Note d'auteur : Cette fanfiction est un cadeau pour la seule, l'unique, la grande Dairy's Scribenpenne. Parce qu'elle a même la fonction suprême et rarissime de livreur de sushis à domicile. Si parmi vous se cachent quelques uns de ses (nombreux) admirateurs, ne vous étonnez donc pas de trouver au cour de la lecture des références aux univers qu'elle a créés.

Aussi, merci à Auteur-Onirique pour sa patience quand je lui ai parlé en long en large et en travers de ce projet, et pour avoir lu cette chose en avant première afin de me donner un avis. Et à AngellaN pour sa correction.

Résumé : UA- Univers Alternatif. Les rues de Paris. Un message écrit sur un mur, comme s'il s'adressait à lui. Les rues de Paris. De la peinture sur les murs, comme pour s'adresser au monde. « Et si d'un naufrage l'on apprenait à nager ?» Stupide. On se noyait forcement.

L'information dont tout le monde se fout : L'histoire comportera vraisemblablement une vingtaine de chapitres (ou s'arrêtera à celui-ci si vous venez m'assassiner chez moi, vous avez le droit, c'est votre liberté d'action) séparés en deux livres distincts : Se noyer et Apprendre à nager.

Rating : NC-18, allez, au lit les morveux. Mais ce chapitre est gentil comme un ado mal dans sa peau.

Disclamer : J.K. Rowling, parce que ce sont ses personnages, quand même.
Fred le Chevalier, street artiste m'ayant inspiré la réflexion de cette fanfic en écrivant en bas de chez moi la fameuse question. je vous invite à le découvrir directement sur les murs de Paris, ou alors, en bon gros flemmards, en allant chercher sur internet.

Bonne lecture mes agneaux. Et toi Daidai, mon petit bichon des prairies, j'espère que ça te plaira.


Notes de lecture sans grande importance :

(1) La chanson qu'écoute Draco à ce moment là est Jesus He Knows Me de Genesis.

(2) Cette charmante phrase est empruntée à mon cher alcoolyte, CookieMonster comme on l'appelle par chez moi. Alors cimer Albert et le bonjour à tes poneys boiteux.


Livre I : Se noyer.
« C'est pas l'amour à boire, c'est juste quelques verres de chagrin de cafard. » Cyrz

Chapitre 1 : Prendre le large.

« Et si d'un naufrage l'on apprenait à nager ?»

Il fixa la question qui le narguait noire sur gris le regard vide et les mains dans les poches. C'était stupide. On se noyait forcement. Toujours. Dans son casque Genesis scandait que Jesus savait qu'il avait raison(1).

Nous étions au début du mois de novembre. Il faisait froid. Paris s'était couvert d'un voile gris, comme la façade des immeubles. Comme la fumée des cigarettes. Comme les yeux que Draco Malfoy venait de fermer en soupirant lentement. Il songea vaguement que le monde entier serait gris pendant au moins six mois, puis, sans transition, il se demanda ce qu'il faisait dans cette rue à se peler les miches alors qu'il avait mille autres choses à faire et il espéra que Blaise aurait au moins la décence de se presser un minimum.

Il voulu allumer une cigarette mais il avait fini sa dernière tout à l'heure, en marchant depuis la sortie du métro jusqu'à cette rue stupide.

L'automne commençait peu à peu à prendre possession de la ville. Il la recouvrait d'un manteau de froid cuivré qui finirait, comme tous les ans, par dépouiller les arbres, remplissant les caniveaux de feuilles mortes, et, bientôt, la fumée des cheminées s'échapperait au dessus des toits de Paris.

La musique dans son casque changea et la porte du hall d'entrée de l'immeuble de son meilleur ami s'ouvrit enfin. Il n'était pas seul, ce qui fini d'énerver Draco.

-Théo, Draco, chantonna presque Blaise en guise de présentation, agitant son bras de l'un à l'autre.

