Résumé : Après la bataille finale, Harry repense à la mort de Severus Snape dans la cabane hurlante. Mais lorsqu'il entreprend de récupérer le corps, celui-ci a disparu… HPSS Warning Lemon

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Titre original : A reason to celebrate
Auteur : DementorDelta, cruisedirector
Traductrice : Cécilinou

Warning : contenu explicite, langage.
Disclaimer : JKR possède les personnages et DementorDelta & Cruisedirector détiennent cette histoire.

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Note de la traductrice : Cela fait un an que j'attendais de poster cette traduction, que je n'ai achevée que récemment. Je suis donc fière de vous la présenter enfin. Je remercie ma bêta.
Je posterai toutes les semaines, plus ou moins. A voir.

Sur ce, bonne lecture !

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Quelque chose à célébrer


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Harry se rassit, toisant la pile de sandwichs que Kreattur lui avait préparée. Il avait déjà donné un coup de dent dans un ou deux encas et songeait à emballer le reste pour plus tard, quand l'elfe en question réapparu tout à coup, près de sa chaise.

« Bonsoir Maître » Kreattur s'inclina jusqu'à toucher son impeccable serviette de thé.

« Euh, bonjour Kreattur » répondit Harry, pas encore habitué à être appelé Maître, malgré les nombreuses semaines que Ron, Hermione et lui avaient passées dans la maison au square Grimmaurd. « Est-ce que... est-ce que tu l'as fait ? »

Kreattur leva les yeux de sa révérence. Son petit visage usé grimaça et, pendant un moment, Harry se souvint de son ancien sale caractère. Il fut alors satisfait d'avoir mis quelques sandwichs de côté avant le retour de Kreattur. Seulement, au lieu de grogner sur le fait de servir des sang-mêlés indignes, les énormes yeux de Kreattur se remplirent de larmes. « Je n'ai pas pu, Maître ! » s'écria-t-il, et Harry fut très content qu'ils soient seuls dans la salle commune de Gryffondor. C'était le seul endroit auquel il ait pensé pour échapper au chaos survenu après la défaite de Voldemort. Et pour manger un sandwich. Ou deux.

« Kreattur a essayé, il est allé à l'endroit que lui avait indiqué le Maître, mais le... le corps n'était pas là ! » Les longs doigts chétifs tirèrent avec détresse une de ses oreilles. « Kreattur a cherché partout dans cette vieille maison, mais n'a trouvé aucune trace du mort. »

« Quoi ? » Harry secoua la tête, certain qu'il avait dû commettre une erreur quand il avait demandé à Kreattur de chercher le corps de Snape. Il n'avait pas envie de retenir les autres de s'occuper des blessés ou des morts, mais il ne voulait pas quitter Snape… qui gisait là-bas. « Tu as dû te tromper d'endroit » grimaça Harry.

« Non, Kreattur a fait exactement ce que le jeune Maître a demandé. Il a trouvé les traces dans la poussière, où un violent combat a eu lieu. Il a trouvé le... » L'elfe déglutit profondément dans sa gorge ridée. « Il a trouvé le sang. »

Harry se rassit vivement dans le fauteuil mou, les sandwichs et même Voldemort oubliés, et regarda fixement l'elfe. Est-ce que les Mangemorts, non conscients de la mort de leur maître, avaient récupérer Snape les premiers ? Peut-être même étaient-ils en train de créer un inferius à partir de son cadavre ? Harry regretta soudain son second sandwich.

Ou peut-être s'était-il juste volatilisé comme un fantôme ou comme Yoda ? Dudley avait regardé ce film encore et encore à la télévision (1), et cela avait apaisé le jeune Harry qui croyait que ses parents étaient morts dans un accident de voiture. L'idée de Snape, parlant d'une voix perchée et grinçante en lançant des dictons douteux, lui fit oublier les autres possibilités moins agréables.

« Merci Kreattur » dit Harry, en se souvenant de ses manières. « Retourne à la maison. Je vais devoir le retrouver par moi-même. » Parce qu'il devait tant à Snape. Même plus, mais il n'avait pas envie de penser à cela maintenant.

