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¤ L'amour n'a pas de prix ¤
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- Elle est si belle.
- Oui, tellement gentille et intelligente aussi ~
- Son corps est excitant au point de me faire transpirer la nuit.
- Elle se serait fait jeter par Tomoharu à ce qu'il paraît.
- Ouais, j'en ai entendu parler mais je veux bien lui tenir compagnie, moi.
- L'autre jour, je lui ai demandé de sortir et elle a refusé.
- Non mais t'as vu la pauvre gueule que les dieux t'ont donné ? T'étais maudit avant de naître, mon gars.
- Approche ta tronche que je la calque sur...
- Fermez-la, bande d'idiots ! Elle arrive !
- Par les kami...
Inoue Orihime descendait les marches de son école et remarqua trois garçons la regardant comme s'ils étaient en transe, elle les connaissait de vue. A leur niveau, elle leur adressa un grand sourire.
- Bonjour ~ ! gazouilla-t-elle.
Elle jeta un œil à sa montre et s'affola aussitôt.
- Aah ! Il est déjà 14h15, je dois me dépêcher !
Avant que les trois mecs aient pu sortir de leur transe, elle avait déjà décampé dans un léger nuage de poussière.
- Trop craquante.
- Ouais. Faudra s'arranger pour la prendre en photo sur son lieu de stage, de quoi serrer le caleçon les gars !
- Tu ne penses décidément qu'à ça ! Admire la déesse bourrée de neurones qu'elle est au lieu de l'imaginer dans ton lit !
Du haut de ses dix-neuf ans, belle et intelligente, Orihime l'était en tous points et très peu démentiraient ce fait. Un tel joyau d'innocence que le surnom « Hime » lui était souvent donné comme titre. Il était très facile et plaisant de la décrire pour celles qui ne la jalousaient pas. Et pour ceux qui rêvaient de l'attirer sous leur couette.
Une longue chevelure auburn tombant tel un voile gracieux jusqu'à ses hanches, une peau parfaite, des yeux d'un gris saisissant scintillants comme des diamants, de longs cils noirs, un visage de poupée, des lèvres roses et pleines, une poitrine généreusement développée et un corps en forme de sablier qui déclenchait nombre d'hémorragies nasales chez la gent masculine.
Et pourtant, malgré ses qualités, Orihime n'était pas du tout connue pour les mettre en avant, loin de là. Certains se demandaient si elle avait même conscience de sa beauté renversante.
A vrai dire, la belle se préoccupait surtout de ses études qui touchaient à la médecine. Elle se destinait à soigner les autres et réalisait son rêve de petite fille en étudiant pour devenir infirmière. Ce métier l'avait toujours fascinée mais une raison principale avait renforcé cette vocation.
Après avoir traversé une partie de la ville au pas de course, la princesse s'engagea dans la dernière rue menant à une sympathique petite maison en sautillant joyeusement, contente d'avoir rattrapé son retard. Oui, en dépit de son âge, elle conservait un caractère enfantin et était du genre à s'extasier sur des choses pouvant paraître futiles pour les autres.
- Je suis rentrée, onii chaaaan ~ ! s'exclama-t-elle en entrant d'un pas bondissant.
On entendit un bruit ne présageant rien de bon. On aurait dit une assiette ou un plat se brisant par terre. Inquiète, Orihime retira ses chaussures, posa son sac et s'aventura vers l'origine du fracas.
- Onii chan ?
Il surgit devant elle avant qu'elle puisse jeter un œil dans la cuisine.
- Orihime, qu'est-ce que tu fais là ? demanda son frère, mal à l'aise.
- Euh...
Elle en perdit sa voix. Il portait un tablier. Certes, rien de bien étonnant sauf quand le nombre de fois où elle l'avait vu au fourneau se résumait à deux.
- Tu cuisines ?
- Hum ? Non, je... Tu n'es pas supposée être là, répéta-t-il en jetant un œil derrière lui.
- Je t'ai dit que je viendrais manger un goûter avec toi avant de partir...
- Ah ? J'ai... J'ai dû oublier.
Il lui lança un regard tendre accompagné d'un sourire.
- Bienvenue à la maison, dit-il en l'enlaçant.
Sa sœur répondit sans attendre à son étreinte avec la même affection. Sora était son grand frère adoré, leurs quinze ans d'écart la poussaient parfois à le voir comme un père. Rôle qu'il avait joué à la mort de leurs parents il y a quelques années.
Avant d'emménager ici, ils vivaient à Kyoto où Sora exerçait un poste tout à fait convenable dans une prestigieuse banque. Un jour, celle-ci fut prise pour cible par des voleurs et il reçut une balle qui faillit lui être fatal. Cette agression traumatisa Orihime qui essaya de vivre avec. Cette même agression consolida son envie de devenir infirmière.
Seulement, lors de sa dernière année de lycée, elle subit un rejet supplémentaire. Son troisième petit ami, comme les deux précédents, décida de rompre lorsqu'elle lui fit comprendre qu'elle refusait de coucher avant le mariage. Ajouté à sa meilleure amie, Arisawa Tatsuki partie étudier dans le sud du pays, ce fut la goutte de trop si peu de temps après l'hospitalisation de Sora.
Ce dernier remarqua bien que sa petite sœur n'était plus la même et lui proposa de déménager dans une plus petite ville dès son diplôme de fin d'études en poche. D'abord réticente à l'idée que son aîné quitte un si bel emploi, Hime finit par accepter. Sora avait sans doute raison, un nouvel environnement ne pourrait lui être que bénéfique. C'est ainsi qu'ils posèrent leurs valises à Karakura en espérant démarrer une nouvelle vie plus heureuse.
Ce fut le cas au début. Son frère fut engagé dans une modeste banque en centre ville, son dossier d'inscription avait été retenu dans l'école de son choix, elle s'était fait une nouvelle amie, et rencontra même son nouveau petit ami, Tomoharu, avec lequel ça dura un mois. Un mois au bout duquel il craqua et lui fit comprendre sans détour vouloir passer à l'acte. C'est ainsi que pour la quatrième fois, le cœur d'Orihime s'émietta. Pourquoi les hommes ne voyaient-ils que son apparence ?
Alors pour répondre à la question que tout le monde se posait, oui, elle était consciente de sa beauté. Seulement, elle la détestait. Cette maudite apparence avait poussé ses ex-petits amis à l'aborder puis la pousser à prouver qu'elle les aimait en leur offrant sa virginité.
A quoi bon avoir un tel corps si c'était pour souffrir ? S'il ne l'aidait même pas à attirer l'attention de celui qu'elle aimait vraiment...
- Hime, tu m'as entendu ?
Les yeux sombres et inquiets de Sora apparurent dans son champ de vision.
- Um ?
- Je t'ai dit que j'avais une nouvelle à t'apprendre et tu n'as pas répondu.
- O-Oh ! Désolée, j'étais encore partie dans mes pensées, s'excusa-t-elle en se grattant la tête.
- Tu ne changeras jamais, soupira son frère en passant une main dans ses cheveux châtain mi-longs.
- Uhum, et c'est pour ça que tu m'aimes, n'est-ce pas ~ ?
Il lui rendit son sourire tout en frottant le sommet de sa tête auburn.
- Oui, tu as raison.
- De quoi tu voulais me parler ?
- Viens.
Elle le suivit sur le canapé du salon.
- Euh, comment dire..., amorça Sora en fuyant son regard.
- Sora nii ? Tu vas bien ? s'inquiéta la jeune femme qui ne l'avait jamais vu si nerveux.
En fait, elle l'avait déjà vu ainsi. C'était le jour où il lui avait parlé des « relations entre un homme et une femme ». Mais ce n'était assurément pas le sujet qui le taraudait actuellement.
- Je vais bien, c'est juste... Et si on goûtait d'abord ?
- Détends-toi, l'apaisa Orihime. Je te connais, tu ne réussiras pas à avaler une miette de pain tant que tu n'auras pas parlé. Alors, je t'écoute.
Il soupira.
