Les personnages de détective Conan ne m'appartiennent pas, et c'est sans doute une excellente chose pour eux vu ce qu'ils vont subir dans cette fic. Remercions donc le ciel qu'ils soient toujours entre les mains de Gosho Aoyama.
Suite à un pari stupide, je me suis engagé à écrire une fanfiction ShinichixRan… Je la dédicacerais volontiers à deux folles et un petit fripon, mais je ne suis pas sûr qu'il veuille y être associés… Enfin, s'ils insistent quand même, je le ferais.
Bon, et avant de commencer à lire, gardez en tête que cette fic contiendra de multiples scènes de torture, tant physiques que psychologiques, donc s'il y a une limite à ce que vous voulez voir subir à vos personnages préférés, reculez dès maintenant…
Requiem for a dream
Prologue
La vie tenait décidément à peu de choses… Trois petits mots pouvaient constituer autant de maillons qui vous y enchainaient, alors même que vous ne demandiez pas mieux que de tirer votre révérence de la scène pour de bon…
Je te protégerais…
Une promesse qu'un idiot vous avez murmuré à la va-vite, avec un regard tellement sérieux, beaucoup trop pour ce qui n'était qu'une démonstration d'humour involontaire au mieux, un poison bien plus radical que celui qu'elle avait conçu, au pire…
L'espérance… Dante avait cru bon de bannir cette petite menteuse de son enfer, une décision que Shiho Miyano avait approuvé, mais qui laissait la petite Haibara des plus sceptiques…
Après tout, comment les damnés aurait-il pu endurer leur captivité, et son cortège de tourments, s'ils ne continuaient pas de rêver du paradis qui leur avait fermé ses portes ?
Et la petite Haibara ne pouvait pas s'empêcher de rêver… Rêver qu'un stupide détective vienne franchir la porte de sa cellule, avec cet insupportable sourire qui lui aurait épargné la peine de se faire tatouer je t'avais bien dit que tu pouvais me faire confiance sur le front…
Alors même qu'elle était immergée jusqu'aux épaules dans le lac de glace du neuvième cercle, aux côté d'un ange qui ne méritait pas sa déchéance, cette fois… Un ange qui n'avait rien à envier au Lucifer de Dante pour ce qui était de sa bêtise, cependant…
Il pleurait et continuait de battre ses ailes frénétiquement pour regagner son paradis, sans se rende compte que c'était précisément ce qui le maintiendrait dans son enfer jusqu'au bout… D'où croyait-il que venait l'eau qui avait gelé pour les emprisonner, si ce n'était de ses yeux? Et qu'est ce qui avait abaissé la température de ces larmes si ce n'était le vent soulevé par ses propres ailes ?
Haibara n'avait pourtant pas le cœur de briser les dernières illusions de Ran… En partie parce que ce moment viendrait bien assez tôt…Ils y veilleraient… En partie parce qu'elle était bien mal placée pour lui faire des reproches sur ce point…
L'infortunée dont on maintenait la tête sous l'eau de force savait pertinemment que retenir son souffle ne ferait que prolonger inutilement son agonie, et que se débattre pour échapper à la poigne de ses tortionnaires était futile, et pourtant… jusqu'au bout… elle s'efforçait de maintenir sa dernière étincelle de vie à l'abri de cette eau glaciale qui menaçait de l'étouffer pour de bon…
Même enchainée au peloton d'exécution, la condamnée à mort ne pouvait s'empêcher de guetter aux alentours du coin de l'œil, dans l'espoir stupide d'apercevoir le messager qui avait attendu le tout dernier moment pour apporter sa grâce…
Quand vous avez l'infortune de vous réveiller au sein d'un cercueil dont on avait cloué le couvercle un peu trop prématurément à votre goût, avant de procéder à l'inhumation, vous ne pouvez pas vous empêcher de frapper du poing les quelques planches de bois qui vous sépare d'une avalanche de terre…
Pourquoi les choses auraient-elle du se passer différemment pour les deux adolescentes qui avaient eu l'infortune de s'éveiller en sursaut d'un cauchemar, celui de leur capture par une organisation criminelle, pour être accueillies par l'obscurité glaciale d'une cellule ?
Depuis combien de temps les avait-on maintenu dans ce lieu dont les architectes avaient congédié la lumière du soleil ? Quelques heures ? Une nuit entière ? A moins qu'il ne s'agisse d'une après-midi ou d'une matinée ? Peut-être même que toutes les réponses avaient été correctes à tour de rôle…
Quelle importance ?
