Chapitre 1 : Expédition temporelle
Un éclair zébra le ciel, illuminant le champ de bataille. Une pluie diluvienne s'abattit soudainement sur terre ; chacune des gouttes fouettant avec violence le visage des trois personnes encore debout. Un bruit assourdissant déchira finalement l'air. Hermione sursauta, retenant un cri effrayé. Un simple regard d'Harry lui fit signe de se calmer. Il ne restait que peu de temps. Hermione jeta un coup d'œil au visage de son meilleur ami et chuchota une formule magique. Harry sourit, enleva ses lunettes et les remit sur son nez, non sans adresser un hochement de tête à la jeune fille. Hermione lui rendit son sourire puis les deux jeunes gens retrouvèrent leur concentration.
Un peu plus loin, Ron adressa un signe de pouce à Harry. Celui-ci lui rendit, signifiant qu'il avait compris et montra une petite cavité creusée dans la roche à Hermione. Sans un mot, cette dernière lui serra le bras. Il l'enveloppa d'un regard tendre, les yeux pleins d'amour fraternel. Les larmes de la jeune fille lui montèrent aux yeux. Harry tendit la main et replaça une mèche de cheveux dégoulinant de pluie, derrière son oreille. N'y tenant plus, Hermione se jeta dans ses bras, le serrant avec toute la force du désespoir. Le survivant lui rendit son étreinte :
-N'oublie pas, murmura-t-il.
Incapable d'articuler le moindre mot, Hermione hocha la tête. Satisfait, Harry se tourna vers Ron. Les mots ne pouvaient pas franchir ses lèvres. Tout ce qu'ils avaient vécu ensembles lui revenait en mémoire. Il laissa ses souvenirs le submerger, lui procurant ainsi la force de vaincre celui qui avait privée sa vie de l'amour de ses parents. Puis, après un dernier regard à Ron, il sortit des feuillages et se précipita vers la cavité. Le dernier souvenir que Hermione eut de Harry, fut le sourire resplendissant qu'il leur adressa, avant de s'enfoncer dans les ténèbres.
Hermione attendit. Elle crut que cette attente n'allait jamais finir. Ron l'avait rejoint et l'entourait de ses bras. Elle pouvait sentir ses muscles tendus au travers ses habits, mouillés par la pluie. Soudain, il y eut un éclair qui n'avait rien de naturel, un hurlement de douleur et le silence. Enfin, un rire retentissant retentit, suivi de hurlements de joie.
Hermione ferma les yeux, sentant la douleur l'envahir. Ca y est. Tout était fini. Une légère pression la ramena à la réalité. Ron, tremblant, lui fit signe de le suivre ; sans un mot, Hermione obéit. Elle avait l'impression d'avoir le QI d'un zombie. Elle se laisser guider par le gryffondor, sans prêter attention à ce qui se passait autour d'elle. Enfin, ils se retrouvèrent au QG de l'ordre. Les membres étaient là, le visage crispé, attendant le verdict. Incapable de souffler le moindre mot, Hermione se tourna vers Ron. D'une voix rauque qui lui était inhabituelle, il marmonna :
-Ca y est.
Hermione éclata en sanglot. Les membres de l'ordre soupirèrent. Puis, se détachant du groupe, Remus prit les mains d'Hermione.
-Il faut y aller.
-Attends, supplia Tonks, la voix tremblante. Remus, tu ne peux pas…
-Non seulement je le peux, mais en plus je vais le faire. Nous n'avons pas le temps d'attendre. C'est ce que nous avons tous décidé. Hermione, tu n'as pas le choix. Tu es notre seul espoir.
-Remus, s'il te plaît…le retour ! souffla Tonks, les larmes aux yeux.
