Une chose à la fois
Disclaimer : L'univers et les personnages ne m'appartiennent pas et sont à Eric Kripke. Je ne touche aucun argent pour mes écrits.
Bonjour à tous !
Voici un texte que j'ai écrit pour le défi collectif de la Page Facebook Bibliothèque de Fiction, une très bonne page que je vous conseille :) Mon défi était de placer les mots cuisine, lycanthrope, miel, truffe, charme et de respecter la contrainte « le personnage joue aux jeux vidéos ». Rien qu'en lisant les mots, j'ai su ce que j'allais écrire ^^
Merci à N'Evoli pour sa correction :)
Enjoy !
La bibliothèque du bunker était calme, le silence seulement brisé par le bruit des pages que Sam tournait, absorbé par sa lecture. Son frère était assis en face de lui, en train de faire quelques recherches sur internet pour trouver une affaire.
Dean avait presque du mal à s'habituer au calme de la situation. Il n'y avait plus de fin du monde imminente, plus de recherches désespérées pour trouver une solution à un problème impossible à résoudre, plus de courses contre la montre. Amara et Chuck étaient partis Dieu savait où – c'était le cas de le dire – après que Dean ait réussi à la faire revenir sur sa vengeance il y avait déjà trois mois, et rien de grave n'était arrivé depuis. Ils étaient juste rentrés au bunker, et avaient repris les chasses. Crowley se tenait tranquille. Lucifer était quelque part et ils gardaient un œil dessus, mais pour l'instant il n'avait pas refait surface. Cas avait retrouvé sa grâce et ses pouvoirs, et Dean et lui pouvaient enfin se poser en tant que couple, construisant leur relation doucement.
Cela ressemblait presque au bonheur, se dit Dean.
Alors qu'il ouvrait un nouvel article sur un meurtre qui pourrait potentiellement les intéresser, son téléphone sur la table sonna. Il le saisit, regardant machinalement le nom de l'appelant. C'était un numéro inconnu.
Alors qu'il était sur le point de décrocher, le brun se figea soudainement en remarquant à quelle carte SIM l'appel était passé.
Sam, dérangé par la sonnerie prolongée, releva la tête vers frère et demanda : « Tu ne décroches pas ? »
Dean tourna son regard vers lui, l'air grave.
« C'est un appel vers le numéro de Papa.
- Quoi ? s'exclama Sam en se redressant. Comment ?
- J'avais mis sa carte SIM dans mon téléphone (1), au cas où… »
Après encore une seconde d'hésitation, Dean décrocha pour ne pas que l'appel bascule sur la messagerie.
« Allô ? salua-t-il, prudent.
- Hum, bonjour ? Pourrais-je parler à John Winchester ? »
La personne avait l'air surprise de tomber sur lui. C'était un homme, et sa voix sonnait jeune.
« Je suis désolé, mais il est mort depuis des années. » annonça-t-il. Il savait qu'il était un peu brutal, mais il n'y avait pas cent façons de l'annoncer.
Il y eut un silence au bout de la ligne, son interlocuteur intégrant probablement la nouvelle.
« Oh, je vois, dit-il finalement. Il ne rajouta rien.
- Qui êtes-vous ? » demanda Dean avant que la personne n'ait le temps de mettre fin à l'appel.
C'était la question principale ici, bien sûr. Pourquoi ce garçon qui connaissait manifestement son père ne savait pas qu'il était mort alors que cela faisait tant de temps ?
Soudain, la familiarité de la scène lui sauta aux yeux et il craignit la réponse à cette question.
« Je suis son fils, Stiles. »
Et voilà. Dean aurait probablement dû être plus surpris, ou s'énerver, mais il était simplement exaspéré.
Il pinça les lèvres, puis demanda :
« Pouvez-vous m'excuser un instant ? Ne raccrochez pas. »
Attendant à peine une confirmation de « Stiles » - Et vraiment, c'était quoi ce nom ? – Dean pressa le téléphone contre sa poitrine et regarda Sam qui attendait impatiemment de l'autre côté de la table.
« Cela rend tellement ironique le fait que ce soit Papa qui m'ait donné la discussion sur la protection. » dit-il seulement, car c'était tout ce qui lui vint à l'esprit à ce moment.
Sam leva un sourcil, faisant comprendre à son regard insistant qu'il voulait plus d'informations.
« Figure-toi que le fils de John Winchester cherche à joindre son père.
- Ah ?
- « Ah ? » ? répéta Dean en lui faisant les gros yeux. C'est tout ce que tu as à dire ?
- On sait déjà que Papa ne s'est pas fait moine après la mort de maman. Vu tous les endroits qu'on a visités, il a dû répandre sa semence aux quatre coins de l'Amérique ! »
Dean eut une exclamation bruyante de dégoût.
« Mec, je n'avais pas besoin de cette image ! » protesta-t-il.
