Crédit des personnages : JK Rowlings

Merci à LukaZu sans qui je n'aurais pas pensé à écrire la suite de « Captifs »

Pour les noms de famille ou prénoms de mes personnages, ils proviennent presque tous de personnages fictifs ou célébrités (écrivains, acteurs, réalisateurs, etc.) que j'aime. Certains vous sauteront aux yeux, ne soyez pas surpris(e)s.

« Amelia » vient de « Amelia Pond », une des passagères du Tardis et « Vane » de « Sybil Vane », la jeune femme abusée par Dorian Gray.

Huit ans se sont écoulés depuis que Harry a été attrapé par Greyback puis mené au Manoir Malfoy d'où il a pu s'enfuir grâce à Dobby.

Termes anglais :
Hogsmead : Pré au lard.

Musique de fond :
Thievery Corporation – Until the morning
Three Day Grace – Animal I have become
Plain White T's- Hate (I really don't like you)
Shinedown - 45


Amelia Vane

Harry soupira. Qu'avait-il fait pour mériter cette mission que n'importe quel bleu aurait pu accomplir ? Ah oui, il avait été particulièrement insolent avec le grand patron, cet abruti de Ministre de la Magie qui ne connaissait rien en dehors de sa paperasse et se permettait de juger les Aurors, qui eux risquaient leur vie. Enfin, là Harry ne la risquait pas vraiment. A Whitewell, petit hameau du Lancashire, le seul danger devait se limiter à marcher dans une bouse de vache. Et pourtant, lui, Celui qui avait survécu et vaincu, y était, en planque… avec un bleu.

Les deux Aurors se relayaient pour surveiller la tombe de Blaise Zabini. Pour d'obscures raisons, le cruel Mange-mort y avait été enterré. Du moins d'après certaines sources qu'ils n'utilisaient pas d'ordinaire. Là avait été la dispute de Harry : pourquoi faire confiance à une dénonciation anonyme ? C'était peut-être un piège ?

Certainement à cause de l'Auberge*…, songeait Harry, amer d'être mis au placard dans ce trou perdu du Lancashire.

Pour lui, il fallait frapper maintenant : les Mange-morts étaient dépourvus de leur chef, donc affaiblis. 1895, l'informateur régulier de Dashwood, leur avait appris que Flint avait pris la suite mais là ils étaient encore vulnérables. Parfois, Harry était étonné que Malfoy n'ait pas pris la relève : entre son père et sa tante diaboliquse, il avait ça dans les gênes.

Il grimaça au souvenir de sa dernière entrevue entre Malfoy et Zabini. Ça paraissait si lointain à présent. A l'époque, ils n'étaient encore que des enfants. Harry et Blaise s'étaient fait un nom et Draco ? On n'entendait guère parler de lui. Tirait-il les ficelles dans l'ombre ? Etait-il mort anonymement ? Peut-être même était-il dans ce village pourri. Harry laissa échapper un petit rire. Il était en mission depuis presque mois et il divaguait.

Les funérailles furent simples… et désertées. Il y avait le prêtre et la mère du Mange-mort. Au moins la source avait eu raison. Impossible d'arrêter la mère : elle n'était pas officiellement reliée aux suiveurs de Voldemort. Harry, et les autres, connaissaient pourtant son implication mais manquaient de preuves.

Les jours s'étaient succédés sans que personne ne vienne. En même temps, les Mange-morts n'étaient pas idiots à ce point. Ils devaient se douter que la tombe était surveillée. Etait-ce par ailleurs dans leur habitude de se recueillir sur la tombe d'un des leurs ?

Un matin, très tôt, une silhouette se profila et se dirigeait vers la sépulture de l'ancien assassin.

Dissimulé sous sa cape d'invisibilité, Harry était prêt. Il lança un « finite ». Si c'était un sorcier protégé par un sort, il ne le serait plus.

C'était une femme, qu'il lui semblait avoir vu une fois au village mais il n'était pas sûr. Elle était accompagnée d'un chien. Le dalmatien leva sa truffe et huma l'air. Il grogna en direction de Harry qui se tenait pourtant à distance.

« Allons, Baldor, un peu de respect », dit-elle d'une voix ferme mais affectueuse.