Hermione était dans l'impossibilité d'avoir une pensée cohérente. Elle fixait Remus en silence, les yeux mouillés de larmes. Elle ne pouvait détacher ses yeux de lui. Elle était comme hypnotisée. Ron sentit ses yeux se mouiller de larmes. Elle était si belle en cet instant. Elle était là et pourtant, elle semblait détachée du moment. Puis le plus lentement possible, sachant que son geste scellera à jamais son destin, elle hocha la tête. Tonks poussa un soupire de résignation et Ron lui tourna le dos, monta directement dans sa chambre, non sans avoir claqué la porte avec sa douceur naturelle.
Les larmes coulèrent de plus belles sur le visage d'Hermione mais, ce fut sans aucune hésitation qu'elle accepta la fiole de liquide vert pomme que lui tendait Remus. La jeune fille déboucha le récipient et regarda tour à tour les visages des membres de l'ordre présent. Elle y lisait tout l'amour, la confiance et l'inquiétude qu'ils éprouvaient pour elle. Comme Harry l'avait fait auparavant, elle imprima chacun des visages levés vers afin de ne jamais les oublier, puis levant la coupe, elle murmura :
-A Harry.
Et, sans plus aucune autre formalité, elle avala le contenu d'une traite. L'instant d'après, elle avait disparu. Remus poussa un soupir tandis que Tonks et Ginny, ainsi que d'autres, laissèrent libre cours à leurs sanglots.
-Maintenant, il ne nous reste plus qu'à attendre la dernière lueur d'espoir.
Tous hochèrent la tête. Les dés étaient lancés. Tout reposait entre les mains d'Hermione, maintenant.
***
Une détonation, une lumière aveuglante et un atterrissage mouvementé, voilà ce qui suivit le breuvage de la potion. Hermione se heurta violemment la tête contre le sol et mit un moment avant de retrouver ses esprits. Elle se trouvait dans un bureau qui semblait appartenir à un propriétaire assez excentrique. Un tas d'objet loufoques et des bibelots sans grande utilité, encombraient une table déjà surchargée de parchemins. La jeune fille se releva tant bien que mal et entreprit son exploration visuelle de la pièce. Le bureau en lui-même était assez agréable. Un grand tableau représentant deux voiliers pris en pleine tempête, était suspendu en haut d'une petite commode poussiéreuse. Le tableau était immobile et pendant un instant, Hermione sentit son cœur lâcher. Et si elle s'était trompée ? Non. Elle ne pouvait pas. La potion avait été créée avec minutie et précision. Elle l'avait recommencé, avait vérifié au moins une bonne dizaine de fois qu'elle n'avait rien omis dans sa préparation. Elle était sûre de son coup. Le taux d'échec était nul. La jeune fille reprit espoir. Le fait de trouver un tableau moldu dans un bureau de sorcier ne signifiait rien en soi. Plusieurs sorciers s'étaient passionnés de l'art moldu.
Alors qu'elle se perdait dans la contemplation de la peinture, Hermione entendit la poignée de la porte du bureau s'abaisser. Faisant brusquement volte-face, elle glissa sa main sous la poche de son jean, où se cachait sa baguette. Elle n'en aurait sans doute pas besoin mais on n'était jamais trop prudent. Toutes ses années de guerre lui avaient appris bien des choses et la Hermione Granger de maintenant n'avait absolument rien avoir avec celle qui avait abattu un troll avec l'aide de Ron et Harry en première année d'étude.
Au début, Hermione eut du mal à reconnaître l'homme qui se tenait devant elle. Son visage était moins ridé, sa barbe et ses cheveux plus gris et beaucoup plus courts. Elle le regarda un instant les yeux ronds, ayant du mal à croire que l'homme qui se tenait devant elle n'était autre qu'Albus Dumbledore. Néanmoins, ses lunettes en demi-lune et le pétillement habituel que l'on apercevait dans ses yeux n'y trompaient pas. Le voir ainsi debout devant elle en chaire et en os, lui fit monter les larmes aux yeux. Mais elle se contint. Cela ne servait à rien de pleurer. Maintenant, elle devait se concentrer sur sa mission. Rien d'autre ne comptait.