-On se connait déjà, susurra Draco les lèvres pincées.

-Evidement, puisqu'on était en classe ensemble au lycée. Mais maintenant vous allez apprendre à vous apprécier.

-Peux-tu me dire ce que je fous là au juste Zabini ?

-Tu es venu voir celui qui a sans aucun doute la première place dans ton cœur Malfoy, à savoir, moi.

Draco ne prit pas la peine de répondre à son ami, ça n'aurait fait qu'agrandir encore ce putain de sourire dont il ne semblait pas vouloir se débarrasser. A la place il soupira une énième fois.

-Bon. Et si nous y allions ? proposa Blaise de son ton ridiculement joyeux.

Ils marchèrent silencieusement.

Depuis maintenant un mois, Blaise avait décidé que l'art était la chose la plus importante à la surface de la planète, et il s'obstinait à trainer Draco à des vernissages tous plus ennuyeux les uns que les autres. C'était le genre de soirées branchées où il fallait être polis, mais pas trop, cool, mais pas trop et où, surtout, il fallait se montrer avec le maximum de personnes pour que tout le monde sache à quel point on était populaire. Blaise adorait ça. Draco avait envie de vomir rien que d'y penser.

Théodore, lui, personne ne savait trop ce que ça lui faisait. Il ne disait jamais rien. Il était de ces dandys nonchalants dont on ne parvenait jamais vraiment à saisir les pensées. Les mains enfouies dans les poches de son pantalon de toile noire, il posait sur le monde ses yeux bleus délavés comme s'il ne ressentait absolument rien. Draco avait toujours été un peu mal à l'aise en sa présence. Il ne le détestait pas vraiment, mais plus loin de lui il était, mieux il se portait. A l'école, on disait qu'il vivait seul avec son père qui était un vieil homme sévère et aigri. Et pourtant, malgré ce manque crucial d'amour familial il n'avait jamais cherché à aller vers qui que ce soit. Il était toujours resté seul, ne parlant avec les autres que pour le strict nécessaire, ou pour paraitre poli, ce qui était peine perdue puisqu'il ne pouvait visiblement pas s'empêcher de grimacer ou de ricaner pour des raisons assez obscurs. Personne ne se leurrait : tout le monde savait que Théodore Nott était beaucoup trop bien pour eux, et qu'il ne leur faisait l'honneur de sa présence uniquement parce qu'il n'avait pas le choix.

Aussi, le fait qu'il soit là ce soir était un pur mystère, et les mystères énervaient Draco. Il avait le sentiment d'être le dindon d'une farce quelconque, et c'était plutôt désagréable.


Eclipse.

C'était ce qu'il y avait écrit au dessus de la galerie devant laquelle ils se trouvaient.

A travers les grandes vitres on pouvait voir un groupe de personnes parler visiblement avec animation, en sirotant ce qui semblait être du champagne. Draco fit la moue. Il aurait préféré du whisky. Quitte à aller à une soirée chiante, autant en profiter pour se saouler à moindre frais. Après réflexion, il se dit qu'il était bien capable de faire ça avec du champagne mais il n'était pas certains qu'on lui en laisse l'occasion.

Blaise montra leurs invitations à une jolie fille qui se regardait les ongles devant l'entrée. Elle haussa un sourcil et se poussa pour leur laisser la place d'entrer.

Théodore n'avait toujours pas décroché un mot.

Draco sentait que ce vernissage allait être l'un des pires de sa vie.

La première chose qu'il vit dans la salle bondée confirma ses pensées.

« Le lyrisme débordant est un laxatif. »(2)

Draco sentit mille et une choses se briser en lui : il aurait reconnu cette écriture entre mille et pourtant il ne l'avait vu que quelques minutes, pensant l'oublier aussitôt. La magie de l'esprit. Il aurait préféré être amnésique. Sans trop savoir pourquoi, repenser au message sur le mur le contrariait.

