N/A : Cette fanfic est ma réaction au dernier épisode de la saison 7 :)) Je l'ai dans la tête depuis le début de l'été, mais par faute de temps, je ne l'écris que maintenant (c'est dur la vie lol).
C'était sensée être une simple one-shot à l'origine, mais vu la proportion qu'on prise certaines de mes idées, je préfère la séparer en deux parties ;)

Je dédie cette histoire à Nathalie et Eva, mes deux anges gardiens. Un gros merci particulier pour Eva, pour sa correction assidue et ses remarques toujours pleines de bons sens.

SPOILERS : Aucun dans la première partie.
Dans la seconde partie : Très spoilers pour le 7x24 : « Living Doll », ainsi que pour le 8x01 « Dead Doll », d'après les vidéos promos :))

Genre : Angoisse/Romance

Pairing : GSR

Rating : T

Disclaimer : Rien ne m'appartient dans CSI, mais la majorité des choses dans cette histoire sort quand même de ma tête lool.


Cicatrices


Première partie : Même quand la blessure guérit…

Il y avait un grand miroir sur la porte de la salle de bain.

Une grande fissure le parcourait, presque horizontalement.

Le jour où sa mère avait durement percuté l'autre côté de la porte, craquelant le miroir, le trait irrégulier barrait le reflet de Sara au niveau de ses épaules. Elle se souvenait avoir passé du temps à l'étudier, plus tard cette nuit là, son index glissant sur la texture légèrement rugueuse du verre brisé, sentant la fine crevasse sous son doigt.

La fissure traversait son ventre à présent, exactement à la hauteur de son nombril. Elle avait beaucoup grandit durant l'été. Son corps avait commencé à changé.

Et pas seulement son corps.

Elle était restée longtemps sous l'eau chaude de la douche, et la pièce s'était remplie de vapeur. Le miroir était à présent recouvert de buée.

Elle avait pris l'habitude d'éviter le reflet que lui renvoyait ce miroir à chaque fois qu'elle sortait de la douche, ne supportant pas l'image qu'il lui imposait. Elle changeait, son corps changeait, son père changeait.

Elle ne voulait pas.

Elle voulait que les rondeurs disparaissent, et qu'elle puisse recommencer à se recroqueviller, se faisant oublier du reste de la famille. Son corps était devenu un traître dont elle ne supportait plus l'image.

Mais aujourd'hui, alors qu'elle sortait de la douche, enroulant immédiatement une serviette autour de son corps légèrement fumant, son regard glissa inexorablement sur le miroir en face d'elle, et cette fois, elle ne détourna pas les yeux.

Son reflet était flou.

La buée avait atténué le contour de toute chose se réfléchissant sur le verre, y comprit elle.

Elle s'approcha jusqu'à se retrouver à moins d'un mètre de la porte. Elle pouvait voir le contour de ses yeux, mais pas l'angoisse et le malaise qui les envahissait, pas plus que l'étrange détachement qui les voilait. Elle voyait la forme de ses sourcils, de son nez, et de sa bouche. Elle pouvait encore noter la roseur excessive de sa peau, ayant passé un temps prolongé sous le jet brûlant ; mais elle ne pouvait plus voir les endroits où sa peau était écorchée, là où elle l'avait frottée avec trop d'insistance.

Silencieusement, la serviette glissa au sol, exposant son corps nu et légèrement tremblant, malgré la chaleur de la pièce.

Et un frisson de soulagement la traversa lorsqu'elle étudia son reflet flou.

Les formes avaient disparu.

Sara n'avait que douze ans, mais elle était assez intelligente pour savoir que ce que lui renvoyait le miroir n'était qu'une image brouillée et faussée de la réalité.

Et pourtant, elle se conforta dans l'espoir que lui fournissait ce corps aux contours flous et indéfinis.

Alors, elle resta immobile, son regard fixé sur la fissure qui barrait son abdomen brumeux. Elle fixait le trait sombre, encore et encore, presque sans siller.

Et alors que son regard était comme hypnotisé par cette frontière invisible, la buée commença lentement à disparaître, beaucoup plus rapidement aux bordures de la fissure. Et ce faisant, l'image de sa peau réapparue.

L'ensemble de son être était fait de vapeur, sauf ce bandeau de chair. Elle avait l'impression que la fissure l'aspirait. Oui, la fissure grossissait, s'étendait, et elle était entraînée, happée par le gouffre qui grossissait sur son ventre, et soudain, ce corps dénué de forme n'était plus le sien.

Elle n'avait plus d'enveloppe, elle n'était qu'un abysse ténébreux, et elle tombait à toute vitesse. Elle sombrait tellement vite ! Elle ne voulait pas, elle ne voulait plus !

Brusquement, la paume de sa main droite s'aplati contre le miroir, et d'un geste rapide et presque désespéré, elle essuya la buée, faisant réapparaître son visage.

