Voici ma fic sur Fire Emblem The Sacred Stones. J'espère sincèrement qu'elle vous plaira, apportant joie et plaisir dans votre lecture D !
Plus sérieusement, les commentaires sont les bienvenus . !
Précision : Les flash-backs sont en italique...
La terre en colère…à Grado…
Comment cela avait-il pu se passer ? Pourquoi ? Tous ces corps humains qui jonchaient le sol, les maisons détruites, la nature bouleversée, mais surtout…Cet ultime désespoir dans les yeux des gens.
Natasha avait envie de pleurer devant cette vision de cauchemar. Gardant toute sa contenance, elle donna son manteau de voyage au soldat qui se trouvait derrière elle et fit un signe aux clercs qui l'accompagnaient. Ceux-ci se dispersèrent pour prodiguer leurs soins. La prêtresse se dirigea elle-même vers une femme qui tenait un enfant dans ses bras. Le garçon saignait au visage. Natasha tendit son bâton au-dessus de lui et murmura une incantation. Une aura entoura le blessé, et le sang disparut, laissant apercevoir une coupure profonde qui commençait déjà à cicatriser sous l'effet du sort.
La guérisseuse sourit au petit garçon, à sa mère et appela un membre de son escorte afin qu'il s'occupe d'eux tandis qu'elle-même poursuivait sa route.
Alors qu'elle enjambait les gravats avec peine, elle porta la main à son ventre légèrement arrondi. Ses pensées se tournèrent alors immédiatement vers Jehanna, le royaume des sables, et vers son époux, le roi Joshua, qui était resté là-bas.
« Joshua, que comptes-tu faire ?
- Je vais lever une escorte et partir à Grado sur le champ ! »
La réponse du nouveau souverain de Jehanna était pleine de franchise et ne souffrait aucune réplique.
Malgré tout, la jeune reine entreprit de le contredire :
« Tu ne peux pas assumer la reconstruction du palais et le désastre de Grado en même temps ! Laisses moi y aller à ta place…
- Il n'en est pas question ! Ce sera trop dangereux pour toi ! De plus ce n'est pas raisonnable ! N'oublie pas que tu es enceinte !
- Grado est ma patrie ! Et mes pouvoirs de guérison seront beaucoup plus utiles là-bas que tes talents de guerrier ! »
Un long silence se fit. Joshua posa sa main sur la joue de sa jeune épouse.
« Très bien, dit-il dans un sourire résigné, mais je veux qu'une escorte t'accompagne…Promets de vite revenir. »
Sa voix trahissait son inquiétude pour la femme qu'il aimait. Celle-ci se rapprocha et, pour toute réponse, déposa un long baiser sur les lèvres de son mari.
« Alors, vous êtes revenue Natasha… »
La prêtresse, qui soignait le bras d'un homme, releva la tête en entendant une voix grave. Un sourire illumina son visage quand elle aperçut la silhouette aux cheveux gris qui se cachait sous son manteau noir.
« Knoll, quel plaisir de vous revoir !
- Je croyais que vous resteriez à Jehanna avec Joshua…fit remarquer celui-ci.
- Ce pays a besoin de soutien. Je veux l'aider autant que possible…
- Vous voulez tous l'aider…Entre les représentants de Carcino, l'escorte de Frelia menée par la princesse Tana et le coup de main matériel et financier de Rausten…Il ne manque plus que Renais…Mais je suis certain que le roi Ephraïm ne restera pas les bras croisés sur son trône, dit le magicien sombre.
- Je suis même certaine, répliqua son interlocutrice, que des renforts sont déjà en route… »
Du haut d'une colline, Seth fixait le lointain. Ses yeux perçaient l'horizon dans une expression des plus renfermées. Il fit faire demi-tour à son cheval et se rendit auprès de la jeune femme qui l'attendait.
« Madame, je crois qu'aucun mot n'est assez fort pour décrire ce que je viens de voir. Je pense que vous feriez mieux de rentrer à Renais, je vais me charger de retrouver les renforts qu'a envoyé le roi…
- Seth, le coupa Eirika, Grado était la patrie de Lyon…Par respect envers sa mémoire, je me dois de venir leur porter secours. »
La princesse avait dit ces mots avec assurance, mais son garde du corps sentit un tremblement dans sa voix. Eirika dirigea sa monture toujours plus avant mais s'arrêta vite à la vue du spectacle qui s'offrait à elle.
L'apocalypse…
Une larme versa le long de sa joue devenue pâle. Elle l'écrasa d'un geste rapide de la main – mouvement qui n'échappa pas au paladin - .
Lyon…Il était son ami. A sa mort, elle avait juré de protéger Grado, coûte que coûte, pour lui…pour que son image subsiste à travers celle de son peuple. Mais elle avait eu beau se trouver grande et forte face au jeune prince transformé en Roi-Démon, elle se sentait à présent ridiculement impuissante face à ce drame. Elle ne parvenait pas à tenir sa promesse.
« Madame, vous sentez-vous bien ? »
La main de Seth posée sur la sienne lui reprendre conscience de ce qu'il se passait autour d'elle. Eirika sourit avec peine à son compagnon et s'apprêta à le rassurer quand quelque chose d'humide tomba sur sa selle.