Puis, il se demanda si le fait que cet immense dessin sous lequel s'étalait cette affreuse écriture se trouvait là n'était pas tout simplement une blague.

Un canular.

Après tout, ça ne pouvait tout de même pas être considéré comme de l'art.

Il remarqua du coin de l'œil que Blaise présentait Théodore à des gens qui avaient l'air ennuyeux au possible. Pour la première fois de sa vie Draco ne ressentit pas du mépris ou la plus complète indifférence pour son ex camarade de classe, mais bel et bien une vague de pitié. Il se surprit même à lui souhaiter mentalement bonne chance, après quoi il se faufila entre les gens pour que Blaise oublie jusqu'à son existence. Si sa bonne étoile, Dieu, Bouddha et le clochard du coin le voulaient bien, il pourrait peut être partir plus tôt que prévu, et si on voulait son avis, ça n'était pas du luxe.

Il se retrouva sans trop savoir comment devant le dessin du mec-qui-salissait-les-murs-des-honnêtes-gens-avec-des-conneries. Ça représentait un prince charmant avec une tête de sanglier, une harpe dans les mains, vomissant des fleurs et des papillons sur une princesse dont le bas du corps n'était plus qu'une montagne visqueuse et putride. Il grimaça. C'était grossier.

-Splendide ! Celui-ci est vraiment extra !

Draco sentit un frisson d'horreur parcourir sa colonne vertébrale et il se retourna lentement vers l'origine de la voix.

Un type roux. Bizarre. Enjoué. Qui avait vraiment tout pour déplaire, des taches de rousseur au sourire niais.

A côté de lui, il y avait un autre type. Cheveux bruns. Pas coiffé. Lunettes pour un look sérieux contrastant avec la nonchalance de la tenue.

Draco se demanda lequel des deux était le plus cliché.

Il les détesta tout de suite.

-Le lyrisme débordant est un laxatif. Si vous voulez mon avis c'est ce genre de trucs immondes se prenant pour de l'art, le laxatif, prononça-t-il d'un ton trainant sans prendre la peine de les regarder en face.

Ce qui ne l'empêcha pas de savourer l'expression outrée du rouquin – dieu qu'il aurait voulu le regarder dans les yeux pour ne pas perdre une miette de son indignation. L'autre mec avait l'air plus indifférent.

Cela agaça Draco.

-C'est vulgaire et… stupide. Qui faut-il être pour pouvoir apprécier ça ?

Il lança un regard dédaigneux à ses deux interlocuteurs et renifla d'un air méprisant.

Le rouquin avait désormais les joues rouges, comme si on venait de l'insulter. L'autre le fixait l'air blasé.

C'est le moment que choisi Blaise pour venir voir si Draco s'amusait, s'il appréciait ce sooomptueuux vernissage, et s'il parlait avec des gens intéressants.

Il répondit que non. A part avec deux ploucs qui n'avaient aucune répartie, il n'avait parlé à personne. Et il ne s'amusait pas.

Blaise lui tapa dans le dos avec un grand sourire et lui dit que c'était parfait. Qu'il continue comme ça surtout. Lui allait voir ce que faisait Théo parce qu'il ne voulait pas le laisser seul trop longtemps quand même.

Draco grimaça en ayant peur de comprendre ce que la fin de son monologue impliquait. Il se sentait seul. Triste et seul.

Le rouquin était parti saluer des gens qu'il connaissait. Dommage, il avait l'air de pouvoir s'énerver facilement.

L'autre mec, le brun, était toujours debout à côté de lui et fixait la toile d'un air interrogateur presque triste.

Draco eu envie de lui parler mais il y'avait trop de monde autour de lui et ça le fatiguait.

Il n'avait même pas bu une coupe de champagne.

Il chercha des yeux où il pourrait s'en procurer une mais ce fut un échec.

Trop de monde. Trop de bruit. Trop de chaleur. Trop de lumière.

Il ne se sentait pas très bien.

