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L'offense
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Auteur : Orbsorbis
Rating : sincèrement je ne sais pas trop, mais ça risque de grimper dans les -16…Enfin, soyons sérieux, quelqu'un a quelque chose à fiche des ratings sur ce site… ?
Disclaimer : les personnages ne m'appartiennent bien sûr pas, pas plus, vous vous en apercevrez sans doute vite, que le titre de chaque chapitre…
Genre : slash…euh, quoi d'autre ?
Note : globalement, je respecte le scénario original, dont celui du dernier tome, même si j'ai tout de même changé quelques "détails" comme vous le verrez. Par exemple, je ne me souviens absolument pas de ce à quoi ressemble le manoir Malfoy (ni même si il est précisément décrit quelque part), du coup je l'ai arrangé à ma sauce. Quant au père Malfoy, son sort à l'air d'en avoir pâti dans le passage de l'œuvre d'origine à ma modeste fanfiction...
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Chapitre 1 : Salade de fruits
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Résumé : Harry ne sait pas s'il y a une autre vie que celle qu'il mène, celle qu'il a toujours voulue. S'il y en a une en tout cas, il ne veut pas la connaitre. [HP/DM], tome 7 inclus, dont l'épilogue.
« Harry n'avait jamais envié Draco, jamais. Même pas pour ses balais dernier cri – qui de toute façon, ne l'avaient jamais empêché de perdre – même pas pour son physique de premier rôle hollywoodien. C'était son rêve de toujours qu'il vivait quotidiennement. »
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Harry reboutonna sa veste jusqu'au col.
En relevant la tête, il contempla distraitement les moulures alambiquées du plafond, qui partaient dans des volutes incertaines pour finir en de vagues arabesques.
Dorées, évidemment. Les papiers peints étaient verts…
En parcourant le chemin qui menait jusqu'à cette chambre, même par l'un des passages secrets qui fourmillaient dans toute la demeure, même à travers les portes juste légèrement entrouvertes, Harry avait souvent pu se rendre compte que toutes les chambres n'étaient pas dans ces tons.
Non, son hôte prenait sans doute un plaisir perfide à l'emmener justement dans celle-là, la dernière du long couloir qui constituait l'aile du manoir réservée aux invités.
Il ne s'en offusquait pas plus que ça. Les armatures serpentardes étaient en disgrâce totale, et ce depuis près de 10 ans.
Même l'école commençait à se demander si une suppression pure et simple de cette maison n'était pas la meilleure solution pour éviter toutes sortes de problèmes.
Harry n'y croyait pas réellement, mais enfin.
En réfléchissant à ça, il se passa les doigts au niveau de son cou, qui le lançait depuis tout à l'heure. Il y rencontra une forme creuse. Et poisseuse.
Merde.
Il se redressa, avisa un miroir, et s'y précipita en manquant de chuter sur une fripe qui trainait par là.
Enfin, une chemise. Flanelle ou satin, déjà ?
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« - Eh, fais gaffe à ma chemise, tu sais combien elle coûte ? »
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Il ignora l'injection sèche qui lui avait été adressée et rabaissa légèrement la fermeture de son vêtement en se collant presque à la glace, ses doigts effleurant son cou.
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« - Oh, non… !
- Quoi, un suçon ?
- Quel suçon ? Tu ne suces pas, tu mords au cas où ça t'aurait échappé… ! On dirait que Greyback m'est tombé dessus ! »
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Son amant se leva du lit, en ricanant.
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« - Je crois que ta femme préférerait encore ça au suçon. Qu'est-ce qu'une petite incommodité mensuelle à côté de l'intense plaisir…
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Il se glissa furtivement derrière et laissa couler sa main blanche contre la chute des reins d'Harry, faisant frissonner ce dernier.
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-…D'avoir un mari à la fidélité exemplaire…. » termina-t-il en chuchotant à son oreille.
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Il allait la mordiller quand Harry se dégagea brutalement.
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« - Tu peux parler, tu es bien pire que moi.