Au tout début, cela n'avait pas été trop grave… Ran s'était efforcée de rassurer sa petite compagne de cellule, la serrant doucement dans ses bras, lui caressant gentiment les cheveux, lui murmurant que cette fois encore, elle avait prévenu la police avant d'écouter ses intuitions vis-à-vis du danger qui guettait une petite métisse, que si le commissaire Megure et son équipe avaient le moindre problème à retrouver leur trace, son père serait là pour les assister… Et puis… Dans le pire des cas, ou le meilleur selon le point de vue, il y aurait toujours cet imbécile qui lui avait juré qu'il retrouverait toujours une amie d'enfance, où qu'elle se cache…
Un petit ajout de dernière minute, qui avait été enrobé d'un rire aussi gêné que nostalgique, mais Haibara soupçonnait que c'était le reste du discours de Ran qui était accessoire, tandis que c'était ce petit addendum qui constituait l'essentiel…
Après quelques instants, ou quelques minutes, de silence, une métisse s'était senti obligé d'ajouter que de son côté, elle avait un imbécile de camarade de classe qui avait juré de la protéger, quoi qu'il puisse leur arriver… Un écho ironique dans tous les sens du terme… Si les similitudes avec la prière de Ran envers un certain détective aurait suffit à justifier ce qualificatif, le ton moqueur de la prière d'Haibara envers son propre détective aurait rempli cet office, le fait qu'elle n'avait jamais autant cru en cet imbécile qu'au moment où elle prétendait tourner sa promesse en dérision était juste la cerise sur le gâteau…
Dans tous les cas cette ironie égaya le silence de la cellule par un rire, un rire partagée par une fillette et une lycéenne, et qui n'aurait pas dépareillé si les circonstances avaient été beaucoup plus propices pour le déploiement d'une joie innocente, dont la douceur ne serait pas entachée par l'amertume du doute…
Mais dans une obscurité aussi noire que celle de la cellule d'un syndicat du crime, la moindre étincelle d'espérance remplissait aisément le soleil qui en avait été congédié, que ce soit par la lumière qu'elle projetait sur leur situation ou la chaleur qu'elle apportait aux deux prisonnières, en complément de celle qu'elles recherchaient en se blottissant l'une contre l'autre, à défaut de pouvoir la trouver autour d'elle…
Une étincelle dont la lueur brillait par intermittence, sans jamais quitter la prison pour de bon, quand l'une des deux compagnes d'infortune ne se sentait plus la force de la retenir entre ses doigts, cette petite flamme capricieuse se réfugiait dans le corps de l'autre, dissipant toute tension et séchant les larmes qui avaient réussi à s'écouler… Et au contact prolongé de cette petite flamme moribonde, des braises finissaient par se rallumer sous la cendre… Un petit jeu de chaise musical qui semblait déterminé à se poursuivre indéfiniment, au plus grand malheur, ou bonheur, d'une scientifique…
La plus mauvaise configuration pour un sevrage resterait un couple de drogués sous le même toit, dès l'instant où l'un d'eux parvenait à délivrer ses épaules du joug de l'addiction, l'autre succombait fatalement à la tentation, incitant le premier à en faire de même à son tour…
Au bout d'un certain temps, le couvercle de la boite de Pandore se décida néanmoins à s'entrouvrir, non pas pour laisser fuir l'espérance, mais pour l'apporter à celle qui avait été confinées dans cette prison à sa place...
Lorsque la silhouette de Shinichi se découpa dans l'embrasure de la porte, au sein d'un flot de lumière qui poussa les deux prisonnières à cligner des yeux, elles purent savourer la joie de voir que leurs prières n'étaient pas tombées dans l'oreille d'un sourd…
Si Ran s'abandonna à la joie, au point de relâcher son emprise protectrice sur une métisse pour se relever péniblement et tituber en direction d'un ami d'enfance, Haibara demeura réfugiée dans l'ombre, incrédule…une incrédulité qui fût renforcée par la tristesse du sourire que leur adressait un détective, et qui n'était pas celui qu'elle avait anticipé…
De son côté, une lycéenne avait fermé les yeux, au sens propre comme au figuré, sur les circonstances qui accompagnaient ses retrouvailles avec Shinichi…
Au tout début, elle mit l'absence de réciproque à son étreinte sur le compte de la surprise de sa cible…mais le contact glacial d'une chaine de menottes la ramena brutalement à la réalité…
Une réalité où ce n'était pas l'envie d'enlacer une camarade de classe qui manquait à un détective, mais la possibilité de le faire… Une réalité où en ouvrant les yeux, elle croisa le regard amusé de celui qu'elle n'avait plus revu une seule fois depuis cette nuit fatidique dans un parc d'attraction…
Cet homme dont la longue chevelure capturait la lumière alentours pour l'emprisonner dans ses filets, au point d'y gagner une teinte argentée, cette homme dont l'âme semblait aussi noire que les vêtements, cet homme sur lequel elle se serait volontiers précipité avec autant d'empressement qu'elle l'avait fait pour Shinichi, s'il n'y avait pas eu un ami d'enfance pour s'interposer…et le canon d'un revolver pointé droit vers son dos, tandis qu'on l'escortait jusqu'à la cellule…
La boite de Pandore avait bien daigné s'entrouvrir pour accueillir l'espérance de deux jeunes femmes, mais elle ne l'avait pas fait de la manière qu'elles avaient anticipée…
