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Cela faisait presque trois mois que Sherlock se faisait passer pour mort. Il avait été mis à l'écart, loin des affaires de police et des cerveaux criminels. Enfermé dans une chambre d'hôtel dans le sud de Londres, il était condamné à tourner en rond comme un poisson rouge dans son bocal, s'ennuyant de pied ferme. Des murs gris et fissurés, une table-bureau où des magazines à peine feuilleter étaient empilés dessus et un lit grinçant, voilà ce qui servait de quotidien au détective consultant. Cependant, ce dernier ne pouvait que remarquer qu'il manquait une certaine présence qu'il avait abandonné.
John lui manquait. Il ne le dirait jamais mais il fallait qu'il l'admette. Lors des premières semaines, le sociopathe s'était beaucoup inquiété pour son ancien colocataire. Il était le seul qui avait continué de croire en lui quoiqu'il fut dit ce qui avait touché le détective. Son seul et loyal ami qu'il avait délaissé. Dans ses longs moments de solitude et d'ennui, Sherlock s'était demandé si le médecin lui pardonnerait ce qu'il a fait. Et, étrangement la réponse s'était imposée d'elle-même. L'ancien militaire serait sûrement en colère contre lui mais ce ne sera qu'éphémère. Maintenant, c'était de savoir quand il pourra le revoir et le lui dire. Et, même pour le détective, cela restait un grand mystère. Néanmoins, le brun n'abandonnait pas cet espoir.
Aujourd'hui, Mycroft était venu lui rendre visite. Assis sur la seule chaise de la pièce, l'ainé des Holmes sirotait son thé, tout en observant son frère. Ce dernier faisait les cent pas dans la salle, faisant flotter les pans de sa veste. Essayant de communiquer avec son cadet, l'homme avait demandé comment il allait. Le détective s'était contenté de marmonner un 'bien' avant de se taire. Ensuite, il avait parlé de la dernière affaire qui était arrivé. Une enquête bien mystérieuse. Quatre personnes empoisonnés retrouvés dans le salon de leur maison. Le point commun, chaque victime laissait un mot où des idéogrammes étaient inscrits dessus. Bien sûr, la police n'arrivait pas à attraper le meurtrier. Leur détective consultant préféré était plus là pour les aider. Néanmoins, Sherlock l'avait ignoré, continuant à tourner.
Donc, après ces quelques échecs pour débuter une conversation, le plus âgé s'était tu, essayant de comprendre à quoi son cadet pouvait-il penser comme ça. D'habitude, il avait des enquêtes donc il pouvait réfléchir à propos du meurtrier ou des victimes. Mais là, il n'avait aucune affaire. Cependant, il n'avait pas de revolver pour tirer dans les murs, ni son violon pour jouer un air ou pour casser les oreilles à ses voisins. Donc, raisonner était la seule chose qu'il lui reste à faire. Mycroft observa le contenu de sa tasse, dont son visage se reflétait dedans. Ce n'était pas la première tasse de thé qu'il avait pris aujourd'hui. En parlant de tasse, un souvenir de sa visite avant de venir ici lui revint en tête. Surtout, un détail qui l'avait interpellé.
-J'ai vu le docteur Watson aujourd'hui.
L'ainé se demandait si son cadet allait lui répondre. Et au vu comme il l'avait ignoré lors de ses vaines tentatives, il savait que sa déclaration ne ferait ni chaud, ni froid. Cependant, Sherlock ne réagit pas comme il le pensait. Au mot 'Watson', le détective s'arrêta et tourna son visage vers son ainé.
-Comment va t-il?
Le plus vieux des deux laissa transparaître de la surprise avant de reprendre une expression plus neutre. Il posa sa tasse sur la table avant de croiser les mains sur son torse.
-Il semble aller mieux, même s'il n'a pas encore le courage de retourner à Baker Street. Néanmoins...
-Néanmoins? Répéta le brun.
Mycroft resta immobile un instant, se remémorant de sa visite chez le médecin. Ce dernier n'arrêtait pas de bouger dans son appartement. Il regardait toujours son téléphone et sa montre.
-Il m'a paru étrange aujourd'hui. Il ne tenait pas en place, consultait sans arrêt son portable ainsi que sa montre.
-Nerveux, quelque chose était prévu et il n'arrivait pas à se calmer. Sûrement, un rendez-vous.
-Dans ce cas, pourquoi avait-il la tête d'un homme qui allait être exécuté?
