In Colours ---source propriété J.K. Rowling

--- texte Xunaly

Gris acier


La vie est une chose étonnante.

Je ne sais pas si je dois le dire ou non avec ironie, si c'est ainsi une bonne ou une mauvaise constatation. Je m'assure juste qu'elle soit objective. Car, aussi pourrie qu'elle soit, aussi tortueuse qu'elle puisse paraître, semblable à la si particulière monotonie qu'elle est, la vie est une chose étrange. Merveilleusement étonnante, effrayante. Peut être est-ce dernier aspect qui nous attire le plus...

Je n'en sais rien. Et je me fiche profondément de le savoir un jour ou un autre. Je ne suis pas de ceux qui cherchent à la comprendre. Cela fait bien longtemps que j'ai abandonné. Il est déjà bien assez dur de tenter de lui donner un sens, un objectif, un but...de lui destiner une trajectoire. Et ce encore plus lorsqu'il vous est imposé de passer par certaines étapes.

Tuer Tom en est une. Peut être la plus importante. Elle se dresse étrangement imposante sur ma route. Un mur d'une centaine de mètres se perdant dans le ciel, s'y confondant. Une véritable muraille infranchissable. Elle s'étend et me coupe la route, peu importe la voie que je choisis au final. Dernière épreuve dont les décombres dévoileront tout le reste de mon existence, si j'ai encore le droit ou non de vivre ou si l'on m'ôte ma dernière liberté. Peut être sera-t-elle tout à la fois même.

Ou rien.

Preuve de mon implacable ignorance. Pourquoi m'a-t-on choisit pour cette tâche ? Il y en avait tant d'autres qui auraient su remplir le rôle avec bien meilleur carrure, bien plus d'aisance et de naturel... Ces êtres au cœur bien plus bon que le mien, ceux qui ne doutent jamais de leurs choix, qui croient plus que jamais en leurs convictions, qui jamais ne sont tentés par la possibilité, les hypothétiques vies qu'ils auraient pu mener...

L'on m'a toujours assuré que j'avais le courage de mon père et la bonté de ma mère. Je crois bien que je n'ai ni l'un ni l'autre. Au prix de vous décevoir tous, chacun qui au fil du temps plaçait en moi des espoirs perdus, qui croyait en l'élu sans voir mes épaules flancher..., au prix de vous décevoir tous, ce qu'est pour vous le courage n'est pour moi là que l'impétuosité, ce qu'est pour vous la bonté n'est pour moi là qu'un mensonge éhonté. Je ne suis pas courageux, je n'ai pas le cœur bon. J'ai toujours douté de cela cependant désormais j'en suis certain.

Aujourd'hui, comme hier, comme demain, je ne suis pas l'homme de Dumbledore, l'homme de la vie, l'homme...non, le sauveur ! Je ne suis rien de tout cela. Je n'en ai ni la forme, ni les critères. Seulement quelques rares qualités qui se résument en l'amitié. Je ne possède même pas la confiance. Je n'ai pas le calme d'un leader ni l'analyse réfléchie. Je n'ai pas cette prudence, mais je n'ai même pas la détermination et l'esprit du combattant. Je n'ai que les doutes et les peurs du plus faible. Je fuis sous les responsabilités, je flanche devant les possibilités, je tremble en solitaire et m'enhardis à n'appeler personne. Je suis seul et je le veux. Je n'assume pas mes faiblesses et me cache derrière la parfaite caricature du Sauveur.

Pourquoi suis-je encore debout ? N'est-ce pas pour n'en tomber que de plus haut ?

Je ne sais pas si j'aime la douleur, si j'attends la honte avec ce malsain espoir... Je ne sais pas. Je ne sais rien, parfait petit ignorant dressé pour un objectif dont je n'ai toujours pas pris pleine conscience. Est-ce là d'ailleurs un moyen de me préserver ? Cette folle tentative de fermer les yeux, de ne plus vivre que dans le silence, pour ne plus voir ni entendre...disparaître. Je n'aspire plus qu'à cela. Ni ai peut être fait qu'aspirer depuis le début. Aurai-je ce courage de faire face à ma propre défaite ? Ou suis-je en train de fuir tout en croyant encore à ma victoire ?