Une fois l'elfe repartit, Harry se sentit plus seul que jamais. Où était-il censé commencer à chercher ? Que savait-il à propos de Snape, en fait ? La plupart de ce que Harry avait pensé savoir avait été anéanti par ce qu'il avait vu dans les souvenirs de Snape, dans la pensine. Qui restait-il qui pourrait connaître la vérité ?

Cette question ne rendit pas les pensées de Harry plus plaisantes. Les Malefoy auraient pu savoir quelque chose, mais Harry ne supportait pas l'idée de leur demander quoi que ce soit – pas même pour une infime information qui aurait pu le conduire à Snape. Les Mangemorts, comme Voldemort lui-même, n'avaient eu aucune idée d'où se portait réellement la loyauté de Snape. Et c'était également le cas pour l'Ordre. Manifestement, McGonagall n'avait rien soupçonné.

Ils devaient tous à Snape des funérailles respectables. Snape avait promis à Dumbledore de garder les élèves en sécurité, et Harry préférait se rappeler le héros et pas le garçon qui rejoignait fièrement la table des Serpentards s'asseoir à côté de Lucius Malefoy, tandis que Lily Evans rejoignait les Gryffondors.

Snape n'aurait sûrement pas fait un horcruxe – ce qui pouvaient expliquer pourquoi son corps avait disparu, n'est-ce pas ? Mais Harry n'était sûr de rien.

Encore une fois, il repensa aux souvenirs et se demanda s'il y avait quelques indices. Il n'avait pas eu l'impression que le Snape adulte avait encore de la famille qui aurait pu venir réclamer son corps. Et d'où viendraient-ils ?

Soudain, il entendit la voix stridente de tante Pétunia, comme elle sonnait quand elle était jeune dans les souvenirs de Snape. Ils vivent dans l'impasse du Tisseur près de la rivière. Ces immenses cheminées qui dominaient l'horizon, où la mère de Harry et Snape avaient grandi... Où était-ce ? Est-ce que Snape avait encore une maison là-bas ? Y aurait-il certains indices ?

Cela lui prit plusieurs jours avant qu'il ne puisse agir. Il lui avait d'abord fallu vérifier la Cabane hurlante par lui-même, non pas qu'il ne fasse pas confiance à Kreattur, d'accord, il n'avait pas entièrement confiance en l'elfe, qui avait trahi Sirius pour quelques égards de la part de son ennemi. Le lieu était aussi macabre que dans son souvenir, une gerbe de sang marbrait le sol poussiéreux, luisant à la faible lumière. Harry se mit à genoux, provoquant un petit tourbillon de poussière autour de lui. Il y avait des empreintes, laissées dans la poussière là où Snape était...

Harry déglutit. Snape était mort, n'est-ce pas ? Il avait vu s'éteindre la lumière de ses yeux. Il avait suffisamment vu la mort pour savoir à quoi elle ressemblait. Mais Snape s'était battu pour donner ses souvenirs à Harry, s'échinant le long de ce sol poussiéreux, comme s'il voulait paraitre devant Harry de la même manière qu'il avait toujours été en classe.

Harry repoussa ses souvenirs de Snape vivant et malveillant à son égard, se leva et regarda l'endroit où il pensait que Snape était mort. Si les Mangemorts étaient venu pour lui, il y aurait eu d'autres empreintes de pas menant à la pièce, non ? Ou bien les Mangemorts auraient-ils pu brouiller les pistes ? Il était trop confus. Sa seule chance était de trouver la maison d'enfance de sa mère, de Snape, et de voir quels secrets – si secrets il y a – elle renferme.

« Sais-tu quelque chose à propos de l'impasse du Tisseur ? » demanda-t-il à Hermione. Si c'était un village magique caché, elle était la seule personne qu'il connaissait, qui était assez apte à savoir quelque chose à ce sujet. Et si c'était une ville moldue, elle était encore plus susceptible de connaître quelque chose que les Weasley.