Elle caressa l'animal et s'assit par terre, à côté de la tombe de Blaise. Peut-être venait-elle pour la tombe d'à côté. Elle alluma une cigarette qu'elle fuma en silence.

Si c'était un Mange-mort, elle n'avait pas peur. Rien dans son attitude ne semblait inquiet. Au moins il aurait quelque chose à mentionner dans son rapport quotidien. Il prit une photo qu'il transmettrait au QG. La montrer aux villageois pourrait servir aussi. Elle resta plus d'une heure. Elle n'était pas polyjuicée donc sinon elle se serait transformée.

Quand Flavius Crimson, son jeune collègue, prit la relève, il lui signala la jeune femme puis retourna à l'auberge où il dormait.

Cette mission tombait quand même à point. Personnellement du moins. Il était arrivé à un carrefour dans sa relation avec Ginny. Parfois tout paraissait si simple avec elle, ils s'étaient toujours connus mais justement, le bât blessait ici précisément. Ils se disputaient plus souvent et pour des broutilles. Bien sûr, c'était le lot commun des couples. Pour le meilleur et pour le pire comme on dit. Mais le pire prenait le dessus ces derniers temps. Grâce au transplanage, il aurait pu rentrer dormir chez eux les semaines durant lesquelles il était de journée mais il préférait rester à Whitewell, Crimson pouvait avoir besoin de lui. De toute façon, elle était en déplacement avec l'équipe.

La septième année d'étude de Harry avait été consacrée à la chasse aux Horcruxes. La guerre avait causé des pertes et Voldemort avait fait partie des victimes. Pourtant le mouvement ne s'était pas éteint. On tue un homme, pas une idée. Zabini et sa haine inextinguible avait repris le flambeau.

Pendant trois ans, la paix s'était rétablie graduellement. L'école s'était reconstruite. Les gens aussi. Parmi eux, les Weasley avaient perdu un fils, ça avait été dur. Harry s'était montré le meilleur ami possible pour Ron et meilleur petit ami pour Ginny. Les Mange-morts semblaient un mauvais cauchemar terminé mais pour leur retour, ils avaient frappé et fort ! Il y avait eu un raid à Hogsmeade. Dix-huit morts. Le jour même des trois ans de la fin de la guerre. Quelle ironie. Tous avaient vu la marque des Ténèbres dans le ciel. C'est peut-être à ce moment-là que le couple de Harry s'était, légèrement, fissuré sans qu'aucun ne s'en aperçoive. Ginny était rentrée de son entraînement interrompu nerveuse. Harry avait essayé de la rassurer, que c'était un cas isolé, qu'un informateur s'était déjà manifesté et que d'après lui ils avaient évité un drame encore plus énorme car l'explosif était légèrement défaillant, l'analyse des Aurors scientifiques avaient confirmé. Ginny s'était emportée :

« Dix huit victimes, c'est énorme Harry !

- Oui, je sais, ça n'est pas ce que je veux dire », avait dit Harry pour calmer le jeu mais le ton était monté.

« J'ai perdu mon frère !Tu ne peux pas comprendre !

- Quoi ? Si je peux comprendre quelque chose c'est ça !

- Toi ça fait vingt ans Harry ! Moi à peine trois ! »

Un silence pesant s'était abattu entre eux. Chacun était en colère mais Ginny s'était excusée aussitôt et Harry avait tiré un trait sur la discussion. Le soir ils avaient même fait l'amour et l'échange fut oublié. Du moins c'est ce qu'ils croyaient.

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Le lendemain, il arriva à l'heure habituelle et relaya Flavius qui n'avait qu'une hâte : manger !

Les deux Aurors avaient été briefés : la visiteuse s'appelait Amelia Vane et habitait Whitewell depuis presque cinq ans. Elle était médecin itinérante. Elle vivait seule (il y avait l'adresse de son cottage) mais avait adopté une petite fille. Aucun lien avec le monde magique. Tout était clean.

La nuit fut particulièrement froide et humide. Recroquevillé sous sa cape, Harry aurait tué pour une tasse de thé chaude ou un peu d'action.

