Illustration Cocashy (pixiv : 8403613)

Note : Fanfiction écrite dans le cadre du Mois de Mahad (voir mon profil pour plus d'information). Elle accompagne Le complexe de dieu et précède les événements résumés dans le Memory World (avant-dernier arc du manga). Pour rappel, Atem a 15 ans et va sur ses 16 ans, Seth en a 19 et Mahad en a 22. Je vous conseille de lire d'abord Le complexe de dieu, puisque cette fanfiction "spoile" certains éléments. Mais, très rapidement, je n'ai pas repris d'éléments de l'anime. Atem est plus proche de la personnalité de "Yami Yûgi" au début du manga qu'à la fin de celui-ci (où il s'est considérablement assagi). Mahad est Mahad, donc très dévoué au pharaon, et Seth est lui-aussi dévoué mais à sa façon, donc avec cynisme et sarcasme. Et s'il vous paraît trop cruel, je rappelle qu'il traite Mahad comme Kaiba traite Jônouchi et qu'il était prêt à torturer Kisara pour renforcer le pouvoir de l'Egypte avant d'avoir un "changement de cœur" :)

Voici certains termes utilisés dans le chapitre (notez qu'ils ont plusieurs écritures et que j'ai eu tendance à utiliser l'écriture anglophone dans mon autre fanfic, chose qui sera corrigée à terme) :

Douât (la) : le monde souterrain où Rê/Râ voyage durant la nuit et combat Apophis, ainsi que le lieu que doivent traverser les morts afin d'être jugés et de rejoindre Aaru (ou le champ d'Ialou) ou d'être dévoré par Ammit. Mahad mentionne dans le manga avoir renforcé ses pouvoirs en voyant dans l'autre monde, j'ai considéré qu'il fait allusion à la Douât. Comme le Douât est aussi peuplé de créatures et de dieux, j'en ai aussi fait le lieu où vivent les monstres et dieux ka (c'est assez amusant aussi de constater que le Shadow Realm créé par 4kids en guise de censure ressemble fortement à la Douât...).

Enlil : roi des dieux kassites/mésopotamiens.

Heka (la) : magie égyptienne, faisant appel au pouvoir des mots. Dans le manga, Mahad l'utilise notamment pour renforcer son ka.

Karduniash : ancien nom de la Babylonie sous la dynastie dite kassite.

Kemet : l'Egypte

Kep (le) : endroit où les enfants du pharaon, mais aussi ceux de certains membres de la cours, de rois étrangers ou, encore, d'enfants "adoptés" par le pharaon lui-même sont élevés.

Porte-sandale : un fonctionnaire qui n'est pas chargé de porter les sandales du pharaon, mais qui s'occupe de ses affaires administratives et de ses demandes d'audience (le secrétaire le plus important du pays, en bref).

Tjaty : parfois traduit par vizir, il s'agit du plus puissant magistrat de l'Egypte après le pharaon (ici, il s'agit de Siamun Muran). Je n'ai pas utilisé le terme "vizir", car pour moi il renvoie vraiment à la culture musulmane et est anachronique.

Senet : un jeu de plateau populaire en Egypte, pouvant s'apparenter au jeu de l'oie, et dont on a perdu les règles.

Enfin, un pharaon possède plusieurs noms (regroupés dans une titulature) et décidés à son accession au pouvoir. Atem est sûrement le nom de naissance de notre Égyptien favori. Il en possède 4 autres en plus d'autres titres: le nom d'Horus, le nom des deux maîtresses (= les deux Egypte), le nom d'Horus d'or (ou nom de Seth), le nom du jonc et de l'abeille (allusion aux deux Egypte, encore, et à la dualité du pharaon) qui contient en général le nom de Rê à l'intérieur, et enfin le nom de naissance souvent précédé par la mention "fils de Rê". C'est assez important pour l'histoire, car la plupart des personnages n'utilisent pas le nom de naissance d'Atem pour le désigner ou l'interpeller... (j'ignore si c'était interdit, ayant trouvé des choses qui se contredisent entre les livres français et anglais, mais on va dire que "oui" sur cette période...)


I

— C'est hors de question !

— Mais, pharaon…

— Non !