Pathétique, pathétique Survivant qui ne sait même plus à qui vouer sa confiance, sous quel camp s'abandonner. Puis-je encore croire à la Lumière lorsque celle-ci n'a fait que m'abandonner au pire destin qui puisse être ? Puis-je encore vouloir connaître ces voies inexplorées qui m'auraient mener de l'autre côté ? Suis-je bon ou mauvais ? Ces deux mots me paraissent si dérisoires. Le conflit du bien et du mal ainsi orchestré ? Qu'on me laisse rire ! Sait-on au moins ce qui définit ces deux termes ? Car après tout, chacun pour soi nous pensons être du bon côté, et bien évidemment ceux qui s'opposent à nos pensées demeurent les mauvais. Alors qui dans toute cette histoire a raison ?

Je n'en sais rien. Je ne sais rien. Je redoute le conflit et bien plus en lui-même son dénouement. Où va t-elle nous mener cette guerre ? J'ai peur d'obtenir réponse à cette question et j'ai pourtant encore la curiosité de vouloir la connaître. Je sais bien qu'elle dépend en grande partie de moi...non, elle repose entièrement sur moi. Peut être est-ce cette vérité qui fait le plus mal à entendre. Ce goût amer du devoir qui demeure encore sur ma langue.

Ce goût...sur ma langue... Ah..., je crois bien que je suis perdu pour de bon, plus que je ne l'ai jamais été. Mais cela a toujours été ainsi, il a toujours fallu que, malgré toutes mes prédispositions, toutes ces croyances implacables dressées en moi, il a toujours fallu que ce soit toi qui les détruise...qui me détruise. Il a toujours fallu qu'il soit là ton plaisir que de voir ma conscience, ma raison, s'agenouiller à tes pieds.

Je me demande quel plaisir cela doit être pour toi. Quel triomphe que de briser à nouveau en moi tout regain absurde d'impétuosité, la moindre petite volonté qui me pousserait à faire le premier pas sur ma voie. Quelle réjouissance que de détourner l'Elu de sa route, que de l'attirer sur une autre opposée à toutes possibles.

Il faudrait que nous prenions le temps de parler un peu comme les deux trop jeunes adultes que nous sommes. Je te les poserai alors ces innombrables questions : comment est-ce d'être le seul capable d'embrouiller chaque parcelle de mon esprit ? De faire vibrer chaque partie de mon âme aux battements de ton propre cœur ? Comment est-ce, hein ? Et toi ? Ai-je ce pouvoir sur toi ? Ai-je cet inexplicable don d'attirance qui te mènerait là où je le souhaite ? Puis-je me croire possible de posséder une quelconque emprise sur toi ? Est-ce que tu me suivrais si je te le demandais ?

Qui sait ? Peut être me répondras-tu ?

Car la vie est une chose étonnante, bien plus davantage que la mort. Et j'ai cette étrange envie d'en profiter encore, toujours plus, de la vivre sans aucune crainte, sans plus de doute...juste de conserver ce sursaut d'impétuosité qu'est de m'interroger sur demain ; sera-t-il beau ?

Tout en me targuant d'être seul à te savoir goûter aussi amer, Malefoy.


Une p'tite note : Je tiens déjà à vous adresser les salutations qui conviennent.

Après tout je suis toute nouvelle sur ce fandom en tant qu'apprentie "autatrice" et non plus simple lectrice. Aussi je m'excuse de ma possible maladresse, je n'ai pas encore bien en tête les caractères des personnages et bien que digne fanatique de cette incourtounable épopée, il se peut que je fasse quelques erreurs au niveau de la cohérence même avec l'histoire. Néanmoins ici, je ne pense pas qu'il soit possible d'en signaler aucune -si ce n'est évidemment la relation entre Harry et Draco malheureusement pour nous. Je me suis volontairement non-située par rapport au temps pour avoir la liberté de ne pas avoir à me soucier de la logique du scénario.

Sachez aussi qu'il s'agit là d'un Twoshot, du moins actuellement. Bien évidemment vous vous doutez bien que le prochain texte sera du point de vue de Draco, néanmoins il se pourrait aussi bien que l'envie me prenne de rédiger par le biais d'un autre personnage. Soit, rien de bien défini encore et donc au final, un résultat très brouillon. Je m'en excuse encore.

Sur ce, bonne soirée - journée ! [Ne considérez que la mention utile]