Salut à tous et à toutes !

Un minuscule texte sur Ezio (c'est toujours sur lui que mon inspiration tombe) et sur la place de la mort dans sa vie


Six fois


Quand il voit pour la première fois quelqu'un mourir, Ezio a quatre ans. C'est sans doute trop tôt : il est toujours trop tôt pour ces choses-là. Mais il a des yeux et il regarde.

Elle s'appelle Alba ; elle a dix-sept ans et des boucles qui frisent tout autour de son visage comme la corolle d'une fleur. Son bébé vagit et remue dans les bras sanglants des matrones tandis qu'elle s'est figée sur la table où on l'a allongée. Ezio n'aurait pas dû être là mais les cris l'ont fait accourir, et maintenant il ne peut détourner le regard de cette fille inerte au milieu du quartier des domestiques.

C'est peut-être cet instant qui plante les germes de l'Assassin en lui avec cette image qui s'imprime sur sa rétine d'enfant pour toujours.


La première fois qu'il voit quelqu'un être tué, Ezio a douze ans. Il accompagne son père et Federico à une rencontre d'affaires sur la Piazza del Duomo et c'est l'heure d'une exécution.

Le condamné a la peau vérolée et de vieilles nippes qui lui pendent tout autour des épaules. On dirait presque déjà un cadavre avec sa peau parcheminée tendue sur des os maigres et ses dents ravagées par une infection, et il fait un peu peur à Ezio, même s'il mourrait plutôt que de l'avouer.

On le pend alors que sonne les cloches de la cathédrale. Ezio ne le sait pas encore, ne s'en doute même pas, mais c'est là le sort qui attend ses frères et son père bien-aimé.


La première fois qu'Ezio tue quelqu'un, il a dix-sept ans. Une nouvelle face du monde vient de lui être révélée : celle de l'ombre, dans laquelle se réfugient les Assassins.

Sa victime est Uberto Alberti : un homme qui a trahi sa famille et l'a livrée à la mort. Ezio est brouillon, aveuglé par la colère et ses coups n'ont rien de la précision qu'il affichera plus tard. C'est un peu de lui-même qu'il assassine, ce jour-là.

À partir de là, son destin est tracé.


La première fois qu'il tue quelqu'un comme un Assassin, Ezio a presque dix-huit ans. Il cisaille presque sans effort la gorge de Francesco de' Pazzi, sa lame brillant grâce aux reflets des vitraux.

Quand il ferme les yeux d'un homme qu'il a haït plus que tout et qu'il lui souhaite un voyage serein dans la mort, il accepte son rôle. La vie facile et les rires dans sa maison de Florence se sont évanouis à jamais ne reste que le Credo et la lutte contre les Templiers

Désormais, ce sera toute sa vie.


La dernière fois qu'il tue quelqu'un, Ezio a cinquante-neuf ans. Il s'est éloigné de la vie tumultueuse des Assassins, pour se consacrer à son épouse et à leur petite Flavia qui va tout juste naitre.

Le voleur qui tente de s'attaquer à Sofia en plein cœur de la nuit ne se doutait certainement pas à rencontrer tant de résistance de la part d'un vieillard, et encore moins à mourir sous sa main. Ezio le fouille consciencieusement pour être sûr qu'il ne s'agit pas d'un Templier, mais il s'avère que c'est juste un cambrioleur de bas étage.

Ezio est soulagé : il aime beaucoup sa maison et s'en éloigner pour empêcher les Templiers de mettre la main sur lui l'aurait beaucoup peiné.


La dernière fois qu'il sent quelqu'un mourir, Ezio a soixante-cinq ans. Il est assis sur un banc avec Flavia à ses côtés et le soleil brille sur Florence avec toute l'intensité du monde.

Cette fois-ci c'est lui qui s'en va, et il se dit qu'il a bien vu assez de morts comme ça. Il a fini la tâche que le destin attendait de lui.

Ezio Auditore meurt en paix.