Mahad fronça les sourcils, essaya de se concentrer sur la lecture du papyrus que sa disciple lui avait tendu quelques secondes plus tôt et y renonça lorsqu'il entendit des pas précipités croître puis décroître dans le couloir jouxtant son étude, puis d'autres pas encore plus précipités croître et décroître à nouveau dans la même direction.

Il enroula le sortilège heka que Mana avait recopié soigneusement et soupira sous son regard soucieux : une autre longue journée s'annonçait, et sûrement pas parce que la jeune fille se serait une nouvelle fois cachée quelque part dans le palais pour échapper à ses leçons quotidiennes ou pour simplement le faire tourner en bourrique… Toutefois, il avait pressenti que le projet déclencherait une crise quand Siamun Muran, le tjaty, leur en avait parlé, et cela avant même qu'Isis énonce ses propres doutes.

— Je ne peux prédire l'avenir de notre pharaon, avait-elle dit en choisissant soigneusement ses mots, comme si elle craignait la réalisation inéluctable de sa prédiction en la formulant à haute-voix, mais je perçois beaucoup de tristesse à venir si ce projet aboutit.

Après avoir rendu son travail à Mana et lui avoir demandé de recopier un autre sortilège protecteur pour ceux qui s'aventureraient dans la Douât après leur décès, Mahad quitta la pièce attenante à ses appartements. Il remonta le couloir jusqu'au moment où il arriva sous une arcade ouverte, donnant sur le jardin intérieur du palais, plus vert et fleuri que les bords du Nil eux-mêmes.

Là, il se heurta presque à Seth, qui venait d'émerger d'un autre corridor croisant l'arcade. Lui aussi avait dû être attiré par la dispute, qui se poursuivait dans les appartements mêmes de leur pharaon.

Après s'être écarté comme s'il craignait d'attraper quelque maladie contagieuse, le prêtre le considéra de son air le plus froid et le plus austère, ce qui ne surprit guère le magicien. Il cacha au mieux son propre déplaisir en affectant l'expression la plus neutre possible, mais il ne put empêcher ses lèvres de se plisser avec réprobation en apercevant une ombre sur le cou de Seth. Mahad aurait aisément pu la confondre avec un bleu innocent, s'il n'avait pas su quel genre de conduite avait son estimé camarade une fois dans le privé et avec un peu trop d'alcool dans l'estomac.

— Est-ce notre pharaon, lion puissant aimé de Maât, que j'entends crier ainsi comme un porc qu'on égorge ? questionna Seth avec un agacement de plus en plus évident et une certaine dose de sarcasme.

Offusqué par la scandaleuse comparaison entre leur souverain fils de Rê et un animal servi sur les tables à l'heure du dîner, Mahad ne lui répondit pas et continua sa progression jusqu'à l'endroit où le pharaon s'était réfugié ; une antichambre à l'entrée de ses appartements qui lui servait aussi à accueillir les personnes qui lui étaient proches afin de discuter et jouer avec elles – ou se jouer d'elles –, la plupart du temps au senet.

Leur pharaon, debout juste à côté d'un des sièges sculptés, n'était cependant pas d'humeur à se distraire. Bras croisés, menton haut, regard assassin, il était l'image même d'un dieu prêt à répandre mille et une malédictions sur Kemet pour avoir été contrarié dans ses propres plans. Même avec sa petite taille et son jeune âge, il parvenait à être impressionnant. Toutefois, Mahad nota, à la tension de ses muscles et à la façon dont les doigts de sa main droite se crispaient sur son biceps, qu'il ne s'agissait que d'une façade visant à cacher le malaise qui avait dû le gagner en entendant l'annonce de Siamun.

— Pharaon, vous qui chassez le mal et… commença le vieil homme du ton qu'il aurait employé pour apaiser un crocodile du Nil sur le point de le dévorer tout cru.

— Oh, n'espère pas m'amadouer en énumérant mes titres, gronda le jeune homme en réponse.

— Neferkarê, vous devez…

L'esprit de Mahad s'égara un instant au souvenir du garçon qu'avait été le pharaon quelques années plus tôt, alors que lui-même entrait seulement au service de son père en tant que magicien. À cette époque, tout le monde l'appelait encore « Atem », son nom de naissance, mais les choses avaient changé depuis son accession sur le trône, et Mahad lui-même ne se serait plus autorisé une telle familiarité à l'égard d'un dieu vivant. Même son nom de règne seul, Neferkarê, lui semblait trop direct, et ce fut peut-être pour cette raison que le jeune souverain coupa son tjaty d'un ton virulent.

