Cette courte histoire se situe en saison 5 après l'intégration du groupe à Alexandria et part du prérequis que Daryl n'a jamais recroisé la voiture avec la croix blanche et donc jamais retrouvé Beth à Grady. 100% Bethyl.
À la base c'était une One Shot, mais comme elle commençait à devenir longue je l'ai coupé en 4 petites parties. Ceci étant, cela reste foncièrement une One shot, donc n'attendez pas de grands développements ^_-
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RETROUVAILLES
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Partie 1
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Il marchait comme une âme en peine devant les tombes entourant la petite maison funéraire quand Mutt se mit à grogner vers la forêt.
Lors de son premier retour en ces lieux, Daryl avait retrouvé le chien venu des mois plus tôt les interrompre avec Beth. Depuis, il n'avait pas eu pour cœur de le repousser. L'animal n'avait pourtant vraiment pas besoin de maître pour survivre, se débrouillant très bien par lui-même. Mais il fallait croire que la compagnie humaine lui manquait réellement. Si bien que Daryl s'était lui-même habitué à sa présence, rappel constant de ce qui lui manquait vraiment.
Le hasard avait voulu que la bête l'ait approché quand il avait retrouvé l'ancien sac de survie de Beth, délaissé sur le bord de la route, là même où elle avait disparu…
L'objet sacralisé était depuis précieusement stocké dans sa nouvelle zone de repli. Avec le chien, ce sac était sa preuve qu'elle avait existé, qu'ils avaient partagé de bons moments à deux. Si seulement il avait pu mieux en profiter, ne pas se refréner par peur et timidité… Il n'aurait pas tant de regrets.
Après son énième tour en cette zone qui avait été le théâtre de sa disparition, alors qu'il venait de présenter ses hommages à la tombe qu'il avait lui-même creusée quelques jours plus tôt, le chasseur s'apprêtait à repartir quand la curiosité de voir ce qui sortirait des bois le figea sur place.
S'il s'attendait à voir émerger un groupe de marcheurs, les pas s'avérèrent très vite beaucoup trop rapides. Plus le son se rapprochait et plus il était certain qu'il s'agissait d'une personne à bout de souffle. S'attendant finalement à découvrir une tout autre menace, Daryl prit en main son arbalète pour mieux faire face à ce qui se présenterait à lui, quand enfin une silhouette se dessina jusqu'à se révéler tout entière en sortant des bosquets.
Alors il fit face à l'incroyable, l'imprévisible !
- D... Daryl ?
Devant lui se trouvait la silhouette longiligne de Beth. Mais en lieu et place de la jeune femme lumineuse qu'il avait perdue, il ne restait qu'une ombre aux joues creuses, entièrement couverte de boue, de sang et de tripes séchés.
- Beth ? Co... comment ?
L'interruption soudaine de deux marcheurs incita Daryl à détourner les yeux de ce qui aurait bien pu n'être qu'un fantôme, le temps de tirer ses flèches. S'approchant alors des morts pour récupérer ses munitions, il vit un couteau dans l'orbite de l'un d'eux. Comprenant que la jeune femme avait dû leur faire face, avant de perdre prise sur son arme l'obligeant à les fuir, Daryl ôta non sans mal le couteau coincé dans l'os. Le nettoyant sur son bas de pantalon, il le présenta aussitôt par la garde à son propriétaire légitime.
- Merci...
- Tu... Tu ne peux pas être réelle... Ce n'est pas possible...
- C'est bien moi, Daryl.
Totalement choqué par cette apparition, le chasseur tendit sa main pour la toucher dans un besoin viscéral de s'assurer qu'il s'agissait bien d'un corps chaud et non d'une illusion associée à la présence physique d'un marcheur.
Il frôlait ainsi une cicatrice qu'il découvrait sur sa joue gauche, quand Beth recouvrit sa main rêche de ses propres mains tremblantes, laissant échapper quelques larmes que Daryl n'eut aucun mal à sentir sur ses doigts.
- Je t'ai trouvé... J'ai réussi… Je t'ai trouvé... pleura-t-elle
- Mon amour...
