Mot du traducteur:
Lorsque je relis cette fiction qui m'empoigne le cœur, je m'épanche devant elle, mes pulsations battent leur folle chamade au rythme des lignes s'ajoutant une à une à cette œuvre incroyable. Mon encre se teinte, le papier de ma vie se déroule, et je ne puis rester de marbre face à un tel cadeau que nous offre cet auteur. Rester muet face à cette offrande est comme se taire face à l'abominable ; mes doigts crient de s'emballer dans une danse effrénée, et ma pensée octroie leur mouvement vivace et étroit, marquant sur ma froide et chaude machine des mots et des syllabes, qui, en se touchant, forment la plus belle histoire m'ayant été donner l'occasion de contempler au fil de ces longs et mornes mois d'isolation. Ma fougue ne peut être décrite en si peu de vers, et je m'égare encore alors que je devrais vous révéler sur ce à quoi je tarie tant d'éloges, car en effet, rien n'est plus condescendant qu'une vide et vaste énumération des beautés fictives d'une œuvre. Comme on dit, tout dépend de l'éclairage sous lequel on regarde la flamme d'une bougie, celle-ci peut être chatoyante, grave, étincelante, et c'est elle que je vais vous convier. Louons hommage à l'homme (ou femme) incroyable nous ayant conféré la possibilité d'admirer ce paysage.
Ceci est la traduction de la fiction anglaise : Wake Me Up Inside. Je tiendrai à être le plus fidèle et le plus exacte possible aux expressions employées par l'auteur originel de cette histoire que je traduirai de A à Z. L'aide est bien entendue bien venue à quiconque voulant m'assister dans cette noble tâche. Ma note en traduction en prépa était de 2/20, j'espère que je ne vous décevrai pas.
Bref, trêve de bavardage, et en avant la musique!
PdV : Point de vue (s'il m'arrive de l'utiliser comme je compte bien l'expurger)
Je resterai fidèle au schéma narratif de l'auteur que je vénère et auquel je me prosterne. Je rajouterai quelques descriptions, ou quelques tournures emphatiques pour que cela sonne mieux à l'oreille française.
Disclaimer: I have no right on this story (only the author whose acount is RayneXHatake hold the rights), as for the manga of Naruto
~ Prologue ~
Avez-vous déjà regardé la mort en face en se riant d'elle, ou même scruté par delà le parapet d'une falaise vos ennemis vous encerclant, réalisant alors qu'il n'existe aucune issue ?
Eh bien je me tenais justement sur une rocheuse colline, d'où je contemplais la destruction de la naguère, mais ô combien merveilleuse Konoha. Les édifices de cette cité étaient en ruine et les majestueux arbres n'étaient rien d'autre que des troncs creux et décapités. Quant à la prestigieuse montagne des Hokage, ne subsistaient nul autre que des décombres. De mêmes, les visages modelés dans la roche de ces monarques se désagrégeaient sous la chiquenaude de la queue d'une des viles invocations de Sasuke. Le village dans lequel j'étais né, avais été élevé et pour lequel j'avais combattu était à jamais disparu, détruit par mon ancien élève lui-même. Quel dépit... J'aurais pleuré si j'avais eu des larmes à verser, ou si seulement j'avais eu l'énergie pour en épargner.
Nos ennemis se ruant sur nous, les flammes léchant nos visages, je ne craignais cependant pas la mort. Je savais que ce soir là, je mourrais en défendant ce qui restait de ma patrie, en prouvant mon dévouement total envers le tatouage à mon bras et au symbole sculpté sur mon bandeau frontal.