Elle secoua la tête. « Qu'est-ce que c'est ? Une autre histoire reliée aux Reliques de la Mort ? » Harry n'avait aucune idée de ce dont elle parlait. « L'impasse du Tisseur » ajouta-t-elle, en voyant sa confusion. « J'ai pensé que c'était peut-être une variante de la Belle au bois dormant, où elle est censée se piquer le doigt sur un fuseau et mourir. »

« Elle ne meurt pas. Le prince la réveille » répondit automatiquement Harry, même si cela n'avait rien à voir avec ce qu'il voulait savoir. Ou peut-être que si. Si quelqu'un connaissait un moyen de se prémunir contre le venin de serpent, c'était bien Snape, qui devait savoir que Voldemort utilisait le serpent pour tuer ses ennemis. Et si Snape s'était arrangé pour qu'il ait l'air mort alors qu'il était seulement endormi ?

Et si Snape n'était pas mort ?

Hermione le regardait, le front plissé. « Harry, tu vas bien ? Tu es si calme depuis... depuis que c'est arrivé. » Il n'était pas sûr de ce qu'elle voulait dire : depuis qu'il avait tué Voldemort ? Ou depuis que Voldemort l'avait tué et envoyer dans cet endroit nébuleux où Dumbledore avait répondu à ses si nombreuses questions, tout en n'en ayant tout de même pas assez dit.

Harry savait qu'il valait mieux mentir à Hermione, alors il haussa simplement les épaules et sourit faiblement. « Ma mère habitait près d'un endroit appelé l'impasse du Tisseur. Tu sais, comme je suis allée à Godric's Hollow, peut-être je devrais y aller aussi. »

« Eh bien, si ce n'est que cela, j'ai un très bon atlas ici » dit Hermione, en fouillant dans le sac dans lequel elle avait encore toute une bibliothèque.

Parmi tous ceux qu'il connaissait, se dit Harry, Hermione était la plus susceptible d'avoir un atlas directement sous la main. Il regarda par-dessus son épaule alors que son doigt défilait sur l'index de l'atlas.

« Impasse du Tisseur » lut-elle aussi triomphalement que si cela avait été sa propre curiosité qui l'avait incitée à faire la recherche. Elle tourna quelques pages du grand livre ouvert à plat. Ils étudièrent ensemble l'étalage confus des lignes du pays et des gribouillis bleuâtres des rivières alors que Harry indiqua la région. « On dirait que c'est au nord » dit-elle, « Enfin, au sud d'ici. » Elle tourna la tête vers lui, ses cheveux épais caressant sa joue. « Tu vas y aller ? »

Harry se redressa. « Je le dois. » A son expression de surprise face à sa déclaration catégorique, il tempéra, « je veux dire, je pense que j'ai besoin de faire cela. Tout comme j'avais besoin de voir Godric's Hollow. » Le souvenir de ce qui leur était arrivé là-bas était clairement visible dans son expression. « Seulement avec moins de serpents mortels. »

« Mais... maintenant ? » demanda-t-elle d'un air dubitatif. « Je veux dire, il y a tellement à faire ici... le ministère attend toujours que tu fasses une déclaration, et Ginny pense que... »

« Je sais ce que tout le monde attend de moi ! » l'interrompit-il, plus en colère qu'il n'avait voulu l'être. Le ministère envoyait quelqu'un presque tous les jours pour lui demander s'il n'avait besoin de rien, sous-entendant fortement qu'ils avaient besoin de lui. Ron avait déjà promis à sa mère qu'il reviendrait à Poudlard pour finir sa dernière année, et Hermione prévoyait aussi de revenir, même si Harry soupçonnait qu'elle puisse passer ses ASPIC sans année supplémentaire. Il n'avait aucune idée ce que lui voulait, à l'exception de cet irrépressible besoin de retrouver Snape et de tenter de rembourser la dette qu'il devait à l'homme. « C'est quelque chose que je dois faire, ok ? Pour ma mère, et pour moi. »

« Tu veux que je vienne avec toi ? » demanda-t-elle avec inquiétude. Harry ne savait pas si elle était inquiète qu'il refuse ou qu'il accepte.