Si la jeune femme fut surprise par le mot qu'il employa, elle n'en montra rien. Comme elle ne le repoussa pas quand il se saisit distinctement de ses épaules pour l'entraîner contre sa poitrine où il l'enserra avec force. Dès lors, il put sentir ses soubresauts, sans doute mélange de pleurs et d'incrédulité, avant que le corps fin recroquevillé tout contre lui perde subitement toutes ses forces.
S'abaissant avec Beth au sol, il attendit le temps nécessaire pour lui laisser la possibilité de revenir un peu à elle, ne cessant pour autant jamais son étreinte ou ses caresses inconsciemment offertes à sa chevelure alors si terne. Quand elle s'éloigna finalement légèrement, Daryl ne put s'empêcher à nouveau d'effleurer les contours de son visage, toujours plongé dans l'incroyance de cette scène.
- Tu vas bien ? Tu es blessée ?
Il avait si peur de la retrouver pour la découvrir mortellement blessée ou bien pire, récemment mordue.
- Non... Juste...
Elle n'avait pas vraiment besoin d'en dire plus. L'épuisement s'affichait clairement à travers le tremblement incessant de ses mains ou les traits tirés de son visage couvert d'un mélange de boue et de sang séché. Daryl la regarda finalement fouiller dans son sac besace d'où elle extirpa une bouteille contenant un maigre fond d'eau trouble. Ne pouvant la laisser s'en repaître, il la lui arracha sans tarder pour la jeter loin d'eux.
- Daryl ! Non !
Comprenant qu'elle n'avait sans doute que cela pour se désaltérer depuis un moment, Daryl coupa court à son reproche en lui présentant la bouteille que lui portait dans l'une des poches de jambe de son pantalon cargo déniché lors de son court séjour à Alexandria.
- Prends celle-ci. C'est de l'eau propre.
- Oh... Merci.
La voyant n'avaler que quelques gorgées, Daryl l'incita à boire autant que nécessaire.
- Ne te prive pas. Je sais où en trouver à volonté pas loin d'ici.
S'assurant de cette promesse en le regardant bien dans les yeux, Beth fut suffisamment convaincu pour reprendre la bouteille et la vider au trois quarts. Elle avait tant manqué d'eau dans sa course effrénée pour fuir un troupeau de marcheurs. Mais avant tout pour retrouver le chemin de la maison funéraire.
Depuis son évasion d'un hôpital d'Atlanta, une voix intérieure n'avait cessé de la pousser à aller au plus vite pour rejoindre le lieu où elle avait été arrachée de son compagnon d'infortune des mois plus tôt. Elle ne saurait jamais expliquer pourquoi elle avait ainsi couru des jours durant, s'arrêtant à peine quelques heures par nuit pour tenir dans sa fuite échevelée. Elle n'avait plus même pris le temps de trouver de quoi se restaurer ces deux derniers jours, alors qu'elle avait terminé ses maigres réserves.
Mais à cet instant, démunie de toute force, elle remerciait son instinct qui l'avait incité à se pousser au-delà du raisonnable. Sans quoi, peut-être n'aurait-elle jamais eu la chance miraculeuse de retrouver si facilement Daryl.
- Hé... Donne-moi ton sac.
S'exécutant sans protester, Beth le vit prendre rapidement l'anse du sac pour le faire reposer sur son torse, puis agir de même avec son arbalète. Après quoi, il se tourna pour lui présenter son dos. Vieux rappel d'une autre époque... La sentant sans tarder s'accrocher à son cou, il glissa ses bras sous son corps accablé pour mieux la soutenir et ainsi la porter et les relever tous deux.
- Allons-y.
- Où ça ?
- À la maison.
- N'est-ce pas… ici ? demanda-t-elle en désignant la maison funéraire où ils s'étaient tant passés et si peu à la fois.
- Une autre maison. Fais-moi confiance, tu vas l'aimer.
- Ok.
Peu contrariante, Beth ne s'y opposa pas. Au contraire, elle se blottit instinctivement contre son dos, nichant son visage contre sa nuque, tandis que ses mains gardaient une poigne ferme sur les pans de sa veste.