Le plus jeune se remit à marcher, reprenant sa réflexion pour savoir ce qui était arrivé à John pour qu'il soit dans cet état. C'était plus une façon de couper court à son ennui qu'une inquiétude. De son côté, Mycroft soupira, ayant cru pendant un instant qu'il allait pouvoir avoir une discussion avec son petit frère. C'est à cet instant qu'une sonnerie de portable retentit dans la pièce. L'ainé des Holmes attrapa son téléphone de sa poche et lut le SMS. Son expression changea, passant de la surprise à l'agacement. Il répondit et attendit. Le détective consultant remarqua que son frère tapotait son téléphone, signe de nervosité. Il gardait ses yeux sur l'écran, dévoilant qu'il attendait la réponse avec impatience. Quelque chose était arrivé et cela l'inquiétait. Pire, il semblait agacé, sûrement par le fait qu'il n'avait pas fait attention à quelque chose. De plus, ses coups d'œil vers le sociopathe le fit comprendre qu'il était plus ou moins concerné. À moins que ce soit parce qu'il risquait de s'en mêler s'il apprenait ce qui se passait.
-Que se passe t-il?
Mycroft prit un air pensif, cherchant comme lui répondre. Du regret apparut sur son visage, donnant un indice sur l'identité de la situation. Sherlock comprit.
John. Il avait fait quelque chose que la surveillance n'avait pas prévu. L'ainé ouvrit la bouche pour parler quand son téléphone sonna une fois de plus. Cependant, la sonnerie indiquait un appel. Réprimant un soupir, le plus âgé regarda le numéro et décrocha immédiatement. Plus surprenant, il n'y eut aucune politesse. Pas de 'bonjour', ni rien. Il alla directement à l'essentiel.
-Qu'êtes-vous en train de faire, docteur Watson?!
Le cadet se raidit en entendant ce nom. Des questions se bousculèrent dans sa tête tandis qu'il imaginait de nombreuses situations. Vu le ton autoritaire et énervé que son frère utilisait, John s'était mis dans le pétrin donc, il ne pouvait être dans un café ou à l'hôpital. Il n'était pas pris en otage non plus sinon il n'aurait pas pu appeler. Peut-être que l'ancien militaire s'était mêlé d'une affaire qu'il ne le concernait pas. Peu probable, il connaissait John, ce n'était pas son genre d'aller fouiner dans les affaires de simples inconnus sauf si c'est nécessaire et surtout, Mycroft aurait fini par le savoir si c'était vraiment le cas. Le détective fut interrompu par Mycroft qui se leva avant de frapper le bureau, manquant de renverser sa tasse de thé.
-Où êtes-vous?!
Sherlock eut un petit sourire. Donc, il avait complètement échappé à la surveillance. Ce qui voulait dire que John était dans un coin où les caméra de sécurité étaient inutilisables ou que le médecin était dans un angle mort. Mycroft commença à faire quelques pas, posant sa main sur son front. Son calme légendaire venait de disparaître. Une chose était sûre : il commençait à s'en vouloir. Sa volonté de protéger John à la place de Sherlock venait d'être réduite en miettes.
-Quoi? Que... De quoi parlez-vous?
Le détective tendit sa main vers son frère, demandant le téléphone. Mycroft l'observa un instant, hésitant. Cependant, le regard déterminé et légèrement inquiet du cadet eurent raison de lui. L'appareil passa de l'ainé au cadet qui approcha le portable à son oreille.
-John? Souffla t-il.
Le dénommé se tut, reconnaissant la voix de son ancien colocataire. Sherlock en profita pour écouter les bruits. John haletait. Il avait du mal à reprendre son souffle, laissant croire que le médecin était paniqué. Le médecin reniflait aussi.
-Sherlock... Tu...
Le détective ferma les yeux. Son ami pleurait. Sa voix était tremblante et saccadée.
-Je suis vivant, John. J'ai été obligé de me tuer pour...
-... éviter que tes amis soient tués. Je sais...
Le sociopathe fut surpris. Comment l'avait-il su? Comme s'il avait entendu sa question, le médecin déclara.
-Un homme me l'a dit. Le bras droit de Moriarty comme il a dit lui-même. C'est peut-être pour ça que je suis plus calme que je le pensais. A moins que ce soit parce que je ne t'ai pas en face de moi et que je ne peux pas te frapper.
Sherlock eut un petit rire en remarquant à quel point son ami est si prévisible. Puis, il reprit son sérieux, demandant d'une voix calme.
-Où es-tu, John?
Le détective aurait préféré lui demander où était l'homme qui lui avait dit à propos de sa mort. Cependant, Mycroft le fixait intensément et il ne voulait pas avoir des problèmes. A l'autre bout du fil, l'ancien militaire renifla doucement avant de rire faiblement.
