I – Mourir de vivre sans toi
C'était un soir comme les autres. La lune était pleine, parfaitement circulaire. L'astre seul aurait suffit à éclairer le quai, dernière étape avant l'arrivée au château. La nuit commençait à caresser les contours du château, déposant au sommet des tours leurs comètes dorées. Succèdant à cette immensité noire, s'accumulait sur la plate forme lluminée les élèves de l'école de Sorcellerie Poudlard. Les nouveaux écoliers étaient facilement reconnaissables, à leurs regards légèrement apeurés, leurs manières maladroites, et la gêne qui transparaissait sur leurs joues porcelaines. Contrastant avec ces jeunes élèves, suivaient ceux pour qui cet endroit était habituel. Comme l'arrivée dans un deuxième foyer. Tous affichaient un visage grave, mêlé de craintes et de peur, mais aussi d'espoirs et d'assurance.
Sirius sembla mettre un temps infini avant de tomber. Son corps se courba avec grâce et bascula lentement en arrière, à travers le voile déchiré suspendu à l'arcade.
Le jeune homme aux cheveux aussi noir s qu'une froide nuit d'hiver porta son attention sur le ciel. La peine et le vide qu'il ressentait étaient si profonds, alors pourquoi les étoiles continuaient-elles à briller autant ? Pourquoi les Ténèbres ne se refermaient pas sur lui , enfin, pour respecter son deuil et mettre fin à son agonie ? Il avait frôlé si souvent la mort, que le simple fait de respirer lui semblait presque encore iréel. Respirer. Vivre. Tout simplement exister.
" - SIRIUS ! hurla Harry. SIRIUS ! "
Les yeux émeraude d' Harry Potter se rouvrirent. Ces yeux avaient la couleur d'une prairie sauvage bercée par la lumière d'un soir d'été, mais l'éclat perçant de la douleur avait remplacé celui de la sérénité et de l'euphorie. L'ensemble de son visage parlait pour son vécu. On imaginait sans peine un jeune homme séduisant, d'à présent presque 16 ans. Sous ses beaux yeux s'étiraient des cernes, preuve d'un manque de sommeil et d'un stress qui ne faisait qu'accroître. Sa bouche était parfaitement dessinée, quoique tombante, comme brisée par une absence de sourire.
Sirius pourtant ne réaparaissait pas.
Hermione leva une nouvelle fois ses yeux sur son ami. Le reflet de son parrain y était, aussi clair , aussi limpide que dans le courant sauvage de l'eau, aussi gracieux que les ondulations des flots. Elle savait que Harry avait conscience qu'elle le regardait, refusant de la fixer à son tour. Elle sentit son coeur se serrer, actionnant une mécanique qu'elle ne connaissait que trop bien depuis quelques mois. L'amitié qu'elle ressentait s'alliait à la peine de son compagnon, entraînant en elle une vague d'émotion dans laquelle elle refusait de se noyer, comme le faisait son ami, désormais seul face à ses larmes.
- Il était seul, face à cette vérité assimilée depuis longtemps, depuis cet été, où il avait été la marionnette de personnes qui l'avait manipulé, et surtout auquelles il avait été aveugle. Il avait passé 2 mois seul, isolé du monde qui poursuivait sa course, qu'il n'était plus apte à gagner. Trop faible, trop detesté, jamais aimé, trop detestable, jamais aimable, à cela se résumait la vie, dont il ne voulait plus. Son sourire était un rictus, son rire une mélodie trop rare.
Il avait maigri, et sa seule présence n'imposait plus le respect qu'il exigeait autrefois. Il semblait craindre d'être suivi, ce dont il ne doutait plus à présent. Il n'avait jamais été seul.
Ses cheveux blonds dissimulaient avec peine les cernes noires qui gachaient la pâleur de ses traits, et assombrissaient ses yeux gris clairs. Son visage était crispé, ses dents constament serrées, et pour ceux qui le connaissait, sa silhouette s'était voûtée. Draco Malefoy n'avait jamais semblé aussi peu arrogant.
Les portes de la Grande Salle s'ouvrirent. Le décor était pour le moins surprenant. Les couverts, d'or et d'argent, symbole d'espoir brillaient sur les tables. Le plafond magique quant à lui, s'ammoncelait de nuages tous plus noirs que les autres, qui formaient une montagne de despespoir. Pour certains il représentait l'avenir, pour d'autre le renouvellement du passé.
[...]