Ayant bien réalisé combien elle était épuisée, Daryl la porta sans mal pour l'emporter sans plus tarder vers sa zone de repli. Suivi de son cabot, il marcha ainsi près de deux heures, inquiet que la jeune femme n'ait dit mot depuis leur départ. Mais surtout qu'elle lui paraisse si légère. Il devinait facilement qu'elle ait souffert de la faim. Mais était-ce le seul tourment qu'elle avait dû endurer ? Il restait toutefois rassuré de la sentir si confiante en sa présence, au point de lui laisser prendre les devants ou d'afficher une partie de ses faiblesses. Totalement abandonnée dans ses bras, il soupçonnait même qu'elle ait pu tout simplement s'endormir.
Voulant plus que tout la mettre en sécurité au plus tôt pour profiter comme ils le méritaient de leurs retrouvailles incroyables, Daryl franchissait un nouveau pan de forêt quand Beth bougea finalement, lui faisant facilement comprendre son souhait de poser pied-à-terre. Alors qu'il la déposait avec délicatesse, un coup de vent la fit aussitôt trembler maintenant qu'elle n'était plus accolée à son corps chaud. Il fallait dire qu'elle n'était couverte que d'un gilet bien trop fin pour ce début d'automne.
- Froid ?
Obtenant un haussement d'épaules pour toute réponse, Daryl se pressa d'ôter sa propre veste pour la lui imposer. Il ne s'agissait plus de sa veste en cuir - oubliée l'été venu dans l'une des demeures d'Alexandria. Mais d'une surveste en coton épais qui engloutit totalement le corps frêle.
- Mieux ?
Au hochement de tête obtenu avec vigueur, Daryl fut satisfait.
Quand il sentit la main de Beth venir à lui, il s'en saisit avec fermeté pour l'entraîner à sa suite et ainsi poursuivre leur chemin.
- Encore un peu de marche et nous seront arrivés.
- Bien.
Ne sachant quoi en attendre, Beth ne l'en suivit pas moins, retrouvant un sursaut de vigueur après cette pause salvatrice offerte par le chasseur.
Ils marchèrent ainsi encore une bonne heure, toujours sans échanger plus de mots que nécessaire. Beth était à cet instant plus que jamais confiante en l'homme qui l'entraînait elle ne savait où. Elle comprenait sans mal que Daryl souhaite les mettre à l'abri, avant qu'ils ne se perdent dans ces retrouvailles miraculeuses.
Elle l'ignorait, mais pour Daryl ce n'était pas la première fois que Beth lui apparaissait. Bien que jusqu'alors en rêve, aussi n'avait-elle jamais paru physiquement si réelle. Mais il savait qu'après des mois de solitude, il restait tout à fait plausible qu'il perde définitivement l'esprit. Inquiet que son apparition disparaisse, l'homme désirait plus que tout l'apporter dans ce nouveau lieu qu'il avait trouvé. Une bâtisse où jamais Beth n'avait été. Un lieu où son image n'aurait donc pas naturellement sa place et où il pourrait enfin se convaincre de la réalité de sa présence. Dans le cas contraire, si elle venait à disparaître, au moins serait-il alors en sécurité quand la peine de se savoir toujours seul viendrait le frapper avec force et l'entraînerait de nouveau dans les affres de la dépression.
C'est donc bien poussé par son inéluctable instinct de survie - plus fort que sa volonté de juste se laisser aller à son illusion – que Daryl les fit terminer d'un bon rythme le trajet les menant vers ce nouvel abri.