Albus Dumbledore était tout aussi surpris, sinon plus, de voir apparaître cette jeune fille dans son bureau, d'autant plus qu'il était censé être protégé par mot de passe. La possibilité du transplanage était, elle aussi, exclue car on ne pouvait pas transplaner à Poudlard. Elle pouvait tout aussi bien avoir appris son mot de passe, mais ce visage lui était totalement inconnu. Cela ne faisait aucun doute que c'était la première fois qu'elle venait à Poudlard.
Encore une chose qui s'ajoutait à sa surprise. Tout d'abord, ses cheveux dégoulinaient de pluie et ses vêtements trempés lui collaient à la peau. L'on aurait dit qu'elle sortait tout droit d'un plongeon dans le lac alors qu'il faisait un superbe soleil malgré la température assez basse. Son seul bagage se trouvait à ses pieds ; un sac à dos miteux, pourtant sec.
Ensuite, elle avait les traits tirés par la fatigue et un air grave et sérieux que l'on ne voyait habituellement pas chez une jeune fille de dix-sept ans. Car oui, cela il en était sûr, c'était bien une jeune fille de septième année qui se tenait devant lui.
Soudainement, la jeune fille ouvrit la bouche :
-Professeur Dumbledore, murmura-t-elle, la voix imprégnée de fatigue, de soulagement et de tristesse.
Le professeur de métamorphose haussa un sourcil. Parce qu'en plus elle connaissait son nom ? La situation prenait une tournure vraiment passionnante.
Il hocha la tête, contourna la jeune fille et s'assit sur sa chaise, derrière son bureau.
-Miss, salua-t-il poliment. Peut être auriez-vous l'amabilité de me dire comment vous êtes entrée dans mon bureau.
Hermione le regarda fixement, l'air grave. Puis inspirant un bon coup, elle commença :
-Professeur, vous ne me connaissez pas, mais moi je vous connais. Je sais que mon histoire vous semblera aussi improbable qu'étrange mais je vous pris de ne pas m'interrompre avant que je ne vous raconte le fin mot de mon histoire. Je suis ici pour une raison bien précise. J'ai une mission à mener pour le bien et la prospérité de l'humanité.
Et d'un bloc, elle raconta tout. La venue de Voldemort, Harry, l'Ordre, même sa mort, et le plan. Dumbledore, en bon public, respecta sa promesse. Il l'écouta attentivement, complètement captivé par l'histoire qu'il entendait. Hermione continuait de parler. Sa voix devenait de plus en plus raque, sa gorge s'asséchait mais elle ne s'arrêta pas. Etrangement, cela lui faisait un bien fou de tout déballer. Parfois, elle sentait sa voix faiblir sous le coup de l'émotion, ou ses yeux se mettre à briller, mais très vite elle se reprenait. Sa mission était plus importante que ce qu'elle pouvait ressentir.
Une fois terminée, la jeune fille se sentit vidée de tout. Incapable de rester debout, elle se laissa tomber sur la chaise. Dumbledore sortit sa baguette et un verre d'eau apparut. Hermione l'accepta avec reconnaissance. Après un long silence, Dumbledore dit enfin :
-Donc, vous venez du futur et devez accomplir une mission. Et vous avez besoin de mon appui.
-Je n'y arriverai pas sans votre aide professeur, approuva Hermione sans hésitation. Je suis déjà assez terrifiée comme ça, je ne crois pas que je tiendrai si je me retrouvai seule. D'ailleurs, je ne pourrai y arriver sans vous. J'aurais besoin de certaines libertés que je ne peux pas voir sans votre aide.
Dumbledore réfléchit un court instant.
-Vous parlez du poste de préfet-en-chef ?
Hermione hocha la tête en silence. Le vieux professeur se passa la main le long de sa barbe avec lenteur. Puis il reprit :
-Je veux bien vous aider, miss Granger. Heureusement, vous êtes arrivée la veille de la rentrée. Je vais aller voir le principal et lui dire qu'une de mes parentes vient d'arriver. Le principal me doit plusieurs faveurs et même si j'ai horreur de les réclamer, je vais le convaincre de vous donner ce poste. En attendant, vous pouvez dormir dans les dortoirs des gryffondors une dernière fois. J'avoue que je me languis quelque peu de son confort.