Aux lueurs du jour, Harry aperçut le chien de la veille. Il courrait après un bâton et le ramenait joyeusement vers sa maîtresse, qui apparaissait peu à peu dans la brume matinale. Comme la veille, elle s'assit dans l'herbe humide, au même endroit et fuma silencieusement. Son chien était couché à ses pieds et se laissait caresser, trouvant cette occupation plus agréable que courir après un bâton.

Harry réprima un bâillement et leur envia cette sérénité.

En même temps, si elle est là c'est qu'elle a perdu quelqu'un alors la sérénité…, se dit-il.

Quand le paquet de cigarettes fut vide, elle se releva, suivie de son chien.

Quelques heures plus tard, Flavius venait prendre son poste et après quelques mots, Harry regagna sa chambre d'hôte.

Et si j'allais voir où elle habite ?, se demanda-t-il. Ça fait pervers ! Je vais plutôt pioncer.

Il se réveilla vers 14h complètement affamé. Il alla dans le pub qu'il fréquentait depuis son arrivée et commanda une bière, un sandwich et s'installa à la table la plus reculée. Il avait un peu sympathisé avec le propriétaire et quelques habitués mais restait autant que possible discret, toujours aux aguets.

La porte s'ouvrit et Amelia Vane entra.

« Bonjour miss Amelia !, l'accueillit l'aubergiste. Comment allez-vous ?

- En forme, Ted, et vous ? Mona va-t-elle mieux ?

- Oui ! Ce sirop était magique ! C'est gentil d'être passé la voir alors que c'était la fin de votre journée.

- Ted, je vous ai dit de m'appeler ! C'est toujours inquiétant les nourrissons, dit la jeune femme en buvant une gorgée de bière au comptoir.

- Et comment va votre fille ?

- Elle dit « maman » ! Ca me rend gâteuse », rit la jeune femme.

Evidemment ! Il l'avait vue ici même, deux semaines auparavant. Elle était venue y déjeuner vers la même heure qu'aujourd'hui. Il écouta la conversation, toujours dans l'ombre mais n'y récolta que des banalités.

« Au boulot !, dit la jeune femme en se levant trente minutes plus tard. Saluez Anny et Mona !

- Bonne journée miss Amelia ! »

Le médecin passa devant Harry qui, à travers la vitre, la regarda monter dans une voiture et partir.

Harry attendit quelques minutes et alla au bar ramener son assiette et sa choppe vides. Il recommanda une bière. Il fallait la jouer fine.

« Je n'ai pas pu m'empêcher d'entendre votre discussion. Votre fille est malade ?

- Oui, Mona a eu une fièvre carabinée et des vomissements mais miss Amelia, enfin le docteur Vane a encore fait des miracles.

- Ah ?

- Oui. On était tous sceptiques. Elle est diplômée et tout mais elle pratique une médecine douce à base d'herbes essentiellement et c'est très efficace. La petite allait mieux dans les vingt minutes qui ont suivi la prise du sirop qu'elle nous a donné.

- Elle… elle est jolie aussi, s'aventura l'Auror.

- Jolie mais seule. Enfin elle a sa petite fille Lucy. Elle va bientôt avoir un an, comme notre petite Mona mais pas de copain. Mon frère flirte avec elle depuis une éternité mais… elle le remballe tout le temps. Gentiment bien sûr ! C'est une fille vraiment gentille. Elle travaille beaucoup aussi… »

Et « Ted » enchaîna sur la grossesse de sa femme, Anny, sur l'accouchement. Harry écoutait à moitié.

Quand Ginny avait choisi de devenir chasseuse pro, un enfant était évidemment impossible. Ils avaient donc convenu d'attendre car la grossesse lui ferait arrêter au moins un an. Ça n'avait pas été un problème, Harry s'en était félicité. Son travail n'était pas de tout repos et avec la reprise des activités des Mange-Mort, il avait autre chose en tête. Cette femme, Amelia Vane, avait son âge d'après les renseignements, et élevait un enfant seule.

En même temps son boulot est tranquille…, conclut-il.

Il salua le patron et remonta se coucher. Dans quelques heures, il devrait prendre son service. Reverrait-il Amelia Vane le lendemain ?


Chapitre suivant : Complications

Auberge, Inn at Whitewell : ancienne demeure du conservateur royal des forêts aménagée avec une galerie d'art, une cave à vins, etc.