Je tiens à préciser que ce fanfiction n'est pas de moi : je n'ai fait que le traduire en français afin que la communauté française de League of Legends puisse le lire plus facilement.
La version originale de ce fanfic a été rédigée par Larcent, et vous pouvez la trouver à cette adresse : ht,tp:/na,leagueoflegends,com/board/showthread,php?t=1437548
Vous pouvez également venir poster un commentaire sur ma traduction ici : ht,tp:/euw,leagueoflegends,com/board/showthread,php?t=680537
(enlevez juste la première virgule de chaque adresse et remplacez les autres par des points ^^)
Bonne lecture !
Avant même que le jour ne se soit levé Galio était déjà à son poste, perché sur les remparts, scrutant attentivement l'entrée Nord de la grande cité-état de Demacia. Dans moins d'une heure les premiers transports de marchandises et les nombreux voyageurs venant des contrées voisines arriveraient aux portes de la ville : des milliers de personnes allaient et venaient chaque jour dans ce que beaucoup considéraient comme le joyau de Valoran, cité splendide et prolifique nichée sur un haut plateau dominant tous les villages alentours, et s'étendant jusqu'à la mer du Conquérant, à l'Ouest.
Galio souhaitait voir arriver cette foule. C'était là son devoir. Il était un gardien – et également une gargouille, une puissante créature de pierre et de métal amenée à la vie par une magie aujourd'hui prohibée. Son créateur et maître, l'artificier Durand, l'avait doté d'une excellente vision, bien supérieure à celle d'un être humain. Depuis son promontoire, il pouvait surveiller l'entrée de la ville et repérer les étrangers suspects ou potentiellement dangereux bien plus efficacement que les gardes eux-mêmes.
Il se rendait à cette entrée tous les matins, après une nuit passée à survoler les docks afin de chasser les éventuels contrebandiers ou voleurs profitant de l'obscurité pour accoster dans le port de Demacia. Le rôle de patrouilleur nocturne était à l'évidence fait pour lui : les navigateurs mal intentionnés, en effet, avaient plutôt tendance à inspecter à la longue-vue les docks en quête d'un éventuel garde, mais ne pensaient pas à observer le ciel. Aussi leur surprise était-elle de taille lorsqu'ils voyaient une statue de deux tonnes s'abattre violemment sur le pont de leur navire, défonçant parfois même les embarcations les plus fragiles.
Après sa patrouille nocturne, Galio se rendait donc à l'entrée Nord pour guetter l'arrivée des premiers voyageurs, particulièrement nombreux le matin. La plupart d'entre eux venaient de Northguard, un bourg de taille raisonnable situé à une heure de marche de là. C'était dans cette ville que Galio était né, si l'on peut dire.
Il avait trouvé un endroit confortable ou s'installer : l'un des merlons du rempart, auquel il s'était fermement agrippé au moyen de ses serres griffues. Il avait replié ses ailes sur son dos et se tenait parfaitement immobile, l'œil aux aguets. Là, il passait aux yeux de tous les passants comme un élément d'architecture comme un autre : presque tous les bâtiments de Demacia étaient richement décorés de statues magnifiques, de bas-reliefs raffinés et de colonnes aux motifs complexes. Une gargouille de pierre perchée au sommet d'une muraille n'avait rien d'étonnant, même si Galio avait été sculpté dans une roche runique bleue particulièrement rare.
Au lever du soleil les portes s'ouvrirent et les premiers chariots de marchandises firent leur apparition. Galio reconnut aisément les commerçants. Tous les matins, ils arrivaient en ville pour vendre leurs produits aux habitants de Demacia. Contrairement à lui, ils n'avaient pas le temps de regarder passer la vie : ils avaient des familles à nourrir, de l'argent à gagner, et leur existence s'écoulait inexorablement. Galio avait certes était créé quelques années après la naissance de ces gens, mais lui continuerait de vivre alors que leurs arrières petits-enfants finiraient eux aussi par rendre l'âme.
Après le premier passage des commerçants, ce furent les voyageurs qui arrivèrent. Certains d'entre eux venaient acheter de la nourriture ou des biens divers. D'autres travailler au service de l'une ou l'autre riche famille demacienne. On voyait parfois aussi de jeunes hommes ou de jeunes femmes à peine adultes venant accomplir leurs trois années de service militaire obligatoire pour la cité. Et certains citoyens de Valoran particulièrement fortunés arrivaient à Demacia pour s'y installer définitivement, dans un pavillon ou un manoir cossu qu'ils venaient d'acquérir, à l'abri derrière les épaisses et rassurantes murailles.