Je regardais ma partenaire, elle demeurait ma seule élève restante : Naru. Je n'ai jamais été aussi fier d'elle qu'à cet instant. Elle n'était plus la naïve petite fille qui fut la première dans l'équipe 7 à crier haut et fort qu'elle allait devenir Hokage. Elle avait grandi et était devenue une ninja qualifiée, respectée même au sein des nations shinobi. Je la fixai alors et décelai sa fatigue ainsi que le ressentit de la trahison sur ses traits. Au vu de son regard, je pense qu'elle partageait mon défaitisme vis-à-vis de notre déplorable situation. Son désarroi et sa déception étaient apparents comme le sang sur ma nuque. Elle savait qu'elle ne porterait jamais le titre auquel elle avait tant aspiré. Et pourtant, elle s'immergeait dans la bataille, telle une vraie guerrière de Konoha, avec une ardeur incommensurable alimentée par la volonté du feu. Bondissant fougueusement, dansant littéralement au gré des flammes... À chaque ennemi qu'elle abattait, son souffle s'accélérait. À chaque arme de jet lancée, un adversaire tombait. Les signes du combat étaient incrustés si vivement dans son corps, que l'on pouvait en sentir à dix mètres les remugles du sang coulé sur la chair... Et sa peau, jonchée d'égratignures ainsi que de coupures de kunai, laissait couler le fluide rougi en abondance. Chaque seconde, elle s'affaiblissait d'avantage, ployant sous la démesure de ses blessures. Sa chevelure d'or était désormais envenimée d'une écœurante couche marron brique, due au carnage que nous avions essuyé cette nuit. Celle-ci ne faisait qu'alourdir l'aura malsaine et meurtrière qui se dégageait d'elle. Son visage, lui, ne montrait plus le doux sourire qu'elle manifestait d'ordinaire ; de pales lèvres livides avaient remplacé celui-ci, tendues désormais presque en un rictus bestial. Je pouvais entendre ses rugissements, de même que les bruits de pas de nos adversaires devenir de plus en plus assourdissants. Ses habituels yeux bleus recelaient une lueur rouge sang. Elle était comme dos au mur, tel un animal pris au piège. Elle haletait constamment, difficilement, avec absurdité... Et je sentais tant sa soif dévorante. Elle était quasi-palpable... Oui... presque déroutante... Et je n'étais pas surpris en vérité qu'elle s'appariait à la mienne ; nous demandions tous deux rétribution pour ces morts — inutiles — ainsi que pour la destruction de notre village.
Misérablement, une fois encore, je parachevais mon regard, au loin, du côté de la falaise, qui se noyait dans le champ de bataille, que j'avais la nostalgie d'appeler maison mère.
Je hochai avec honte la tête.
Nous n'avions reçu aucun avertissement de l'attaque. D'innombrables civils avaient été abattus avant même que quiconque ne pût s'apercevoir de ce qui se déroulai réellement. Le combat, en plus d'être perdu d'avance, avait été long et difficile. Nous avions perdu tant d'amis et de camarades en si peu de temps...
Sakura fut la première à tomber. Elle succomba en emportant Karin avec elle. Asuma la suivit peu après, tentant de protéger de sa vie Kurenai et leur enfant n'ayant encore point vu le jour. Une fois morts, les autres ne se firent pas attendre bien longtemps pour les rejoindre. Je fermais encore les yeux en pensant à eux, et je jurais alors que leur sacrifice envers les leurs ne serait pas vain.
Je descendis mes yeux à mes mains tremblantes que je tentais tant bien que mal de calmer. Il me restait à peine assez de chakra pour un dernier éclair pourfendeur que je destinais à Sasuke. Le vacillement de mes mains s'aggrava suite à une quinte de toux impossible à contrôler. Je crachai alors le sang inondant ma bouche. Que ce fusse le coup de pied que j'eus reçu dans les côtes ayant atteint mes poumons — ou autre chose de pire — je n'avais été ninja que depuis bien trop de temps pour ne pas méconnaître les signes d'une hémorragie interne.
Je nettoyai ma bouche avec le dos de ma main. Dire que j'avais perdu mon masque au début de la bataille. Je trouvais ça ironique, que ce bout de tissu que l'on utilisait pour m'identifier soit maintenant déchiqueté quelque part, dans le bazar chaos de nos affrontements. Tout ce qu'il me restait était l'œil d'Obito. Il me rongeait dûment la paupière et je pouvais ressentir l'humidité qui s'en échappait... C'était Obito... C'était Obito qui pleurait... Seul le larmoyant Obito aurait pu trouver l'énergie de sangloter lors de ces dernières minutes. Pleurais-tu pour ce village, que ton parent venait d'écraser sous sa botte ? Ou était-ce ce futur que tu aurais voulu tant voir, cher vieil ami ?