Elle plongea ses yeux dans son propre regard, se reconnectant brutalement avec elle-même. Presque inconsciemment, son bras gauche se souleva, entourant sa poitrine naissante. Et lorsque ses jambes eurent arrêté de trembler suffisamment pour qu'elle puisse tenir debout sans tomber, sa main droite quitta le miroir, et son bras s'enroula de la même façon autour d'elle.

« Saraaa… » S'éleva alors la voix de son père de l'autre côté du miroir, l'alcool se reflétant clairement dans son ton grave.

Elle resserra ses bras autour de son corps, aussi fort que possible.

Et elle ferma les yeux, le visage déformé par une douleur qu'elle n'était même pas sûre de comprendre.

OoOoOoOoO

Sara Sidle et Gil Grissom étaient recouvert de cicatrices.

Il y avait celles qui barraient leur peau dans une traînée blanche ou rosée, évidence d'une blessure passée, parfois effacée, rarement oubliée.

Il y avait celles qui parcouraient leurs âmes. Autant de fissures douloureusement comblées, qui faisaient d'eux les personnes qu'ils étaient. Elles ne disparaîtraient jamais totalement, mais étaient cachée assez efficacement pour qu'elles demeurent invisibles à l'œil nu.

Mais l'œil de la personne aimée ne demeurait jamais nu.

Ils parlaient de leurs cicatrices.

Cela avait commencé (assez) innocemment. Perdus dans la chaleur des draps, enivrés par la présence de l'autre, par le goût de sa peau, la texture de son corps, l'odeur de ses cheveux, la perfection de ses mains, la saveur de ses lèvres. La rencontre de leurs peaux nues et de l'ensemble de leurs corps étaient encore quelque chose de relativement nouveau dans leur relation, et chaque réitération de cette expérience amenait toujours la même question et la même conclusion :

Comment avaient-ils pu vivre l'un sans l'autre avant cela ?

Car il était clair qu'à présent, jamais plus ils ne pourraient se passer de l'autre. Ils étaient fait pour se compléter, et rien ne leur avait jamais sembler aussi juste et parfait.

Et Grissom se délectait véritablement de chaque centimètre carré de son corps qu'elle lui offrait, et avait la ferme intention de ne pas en oublier un seul.

Ce fut pourquoi, lorsqu'il entreprit de couvrir de baiser la totalité de sa jambe gauche, il s'arrêta en découvrant la fine trace blanche sur son mollet, et lui demanda en toute curiosité comment elle s'était fait celle-ci.

« Une course d'escalade dans les bois avec des garçons du quartier. J'ai quand même réussi à gagner. »

Pour la cicatrice suivante, la réponse fut :

« Une gifle de mon père et un coin de meuble un peu trop pointu. »

Et face à la culpabilité naissante dans ses yeux et à sa soudaine incapacité à trouver quelque chose à dire, elle avait repris le contrôle des activités, et avait rapidement déniché une cicatrice sur laquelle elle l'interrogea à son tour.

Et c'était devenu une habitude. Lorsque l'un d'eux dénichait une cicatrice, l'autre lui fournissait une explication, et réciproquement.

Ils parlaient de celles qui étaient visibles, et de celles qui ne l'étaient pas. Sans beaucoup de surprise, elle possédait plus de marques visibles que lui, mais cela n'avait pas beaucoup d'importance.

Car sans beaucoup de surprise, celles qu'elle ne voyait pas sur lui, elle les trouvaient quand même, et ensemble, ils pansaient leurs blessures.

OoOoOoOoO

S'il n'était pas allé à l'anniversaire de Tommy Gordon, jamais Gil n'aurait cassé le verre.

Car c'était là bas que tout avait commencé.

Les autres enfants ne l'aimaient pas. Il était facile de penser que le sentiment était totalement réciproque, mais il n'en était rien. Ce n'était pas que Gil n'aimait pas ses congénères (camarades de classes). Il les trouvaient tout simplement…intrigants . Il préférait rester à l'écart à observer, plutôt que de participer, et de ce fait, il était considéré comme un petit garçon asocial et renfermé. Ce qui, dans le fond, n'était pas faux, mais dans son fort intérieur, il savait de quoi il retournait.

Par exemple, il savait en toute modestie qu'il était plus intelligent que les autres enfants de son âge. A six ans, il était enfin rentré à l'école. Mais ce qu'on lui faisait faire là-bas, et qu'on lui 'apprenait', il le savait déjà depuis longtemps. Alors en classe et lors des activités, ne cherchant pas à se démarquer, il adaptait une de ses attitudes préférées : l'observation silencieuse.

Ses institutrices le savaient futé, et le pensaient timide. Ses camarades le jugeaient inintéressant, trop sérieux, et carrément bizarre. Lors des jeux, il était toujours choisit en dernier, parce qu'il ne courrait pas vite. Si on lui avait posé la question, il aurait répondu que s'il n'allait pas vite, c'était simplement parce qu'il calculait les statistiques et les probabilités de victoire. Mais personne ne lui posait la question, alors il ne disait rien, et laissait paisiblement les autres l'ignorer.