Les bruits de couverts cessèrent, les conversations s'estompèrent. Dans un cliquetis métallique, chacun reposa fourchette et verre, et pivota pour faire face à la table des professeurs, dont le siège central était désormais vide. Dans la Grande Salle, le silence ne se faisait jamais attendre. Les cierges allumés magiquement, tenant au-dessus des têtes des élèves semblaient même respecter ce mutisme, leurs flammes ayant cessé de se balancer au rythme des sons.
" - Le repas touche à sa fin, et je profite du fait que nous soyons tous réunis en ce même lieu pour faire une annonce importante. Un long discours serait inutile, il me faut donc me réusmer à 2 mots : entente et coopération. Nul n'est pas sans ignorer que les temps ont changé et que la tension n'en est que plus forte, plus vive. J'attends, et j'exige de vous, que vous mettiez un terme à ces enfantillages qui régissent la vie des élèves dans ce château. Mettons en commun pratiques et capacités intellectuelles, afin d'en faire un tout qui sera à l'image de la grandeur qui se renferme en chacun de nous. A l'image des préfets, seront désignés 1 élève par maison, qui, ensemble, je l'espère montrerons à tous combien l'entente est un bien précieux.
Dès à présent, je vous autorise à me traiter de menteur ; j'ai prononcé bien plus que 2 mots, et je serai heureux si vous en avez retenu la moitié. Maintenant tous au lit. "
[...]
" - Très bien, je pourrai effectuer ce que vous attendez de nous, avec Luna.
Pas si vite Miss Granger, je n'avais pas fini.
Bien professeur.
Dans l'objectif de réussir au mieux les missions qui vous seront confiées plus tard, et données en temps voulu, la parité exige que des couples soient formés de façon à ce qu'il y ait un homme et une femme. "
Hermione ferma les yeux. Elle redoutait profondément la suite, et gardait ses lèvres bien serrées pour éviter de hurler à l'annonce de ce nom si détesté ...
" -Mr Malefoy vous pourriez peut-être cesser de regarder Miss Granger et vous concentrer sur ce que le professeur Dumbledore a à vous dire, " le reprit sèchement le professeur McGonagall.
La Gryffondor eu beaucoup de peine à ne pas se décrocher la machoire, lorsqu'elle vit Malefoy détourner vivement le regard, pour regarder McGonagall, sans une once de honte ou de représailles dans le regard. La rouge et or baissa les yeux, de peur de lire quelque chose qui la blesserait si elle venait à croiser le regard du Serpentard. Les questions fusaient, des hypothèses plus folles les unes que les autres se courraient après. Elle entendit brièvement Dumbledore leur souhaiter une bonne nuit, et que d'autres informations leur seraient communiquées en temps voulu. Le professeur de métamorphose voulait dire quelques mots en privé à Justin Finch-Fletchley, et que les 3 autres étaient libres de partir.
" - A quoi penses-tu que ces " missions "vont nous mener Hermione ?
Dumbledore est un homme brillant, j'ai des doutes que quelques secondes de réflexion puisse t'apporter une bonne réponse Annah ... Qui sait ce qu'il nous reserve ? Peut-être pourrait-ce être amusant, éducatif et distrayant.
Je vous laisse, ma salle commune ne se situe pas sur votre chemin.
Bonne nuit Annah, répondit Hermione, seule à lui répondre. "
" Ma première nuit au chateau depuis deux longs mois se termine avec Malefoy ... Formidable. "
Malefoy n'avait pas desseré les dents, et la jeune fille n'avait aucune envie que le contraire n'arrive. C'est donc tout naturellement, qu'arrivée au carrefour où ils allaient se séparer, qu'elle ne se retourna pas, ignorant son condisciple. C'est donc tout aussi naturellement qu'elle cria, lorsqu'elle sortit un étau serrer son poignet. Le cri venait de naître sur ses lèvres lorsque la seconde main de Draco l'empêcha de se dissiper dans tout le chateau.
" - Ce ne sera pas amusant Granger ; éducatif j'en conviens, mais amusant ... Les contes de fées c'est fini Granger. "
Il s'approcha d'elle, et colla ses lèvres à son oreille. Le bruit de sa respiration n'incommandait pas Hermione, à son grand étonnement il lui semblait aussi apaisant, réconfortant que le ronronnement d'un chat.
" - Mais grâce à toi, je pourrai peut-être rendre ça ... Comment as-tu dit ?! Distrayant. Oh oui je vais jouer Granger, jouer de toi, jouer avec toi ... "
Tétanisée, la Gryffondor ne put prononcer un mot, ni esquiver un geste. Piteusement, elle le regarda tourner les talons et disparaître dans l'obscurité dans laquelle son esprit était désormais plongée.