- Pourquoi ? Je n'ai pas l'impression de te violer. Ni même de beaucoup insister, ajouta-il en se rapprochant de lui. Ces derniers temps, c'est d'ailleurs plutôt toi qui viens…C'est le tableau de mon père qui t'excite ? Lui demanda-t-il en jetant un regard innocent à la peinture qui trônait au dessus de la tête de lit.
- T'es un malade, Malfoy.
- Oui, mais un malade qui te fait jouir. Ca fait combien de temps que bobonne n'y est pas arrivé ? »
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Harry s'approcha brusquement de lui et se planta droit dans ses yeux. Une seconde passa, puis il s'affaissa légèrement. Un sourire désolé orna ses traits.
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« - Une éternité. Tu sais qu'elle est enceinte ? demanda-t-il l'air de rien, sachant que l'état de sa femme, qui en était à 4 mois, ne laissait plus beaucoup de place aux spéculations.
- Ah ? Je croyais que c'était les gênes de sa mère qui commençaient à faire effet…
- En parlant de mère, où est la tienne ? Ca jase au ministère, ça fait des années qu'elle n'a plus fait d'apparitions publiques…Depuis…
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Harry fit mine de réfléchir.
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- …Oh, bien sûr, la nouvelle condamnation à perpétuité de ton père… » dit-il en lançant un regard contrit au tableau.
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« - Dégage Potter. Astoria ne va pas tarder à rentrer de chez Pansy, et Scorpius est trop jeune pour voir des horreurs, » répondit son vis-à-vis en le dévisageant de la tête aux pieds.
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Harry ramassa ses affaires à la hâte, écrasa la chemise au sol de son pas leste et ouvrit la porte.
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Il se retourna, tenant toujours la clenche dans la main droite.
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« - A mercredi, à la soirée de bienfaisance de la SPEM. »
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Il eut l'air de partir, puis se ravisa :
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« Ah, mais c'est vrai, j'oubliais que tu n'étais pas invité… » conclut-il en lui offrant son plus beau sourire navré.
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Draco eut juste le temps d'entendre la porte claquer.
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Merde, c'est vrai.
Il avait juré à Hermione de louer « subtilement » les efforts de Malfoy quant au traitement de ses ouvriers, lorsqu'il serait invité à faire un discours à la soirée, ce qui ne manquait jamais.
Elle était la présidente de cette association de défense des droits des elfes de maison qu'elle avait créée et bien qu'elle aurait à faire elle-aussi un discours, elle savait que celui d'Harry serait le plus relayé dans la presse.
Si Malfoy tombait sur l'un de ces articles, il croirait peut-être que c'était sa manière de s'excuser pour la ' discussion' de la veille…
Non.
Ni l'un, ni l'autre ne s'était jamais excusé de rien, ce n'est pas aujourd'hui que ça allait commencer…
Il avisa le message que venait de lui envoyer sa meilleure amie par hiboux, lui rappelant sa promesse, envoyé en cachette de Ron qui, lui, trouvait plutôt amusant qu'il ait été jugé plus moral de tenir le fils de Lucius Malfoy à l'écart d'une soirée de bienfaisance.
Les années avaient passé, mais les Weasley et les Malfoy se détestaient toujours autant, certaines choses ne changeaient pas.
Pour autant, leur animosité réciproque était moins publique qu'auparavant, et même plus réellement évoquée à vrai dire. Mais elle était là, et tout le monde le savait.
Hermione, elle, avait depuis le temps des sentiments moins hostiles vis-à-vis de Malfoy Jr, même si on ne pouvait pas vraiment parler d'amour fou, elle estimait au moins son comportement avec ses elfes, et les dons conséquents qu'il avait fait à la SPEM, même si elle savait qu'ils étaient plus politiques qu'autre chose.
Pour cette raison surtout, elle culpabilisait d'avoir dû rayer son nom de la liste des invités, sous la pression de personnes qui étaient toujours de bons conseils habituellement et lui avaient dit que sa présence pourrait être mal interprétée.
Malfoy essayait de redorer le blason de sa famille depuis des années, et même si des observateurs avisés pouvaient déterminer qu'il employait le même genre de méthodes que ses aïeuls pour y parvenir, il les consacrait à des buts justes qui portaient leurs fruits : il était de toutes les soirées.