Mais dans tout beau quartier qui se respecte, il y avait des règles auxquelles on ne dérogeait pas, que l'on soit aimé ou non des autres enfants.

Comme les goûters d'anniversaire auxquels il fallait se rendre, avec un cadeau stupide, et ce nœud papillon hideux que maman tenait toujours à ce qu'il mette.

Tommy Gordon avait fêté son anniversaire la veille, et Gil avait été invité. Il y était allé. Avec un cadeau stupide et le nœud papillon hideux. Et de cela avait résulté plusieurs choses :

Un de ces rares corps à corps 'masculins', complètements rabaissant, mais obligatoire étant donné les circonstances.

Une leçon de moral de son père.

Et surtout, une expérimentation, qu'il s'apprêtait à mettre en pratique.

Assis en tailleur sur le canapé du salon, Gil sirotait son verre de lait, ayant l'air à première vue d'être absorbé par l'un des rares programmes télé de la journée. Mais si ses yeux étaient rivés sur les images en noir et blanc, leur aspect vitreux était la preuve que son esprit était dirigé sur tout autre chose.

Dans sa tête, les rouages de son cerveau fonctionnaient à plein régime, faisant les corrélations et les déductions nécessaires à la réalisation de son expérience.

Tout avait commencé lorsque Tommy s'était moqué de Maman. Gil était habitué à la cruauté des enfants de son âge, qui prenaient régulièrement un malin plaisir à se servir de lui comme souffre douleur verbale, très rarement physique, car Gil savait se défendre s'il en était obligé. Mais il ne supportait pas que Maman soit impliquée dans ces gamineries. Oui, Maman était différente, il le savait parfaitement. Oui, à la maison, ils parlaient plus avec leurs mains qu'avec leurs bouches, et alors ? Il n'avait jamais douté une seule seconde du fait que malgré son handicap, elle était aussi aimante que toutes les autres mères.

Mais Tommy avait osé se moquer d'elle, et avait tenté d'ébranler ses certitudes.

Bien sûr, lorsque le gamin avait mimé ridiculement les signes que Maman lui avait fait en le déposant, imitant méchamment les sons qu'elle laissait parfois s'échapper sans le réaliser, Gil n'avait pas hésité une seule seconde, et avait foncé tête baissée. Littéralement.

Il avait percuté Tommy, Tommy avait percuté la table. Sous le choc, deux des verres qui se trouvaient sur celle-ci tombèrent au sol et se brisèrent, bientôt rejoints par Tommy, que Gil n'avait toujours pas lâché.

Au final, ils avaient rapidement été séparés par les adultes. La mère de Tommy avait complètement paniqué face aux mains ensanglantées de son cher bébé, et avait immédiatement appelé un médecin –même s'il s'avérait au final que ce n'était que des coupures superficielles. Son second coup de fil immédiat avait été pour que quelqu'un vienne récupérer le délinquant qui avait osé touché à son fils, et qui était de toute évidence tout aussi dérangé que le reste de la famille Grissom. Malgré ses gros sanglots exagérés, et l'hystérie de sa mère, Tommy avait trouvé le moyen d'arrêter ses larmes juste assez longtemps pour lui lancer un sourire cruel et vainqueur, avant de lui chuchoter :

« Tu vois, moi, j'ai une vraie mère. »

Heureusement pour lui, le médecin était arrivé à cet instant, empêchant une autre collision.

Papa était rapidement venu le chercher, et ils avaient quitté la maison sous des regards choqués et désapprobateurs. Il n'avait pas crié sur Gil. Papa ne criait jamais, ne levait jamais la main sur lui. Mais bizarrement, son regard déçu était pire qu'une gifle ou une colère tonitruante. Lorsqu'il lui avait demandé d'expliquer son geste, il avait répondu d'une voix basse et honteuse, mais avec une note de défi, qui prouvait que dans un sens il ne regrettait pas d'avoir défendu Maman. Et Papa avait compris, en quelque sorte. S'en était suivit une leçon moralisatrice, et une punition qui consistait à l'aider dans sa serre tous les soirs jusqu'aux prochaines vacances. Et ils s'étaient mis d'accord sur le fait qu'il n'était pas nécessaire de mettre Maman au courant de cet incident.

Et un jour plus tard, il se retrouvait l'esprit en ébullition, fixant son verre de lait avec intérêt.

Car il allait prouver à Tommy Gordon que Maman était comme toutes les autres mamans, et que ce n'était pas parce qu'elle ne pouvait pas entendre sa voix qu'elle l'aimait moins. Et à défaut de pouvoir lui prouver en direct, il allait se le prouver à lui-même, une bonne fois pour toute.

Détachant ses yeux du verre, il glissa un regards vers la cuisine, à sa gauche, et observa pendant quelques secondes sa mère en action, en train de repasser du linge propre.
Puis, sans la quitter des yeux, il tendit le bras, et lâcha le verre.

Celui-ci percuta le sol, et comme il l'avait prévu, se brisa en mille morceaux.