- Très bien, je me lance. Ça te dérangerait que je vois quelqu'un ?
Sa soeur cligna des yeux.
- Quelqu'un ? Tu veux dire une petite amie ?
- Eh bien, oui, confirma-t-il en se grattant la joue. Tu comprends, nous avons toujours vécu ensemble toi et moi. Mais avec Miwa chan, ça devient sérieux et...
- Miwa chan ? le coupa-t-elle. La cliente à qui tu as autorisé ce prêt il y a deux mois ?
- Tu t'en souviens encore ?!
- Bien sûr ! Tu aurais vu ta tête en me la décrivant elle plus que la transaction en question ! rit la belle.
- Orihime ! se vexa Sora, les joues roses.
- Allons, je t'embête ! se calma la réprimandée en prenant sa main.
- Tu es vraiment très intelligente, tu avais compris avant que je ne m'en rende compte moi-même.
- Disons que je sais repérer le véritable amour quand il existe, répliqua-t-elle d'un haussement d'épaules.
- Je ne te cache pas que je n'aime pas te partager, mais celui qui volera ton cœur sera un sacré chanceux, anticipa Sora en lui caressant la joue.
Sa remarque compressa le cœur d'Orihime qui préféra ne pas s'y attarder. Elle aimerait croire qu'un tel jour arriverait mais pour le moment, son coeur avait bien trop souffert pour en confier les clefs qui l'ouvrirait à nouveau. Elle avait douloureusement compris et eu la preuve que le prince charmant n'existait que dans les contes de fées et pas ailleurs.
- Je trouve ça touchant que tu t'inquiètes de ma réaction, c'est vrai que nous avons toujours été tous les deux mais je prendrai mon indépendance un jour et tu as droit au bonheur comme tout le monde.
- Tu veux dire...
- Um ! Je ne vois pas de problème à ce qu'une autre femme partage ton cœur à la condition que je conserve ma place, sourit la beauté auburn.
- Évidemment, la rassura aussitôt son frère en la prenant dans ses bras et lui baisant la racine des cheveux. Aucune femme ne peut éclipser mon unique petite sœur adorée.
- Tu vas me la présenter ?
- Je l'ai invitée à dîner la semaine prochaine.
- Ah, je comprends mieux pour le tablier. Tu voulais t'exercer sauf qu'il y a encore du travail.
Sora lui pinça gentiment le nez.
- Tu vas arriver en retard, souligna-t-il, pointant l'horloge.
- Oh non ! Je suis déjà arrivée en retard le mois dernier parce que Sonaru sensei m'a retenue après le conseil de classe, je ne peux pas laisser ça se reproduire aujourd'hui !
Rapide comme l'éclair, Orihime monta dans sa chambre et troqua son uniforme scolaire pour un pull blanc sans manches et un jean.
- A plus tard ! lança-t-elle en embrassant rapidement son frère sur la joue avant de filer.
- Tu as pris ton portable ?
- Oui ~ !
La porte claqua. C'est en secouant la tête mais le cœur plus léger que Sora retourna dans la cuisine.
- Bon, et si je commençais par ramasser cette assiette...
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Tout en courant, Orihime ne cessait de regarder sa montre. Ses patrons étaient très gentils mais même. Voilà deux ans qu'elle travaillait et effectuait ses stages à la clinique la plus connue de la ville, la Clinique Kurosaki. Isshin et Masaki Kurosaki la dirigeaient ensemble. Le premier était médecin, la seconde infirmière. Orihime devait bien reconnaître que travailler avec cette femme étonnante avait gravé dans le marbre le choix de son futur métier.
Le couple était aimé de tous et avait trois enfants. Tout d'abord, des fausses jumelles Yuzu et Karin âgées de quinze ans encore au lycée. L'une brune et l'autre châtain, elles avaient chacune héritées de caractéristiques physiques d'un de leurs parents et possédaient des caractères totalement opposés. Si Karin était du genre franche et directe, Yuzu était plus douce et souriante. Toutefois, Orihime s'entendait très bien avec les deux.
Il y avait aussi leur grand frère, Ichigo. Lui se démarquait des autres membres de la famille avec son tempérament tout feu tout flamme, ses cheveux orange vif et ses yeux d'un brun à la fois chaud et profond. Il avait vingt ans et étudiait à la fac. Bien que possédant son propre appartement non loin de l'université, il venait dès que possible aider ses parents ou tout simplement voir sa mère de qui il était très proche.
En ce qui le concernait, Orihime le trouvait vraiment très beau. Au début, il l'intimidait en raison de ses sourcils froncés lui donnant un air jamais content. Seulement, elle avait appris à le découvrir et avait compris que sous ce masque se cachait un jeune homme au grand cœur sur qui on pouvait toujours compter. A chaque fois qu'elle se rendait à la clinique, une part d'elle espérait l'apercevoir et même lui parler...
- Bonjour, Orihime.
Surprise, elle pivota.
- Masaki san !
Sa patronne raccompagnait à la porte une jeune maman et son bébé.
- Bon après-midi, Hotaru san.
- Merci, à vous aussi Kurosaki san, lui souhaita la patiente avant de s'éloigner.
- Eh bien, Orihime, tu étais de toute évidence ailleurs puisque tu semblais sur le point de dépasser la clinique.
- Je réfléchissais sur euh..., s'embrouilla son employée en se grattant la tête. Veuillez m'excuser pour mon retard, changea-t-elle de bord, inclinée.
- Allons, ce n'est rien, rit Masaki en retenant ses cheveux titillés par le vent. Tu es toujours si ponctuelle que nous n'allons pas te faire de remarque pour... trois minutes, acheva-t-elle en consultant sa montre.
- Je vous remercie, affirma Hime qui se redressa.
Émerveillée, elle observa encore la magnifique femme devant elle. De taille moyenne, de longs cheveux couleur caramel attachés en queue-de-cheval basse, un sourire éblouissant et dotée d'une gentillesse sans bornes. Rien d'étonnant à ce qu'elle soit le soleil de sa famille. Masaki Kurosaki aurait pu être infirmière dans n'importe quel hôpital de renommée nationale, seulement elle avait préféré exercer dans une modeste mais agréable clinique montée avec son mari avec pour principal objectif de venir en aide aux personnes ayant des moyens financiers limités.
Cela ne signifiait pas qu'ils ne possédaient pas de machines et autres instruments de pointe, seulement le prix des soins apportés restait le plus souvent raisonnable et la qualité à la hauteur. La fierté fut donc le sentiment numéro un qui avait envahi Orihime lorsque son CV fut retenu et l'entretien passé avec grand succès.
- Entre, l'invita Masaki.
La princesse lui emboîta le pas en direction du vestiaire.
- Beaucoup de patients demandent déjà pour toi, certains ont retenu ton emploi du temps et simulent des maladies imaginaires si tu veux mon avis, pouffa-t-elle de rire.
- Oui, j'ai remarqué aussi, rit la demoiselle en songeant aux patients en question. Mais ils sont pour la plupart si gentils que je ne peux me fâcher après eux même s'ils me font perdre du temps par rapports aux patients vraiment malades.
- Cela me rappelle ma jeunesse, ça rendait Isshin tellement jaloux que tant d'hommes me tournent autour, s'amusa Masaki, le regard pétillant sous ses souvenirs. Vraiment, il m'a fait des scènes pas possible et tu vas y avoir droit toi aussi. Pas avec mon cher mari, évidemment.
- Que voulez-vous dire ? ne comprit pas Inoue, devant le vestiaire.
- Tu me retrouves au bureau ? Je te communiquerai les soins qui te seront confiés.
- Oh, euh... Est-ce que Kurosaki kun est là ? demanda-t-elle timidement en jouant avec l'une de ses longues mèches, les joues roses.
Son comportement donna naissance à un sourire chez Masaki qui le dissimula derrière le revers de sa main.
- Non, mon fils est sorti en ville avec son meilleur ami, Sado kun. Mais il sera sûrement là dans la soirée.