— La discussion est close.

— N'avez-vous pas confiance en mon choix ?

— Ce n'est pas cela, Siamun. Je ne l'épouserai pas, point ! Et en tant que fils de Rê et incarnation d'Horus, ma parole vaut décret.

Sur ces mots, Atem tourna les talons dans un claquement de cape, prêt à poursuivre sa retraite dans sa chambre, là où nul n'oserait le suivre en dehors de ses serviteurs, et encore seulement à sa demande explicite. Hélas, c'était sans compter sur Seth, qui intervint avec son habituel ton sec où filtrait toujours une nuance de sarcasme ou de cynisme :

— Malgré tout le respect que j'ai pour vous, pharaon, Siamun a choisi non seulement la plus belle princesse du royaume, mais aussi la plus cultivée et intelligente.

Atem pivota pour lui adresser un regard si acéré que Mahad craignit, l'espace d'un instant, qu'il invoque un ka pour les contraindre à sortir de ses appartements. Néanmoins, malgré le frémissement colérique de ses narines lorsqu'il souffla bruyamment et le miroitement menaçant du pendentif millénaire, il s'en retint.

— La rejeter, ce serait comme affirmer qu'Isis n'était pas une épouse suffisamment digne d'Osiris.

Atem toisa Seth sans rien répondre, ce qui pouvait être à la fois considéré comme une invite à poursuivre ou comme la promesse d'une très désagréable punition si Seth se permettait de poursuivre. Le prêtre, avec l'arrogance qui le caractérisait, opta à l'évidence pour la première solution, ce qui aurait donné envie à Mahad de lever les yeux au ciel si la situation n'avait pas été aussi critique.

— Par ailleurs, vous n'êtes pas sans savoir que nos ennemis se pressent aux frontières depuis la mort de votre père, en particulier ces barbares des royaumes d'Assyrie, de Mitanni et de Karduniash, et, cela, malgré la menace des objets millénaires. Et je ne détaillerai pas les problèmes que nous causent aussi les pilleurs de tombe, par respect pour Mahad.

Le magicien resta de marbre, bien que l'attaque quant à son travail ne soit pas passée inaperçue, ni le fait que sa famille entière, originaire de Karduniash mais installée depuis deux générations à Kemet, faisait donc partie des barbares. Seth aimait déstabiliser les autres, pointer du doigt leurs manquements et, quand cela était possible, retourner plusieurs fois le poignard dans la plaie pour qu'elle reste à vif aussi longtemps que possible. Et pourquoi ne l'aurait-il pas fait ? Malgré sa filiation douteuse, il avait accédé à l'un des plus hauts postes du royaume, celui de porteur d'objet millénaire, et succéderait sans doute au grand prêtre Akhenaden. Seth n'avait pas de quoi envier Mahad, bien que lui-même prodige en son domaine.

— En ayant un héritier au plus vite, vous renforcerez la stabilité du royaume et enverrez un signal fort. D'autant plus que vous êtes fils unique et…

— Merci, Seth. Siamun m'a déjà tenu le même discours, et ma mémoire se porte très bien, ce qui fait que je n'ai guère besoin d'un répétiteur.

Le prêtre se raidit avec irritation. Il détestait qu'on lui coupe la parole, même lorsque c'était le pharaon qui s'en octroyait le droit. Il détestait sans doute encore plus qu'Atem souligne l'inutilité totale de son intervention. S'il l'avait pu, Mahad aurait gloussé de sa déconvenue, mais il avait un rang à tenir en présence du fils de Rê.

Sur ces mots prononcés avec froideur, Atem rejoignit pour de bon sa chambre, non sans faire signe au préalable à son porte-sandale, posté au coin de la pièce, de l'accompagner. Le connaissant, il allait certainement demander à Gemnikai de rédiger un projet de loi justifiant le fait qu'il n'ait pas besoin de se marier avant de très longues années, tout cela en se référant à une histoire obscure en rapport avec une divinité mineure tout aussi obscure adorée dans un seul village que personne ne connaissait.

Tout en suivant le jeune pharaon du regard jusqu'à sa disparition, Siamun poussa un soupir :

— Il finira par se ranger à la raison.