« Non, j'ai besoin de faire cela tout seul. »

Trouver l'impasse du Tisseur n'avait pas l'air trop difficile, mais comment allait-il faire pour savoir qu'elle était la maison de Snape, ou encore où sa mère avait grandi ? Il décida d'essayer de se faufiler dans les appartements de Snape à Poudlard pour voir si Snape avait laissé des indices – il doutait que quelqu'un ait eu le temps de les nettoyer – mais quand il arriva, il croisa Rusard. Celui-ci le regarda avec méfiance, comme s'il pensait que quelqu'un allait tenter de s'introduire illégalement quelque part, exactement ce qu'avait prévu de faire Harry.

Et il eut une idée. « Monsieur Rusard ! Je vous ai cherché partout. » dit-il avec enthousiasme.

Rusard le foudroya du regard avec la même suspicion habituelle, ce qui était assez réconfortant dans un sens. Survivant ou non, Harry n'arriverait jamais à convaincre le concierge qu'il ne préparait pas un mauvais coup. « Que faites-vous là, Potter ? » exigea Rusard alors que son chat se frottait gauchement contre ses jambes.

« Je me rappelle combien vous étiez brillant pour classer les dossiers de retenues » s'enthousiasma Harry. « Vous devez savoir où sont entreposés tous les dossiers à Poudlard. J'essaie de trouver quelques informations sur ma mère – ses parents étaient des moldus, donc le Ministère ne peut pas vraiment m'aider. » Il s'arrêta un instant. « Il doit y avoir une sorte de liste des étudiants qui ont reçu une lettre d'admission à Poudlard, non ? Avec leur adresse. J'espérais que vous pourriez m'aider à trouver les dossiers de l'année de ma mère. C'est très important – Dumbledore pensait qu'elle aurait pu laisser quelque chose là où elle a grandi. »

La dernière phrase était peut-être un mensonge, mais le nom de Dumbledore semblait toujours provoquer une certaine émotion chez Rusard. « Dumbledore vous a vraiment dit cela ? » demanda-t-il de la même voix suspecte, mais il fit signe à Harry de le suivre. Ils arrivèrent bientôt dans un bureau rempli de dossiers que Harry n'avait jamais vu auparavant, et Rusard lui indiqua une pile de boîtes. Etant un cracmol, il était incapable de les déplacer magiquement par lui-même. « Là dedans, Potter. Et n'essayez pas de jouer un sale tour. »

Alors qu'il essayait d'avoir l'air digne de respecter la demande imaginaire de Dumbledore, Harry savait qu'il n'en était probablement que plus suspect, mais il tria les boîtes, déchiffrant l'écriture décolorée sur l'extérieur. Heureusement, au cours de ses retenues avec Snape l'an passé, il avait pris l'habitude de lire les gribouillis en pattes d'araignée de Rusard.

Les boîtes étaient empilées de façon plutôt précaire, ce qui convenait parfaitement bien à Harry, puisqu'il cherchait bien plus que la seule boîte marquée Evans. « Soixante-dix, soixante-onze, oh il est ici » dit-il en essayant de masquer l'excitation triomphante de sa voix. Il tourna délibérément son corps pour dissimuler ses doigts qui fouillaient, et qui avaient trouvé presque aussitôt la fiche usée de sa mère.

« Euh, avez-vous quelque chose sur lequel je puisse écrire cela ? » demanda-t-il, en observant par dessus son épaule un Rusard à l'affut. Dès que le concierge eut le dos tourné, Harry se replongea dans la boîte. Slate, Smegger, Smatley, Snape ! Il arracha la fiche personnelle et la mit dans sa robe avant de se retourner vers Rusard avec le plus brillant et innocent sourire dont il était capable.

« Merci beaucoup de m'avoir aidé » babilla-t-il, en prenant la plume et le morceau de parchemin avant de griffonner l'adresse de sa mère. « Vraiment, je n'aurais pas pu faire cela sans vous, un grand merci. » Il recula, puis s'aperçut qu'il tenait à la fois la fiche de sa mère et le morceau de parchemin, et se pencha pour redéposer la fiche.

Maintenant qu'il avait une destination précise, il ne pouvait plus attendre de se mettre en route. Il n'avait jamais ressenti avant que les murs de Poudlard étaient si étouffants, pas même quand Ombrage arpentait les couloirs. Mais il savait qu'il ne pouvait pas partir sans en informer certaines personnes. McGonagall, Shacklebolt, ... Ginny.