- Bien sûr, c'est vrai qu'il fait beau après tout, répondit Orihime, cachant sa déception.
- Je te laisse te changer. A tout de suite.
Toujours perplexe suite à cet échange curieux selon elle, la sœur de Sora regarda la mère de famille s'éloigner puis entra dans la pièce pour revêtir sa tenue d'infirmière et commencer son travail.
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- Je trouve Ichigo étrange ces derniers temps.
- Allons ma chérie, que vas-tu chercher ? Il est Ichigo, c'est tout.
- Je suis sérieuse, Isshin. Je me fais vraiment du souci pour lui.
La clinique venait de fermer ses portes, à présent uniquement ouverte en cas d'urgence nocturne. Fatiguée mais satisfaite de sa journée, Orihime emprunta le couloir reliant la clinique à la maison des Kurosaki pour leur annoncer son départ. C'est là qu'elle entendit Masaki et Isshin parler dans le salon. Elle ne voulait pas les écouter mais en entendant le prénom de l'aîné de leurs enfants, la curiosité l'emporta.
- Ichigo va bien ! assura la voix enthousiaste d'Isshin. Si tu veux mon avis, une fille se cache derrière tout ça ~
- Pour une fois, je suis de ton avis.
- Meuuuuh, pourquoi dis-tu ça ? Mes intuitions sont justes neuf fois sur dix !
- Je dirais trois fois sur vingt mais personne n'est parfait, se moqua gentiment sa femme.
Un son étouffé laissa supposer qu'ils s'enlaçaient.
- Ne t'en fais pas pour Ichigo, Masaki, reprit sérieusement le docteur. Il est en train de devenir un homme et réalise la portée ainsi que les conséquences de ses choix.
- Oui, tu as raison. Je sais que j'ai tendance à trop le couver, mais c'est mon fils unique.
- Tu es ainsi, aussi avec les filles et je ne te le reproche pas. Seulement, quand ça deviendra officiel avec la fille qui lui fait tourner la tête, tu devras lâcher du lest et le laisser vivre sa vie d'adulte. Qui sait, peut-être se mariera-t-il un jour à une femme exceptionnelle comme j'en ai eu la chance. Mais il n'est vraiment pas galant ni attentionné comme son papa et tellement...
- Isshin !
Les rires du couple résonnèrent. Toujours cachée derrière la porte, Orihime sentit son cœur se fendre lentement et impitoyablement.
- Orihime chan ~ !
Elle faillit sauter hors de sa peau. Les jumelles couraient vers elle, Yuzu la serra dans ses bras tandis que Karin lui adressa un sourire accompagné d'un signe de la main. Elles revenaient de leurs activités extra-scolaires.
- Tu pleures ? se renseigna Yuzu, ses yeux bruns baignés d'inquiétude.
- Non, non, jura la belle en séchant sa larme. Simplement la fatigue, je viens de bâiller, mentit-elle.
- En tout cas, je suis contente que tu sois encore là, enchaîna Yuzu en l'entraînant dans le salon.
- Attends, Yuzu chan, essaya-t-elle de se dégager.
- J'ai pensé qu'on pourrait t'inviter à dîner ce soir !
- Quelle bonne idée ! se réjouit Masaki dans le fauteuil.
Ses deux filles l'enlacèrent.
- Bonsoir maman !
- Et moi alors ? bouda Isshin devant la fenêtre dans son pyjama peuplé de poussins. J'ai participé à votre conception, vous savez !
Yuzu éclata de rire et lui accorda une étreinte. Quant à Karin, elle lui balança son poing sur la tête.
- J'enlace pas les vieux boucs.
- Karin ma chérie, tu es si froide, gémit son géniteur.
- La ferme ! Bon, je vais prendre une douche, se retira-t-elle en balançant son sac sur son épaule.
- Moi, je vais faire de même quand tu auras fini et aider maman à la préparation du repas ! s'enthousiasma sa jumelle. Tu verras, Orihime chan, tu vas te régaler !
- Orihime reste dîner ce soir ?
Cette voix grave provoqua un réchauffement du système sanguin de la mentionnée. Avec des mouvements mécaniques, elle pivota vers l'entrée.
- Kurosaki kun.
Il était là, plus beau que jamais. Ses cheveux roux en bataille, son grand corps mince dans une posture décontractée et mis en valeur par son t-shirt et son jean près du corps, ses yeux ambrés expressifs soulignés par l'un de ses sourcils levé sous l'étonnement actuellement.
Histoire d'aggraver son désordre interne à sa vue, il fallait ajouter que depuis quelques mois, il avait pris l'initiative de l'appeler par son prénom. Sans lui demander la permission. Ainsi était-il.
- Salut, Orihime.
- B-Bonsoir, répondit-elle en se tordant les doigts.
Ne pas se noyer dans ses yeux. Ne pas se noyer dans ses yeux. Ne pas se noyer dans ses yeux.
- Alors comme ça, tu manges avec nous ? continua-t-il d'un air qui se voulait détaché en croisant les bras.
- Euh, non, je ne reste pas.
- Oh allez, Orihime chan ! insista Isshin. Ça fait si longtemps.
- J'ai promis à mon frère de dîner avec lui, affirma-t-elle sans noter qu'elle se faisait détailler du regard par une certaine personne.
- Une prochaine fois peut-être ? suggéra Masaki en jetant un œil à son fils occupé.
- Uhum, avec grand plaisir !
- Orihime.
Oh, encore cette voix. Elle inspira intérieurement.
- Oui, Kurosaki kun ?
- Ta tenue, tu devrais la changer.
- Excuse-moi ?
Perdue, elle cligna des yeux surtout qu'il avait retrouvé son profond froncement de sourcils habituel. Elle s'examina et ne releva rien d'étrange. Elle portait sa charlotte, sa blouse blanche à manches courtes et ses chaussures assorties. Oui, tout était normal.
- J'en ai trois et j'en change tous les jours...
- Ce n'est pas ça. Ta blouse est trop... trop.
Orihime regarda autour de la salle en quête d'aide pour parvenir à capter où il voulait en venir. Seulement, Isshin sifflotait, Masaki souriait discrètement et Yuzu paraissait aussi larguée qu'elle.
- Porte un pantalon, ta blouse ressemble plus à une chemise que j'aurais pu te prêter, grogna Ichigo en montrant vaguement ses jambes.
Inoue rougit et Isshin se gifla le visage. Son fils idiot était définitivement venu au monde sans une goutte de tact dans les veines.
- Merci du conseil mais je suis à l'aise comme ça, lui sourit Orihime. Bon, je vais y aller maintenant.
Elle ne vit pas la colère passer sur le visage d'Ichigo.
- Imbécile ! hurla soudain son père en lui décochant un coup de pied latéral.
- Aïe ! Vieux fou, c'est quoi ton problème encore !?
- Elle vient de dire qu'elle s'en va, propose de la raccompagner ! Je n'arrive pas à croire que j'ai engendré un pareil crétin, mais quel chromosome te manque-t-il donc ?!
- Ah non, c'est inutile ! les arrêta Orihime en agitant les mains, habituée à leur comportement enfantin. Sora nii m'attend au coin de la rue.
- Vraiment ?
- Oui ! Il euh... il avait une course à faire, héhé...
Ils la fixèrent tous, ce qui empourpra ses joues.
- Bonne soirée à vous, au revoir ! s'enfuit-elle dans un nuage auburn.
Le silence régna.
- Crétin.
- Ferme ta gueule !
Père et fils partirent dans une lutte acharnée pendant que Masaki buvait tranquillement son thé. Oui, une fille se cachait bel et bien derrière l'étrange comportement de son cher fils.
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Orihime marchait en direction de la maison. Évidemment, Sora l'y attendait là-bas et non dans la rue comme elle l'avait prétendu. Il fut un temps très proche où elle aurait timidement accepté d'être raccompagnée par Ichigo. Quelle fille amoureuse ne le souhaiterait pas ? Car oui, amoureuse, elle l'était et depuis deux ans soit depuis qu'elle avait été engagée à la clinique.