— C'est une affirmation ou une prière aux dieux pour qu'ils le convainquent d'agir ainsi ?

Le tjaty ne sembla pas apprécier le sarcasme de Seth. Toutefois, il se garda de le relancer et se tourna vers Mahad.

— Notre pharaon a beau être le fils de Rê et l'incarnation d'Horus, il est encore par certains côtés un enfant ayant perdu son père trop vite. Peut-être pourriez-vous lui parler, seigneur Mahad. Une autre approche…

Siamun jeta un rapide coup d'œil à Seth en prononçant ces mots.

— … pourrait fonctionner. Après tout, il sait à quel point le précédent pharaon vous avait en estime et vous avez eu le privilège rare de le côtoyer avant son accession au trône.

Mahad acquiesça en ignorant le bref rire railleur de Seth, qui aurait tout aussi bien pu se rapporter, le connaissant, au fait que Siamun lui accorde sa confiance pour résoudre le problème ou au fait qu'il avait eu le, hum, privilège de connaître Atem avant qu'il ne soit leur souverain. Il était impossible d'ignorer pour qui que ce soit que Seth avait une perception bien particulière si ce n'est irrespectueuse de leur pharaon…

— Je ferai mon possible, seigneur Siamun, mais il vaut mieux que j'engage la discussion à un moment plus propice. Je crains qu'il ne soit pas disposé à en écouter plus.

— C'est certain, approuva Siamun avant de s'en retourner.

— Ou trop occupé avec son porte-sandale, suggéra Seth, à mi-voix, après le départ du conseiller et non sans jeter un coup d'œil en direction de la porte close.

— Comme d'habitude, tu es écœurant, Seth.

Mahad quitta l'antichambre sur ces derniers mots, tout en sachant pertinemment que le prêtre le suivrait de près pour poursuivre leur querelle.

— Je ne suis pas écœurant. Je pointe ce qui devrait être évident pour tout le monde. Peut-être que notre pharaon ne souhaite pas se marier parce qu'il n'a pas d'attirance pour les femmes, aussi belles et cultivées soient-elles.

— Tu es marié, souligna Mahad, bien qu'il se demande franchement quelle importance Seth accordait à ce fait.

— Je n'ai jamais prétendu que j'aimais seulement les hommes. Et, quand bien même, il y a une différence entre coucher pour le plaisir et coucher pour le devoir, chose qu'Atem devrait apprendre. Le second peut-être accompli avec n'importe qui dans le noir et après avoir beaucoup bu.

Déjà choqué après avoir entendu avec quelle indifférence Seth prononçait le prénom de leur pharaon, Mahad stoppa brusquement et lui fit face pour le fixer d'un regard inquisiteur.

— J'ignorais que tu couchais avec à peu près tout ce qui passe devant tes appartements par devoir.

Seth cligna des yeux, comme s'il ne comprenait pas l'allusion, puis ses lèvres se courbèrent sur un rictus.

— Oh, tu te méprends : je ne le fais jamais dans le noir dans ces circonstances et, de toute manière, j'ai souvent du mal à me rappeler de qui il s'agissait au réveil, expliqua-t-il avec une franchise déconcertante. Mais si je devais coucher avec toi, crois bien que je m'assurerais que la lumière soit la plus tamisée possible, juste au cas où je me souviendrais.

— Charmant, rétorqua Mahad en reprenant sa marche.

— Et je te bâillonnerai, parce que tout ce qui sort de ta bouche m'irrite.

— Le sentiment est partagé. Heureusement, je ne compte pas passer devant ta chambre en pleine nuit de sitôt. Après tout, je ne suis qu'un descendant de barbare, pas assez digne de toi, donc.

Mahad allait s'engager dans le couloir menant à son étude lorsqu'il sentit les doigts tièdes de Seth se refermer sur son poignet. Agacé par ce contact non désiré, il se tourna vers le prêtre, et se retrouva avec les ailes du sceptre millénaire juste sous sa gorge, le pommeau soulevant son menton afin que le prêtre puisse mieux le regarder.

Seth était bien trop proche à son goût, bien trop proche pour que cela ne suscite aucun soupçon embarrassant si quelqu'un venait à tomber sur eux. Akhenamkhanen avait été un pharaon tolérant, et Atem ne semblait pas avoir, de son côté, le moindre désir de revenir sur ce point – il n'avait même jamais évoqué cette question, comme si la chose lui était entièrement étrangère. Cependant, cela ne signifiait pas que ce genre de comportement était autorisé en public et, encore plus, de la part de personnes ayant leurs fonctions.