Il observa sa mère, attendant une quelconque réaction de sa part, mais elle ne cilla pas. Elle finit cependant par relever la tête de sa tâche, se sentant sûrement observer. Et lorsqu'elle rencontra le regard fixe de son fils, un sourire tendre se peignit sur son visage, ce sourire qu'il aimait tant, celui qui pétillait dans ses yeux bleus, et qui lui donnait l'impression que rien de mal ne lui arriverait jamais. Il lui rendit son sourire, et elle reporta son attention sur le linge.
Quelque part au fond de lui, il savait que ce sourire venait de lui apporter la réponse qu'il attendait, mais l'enfant qu'il était désirait plus à cet instant.

Alors, il glissa au sol, se retrouvant à genou au-dessus des dégâts, le tissu de son pantalon absorbant le lait dans lequel il trempait. Sûr de lui, il attrapa un des morceaux de verre, et l'étudia quelques instants, le tournant entre ses doigts. Puis, avec détermination, il referma lentement son poing gauche autour du verre, et prenant une profonde respiration, il commença à serrer de toutes ses forces.

Cela lui fit mal, bien sûr, et des larmes de douleurs envahirent presque immédiatement ses yeux, qu'il ferma avec force. Mais il s'obligea à compter jusqu'à dix avant de desserrer son poing, et ce fût les plus longues secondes de sa vie. Lorsqu'il lâcha finalement le verre et rouvrit les yeux, du sang maculait ses doigts, gouttant sur le parquet, se mêlant au lait. Et il fut sincèrement choqué par cette image. Choqué par ce qu'il venait de faire, car c'était complètement stupide, et que cela faisait vraiment très mal.

Mais alors qu'il s'apprêtait véritablement à laisser s'échapper le sanglot qui lui barrait la gorge et de courir voir Maman, un bruit sourd et un son guttural s'éleva à sa gauche, de la cuisine. Il tourna la tête pour voir sa mère accourir, l'air paniqué. En moins de trente secondes, elle avait enroulé autour de sa main blessée un des linges encore chauds qu'elle venait de repasser, et l'avait porté jusqu'à la voiture.

Encore une fois, il avait réussi son expérience. Maman réagissait exactement comme il l'avait voulu. Comme toute mère aimante et intentionnée.

Et pour la première fois de sa vie, le sentiment qui l'envahit face à sa victoire ne fut pas une fierté modeste et délectable, mais une culpabilité cuisante et remplie de honte.

OoOoOoOoO

Cela faisait à présent plusieurs minutes que les doigts fins de Sara jouaient distraitement avec ceux de sa main gauche, et ce ne fût que lorsqu'elle lui posa la question qu'il le réalisa vraiment.

« Je me suis toujours demandé comment tu t'étais fait ces cicatrices. »

Il détacha les yeux de l'écran, intrigué par sa question. Confortablement installés sur le canapé, elle était blottie contre lui (pour ne pas dire à moitié avachie). Il avait passé son bras gauche autour d'elle, et il réalisait à cet instant qu'elle avait passé plus de temps à observer sa main qu'à se concentrer sur le film.

« Lesquelles ? » lui demanda t-il avec un petit sourire, adorant le petit froncement de curiosité qui barrait son front, le plissement de ses lèvres, alors qu'elle ne quittait toujours pas sa main des yeux.

« Celles-ci… » répondit-elle, traçant doucement de légers traits dans la paume de sa main, à l'intérieur de ses doigts. Il s'efforça de la quitter des yeux assez longtemps pour regarder les marques qu'elle désignait.

Il sourit tristement lorsque le souvenir de cette blessure lui revint, un peu terni par le temps, et finit par répondre : « C'est le résultat d'une de mes expériences. Douloureuse expérience, d'ailleurs. A six ans, j'étais prêt à tout pour prouver que j'avais raison, même à souffrir. Et ne t'avises pas de dire que ça n'a pas changé depuis.» Ajouta-t-il rapidement lorsqu'elle releva la tête, la répartie au bord des lèvres.

Elle referma la bouche, laissant s'échapper un petit rire, et les yeux pétillants, elle lui demanda :

« Et qu'avez-vous réussi à prouver, du haut de vos six ans, Mr Grissom ? »

Pendant une seconde –ou peut-être était-ce dix ou trente- il ne répondit pas, se contentant de se perdre dans l'éclat de ses yeux, déconcentré également par leurs doigts, qui avaient recommencés à s'enlacer, et à s'entrelacer, beaucoup plus lentement, plus sensuellement.
Et sa réponse fut à peine plus élevée qu'un murmure lorsqu'elle s'échappa de ses lèvres, qui se trouvaient à présent à seulement quelques millimètres des siennes :

« Qu'un homme est prêt à tout pour que la femme qu'il aime l'aime en retour. »

OoOoOoOoO

Sa mère, et les gens de son quartier, avaient toujours cru qu'il n'avait pas compris ce qu'il se passait, du moins pas avant d'avoir été à l'hôpital avec sa mère, et d'avoir entendu le médecin le dire de vive voix.

Les murmures étaient tous semblables.