De sa main libre, elle toucha son visage pour constater que les larmes coulaient en flots de ses yeux…un flot de tristesse, de colère et de déception qui venait s'ajouter aux odeurs de désespoir, de destruction et de mort.
Sous l'œil de plus en plus inquiet du général, la jeune femme entendait à présent sa propre respiration, forte et rapide. Sa vue se brouillait. Etait-ce donc dû aux fumées s'échappant des ruines ? Son corps tout entier fut pris d'un furieux tremblement tandis que l'encolure de son cheval lui semblait de plus en plus proche. Juste le temps de sentir la pression sur sa main se relâcher et d'entendre son voisin descendre précipitamment, le néant s'empara d'elle alors que son corps basculait sur le côté.
Seth mit pied à terre avec une rapidité égale à lui-même et rattrapa la princesse avant qu'elle ne heurte le sol. Laissant les deux chevaux brouter, il allongea Eirika plus loin des décombres. Ses pensées s'orientèrent alors toutes entières vers elle. Il laissa pendant un moment sa main s'attarder dans les longs cheveux de celle qu'il servait pour finalement tracer la marque d'une caresse sur la joue. Bien que le gant qu'il portait l'empêchait de sentir cette peau délicate et si douce, il ne pouvait pas stopper les frissons qui l'envahissaient tout entier. Parfois, la simple présence de la jeune femme suffisait à faire apparaître sur son visage durci et rendu insensible par la guerre de légères rougeurs. Il la contemplait, attendant qu'elle reprenne conscience. Il esquissa un sourire lorsqu'il vit les yeux de la princesse remuer.
« Vous allez mieux ? » demanda t-il d'une voix qui trahissait son inquiétude.
Eirika ouvrit les yeux, garda une main un instant sur son front, et releva doucement le buste, soutenue par le paladin, jusqu'à s'asseoir. Une expression hagarde sur le visage, comme si elle n'avait pas compris ce qu'il s'était passé, elle fixa son garde du corps un instant avant de lui répondre d'une voix mal assurée :
« Je…Je vais bien… »
Elle tenta de se relever, mais ses jambes, trop affaiblies, basculèrent à nouveau. Seth l'attrapa par la taille et la tint contre lui pour l'empêcher de retomber. Sa surprise fut grande quand il sentit deux mains s'accrocher à son vêtement et une tête se nicher contre lui. Elle pleurait…
« Madame, que vous arrive t-il ?
- Seth…lui dit-elle dans un sanglot…Je ne sais pas ce qui m'arrive…
- Calmez-vous, votre malaise a dû vous choquer… »
Elle releva brusquement la tête, resserrant ses mains sur les habits du général.
« Mais vous ne comprenez pas ! Lyon s'était tellement investi dans ce royaume, il en était si fier ! Et tout…tout ses rêves se sont effondrés en quelques instants…Même s'il a mal tourné, tous ces souhaits partaient d'une intention plus que louable ! Je n'ai pas été capable de les poursuivre à sa place… »
Eirika ne put continuer. Son corps tremblait à présent. Son garde du corps, oubliant toute la mesure et le respect qu'il devait à la princesse, la serra dans ses bras. Il lui murmura des mots apaisants comme il le ferait à un enfant qui, s'étant réveillé d'un mauvais cauchemar, se serait blotti contre lui, cherchant du réconfort. Mais, avec elle, tout était différent…
Non, il ne tenait pas une fillette paniquée contre lui, mais une jeune femme qui provoquait en lui des émotions qu'il cherchait à fuir…
Ephraïm n'arrivait pas à voir la fin du couloir qu'il empruntait. Etait-ce le signe que l'histoire n'était pas prête à s'achever ? Avait-il échoué quelque part dans sa tâche de souverain ?
« Père, pensa t-il, que dois-je faire ? »
Il leva les yeux au ciel et écarta les mains, espérant recevoir l'aide paternelle.
« Majesté… »
Le souverain abandonna sa posture et regarda son interlocuteur.
« Lute, que se passe t-il ?
- Eh bien, répondit la magicienne, passant par le château avec l'intention de saluer mes anciens compagnons de route, il s'avère que je vous ai aperçu dans une drôle de position. J'ai donc regardé si tout allait bien.
- Tout va pour le mieux, ne vous en faites pas, répondit Ephraïm
- Vous mentez. »
La réplique de la jeune femme aux cheveux violets eut l'effet d'une épée sur le roi.
Fixant sa compagne, il lui demanda :
« Pourquoi dites-vous cela ?
- Votre bouche dit quelque chose et vos yeux expriment le contraire. Tout simplement.
- Comment voyez-vous ce genre de choses, Lute ? questionna le frère d'Eirika, interloqué.
- Tome 4, chapitre 18 de « De la métaphysique des psychologies du monstre des forêts ». »
Ephraïm regarda par une fenêtre, souriant.
« Merci de me comparer à un monstre des forêts… »
Il replongea aussitôt dans ses pensées.