La première fois qu'elle avait vu Ichigo, elle avait su qu'il n'était pas comme les autres et elle avait été ravie d'avoir emménagé dans cette ville. La perspective de le voir était une raison suffisante pour se lever le matin. Bien sûr, entre-temps, elle était sortie avec Tomoharu car Orihime savait qu'il n'y avait aucune chance qu'Ichigo s'intéresse à elle. Elle était bien trop disproportionnée, trop repérable, trop développée. Bref, sans aucun intérêt et tout juste bonne à attirer des pervers.
Seulement voilà, aussi méchant que ça l'était, elle se plaisait à le savoir célibataire. Ainsi, elle pouvait admirer Ichigo sans se sentir coupable. Mais depuis la conversation qu'elle avait surprise entre ses parents, la douleur se faisait sentir alors qu'il n'y avait jamais rien eu entre eux, même pas le plus basique lien d'amitié.
Ichigo était le seul homme insensible à ses attributs et le voici attiré par une fille qui devait en voir moins qu'elle. Il n'était donc plus disponible et cela faisait une raison de plus pour laquelle Orihime maudissait son physique. Si elle avait été dans les normes, alors peut-être... De plus, elle ne supportait déjà plus la présence d'Ichigo pour préserver son cœur fragile alors qu'elle n'avait même pas encore vu la fille qui avait retenu son attention.
Orihime soupira tout en resserrant sa veste. Que se passait-il avec elle ? Était-elle destinée à passer sa vie seule ?
- Orihime chan !
- Um ? Kanna chan !
Sa seule et unique amie. Orihime ne pouvait pas dire qu'elle était aussi proche d'elle qu'elle l'était de Tatsuki. Mais durant ces deux années, elle et Kanna avaient tissé une d'amitié spéciale.
Kanna était plus grande qu'elle, avait une longue et épaisse chevelure bleu nuit, des yeux d'un violet pénétrant et un corps aux courbes « normales ». Elle aussi avait du succès auprès des garçons. Jusqu'à récemment, Orihime l'avait vue au bras d'une douzaine de petits amis.
- Tu sors du stage ?
- Uhum, je m'apprête à rejoindre mon frère à la maison.
Elles firent la route ensemble.
- Tu as reçu mon SMS ce matin ? demanda Kanna. J'ai laissé le paquet dans ta boîte aux lettres.
- Oui, merci. Je verrai ça tout à l'heure.
- Je vais moi-même rentrer pour dîner avec mes parents mais j'ai une chose à te dire, amorça la beauté bleue tout en rejetant sa sublime chevelure au-dessus de son épaule.
- Quoi ?
- Nous sommes amies, pas vrai ?
- Bien sûr ! répondit aussitôt la belle en tournant la ruelle.
- Je ne t'ai rien dit avant parce que je voulais être sûre que ce soit le bon cette fois, j'ai enchaîné tellement d'échecs.
- Que veux-tu me dire, Kanna chan ? l'encouragea doucement la sœur de Sora.
- J'ai un petit ami.
- Ce n'est pas nouveau.
- Oui mais là, c'est différent d'où mon silence. J'ai vraiment le sentiment que c'est celui que j'attendais, Orihime chan. Il est parfait malgré ses défauts.
- Tu es très attachée à lui on dirait. Tu es avec lui depuis combien de temps ?
- Trois mois.
- Ah oui, effectivement, c'est un record pour toi, se moqua Hime.
Son amie fit la moue tout en plissant ses beaux yeux.
- Je plaisante ! Comment s'appelle-t-il ce mystérieux jeune homme qui a volé ton cœur si convoité ? s'informa-t-elle en regardant avant de traverser.
- Tu le connais, c'est Kurosaki Ichigo.
Le ciel s'écrasa sur la tête d'Inoue.
- Orihime chan !
Kanna la retint de justesse lorsqu'elle trébucha et manqua de se faire écraser par une voiture. Oh par les dieux, faites qu'elle ait mal entendu.
- Tu vas bien ? s'inquiéta Kanna. Bordel, les gens roulent vraiment comme des dingues après le boulot.
- Oui, je... Kurosaki kun tu as dit ?
- Ouiii ! N'est-ce pas génial ? s'extasia-t-elle. Il est réputé pour être inaccessible mais je suis parvenue à atteindre son cœur car oui, il en a un ! Et ce n'est pas la seule chose qu'il possède..., ajouta-t-elle en levant les sourcils de manière suggestive.
C'en fut trop pour Orihime qui manqua d'air.
- Je dois y aller.
- Quoi ? Mais je ne t'ai pas raconté la manière divine dont il embrasse ! Surtout quand je taquine son point faible...
L'émotion et la nausée comprimèrent la gorge d'Orihime qui se retint de s'évanouir.
- Au revoir, Kanna chan ! dit-elle en détalant.
Elle l'entendit lui répondre quelque chose mais elle n'écouta pas. Parvenue chez elle, elle se déchaussa et se prépara à monter dans sa chambre pour pleurer toutes les larmes de son âme.
- Bienvenue à la maison, Orihime ! l'accueillit joyeusement Sora dans un costume.
- Onii chan...
Passer d'une émotion à une autre finirait par l'user.
- J'avais hâte que tu rentres car il ne nous reste plus que vingt minutes.
- Pour quoi ?
- Pour ça.
Il lui montra deux tickets qu'elle reconnut tout de suite.
- T-Tu as...
- Un dîner dans ton restaurant préféré ! J'ai tenté de cuisiner mais voilà le résultat, se rembrunit-il en soulevant le couvercle d'un plat contenant des restes brûlés. C'est ce que je faisais quand tu m'as surpris cet après-midi mais il faut croire que la cuisine et moi, ça fait soixante-dix.
Son frère s'approcha d'elle, les mains sur ses épaules.
- Qu'est-ce que je ne ferais pas pour ma petite sœur, sourit-il. Joyeux anniversaire, Orihime.
La concernée sentit ses larmes déborder de ses yeux. La collision brutale entre sa peine due à la nouvelle qu'elle venait d'apprendre et la joie soulevée par la surprise de son frère la submergèrent. Sans attendre, elle le serra fortement dans ses bras.
- Merci, Sora nii, souffla-t-elle dans son cou. Je t'aime.
- Hey, répliqua-t-il, les mains sur son dos. Je ne t'ai même pas encore offert ton cadeau que tu pleures déjà.
- T'avoir à mes côtés est le plus beau des cadeaux, dit-elle sincèrement.
Elle n'avait pas de chance en amour mais Sora, lui, ne la blesserait jamais. Ses paroles touchèrent son aîné.
- Moi aussi, je t'aime très fort, Hime. Allez, va te changer et viens me rejoindre dans la voiture avec ton habituel visage lumineux.
Elle recula sans le libérer et lui adressa l'un de ses plus beaux sourires.
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- Hime, qu'est-ce qui ne va pas ?
- Tout va très bien.
Sora expira et lui prit doucement la main. Tous deux se trouvaient au restaurant depuis environ une heure. Il avait bien vu que sa sœur faisait des efforts, mais l'ambiance restait morose.
- Je ne t'ai rien dit mais dès que tu as franchi la porte ce soir, j'ai vu sur ton visage qu'il s'était passé quelque chose.
- Il ne s'est rien passé
- Tu as à peine touché ton repas préféré et tu as refusé le dessert, insista Sora, vraiment inquiet. Dis-moi ce qui se passe.
Orihime s'en voulut de lui causer tant de soucis.
- Je suis désolée.
- Ne t'excuse pas, je veux simplement savoir ce qui tracasse ma sœur le jour de ses vingt ans.
L'intéressée tortilla sa serviette de table.
- J'ai...
Une couleur vive attira son attention du coin de l'oeil. Une couleur orange. Orihime gela sur place. Habillé simplement mais classe, Ichigo, apparemment contrarié, venait de pousser la porte du restaurant. La belle gémit intérieurement. Oh, mais quel kami avait une dent si dure contre elle et surtout pourquoi ?!
