~Pokémon – Jet Black~
~Prologue~
Deux semaines. Deux semaines depuis qu'une partie de son monde était détruit, écrasé sous les rochers du Mont Couronné. Au début, elle en avait profondément voulu à son père, qui, une fois de plus, avait décidé de se jeter à corps perdu dans son travail. Certes, y aller avec les ouvriers était très noble de sa part, lui qui avait été le patron de son entreprise, mais là... Qui aurait pu prévenir une telle tragédie? Même les géologues sur place avaient dit que tout était sécurisé! Mais il semblait que le destin en avait décidé autrement pour son père, où la montagne meurtrière prit un malin plaisir à le broyer dans ses étreintes rocailleuses.
Roxanne avait failli ne pas venir à son enterrement, juste pour éviter cette foule « d'amis » aux costumes noirs fleurant la poussière et l'hypocrisie, telle que sa mère. Non, ce fut seul, qu'elle se recueillit devant le corps de son père, exposé dans une petite chambre funéraire. Les bougies s'étaient délectées de ses larmes, les ayant éclairé avec délice, comme pour le visage apaisé du mort. Elle avait cru qu'il était en train de dormir, qu'il allait se réveiller d'un seul coup, comme quand il faisait ses farces, où il parlait avec légèreté de la mort et d'autres sujets que les mœurs qualifient encore de « sérieux ». Elle refusa un moment de croire qu'il était parti de ce monde. Non, ce corps démembré, encore tuméfié qu'on avait tenté de remettre en ordre ne devait être qu'un mannequin, pas son père. L'homme qu'elle avait connu se contentait seulement de s'amuser à l'effrayer en restant immobile, mais à présent... elle préféra se souvenir d'un visage enclin à la sérénité plutôt que de faire face à la réalité.
Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas autant pleuré.
Le notaire lui avait remis simplement une lettre, tandis que le reste de l'héritage était cédé à des œuvres caritatives et la direction de l'entreprise à quelqu'un d'autre qu'elle: de toute façon, elle avait refusé cette trop lourde responsabilité dès le début. Ce genre d'affaires, elle les mettait de côté et laissait celles-ci être traitées par des personnes adéquates, bien qu'elle n'eut jamais confiance en elles. La lettre en question, elle prit tout le temps qu'il faut pour la lire. Il y avait de quoi rester concentré.
« […] je te lègue donc mes Pokémon, c'est-à-dire Tango, Draco ainsi que Pepper. Je sais que tu prendras soin, comme tu l'as toujours fait. Ils te protégeront, comme je l'aurais fait à ton égard. Mais j'ai pris quelques précautions, c'est pour ça que tu ne les aura pas directement chez le notaire. Je préfère que tu ailles les chercher sans que ta mère n'y mette son grain de sel. Nous la connaissons très bien et vu comment elle est... J'ai décidé de les mettre en sécurité. Ci-dessous tu trouveras les codes d'accès à mon compte personnel pour pouvoir les retirer depuis l'ordinateur. […]
Mais revenons-en à ta mère.
Je sais que, malgré les années, elle ne changera jamais et c'est pourquoi je dois te mettre en garde. Je ne sais pas si elle existera encore au moment où tu liras cette lettre, mais je dois t'informer que la famille finance une Team depuis presque plusieurs générations. J'ai voulu m'y opposer, mais ta mère y porte une attention toute particulière; c'est une des raisons d'ailleurs qui m'a poussé à demander le divorce... Je dois t'avouer... que ta mère a tenté de me faire assassiner. Cela doit te faire un choc mais c'est la pure et simple vérité. Je t'en prie, Roxanne, si c'est encore d'actualité, fais attention... Je ne pourrai jamais me pardonner de mon impuissance face à Béatrice lorsqu'elle a récupéré la garde... Cette femme est prête à tout pour arriver à ses fins, mais ça, tu le sais malheureusement mieux que moi... [...] »
Ainsi, pour une unième fois, elle la relut, encore et encore, malgré le brouhaha qui fusait autour d'elle. Cette fois-ci, ce fut les beuglements énervés d'un Frison vis-à-vis de son dresseur désemparé qui la ramena à la réalité.
Elle consulta l'heure sur son Vokit rapidement et soupira bruyamment. Dès tôt le matin, il fallait déjà qu'il y ait du bruit, dans ce hall immense où fourmillaient, avec une pathétique agitation, moult dresseurs accompagnés de leurs Pokémon, des responsables mettant en place les tournois, les infirmières qui faisaient l'aller-retour constant pour aller soigner les différentes équipes des autres. Comme s'ils méritaient qu'on soigne leurs Pokémons, tout ça parce qu'ils ne savent pas s'en occuper. Mais ça, au fond, elle ne pouvait pas leur en vouloir. Tel était bel et bien le Pokémon World Tournament, un des seuls endroits pullulant de monde qui ne l'horripilait pas trop. Elle n'avait jamais été habituée à la foule de toute façon. Et tant qu'on ne la dérangeait pas, elle se contentait d'observer de haut cette masse mouvante et compacte, gardant son avis pour elle.
