Prologue
Junie se leva sans entrain ce matin-là. Le ciel, dehors, était dépourvu de nuages et les oiseaux chantaient innocemment : c'était le début de l'été. Mais pour Junie, depuis des années, les saisons s'enchaînaient sans qu'elle ne s'en rende compte. Elle se fichait du temps qui passait comme elle se fichait de ceux qui l'entouraient chaque jour. Elle se fichait de tout. Excepté des livres. Junie adorait les livres, elle les dévorait (mouahah je viens d'imaginer dans ma tête une pauvre fille en train de bouffer des livres…oui bon, ok.)
Chaque jour, en rentrant du lycée, elle s'enfermait dans sa chambre à double tour et elle lisait pour ne sortir de sa transe que lorsqu'il fallait manger. C'était sa bouffée d'air frais dans son monde pollué par toutes ses idées noires. Le problème était que Junie ne lisait qu'une seule fois chaque livre, elle détestait se relire et les livres s'amoncelaient dans sa petite chambre. Du coup, celui qui lui servait de géniteur avait déterminé qu'il ne lui achèterait pas un livre de plus et l'air se raréfiait… La seule histoire que Junie arrivait à relire sans mourir d'ennui : Harry Potter. Cette série ne l'ennuyait absolument pas, elle la trouvait vivifiante (les expressions de vieux X) ) contrairement aux autres qui lui donnaient envie de dormir chaque fois qu'elle les relisait.
Car c'était cela, relire un livre dont elle connaissait la fin l'ennuyait au plus profond d'elle-même et c'était la même chose pour sa vie : elle savait ce qu'il se passerait chaque jour prochain et les seuls évènements inattendus étaient néfastes. On pouvait résumer sa vie en une seule phrase : chaque jour elle allait à l'école pour s'y faire enfermer huit heures avant de ressortir et d'être obligée de faire ses devoirs. Bien sûr, Junie n'était pas tout à fait normal (sinon, pourquoi je l'aurais choisi comme héroïne, hein ?) mais les seuls éléments qui auraient pu rendre sa vie un temps soit peu intéressante lui avaient fait beaucoup de mal et la rongeaient encore aujourd'hui intérieurement. Il y avait eu, alors qu'elle avait trois ans, cette fois où elle avait surpris son père en train de battre sa femme, complètement ivre. Sa mère l''avait regardée, désespérée, et lui avait soufflé de retourner dans sa chambre. Ce qu'elle avait fait. Et elle avait couvert les cris de celle qui lui avait donné la vie par sa musique. En effet, à trois ans elle avait déjà un mp3 car ses parents, très riches à cause d'un commerce pas très net, voulaient qu'elle soit à la pointe de la mode. Ils devaient être déçus les pauvres, à 15 ans elle s'habillait toujours dans un style décontracté. Bref (je sais ça se dit pas dans une histoire mais faut une transition). A quatre ans elle avait vu sa mère mourir sous les yeux après une commotion cérébrale. La « commotion » en question c'était son père qui avait frappé son épouse avec une batte de baseball à la tête. A six ans, il l'avait obligé à rentrer dans une école privée pour bien mettre en avant combien il se souciait de l'éducation de sa fille. Elle détestait cette école, où elle devait mettre un uniforme avec une jupe trop courte et où il y avait tous ces petits minis génies, trop sages et trop parfaits. A huit ans son père l'avait frappée pour la première fois. Si fort qu'elle s'était évanouie. A dix ans il avait pris l'habitude de la battre tous les jours, l'alcool aidant. Et à douze ans, lorsqu'elle avait eu son premier petit copain et le dernier, son père avait tabassé le pauvre garçon à mort. Depuis elle ne se montrait plus avec personne en publique, préférant rester seule. Mais personne ne pouvait deviner sa détresse, qui aurait pu soupçonner ce père à l'air si tendre et si préoccupé par l'avenir de sa fille d'être ainsi un tel monstre ? Et encore, Junie était presque sûre qu'elle n'avait pas tout vu, que son père avait tué encore tellement de gens dont elle ignorait le nom. Elle en était persuadée car il avait eu l'air très sûr de lui en tuant son copain et elle ne pouvait s'empêcher d'entendre les cris provenant de la cave…
D'ailleurs, en ce moment même, un long hurlement lui déchirait les tympans. Elle ferma d'un coup sec la porte de sa chambre qui s'était entrouverte pour ne pas que son père l'accuse de l'espionner et lança la musique à fond. Grossière erreur. Elle n'entendit pas son père l'appeler pour qu'elle lui apporte à boire. Lorsqu'il entra dans la chambre en défonçant la porte au passage et qu'il vit sa fille en larmes, il s'approcha d'elle avec un faux air compatissant :
« Ma chérie, souffla-t-il, une lueur sadique dans les yeux, que se passe-t-il ? Un problème à l'école, avec un garçon ?
