L'océan a toujours été admiré pour ses flots incessants et son horizon infini.
Mais ce soir, Elwing pouvait affirmer, sans aucune hésitation, que cette monotonie rendait l'océan mélancolique et même inquiétant.
Alors qu'elle avançait, sans relâche, elle avait l'impression que jamais se terminerait son voyage et qu'elle ne croisera jamais d'âme qui vive.
Elle avait laissé derrière elle la guerre et le sang, il n'y avait plus personne pour lui usurper le Simlaril ou l'éliminer.
Son coeur se serra à la pensée de ses fils.
Mais la voix d'Ulmo la rassurait.
Leurs destins devaient s'accomplir sans qu'elle ne soit à leurs côtés.
Tout ce qu'elle devrait faire c'est retrouver Eärendié.
Elle gardait, ainsi, son regard rivé vers l'Ouest.
Voler était à la fois un geste étranger mais aussi trop familier: Comme si elle avait toujours su que ce jour viendra.
Le silmaril réchauffait son corps alors qu'elle continuait son périple solitaire.
Pas un son, pas un morceau de terre, juste ces sempiternelles vagues.
Alors que ses ailes faiblissaient et que son coeur ne cessait de penser à ce qu'elle avait perdu, un changement survint dans le paysage.
C'était un navire avec, à la proue, une silhouette qu'elle connaissait mieux que son propre corps.
Une vie, un siècle, une éternité: Il avait fallut une vie entière à Elwing pour retrouver son Eärendil.
Elle continuait à voguer dans les cieux comme il voguait sur les flots: l'un vers l'autre.
Le regard perçant d'Eärendil trouva le sien alors qu'elle descendait pour le rejoindre.
Qu'elle soit morte ou vivante, humaine ou immortelle, femme ou animale, il la reconnaîtrait toujours.
Elle se posa sur son épaule, il ne lui suffit que de caresser ses plumes du bout des doigts pour qu'elle ouvre à nouveau ses yeux et réalise qu'elle n'était à présent qu'une femme dans les bras de son époux.
