Le tintement du faux médaillon tombant sur la pierre froide résonne encore dans ma tête. Je suis mourant et je pense à toi. Quelle ironie n'est-ce-pas ? J'aimerai penser que tu serais fier de moi, mais je sais que tu me trouverais pitoyable, et lâche.
Pitoyable, allongé là sur le sol froid, paralysé par le poison qui s'infiltre dans mon corps. Lâche de ne pas me battre pour survivre.
Sirius. Pourquoi devrais-je me battre ? Tu m'as abandonné. C'est toi le lâche, tu es parti, sans un regard en arrière. Tu m'as laissé seul avec Père. Avec Mère. Tu as laissé derrière toi ton petit frère. Il est trop tard maintenant, et j'enrage d'y penser encore, de sentir encore cette douleur sourde dans ma poitrine quand je pense à toi.
Je ne suis pas pitoyable. Je suis libre. Je profite de mes derniers moments, je n'ai plus besoin d'être digne comme un Black, ni d'être impassible comme un bon sang-pur. Je peux crier ma douleur, et me rouler par terre si je le veux. Personne ne me dira quoi faire. Je saisi cette occasion de liberté qui se propose à moi.
Tu t'es trompé sur toute la ligne Sirius. Je n'ai pas eu peur de quitter les Black, ce n'était pas par lâcheté que j'ai décidé de rester. Je suis resté parce qu'ils sont ma famille. Tu étais ma famille Sirius, et si tu m'avais seulement proposé de partir avec toi ce soir-là, je n'aurai pas hésité. Mais tu n'as rien fait.
J'ai pleuré, tu sais. Longtemps, priant pour que tu reviennes, pour que tu viennes me chercher. Mais tu n'es jamais venu, ni pour moi, ni pour tes affaires. Le soir, je me glissai dans ta chambre, je respirai ton odeur, espérant que ce ne soit qu'un cauchemar, et que tu serais là quand j'ouvrirai les yeux.
Je passai des nuits entières à regarder tes photos, serrant un de tes pulls contre moi. Souriant quand un toi photographié me faisait des grands sourire. Je me disais qu'une fois à Poudlard, tu redeviendrais mon frère. Je t'aurai pardonné. Tout. Ta fuite, ton abandon.
Mais tu m'as ignoré, et j'ai sombré.
Et tu sais, le pire dans cette histoire c'est que tu n'as pas gagné. Ni ta liberté, ni ton indépendance. Toute ta vie, tu seras enchainé à notre nom, rangé dans une catégorie. Et je me réjouis de savoir que ça te peinera. Que tu en souffriras. Comme j'ai souffert.
Tu as été idiot Sirius, et maintenant que je vais mourir, j'en ris. Tu as cru pouvoir te détacher des Black comme on se débarrasse de vieilles affaires. Que tu as été naïf.
Tu es un Black, Sirius.
Tu t'es persuadé que c'était un fardeau, mais tu aurais pu porter ton nom avec fierté, il aurait été ton bouclier.
Tu pensais que c'était une maladie. Et tu n'avais pas tort, et c'est un mal incurable. Il t'usera jusqu'à ta mort.
Tu finiras rongé par la folie des Black.
J'ai gagné. Je n'ai aucuns regrets, et je me laisse la mort me cueillir. Quand on se retrouvera je partirai sans toi.
Je t'attends, mon frère, pour mieux t'abandonner.