Le regard de Galio parcourait la foule, en quête du moindre individu suspect, de la moindre trace d'activité dangereuse ou illégale. Il était peu probable que qui que ce soit se risque à faire de la contrebande au niveau de l'entrée la plus surveillée de la cité, mais étant donné le conflit récent ayant opposé Demacia à la sinistre et immorale cité-état de Noxus, tous les gardes étaient en alerte. La guerre entre les deux plus grandes forces de Valoran aurait probablement éclaté pour la possession de la riche zone minière de Kalamanda si les puissants invocateurs de l'Institut de la Guerre n'avaient pas usé de leurs pouvoirs magiques pour s'approprier le village et séparer les armées de Demacia et de Noxus. À présent les représailles noxiennes étaient possibles et devaient être envisagées.
Galio remarqua un petit garçon, assit à côté de sa mère à l'avant d'une charrette remplie de légumes. Tous deux patientaient pendant que les gardes inspectaient leur chargement, puis la femme mis les chevaux au pas lorsqu'elle obtint l'autorisation de passer, se dirigeant vers le marché ou les agriculteurs vendaient habituellement leurs produits. Le garçon était tout jeune, probablement âgé de six ou sept ans. Galio ne l'avait encore jamais vu : il supposa qu'il s'agissait là de son tout premier voyage à Demacia.
L'enfant leva tout à coup les yeux vers lui. L'avait-il reconnu ? Les enfants, il s'en était rendu compte, avaient toujours été plus à même de le remarquer que les adultes. Le garçon plissa les yeux comme pour vérifier qu'il ne se trompait pas, puis le montra clairement du doigt.
« Regarde maman ! » s'exclama-t 'il en agrippant le bras de sa mère. « C'est Galio ! »
Galio le considéra avec attention, mais resta immobile. La mère, occupée à discuter avec l'un des gardes, tourna la tête vers son fils, puis dans la direction qu'il indiquait. Elle fronça les sourcils, lui adressa quelques mots que Galio n'entendit pas (sa vue était extrêmement perçante, mais son ouïe n'était pas plus fine que celle d'un humain) puis retourna à sa discussion avec le garde. L'enfant rabaissa son bras et se mit à bouder.
Alors la gargouille, après avoir vérifié que personne d'autre ne regardait, leva lentement l'un de ses bras et lui adressa un salut.
Bouche bée, l'enfant trépigna en criant son nom à tue-tête. Tandis que la femme tournait de nouveau les yeux vers son fils, Galio déploya ses ailes et, quittant le rempart, s'éleva dans les airs pour regagner l'intérieur de la cité. La dernière chose qu'il entendit fut un cri perçant :
« Je t'avais bien dit que c'était lui ! »
Tout en survolant les rues, il pouffa de rire.
Galio était bien plus qu'un gardien, et bien plus qu'une gargouille. Il était un champion de la League of Legends, servant l'Institut de la Guerre en participant à des affrontements très réglementés opposant les différentes cités-états de Valoran. Ces petits simulacres de bataille avaient été mis en place pour éviter de nouvelles guerres à grande échelle qui auraient pu détruire Runeterra. Ce monde, en effet, était gorgé d'énergie magique, et depuis des siècles les races intelligentes qui le peuplaient avaient appris à l'extraire de la terre et à l'utiliser à leur bénéfice.
Mais un pouvoir immense peut entraîner des catastrophes de même ampleur. Les différentes guerres runiques ayant éclaté sur Runeterra utilisèrent une telle quantité d'énergie pure que le fragile équilibre sur lequel le monde reposait menaçait de s'effondrer. Toutes les cités-états décidèrent d'un commun accord que cela devait cesser. Même Noxus réalisa qu'un empire, tout puissant qu'il fut, ne pouvait perdurer sur une terre dévastée. La League of Legends fut donc créée afin de résoudre les conflits sans déclencher de nouvelles guerres runiques.
Dans les matchs de la League, les champions étaient choisis et contrôlés par les plus puissants mages de Valoran – les invocateurs – et, divisés en deux équipes, s'affrontaient sur des arènes nommées Champs de Justice. L'équipe gagnante gagnait également le conflit pour lequel le match avait été mis en place. Cela permettait de régler tous les différends possibles, les plus insignifiants comme les plus importants : l'un de ces matchs avait permis de libérer les îles ioniennes du joug noxien, tandis que d'autres résolvaient des problèmes de moindre importance, comme la possession d'un domaine où les disputes entre des familles nobles ou des mages.
