Chapitre 1. Où Harry Potter a le neurone grillé…
L'auror adjoint Harry traversa le hall d'un pas vif, sans se soucier un instant des traces qu'allaient laisser ses bottes boueuses. D'ailleurs personne d'autre ne s'en souciait, tous savaient qu'une armée de ménagères zélées elfiques étaient prête à intervenir, qu'en moins de temps qu'il ne faut pour dire « clean » ces tarées de la brosse à récurer aurait rendu le hall nickel comme du Nikel.
Tout le ministère était impeccablement propre et celui-qui-avait-survécut-à-celui-dont-autrefois-on-n'osait-pas-prononcer-le-nom-Voldemort, jeta un coup d'œil à l'élégant monceau de mèches emmêlées qui lui servait de tignasse dans le parquet briqué, astiqué, poli. La situation n'était guère brillante (celle des cheveux, pas celle de Potter). Il avait pourtant tout essayé, du shampoing ultra lissant à l'extrait de venin de scrout aux lotions pour poils soyeux de Crockdur, mais rien n'y faisait. Il semblait que l'indiscipline était encrée dans ses gènes capillaires comme la crasse dans ceux de Snape.
Harry eut un léger sourire en repensant à cette légende vivante, ce vieux chiroptère blafard qui blinquait maintenant comme un diamant tant il croulait sous le poids des ordres de Merlin (rutilants, en or massif), un comble pour ce sinistre personnage qui avait toujours voulu rester discret.
Cela dit, Potter possédait la même collection que son ancien (adoré, bien aimé) enseignant qui curieusement semblait l'éviter (quoi de plus normal pour un sorcier que de léviter) depuis une certaine soirée…Il s'y était produit un certain incident, pour ne pas dire un incident certain que toute oreille n'est pas prête à ouïr. Comme je ne vous connais point, chers amis, je vous épargnerais donc gracieusement cet épisode.
Revenons donc à nos trolls des collines, enfin notre Auror adjoint. Après avoir soupiré comme la théière à thé fêlée de Dumbledore (et je vous entends déjà, « toute théière est à thé », mais le sage-magico-tordu-détraqué-directeur de l'asile Poudlard a un avis différent sur la question. Et comme le fait de savoir ce que ce croulant foldingue à la théière fêlée aime le tricot, le bowling et la musique de chambre vous passionne, je me sens dans l'obligation de vous mentionner le fait que ce lézardé de la carafe à deux théières, dont une dans laquelle il siffle du whisky à la réglisse. Voila. Donc toute théière n'est pas à thé, ni athée. Je vous conseille à présent de retourner au début de cette phrase et d'ignorer cette, vous l'avouerez, très intellectuelle et philosophique digression.), après s'être reluqué le sommet du bulbe une dernière fois en concluant que, pour finir, il était impossible de disciplinés cet enchevêtrement de choses nommées chevelure-du-survivant, il posa enfin son très attrayant séant dans un sinistre siège.
La vieille chaise de bureau produisit un élégant grincement (« nyéééh), malgré le poids plume de l'être assis dessus. L'antiquité était le seul meuble en mauvais état du bureau. Curieusement, on avait du oublier de l'enlever. Tout le reste fleurait bon la nouveauté, ça faisait hm, à peine 365 jours que celui-qui-ne-mourru-pas-le-jour-fatidique-de-sa-rencontre-avec-vous-savez-qui-Voldemort occupait ses fonctions. 365 jours (moins les jours de congés, comme quoi ministère ne rime pas toujours avec tortionnaire) qu'il respirait cette douce flagrance (« Effluve de plastique n5, meubles en kit Ikea »).
Bon, Harry Potter le sauveur bien aimé du monde côté feu-de-bengale Weasley et chapeau pointu (et de l'autre, celui de l'usine à perceuses Dursley and co) avait comme qui dirait, ce qu'il avait voulu…
A ce méritant sorcier, on avait proposé bien des postes. Le premier étant celui de rentier, mais ça avait manqué de le tuer….