Cela ne faisait même pas une demi-heure qu'il était là dedans et il n'en pouvait déjà plus.

Il se demanda vaguement si Blaise lui en voudrait beaucoup s'il partait maintenant.

Finalement il décida de chercher un coin de la pièce où il y aurait un peu moins de monde et d'attendre que le temps passe jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus. A ce moment là il partirait.


Il avait tenu une heure et demie.

Il avait envie de pleurer. Ou de vomir au choix. Quoiqu'il en soit son corps lui criait qu'il avait trop de choses à évacuer en lui. Ça pourrissait quelque part sous sa cage thoracique. Pas trop loin de ses poumons encrassés par la fumée des cigarettes. Pourtant, comme d'habitude, Draco Malfoy ravala sa rancœur, sa peine, et tout l'acide qui lui brulait le fond de la gorge en permanence, et il se contenta de pincer les lèvres d'un air de petit aristocrate coincé.

Il venait de quitter cette foutue galerie avec son nom stupide. Pourtant, il avait l'impression d'entendre encore les voix hypocrites à souhait des femmes et les rires trop gras des hommes. Il avait mal au crâne. Il ne savait pas trop si c'était dû à la chaleur étouffante, aux parfums capiteux, au brouhaha… Il avait juste envie de prendre un cachet et d'aller se coucher. De dormir et d'oublier.

« Et si d'un naufrage l'on apprenait à nager ? »

Il ne savait pas qui était le putain de con – on lui pardonnerait l'expression, qui avait pourri ce mur avec cette phrase débile, mais il le haïssait sincèrement. A ce stade, ça pouvait presque être considéré comme du harcèlement moral. Il n'avait pas envie de lire ça. Pas maintenant. Pas ici. Jamais. Nulle part.

Et puis, c'était idiot.

Pour la deuxième fois de la soirée, Draco se fit la réflexion qu'après un naufrage, on se noyait forcement. Ces pensées finirent de le déprimer complètement sans trop qu'il sache pourquoi.

Etait-il en train de faire naufrage ? Est-ce que son embarcation prenait l'eau ? C'était à cause de cette tempête n'est ce pas ? Son navire était trop petit et chamboulé par la tempête qu'était sa vie, il allait couler, purement et simplement. Et lui, assis là, au milieu, il n'allait rien faire pour se débattre, ou pour essayer de s'en sortir. Il allait se noyer. Parce qu'il savait très bien qu'il ne savait pas nager.

Les seuls qui savaient nager c'étaient ceux à qui on avait payé des cours de natation à la con. Et lui, jamais personne ne s'était soucié de savoir s'il en avait besoin ou pas. On l'avait lâché dans cette vie sans lui demander son avis, et on lui avait dit « maintenant, démerde toi ». Et quand il avait demandé de l'aide, on lui avait ri au nez.

« Et si d'un naufrage l'on apprenait à nager ? »

On se foutait de sa gueule.

Non. Vraiment. On ne pouvait que se noyer.

Sinon, tout le monde aurait déjà foutu des coups de hache dans sa propre barque.

Ridicule.

Draco resserra son manteau sur lui. Il fixa cette inscription sur le mur encore quelques minutes avant d'enfouir la main dans sa poche et d'en tirer un marqueur noir.

Il réfléchi une demie seconde, puis, comme en dehors de lui-même, il vit sa main s'approcher du mur et écrire rageusement, en petites lettres penchées, à droite sous l'autre stupide phrase.

Maintenant, il avait la tête qui tournait.

« Les seuls qui savent nager, c'est ceux à qui on a payé des cours de natation à la con. Les autres se noient».


Merci d'avoir lu. N'oubliez pas que toutes les critiques sont bonnes à prendre et que c'est grâce à elles qu'on peut progresser, alors je vous suis toute ouïe. J'espère vous retrouver au détour du chapitre 2. Salut. Au revoir. Bonjour chez vous.

Sam'