Sam l'ignora et poussa un bloc-notes et un stylo vers lui.
« Reprends l'appel avant qu'il ne perde patience et ne raccroche, prends ses coordonnées et donne-lui rendez-vous. »
Dean hocha la tête en ramenant le téléphone à son oreille.
« Toujours là gamin ?
- J'ai 21 ans, se rebiffa le garçon au bout du fil. Et qui êtes-vous ? Pourquoi avez-vous le téléphone de John ?
- Mon frère et moi travaillions avec lui, et j'ai récupéré son abonnement à sa mort. » déblatéra Dean rapidement. Sans laisser le temps à son interlocuteur d'y réfléchir, il enchaîna : « Est-ce qu'il serait possible de te rencontrer ? On aimerait te parler.
- Pourquoi ?
- Pouvoir connaître le fils de John n'est pas une raison suffisante ? »
Il y eut un silence au bout du fil et Dean se demanda si l'autre réfléchissait ou se demandait comment l'envoyer sur les roses. Très probablement la deuxième option.
« D'accord, accepta-t-il pourtant. Où et quand ?
- Ce qui te conviendra. »
Ils finirent par se mettre d'accord pour un rendez-vous dans deux jours au Dinner de Beacon Hills, une petite ville de Californie comme le découvrit le chasseur en faisant une rapide recherche sur son ordinateur. Dean demanda quelques informations supplémentaires pour que les deux frères puissent faire leurs recherches après, puis l'appel prit fin.
Il se passa la main sur le visage avec fatigue avant de baisser les yeux sur ses notes.
« Alors, Stiles Stilinski à Beacon Hills Californie. J'ai pas plus, ça ira ?
- C'est déjà suffisant pour trouver sa page Facebook s'il en a une, répondit Sam en commençant à pianoter sur le laptop, qu'il avait récupéré. Tu peux aller chercher le journal de Papa ? »
Dean s'exécuta, allant rapidement récupérer le document sur une des étagères. Quand il revint, Sam tourna l'écran vers lui : dessus s'affichait une page Facebook avec sur la photo de profil un jeune homme aux cheveux bruns et courts et aux yeux marrons, portant un sweat à capuche et souriant à l'appareil. En bannière se trouvait la photo d'un grand groupe de jeunes (2) avec lui au milieu – sûrement ses amis. Il avait l'air d'un jeune homme tout à fait normal.
« Il y a certainement une ressemblance avec Papa. » commenta Sam.
Dean devait lui accorder cela.
« Tu as accès à sa date de naissance ? »
Sam vérifia. Heureusement, la date de naissance était publique bien que le profil soit en privé.
« 8 avril 1995 (3). Neuf mois avant, ce sera autour du 8 août. » calcula-t-il.
Dean tourna les pages du journal jusqu'à trouver la période correspondante.
« 10 août 1995, Beacon Hills, lut-il. Des corps exsangues ont été trouvés enterrés dans la forêt environnante.
- Vampire ?
- C'est ça. Ils ont enlevé une jeune fille, Claudia. Papa pensait qu'ils voulaient en faire une rabatteuse.
- Comme Alex ?
- Oui, mais ils allaient sûrement la transformer si Papa n'était pas intervenu.
- Ok, alors je suppose qu'après l'avoir sauvée, Papa est parti en lui laissant un petit quelque chose en plus…
- Il est resté dix jours là-bas, ils ont eu le temps de "faire connaissance". » confirma Dean en finissant de lire l'entrée du journal.
N'ayant plus rien à en tirer, il le referma et releva les yeux vers son frère qui était absorbé par son écran, ayant sûrement commencé le piratage de tous les dossiers existant sur Stiles Stilinski pour vérifier si ce n'était pas un piège. Sam, sentant son regard, lui demanda en arrêtant de taper :
« Qu'est-ce qu'il y a ?
- Qu'est-ce qu'on fait si ce n'est pas un piège ? S'il existe vraiment, si c'est bien notre demi-frère… La dernière fois, tu as essayé d'apprendre la chasse à Adam, puis il a été enfermé dans la cage. Nous n'avons pas de bons antécédents pour cette situation. »
Sam répondit simplement :
« On ira le voir, on prendra de ses nouvelles… Ce que font les frères. Il faudra demander à Castiel de le protéger et garder un œil sur lui car il peut être un point de pression pour nous, mais il n'a pas besoin d'être mêlé à la chasse. »
Dean acquiesça vaguement, et se leva pour prendre un verre. En vérité, il préfèrerait que ce soit un piège, que la personne au bout du fil soit un démon ou un shapeshifter. La lignée des Winchester était maudite : si ce gamin était qui il disait être, ce n'était pas de bon augure pour lui.
« Dean ? » appela son frère derrière lui alors qu'il se versait du scotch, sa voix un peu plus basse comme s'il hésitait. Le brun savait ce qu'il allait demander.