Galio était l'un de ces champions. En général, les champions de la League étaient considérés comme des héros dans leurs communautés respectives. Leurs apparitions en public étaient toujours très remarquées. Chacun des matchs de la League était retransmit via un système magique sur de gigantesques façades ou tous les habitants de Valoran pouvaient les voir.
Presque tous les champions avaient été des personnages importants et célèbres avant de rejoindre la League. C'était le cas de la plupart des champions combattant pour Demacia, mais pas de Galio. Garen et Luxanna, les frères et sœur Crownguard, appartenaient à une famille noble et très influente. Jarvan IV était l'héritier de la couronne de Demacia en personne. Même Xin Zhao, le sénéchal du roi Jarvan II, était célèbre bien qu'il n'était pas demacien de naissance.
Galio, en revanche, n'avait connu aucune forme de célébrité. C'était une gargouille qui avait été fabriquée de toutes pièces, non un humain. Bien souvent, les adultes qui le rencontraient en personne étaient surpris qu'il puisse être « vivant » en dehors de la League. Beaucoup pensaient qu'il avait été créé par l'Institut de la Guerre uniquement pour se battre, comme les golems qui rôdaient dans les jungles des Champs de Justice et que les champions terrassaient pour acquérir de l'or. Ils considéraient qu'une statue, même animée par la magie, ne pouvaient pas penser ni ressentir quoi que ce soit, et cela ne le rendait pas très populaire.
Par contre, il avait constaté que les enfants l'aimaient beaucoup. Lorsqu'ils grandissaient leur allégeance se tournait davantage vers des champions comme Garen ou Lux, mais tant qu'ils étaient jeunes leur admiration pour lui était immense. Galio supposait que cette adoration était due à son apparence qui pouvait le faire passer, aux yeux de ces enfants, comme un gigantesque jouet (d'ailleurs un fabriquant de jouets de Demacia avait créé une série de figurines de bois à son effigie, très prisée des jeunes bambins).
Mais Poppy, un autre champion de la League qui était également son amie la plus chère, avait un avis différent sur la question. Selon elle, c'était la voix de Galio, grave et rassurante, qu'ils appréciaient.
Le service militaire obligatoire à Demacia durait trois ans, mais bien souvent les adultes choisissaient de continuer à servir la cité-état. Malgré la création de la League of Legends, la présence d'une armée était nécessaire pour régler les conflits que l'Institut ne pouvait prendre en charge (escarmouches noxiennes, attaques de brigands, de pirates ou de monstres divers).
Les hommes qui partaient en guerre laissaient derrière eux leur famille. Les enfants étaient élevés par leurs mères et parfois leurs grands-parents, mais la présence d'un père leur manquait.
La voix de Galio était imposante mais chaleureuse. Poppy l'avait décrite comme « paternelle » et Luxanna avait approuvé ce qualificatif. Ne pouvant entendre la voix de leurs pères, les enfants aimaient entendre la sienne répondant aux ordres de ses invocateurs sur les Champs de Justice. Galio avait commencé à croire davantage à ce que Poppy affirmait le jour ou une noble dame demacienne était venue le voir au cours d'un bal organisé en l'honneur des champions de Demacia. Elle lui avait expliqué que sa fille avait un caractère difficile et que lorsqu'elle pleurait trop, elle avait l'habitude de l'emmener dans l'un des grands halls ou étaient parfois diffusés d'anciens matchs de la League et de demander à un invocateur de montrer un match dans lequel il se battait. À l'instant où elle entendait la voix de Galio, la petite fille cessait de pleurer et commençait à glousser de bonheur, parfois même s'endormait dans les bras de sa mère, bien que l'on entendait également les bruits de combats violents.
Cette idée le mettait tout de même mal à l'aise pour une raison qu'il ignorait, et il se mit à penser au petit garçon qui l'avait vu à l'entrée de la ville. Son père était-il parti en guerre ? Quand l'avait-il vu pour la dernière fois ?