« J'espère vous revoir au début de l'année, Monsieur Potter » était tout ce que la directrice avait dit. Elle ne traitait pas vraiment Harry comme un pair, mais depuis cette nuit où ils avaient affronté ensemble les Carrows, elle ne lui parlait plus non plus comme son professeur. Ce serait étrange de redevenir son élève. Kingsley, lui aussi, heureusement, ne lui a pas posé de questions, promettant à Harry d'éviter que le ministère ne s'immisce dans ses affaires personnelles. Il s'était fait des amis dans le bureau du Premier ministre, et voulait leur dire au revoir lui-même avant d'affronter la pagaille qu'était maintenant le Ministère de la Magie.

Comme il s'y attendait, les choses ne se passèrent pas aussi bien avec Ginny. « Je ne comprends pas pourquoi tu ne pourrais pas m'emmener avec toi » objecta-t-elle. « Tu as voyagé pendant des mois avec Ron et Hermione ! Et mes parents ont enfin cessé de me traiter comme une enfant. Je pourrais venir avec toi, je ne pourrais t'aider à trouver - »

« J'ai besoin de faire cela seul » insista Harry, sans croiser son regard. Il se sentait très étrange – maintenant qu'il avait la possibilité de voir Ginny quand il le voulait, sans être encombré par des responsabilités ou la culpabilité, il ne ressentait plus la même envie de se perdre dans ses baisers. En fait, il n'avait plus vraiment envie de l'embrasser du tout. Il se demanda si être sorti de son corps dans cette version bizarre de King's Cross de l'au-delà avait changé quelque chose en lui. « Écoute, je ne sais presque rien à propos de mon père et encore moins sur ma mère. Ta famille est la chose la plus proche d'une famille pour moi, mais elle reste toujours la tienne. J'ai besoin de connaître la mienne. Par moi-même. »

Ginny n'aimait pas cela, mais elle n'avait finalement pas d'autre choix que de le laisser partir. Au moins, il n'y avait pas de larmes.

Il partit de la même manière que d'habitude avec juste sa baguette réparée, qui fonctionnait maintenant aussi bien qu'auparavant, et sa cape d'invisibilité. Il tapota la poche de sa robe où il avait caché la fiche personnelle avec l'adresse de la maison d'enfance de Snape, et transplana juste après les limites de Poudlard.

Il réalisa alors plusieurs choses. L'impasse du tisseur était un endroit sombre et déprimant, et si sa mère avait trouvé un peu de réconfort en étant l'ami de Snape, il ne pourrait jamais le lui reprocher. Toutes les maisons semblaient désertes. Certaines avaient même l'air abandonnées depuis des années. Avec un sentiment d'urgence qu'il ne put s'expliquer, il se rendit à l'adresse de Snape et mit de côté l'enfance de sa mère un peu plus longtemps, jusqu'à ce qu'il ait réglé certaines petites choses.

La maison qui correspondait au numéro figurant sur la fiche avait également l'air tout à fait déserte, au bout d'une rangée de maisons parfaitement similaires. Harry la détailla un instant, essayant de s'imaginer grandir dans une maison comme celle-là, dans un quartier comme celui-ci il y a vingt ans. Cela rendait le quartier oppressant de classe moyenne de Privet Drive bien plus joyeux et normal en comparaison.

Il s'attendait à une ou deux choses : que la maison soit inoccupée et l'intérieur vidé depuis longtemps, ou que les sorts de protection qui défendent la maison contre les étrangers l'empêchent d'entrer sans un bon nombre de contre-sorts et de charmes. Pourtant, quand il pointa sa baguette vers la porte et lança un Alohomora, la poignée tourna et la porte s'ouvrit en grinçant. Prudemment – en alerte face à un potentiel piège de mangemorts – il se couvrit de sa cape d'invisibilité et ouvrit suffisamment la porte pour pouvoir entrer.