Enfin, sauf de la sienne.
Harry savait lui aussi, que seules les circonstances imposaient à Draco Malfoy d'être à peu près convenable d'un point de vue politique, il avait de commun avec les précédents Malfoy de vouloir à tout prix être important, incontournable même, et de discordant d'être moins à cheval sur les grand principes de pureté du sang qui avaient si longtemps gouverné l'idéologie familiale
Il faut dire qu'il n'avait pas réellement le choix…
Harry se demanda si Lucius Malfoy, du fond de sa geôle, était bien au courant de ce que faisait son fils de leur nom à l'extérieur.
Il ricana en songeant que le savoir associé à des œuvres presque caritatives devait lui faire les cheveux encore plus blancs que ce sang si pur dont il se targuait tant ne les lui avait déjà donnés…
Enfin, bref.
Harry regarda de nouveau le carton, le retourna dans tous les sens, puis finit par se la fourrer dans la poche.
30, 29, 28 jours.
Il le reverrait dans 28 jours.
A la soirée d'anniversaire de la victoire, comme tous les ans.
Il ne retournerait pas le voir d'ici là, et savait qu'il ne viendrait pas de lui-même après la manière dont ils s'étaient quittés.
Réfléchissant un moment, il se dirigea vers la porte pour sortir, s'arrêta brusquement, laissa échapper un soupir puis retourna finalement sur ses pas.
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« - Eh, Nautile ! »
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Sa nouvelle chouette.
Harry avait mis 7 ans avant de se décider à remplacer l'ancienne. Enfin, « remplacer » était inapproprié, disons qu'il s'était dit que le vol d'un bon hiboux pouvait être plus utile que le téléphone, un des nombreux conforts moldus installés dans sa maison qui ne ressemblait volontairement pas à une demeure sorcières, surtout pour joindre ceux qui ne l'avaient pas.
Il sortit vivement, un petit rouleau de papier de son bureau, et griffonna quelques mots.
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« - Tu sais où, » dit-il au volatile en lui confiant le message.
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Ronald était un Weasley à en cracher par terre.
Quand il était venu au bureau d'Harry lui proposer ce petit dîner en « famille réduite », c'est-à-dire seulement lui, sa femme, sa sœur, et son meilleur ami, Harry avait hésité, prétextant qu'ils avaient déjà pas mal de soirées_et de repas légers qui allaient avec_ de prévues, et que ce serait peut-être de trop.
Là, Ron avait prétendu que ce serait quelque chose d'intime, de simple.
Il n'aurait pas dû croire Ron, il ne fallait jamais croire Ron.
Il le savait pourtant, depuis le temps… !
A leur arrivée, à peine le temps de déposer les manteaux dans le vestibule, qu'ils s'étaient retrouvés face à une table au cœur de laquelle trônaient trois énormes plats, l'un de charcuterie, l'autre de crustacés, et le dernier enfin d'une salade composée.
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« - Ce n'est que l'entrée… Avait annoncé Hermione, penaude, en ayant remarqué sa tête déconfite.
- Euh, c'est bien…Pour notre fille » commenta Ginny en posant ses mains sur son ventre, pourtant plus habituée encore qu'Harry aux plâtrés dantesques de sa mère lors des réunions en « grande famille » qu'elle subissait depuis toute petite. « Et puis, d'habitude on mange vers 18h, alors à l'heure qu'il est nous avons très faim » rajouta-t-elle en ignorant le toussotement de son mari qui semblait avoir quelques objections à ce qu'elle venait de dire.
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Il est vrai que Ron et lui avaient fini particulièrement tard ce soir, et que le dîner avait été prévu pour 22h vu qu'en compensation de la somme de travail effectué en plus ce soir-là, ils étaient exceptionnellement libres le lendemain.
Les enfants, eux, avaient été couchés chez les Weasley pour Rose et le nouveau né Hugo, et laissés à l'appréciation de Molly chez les Potter pour James et Albus-Severus.
Harry se demanda brièvement s'il n'aurait pas plutôt préféré la compagnie de sa belle mère et des petits pots pour bébé des plus digestes, avant de se résoudre à rejoindre la table du salon, où les attendait l'apéritif et –Seigneur !- une montagne de zakouskis.