- Phaaaaaa! Couina non à côté d'elle un Pharamp qui trépignait d'une douce impatience, tandis que les orbes sur son front et au bout de sa queue s'illuminaient parfois d'une lueur rougeâtre.
- Oui, Vanessa, excuse-moi, répondit-elle, amusée. J'y vais de ce pas!
Le Pokémon Elektrik répondit avec un petit cri heureux qui se prolongea un moment au passage d'une brève caresse sur sa tête de la part de sa dresseuse. Celle-ci s'approcha du premier PC venu et inscrivit les fameux codes d'accès au compte de son père.
Tango, le vigoureux Galeking était bien là. On l'avait mis au courant que, suite à l'accident mortel de son père, seul ce Pokémon-là avait été remis à sa place pour elle, tandis que Pepper, son Drakkarmin solitaire, avait été transféré à la Pension d'Ogeosse pour sa convalescence.
Quant au Draco, à l'heure qu'il était, il se trouvait au côté de son maître dans le caveau familial d'Ébenelle, le village des Dragons de la région lointaine de Johto. Malheureusement pour le mort, elle n'allait donc pas avoir la chance de tous les côtoyer une nouvelle fois. Pour Tango, cela passait encore de par sa nature brave et protectrice, mais pour Pepper, il subsistait en elle encore des doutes à son sujet. La fière créature n'allait sûrement pas accepter ce soudain changement de dresseur, ce pourquoi elle décida d'aller le voir plus tard.
Après avoir fait rentrer son Pharamp dans sa Pobéball, Roxanne prit lentement la Super Ball du Galeking et la considéra un moment, la nettoyant au passage pour la faire reluire comme les autres de ses autres compagnons de route. Elle ne l'avait jamais vu sous sa forme initiale, celle d'un tout petit et larmoyant Galekid. Ni même jamais en Galegon d'ailleurs! Tout ce dont elle se rappelait, lorsqu'une petite réminiscence émanait dans son esprit encore embué par la fatigue, c'était un immense Galeking, dont la fière cuirasse est parsemée de multiples traces, de cicatrices, montrant ainsi toute sa puissance et tous les combats qu'il avait enduré avec son maître et les nombreuses fois où le noble Pokémon à l'armure d'acier l'avait sauvé de moult situations périlleuses.
Soudain, la jeune femme lança la Pokéball par terre, faisant sortir ainsi l'imposante créature cornue.
- Bonjour Tango, souffla-t-elle doucement, sortant de son sac une Baie Jouca.
Le Pokémon la considéra un moment et baissa la tête, agitant légèrement la queue. La dresseuse peina à sourire, bien que la compassion agitait pour une fois son être. Délicatement, elle déposa dans une de ses pattes la petite baie et en profita pour passer sa main entre les cornes de la bête.
- Je ne t'en veux pas, Tango... Je n'étais pas là, mais je suis sûre que tu as tout fait pour le sauver. Tout comme tu as du essayer de sauver tes partenaires Pokémon...
- Gaaaa! Rugit le Galeking en guise d'approbation, sa queue bougeant avec frénésie.
- Alors, voudrais-tu devenir un membre de mon équipe...?
La créature cuirassée s'inclina et rapprocha légèrement sa tête pour qu'elle puisse le caresser davantage. Un sourire tranquille apparut enfin, tandis qu'elle le remercia dans quelques murmures.
- Ensemble, on va... mettre au clair cette affaire, dit-elle finalement à l'attention de tous ses Pokémon.
De toute façon, elle avait de le faire depuis longtemps. Et maintenant qu'elle jouissait d'une liberté qui n'avait été qu'avant ses 17 ans qu'un rêve, qu'une espérance, un désir de profond d'arracher le voile pour découvrir la vérité n'avait fait que s'empirer chez elle. Elle ne tenait plus à attendre et les révélations de son père n'avaient fait qu'exacerber cette affreuse envie de justice.
Lentement, elle inspira une longue bouffée d'air plusieurs fois de suite, pour calmer son cœur brûlant de cette pulsion qu'elle devait tout le temps refouler. Soudain, une annonce se fit entendre dans les haut-parleurs du bâtiment, appelant les participants du deuxième tournoi du matin à se présenter. Elle sursauta et, encourageant ses Pokémon en même temps, elle alla rejoindre ses adversaires pour le tournoi du Port Yoneuve.
J'espère que ce prologue vous a plu. :) Je ne sais pas si je pourrais être régulière dans la publication des prochains chapitres. Université et surtout partiels obligent!