« Pourquoi as-tu gardé la carte Sim du téléphone de Papa ? Je sais que ce n'est plus parce que quelqu'un pourrait appeler, ça fait trop longtemps. »
Dean but son verre cul-sec avant de finalement répondre.
« J'ai oublié la voix de Maman. » Sa voix était plus rauque. « Je ne me souviens plus de son rire, ou de comment elle prononçait mon nom. Un jour je me suis rendu compte que je ne n'arrivais plus à me souvenir de la voix de Papa non plus, alors j'ai appelé son répondeur pour l'entendre. Dès que j'ai besoin de me souvenir, je l'appelle. » (4)
Il se retourna vers son frère, qui le regardait avec compréhension. La même chose avait dû lui arriver, mais sans que Sam n'ait de quoi raviver sa mémoire. Ils n'avaient pas vraiment de vidéos en famille, ce n'était pas le genre de John. Dean n'avait pas voulu garder ça pour lui, il n'avait juste jamais pensé à le dire à son frère.
Il s'assit de nouveau, prenant son propre ordinateur.
« Allez, on a du travail à faire. »
oOo
Le lendemain, ils se préparèrent à partir pour la Californie. Ils s'arrêteraient dans un motel en chemin, car le trajet leur prendrait plus d'une journée.
Ils avaient expliqué la situation à Castiel après son retour du paradis la veille au soir. Le fait que Dieu avait restauré sa grâce, lui avait rendu ses pouvoirs et donné sa bénédiction avait fait que les autres anges avaient accepté, plus ou moins de bon cœur, le retour de Castiel parmi eux. Il était de nouveau le bienvenu au paradis, malgré sa relation avec un humain. Le fait que Dieu avait en plus créé une nouvelle génération d'anges pour combler le vide laissé par les multiples morts des dernières années avait aussi aidé. Dean ne connaissait pas le détail, mais Castiel lui avait expliqué qu'ils étaient encore en gestation et que bientôt ils naîtraient. Depuis, Dean avait cette image persistante en tête d'angelots en couche culotte courant dans les nuages.
« Tu es sûr que tu veux que je vienne ? demanda l'ange alors que Dean chargeait leurs sacs à l'arrière de la voiture.
- Bien sûr. Si c'est un piège, nous allons avoir besoin de toi. Et tu pourras nous dire si c'est une goule puisqu'elles ne sont pas sensibles à l'argent ou l'eau bénite et que les tests habituels ne marchent pas. Nous ne retomberons pas dans le même stratagème.
- Et si ce n'est pas un piège ?
- Alors tu feras la rencontre de ton beau-frère ? » plaisanta Dean. Puis il reprit plus sérieusement : « Tu es de la famille, Cas. Tu as le droit d'être là. »
Le brun ne répondit rien, mais il lui sourit et leurs mains se frôlèrent quand il passa devant lui pour entrer dans Baby. Dean n'avait pas besoin de plus pour savoir qu'il était touché.
Ils démarrèrent finalement, Sam à l'avant et Castiel à l'arrière comme d'habitude. Ils parlèrent peu pendant quelques kilomètres, jusqu'à ce que Castiel demande :
« Qu'est-ce que vous savez de lui exactement ?
- Pas grand-chose en fait, c'est Sam qui a fait toutes les recherches.
- Je t'ai fait un résumé hier soir, Dean, s'exaspéra le plus grand.
- Si c'était ton laïus pendant que je mangeais de la tarte, je n'ai pas écouté.
- Non, bien sûr. » marmonna Sam dans sa barbe.
Soupirant, il prit le dossier qu'il avait laissé sur le tableau de bord et commença son résumé.
« Tout d'abord, ce gamin existe indéniablement. Sitles Stilinski, 21 ans, en formation au FBI, fils de Noah et Claudia Stilinski. Stiles n'est qu'un surnom, mais son vrai prénom est tellement imprononçable que je ne vais même pas essayer. Son dossier scolaire est très bon mais tous ses professeurs disent qu'il manque de concentration, ce qui s'explique par le fait qu'il a un TDAH. Son professeur d'économie mentionne qu'il a écrit tout un paragraphe sur l'histoire de la circoncision lors d'un examen de fin de semestre, ce qui me rappelle indéniablement quelqu'un. » finit-il en jetant un coup d'œil à Dean qui eut un petit sourire fier. Il avait lui-même eu quelques envolées lyriques dans certains devoirs, s'amusant à embarrasser ses professeurs le plus possible.
Sam reprit :
« Ses parents se sont mariés quelques mois après sa naissance, ce qui corrobore la théorie qu'ils se sont rencontrés quand sa mère était enceinte. Son père l'a adopté à sa naissance et l'élève seul depuis la mort de Claudia, en 2005. C'est le shérif de la ville. Et c'est là qu'on en vient au plus intéressant : Beacon Hill.