« Heureusement que le gamin n'a pas réalisé immédiatement. Tu te rends compte, le traumatisme, savoir qu'on a regardé la télé avec le cadavre de son père sur le canapé ! »

Mais ce qu'il n'avait jamais dit à sa mère, c'était qu'il savait.

Il l'avait entendu bien avant que sa mère n'arrive dans le salon, et tente de réveiller son mari, inutilement. Bien avant qu'elle ne l'envoie, complètement paniquée, chercher la voisine, pour que cette dernière appelle une ambulance. Elle l'avait ensuite tenu à distance de la pièce, de son père, jusqu'à l'hôpital. Où, selon elle, il avait découvert sa mort. Qu'il ait nié cette douloureuse réalité jusqu'à ce couloir empestant l'antiseptique, certes. Mais il l'avait su bien avant elle, car il avait pu l'entendre.

Peut-être était-ce parce qu'il vivait la moitié du temps dans un monde silencieux qu'il portait tellement d'attention aux bruits autour de lui. Ou peut-être était-ce parce qu'il savait que la maladie de sa mère était héréditaire, ce qui voulait dire qu'un jour, dans quelques mois, quelques années ou décennies, il n'entendrait plus rien.

Le fait était qu'il avait l'ouie très fine, et qu'il portait une grande attention aux détails.

Et cet après-midi là, lorsqu'il avait regardé ce match de base-ball avec son père, et que ce dernier s'était… 'endormi', il avait très vite compris que quelque chose n'allait pas. Car quand son père dormait ainsi sur le dos, il ronflait. Pas de façon excessive (il était encore jeune), mais le petit son qui lui échappait à chaque profonde respiration qu'il prenait était immanquable, du moins pour Gil.

Et ce jour là, il n'y avait eu aucun sifflement, aussi léger soit-il.

Il le comprit tout d'abord dans ses tripes.

Ses yeux étaient toujours rivés sur le match, mais ses oreilles avaient remarqué que quelque chose n'allait pas, que quelque chose manquait. Et une sirène d'alarme avait commencé à résonner dans son cerveau, mais il avait tenté de l'ignorer.

Lorsque cette impression de 'pas normal' s'accentua, lui donnant la chaire de poule, il refusa toujours de se retourner, et de regarder son père.

C'était compréhensible. Il savait au plus profond de lui que ce n'était pas normal, du tout. Et il n'avait aucune envie de confirmer ses peurs. Il voulait simplement continuer de regarder ce match, leur match, et lorsque celui-ci se terminerait, ils dîneraient, commentant le jeu entre deux bouchées, pour pouvoir utiliser leurs mains.

Mais bientôt, ce malaise, cette peur sans nom, fut plus fort que tout, et il fut incapable de rester ainsi immobile.

Alors, il se retourna, aussi paré que possible à avoir une vision d'horreur.

Mais tout ce qu'il vit, se fut son père endormi paisiblement sur le canapé.

Mais Gil n'était pas stupide, malheureusement.

« Papa ? » l'appela-t-il doucement. Pas de réponse (bien sûr). Pointe de panique. « Papa ? » Plus d'insistance, toujours pas de réponse. Pointe d'acide dans l'estomac.

Il réessaya deux, trois, six, dix fois. Seul le silence lui répondit, seulement brisé par les cris de la foule, en provenance du match. Son match.

Il finit par se détourner de la forme endormie, reportant ses yeux sur l'écran.

Ses poings se serrèrent, jusqu'à ce que ses phalanges le fassent souffrir, et que ses ongles pourtant courts s'enfoncent dans sa peau, mais il ignora la douleur.

Et il commença à se mordre la lèvre, le coin droit, comme il le faisait toujours lorsqu'il était nerveux. Ou en colère. Ou paniqué. Ou n'importe quel autre sentiment qui pouvait vous habiter lorsque vous compreniez que votre père n'ouvrirait jamais plus les yeux.

Sauf que cette fois, il mordit plus fort. Ses deux canines emprisonnèrent la chair, et pressèrent, plus fort, encore plus fort. Et la douleur était lancinante, mais réelle. Il serra, et serra encore, jusqu'à ce qu'il sente quelque chose de chaud couler sur son menton.

Il sortit son mouchoir, et le plaça sur la blessure. Du bout de sa langue, il comprit que la coupure était profonde, et qu'il faudrait peut-être un point de suture. Mais il savait aussi que lorsque sa mère entrerait dans la pièce, dans très peu de temps à présent, elle aurait bien d'autres soucis en tête qu'une lèvre écorchée.

Tant pis.

Il aurait une cicatrice.

OoOoOoOoO

Sara entra dans la salle de bain en titubant un peu, la respiration anarchique.

Elle contourna la porte, et de ses deux mains, poussa celle-ci jusqu'à ce qu'elle se referme dans un claquement sec. Ses paumes moites glissèrent lentement sur la surface lisse du miroir, dans un grincement désagréable, insupportable. Lorsque ses mains quittèrent finalement la surface de verre, ce fut son front qui vint les remplacer. Ce fut la froideur du miroir contre sa peau qui lui fit réaliser l'étrange fièvre dont elle était victime.