Pourquoi cela le préoccupait-il tant ? Parfois, Galio considérait comme étrange l'idée qu'il puisse ressentir quoi que ce soit. Pour Durand il était un chef-d'œuvre, le plus réussi parmi tous les êtres artificiels qu'il avait créés. Il était en effet le golem le plus intelligent de Valoran, tant et si bien que suite à sa création l'Institut de la Guerre avait interdit formellement de donner la vie à une statue. Galio avait bien plus qu'une simple capacité de réflexion : il avait une conscience. Durand avait visiblement découvert comment faire en sorte qu'une créature artificielle puisse avoir des sentiments, mais avait malheureusement toujours refusé de lui expliquer pour quelle raison il l'avait créé ainsi, et non insensible comme ses pairs. Et lorsque Durand fut tué par des assassins noxiens au cours de l'un de ses voyages, Galio avait perdu tout espoir d'obtenir une réponse.
Galio vola jusqu'à une tour de guet abandonnée où il avait élu domicile. Techniquement il aurait pu se passer d'un lieu d'habitation : il n'avait pas besoin de manger ni de dormir. Il ne possédait pas d'objet à entreposer, hormis quelques outils aujourd'hui inutiles, ayant autrefois appartenu à son créateur et qu'il avait choisi de garder pour des raisons sentimentales (bien qu'il ne s'expliquait pas les raisons de cette sentimentalité).
Mais il considérait qu'un refuge lui était tout de même nécessaire pour se cacher durant la journée, lorsqu'il était susceptible d'être invoqué sur les Champs de Justice à l'occasion d'un match. Les invocateurs, en effet, avaient le pouvoir de le téléporter immédiatement jusqu'à l'Institut de la Guerre, et l'enchantement provoquait une brillante explosion de lumière pouvant effrayer les passants si elle se produisait en public.
Galio se posa sur une fenêtre de la tour, et pénétra dans ce qui avait été autrefois une cellule de prison. Il n'y avait pas de lit, bien sûr, mais de petites tables recouvertes de divers objets ayant appartenu à Durand, qu'il avait ramené de Northguard. Le tout ressemblait à un minuscule musée poussiéreux.
Il se pencha à la fenêtre et admira la ville, ses hautes tours aux toits de bronze et ses larges rues pavées qui commençaient à noircir de monde. La rumeur de la foule se fit de plus en plus importante à mesure que le soleil se levait. Les marchés s'animaient, les soldats commençaient des patrouilles régulières dans les rues, plus pour prodiguer un sentiment de sécurité aux citoyens que pour faire face à un danger réel.
Le regard de Galio fut attiré par une scène curieuse dans une allée qui bordait les docks. Deux yordles semblaient se disputer violemment. Les yordles, de petits humanoïdes dont les mâles avaient des apparences de rongeurs, étaient des visiteurs extrêmement rares à Demacia. Bandle, la ville ou la majorité d'entre eux vivaient, se situait à l'autre bout de Valoran. Poppy en était l'ambassadeur et, en tant que tel, se rendait régulièrement à Demacia, mais la plupart de ceux de son espèce n'avaient jamais quitté leur ville natale.
De plus, Galio ne connaissait pas du tout ces deux personnages. Les yordles, surtout les mâles, étaient en général très différents les uns des autres, parfois tant qu'ils semblaient ne pas appartenir à la même race. Et comme ils étaient peu nombreux à Demacia, il reconnaissait aisément chacun d'eux à leur visage. Mais pas ces deux-là. L'un des deux ressemblait à un raton-laveur, mais sa fourrure était rousse et non de la teinte marron foncé plus répandue chez les yordles. L'autre était de couleur bleu nuit et semblait maculé de taches de cambouis. Ils portaient tous les deux de gigantesques sacs et ne cessaient de se quereller.
Ils étaient bien trop loin pour que Galio ne puisse entendre l'objet de leur dispute, mais semblaient particulièrement furieux. Le yordle bleu lança un regard courroucé à son vis-à-vis, et tous deux, jetant leurs sacs à terre, semblaient vouloir en venir aux mains.
Galio se hissa sur le rebord de la fenêtre, prêt à prendre son envol pour interrompre leur bagarre, lorsqu'il entendit une voix dans sa tête.
« Galio, vous êtes prié de vous tenir prêt. » annonça la voix féminine, poliment mais fermement. « Vous venez d'être invoqué sur les Champs de Justice pour un match officiel de la League of Legends. Vous allez être transporté à l'Institut de la guerre dans dix secondes. »
Les deux yordles devront régler seuls leur différend, pensa-t-il.
Il avait un devoir important à accomplir.