En effet, il y avait eu une tentative d'asphyxie sous les galions, et son palpitant avait frôlé l'arrêt quand son franc (ou sa mornille, pour les puristes) était montée dans la fabrique à neurones en faisant de grand geste pour lui indiquer la somme exacte du flot de fric, de tunes, de yard, de flouse, de pognon qui lui cascadait sur la gueule avec un charmant bruit métallique.
Mais il avait tenu à bosser. A quoi bon être riche, seul à ne rien glander dans son manoir qui aurait filé des vapeurs au compte en banque d'un Malfoy ? A rien ! On lui avait alors proposé un haut poste au ministère, mais pour lequel il fallait voyager. Hors, il ne pouvait s'absenter. Il ne pouvait pas demander CA à Hagrid…C'était la gêne.
Je vous vois plisser les yeux (bande de myopes) et je vois presque vos petits rouages s'activer (la machinerie tourne à l'envers, hélas) dans vos crânes de puces. Vous vous d'mandez ce qu'un mec barbu-poilu-ventru vient fiche dans ce chapitre consacré à un certain HP (Harold Percé), jeune homme qui depuis sa victoire est plus riche qu'une certaine JK Rowling et qui s'est vu proposé plusieurs jobs. Et bien il se fait que Potter H (Héphaïstos) a refuser ce fameux haut poste qui exigeait de faire le tour du globe car il n'a pas osé demander à R. Hagrid de s'occuper de Capsule, son élégant et racé destrier des mers, son…hippocampe.
Et je vous vois revenir à l'assaut, bandes de fossilisés de l'encéphale, il suffisait de mettre un distributeur automatique, hein c'est à ça que vous pensiez espèces de sans cœur ? Tout le monde sait bien que l'Hypocampus Domesticus a besoin de compagnie. Hagrid vous aurais fait un exposé s'il avait été mis au courant…
Enfin soit. Après rentier et homme d'affaire on lui avait proposé Auror.
Auror c'était sympa, dans son tempérament, pas vrai ? Mais Harry P (Pressé) s'était empressé de refuser. Avant, une telle proposition lui aurait fait exécuter un salto périlleux arrière sur le bout des doigts entre deux chaudrons explosifs, l'un d'eux appartenant à Londubat, le tout sous le nez crochu du charismatique touilleur de soupe Snape.
Mais là, ça lui avait à peine arraché un « bof ». C'était dur, mais il fallait le reconnaître Harry P (pessimiste) avait perdu le feu sacré (voir l'éclair) depuis que Tommy reposait entre quatre planches.
(Nous vous le rappelons, petits suiveurs oculaires de traces de machine à imprimé sur feuilles immaculées, Tommy – Tom Jmensor (plus) est le prénom de celui dont il ne fallait pas prononcer le nom, vous suivez toujours ?)
Harry P (Pancréas) sentait la bile lui remonter la tuyauterie à l'idée d'Avader Kedavriser quelqu'un d'autre en cadavre. Il n'avait pas non plus ce côté ténébreux-belliqueux-craquelé de la coquille-sadique d'un certain espion. Il n'avait pas son air impassible de bourreau-croquemort-fossoyeur-directeur et non, il ne pouvait pas agiter sous le nez d'un avale-trépas une petite fiole dont la vapeur toute seule suffirait à faire entrer en ébullition le cloaque qui lui servait de cerveau. Il ne pouvait pas…faire Auror.
Il aurait fallu avoir une poutre dans l'œil ou s'appeler Trelawney pour ne pas s'en apercevoir. Alors Harry était devenu…Auror adjoint. Touille-merdier, faiseur de paperasse, Secrétaire sectaire du sacro saint recueil des dépositions et Scribouilleur interrogateur sans violence, bref le métier dont personne ne voulait. Et ça lui plaisait. Pendant que sa petite fortune faisait des clones sous le dôme en pierre d'une salle de Gringotts, Harry P (Postier) prenait plaisir à marquer le courrier du tampon du ministère. PAF PAF PAF.
Le sadique à la cicatrice frontale abattait sans une once de compassion le tampon sur les pauvres et innocentes petites lettres ! Ok, je vous l'accorde, notre héros avait sérieusement cramé un fusible. Il avait désormais le courage de Crockdur, la classe de Hagrid, et la vivacité de Crabbe et Goyle…
