Réminiscence
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James était assez excité, enfin, plus qu'à l'accoutumée – ses parents, et plus spécialement son père, venaient leur rendre visite à Poudlard ! Albus s'était sévèrement blessé durant un cours de Soin aux Créatures Magiques, et c'était à peu près le seul cas où les parents étaient autorisés à débarquer au collège. James, d'abord un peu inquiet pour son petit-frère (bien qu'il ne l'avouera jamais), était vite passé à autre chose quand se dernier avait assuré qu'il allait bien.
Albus, bien que timide et réservé, détestait ramener l'attention sur lui (ce que James appréciait beaucoup, pour que lui puisse rafler toute la gloire et le succès), et il n'aimait pas le fait de ne pas se montrer à la hauteur de son père en avouant sa faiblesse et sa douleur.
Enfin, quelque chose digne des Potter, somme toute.
James tapotait impatiemment du pied sur le parquet, attendant vivement que la sonnerie annonce enfin la fin de la journée pour qu'il puisse rejoindre ses parents à l'infirmerie. Il avait dans l'idée de montrer à son père son avancement sur le sortilège du Patronus qu'il peinait à réussir, et sur lequel il s'était acharné avec détermination depuis le début de l'année. Il avait l'impression que les filaments argentés se solidifiaient légèrement, et il voulait absolument que son père y jette un œil.
James était l'un des jeunes Potter le plus fan de son père. Il était littéralement dépendant de Harry, dans le sens où il voulait le côtoyer le plus possible, où il l'admirait comme jamais.
(Pas dans le sens de Colin Crivey, je vous rassure.)
Ses amis lui lançaient quelques regards curieux, ils n'étaient pas au courant de la venue de Harry Potter – et il valait mieux l'éviter pour ne pas créer d'ouragans instables et incontrôlables de la curiosité/admiration/scepticisme/et-il-ne-savait-quoi des élèves. Son père restait une figure presque mythique que tous voulaient voir, et James en était fier.
A peine la sonnerie s'enclencha que James jeta ses affaires dans son sac et fit un vague geste envers ses amis avant de quitter la salle – sous le regard vaguement consterné du professeur Flitwick. Son visage valait vraiment le détour, mais les élèves tentèrent au mieux de se retenir de rire pour ne pas le froisser sauf Hugo qui ne pu se retenir et récolta une perte de cinq points.
Le chemin de l'infirmerie n'était pas trop utilisé, aussi James déboula dans la pièce avec son sourire en coin espiègle et apostropha son père en embrassant la salle du regard.
Lequel n'était pas là.
― Ton père est allé faire un tour, dit sa mère en caressant les cheveux doux de son fils cadet. Nous avons décidé d'emmener Albus à Ste Mangouste pour être plus sûr, le venin de Pléissae peut provoquer de graves conséquences si on ne le nettoie pas complètement…
― Ouais, ouais, c'est bien. Acquiesça James, maladroit. Euh, vous attendez les médicomages, c'est ça ? euh, tu sais où est papa ?
Ginny soupira, affligé par le caractère nonchalant de son fils face à l'état de son propre frère. Elle était aussi assez envieuse de la relation particulière qui liait Harry à James, ou du regard spécial qu'avait James envers son père, et qu'il n'avait pas pour elle. En fait, Harry entretenait aussi une complicité étroite avec Albus et Lily, sans doute parce qu'il faisait tout pour passer le plus de temps possible avec eux, parce que lui n'avait pas de souvenirs vraiment heureux avec ses parents.
― Je ne sais pas vraiment…
Peut-être dans la Salle sur Demande ? dans la Salle Commune ? dans la Forêt Interdite ? En vérité, il y avait beaucoup d'endroits où Harry pouvait être, elles recelaient toutes de souvenirs poignants pour lui. Pour eux.
― Je ne sais pas trop, mon chéri. Mais il ne va pas tarder à arriver si tu veux vraiment lui parler.
James aimait beaucoup la voix douce de sa mère, et du petit sourire qui lui faisait plisser les yeux. Lily lui ressemblait beaucoup, en plus peste.
Hâtif, il rebroussa chemin et alla jusqu'à la Salle Commune pour rejoindre la chambre de son frère, fouillant sans vergogne dans ses affaires pour retrouver la Carte. Il ignora les deux camarades de chambré d'Albus et sortit simplement comme il était entré, profitant de l'absence de personnes pour revêtir sa Cape. Ils connaissaient, lui, Albus et Lily, l'histoire approximatif de ces artefacts, mais Harry n'avait jamais vraiment donnés d'informations intimes. Comme ses liens avec de tels objets, ou le contexte de leur création.
Il marcha à pas vif dans le château jusqu'à la tour d'astronomie, faisant vaguement attention à ne bousculer personne – en vain, puisqu'il fit trébucher nombre de personnes. De toute façon, ce n'était pas comme s'il leur accordait la moindre importance, tant pis si cet idiot de Beller McCorny tombait comme un idiot sur le cul en renversant sa bouteille d'encre sur lui ou si cette pouffiasse de Johanna Parkinson déboulait quelques marches en se pétant un talon au passage.
James ne s'en était jamais rendu, mais les personnes qu'ils détestaient le plus étaient bien souvent celles qui nuisaient à son frère et sa sœur…
Il retira d'un mouvement habitué la Cape pour la fourrer dans sa poche et gravit rapidement les marches menant à la tour, ouvrant la porte pour enfin s'entretenir avec son père. Il se situait sur le parapet, droit devant le garde-fou, dos à James. Il ne bougea pas, comme s'il n'avait pas entendu l'arrivée de James, et il décida de s'avancer un peu pour ne pas le surprendre – au cas où. Son père pouvait démontrer des réflexes assez flippant.