Non, non, ce n'est rien, murmura Junie en essuyant ses larmes, ne voulant pas que son père fasse une victime de plus pour elle
Eh bien dans ce cas, pourquoi tu pleures pauvre petite c*nne ? se mit à hurler l'homme
Je…je…
Arrête de pleurnicher ! »
Et il la frappa violemment au visage. Junie se releva rapidement, prit un livre qui trainait par là, et s'enfuit en claquant la porte au nez de son père. Elle savait que de toute façon il la frapperait. Elle s'enferma dans la salle de bain à clef, espérant que la porte tiendrait un peu plus longtemps que celle de sa chambre. Elle voulait mourir. Là. Maintenant. Pour échapper à ce monde morose, gris, déprimant. Pour se calmer et ne plus rien sentir, elle prit un peu d'héroïne puis elle se saisit d'un couteau qui trainait (vous n'avez pas de couteau vous dans votre salle de bain ? Bon ok moi non plus mais elle va pas prendre sa brosse à dent pour se poignarder ! o_o Donc on va dire que c'est normal). Lentement elle s'ouvrit la peau des avant-bras pour bien voir le sang couler puis elle se trancha d'un coup vif les veines au niveau du poignet. Avec un cri elle s'effondra sur le sol si blanc désormais taché de rouge. Elle entendit vaguement son père lui crier dessus et la porte craquer dans un grondement sourd sous son poids. Elle voyait flou. Devant elle, le livre qu'elle avait jeté en entrant dans la pièce s'ouvrit, les pages défilèrent. C'était Harry Potter.
« Si seulement j'avais eu une vie un peu plus intéressante comme la sienne. J'aurais tellement aimé être une sorcière pour tuer ce vieux fou et pouvoir me défendre de n'importe qui. J'aurais pu être normale, étudier dans une grande et joyeuse école, avoir mes amies et mon copain sans redouter l'Autre. J'aurais pu rejoindre la ligue contre Voldemort, me battre contre lui, rejoindre les rangs de l'Ordre du Phénix. J'aurais pu… mais ce monde-ci n'accepte pas la différence, il n'accepte pas la féerie, tout ce qui pourrait embellir une vie, alors je préfère quitter ce monde sans vie pour le pays des anges. »
Bon ceci n'est qu'un prologue (très court, enfin près de deux pages word quand même !) donc les autres chapitres seront plus longs.
Je tiens à signaler que je n'ai jamais réussi à écrire une fic en entier malgré tous les encouragements et que en général j'ai supprimé tout ce que j'avais écrit tellement c'était nul mais celle-là je vais essayer de la terminer, ne vous inquiétez pas !
Par contre je ne peux pas écrire très régulièrement, j'ai vu que certains postaient tous les jours bah moi ce sera tous les mois on va dire ^^
Merci d'avoir lu jusque là même si ce prologue est très… philosophique ! (pour moi la philosophie commence où finit l'obéissance o_o c'était philosophique non ? Bon…ok, compris.)
Voilà bonne suite de lecture pour ceux qui continuent et pour les autres :'(