Hermione sourit.
-Non merci professeur. Je crois que j'irais passer ma nuit dans les dortoirs des serpentards car telle sera ma maison désormais. Il faut que je m'y habitue et ce n'est pas en regardant sans cesse le passé que j'irai de l'avant.
Dumbledore lui sourit également, sincèrement impressionné. Cette miss Granger avait du cran et du courage. Cela se voyait qu'elle avait plusieurs années de guerre derrière elle. Son expression, ses yeux, tout cela le démontrait. Une grande maturité. Une trop grande maturité pour son âge. Ainsi qu'une trop grande mission. Mais il comprenait pourquoi on l'avait choisi elle, et pas quelqu'un d'autre. Il avait la sensation que si quelqu'un pouvait réussir, c'était bien cette jeune fille.
Un éternuement le tira de ses pensées. Hermione se frotta énergiquement les bras. Maintenant, qu'elle avait accompli le premier pas de sa mission, elle se rendait compte qu'elle avait froid. Dumbledore sourit.
-Changement de programme, miss. Ce soir, vous dormirez à l'infirmerie. Miss Polly vous donnera une potion revigorante. Je vais de ce pas voir le directeur. Je vous retrouverai là-bas. Sachez seulement que vous êtes la petite fille d'un cousin du frère de mon père. Vos parents étaient tout deux explorateurs et sont morts accidentellement. N'ayant plus de famille, je vous recueille. Compris ?
Hermione acquiesça.
-Je suppose que je n'ai pas besoin de vous monter le chemin de l'infirmerie, déclara Dumbledore d'un ton joyeux. Vous donnerez ce mot à Pol.
Hermione se leva à son tour et sans un mot, se dirigea vers la porte.
-Hermione ?
La jeune fille se retourna pour croiser le regard malicieux du professeur.
-Tu peux m'appeler tonton Albus, si ça te fait plaisir.
Prise de court, Hermione ne répondit pas immédiatement. Puis, elle lui lança un sourire chaleureux. Un vrai sourire franc et sortit de la pièce. Dumbledore se dit que oui, c'était vraiment, la personne qualifiée pour cette mission.
***
Les élèves de première année attendaient anxieusement la répartition. Le Choixpeau venait de finir sa chanson et le professeur Dumbledore était debout, tenant un long parchemin où se trouvait la liste de tous les nouveaux élèves. Mais cette fois-ci, il y eut un changement. Au lieu de lire le premier nom de la liste, le professeur Dumbledore annonça à tout le monde qu'une nouvelle élève, allait directement entrer en septième année. Il raconta qu'elle avait été victime d'un accident qui avait chamboulé sa vie et qu'il comptait sur la discrétion des élèves pour ne pas la harceler de question. Il leur demanda également de bien l'intégrer et déclara finalement qu'elle allait occuper le poste de préfet-en-chef. Il y eut des murmures étonnés dans la salle. C'était une première. Jamais une nouvelle qui entrait directement en septième année, se retrouvait au poste de préfet-en-chef.
Puis, Dumbledore appela dans l'ordre les nouveaux arrivants. Pendant ce temps, Hermione repensa à la discussion qu'elle avait eue à l'infirmerie avec Mr Dippet. Polly avait été surprise de voir une élève débarquer dans son infirmerie mais la lettre de Dumbledore la débarrassa de toutes questions. Elle eut un sourire chaleureux à l'adresse de la jeune fille, l'accompagna à son lit et lui donna une potion revigorante. Tout en la regardant, Hermione pensait à Pomfresh. Elle lui ressemblait étrangement, en plus jeune et plus joviale.