- Pourquoi ? » demanda Dean en fronçant les sourcils, étonné. La ville n'avait aucun intérêt pour eux, ils cherchaient seulement à savoir si ce Stiles était vraiment leur demi-frère ou s'ils se dirigeaient droit dans une embuscade.
« Parce que quand je me suis penché sur un éventuel casier judiciaire, j'ai trouvé pas mal de choses qui m'ont conduit à faire plus de recherches sur la ville. Il y a eu de multiples attaques d'animaux, puis j'ai des meurtres qui ressemblent fortement à des rituels… » Il fit un geste vers tous les articles qu'il avait imprimés. « Il n'y a rien depuis quelques temps donc je suppose que d'autres chasseurs s'en sont occupé, mais la ville semble attirer le surnaturel.
- Ce qui augmente la possibilité que ce soit un piège. » traduisit Castiel.
Sam hocha la tête.
« Dans ce cas, on va lui faire sa fête. » déclara Dean avec détermination en serrant le volant plus fort.
Il ignora le regard inquiet que lui lança Sam, concentrant son regard sur la route.
Un courant d'air frôla sa nuque alors qu'une des ailes de Castiel le caressait, devenant brièvement perceptible – bien que toujours invisible – comme à chaque fois que Castiel cherchait à le rassurer sans un mot. Le chasseur se détendit.
Ça allait aller. Ils n'avaient besoin de personne d'autre dans leur famille.
oOo
Stiles gara sa Jeep devant le dinner, éteignit la voiture puis ne bougea plus. Il observait les vitres du restaurant fixement. Soudain, une main se posa sur sa cuisse et le fit sursauter.
« Tout va bien ? »
Stiles se tourna vers Derek et lui fit un mince sourire.
« Je suis juste méfiant. Il y avait quelque chose de bizarre chez l'homme au téléphone. Je suis persuadé qu'il ne m'a pas dit toute la vérité. »
En fait, Stiles avait été persuadé que ce Dean n'avait fait que mentir, mais il avait bien trouvé un certificat de décès pour John Winchester après des recherches approfondies. Malgré tout, son instinct lui hurlait qu'il y avait quelque chose de louche.
« C'est pour cela que tu m'as demandé de venir, lui rappela le loup. Je saurai s'ils mentent ou pas. »
Sa main se glissa dans celle de Stiles. Un peu plus détendu, celui-ci vérifia que son couteau à lame en argent et manche en sorbier était bien en place dans sa manche, puis ouvrit la porte de la voiture. Toujours main dans la main, ils commencèrent à se diriger vers le dinner.
Alors qu'il avançait résolument, Derek s'arrêta soudainement, laissant échapper un sifflement admiratif. Suivant son regard, Stiles remarqua alors la voiture garée à côté d'eux. C'était une ancienne voiture noire, une Impala 67 plus exactement, correspondant tout à fait au goût du loup-garou. Stiles la reconnut immédiatement.
« C'est la voiture de John. Il est - » Stiles s'interrompit et se corrigea après un bref silence « Il était mécanicien. »
John en parlait toujours avec fierté, et il était probable que le propre amour de Stiles pour sa Jeep venait en parti de là.
« Il avait très bon goût. » approuva Derek, faisant pouffer de rire le plus jeune.
Se détournant, ils continuèrent leur chemin et arrivèrent à la porte, entrant à l'intérieur.
Derek sentit l'odeur avant de les voir : argent, sel et poudre à canon, et des traces d'autres choses qu'il ne pouvait pas identifier. Cela ne signifiait qu'une seule chose : chasseur. Génial. Il tourna la tête vers le fond de la pièce, où se trouvaient trois hommes. L'un d'eux était grand, assis près de la fenêtre et semblant plutôt calme, contrairement au plus petit. Leur odeur l'informa qu'ils étaient frères, ceux avec qui ils avaient rendez-vous devina le lycanthrope. Quelque chose le dérangeait dans leur odeur, quelque chose de plus que le reste. Il avait l'impression de l'avoir déjà senti ailleurs, pourtant il était sûr de ne jamais avoir rencontré les deux hommes.
Le troisième homme portait un trench-coat beige et une cravate légèrement de travers. Son odeur était étrange : indéniablement humaine, mais recouverte d'une autre odeur indéfinissable. Derek ne pouvait trouver que le mot « pure » pour la décrire, mais comment quelqu'un pouvait sentir la pureté ?
« Ce sont des chasseurs, murmura-t-il à Stiles. Mais ils ne sentent pas la tue-loup, alors pas des chasseurs de loup-garous spécifiquement. »
Cela ne voulait pas dire qu'ils n'en chassaient pas, mais ils n'étaient pas comme les Argents (ce qui n'était pas forcément une bonne nouvelle).