-J'ai sûrement fait la chose la plus stupide de toute ma vie, Sherlock. Et pourtant, je suis content de l'avoir fait. En fait, je commence à croire que je suis fou.
-John, tu n'es pas fou. Dis-moi ce qui s'est passé et surtout, où tu es.
Son locuteur toussota un peu avant de déglutir. Il était désemparé.
-Ça servira à rien de te le dire. Je n'ai plus beaucoup de temps devant moi dans tous les cas.
-Que se passe t-il!?
Un silence s'installa. Sherlock entendit le bruit du vent à travers le téléphone. Le médecin était dehors. Sur le toit d'un bâtiment probablement. Finalement, John se décida de parler, réprimant un petit rire ironique.
-C'est ma lettre, Sherlock.
À ces mots, le dénommé se raidit. Non, il n'avait pas l'intention de...
-Tu sais... Quand je suis revenu d'Afghanistan, j'ai commencé à regretter d'être revenu. La vie civile est tellement banale et insipide quand on a connu les dangers de la guerre. Quand j'étais sur le champ de bataille, je sentais que j'étais vivant. Que j'étais utile. Les personnes que je sauvais, les situations désespérés, tout ça me prouvait que j'étais pleinement vivant. Mais, j'ai été rapatrié. Et, j'ai cru que ma vie allait devenir tristement ennuyante. Et puis, tu es arrivé. Tu m'as tiré de mon ennui. Les poursuites, tes enquêtes. J'aimais cette vie... Et puis, j'ai pu rencontré un homme extraordinaire. Un précieux ami. Cependant, quand tu es parti, j'ai cru que j'allais devenir fou. J'avais tout perdu... Et après...
-Et après?
Le médecin renifla avant d'avaler sa salive, rassemblant du courage.
-Je vais mourir, Sherlock. C'est le résultat de 'notre' jeu et je suis le dernier.
-Un jeu? Qu'est-ce que tu racontes?
Le détective commençait à perdre patience. John se tut, se contentant d'écouter son locuteur qui essayait de se calmer. Le brun commença à marcher dans la pièce, ignorant les regards de Mycroft qui semblait lui demander ce qui se passait. John était au milieu d'une affaire qui a pris fin aujourd'hui? Cela explique pourquoi il avait paru nerveux à Mycroft. Car, John avait vu la mort s'approcher. En consultant les journaux, il savait ce qui se passait.
-Je me demande si tu arriveras... à la résoudre, murmura John. Non, je sais que tu y arriveras. C'est surtout en combien de temps... 5 minutes, sûrement. Même si je pense que tu en verras l'intérêt vu que tout est terminé.
-John, arrête de plaisanter.
-Je suis sérieux, Sherlock. C'est mon affaire. L'affaire de la mort de John H. Watson. Cette fois encore, tu vas devenir un héros tandis qu'on oubliera les victimes. Non, je serai sûrement le seul à être oublié.
-Je ne t'oublierai pas, John. Cependant, tu ne peux pas mourir aujourd'hui. Alors, dis-moi où tu es!
Le cadet essaya de cacher ses tremblements. Il commençait à avoir peur et avec son colocataire qui ne voulait pas lui donner des informations, il n'était pas aidé. Un silence s'installa, seulement entrecoupé par les hoquets du médecin.
-5...
-Quoi?
-518931. C'est mon état d'âme. 918919. C'est où je vais. 1325151915200919. C'est ce que je pense de toi.
-Qu'est-ce que tu essayes de me dire? Si c'est une énigme, tu sais que je n'aime pas ça.
-C'est un indice, Sherlock. Mon cadeau d'adieu.
Le détective resta sous le choc, s'arrêtant au milieu de la pièce. Mycroft l'observa, remarquant l'expression terrifiée de son cadet. Celle qui apparaît quand quelqu'un va perdre une personne qui lui est chère.
-Non...
-Merci, Sherlock. Pour m'avoir fait connaître cette vie mouvementée. Tu as été mon premier et mon dernier meilleur ami. J'aurais tant aimé revenir au 221b Baker Street avec toi. Mais, c'est fini.
-John...
-Adieu, Sherlock Holmes, le seul détective consultant au monde.
-John!
Mais, le dénommé raccrocha, laissant Sherlock immobile, le portable encore contre son oreille. Mycroft allait lui demander ce qui s'était passé quand un bruit l'interrompit, lui glaçant le sang.
À quelques rues d'ici, une explosion se fit entendre, amenant avec elle, l'ombre d'une mort.
Hello~!
J'espère que cette fic vous a plu. Je suis contente d'avoir pu la sortir de ma tête ^_^
A vous de me dire si vous avez aimé cette fic ou pas.
See you later~