Pourquoi était-elle fiévreuse, déjà ?

Elle n'arrivait pas à se concentrer, elle n'arrivait pas à penser. A cause de l'engourdissement total de tous ses membres. A cause du bourdonnement incessant qui occupait l'intérieur de son crâne. A cause du tambourinement violent de son cœur contre ses oreilles. A cause de cette ignoble nausée qui lui retournait l'estomac, et qui la faisait prier de toute ses forces pour qu'elle ne vomisse pas.

Elle ne voulait pas vomir. Pitié, pas maintenant, pas maintenant, pas maintenant, elle ne voulait pas, pitié.

La nausée.

C'était pour cette raison qu'elle était fiévreuse.

Et pourquoi était-elle nauséeuse, alors ?

Parce que…Parce que…

Cela lui revint soudainement, comme un coup de feu, un coup de couteau en plein cœur. Tout ce qu'elle avait réussi à oublier en traversant le couloir sombre qui séparait la chambre à coucher de ses parents de la salle de bain réapparu dans toute sa splendeur.

Elle était nauséeuse parce ce que…Parce que son père avait voulu aller trop loin. Parce que sa mère l'en avait empêché en plantant un couteau dans son corps (plusieurs fois). Parce qu'il y avait tellement de sang, tellement de sang, et qu'elle n'avait pas pu arrêter le flot, alors qu'elle avait essayé, vraiment essayé ! Parce que l'odeur avait été insupportable, et que l'odeur, oh cette odeur, elle l'avait suivit jusqu'ici, jusqu'à son lieu de refuge.

Elle rouvrit soudainement les yeux. Se décollant de la porte, elle observa ses mains. Rouge.

Posant ses yeux sur le miroir, elle vit les deux traînées que ses doigts avaient déposées sur le verre, et réalisa que ce n'était pas la sueur qui avait rendu ses mains moites.
Et lorsque son regard dépassa les traces sombres pour se fixer sur son reflet, sa propre image lui déclencha un nouveau haut le cœur. Et comme ses parents avaient tout de même réussi à lui inculquer quelques bonnes règles durant son enfance, elle réussit à aller s'accrocher au lavabo avant de vider le contenu de son estomac.

Mais lorsque ses hauts le cœur s'atténuèrent, les hoquets qui secouaient son corps, eux, ne disparurent pas. Au contraire, ils s'accélérèrent, sa respiration anarchique et bruyante résonnant entre les murs, prémisse de sanglots encore dénués de larmes.

Elle n'en pouvait plus, c'était trop, beaucoup trop, elle ne contrôlait plus rien, elle ne comprenait plus rien. Elle voulait juste que ça s'arrête, que tout s'arrête, elle en avait assez ! Assez !

Soudain, elle s'empara de la pierre à poncer qui se trouvait sur le rebord du lavabo, et de toutes ses forces, elle la lança contre le miroir de la porte.

L'explosion se fit entendre, mais le verre ne se brisa pas au sol. Une grande auréole craquelée défigurait sa surface, et de nouvelles fissures étaient apparues à partir de la grande qui étaient déjà là depuis des années.

Mais le miroir était toujours là.

Pourquoi ?

Pourquoi est-ce qu'il ne voulait pas se briser, hein ?

POURQUOI ???!!

Elle se retrouva à frapper le verre de toutes ses forces, hurlant encore et encore ce même mot entre ses sanglots. Jusqu'à ce que l'auréole se brise enfin. Jusqu'à ce que, par réaction en chaîne, la quasi totalité du miroir se retrouve également au sol.

Jusqu'à ce qu'elle se retrouve prostrée au fond de la douche, tenant contre elle sa main droite ensanglantée, secouée par de violent sanglots à présent vide de larmes.

Jusqu'à ce que des voisins finissent tout de même par appeler la police, le nombre de cri chez les Sidle ayant dépassé un peu trop leur quota habituel ce soir là, notamment ceux de la gamine.

Jusqu'à ce que sa vie se termine enfin, et commence à nouveau.

D'une certaine façon.

OoOoOoOoO

Elle avait toujours été captivée par ses lèvres.

Elle avait ce souvenir net de leur première rencontre, lorsqu'il lui avait proposé d'aller boire une tasse de café. Et alors qu'il parlait, et parlait encore, elle s'était littéralement pendue à ses lèvres.

Au début, cela avait été sincèrement platonique.

Il y avait une telle passion dans sa voix, une telle ferveur, qu'elle n'avait pu s'empêcher d'aspirer le moindre mot qui sortait de ses lèvres. Et elle avait aimé le fait qu'elle puisse agir ainsi sans que cela suscite chez lui ses instincts beaucoup plus primitifs.

Ensuite, après quelques temps, il était vrai qu'elle aurait menti si elle avait déclaré ne pas avoir souhaité que ses instincts beaucoup plus primitifs ressortent.

Mais il avait été un parfait gentleman.