Stiles hocha légèrement la tête pour dire qu'il avait reçu le message. Il avait donc attiré des chasseurs dans la ville, vraiment parfait, tiens. Ils n'avaient certainement pas besoin de ça.
Déterminé à découvrir ce qu'ils voulaient, ils avancèrent jusqu'à eux.
oOo
Castiel sentit tout de suite la véritable nature de l'homme avec la veste de cuir quand il entra dans le Dinner avec la personne qu'ils attendaient. Ce n'était pas un loup-garou comme ceux que Dean et Sam chassaient habituellement, il semblait être quelque chose entre un loup-garou et un skinwalker. Il sentit aussi qu'il pouvait se contrôler, et le lien de meute qui reliait les deux hommes.
Il décida de ne pas le dire maintenant à Dean et Sam : aucun n'était un danger immédiat, et un combat en plein jour dans le restaurant n'était pas nécessaire. Autant découvrir d'abord si le jeune homme était réellement le fils de John Winchester.
« Il n'y a pas de danger, assura-t-il aux deux hommes à côté de lui.
- Ce n'est pas un monstre ? demanda quand même Dean.
- Il est humain et non-possédé. » confirma Castiel, prenant soin de ne parler que du plus jeune.
Heureusement, Dean ne saisit pas la nuance et se détendit un petit peu.
« Stiles Stilinski ? » interpella-t-il.
Le garçon hocha la tête et s'installa à la table. C'était une table de six places et Dean, Cas et Sam avait pris place d'un côté, laissant les deux nouveaux venus s'asseoir en face.
« Je suis Dean, voici mon frère Sam et mon compagnon, Castiel. »
Stiles se sentit mal à l'aise sous le regard du dénommé Cas. Sa magie lui soufflait qu'il n'était pas totalement humain, il avait l'air d'être… plus que ça. Derek n'était pas plus à l'aise que lui, mais c'était peut-être juste parce qu'ils étaient des chasseurs.
« Stiles, et voici Derek. » se présenta-t-il à son tour.
Avant qu'ils ne puissent rajouter quoi que ce soit, la serveuse vint prendre leur commande. Dean et Derek prirent un hamburger, Stiles un steak et des frites (frisées bien sûr) alors que Sam commandait une salade. Castiel ne prit rien.
« Donc, vous avez travaillé avec mon père ? » reprit Stiles après ça.
Les deux frères hochèrent la tête, Castiel ne bougea pas. La main de Derek qui serrait celle de Stiles resta immobile, indiquant qu'il n'avait pas détecté de signes de mensonge. Restait à savoir s'ils avaient travaillé ensemble en tant que mécano ou chasseur… Ce n'était pas parce qu'eux l'étaient que John l'avait forcément été.
La question suivante s'échappa de ses lèvres avant qu'il ne puisse la retenir.
« Comment est-il mort ? »
Ce n'était pas ce qu'il avait voulu demander ; Stiles voulait savoir qui ils étaient réellement, ce qu'ils voulaient, s'ils étaient là pour la meute. Mais il ne pouvait pas ignorer que ces personnes étaient le dernier lien avec son géniteur, et il voulait savoir ce qui était arrivé.
« Accident de voiture, dit succinctement Dean. Si je peux me permettre, pourquoi n'avons-nous pas entendu parler de toi avant ? »
La formule de politesse était de toute évidence pour la forme, Dean se serait permis quoi qu'il en soit. Stiles s'hérissa un peu, mais répondit quand même.
« Je ne sais pas, probablement parce qu'il a appris mon existence assez tard.
- Quand était-ce ? » demanda Sam.
L'interrogatoire semblait lancé, mais Stiles n'était pas disposé à le laisser continuer. Il voulait des réponses lui aussi, et il allait les avoir.
« Je ne répondrai pas avant de savoir qui vous êtes réellement. Je sais que tu ne m'as pas tout dit au téléphone.
- Il n'y a rien de plus à dire. » nia Dean.
Derek serra sa main : mensonge.
« Ce n'est pas vrai ! Qui êtes-vous vraiment ? s'énerva Stiles.
- Et toi, qui es-tu vraiment ? Qui nous dit que tu es qui tu dis être, que tu es – » s'emporta Dean avant de s'interrompre brusquement.
« Quoi ? pressa Stiles, lassé par cette conversation de sourd. Que je suis quoi ? »
Soudain, Derek comprit ce qui le dérangeait depuis le début, et qui ils étaient vraiment.
« Leur frère, s'exclama-t-il sans pouvoir se retenir. Vous n'avez pas seulement travaillé avec lui, vous êtes les fils de John Winchester ! »
C'était cela qui l'avait dérangé dans leur odeur à tous les trois, mais aussi dans leur physique. C'était très faible car ils n'avaient pas vécu ensemble, mais c'était indéniablement ça.