- Euh, si on y allait ? proposa-t-elle très vite en bondissant sur ses pieds. Il se fait tard et tu commences tôt demain matin.
- Tu ne m'as pas répondu, n'en démordit pas Sora qui attrapa tout de même son manteau.
- Je te promets de le faire quand...
- Orihime ? Sora ? Que faites-vous ici ?
Elle était définitivement fichue.
- Ah, Ichigo san ! se réjouit Sora en lui tendant la main. Comment vas-tu ? Et tes parents et tes sœurs dis-moi ?
- Tout le monde va très bien, merci, assura le roux en serrant sa main.
- J'ai croisé ton père l'autre jour, il m'a dit qu'Orihime faisait du bon travail chez vous. Toujours aussi enthousiaste ton cher papa ! plaisanta-t-il.
- Ouais, un boulet surtout, siffla-t-il en roulant les yeux. Mais c'est vrai qu'Orihime bosse bien, ajouta-t-il en la détaillant de la tête aux pieds.
Elle portait une robe en satin rose à bretelles, évasée à partir des hanches jusqu'aux genoux. Orihime jurerait que ses yeux dangereux la brûlaient tant leur intensité était dévastatrice.
- Je suis très fier d'elle, je ne doute pas qu'elle décrochera son diplôme sans problème, déclara Sora en lançant à sa cadette un regard rempli d'amour. Nous sommes d'ailleurs ici en son honneur.
- Comment ça ?
- C'est son anniversaire aujourd'hui.
- Vraiment ? répliqua Ichigo sans lâcher la jeune fille des yeux. Elle m'avait caché être née aujourd'hui alors que ça fait deux ans qu'elle travaille à la clinique.
Son ton restait poli mais la beauté auburn perçut tout de même une étincelle de colère qu'en toute honnêteté, elle ne comprenait pas.
- Je ne voyais pas l'intérêt de te le dire, ce n'est qu'un détail, se justifia-t-elle en risquant un sourire.
Sa réponse ne dérida nullement Ichigo.
- Et toi, pourquoi es-tu là, Ichigo san ? demanda Sora, curieux. Il est surprenant qu'un beau jeune homme comme toi vienne dîner seul.
- Je viens réserver une table pour moi et... quelqu'un, répondit-il évasivement en regardant ailleurs.
- Oh, je vois. Ce restaurant est parfait pour un rendez-vous, très bon choix, approuva le frère de Hime en lui claquant amicalement le bras.
Sa phrase électrisa instantanément les deux jeunes.
- Bon, eh bien, on te laisse Kurosaki kun, marmonna Orihime sans croiser ses iris trop perçants. Allons-y, onii chan, je suis fatiguée.
- Oui, on y va. Eh bien au plaisir, Ichigo san.
- Ouais, salut.
Il attendit que Sora tourne le dos pour attraper la princesse par le poignet. Ils restèrent un instant à se fixer avec des expressions différentes. Une certaine douceur nuança la colère du fils Kurosaki en la voyant surprise par son geste, sauf que sa mauvaise humeur reprit le dessus.
- Tu aurais pu me dire que c'était ton anniversaire.
- A quoi cela t'aurait-il avancé ? s'informa-t-elle calmement. Tu réagis comme si je l'avais gardé secret, mais le sujet n'a jamais vraiment été abordé.
Il serra les dents.
- Je t'ai vue avec l'enfoi... je veux dire, avec Tomoharu avant-hier. Qu'est-ce qu'il te voulait ?
Orihime écarquilla les yeux. Son ex-petit ami était en effet passé à la clinique pour se faire soigner sa main blessée sur le chantier où il travaillait. Il en avait d'ailleurs profité pour exiger qu'elle lui rende le collier qu'il lui avait offert, ce que la belle -pas étonnée- lui retourna dès le lendemain.
- Il s'était blessé à la main en travaillant.
- Ses yeux allaient parfaitement bien, eux.
- Que veux-tu dire ?
- Pourquoi crois-tu que je t'ai dit de changer de tenue professionnelle ? s'emballa Ichigo. La moitié des hommes se pointant à la clinique veulent être soignés par toi !
Des clients et même les serveurs s'intéressaient à leur querelle, le forçant à rapprocher Orihime de lui pour parler plus bas.
- Pourquoi te mets-tu dans cet état ? ne saisit pas celle-ci, choquée.
- Tu sors à nouveau avec lui ?
- Comment sais-tu qu'on a rompu ?!
- Réponds plutôt à ma question, grogna-t-il.
Orihime fronça les sourcils et dégagea son poignet. Non mais pour qui se prenait-il ? Durant ses stages, elle ne voyait Ichigo que deux ou trois fois dans la semaine, il n'avait jamais montré aucun signe qu'il s'intéressait à elle de près ou de loin, ils ne se voyaient jamais en dehors des murs de la clinique si bien qu'elle ne pouvait même pas le considérer comme un ami, et il avait une copine depuis trois mois !
Alors pourquoi la harcelait-il maintenant ? Pourquoi devait-elle subir son mécontentement quand elle souffrait déjà atrocement ? Son cœur était déjà brisé alors qu'elle n'avait même pas encore connu le vrai bonheur et il était là à se défouler sur elle le jour de son anniversaire en plus, c'était injuste !
- Je ne sais pas pourquoi tu tiens tant à savoir tout ça mais rien ne m'oblige à te dire ce que tu veux entendre, répondit-elle, la voix tremblante. Toi et moi, nous ne sommes rien.
Ses derniers mots nouèrent sa gorge tandis qu'un éclat de souffrance traversait le visage d'Ichigo qui ne le laissa pas paraître longtemps.
- Tu as raison. Nous ne sommes rien du tout tous les deux, répéta-t-il froidement.
Ce fut suffisant pour achever la future infirmière.
- Bon anniversaire, Orihime, lui souhaita-t-il en appuyant bien sur les mots.
Sans autre parole, il s'éloigna très vite. Les larmes aux yeux, elle le regarda tristement partir vers le comptoir principal pour sa réservation avec Kanna sans aucun doute.
- Orihime ?
- J'arrive.
Mollement, elle rejoignit son frère qui lui tenait la porte ouverte. C'était le pire anniversaire de sa vie.
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- Je mets fin à mon stage chez vous.
- Pardon ?
Une semaine venait de s'écouler depuis le désastre au restaurant. Orihime avait réfléchi en long, en large et en travers et n'avait trouvé qu'une solution. Debout droite devant Masaki assise à son bureau, elle assumait l'une des décisions les plus difficiles de sa vie.
- J'ai trouvé un cabinet plus près de chez moi.
- Mais enfin, Orihime, tu n'habites qu'à quinze minutes d'ici...
- Le cabinet est encore plus près.
Sa supérieure la considéra longuement.
- Ta décision semble prise.
- Oui, mais je vous remercie de m'avoir donné ma chance, renifla-t-elle, le dos courbé. Veuillez transmettre mon au revoir et mes meilleurs souhaits à votre famille.
La femme d'Isshin se leva pour lui faire face.
- Tu es très appréciée ici, tu peux revenir quand tu veux.
Sans la laisser répliquer, elle serra Orihime contre elle. Surprise, cette dernière se raidit. Ce n'était pas la première fois que Masaki l'enlaçait mais cette fois, ça ressemblait davantage à l'étreinte d'une mère.
- Je vous remercie.
- Maman, appela la voix d'Ichigo dans le couloir.
Orihime réagit immédiatement, ne s'attarda pas et quitta par la porte du fond la clinique qui l'avait accueillie durant deux ans. Le roux poussa l'autre porte du bureau de sa mère quelques secondes après sa fuite.
- Qu'est-ce qui se passe maman ? l'interrogea-t-il en pressant son bras mince. T'as l'air triste.
- Ichigo, je dois te dire quelque chose, l'avertit Masaki en portant une main sur sa joue. C'est à propos d'Orihime.
Au même moment, le sujet de leur conversation marchait d'un pas décidé. Elle ne pouvait pas, elle ne pouvait plus faire face à Ichigo. Sa famille n'y était pour strictement rien mais rester en contact avec eux signifiait l'être avec lui et risquer de le voir leur présenter...