Il n'avait à aucun moment tenté de profiter de cette indéniable et puissante tension sexuelle qui les entouraient, alors qu'elle aurait tout donné pour lui.

Oui, pendant près de sept ans, il n'avait absolument rien fait.

Mais cela n'avait plus vraiment d'importance, car après l'attente vint la récompense. Elle avait découvert que ses lèvres excellaient dans différentes sortes de passion. Jamais elle n'avait réagit avec autant d'ardeur aux baisers d'un homme, qu'ils eût été déposés sur sa bouche ou sur son corps.

Mais avec lui…

Ses lèvres caressaient sa peau, et c'était son corps tout entier qui se couvrait de chair de poule. Elles dénichaient ses points les plus sensibles et réceptifs, et la faisaient frémir, puis la faisaient gémir. Et même lorsqu'elles allaient se nicher dans le creux de son cou, elles finissaient toujours par se glisser jusqu'à son oreille. Et les mots qu'elles susurraient avaient le même effet sur son âme qu'elles avaient eu sur son corps.

Elle avait rapidement remarqué la petite cicatrice qui barrait le coin droit de sa lèvre inférieure. Elle était à peine visible, cachée par la courbure de sa bouche, et si elle n'avait pas eu la possibilité d'explorer ses lèvres avec autant d'attention, elle ne l'aurait sans doute jamais dénichée.

Et jusqu'à présent, jamais elle ne lui avait posé la question. Ce n'était pas parce qu'elle craignait de découvrir qu'il avait eu dans le passé une partenaire tellement passionnée qu'elle n'avait pu s'empêcher de lui laisser une marque, ou tout autre raison de ce genre.

Et ce fut de façon presque aléatoire qu'elle lui posa la question ce jour là.

Cela faisait un moment à présent qu'elle était réveillée, et qu'elle observait les traits de son visage à première vu endormi. Mais elle savait à sa respiration qu'il ne dormait plus. Tout comme elle, il préférait rester silencieux, et conserver cette éphémère impression qu'ils étaient dans une bulle. Bientôt, la bulle éclaterait, et il faudrait retrouver la réalité ; mais ils avaient encore du temps devant eux.

Il se laissait observer comme elle se laissait parfois observer.

Presque inconsciemment, sa main droite se leva jusqu'à son visage ; elle était incapable de rester ainsi plus longtemps à l'observer sans créer un contact, aussi minime fut-il. Ses doigts glissèrent sur sa joue, qu'elle avait rasé à peine deux jours plus tôt. Elle l'aimait autant avec ou sans sa barbe, mais c'était toujours une réelle satisfaction de retrouver le contact direct de sa peau.

Elle laissa ses doigts vagabonder sur son visage, effleurant doucement les diverses petites cicatrices qu'il avait acquis tout au long de sa vie, et dont il lui avait parler. Et cela lui remplit le cœur de chaleur, de simplement savoir qu'il s'était fait cette petite marque sur la tempe gauche au lycée, lorsqu'il avait eu un partenaire en chimie qui ne savait pas doser les substances dangereuses. Ou encore l'origine de la petite cicatrice blanchâtre sur son menton – sans connaître tous les détails, elle savait que cela avait un rapport avec un taux élevé de testostérone- ou celle à la racine de ses cheveux –une scène de crime mal sécurisée par un jeune policier incompétent.

Il avait finit par ouvrir les yeux sous son touché, confirmant qu'il était bel et bien réveillé, mais elle n'avait pas encore croisé son regard. Il la laissait poursuivre son exploration silencieuse, l'observant elle avec tout autant de sérieux et de tendresse, alors qu'elle portait finalement son attention sur ses lèvres. Son doigt vint dessiner la petite marque qui y était dissimulée.

« Comment as-tu eu celle-ci ? » murmura t-elle.

Elle glissa finalement son regard vers le sien, et leurs yeux se connectèrent. Elle fut presque prise de court par l'intensité qui régnait dans les siens. Pendant une seconde, elle s'autorisa à se perdre dans la sensation que cela provoquait en elle ; ces délicieux papillons dans l'estomac ; l'arrêt momentané de son cœur ; ce frison qui lui parcourait le dos, mélange d'un désir prématuré et d'une affection tellement puissante pour lui que c'en était presque douloureux.

Ses lèvres se retroussèrent dans un sourire tendre et amusé, et il demanda d'une voix à peine plus élevée que la sienne : « Je me demandais quand tu allais finalement la remarquer. »

Elle rigola doucement, incapable d'empêcher ses propres lèvres de s'étirer dans un sourire, sa paume ayant retrouvé la chaleur de sa joue.

« Oh, je ne viens pas de la découvrir. » dit-elle d'un ton taquin. Sous les draps, ses orteils allèrent se frotter contre son mollet, obligeant leurs jambes à se croiser, puis à s'entrelacer, augmentant de ce fait considérablement et délicieusement le contact entre leur deux corps. « J'attendais simplement le bon moment pour te poser la question. »

Il ne lui demanda pas pourquoi elle jugeait que maintenant était le bon moment. Ce n'était pas nécessaire. Il avait finit par glisser son bras autour de sa taille, l'attirant un peu plus à lui, les enivrants à chaque seconde un peu plus par leur proximité, par la chaleur tellement confortable de leurs corps.