Stiles devint très pâle.
« Quoi ? » répéta-t-il plus doucement.
Sam pesa brièvement le pour et le contre, mais comprit rapidement qu'il ne servait plus à rien de le cacher.
« Il a raison. Si tu es le fils de John, alors tu es notre demi-frère.
- Ok, alors de un, pourquoi « si », pourquoi j'inventerais cela ? Et deuxièmement, dîtes-moi que ma mère n'est pas une briseuse de couple et n'a pas couché avec un homme marié ! »
Sam eut un petit rire.
« Non, notre mère est morte quand j'étais bébé, Dean avait quatre ans. Quant à l'autre question… Que devrait-on penser quand tu contactes Papa tant d'années après, alors que nous n'avons jamais entendu parler de toi ? Tu es le seul qui puisse y répondre en vérité. »
Les plats arrivèrent à ce moment-là, et Stiles piocha une frite pensivement. Enfin, il commença à raconter son histoire à ses frères – Merde, ses frères !
(Ses frères chasseurs !)
(Ce qui allait poser problème à un moment d'ailleurs...)
« De ce que je sais, ma mère a été enlevée lors d'une vague de meurtres en ville. John était un agent du FBI qui enquêtait sur sa disparition. Il l'a retrouvé, ainsi que les meurtriers qui – »
Stiles eut un moment de silence alors que la réalisation le frappait.
« Vidaient leur victime de leur sang. » finit-il en échangeant un regard avec Derek, qui comprit tout de suite le sous-entendu. Vampire.
Pas du tout agent du FBI alors - et probablement pas mécanicien non plus. Cela répondait à son interrogation de plus tôt : son père était tout autant un chasseur que les deux hommes en face de lui. Sitles eut soudain très conscience de l'ironie d'avoir ses deux frères chasseurs assis avec son compagnon loup-garou à la même table.
« Stiles, ça va ? » demanda Castiel.
Le jeune homme se secoua mentalement, puis hocha la tête.
« Donc ma mère et John ont… enfin, vous voyez. Puis il est parti, ce n'était pas censé être sérieux. Mon père – Noah Stilinski, il est shérif aujourd'hui – était agent de police à l'époque, il a interrogé ma mère pour boucler le dossier. Ils ont commencé à se fréquenter et quand ma mère a découvert qu'elle était enceinte, il a décidé de rester. Ils se sont mariés quatre mois après ma naissance. »
- D'accord, donc Papa n'était pas du tout au courant, on a compris. Mais tu l'as rencontré non ? Tu as dit qu'il a fini par apprendre ton existence.
- Oui, confirma Stiles. En fait, ce n'était pas censé arriver. Mes parents ne m'ont jamais caché mes origines, ils m'ont expliqué très tôt la différence entre un géniteur et un papa, et que dans mon cas ce n'était pas les mêmes personnes. Enfin, rit un peu Stiles, je ne comprenais pas exactement évidemment, j'étais trop jeune. Mais j'en comprenais assez, et j'adore mon père, il est génial. Je n'en veux pas d'un autre, alors je n'ai jamais considéré sérieusement rencontrer John. »
C'était probablement l'une des raisons pour lesquelles Jackson le détestait. Il avait tous ces problèmes avec ses parents adoptifs alors que Stiles était très fusionnel avec son père, ne voulant pas connaître son vrai paternel plus que ça. Au contraire, Stiles de son côté trouvait Jackson très égoïste. Ils avaient tous deux eu la chance incroyable que des personnes veuillent d'eux, les aiment comme leur propre enfant, et Jackson ne semblait pas le réaliser. Stiles était bien conscient que son père aurait pu simplement tourner les talons devant la responsabilité qu'un bébé était, surtout que sa mère et lui se connaissaient encore assez peu.
Adolescent, Stiles avait culpabilisé de ce genre de pensées. Il avait déjà rencontré John à l'époque, et pourtant il ne l'avait jamais rappelé. Ne devrait-il pas vouloir le connaître quand il en avait la chance, comme Jackson le souhaitait avec ses propres parents biologiques sans le pouvoir ? Il avait finalement réussi à faire la paix avec ça en parlant avec d'autres personnes adoptées sur un forum, certaines pensant comme lui et d'autres non. Il avait finalement réalisé que cela dépendait de chacun, des circonstances de l'adoption, des parents adoptifs aussi. Dans son cas, il était heureux comme ça. (5)
« Qu'est-ce qui a changé ? demanda Dean, le sortant de ses pensées.
- Ma mère est morte quand j'avais dix ans. Mon père… il ne l'a pas supporté. Il a commencé à boire et s'est plongé dans le travail. Il s'occupait moins de moi, il… n'était plus vraiment là. Ça a été une période assez sombre. »
Stiles regarda son assiette en le disant. Même après tout ce temps, il était dur de se rappeler de ça.