Le professeur Dumbledore et Mr Dippet étaient venus la rejoindre en début de soirée. Le directeur lui avait posé quelques questions, son niveau de magie, son lien de parenté avec Albus et l'avait finalement remercié d'accepter le rôle de préfète-en-chef. Puis, il lui avait présenté ses plus plates excuses pour la tragédie qui avait frappé sa famille avant de rajouter deux trois petites choses sur le règlement de l'école et de partir, non sans lui avoir souhaiter une bonne année scolaire. En bref, les choses ne s'étaient pas trop mal passées.
Enfin vint son tour. Les élèves étaient déjà tous répartis et il ne manquait plus qu'elle. Perdue dans ses pensées, elle ne prit pas conscience que Dumbledore l'avait déjà appelé deux fois. Ce fut seulement lorsque la voix se fit plus insistante et que des rires moqueurs commencèrent à s'élever, qu'Hermione s'approcha, l'air digne, mais l'expression toujours grave et sérieuse, vers le choixpeau. Comme lors de sa première année, le choixpeau lui tomba sur les yeux.
-Hm, voyons voir. Difficile, très difficile. Un sens de l'amitié digne d'une poufsouffle, studieuse telle une serdaigle, le courage des gryffondors. Voilà bien longtemps que je n'avais pas eu matière à réfléchir. Voyons voir…
-Serpentard, serpentard, serpentard, pensa Hermione. Mets moi à serpentard.
-Serpentard ? Curieuse demande. C'est là maison qui t'es la moins approprié.
-Je m'en fiche. Je dois y aller.
-Bien. Si tu es sûr de toi…SERPENTARD !
Des cris de joie et des applaudissement assourdissants retentirent vers la table des verts et argents. Sans la moindre émotion, Hermione enleva le choixpeau et se dirigea droit vers son destin.
Elle s'assit à la table des verts et argents, le regard fixé sur celle des gryffonfor. Elle sentait tous ses souvenirs revenir en elle d'un seul coup. Elle les laissa envahir son esprit, histoire de rester imprégnée le plus longtemps possible à sa maison d'origine. Elle ferma les yeux, soufflant un bon coup. Elle s'était mentalement préparée à cet instant depuis qu'on lui avait confié sa mission. Mais vivre en imagination une situation n'avait rien avoir avec la vivre en direct. Et puis, il y a avait une chance sur deux qu'elle entreprenne ce voyage. Quitte à choisir, elle aurait préféré ne rien faire mais les choses ne se déroulent pas vraiment comme on le voudrait. Perdue dans ses pensées, elle ne remarquait pas le regard des serpentards fixés sur elle, trop intimidés pour lui parler. Avec son air grave, ses yeux calculateurs, et un pli réfléchi qui barrait son front, personne n'osait lui adresser la parole. Malgré tout, la curiosité animait chaque esprit, et on pouvait lire des questions sur les lèvres de chaque personne présente. Qui était-elle vraiment ? Comment cette fille avait-elle pu avoir le poste de préfète-en-chef ? Et surtout, qu'est-ce qu'il lui est arrivé de si particulier ?
Mais Hermione n'en prenait pas compte. Son cerveau réfléchissait à toute vitesse. Il fallait qu'elle trouve un moyen de mener à bien sa mission. Pour l'instant, elle ne s'était toujours pas confrontée à Jedusor mais cela ne saurait tarder. Hermione poussa un long soupire :
-Je n'aurais qu'à laisser les choses se faire, marmonna-t-elle tout haut.
Plusieurs serpentards se tournèrent vers elle, abasourdis. Hermione fit un geste machinal avec sa main, comme pour chasser une mouche inexistante.
-Enfin, nous verrons biens, soupira-t-elle.
Nouveau mystère à éclaircir, la nouvelle venue parlait toute seule. A ce moment, les plats se remplir, et les élèves oublièrent pendant un temps leur curiosité. Hermione se servit de plusieurs plats, non sans jeter de fréquent coup d'œil à la table des gryffondors. L'ambiance chaleureuse et joyeuse y régnait, comme à l'accoutumer. Rien avoir avec les discussions froides et distantes des serpentards.
-Tu te crois trop supérieur pour nous parler ou tu es d'une timidité maladive ? demanda une voix narquoise.