Quand il avait trouvé cette cabane de luxe perdue au fond des bois, il avait aussitôt pensé à Beth et à combien elle aurait aimé les lieux. Placée non loin d'une rivière au lit assez large et au débit rapide, elle était surtout entièrement entourée d'une forêt épaisse. Pour créer en ces conditions un espace de vie confortable, les propriétaires avaient déblayé un vaste pan de terrain en abattant nombre d'arbres dont les rondins avaient été utilisés pour confectionner la bâtisse. Il se souvenait, avant la fin du monde, avoir vu une émission de téléréalité mettant en scène les constructeurs de ce type d'habitation. Pourtant cela n'avait rien de novateur en soi, le système même de la construction en rondin datant de l'âge d'or des trappeurs. À partir de rondins plus maigres, une clôture à hauteur d'homme avait été montée pour délimiter une zone respectable, ainsi protégée de toute incursion animale. Daryl l'avait récemment complétée d'une seconde ceinture de sécurité faite de barbelés. La rivière suffisamment dense et profonde ajoutait une ultime protection à l'arrière du terrain. Tant que les morts n'apprenaient pas à grimper et à nager, les lieux offraient une protection raisonnable contre eux. En revanche, il n'était pas assez stupide pour croire que cela suffirait à repousser toute attaque humaine. Plus rien ne pouvait stopper les survivants avides de sang. Aussi s'était-il fait une raison sur ce point.
En attendant, ils débouchèrent comme prévu sur un chemin de terre accessible aux véhicules, menant à son terme vers cette petite propriété perdue au milieu des bois. Devant le portail, un camion de petite taille laissait à penser qu'une personne y résidait au regard du manque de feuille, branches ou simple poussière sur la carrosserie.
- Où sommes-nous ?
- Un lieu sûr que j'ai découvert, il y a quelque temps.
- Tu es sûr qu'il n'y a vraiment personne ?
Voyant qu'elle indiquait le fourgon, Daryl la rassura tout de suite.
- C'est moi qui l'ai apporté ici. J'étais là ce matin. Pas pris le temps de le rentrer à l'intérieur.
- Oh.
Ouvrant le portail, il les fit pénétrer dans la zone protégée. Alors seulement, il lâcha la main de Beth, le temps pour lui de refermer le bâtant et rabattre le système de fermeture accessible de l'intérieur. Puis il l'entraîna à nouveau à sa suite, pour enfin atteindre le perron surélevé de la maison. De là, il extirpa une clef stockée sous un pot aux fleurs desséchées pour ouvrir la porte d'entrée sans en fracturer la vitre.
Il s'agissait d'une structure bien plus grande qu'une simple cabane de chasseur, mais au demeurant d'une taille toujours mesurée. Elle était uniquement composée au rez-de-chaussée d'une vaste pièce carrée au côté de la laquelle se trouvait une extension valant pour salle de bain. À l'opposé de cette dernière, un second prolongement enfermait un garage accessible uniquement de l'extérieur. À l'intérieur, face à la porte d'entrée, se trouvait un escalier ouvert menant à une très vaste mezzanine scindée en deux zones distinctes destinées au couchage.
À sa découverte des lieux, Daryl n'avait pas même trouvé un marcheur dans la demeure ou ses alentours. Depuis lors, à chacune de ses courtes visites, il n'avait pas plus trouvé trace de survivants. Il n'y restait pour autant presque jamais, s'y arrêtant juste à l'occasion. Sans Beth à ses côtés, cette demeure lui paraissait trop belle, trop confortable, pour lui seul... Si bien qu'à ses rares passages, il s'était toujours contenté de dormir quelques nuits sur le vieux canapé partagé avec Mutt. S'il lui semblait ne pas mériter tant de confort, il n'en avait pas moins commencé à utiliser les lieux pour stocker les fournitures de survie qu'il trouvait çà et là, à chacune de ses expéditions de recherche. C'est qu'il gardait depuis toujours en son cœur, l'espoir fou de la retrouver et pouvoir alors lui offrir ce havre de paix, fût-il ponctuel ou un peu plus pérenne.
Pour autant, jamais il n'avait vraiment cru que ce jour pouvait survenir ! Ce fantasme de la revoir enfin n'avait jamais été que la carotte dont il avait besoin pour se lever chaque matin et ne pas rester échoué au milieu d'une route déserte.