Hermione enclencha directement la discussion sur l'anniversaire de la SPEM, sujet qui ennuya bien vite son mari, pourtant disposé à lui être agréable en lui adressant un sourire poli, censé marquer son approbation à chaque fois qu'elle se tournait vers lui.
Et puis avec des accras au saumon et crème de crevette-morue devant soi, on serait presque près à entendre parler de Descartes pendant des heures…
Finalement, Hermione et Ginny se retrouvèrent à papoter de leurs sujets de leur côté, tandis qu'Harry et Ron commentaient les derniers résultats importants de quidditch.
Une soirée normale, en somme.
Parfois, l'un deux évoquait, même sans le faire exprès la guerre, ou Voldemort.
Alors, un silence religieux s'installait, chacun pensant aux mêmes choses, les années perdues, les révélations qu'on aurait préféré ne jamais connaitre, les morts qui avaient tapi de leurs cadavres le sol infernal de la grande bataille, et Dumbledore, Sirius, Séverus.
Pour ne parler que d'eux.
Et Harry, toujours lui, finissait par soupirer profondément et reprenait la discussion sur un autre sujet.
Et la soirée continuait, comme si rien ne s'était passé.
Ce soir, aucune parole ne les y avait renvoyés à l'apéritif et c'est dans une ambiance joyeuse, favorisée par le cocktail d'entrée, qu'ils s'installèrent à table.
Alors qu'Harry, l'esprit déjà embrumé par l'alcool, se demandait nerveusement par où il allait commencer, Hermione sembla se souvenir de quelque chose.
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« Oh, attendez ! Il y a une soupe aussi », s'écria-elle en se précipitant à la cuisine.
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Elle en revint avec un grand bol et alors qu'elle allait le poser sur la table, un hululement se fit entendre, et Harry eut à peine le temps de prononcer le nom de sa chouette dans un élan de stupeur qu'un message tomba dans la soupe –qui évidemment était à la tomate- faisant gicler une bonne louche de liquide sur sa belle chemise blanche.
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Il avait osé, le salaud !
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« - Désolé », dit-il, embarrassé, en ramassant précipitamment le message. « Mon second au ministère…Quel crétin, celui-là, je lui ai répété mille fois « jamais après 8 heures » »
- Tu sais où est la salle de bain, lui dit Hermione en lui indiquant tout de même la direction du doigt.
- Attends, je vais plutôt te prêter une chemise, intervint Ron.
- Merci. »
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Il froissa le message et en se retournant pour suivre Ron dans la chambre, l'ouvrit subrepticement. Il l'écrasa tout de suite après avoir lu les deux mots qui y étaient inscrits.
« Crève-en. »
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Après un voyage express compliqué- décidément le vin ne lui réussissait pas, Harry arriva sans encombre dans son salon, soutenue par Ginny et immédiatement accueilli par James, suivi de Molly qui tenait Albus dans ses bras.
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« - James, ne coure pas », lui ordonna Ginny qui fut moyennement entendue, en le prenant tout de même dans ses bras.
« - Ca va, chéri ? demanda-t-elle en se tournant vers Harry qui semblait n'attendre qu'un mot de trop pour rendre son repas.
« - Oui, ne t'inquiète pas. La génoise à la crème m'a achevé, c'est tout, lui répondit-il en s'affaissant sur le canapé. Molly, ça s'est bien passé ?
- Oui, oui, pas de problème » répondit distraitement la dite Gertrude en lui jetant un regard suspicieux.
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Qu'avait-il contre sa recette de génoise à la crème ?
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Ginny rit à la réflexion de son mari et s'assit à ses côtés.
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« C'est vrai que quand il a apporté le gâteau…tu es devenu livide. J'ai cru que tu allais nous claquer entre les doigts, lui dit-elle en lui caressant doucement les cheveux. Je vais me faire une tisane. Tu en veux une ? »
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Harry lui fit comprendre par sa simple mine horrifiée qu'il était dangereux ce soir de lui parler encore de quoi que se soit de comestible, et Molly prit congé d'eux après avoir couché les enfants, en arborant la mine de regret qu'elle avait toujours quand elle devait rentrer chez elle en laissant une partie de sa tribu sur place.