- ORIHIME !
Cette voix la transperça tel un sabre.
- Kanna chan ?
Arrêtée sur le trottoir, elle vit tout de suite que son amie était très en colère.
- Qu'est-ce que tu as ? s'inquiéta-t-elle aussitôt.
- Ne joue pas à ça avec moi !
- Quoi ?
- Tu le sais ! s'écria Kanna, plantée devant elle, les poings sur les hanches. Tu sais qu'Ichigo a rompu avec moi et je sais que c'est de ta faute !
Des badauds assistaient à l'échange mais la sœur de Sora les remarqua à peine, trop estomaquée.
- Il a rompu avec toi ? Mais enfin pourquoi ?!
C'était à n'y rien comprendre.
- Il a réservé une table au restaurant pour m'annoncer officiellement qu'il me quittait ! J'ai tenté de lui faire entendre raison ces derniers jours mais rien à faire et je te le dois !
- Je n'ai pas...
- Tais-toi ! lui ordonna Kanna en la pointant du doigt. J'ai vu à ta réaction que tu n'étais pas heureuse de me savoir avec lui ! Tu travailles dans la clinique de ses parents, tu lui as parlé et persuadé de rompre, fin de l'histoire !
Paralysée, Orihime ouvrit la bouche pour se défendre quand son portable vibra.
- Je parie que c'est lui, tu ne perds pas de temps et tu t'es prétendue mon amie !
- Non, ce n'est pas Kurosaki kun, il ne me contacte jam...
Son sang se glaça. Le sentant, Kanna lut l'identifiant sur l'écran.
- C'est son numéro de portable, je le reconnais ! Tu mens jusqu'au bout !
Orihime ne tint plus ses larmes. Quel cauchemar vivait-elle ?!
- Tu vois bien qu'à la manière dont ça s'affiche, il n'est pas dans mon répertoire ! Ça veut dire que je ne lui parle pas régulière...
Sa joue la brûla et le silence tomba tel un épais rideau.
- Je te déteste, siffla Kanna. Ne m'approche plus.
La tête haute, elle s'éloigna et disparut parmi l'océan de piétons en mouvement. Les curieux se dispersèrent en chuchotant, laissant Orihime seule au milieu de la rue, la paume sur sa joue enflée sous l'effet de la gifle et en plus la picotait en raison de ses larmes.
- Kanna chan, sanglota-t-elle.
Lentement, elle prit connaissance du premier SMS qu'Ichigo avait décidé de lui envoyer en deux ans qu'ils se connaissaient et surtout, dans un moment pareil.
¤ Il faut que je te vois. Dis-moi où et quand. ¤
Orihime serra son portable avec colère. Oui, elle lui en voulait terriblement. Que cherchait-il, enfin ?!
¤ Je ne veux plus te voir. Oublie-moi. ¤
Ce message réponse envoyé, le cœur comme transpercé d'épines, elle courut vers le cabinet médical privé où elle effectuerait le reste de son stage.
~o~¤~o~
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- Tu vas bien, Orihime chan ? lui demanda la jeune fille qui faisait également son stage ici.
- Oui, ça va ! assura-t-elle en pompant le poing en l'air.
- Ta joue...
- Ce n'est rien, um... je rêvassais et j'ai rencontré le poteau électrique, héhé...
Elle ferma son casier, passa son stéthoscope autour de son cou et se rendit dans la salle d'attente pour débuter ses consultations dites « sans gravité » puisqu'elle était toujours en phase d'apprentissage. En chemin, elle attrapa la feuille des noms avec une main tremblante, signe que les émotions nées de sa dispute avec Kanna quelques minutes plus tôt étaient toujours là.
- Hashima san pour un changement de bandages et la vérification des disques lombaires, appela-t-elle avec autant d'amabilité que possible.
- C'est moi.
Orihime s'étrangla avec sa salive au son de cette voix et leva le nez de sa liste pour voir Ichigo à moins d'un mètre d'elle, les mains tranquillement dans ses poches. Elle jeta un œil aux autres patients présents mais aucun ne réagit.
- Hashima san ? réitéra-t-elle en suppliant la salle.
- Je viens de vous dire que c'est moi, je n'ai pas été assez clair ? perdit déjà patience Ichigo.
- Kuro... !
- Inoue san, lut le roux sur son badge, gagnant ainsi son attention. J'ai entendu dire que les patients étaient vite pris en charge ici et j'aimerais vérifier cette théorie. Où dois-je vous suivre ?
Oh pour l'amour du ciel, elle devait rêver. Il n'avait pas été jusque-là ?!
- Infirmière Inoue, la pressa-t-il, son aura se densifiant. Mon dos me fait vraiment mal, pourrions-nous remédier à cela ?
Elle serra les dents et lui dit à travers ses prunelles cendrées tout ce qu'elle ne pouvait pas oralement. Ichigo sourit légèrement en retour, la sachant coincée, et lui fit signe d'ouvrir la voie. Tout en marchant, Orihime sentit parfaitement son pesant regard sur elle et sa satisfaction de l'avoir eue.
- Qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-elle, les mains sur les hanches, à peine la porte du bureau claquée. Inventer un nom pour m'approcher !
Ichigo retira sa veste et commença à déboutonner sa chemise.
- Tch, ta tenue est encore plus courte qu'à la clinique. Je vais vraiment devoir t'enfiler un pantalon de force.
Gênée, la princesse tira sur sa blouse lui arrivant à mi-cuisse.
- Tu bosses pour des médecins ou des pervers ? Les blouses de tes collègues ne sont pas aussi étriquées.
- C'était la seule taille disponible ! lui fit-elle savoir.
- Évidemment, difficile de te faire mettre une taille plus petite sans que ça dépasse l'indécence dont tu frôles la limite, siffla le jeune homme.
- Vas-tu me répondre ? ne tint plus Orihime, elle-même agacée.
- C'est donc ici que tu as fui, poursuivit-il en détaillant les lieux.
- Je n'ai pas fui !
- Ouais, c'est ça. C'est par pur hasard si, si peu de temps après notre accrochage au restaurant, tu as décidé de démissionner sans raison valable.
- Ce cabinet est plus près de chez moi.
- Tu dois marcher un quart d'heure de plus ! la contra Ichigo. Il y a un bar de sale réputation juste à côté, des voyous faisant leur loi et Sora ne pourra pas toujours venir te chercher ! Est-ce qu'il est même au courant que tu bosses dans un quartier aussi dangereux ? Qu'est-ce qui t'est passé par la tête en postulant ? Tu risques de finir parmi les patients entre les fous qui rôdent autour, les ivrognes et les membres de gangs admis ici !
La belle redressa les épaules et inspira. Cette situation la dépassait. Elle avait échangé plus de mots avec Ichigo ces derniers jours qu'en deux ans. Période durant laquelle elle s'était contentée de l'admirer de loin et nourrir son amour pour lui. Là, son admiration laissa place à autre chose tandis que son amour se retrouvait mis à l'épreuve.
Troublée par cette succession d'événements dont elle se serait bien passée aujourd'hui, la beauté auburn se passa une main sur le visage pour parler plus calmement.
- Comment tu as eu mon numéro ?
- N'espère pas t'en tirer en éludant le sujet, l'avertit-il.
- Je veux simplement savoir comment tu as pu me joindre alors que tu n'en as pas éprouvé la nécessité durant deux années, déclara-t-elle sèchement.
- Mes parents ont le numéro des personnes qu'ils emploient, j'ai fouillé un peu, révéla nonchalamment Ichigo, négligemment appuyé contre le mur. Maman m'a dit que tu démissionnais.
Orihime se demanda vaguement pourquoi Masaki avait informé si vite son fils de cela mais après tout, il l'aurait su tôt ou tard. S'il y avait une chose, c'est bien que Kurosaki Ichigo trouvait toujours le moyen d'obtenir une réponse dès qu'il s'était mis en tête de l'avoir coûte que coûte.