Son front vint se reposer contre le sien, et il ferma les yeux. Durant un instant, il se laissa envahir par toutes les sensations qui l'assaillaient. Cette sensation de bien-être et de confiance absolue, qu'il avait découvert le jour il l'avait finalement laissé entrer pleinement et définitivement dans sa vie. Cette envie presque viscérale de se fondre en elle, sans allusion sexuelle aucune, totalement, désespérément. Car il ne pouvait plus se passer du contact de sa peau comme de son odeur, de tout ce qui faisait d'elle qui elle était, de son aura comme de son âme.

Il rouvrit finalement les yeux, et elle finit par faire de même, son regard légèrement brumeux, comme le sien devait l'être. Lorsqu'il parla, il n'y avait aucune hésitation dans sa voix :

« Je me suis fait cette cicatrice le jour où mon père est mort. »

Son regard fut envahit par une émotion forte, mais ce n'était pas de la pitié. C'était une compassion réelle, voir inquiète. Elle savait dans quelle circonstance son père était mort, et l'incidence que cela avait eu sur sa vie à cette époque. Presque inconsciemment, elle se blottie un peu plus contre lui.

« Je me suis mordu la lèvre. Mordu jusqu'à ce qu'elle saigne. Cela paraît fou et inconscient à présent, mais à cet instant, je voulais juste… Je ne sais pas. Je me suis senti chargé d'incompréhension. D'incompréhension, de colère et de rancune contre lui pour ne plus être là aussi soudainement, contre moi pour avoir ce genre de sentiments. Et je voulais simplement ressentir une douleur que je pouvais… »

« Que tu pouvais contrôler… » murmura t-elle, et il hocha doucement la tête, légèrement surpris. « Une douleur que tu avais provoqué toi-même, et que tu avais le pouvoir d'arrêter si tu voulais, et qui surtout cachait pour un temps celle qui était tellement plus lancinante et incontrôlable. »

Sa surprise fit place à un triste discernement. Il comprenait qu'elle faisait allusion à son propre passé, et son cœur se serra douloureusement.

Se décollant un peu de lui, elle fit remonter sa main droite, qui était allée se poser contre son torse un peu plus tôt, et la leva jusqu'à ses yeux pour qu'il puisse en voir la paume.

En observant bien, il finit par remarquer les marques blanches qui se mêlaient aux lignes de sa main, et qui se dessinaient sur le bas de sa paume.

Il fronça les sourcils, incrédule. Pendant une seconde, il pensa que c'était la cicatrice qui avait résulté de sa coupure, lorsque le labo avait explosé. Mais il se souvint très vite que celle-ci se trouvait sur sa main gauche, non la droite.

Il glissa à nouveau son regard vers le siens.

« Quand mon père est mort, je suis aller m'enfermer dans la salle de bain. » murmura t-elle. « Et j'ai brisé le miroir. Je l'ai brisé presque à mains nues, jusqu'à ce qu'il se retrouve totalement au sol, et que ma main me face assez mal pour que j'oubli quelques secondes ce que je venais de voir. » Un rire dénué d'humour lui échappa ensuite, et sa voix se brisa légèrement lorsqu'elle ajouta : « C'est fou ce que l'on peut faire comme choses stupides lorsque nos parents meurent. »

Il fut incapable de répondre quoi que ce soit. Incapable de penser convenablement, trop étourdi par la nouvelle vague de sentiments qui le secouait. Trop engourdi par cette vieille douleur qui ressurgissait de ses entrailles ; par celle de Sara. Par leur douleur commune.

Par le fait qu'à présent plus que jamais, il savait que ce qui les liaient l'un à l'autre étaient d'une puissance rare et indescriptible, et que jamais, jamais, jamais, il ne voulait que cela cesse.

Et aucun mot n'avait besoin d'être échangé pour savoir si ces sentiments étaient réciproques.

Ils le savaient à la façon dont leurs lèvres se trouvèrent désespérément. A la façon dont leurs mains et leurs doigts se perdirent sur l'autre. A la façon dont leur corps se réclamèrent, se cherchèrent et se retrouvèrent.

Et ils le surent lorsque leurs âmes se joignirent, durant cet instant si éphémère, et pourtant si puissant. Cet instant lors duquel tout s'arrêtait. Lors duquel la même prière émanait de la moindre fibre de leurs êtres.

Que rien ne vienne jamais briser leur osmose.

Un mois et demi plus tard, Sara disparaissait.

Fin de la première partie

TBC…

N/A : Comme vous l'avez sûrement compris, la seconde partie sera entièrement consacrée à cette fameuse disparition, pendant et après. Ceci n'était que la mise en place de mes idées tordues :p J'espère que cela vous a plu, et que vous viendrez lire la suite :)