James fronça les sourcils en décelant la raideur dans les épaules de son père, l'immobilité parfaite de sa silhouette, le manque de réaction de sa part. Il dessina une légère courbe pour se poster à côté de son père et voir son profil, haussant les sourcils en voyant son regard figé quelque part en dessous, lointain et presque… hanté. James n'eut pas le courage de parler, il resta là, à quelques mètres de son père, face au soleil couchant.
Les lunettes rondes dessinaient des ombres sur son visage blafard, ses bras tendus le long de son corps restaient rigides, le regard ne divergeait pas de ce point que James ne parvenait pas à identifier. Il déglutit silencieusement, s'apprêtant à parler, mais sa voix mourut lorsque la voix rauque de son père le coupa, si faible qu'elle ressemblait à un murmure :
― Il est juste tombé, simplement, sans opposer de résistante. Il avait tout prévu, une guerre faisait des mots, et il avait prévu d'en faire partie.
James retint son souffle, un éclair d'avidité passant dans son regard. Son père allait-il lui dévoile un pan de son passé ? Il l'attendait tant ! Il se sentait ému de voir que c'était à lui qu'il s'adressait, mais il se reprit en songeant qu'il n'avait peut-être pas la conscience de parler intelligiblement devant son fils.
Il s'affaissa en voyant l'état de son père ce n'était évidemment pas un bon souvenir.
Il s'approcha un peu plus, doucement, pour rester juste à côté de Harry, et porta son regard à l'endroit où son père regardait. James était très fier de faire sa taille à présent, ils se ressemblaient de plus en plus, même s'il enviait Albus d'être le portrait craché de son père.
― Tu sais James, il était un peu comme… une figure parentale pour moi. J'aimais beaucoup Molly et Arthur, mais ce n'était pas pareil… Dumbledore était différent…
James avait entendu à peu près l'histoire d'Albus Dumbledore – celui qui avait valu le premier prénom de son petit-frère. Il n'osait pas avouer qu'il le trouvait effrayant, au risque de déplaire à son père. Il avait été le chef de l'opposition face à Voldemort, celui qui avait placé son père chez les Dursley pour sa protection (alors qu'ils savaient à présent qu'ils ne s'étaient pas montrés des plus aimables avec le patriarche), qu'il avait gardé un temps secret une prophétie qui désignait Harry comme le seul capable de tuer un Seigneur des Ténèbres, l'avait jeté au front, directement face à ce même Mage Noir, qu'il l'avait poussé à le combattre alors qu'il n'avait que dix-sept ans.
C'était en tout cas ce qu'il avait récolté d'après tous les articles (qui n'étaient pas de la propagande) de l'époque, les témoignages etc. Bon, au final cela s'était bien passé, mais… le résumé était assez flippant tout de même !
― Je… j'étais là, je l'ai vu, et je n'arrive pas à me défaire de cette image.
Sa voix devenait murmure, comme s'il ne voulait pas que ses paroles s'ébruitent, que ce n'était qu'entre lui et son fils.
― Je lui en ai voulu pendant longtemps, de s'être simplement laissé mourir, de m'avoir abandonné, d'avoir jeté sur mes épaules toutes ses responsabilités.
Le vent gonflait doucement, agitait le Lac Noir, faisait voler leur cheveux. Harry inspira longuement, papillonnant des yeux comme pour se soustraire de ses souvenirs et sursauta en sentant la main de James glisser dans la sienne. James n'était nullement sentimental, ou démonstratif, et c'était la première depuis qu'il avait neuf ans qu'il se permettait d'entamer un geste à ce point tendre envers son père.
Il en était ému.
― Ah, Jamie… soupira-t-il en passant son bras par-dessus son épaule, attrapant sa main de son autre main. Mes enfants, vous êtes tout ce qu'il me reste…
Non, il y avait aussi ses amis comme Neville, Luna, ou encore sa belle-famille, les Weasley, et Hermione, et son filleul, et Hugo et Rose, et Roxanne et Fred, et tellement… tellement d'autres…
Mais James ne dit rien, suivit son père lorsqu'il le mena hors de la tour.
― Il faudra bien un jour que je vous raconte. Tout.
Ses souvenirs enfouis commençaient à l'étouffer. Le moment était sans doute venu d'avoir une conversation avec sa famille, avec ses enfants. Il jeta un rapide coup d'œil par-dessus son épaule, voyant parfaitement la silhouette d'Albus Dumbledore presque avachi sur le garde-fou, l'œil suppliant, la respiration lourde, le teint cireux et transpirant, les mains tremblantes…
Il n'était plus revenu depuis l'obtention de son diplôme, cette école qui était comme un foyer pour lui, sa véritable maison, il l'avait fuit. Il en avait eut peur. Mais maintenant… maintenant, pensa-t-il en regard son fils, il pouvait bien surmonter son passé.
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Petite histoire qui m'est venu comme ça, sans que j'y réfléchisse trop. J'espère que vous l'avez aimé, moi j'ai bien aimé l'écrire !
Je suis désolé s'il y a quelques fautes, je ne sais pas ce qui m'arrive avec ce clavier mais en ce moment j'écris n'importe quoi... Mes doigts refusent d'appuyer sur les bonnes touches !
A une prochaine,
Karrow.