- Et comment sais-tu que c'est ici que je travaille désormais ? enchaîna-t-elle, les yeux plissés. Je n'ai pas révélé à Masaki san le nom de ce cabinet.
- Aucune importance puisque tu vas revenir à la clinique.
- Sûrement pas ! refusa la sœur de Sora. A présent, laisse-moi, j'ai de vrais patients à voir.
- Tu insinues que je n'en suis pas un ? questionna le roux, des mèches orange barrant ses yeux.
- Tu n'as pas de bandages.
- Non, mais je me suis bien blessé au dos en aidant papa à décharger le camion de livraison. Alors plutôt que de le laisser m'examiner, je préfère que ce soit toi tant qu'à faire.
- Je n'en ai pas l'intention, dit-elle aussitôt en croisant les bras sur sa poitrine.
- Je ne te laisse pas le loisir de refuser, Orihime, la cassa-t-il, les iris pénétrants.
La jeune fille ouvrit les yeux et la bouche.
- Tu plaisantes, Kurosaki kun !
- Je t'ai dit que je venais par SMS, ce n'était pas juste pour te voir.
- Mon portable est éteint.
- Dommage. Il fallait le laisser allumé car tu te doutais que je répondrais à ton message.
- C'est justement pour cette raison que je l'ai éteint, souffla-t-elle en serrant ses petits poings.
- Je sais, et tu as la conséquence devant toi.
Avant qu'elle puisse faire valoir son point de vue, il ôta sa chemise et s'allongea sur le ventre sur la table d'auscultation.
- A présent, je veux bien que tu vérifies que tout est bien à sa place. Aussi étrange que ça puisse te paraître, je tiens réellement à ma santé.
Inoue trembla sur place, en proie à divers sentiments. Avant aujourd'hui, elle n'aurait jamais cru qu'on puisse passer de l'amour à la haine aussi rapidement. Après son échec sentimental avec Tomoharu, elle s'était jurée de ne plus laisser aucun homme lui dicter sa conduite. Et pourtant, voilà que ça recommençait même si les circonstances étaient bien différentes.
Mécontente, elle laissa néanmoins ses mains voyager sur le dos d'Ichigo qui frissonna. Ce dos que Kanna avait certainement touché. Oh cher Kami...
- Tes mains sont douces, marmonna-t-il doucement, la tête dans les bras.
La princesse s'efforça de rester insensible à la douceur et la chaleur de sa peau -et à son commentaire. En poursuivant son examen, elle ne put nier qu'il avait dit vrai. L'une de ses vertèbres avait souffert mais rien de bien grave.
- Évite le port de charge lourde et de te pencher dans la mesure du possible, lui recommanda-t-elle en retirant ses mains. Ton dos guérit lentement, mais ça se remettra en place tout seul. Si la douleur est vraiment persistante, je te conseille de porter une ceinture lombaire. Tu peux t'en aller.
- Pas si vite, Orihime.
Il se redressa en position assise et l'attira entre ses jambes.
- Kurosa... !
- Dis-moi pourquoi tu as démissionné.
- Je...
- Hum ?
- Je ne peux plus rester en ta présence après la soirée de l'autre jour et...
- Et quoi ? la poussa-t-il, les nerfs flambant déjà.
- Tu le sais parfaitement ! craqua Orihime, les doigts sur ses pectoraux pour le repousser. Tu sortais avec Kanna chan !
- Comment tu es au courant de ça ?
- C'est mon amie ! s'écria-t-elle, le souffle saccadé. Et par ta faute, je l'ai perdue ! Elle s'imagine que je suis responsable de votre rupture alors que je n'ai rien fait !
La stupéfaction remplaça la frustration du frère de Karin et Yuzu.
- Tu connais donc Kanna, dit-il d'une voix sourde.
Il se leva, remit sa chemise sans la boutonner et fit les cent pas en ratissant sa crinière flamboyante déjà en épis. Pour la première fois, Orihime accorda de l'intérêt à son torse. La lumière du jour accentuait le contour de ses muscles dessinés qui se fléchissaient à chacun de ses pas et de ses lourdes inspirations. Ichigo avait longtemps joué au foot avec Karin et parfois en club, alors évidemment son corps en conservait les avantages. Elle rosit et détourna les yeux.
- Si j'avais su..., s'en voulut-il en se frottant la nuque. Je lui ai dit que je rompais à cause d'une fille travaillant à la clinique.
- Exactement, alors que c'est complètement faux ! Je n'ai jamais...
Elle se tut, en état de choc.
- Tu as quoi ?
- Attends, qu'est-ce que tu as sur la joue ? s'irrita-t-il en s'approchant pour la toucher.
La demoiselle recula hors de portée.
- Ce n'est rien.
- Tu te fous de moi ?!
- Réponds, Kurosaki kun ! Tu m'as toujours à peine parlé et quasiment jamais regardé et maintenant, tu en viens à me faire des scènes sans fondement ! Dis-moi pourquoi !
- Bon sang, ça fait deux ans ! s'époumona Ichigo en la saisissant par les bras, penché vers elle. Deux ans que tu me rends dingue, Orihime et tu ne vois rien ! Même quand j'ai commencé à t'appeler par ton prénom, tu n'as rien compris et tu es sortie avec ce connard de Tomoharu qui n'en a qu'après ton corps ! Alors oui, tu as une part de responsabilité indirecte dans notre rupture.
Des traînées salées sur les joues et malgré sa prise, Orihime chancela et se retrouva assise sur le bureau.
- Moi qui pensais que je n'avais aucune chance d'attirer ton attention.
A sa grande surprise, à son tour debout entre ses jambes, Ichigo lui adressa un doux sourire tout en caressant sa joue maltraitée. Consciente qu'il était beaucoup trop près, elle plaça ses mains sur ses abdominaux qui se contractèrent.
- Tu as attiré mon attention dès que je t'ai ouvert la porte pour transmettre ton CV à mes parents, confessa-t-il, plongé dans ses perles grises.
Sans la laisser assimiler, il l'enlaça et respira son odeur dans son cou.
- Ça m'a blessé quand tu m'as dit qu'on n'était rien, souffla-t-il.
- C'est la vérité, répondit-elle, le front sur son épaule.
- Et je veux que ça change.
- Non, c'est impossible.
Pourquoi la vie était-elle si cruelle ? Ses ongles s'enfoncèrent inconsciemment dans la peau au niveau de la taille d'Ichigo, sous la chemise.
- Je ne peux pas, tu es sorti avec une amie, ça ne se fait...
- Orihime, l'interrompit-il, la bouche dans sa chevelure, ses doigts jouant avec ses cheveux de bébé au-dessus de sa nuque. Ça fait deux ans. Crois-tu que je ne t'ai pas étudiée ?
- Comment ça ?
- Je sais des choses sur toi comme ta couleur préférée, ton film favori ou encore les pays que tu aimerais visiter. Je sais que tu veux être infirmière depuis toujours, que tu rêves de te marier un jour ou même d'ouvrir ton propre cabinet pour soigner les gens de tous milieux à l'image de mes parents.
Bouche bée, la belle le força à reculer pour le regarder. Il en savait plus à son sujet que ses anciens petits amis. Pour la première fois de sa vie, un homme accordait de l'intérêt à la personne qu'elle était vraiment, au-delà de son physique.
- Nous n'avons jamais vraiment discuté et tu es si bien informé ?
- J'ai questionné mes sœurs, maman... je m'intéresse à toi, qui tu es, dit-il simplement. Et fais pas cette tête parce que tu sais aussi des choses sur moi, n'est-ce pas ? sourit-il encore en rangeant une mèche derrière son oreille.
La princesse ne répondit pas. Oui, elle savait par exemple qu'il était très proche de son meilleur ami qui pouvait prétendre être l'un des rares à lire en lui ou encore quel était son groupe de rock préféré, le livre qu'il ne se lassait pas de relire ou même l'acteur qu'il appréciait. Et tant de choses encore...