« Je ne savais pas à qui demander de l'aide. Il y avait la mère de mon meilleur ami Scott qui passait quand mon père ne pouvait pas, mais elle avait ses propres problèmes. Et un jour en fouillant au grenier, j'ai trouvé un vieux carnet d'adresse avec le numéro de téléphone d'un John W. Je savais que c'était mon père biologique et je ne savais plus quoi faire, alors je l'ai appelé, sur un coup de tête. A vrai dire j'étais surpris quand il a répondu.
- Et il est venu ?
- Oui. Dès qu'il a compris qui j'étais, il a dit qu'il venait et il a raccroché. Deux jours après, il était là. Il est rentré dans la maison et il a parlé à mon père. Je ne sais pas ce qu'il lui a dit, mais ça a certainement fait quelque chose. Papa a commencé à se ressaisir.
- Ça ressemble bien à Papa, donner des conseils qu'il ne suit pas, marmonna sombrement Sam.
- Il buvait, n'est-ce pas ? interrogea Stiles, curieux. Je veux dire, il n'a rien touché pendant son séjour, mais il y avait certains signes.
- Il n'a jamais surmonté la mort de notre mère, et je suppose qu'il pensait que cela l'aidait. Mais il ne s'est pas effondré autant que ton père. » confirma Sam.
Et encore, même cela était discutable. Leur père ne s'était pas perdu dans la boisson au point de perdre le contact avec la réalité comme le père de Stiles, il n'avait pas non plus reporté sa colère contre ses fils comme le père de Max Miller, le télékinésiste qui était un des enfants d'Azazel, mais sa vendetta de vingt ans contre le meurtrier de sa femme n'était pas mieux, surtout en sachant qu'il y avait entraîné ses enfants.
Et comme Sam le disait, cela ne l'empêchait pas de boire, au point de parfois rentrer complètement soûl tard dans la nuit.
« Et après ? relança Dean.
- Il est resté une semaine et demi, dit Stiles en haussant les épaules. Mon père se sevrait mais John me tenait à l'écart, alors je n'ai pas vu grand-chose. Il me faisait à manger le matin et le soir, il m'a fait voir le moteur de sa voiture… Je ne sais pas, c'était bizarre. On ne savait pas vraiment comment agir avec l'autre. Je ne savais même pas comment l'appeler, c'est lui qui m'a dit de l'appeler John. Et puis il est parti. Il ne m'a jamais rappelé et je ne l'ai pas fait non plus.
- Jamais ? »
Stiles se hérissa devant ce qui lui semblait être un reproche.
« Ce n'est pas comme s'il m'avait appelé en retour ! Oui, j'ai pensé à l'appeler quelque fois ces dernières années, pour la remise de diplôme par exemple, mais je ne l'ai finalement pas fait. Quand il est parti, la dernière chose qu'il m'a dit était que mon père était un homme bon et que j'irais bien de toute évidence, il avait compris que je n'avais pas besoin qu'il joue ce rôle dans ma vie et n'avait en fait pas envie d'en jouer un du tout. Il ne m'a même pas dit que j'avais des frères ! »
Un silence gênant s'installa, que Sam brisa en se raclant la gorge.
« Quand a eu lieu la visite de Papa ?
- En 2005. » répondit Stiles.
Les deux frères échangèrent un regard.
« Papa est mort en juillet 2006 (6), déclara Sam. Je ne dis pas qu'il t'aurait effectivement recontacté, en vérité je n'ai aucune idée de ce qu'il aurait fait. Mais il n'aurait pas pu de toute façon. »
Stiles ferma les yeux et se passa la main sur le front, les épaules basses. Il sentit Derek presser son genou sous la table, un soutien silencieux qui lui fit du bien. Saisissant à nouveau la main du loup-garou et la serrant, il releva la tête et dit simplement :
« Nous ne le saurons jamais… »
Il n'y avait rien de plus à dire, vraiment. Ils mangèrent un instant en silence, avant que Castiel ne prenne la parole (Stiles avait presque oublié sa présence).
« Pourquoi avoir contacté votre père biologique après toutes ces années si vous n'avez pas gardé le contact ?
- C'est vrai ça, réagt Dean. Cela nous a permis de connaître ton existence donc c'est une bonne chose, mais pourquoi cet appel ?
- C'est Derek qui m'a convaincu, répondit le plus jeune. Nous sommes fiancés, annonça-t-il avec un sourire sur ses lèvres en levant la main gauche pour montrer la bague brillant à son annulaire. J'ai appelé pour l'inviter à la cérémonie. Bien sûr, l'invitation s'étend à vous.
- Donc non seulement nous avons un nouveau frère, mais il y a un beau-frère inclus dans le lot ? plaisanta Dean.
