Kyo était enfin rentré. Il avait passé trois ans à marcher pour revenir chez lui. Trois ans de solitude, à l'autre bout du monde, loin de ses amis. Mais tout ce temps, il ne s'arrêtait jamais, car il entendait des voix dans sa tête, qui l'appelaient, lui priaient de revenir. Leurs voix. Et finalement, il était arrivé chez lui. Dans son pays natal, il avait retrouvé tous ses amis et sa tranquillité, et bien sûr son Tenrô adoré. Malgré tout, cet homme, en rentrant chez lui, s'est aperçu qu'il manquait quelque chose. Un élément essentiel à son bonheur, à toute sa bande d'amis. Oui, quelque chose avait disparu, et personne ne savait où la trouver.

Yuya n'était plus là...

OoOoO

Kyo était content de retrouver son meilleur ami Kyoshiro, mais il était étonné que ce soit lui qui vienne l'accueillir. Normalement, une petite blonde bruyante aurait du lui sauter dans les bras, pourquoi ne l'avait-elle pas fait ? Il interrogea Kyoshiro du regard, qui fit semblant de ne pas comprendre. Fatigué après sa journée de marche, il en fallait peu à Kyo pour être énervé.

-Fais pas le con, Kyoshiro, où elle est ? Demanda le démon abruptement.

-De... De qui tu parles ? Répondit un Kyoshiro mal à l'aise.

-Planche à pain, évidemment ! Qui d'autre ? Lança-t-il avec irritation.

-Euh...

Kyoshiro fuyait son regard. Qu'est ce qu'elle avait encore fait ? Toujours à se foutre dans les emmerdes, celle-là ! Il transperça du regard son ami, le forçant à parler et à tout avouer. Ses yeux rouges étaient encore plus froids que d'habitude, et Kyoshiro, malgré qu'il soit très fort, presque au même niveau que Kyo, eut réellement peur de lui. Il ne voulait pas lui dire, il savait que si il l'apprenait, Kyo se mettrait dans une rage folle, et qui sait ce qu'il pourrait faire alors. Une fois Kyo entré dans son mode démoniaque, laissant ses instincts primaires de démon agir, détruisant tout sur son passage et surtout, ne différenciant plus les amis des ennemis, une seule personne était capable de l'arrêter. Mais malheureusement, elle n'était pas là...

Inspirant profondément, Kyoshiro dit à contrecœur :

-Elle… Yuya n'est pas là.

-Et elle est où ?

Kyoshiro marqua un temps d'hésitation.

-... Je ne sais pas.

Kyo commençait sérieusement à s'impatienter. Il avait marcher trois ans pour la retrouver, et même une fois rentré, il devait encore la chercher !

-Comment ça, tu ne sais pas ? Gronda-t-il.

-Je ne sais pas où elle est, je te dis ! Moi aussi j'aimerais bien savoir, figure-toi ! Elle a disparu, c'est tout ce que je sais !

Un froid glacial emplit la pièce dans laquelle les deux hommes se trouvaient. Kyoshiro savait que quelque chose du genre allait arriver, mais il ne s'attendait pas à ce que ça soit aussi fort. Apparemment Yuya comptait beaucoup plus pour l'assassin aux mille victimes qu'il ne le pensait.

Une aura chargée de colère froide émanait du démon. Il était dans une rage indescriptible. C'était impossible. Cette fille ne pouvait pas avoir disparu. Elle était tellement bruyante qu'on l'entendait à des kilomètres à la ronde ! Et puis pourquoi elle disparaîtrait, aussi ? Elle avait dit qu'elle croyait en lui et qu'elle l'attendrait, elle lui avait promis ! Sa main tenant son sabre se serra sur le fourreau noir. Elle ne payait rien pour attendre. Dès qu'il la retrouverait, il lui ferait bien comprendre que le grand Kyo aux yeux de démon ne s'abaissait pas si facilement, et pour rien en échange, à chercher une personne, et une femme de surcroît !

Kyo s'approcha lentement de Kyoshiro en ne le lâchant pas des yeux, de ces yeux rouges à présent aussi froids que la glace. Puis, sans prévenir, il l'agrippa fermement par le col de son kimono qu'il serra fort. Kyoshiro n'y croyait pas, il n'avait même pas vu son mouvement tellement la main du démon était allée vite.

Il savait que son ami était déjà fort, peut-être vraiment le plus fort de tous les hommes, mais il semblait s'être encore amélioré, jusqu'à atteindre la vitesse et la force divine. Mais il savait aussi que cette force, il ne l'avait acquise que grâce à une personne, Yuya, qui était aujourd'hui portée disparu. L'amour de Kyo pour cette femme et sa colère à l'idée de la savoir peut-être morte, tuée par quelques bandits de bas étage, lui avait procuré cette force. Décidément, il avait bien changé depuis qu'il l'avait rencontré, mais que en bien.

-Pourquoi ? Lança Kyo sèchement.

Les pupilles maintenant proches du visage de Kyoshiro le scrutait avec attention, lançant comme des pics de glace, mais Kyoshiro nota également une panique folle que son ami n'arrivait pas à cacher, malgré ses efforts.

-Après ta disparition, elle était anéantie. De toute la bande, c'est elle qui en a le plus souffert, évidemment...

-Abrège.

-Ok. Elle était prostrée dans le chagrin, ne faisant rien de la journée, ne mangeant presque plus. Et puis un jour, six mois après, elle nous a surpris, Sakuya et moi, en venant dans la cuisine, un baluchon sur le dos et son pistolet à la main, et elle nous a déclaré qu'elle partait.

-Qu'elle partait ?

-Oui. Elle nous a aussi interdit de la suivre. « Je vais continuer à vivre, et recommencer à chasser des primes » nous a-t-elle dit. Elle souriait pour nous faire croire qu'elle allait bien, mais elle était pâle comme la mort et maigre à en faire peur. Quand elle s'est retournée, j'ai aperçu son sourire qui s'effaçait et une expression triste à pleurer s'afficher sur son visage. Ses yeux étaient si vides ! J'ai essayé de la retenir, mais rien à faire... Elle est partie, mais elle n'est jamais revenue...

Pour un moment, Kyo ne bougea plus et n'arrivait plus à sortir un mot. Elle ? Mais pourquoi ? Qui sait si elle était encore vivante aujourd'hui ? Un vent de panique traversa tout son être. Il devait se dépêcher. Il devait à tout prix la trouver rapidement et la ramener. Il se détourna de Kyoshiro et sortit de la maison.

-Où est-ce que tu vas ? Lui cria ce dernier. C'est inutile, tu ne sais même pas où elle est !

Kyo ne répondit rien et continua de s'éloigner de la maison. Il allait devoir chercher, mais ça ne faisait rien. Il ferait tout pour elle. Il ferait tout pour revoir cette femme.