'ai jamais vu un tel boulet ! Ixrat m'avait prévenu que tu étais lent, mais je ne pensais pas que c'était à ce point ! C'est bon, tu as le contrôle cette fois ? Ou va-t-il falloir que je te soutienne ainsi toute la journée ? C'est que je n'ai pas que ça à faire moi !
- Arrrrrrrhh, » tentai-je de répondre.
Il fit une grimace méprisante, que je ne déchiffrais pas sur l'instant. Manifestement, mon exploit était loin de l'émerveiller. Honteux, j'osais à peine bouger un muscle de ce nouveau corps que je contrôlais peu à peu.
« Non mais c'est pas vrai, bouge-toi, vas voir le Sous-Vysserk 87, il te donnera ton affectation. Allez, plus vite que ça ! »
Je réagis enfin et me mis à clopiner difficilement dans la direction qu'il m'avait montrée. Espéraient-ils vraiment que je puisse savoir en quelques minutes comment utiliser ce corps ridiculement grand, ces membres dont je n'avais eu qu'une vague idée, ces yeux qui me montraient tant de choses que je ne connaissais pas. Et cette bouche d'où ne sortait qu'une ignoble bouillie de paroles sans le moindre sens.
Tout en mettant un pied devant l'autre, cherchant mon équilibre, je réalisai soudain que je n'avais pas encore regardé dans la mémoire du petit être tordu, à part ce qui concernait l'utilisation des membres. Après une brève recherche, je me mis à marcher plus droit, avec une certaine stabilité malgré la différence de longueur des jambes.
Je fouillai un peu plus loin dans le cerveau lent de mon hôte afin d'y trouver l'image de mon supérieur. Mais tout me semblait compliqué, incompréhensible pour moi qui n'avais le sens de la vue que depuis cinq minutes. Je n'arrivais pas à analyser ce que je voyais ni à le comparer avec les bribes de mémoire qui restaient à cet être détruit par des années d'infestation.
Soudain, on me prit par le bras, et l'on me tira vers la droite. Je tournai la tête et vit un être, plus petit que l'hôte du garde qui m'avait reproché ma lenteur, et sans lame, mais plus grand que mon propre hôte et avec des jambes de la même longueur. Les muscles n'étaient pas aussi puissants que ceux qui m'avaient retenu lorsque je cherchais comment utiliser mes sens et mes membres, mais je ne pouvais pas lutter contre lui pour autant.
« Ne me regarde pas avec cet air abruti, Elbarn ! me lança-t-il avec un sourire en coin. C'est moi, Harkar ! »
Je fus si surpris que je faillis tomber.
Harkar ! Mon vieil ami Harkar ! Dans ce corps immense ! Avec cette force ?!
Je n'en croyais pas mes yeux. C'était à la fois comme si le monde que je connaissais s'écroulait, et comme si un autre, cent fois plus merveilleux, apparaissait à la place.
« Tâche d'au moins enlever la bave du coin de ta bouche avant de te présenter devant le Sous-Vysserk, » me conseilla-t-il en me tendant un carré blanc – un mouchoir d'après ce que j'appris plus tard – avec toujours ce léger sourire au coin de son orifice buccal.
Cherchant au plus vite à apprendre ce qu'était de la « bave » et comment me tenir devant mon supérieur, je fus surpris de me retrouver subitement devant un être immense au corps parsemé de lames.
« Sous-Vysserk, commença Harkar, voici Elbar 2-…
- Est-il si idiot qu'il ne connaît pas même son nom ? coupa aussitôt le Sous-Vysserk d'une grave voix impérieuse.
- Jeurrrr… je rrruis…, bafouillai-je en Galard.
- Tu n'as pas encore l'habitude d'utiliser cette bouche, mais je te conseille de te dépêcher !
- Ouiiirrr Sourrrrr-Vyrrrssserrrrkrrrr, jerrr suiirrrr Errrrlbarrrr deurrrr-serrrt-rruitrr du Barrrsin derrr Nirrrrrrrp-Niarrrrr.
Pendant tout le temps qu'il me fallut pour m'exprimer, une grimace amusée apparu lentement sur le visage du Sous-Vysserk.
- Tu as au moins su dire le nom de ton Bassin sans erreur », rigola-t-il enfin.
Une chaleur s'empara de mon nouveau corps, au niveau de la tête et du torse, mais j'étais bien en peine d'analyser cela, mon esprit obnubilé par le sourire moqueur de mon supérieur.
Il me donna mon affectation, le nettoyage des enclos de Taxxons, qui fut mon occupation principale pendant les mois qui suivirent. Ce n'était certes pas un boulot passionnant, mais au moins n'étais-je jamais en danger, bien à l'abri du Bassin. Du moins tant que je restais loin de Vysserk 3 et de certains Sous-Vysserks agressifs.
Enfin c'est ce que je crus, jusqu'à ce jour, un an plus tard.
L'effervescence qui régnait au Bassin après la destruction d'un grand Vaisseau-Dome andalite et l'annihilation d'un des plus grands ennemis de mon peuple, nous transportait tous de joie. Moi-même, peu intéressé par la guerre, me sentais enthousiaste à l'idée d'une aire nouvelle. Le Vysserk et ses plus proches collaborateurs étaient les seuls inquiets, à cause de rumeurs concernant des enfants qui auraient vu les vaisseaux. Mais nous étions tous persuadés de bientôt les attraper, et qu'ainsi tout risque serait écarté.
Mais tout ceci ne dura pas plus de quelques jours.
Car soudain, nous fûmes attaqués. Je venais tout juste de finir ma journée de travail quand un géant gris – un éléphant – émergeât d'entre les entrepôts. Figé de terreur, je vis des Hork-Bajirs courir lui faire face, puis s'envoler dans les airs sous les coups de cet incroyable monstre – j'ignorais encore à cette époque que de tels animaux existaient sur cette planète et avais très peu d'idée sur la faune et la flore locale. Je vis mes frères Ixrat et Rermil se jeter dans le combat avec leur corps hork-bajir, mon frère Hirrna restant en retrait, figé tout comme moi dans son corps de Gedd. C'est alors que j'aperçus les compagnons de l'éléphant, une forme orangée leste et rapide et une sorte d'Humain ou de Gedd aux poils sombres et à la force de Hork-Bajir – un tigre et un gorille – se jeter sur mes frères. Ce fut la dernière fois que je vis Ixrat. Le gorille réussit à ouvrir des cages et à libérer des Humains et des Hork-Bajirs. Les Andalites – comme nous devions le supposer par la suite – commençaient à s'enfuir quand le Vysserk arriva dans une de ses monstrueuses morphose. Peu d'hôtes réussirent à s'enfuir, la plupart ayant été abattu avant de pouvoir sortir, mais les Andalites s'échappèrent.
Commença alors pour nous, petits soldats de l'Empire Yirk, les années de terreur.
Le Vysserk, contrarié de ne pouvoir les attraper, se défoulait sur ses sous-fifres en les massacrant parfois par groupes entiers. Je n'osais plus approcher le moindre Hork-Bajir, le moindre Taxxon, et encore moins le Vysserk.
Mais l'invasion continuait tout de même, en bonne partie grâce aux clubs tels que le Partage, que nous avions réussi à développer dans trois pays. Malgré tout, ce fut une surprise pour moi quand Harkar vint m'annoncer que j'allais changer d'hôte. Je le soupçonnais d'avoir intercédé en ma faveur, et ne savais si je devais l'en remercier ou le lui reprocher. Cela dépendrait certainement de l'hôte et de ma nouvelle affectation.