Hermione leva la tête pour plonger son regard dans les yeux bleus glacials d'une jeune et jolie fille à l'allure ténébreuse. Elle lui sembla légèrement familière. Voyant l'attitude blasée de son interlocutrice, la jeune fille prit un air vexé :
-Pourquoi tu me fixes comme ça ? grogna-t-elle, soupçonneuse.
-Tu me rappelles vaguement quelqu'un, répondit calmement Hermione.
La jeune fille sembla prise de court. Puis, elle rejeta ses cheveux en arrière et lui sourit. Un vrai sourire franc. Elle en fut complètement métamorphosée. Sa beauté glaciale parut tout à coup beaucoup plus chaleureuse.
-Mélinda Black.
Hermione, nullement surprise, hocha la tête.
-Black ? Je vois.
-Pourquoi ? Ca te pose un problème ? lança-t-elle en fronçant les sourcils.
-Je ne pense pas. Sinon je crois que je t'aurais déjà fait part de mon mécontentement.
Il y eut un silence, le temps que Mélinda se remette de sa surprise, puis elle éclata de rire.
-Toi, tu me plais. Au moins, tu ne te laisses pas marcher sur les pieds. Tu fera merveille à serpentard. Je peux m'assoire à côté de toi ?
Hermione hocha la tête et se décala légèrement histoire de faire de la place. Puisqu'elle risquait de passer un temps indéterminé ici, autant se faire des amis. Et puis, elle lui serait peut être utile. Hermione étouffa une exclamation d'horreur. C'était bien elle qui pensait là ? Se servir des gens pour parvenir à ses fins ? Ce n'était pas digne d'une gryffondor. Mais peut être devait-elle avoir la mentalité des serpentards pour survivre à cette mission.
-Hermione ?
-Moui ?
-Tu penses à quoi ? Je te vois réfléchir depuis ton arrivée dans cette salle.
Hermione haussa les épaules.
-A des choses et d'autres. Certaines sont sans importances, d'autres le sont.
Mélinda la scruta, une lueur pensive dans les yeux.
-Tu ressembles étrangement à Jedusor, lâcha-t-elle. Pas de la même façon, mais par certains côtés.
Hermione tressaillit. Elle ? Ressembler à ce monstre ? Ce serpent immonde et haïssable ? Mélinda eut un mouvement de recul. Elle voyait dans les yeux de la jeune fille, une haine et un dégoût qu'elle n'avait jamais vu. Ou plutôt si. Ces yeux glacés, animés par la colère et la haine. La seule personne qu'elle connaissait qui était capable d'un tel regard, n'était autre que Jedusor.
-Hermione ? dit-elle d'une petite voix. Tout va bien ?
-Super, se reprit Hermione. « Je dois rester calme ».
Mélinda n'insista pas. Hermione la regarda un moment puis soupira. Elle n'était pas la gentillesse incarnée. Elle lui adressa un sourire chaleureux.
-Ne t'inquiète pas. Je suis un peu secouée par tout ce qui vient de m'arriver. Je suis désolée de ne pas être d'excellente compagnie.
-Je comprends, je comprends. Alors ? Tes parents faisaient quoi dans la vie ?
-Ils cherchaient.
-Quoi par exemple ?
-Oh, n'importe quoi, répondit évasivement Hermione.
Mélinda préféra changer de conversation. Elle se lança dans une discussion passionnée sur le château et fut ravie de voir la jeune fille l'écouter avec intérêt. Elles discutèrent encore un moment avant que le directeur se lève et annonce la fin du dîner. Mélinda jeta un regard à Hermione, lui dit à demain et suivit la foule ambulante des élèves qui se dirigeaient vers leurs dortoirs respectifs. Au moment où elle allait se lever, Dippet arriva en compagnie d'un jeune homme. En le voyant, Hermione eut le souffle coupé.
Beau.