Alors que Ginny se levait pour se diriger vers leur cuisine ouverte sur le salon, il l'observa.
Harry aimait sa femme, bien sûr, elle n'était pas qu'une solution de replâtrage pour enfin intégrer officiellement ce clan qu'il adorait depuis ses 10 ans.
Mais elle était un peu cela aussi, et il avait eu beaucoup de mal à le concevoir, ou plutôt à le reconnaitre, lorsque cette vérité lui avait éclaté à la face. Il y a 7 ans, après quelques années de vie commune. La seule fille depuis toutes ces générations, comme si quelqu'un l'avait fait naitre exprès à la même époque que lui pour lui permettre de l'épouser et de lier leur deux familles.
Il se décala pour pouvoir mieux la voir, alors qu'elle s'était mise sur le côté, dans un geste qu'il espérait discret.
Elle était belle, sa Ginevra. Resplendissante, même, depuis l'annonce de cette troisième grossesse.
Obnubilée par la naissance prochaine au point de ne plus parler quasiment que de ça.
Tout à l'heure, au repas, ça n'avait pas loupé. Même des sujets dont le rapport direct n'était pas évident, comme la place croissante de la SPEM sur la scène politique, vaine tentative de Hermione de passer à autre chose, ou le ramassage hebdomadaire des ordures_mercredi ou jeudi ?_ considérations d'Harry qui en avait rougi pendant deux bonnes minutes, débouchaient invariablement sur le nourrisson en devenir.
Cela n'inquiétait pas tellement Harry, les deux précédents avaient eu droit au même traitement, ça avait d'ailleurs même été franchement pire pour James, le premier.
En sus, cela empêchait sa femme d'être trop regardante sur son emploi du temps et Harry se sentit tout de suite mal d'avoir pensé un truc pareil.
Avant de tomber enceinte, elle avait paru avoir des soupçons, par des questions au premier abord anodines, mais qui pouvaient dans une tout autre situation, être lourdes de sens.
Dans une situation comme la sienne, en fait.
Quand il avait énuméré à Draco les réflexions qu'elle lui avait faites, celui-ci l'avait évidemment traité de paranoïaque.
Peut-être.
Mais il ne savait pas, lui, il ne vivait pas avec elle, et il ne la connaissait pas.
Malfoy était bien moins arrangeant que lui, pourtant il n'avait pas l'air de beaucoup varier ses excuses lorsqu'il prévenait sa femme de ses retards…Dans un sens, c'était peut-être plus crédible.
Mais tout cela était présenté avec un détachement tel, et un ton, ennuyé, un peu, désolé, beaucoup, si parfaitement rodé qu'il se demandait si les deux époux n'avaient pas une sorte d'accord tacite qui facilitait leurs petites incartades.
Car Harry était persuadé de ne pas être le premier, bien que Draco lui soutienne le contraire.
Quand à Astoria, la femme de ce dernier, elle avait déjà eu quelques amants, Draco le savait, il avait même pris le thé avec l'un d'entre eux, lui avait-il un jour avec une mine amusée, comme s'il venait de sortir une crasse particulièrement bien trouvée.
Quand Harry imaginait Malfoy et Ginny prendre le thé ensemble, l'effroi lui venait bien avant l'amusement sur la liste de ses réactions possibles.
Il fut interrompu dans son angoisse prévisionnelle par Albus qui, à l'étage, s'était mis à pleurer.
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« - J'y vais, » dit-il à Ginny.
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En montant l'escalier, Harry passa en revue comme d'habitude les cadres qui ornaient les murs jusqu'en haut.
James suçant sa tétine, Molly et Arthur, la famille Weasley « d'origine » au grand complet, James faisant ses premiers pas, Harry, Ron et Hermione, James avec l'oncle George, Albus-Severus à la maternité, et les deux garçons avec Rose, à côté du berceau de Hugo.
Bien que ses enfants fussent encore très jeunes, Havien avait déjà décelé une légère préférence de Ginny pour leur aîné, un gosse brun surexcité du matin au soir qui semblait afficher les traits caractéristiques des Weasley.