« Puis-je savoir ce qui vous irrite autant ? demanda la magicienne.
- Les choses ne se passent pas comme je l'aurais voulu.
- C'est-à-dire ?
- Je pense que vous êtes au courant du tremblement de terre terrible qui a secoué Grado…
- Ca, pour être au courant…dit Lute, cet évènement a secoué Magvel pendant quelques temps. Tous les pays se sont mobilisés pour venir en aide à ces pauvres gens.
- Justement, reprit le jeune souverain, c'est cela qui m'irrite. Nous avons tout fait pour que Grado se remette de la catastrophe. Mais nous n'avons pas pu empêcher l'anarchie de s'y installer. »
La magicienne arbora un air de dégoût
« Vous parlez de ce Ga'arath, n'est-ce pas ?
- Je ne saisis pas bien les intentions de cet homme. Il prétend vouloir ramener le pays à la gloire et au prestige, mais il n'y a aucun sens à sa politique d'isolation ! Il coupe Grado de toute aide extérieure pourtant nécessaire. Et pour ajouter un peu d'illogisme à tout cela, il va même jusqu'à nous menacer. Il y a une semaine, ma sœur a été victime d'une embuscade tendue par ces fanatiques…
- Fanatiques, vous dites ? s'étonna Lute
- Oui, reprit Ephraïm, il est le chef d'une secte qui s'est formée peu après la fin de la Guerre des Pierres et qui porte un culte au Roi-Démon défunt…A entendre les rumeurs, elle envisagerait même de le ressusciter…
- Mais Majesté, comment pourraient-ils… ?
- Je me méfie de ce genre d'organisations. Ils sont souvent pleins de ressources… »
Le fils de Fado marqua un temps d'arrêt, la mine sombre. Lute le fixa avant d'esquisser un sourire.
« Je repars chez moi. Artur doit être rentré de son service au temple et il va m'attendre. Si vous avez besoin de ma merveilleuse intelligence, de mes exceptionnelles aptitudes au combat ou de quoi que ce soit d'autre, sachez que je suis à votre service, roi Ephraïm. »
Elle fit une discrète révérence avant de reprendre le chemin inverse à celui qu'elle avait emprunté. Ephraïm la regarda partir, une pointe d'amusement dans le regard. Elle n'avait décidément rien perdu de son côté « sûre d'elle »…
Ses yeux se reportèrent vers la fenêtre. La vue sur le magnifique jardin du château de Renais l'apaisa. Il aperçut deux silhouettes et plissa les yeux afin de mieux les distinguer. Un sourire apparut sur son visage en voyant Eirika bavarder avec animation avec Myrrh, venue leur rendre visite suite à la catastrophe de Grado.
Les deux jeunes filles semblaient très bien s'entendre. Des éclats de rire partaient parfois de leur bouche. Plus loin, dans l'ombre d'un arbre, Seth, qui lustrait son épée, observait la scène d'un œil attendri. Le sourire d'Ephraïm devint amusé. Décidément, sa sœur avait charmé le général des armées ! Le souverain se demandait parfois ce que la princesse éprouvait pour le séduisant paladin. Quoi qu'il en soit, s'il s'avérait que les deux jeunes gens étaient destinés un jour à fonder un foyer, il n'y verrait aucun inconvénient. Bien au contraire, il considérait Seth comme un frère et ne souhaitait que son bonheur…Malgré tout, la décision n'appartiendrait qu'à sa sœur.
Il observa celle-ci avec plus d'attention. Elle paraissait s'être remise de son voyage à Grado. Le jeune roi se souvenait de l'état pitoyable dans lequel elle se trouvait à son retour, il y a environ trois mois. Malgré l'extrême condition de faiblesse dans lequel elle était, elle avait tout de même tenu à superviser l'opération d'évacuation de l'armée qui gardait la frontière vers le royaume désormais dévasté de leur ancien ami. Ephraïm s'était longuement félicité de lui avoir imposé, en plus de Seth, déjà prévu dans le voyage, la compagnie de Franz, Forde et Neimi.
Selon le récit des gardes du corps, à peine s'étaient-ils approchés de la limite de Renais, qu'une armée d'hommes enveloppés de capes et proférant d'étranges paroles avaient surgi. Certains possédaient des arcs et autres armes de jet. Eirika fut blessé au bras par un couteau. Mais l'habilité de plus en plus grandissante de son archère ne permit pas aux lanceurs de faire plus de dégâts. Les trois autres gardes du corps ne s'en sortirent qu'avec quelques égratignures, grâce à leur maîtrise du combat. Seth avait alors ordonné à Neimi et Forde de ramener la princesse à Renais, tandis qu'il se chargeait de l'évacuation avec le fidèle Franz. C'est alors que Ga'arath était apparu pour la première fois. Le paladin et son homme de main le reçurent en entretien privé, qui se termina fort mal. Les mines des deux chevaliers étaient plus que soucieuses lorsqu'ils firent le rapport de la mission à leur souverain.
Ephraïm reprit sa marche en soupirant. Les problèmes ne faisaient que commencer. Il s'en doutait…