Il était purement et simplement splendide. Des cheveux noirs de jais, des yeux d'un noir profond, froids et calculateurs qui semblaient la mettre complètement à nue. Toute cette noirceur contrastait avec le teint pâle de sa peau.
Hermione reprit contenance. Ainsi, elle avait devant elle…
-Hermione Granger, voici Tom Jedusor, présenta Dippet. Mr Jedusor est le préfet-en-chef et également l'élève le plus doué que j'ai jamais vu.
Le visage de Jedusor resta froid mais il gonfla le torse, d'orgueil. Hermione se raidit. Il lui rappelait Malfoy. Ses yeux se plantèrent dans ceux de Jedusor. Elle soutint son regard, lui envoyant toute la haine et le dégoût qu'elle éprouvait pour lui. Elle vit les yeux de Jedusor s'agrandirent de surprise et d'incompréhension, mais il reprit très vite contenance. Hermione sourit et détourna le regard. Elle avait au moins gagné cette bataille.
Elle écouta d'une oreille distraite les explications du principal, trop occupée à se concentrer mentalement sur la situation à venir, c'est-à-dire, au moment où elle se retrouverait seule avec le roi des serpents.
Lorsqu'il eut fini son discours, il souhaita une bonne nuit aux deux préfets et partit. Jedusor toisa Hermione de haut en bas, puis lui fit signe de le suivre. Sans l'ombre d'une hésitation, elle lui emboîta le pas.
Après avoir déambuler dans le château, dans le silence le plus pesant, ils s'arrêtèrent devant un tableau représentant le blason de Poudlard.
-Pouvoir, dit Jedusor.
Hermione fut surprise de la douceur de sa voix. Une douceur envoûtante. Elle laissa échapper un petit rire. Le fourchelangue la regarda d'un air suspicieux.
-Quoi ? fit-il d'un ton à la limite de l'agressivité. Ca te gêne ?
-C'est ridicule, surtout, railla Hermione. Tu manques vraiment d'imagination.
Les yeux de Jedusor lancèrent des éclairs. Comment osait-elle s'adresser à lui de cette façon ?
-Si ça ne te plaît pas, tu peux toujours dormir ailleurs.
-Ou je peux simplement changer de mot de passe.
-Une fois le mot de passe des préfets instaurés, il ne peut pas être changé.
-Bien sûr que si. Tu as décidé seul de ce mot de passe. En tant que deuxième préfète, j'ai tout à fait le droit d'apporter mon opinion au directeur qui changera le mot de passe jusqu'à ce que nous trouvions un terrain d'entente. Dans le cas contraire, il le choisira lui-même.
Jedusor eut du mal à cacher sa surprise. Elle avait tout à fait raison. Cette fille venait juste de débarquer et déjà elle lui récitait les différentes règles de l'établissement, comme si elle y avait été depuis toujours. Ce n'était pas normal.
-Mais comme je trouve que ça serait une perte de temps, je vais m'accommoder à tes goûts dénués de toute esthétique, reprit Hermione, blasée.
Il ne sut pas si c'était la phrase en elle-même, ou le ton qu'elle avait pris en lui disant, mais il prit sa réplique comme une gifle reçut en plein visage. Son expression se durcit et ses yeux lancèrent des éclairs. Personne ne lui parlait comme ça. Et dès qu'il se mettait en colère, tous se pliaient à ses genoux. Il suffisait qu'il leur fasse les gros yeux, songea-t-il, souriant intérieurement.
Mais Hermione le regarda avec toute l'indifférence dont elle était capable et passa le tableau, se dirigeant droit vers sa chambre, sans que Jedusor ne lui explique quoique ce soit. Le futur maître des ténèbres la regarda partir, rongé par la colère. Comment osait-elle le prendre de haut ?! Cette fille ne savait décidément pas à qui elle se frottait. Dans sa chambre,
Hermione poussa un long soupir, assise sur le rebord de la fenêtre, les yeux levés vers la lune. Les larmes coulaient à flot sur ses joues, mais elle ne s'en souciait pas, impassible. La nuit allait être longue.