Ne les faisant que traverser rapidement la pièce à vivre, Daryl entraîna sans attendre sa précieuse invitée jusqu'à la salle de bain. Une vaste pièce munie d'une vraie douche dont l'eau chaude fonctionnait grâce à un ballon d'eau chaude activé par une petite turbine, elle-même chargée par une roue à aubes fixée en bord de rivière. Il avait très vite compris que même si cela ne donnait que très peu d'électricité. Cela n'en restait pas moins suffisant pour garantir le fonctionnement du chauffe-eau, lancer une machine à laver le linge ou juste allumer les ampoules éclairant les lieux pour peu que vous les déclenchiez tous l'un après l'autre.
N'échangeant toujours pas plus de mots, il se surprit finalement à réaliser où il l'avait conduit. Là, devant cette vaste douche ouverte couverte d'un carrelage bicolore.
- Daryl ?
Au mot finalement prononcé par Beth, rompant le silence partagé jusqu'alors, l'homme la regarda enfin de nouveau dans les yeux.
- Comment puis-je croire que tu es vraiment réelle ?
- Je le suis, Daryl.
- Comment pourrais-tu l'être ?
- Regarde-moi. Touche-moi. Je suis bien là.
Si elle doutait que ses maigres paroles aient un effet quelconque sur l'homme aux yeux toujours si bleu et emplis d'angoisse à pouvoir se leurrer, Beth réalisa soudain qu'il venait de commencer à la dépouiller de ses guenilles.
Alors consciente d'où tout cela pourrait les mener, elle n'en suivit pas moins ses gestes en s'attaquant à son tour à ses propres vêtements couverts de crasse et du sang des morts. Comme enveloppé dans une bulle, tous deux prirent alors grand soin de l'autre.
Bien qu'entièrement nue devant l'homme qu'elle avait appris à aimer avant d'en avoir été arraché, Beth ne ressentit à aucun instant le poids de son regard. Il n'était pas là question de séduction ou de connotation sexuelle, mais d'assurance et de réconfort. Se prouver par le toucher que l'autre était bien réel.
Ainsi, Daryl fit-il preuve de la plus grande douceur et de non moins de respect en la touchant de toute part sans pour autant ne jamais s'attarder. Juste la couvrir entièrement de son toucher si brûlant, si intense. L'aidant à laver chaque petite surface de la moindre trace de sang et de crasse s'y trouvant. Après quoi, il la laissa agir de même sur son corps consentant, comprenant que le besoin de matérialiser le corps de l'autre était tout aussi présent pour sa compagne.
Quand l'eau se fit plus froide, ils se rincèrent au plus vite avant qu'il ne la recouvre tel un objet fragile d'une serviette douce, surprenant dès lors Beth qu'il puisse encore exister pareil luxe. Se séchant ainsi mutuellement, Beth remarqua soudain la présence d'un rasoir et d'autres produits d'hygiène, comme de la crème hydratante pour le corps, sur la tablette surplombant le lavabo.
- Je peux ?
- Bien sûr. Je... Je vais te chercher quelque chose de propre à enfiler.
- Merci.
Alors que Daryl s'empressait subitement à sortir, tout juste couvert d'une serviette liée à sa taille, comme s'il ne venait qu'à cet instant de comprendre qu'ils s'étaient véritablement douchés nus l'un près de l'autre, Beth laissa échapper un petit rire d'amusement, avant de profiter du confort de pouvoir raser et surtout hydrater sa peau. C'était la première fois depuis son évasion de Grady, qu'elle pouvait profiter d'un peu plus que de simples éclaboussures d'eau de rivière pour se nettoyer. Or depuis sa dernière rencontre avec un groupe de marcheurs l'ayant contrainte à se couvrir de tripes sanguinolentes de la tête aux pieds pour réussir à s'extraire du troupeau affamé, elle ne pouvait plus supporter les résidus sur sa peau qui n'avaient de cesse de lui donner des démangeaisons, faute de pouvoir s'en défaire.
Quand elle en eu terminé, heureuse d'avoir aussi trouvé des brosses à dents neuves au fond du placard qu'elle avait pris le temps de fouiller. Elle réalisa qu'une longue chemise de flanelle et une paire de chaussettes épaisses avaient été laissées à son attention sur la machine à laver sans qu'elle n'ait vu Daryl les déposer.
S'en habillant, elle sortit enfin de la salle de bain pour découvrir un peu mieux les lieux.