Harry savait que progressivement, il serait imperceptiblement mis à l'écart de leur rapport, comme Arthur Weasley l'avait été de la relation exclusive que sa femme entretenait avec leur fille.
D'ailleurs, les visites incessantes de Molly, il s'en serait bien passé aussi.
Il adorait sa belle mère qu'il considérait souvent comme sa mère de substitution, certes, mais elle passait plus de temps chez eux que dans son propre foyer, « déserté », et puis elle avait déjà posé d'étranges questions, à propos des absence de son gendre qui étaient beaucoup plus fréquentes et durables que celles de Ronald, qui occupait pourtant un poste similaire.
Mère et fille, encore.
Mais tout ça n'était que quelques désagréments bien insignifiants à côté de l'intense bonheur d'avoir enfin une tribu.
Sa tribu.
Pas une dans laquelle il n'était qu'une pièce rapportée comme auparavant, mais celle qu'il avait participé à bâtir, celle qui n'aurait pas existé sans lui, et où il était un membre à part entière, un pilier même.
Il pensa soudainement aux familles de sang-pur qui n'avaient jamais plus de deux enfants par union.
Les Malfoy sortaient même de 4 générations d'enfants uniques.
L'avantage, c'est que ça limitait les risques de mélodrame familial dans le bureau du notaire à la lecture de la répartition des biens du pauvre père décédé.
L'inconvénient c'est que ça donnait des types comme Draco Malfoy.
Snob, pourri gâté, plus peureux qu'un elfe de maison.
Harry n'avait jamais envié Draco, jamais.
Même pas pour ses balais dernier cri – qui de toute façon, ne l'avaient jamais empêché de perdre – même pas pour son physique de premier rôle hollywoodien.
C'était son rêve de toujours qu'il vivait quotidiennement.
Et il aimait encore plus les grandes vacances où ils partaient souvent tous ensemble, lui, Ginny, Ron, Hermione et les enfants, à la mer ou à la montagne, laisser couler les jours au rythme des langueurs estivales.
C'était réellement son idéal de vie qui lui avait fait si cruellement défaut pendant toute son enfance et qu'il avait tant recherché qu'il accomplissait année après année…
…Quoique l'aspect physique de Malfoy avait quelques avantages, quand même.
En plus, comme s'il en avait encore besoin, il embellissait d'année en année, alors que ses traits s'affranchissaient de leurs rondeurs enfantines pour s'affiner et se durcir.
Et ça risquait de durer encore un moment, songea Harry en se rappelant de Malfoy père qui avait plus de 35 ans quand il l'avait rencontré, et était encore très présentable.
La beauté d'un Malfoy au fond, plus que son nom, son blason ou son manoir, était son premier titre de noblesse.
Curieux, d'ailleurs, avec tous ces mariages consanguins…
Même Hermione, l'autre jour, avait reconnu du bout des lèvres que son vieil ennemi « n'était pas mal, tout de même », devant Ron qui avait frisé la syncope et Harry s'était senti gagné d'une sorte de malaise.
Malfoy n'était pas mal, ça. Et pas qu'en haut…
De nouveaux cris retentirent et Harry se souvint subitement qu'à l'origine, il était venu pour calmer Albus, et non pour penser aux autres parties de l'anatomie de Draco Malfoy qui pouvaient être qualifiées de « pas mal ».
Une bouffée de honte le traversa et il se pressa d'atteindre la chambre de ses fils, commune pour le moment, où James semblait sur le point de commettre un fratricide.
28 jours.
Dans 28 jours, il le reverrait.
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A suivre….
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Titre : salade de fruits, Bourvil (1959)
Je sais, il n'y a pas beaucoup d'action là-dedans, mais ce chapitre, ainsi que les deux suivants, sont une sorte de mise en place de l'intrigue, vous comprendrez vite pourquoi ils vont ensemble…
Je crois ne pas avoir laissé trop de fautes traîner, j'avoue ne pas avoir vérifié lors de l'enregistrement du texte.
Sinon, j'espère pouvoir publier toutes les 2 semaines, au mieux ce sera peut-être tous les 10 jours…
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