- Je suis un lot deux en un, comme toi on dirait. » rétorqua du tac au tac Stiles en désignant du menton les mains liées de Castiel et Dean avec un sourire, faisant rougir ce dernier.
Alors qu'ils finissaient leur repas, la conversation devint un peu plus légère. Ils étaient toujours de complets inconnus malgré leur lien de parenté découvert, alors ils cherchèrent à mieux se connaître, posant des questions sur les études ou les métiers, un peu sur le mariage aussi. Quand l'addition fut payée, ils se levèrent et sortirent du restaurant, s'arrêtant à côté de l'impala.
« Où est-ce que vous restez ? interrogea Stiles en se tournant vers les trois autres hommes.
- Au motel de la ville. Je suppose que nous allons rester encore une nuit ou deux, puis repartir. »
Stiles se sentit déchiré entre l'envie de voir ces chasseurs loin de sa meute le plus tôt possible et celle d'apprendre à les connaître un peu mieux. Avant de trop y réfléchir, il proposa :
« On organise une soirée pizza avec des amis demain soir, voulez-vous venir ? Vous pourrez rencontrer mon père. »
Sam et Dean hochèrent la tête après s'être brièvement consultés du regard.
« Merci pour l'invitation. On sera là. »
Puis ils montèrent dans leur voiture et après un dernier signe de main, s'éloignèrent.
« Tu te rends compte que tu viens d'inviter trois chasseurs à un rassemblement de loup-garous ? commenta Derek.
- Il n'y aura pas que des loups-garous, se défendit Stiles.
- Oui c'est vrai, il y aura aussi une banshee, deux chasseurs et un druide ! Les seuls à peu près normaux seront ton père et Melissa, taquina le plus vieux.
- Et bien cela leur fera un point en commun, rétorqua Stiles en s'appuyant contre le torse de son fiancé alors que celui-ci posait un bras sur son épaule. Tout le monde sait se tenir, et j'aimerais apprendre à mieux les connaître. »
Derek appuya un baiser sur sa tempe sans rien ajouter.
« De plus, peut-être qu'ils ne nous attaqueront pas s'ils comprennent que nous ne faisons de mal à personne, conclut Stiles avec un peu d'espoir, même s'il n'y croyait pas vraiment.
- Je ne leur fais toujours pas confiance, Stiles. J'ai un devoir envers la meute, je dois la protéger. Es-tu vraiment sûr de toi ?
- J'en prends la responsabilité, acquiesça son fiancé. Ça ira, je te le promets. »
(1) Pour ceux qui ne savent pas, aujourd'hui beaucoup de modèles de téléphone permettent de recevoir les appels et SMS de deux cartes SIM différentes et donc deux numéros différents. Ça sert notamment lorsque l'on a un numéro professionnel et personnel, cela permet de ne pas avoir deux téléphones.
(2) J'ai zappé le truc des yeux qui brillent sur les photos, on va dire qu'ils peuvent le contrôler OK ? Parce que je ne trouve pas ça logique. Et pour la photo sur le permis alors ? XD
(3) Selon la chronologie reconstituée sur le wiki Supernatural, la fin de la saison 12 (où cette fic prend place) se passe en 2016 et selon le wiki Teen Wolf, Stiles est née en 95. Ça fait pile poil 21 ans pour Stiles ! Et pour info, Adam est née en 90.
Vous remarquerez que selon cette chronologie Stiles peut être autant le fils de John que de Dean, puisque ce dernier avait 16-17 ans quand Claudia est tombée enceinte et il suffit d'un préservatif qui craque lors d'une de ses relations éphémères dans les différents lycées que lui et Sam fréquentent pour que pouf, bébé ! Cet UA demande de changer l'âge de Claudia et du Shérif je pense, mais voilà, ça pourrait peut-être donner des idées de fics à quelqu'un ?
(4) Je ne sais pas si on peut enregistrer son message de répondeur sur son téléphone. Probablement, mais alors mon explication de pourquoi Dean a gardé le numéro de John actif tombe à l'eau et j'en ai pas de meilleure, donc ici on va dire ici que non ^^' !
(5) Vu que c'est un sujet sensible, je voudrais juste préciser que je ne sors pas cela de nulle part, j'ai en fait demandé son avis à une amie qui est adoptée. Son cas est différent parce que ses parents biologiques ne sont plus de ce monde depuis qu'elle est bébé contrairement à Stiles dans cette fic, mais elle est toujours plus qualifiée sur ce sujet que moi, et elle connait Teen Wolf et Supernatural. Elle m'a dit qu'elle ne trouvait pas cela improbable, connaissant les personnages et la relation entre le shérif Stilinski et Stiles. J'espère quand même n'avoir choqué personne. Après, je considère aussi que Stiles aurait voulu connaître John à un moment si il ne l'avait pas rencontré à dix ans ainsi.
(6) Source : Wikipédia.
Review :3 ?