Peu extravagant, ce chalet forestier était composé d'une grande pièce à vivre avec une imposante cheminée circulaire trônant en son centre. Tout autour se trouvait : face à l'entrée, le coin cuisine et ses deux fenêtres, délimité par la présence d'une table à manger sur le côté droit, un coin salon avec un canapé et sur le côté gauche, un placard, l'escalier menant à l'étage et la porte menant à la salle de bain. Face à la cuisine, côté mur de façade, on retrouvait naturellement la porte d'entrée ainsi qu'une troisième fenêtre vouée à faire entrer la lumière sous laquelle se situaient un petit bureau, complété dans le coin, d'une étagère à casier.
Au centre, Daryl activait un feu sous un chaudron en fonte accroché à la crémaillère. Voulant attirer son attention sans le surprendre, elle se contenta une fois encore d'un simple mot soufflé par une gorge sèche de n'avoir pas parlé depuis des semaines.
- Hé...
- Hé !
Daryl se relevant vivement, elle put voir qu'il s'était lui-même rhabillé d'un jean propre et d'une chemise semblable à celle qu'elle portait. À l'inverse que lui en avaient remonté les manches jusqu'aux coudes. Le chien qui l'accompagnait jusqu'alors vint se nicher pour sa part dans ses jambes en quête de caresses et d'une rencontre plus formelle.
Ne s'en privant pas, Beth s'abaissa à son niveau pour flatter l'animal avant de reprendre la parole.
- Alors comme ça, tu t'es trouvé un compagnon ?
- C'était...
- C'était ?
- C'est le chien qui vivait aux alentours de la maison funéraire.
- Oh.
- Et comment se nomme ce petit ange ?
- L'ai appelé Mutt
- T'as nommé ce chien « cabot » ?
Obtenant pour tout retour un haussement d'épaules, Beth en ria gentiment.
N'étant toujours pas prêts, ni l'un ni l'autre, à aborder les grandes questions, Daryl se dirigea vers une valeur plus sûre. La lumière déclinant, il avait débuté un dîner qu'il espérait suffisamment copieux et nourrissant pour la jeune femme qu'il avait estimée maladivement maigre sous la douche.
- Tu as faim ?
- Très.
- Bien. Je… il y a beaucoup ici. Mais j'aurais dû mettre la viande à chauffer plus tôt...
- Hé... Je peux attendre le temps qu'il faudra.
- Ok. Encore soif ?
- Oui.
Se pressant de lui apporter une bouteille d'eau fraîche, c'est d'une longue traite que Beth en vida de nouveau plus de la moitié, appréciant le liquide clair et glacé sur sa gorge râpeuse. Sa soif ainsi étanchée, elle reposa la bouteille à leurs pieds, avant d'hésiter à demander l'aide de Daryl.
- Pourrais-tu... ?
- Tout...
Se sentant subitement très maladroit l'un avec l'autre, après qu'ils aient pourtant partagé une intimité certaine dans la salle de bain, Beth se lança finalement d'un souffle en lui présentant la brosse toujours présente entre ses mains.
- Je n'arrive pas à m'en sortir avec tous ces nœuds dans mes cheveux. Voudrais-tu m'aider... ?
- Je peux.
Il allait s'exécuter tout aussitôt quand il la vit à nouveau trembler de froid malgré le feu crépitant près d'eux.
- Je vais juste aller chercher de quoi t'asseoir.
- Oh. Le canapé ou le sol sera très bien. Je peux aussi m'asseoir sur l'une de ces chaises...
- La maison est encore trop froide. Tu vas geler par terre, le canapé n'a plus vraiment de ressorts et je ne pense pas que la chaise sera suffisamment confortable si cela dure. Je reviens !
Interloquée qu'il puisse ainsi rejeter toute possibilité quand tous deux avaient déjà partagé des lieux bien plus spartiates - devait-elle seulement lui rappeler leur nuit passée dans le coffre d'une voiture bien trop petit pour leurs corps entassés-là sans le moindre espace pour s'y mouvoir ? - Beth observa son étrange ballet.