- A ton silence, j'ai visé juste.
Ses orbes envoûtants incitaient son pauvre cœur malmené à jaillir hors de sa poitrine.
- Peu importe, ça reste pas bien, je ne peux pas... aah !
Ichigo venait de l'allonger sur le bureau, faisant ainsi tomber plusieurs documents et stylos. Bien sûr, il s'en fichait, plutôt occupé à la chevaucher et les lier poitrine contre poitrine, front contre front. Orihime déglutit, ses mains de nouveau ouvertes sur son torse d'où elle percevait les battements frénétiques de son cœur.
- Tu sens ? murmura Ichigo, sa main sur la sienne. Il battait aussi fort à chaque fois que je te voyais avec Tomoharu ou que je t'entendais dire combien tu étais heureuse quand ce bâtard t'a demandé de sortir avec lui alors qu'il n'avait en tête que de t'utiliser avant de te jeter, cracha-t-il comme du poison. Tu mérites tellement mieux que ce genre de ratés, je veillais sur toi à distance en pensant réussir à t'atteindre un jour.
Il frôla son nez, ferma brièvement les yeux et continua à voix basse.
- C'est pour ça que j'ai mal réagi quand tu ne m'as pas dit que c'était ton anniversaire, parce que je sais que tu connais le mien.
Il marquait encore un point.
- Kurosaki kun..., débuta la jeune femme, des larmes le long des tempes.
- Et la raison pour laquelle je suis sorti avec Kanna, c'est en premier lieu pour voir si ça provoquerait une réaction chez toi et ça en a provoqué une. Pas celle que j'espérais et je dois régler ça.
Orihime écarquilla les yeux.
- Que dis-tu ?
Il lui redressa le menton, leurs souffles se mêlèrent.
- Laisse-moi t'offrir ton cadeau d'anniversaire en retard, Orihime, chuchota Ichigo sur sa bouche, ses yeux incandescents connectés aux siens.
Il l'embrassa. Le premier sentiment qui émanait de ce baiser était l'impatience. Il abaissa ses hanches sur les siennes, glissa sa main sous sa nuque et passa sa langue impatiente sur l'ouverture de ses lèvres. Ses petites mains remontées dans ses cheveux hérissés, Orihime cherchait à instaurer la paix dans la guerre sans merci que se livraient son coeur et sa conscience.
- Ne me fais pas ça, pas maintenant, la supplia Ichigo en percevant son trouble. Tu m'aurais repoussé il y a longtemps si tu n'en avais pas envie alors embrasse-moi, Orihime, termina-t-il, l'autre main sur sa cuisse nue.
Bien malgré elle, cette dernière ouvrit sa bouche et gémit dès que sa langue habile trouva la sienne. Dès cet instant, leurs lèvres fusionnèrent dans un baiser pressant et humide de salive échangée. Ichigo goûta chaque coin et recoin de sa bouche délectable tout en libérant des gémissements à intervalles de plus en plus rapprochés. Il serra la taille d'Orihime pour la ramener contre lui et il devint évident qu'il aspirait à autre chose.
Orihime pressa sa nuque, sentit sa peau brûler sous ses doigts fins, son empressement croître et ses caresses s'intensifier. Elle ressentait toute l'horrible attente, une forme d'amour, le désespoir et une furieuse envie de rattraper le temps perdu déversés dans ce baiser passionnel qu'Ichigo lui donnait. Pour la première fois, elle se sentait réellement désirée et elle éprouvait du désir. C'était à la fois bon et douloureux. Trop douloureux.
- Arrête ! le repoussa-t-elle.
Ichigo avait une expression ahurie, comme émergeant brutalement d'un rêve supposé ne pas avoir de fin. Tous deux avaient le souffle irrégulier.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Est-ce que tu as aimé Kanna chan ?
Il cligna des yeux. Avait-elle vraiment mis fin à ce baiser inespéré pour reparler de cette fille ?!
- Tu ne m'as pas écouté ? Je t'ai dit non, je ne veux que toi, répéta-t-il, las qu'elle n'enregistre vraiment pas.
- Alors tu es sorti avec elle juste pour son physique ?
- Pourquoi tu fais une fixette là-dessus ? s'emporta à présent le roux, toujours au-dessus d'elle. Je ne ressens absolument rien pour Kanna que ce soit physique ou ce que tu veux ! Elle cherchait un copain pour ne pas rester seule et moi, je recherchais ton attention, ça se résume à ça ! Alors au lieu de bloquer sur ce détail, dis-moi plutôt...
Orihime le gifla. Le claquement sec fit trembler la plante à leurs côtés. La paume sur sa joue colorée, Ichigo l'observa avec une expression de choc intense. Furieuse, blessée et déçue, Orihime descendit en vitesse du bureau et lui balança sa veste.
- Va-t'en ! s'écria-t-elle sans pouvoir retenir ses larmes.
Ichigo mit pied à terre et reboutonna à moitié sa chemise.
- C'était pour quoi ça ?!
- Je t'ai dit de t'en aller !
- Je ne vais pas partir sans savoir pourquoi tu me jettes ! Tu viens de me laisser t'embrasser, putain !
- Et je n'aurais pas dû ! Comment as-tu pu faire ça, Kurosaki kun ? Je te croyais différent des autres, mais non ! pleura-t-elle. Kanna chan a fini par s'attacher à toi et tu n'as fait que jouer avec ses sentiments ! Je ne peux pas te pardonner un tel comportement, je ne peux pas sortir avec l'ex-petit ami d'une amie !
- Jouer avec ses sentiments ? Je te rappelle qu'elle ne m'aimait pas plus quand on a commencé à sortir ensemble ! Elle voulait une relation sans implication émotionnelle, ce qui me convenait très bien ! Je ne regrette pas d'avoir mis fin à une pseudo histoire d'avance vouée à l'échec !
- C'est tout ce que tu as trouvé pour justifier ton attitude ?!
- Je n'ai pas l'intention de m'excuser ! trancha le jeune homme en cognant le bureau avant de marcher vers elle. Et puis quoi encore ? Tu te fais de fausses idées, tu n'as donc rien compris à ce que je t'ai expliqué ?! Il n'y a rien...
- Non ! Ne m'approche pas, lui ordonna Hime contre le mur, ses bras l'entourant étroitement.
- Merde, Orihime, essaie au moins de comprendre !
- Oublie-moi. S'il te plaît, laisse-moi, acheva-t-elle dans un chuchotement, ses larmes se déversant sur sa poitrine.
Blessé, énervé et déçu par cette tournure lamentable de la situation, Ichigo enfila sa veste et se dirigea rageusement vers la porte qu'il entrouvrit. La souffrance marquant ses traits, il jeta un regard similaire à la femme qu'il avait fait pleurer.
- Je n'ai pas attendu deux ans pour renoncer à toi maintenant.
Il s'en alla en laissant ses derniers mots résonner tel un lourd avertissement. Orihime n'en eut que vaguement conscience, ses océans argentés rivés sur le chambranle qu'il venait de franchir. Elle glissa en position assise et enfouit sa tête entre ses genoux pour se laisser totalement aller à son chagrin familier et cent fois plus intense.
- Tu appartiens désormais toi aussi à mon triste passé, Kurosaki kun.
Elle n'était indéniablement pas faite pour trouver et vivre le véritable amour.
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Ohayo ! Voici le début d'un two-shot que j'ai écrit un jour où je m'ennuyais sévère. J'ai toujours voulu réunir Sora et Masaki dans un écrit puisque, comme vous le savez, dans les textes suivant l'univers du manga ils sont en toute logique morts. Pour cette raison, ne soyez pas trop méchants sur la manière dont je les ai dépeint ici, je n'ai pas vraiment de référence à part quelques éléments dans le début de notre manga adoré !
Sinon ben, que dire ? J'ai aimé écrire cet UA car j'ai pu conserver mon style d'écriture tout en optant encore pour une romance compliquée. N'hésitez pas à donner votre avis, je vous remercie pour la lecture =) A la prochaine avec la suite et fin.
