Disclaimer : Personnages et univers appartiennent à Miyazaki
Notes : Post-film.
Il est toujours difficile de grandir. Chihiro en avait peur plus que toute autre personne au monde. Pour elle l'âge adulte était celui de l'oubli, et elle ne voulait pas oublier son séjour dans le monde des esprits. Surtout pas Haku. La jeune fille se raccrochait à ses souvenirs, nouant ses doigts au ruban confectionné par Zeniba.
Son corps lui-même refusait de grandir. Elle détonait parmi les adolescentes prenant des formes de femmes, avec son corps maigre de petite fille. Il n'y avait que ses yeux qui avaient changés. Ils avaient pris un regard doux qui semblait voir à travers les choses. Ses compagnes de classe demeuraient chamboulés à chaque fois qu'elle croisait ses yeux profonds. Un regard de femme mature qui cherchait dans le paysage, fébrilement, quelque chose du passé.
— Tu en briserais des coeurs Chihiro, si tu te lançais un peu, lui confia un jour une amie de sa classe.
— J'ai déjà quelqu'un... répondait-elle dans un souffle.
Les questions fusaient à chaque fois, mais Chihiro donnait des réponses évasives. Parler de Haku lui serrait le coeur. Que n'était-elle encore la petite fille boudeuse, portant des tee-shirts aussi grands qu'elle, courant et roulant partout ? Son corps lui était étranger, tout autant que le monde des humains.
Le hasard, ou la fatalité, la mena un jour aux abords d'une rivière. Claire et limpide comme celle de son enfance. Cette constatation lui fit monter les larmes aux yeux. Chihiro s'accroupit sur la berge, attendant un signe. Une apparition. Mais rien ne vint. Alors elle détacha le ruban de ses cheveux et le lança dans les flots. Une main surgit de l'onde, tenant le ruban brillant. Un cri au bord des lèvres, Chihiro agrippa la main, formulant le nom qui avait délivré celui qu'elle aimait.
— Kohaku !
La main fut suivi d'un corps qui semblait faire partir de l'onde. Et pour cause, car il était émanation de l'esprit de la rivière. Chihiro ne chercha pas à savoir si elle rêvait. La petite fille qui était resté en elle serra son ami dans ses bras. La femme qu'elle deviendrait souhaita secrètement que l'embrassade soit suivie d'un baiser.