S'il s'attacha avant tout à revenir en premier lieu la couvrir d'une couverture qui traînait jusqu'alors sur le canapé. Daryl laissa ensuite Beth s'y poser un instant. De quoi admettre que son assise était vraiment foutue. Se fondant finalement dans la chaleur de la couverture, elle réalisa que de cette dernière émanait l'odeur caractéristique du chasseur. Aussi devina-t-elle sans mal qu'il avait dû dormir là plus d'une fois pour ainsi y laisser sa marque.
Au même instant, elle réalisa qu'il venait de monter dans la mezzanine de laquelle il fit aussitôt tomber un matelas ainsi que des oreillers et une couette devant composer jusqu'alors l'un des couchages de la demeure. Définitivement amusée, Beth regarda l'homme faire deux allers-retours pour rapporter l'ensemble près du feu et y installer une évidente nouvelle zone de couchage.
C'est ainsi que Beth se retrouva très vite confortablement assise sur l'épais matelas, face au poêle, et toujours entourée de sa couverture. Alors seulement, Daryl la rejoint.
- Mieux ?
- Parfait.
Seulement une fois assuré qu'elle soit bien, il s'installa pour sa part dans son dos pour enfin prendre soin de sa longue chevelure. Et il devait bien l'avouer. S'il n'était certes pas un expert en brossage de cheveux, il fallait admettre qu'elle n'avait plus qu'un vaste nid d'oiseau sur la tête.
Pour autant, cela ne lui posa aucun problème, bien trop heureux d'avoir cette excuse pour manipuler chacune de ses mèches, à l'image de la moindre parcelle de son corps peu avant. Rougissant après coup de ce qu'il avait osé se permettre, sachant qu'ils n'avaient pas même partagé un premier baiser avant qu'elle ne lui soit arrachée, Daryl n'en profita pas moins de ce moment tout aussi intime - dût-il se fier aux légers gémissements émis par Beth, nombres étant bien distincts des rares sursauts qu'elle pouvait aussi avoir quand il tirait un peu trop maladroitement sur un nœud plus ardu.
S'il dut finalement se résoudre à couper quelques mèches, c'est après une petite heure d'un travail assidu que l'homme fut fier de découvrir son œuvre quand Beth se tourna de nouveau face à lui. Alors enfin, il la retrouvait entièrement : son ange blond illuminant l'espace.
- Si belle...
Inconscient d'avoir ainsi exprimé ce qu'il ressentait, Daryl ne tarda pas plus pour aller chercher trois bols et ainsi leur servir leur dîner. Un épais ragoût de bœuf complété de pommes de terre, carottes et herbes aromatiques. Ce repas des plus complets et copieux terminé à eux trois, c'est presque timide, qu'il lui tendit telle une offrande d'un autre temps, un emballage de muffins au chocolat. Ce type de friandise était devenu si rare. Pourtant, gonflés de conservateur, ils n'en restaient pas moins encore consommables pour les heureux élus réussissant à mettre la main sur les derniers spécimens.
- Daryl... Merci. Mais, je ne le mangerais que si tu acceptes qu'on le partage.
Ne voulant pas la contrarier, il la laissa gentiment lui donner la béquée, tellement hypnotisé par sa présence. Mais alors qu'il avalait sa dernière bouchée, Daryl ne sut comment refréner une tout autre faim, se surprenant à lui lécher les doigts. Loin de s'en offusquer ou de le repousser, Beth eut pour réponse de se jeter sur lui pour enfin échanger leur premier baiser.
- Daryl... souffla-t-elle quand leurs lèvres se séparèrent enfin.
- Beth... Je... Je me suis toujours promis... Si j'avais l'occasion de te revoir que jamais plus je n'hésiterais à te le dire... Je...
- Je sais. Je t'aime aussi.
Alors Beth l'incita à bien vouloir le lui prouver.
- Je n'ai pas besoin de mots, Daryl. Mais prouve-le-moi... Montre-le-moi...
Il n'en fallut guère plus pour que toute la réserve de l'homme se brise en éclats et qu'ils s'abandonnent tous deux à leur passion commune.
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À suivre.
mimi yuy