— À ce propos, Mahad, pourquoi n'es-tu pas marié ? Est-ce que tu attends que ta disciple soit assez âgée ?

Mahad arracha son poignet aux doigts de Seth et recula d'un pas tout en soutenant ses yeux couleur du lapis-lazuli.

— Encore une fois, tu es écœurant. Je n'aurai jamais ce genre de relation avec Mana. Et ne crois pas que cela te laisse le champ libre. Si j'apprends que tu as ne serait-ce que touché son bras de la main, je t'emmènerai pour en voyage dans la Douât, et je veillerai à ce que tu aies oublié auparavant ton nom, afin que les dieux ne soient même pas en mesure de te juger, si jamais tu parvenais à survivre jusqu'au tribunal.

Seth lui adressa un sourire vipérin.

— La menace serait beaucoup plus convaincante, Mahad, si tu parvenais à empêcher les voleurs de piller nos tombeaux. À force, je commence à me demander si tu n'es pas leur complice.

— Pardon ?

— Ton arrière-grand-père n'était-il pas le grand prêtre d'Enlil avant d'être obligé de fuir Karduniash ? Qui sait si tu n'essayes pas de rentrer dans les bonnes grâces des kassites.

— Seth, je doute que qui que ce soit à Karduniash se soucie de l'or de nos tombeaux ! répliqua-t-il en regrettant la virulence de son ton.

— Peut-être, mais j'attends toujours de voir en quoi tu es un magicien si puissant depuis qu'Akhenamkhanen t'a fait venir au palais. Atem doit vraiment t'apprécier pour ne pas t'avoir encore dépouillé de ta charge et de tes biens pour les donner à plus compétent. Sans doute le privilège rare de l'avoir côtoyé avant.

Mahad accusa le coup du mieux qu'il put et suivit Seth du regard quand celui-ci se détourna en ricanant. Ce n'est qu'une fois que le prêtre eut disparu qu'il songea à l'hypocrisie de ses propos : contrairement à lui, Seth avait été recueilli et éduqué dans le Kep grâce à la bienveillance Akhenamkhanen, et avait donc connu le présent pharaon bien avant lui.

Ah, si seulement Seth pouvait s'éclater le crâne contre le sommier de son lit ou s'étouffer dans son propre vomi après avoir abusé de l'alcool !

Un autre que lui aurait sans doute fait part à leur pharaon de son comportement scandaleux, qui n'était évidemment pas de notoriété publique – bien entendu, aucun de ses partenaires n'avait envie d'avouer sa propre débauche et, par ailleurs, de susciter l'ire d'un homme de réputation aussi impitoyable que Seth. Cependant, Mahad n'aimait pas manœuvrer dans le but de nuire aux autres, même si ce qu'il racontait était la pure vérité. Et puis, avec un peu de chance, Atem finirait bien par s'en apercevoir fortuitement, tout comme Mahad l'avait fait, à son grand regret. Il convoquerait alors le prêtre pour lui rappeler qu'il devait se garder de faire quoi que ce soit de négatif qui puisse ensuite nuire à son souverain par effet ricochet.

Hélas, ses vœux ne devraient jamais être exaucés…


Note (suite) : après avoir fait quelques recherches, j'ai constaté que certains pharaons étaient déjà mariés à ~ 16 ans. Les pharaons avaient aussi plusieurs épouses, y compris purement diplomatiques, qui vivaient dans un harem sans aucun rapport avec l'image horrible que l'on peut en avoir. Ces femmes avaient du pouvoir, étaient éduquées, exerçaient parfois un métier et recevaient de la visite ou en sortaient (des femmes ont régné en Egypte, après tout). Beaucoup de haut-dignitaires égyptiens, imitant le pharaon, avaient aussi plusieurs épouses.

Mahad n'est pas canoniquement étranger, mais comme son nom ne fait pas très égyptien je trouve, j'ai eu envie de lui inventer une autre origine. En plus, dans le manga, on sait qu'il est nommé prêtre par le père d'Atem à cause de ses pouvoirs, ce qui fait qu'il n'est a priori pas membre de la cour avant.