Même à l'intérieur de la maison, la puanteur de la rivière semblait avoir imprégné les murs. Les rideaux délavés et poussiéreux empêchaient la lumière d'entrer, mais Harry pouvait voir les murs de livres, des centaines, empilés sur les rangées irrégulières des étagères. Tous les meubles semblaient très vieux, pas anciens mais simplement décrépits, et une fine couverture recouvrait sans doute les trous d'un fauteuil.

Pourtant, l'odeur de la cire était fraîche, comme si quelqu'un avait allumé des bougies seulement quelques heures plus tôt. La maison semblait négligée, mais pas inoccupée. S'arrêtant lorsque ses pieds firent craquer une lame de parquet, Harry regarda à nouveau autour de lui, puis franchit le petit salon à la recherche d'une porte menant ailleurs dans la maison. Il n'en vit aucune.

D'un mouvement de baguette, il cria « Finite Incantatem ! » sans vraiment s'attendre à ce que des portes cachées apparaissent. Mais à ce moment, une caisse de livres bougea vers le côté, révélant un couloir et un escalier au fond de celui-ci. Maintenant, au moins, il allait quelque part. Un rapide regard sur les titres lui confirma que la plupart des livres étaient liés à la magie – Potions, Transfiguration, des sujets qui révélaient qu'un ou une sorcière avait vécu ici. Ou y vivait encore.

L'escalier était étroit, mais pas aussi poussiéreux qu'on pouvait s'y attendre s'il avait été dissimulé durant des années et jamais révélé. L'odeur de la rivière s'estompait, remplacée par quelque chose de plus subtil, plus humain, plus ordinaire. Quoique sa tante Pétunia lui aurait fait frotter chaque centimètre carré d'une pièce qui sentait comme le palier en haut de l'escalier.

Il y avait un petit couloir avec trois portes fermées, une de chaque côté et une au bout de l'entrée. Harry tendit l'oreille, mais n'entendit rien à part les craquements sourds communs à toute maison délabrée, puis se tourna vers la porte de droite. Il examina la poignée avant de pousser la porte.

Directement dans l'entrée de la porte, il y avait une tache brune sur le tapis, trop ancienne pour dire si cela avait été du sang. Harry observa la chambre à coucher. Le lit était fait, même si un peu en désordre, la table de nuit était encombrée avec le même genre de livres qu'il avait vu en passant par le corridor menant ici. D'une certaine manière, il ne se serait jamais attendu à ce que Snape, s'il était effectivement dans cette maison, puisse avoir une chambre si ordinaire. Bon, à quoi s'était-il attendu ? Trouver l'homme allongé sur le lit les bras croisés sur sa poitrine comme un vampire ?

Un tiroir était légèrement ouvert dans le coffre en face du lit. Harry traversa la pièce, sa cape glissant de sa tête alors qu'il ouvrait le tiroir. Peu importe à quoi il ait pu s'attendre, ce n'était sûrement pas au tiroir à sous-vêtements de Snape.

Parce qu'il ne faisait aucun doute que c'était ceux de Snape. Le fragment de lettre de la mère de Harry que Snape avait volé au square Grimmaurd – le morceau qui disait "Avec tout mon amour, Lily" et sa signature – se trouvait au-dessus d'une pile de slips blancs soigneusement pliés.

Cela signifiait que Snape avait vécu dans cette maison depuis qu'il avait rejoint les Mangemorts. Cela voulait dire que les meubles et les livres et tout ce qu'avait vu Harry au rez-de-chaussée appartenait à Snape. Et ici...

Harry contempla la chambre, se sentant un peu comme un intrus. Puis il se rappela que Snape avait fouillé le Square Grimmaurd et avait pris la lettre, qui de droits appartenait à Harry. Il laissa le tiroir ouvert et ouvrit la porte de l'armoire à côté de lui. Il y avait des robes et des pantalons noirs, un long manteau ainsi que quelques vêtements qui semblaient moldus, mais eux aussi étaient sombres et classiques.

Il y avait une unique chemise blanche qui avait l'air propre, mais c'était sans compter la tache sombre qui se répandait depuis le col. La saisissant, Harry se pencha et la pressa contre son visage.

« Qu'est-ce que vous pensez être en train de faire ? »

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A suivre…


(1) Harry fait référence à Star Wars.