Je ricanai. Je décidai que cela n'avait plus d'importance désormais, comme je les reverrai tous très bientôt. La seule chose à laquelle je pensais, était que cela aurait pu mieux se terminer. Oui... très probablement... Si nous en avions eu la force... Si seulement nous avions pu prévoir ses mouvements, tout cela ne serait jamais arrivé...
Et tristement encore, je haussai les épaules. Je retirai alors la plaque des ANBU de ma poitrine, avant de faire signe à Naru, car elle aurait été seulement une gêne pour notre prochaine attaque. Nous nous tenions donc l'un à côté de l'autre sur la falaise, dans nos vêtements rapiécés et ensanglantés, faisant face à nos futurs ennemis.
Je courrai alors une main au travers du raide enchevêtrement de mes cheveux, pour étreindre avec fermeté le bandeau protecteur qui encerclait mon crâne.
Et enfin, Naru me fixa longuement du regard... Et je lui hochai la tête en réponse.
Nous étions fin prêts à leur tenir tête — comme de véritables soldats de Konoha ; les Véritables. Notre symbole commun s'affichait fièrement par delà l'obscurité. Il était la seule chose qu'il nous restait. Notre fierté, notre courroux, notre gloire. Nous n'avons rien d'autre ! Mise à part la mort...
Et tout était si tranquille alors...
Puis enfin, j'entendis le bruit sourd de ses pas traînants sur la terre fraîchement retournée, signalant son approche. Me focalisant sur les battements du cœur de Naru, je me figeais d'avantage au fil de sa progression. Je pouvais distinctement entendre mon souffle aride s'accélérer. Le centre de mon être se mit à battre résolument — et irrégulièrement. Tout sonnait faux à mon oreille. Il n'y avait pas à dire, j'étais affolé. Et le pire, c'est que je n'avais nul besoin d'être un médecin pour être conscient de mon état :
J'étais en train de dépérir. Indubitablement...
Toutefois, je continuais avec hargne d'écouter la zizanie rampante vers moi, comme le laborieux souffle de ma coéquipière devenir rigide. Je devinai, par l'ombre avançant et le bruit des pas légers, que notre cible se profilait devant nous. Le brasier qu'étaient devenus les yeux de Naru s'emballa alors diaboliquement — comme les marques en forme de moustaches sur ses joues, s'affichant soudainement sur sa peau tannée, devenant noires... terriblement noires...
Il n'y avait plus d'avenir...
Mais je levai quand même la main. Calmement, j'attendis qu'elle se rende compte – de sa lente transformation. Voyant qu'elle se retourna vers moi, et s'empourprer ingénieusement, je savais qu'elle l'avait remarqué. Je soupirai avant de lancer un dernier coup d'œil du côté du précipice, formé par la barrière rocheuse :
Quel gâchis... Sasuke avait transformé une si belle place en une lande dévastée et une morte vallée...
Et j'entendis alors le mugissement de Naru au fur et à mesure que le déserteur s'approchait, muni d'un Chidori dans la main gauche. Je me retournais enfin pour toiser mon ex-disciple.
Je reniflai de mépris.
L'assaut avait dû lui être facile ; il n'avait eu qu'à attendre que son armée détruise la majorité du village pour apparaître sur le champ de bataille. Je regardais ses yeux rouges dotés de trois virgules noires qui matérialisaient ses Sharingans, ruisselant de sang telles des larmes. Et dire qu'il me fixait avec son éternel air désinvolte...
Un lâche... jusqu'à la fin... Mon cher disciple adoré...
Que j'avais terriblement envie d'étriper !
Je détournai les yeux vers Naru et remarquai son désir irrépressible de faire couler son sang. Sasuke avait détruit ses projets ainsi que ses rêves concernant ses proches, que cela fusse leur futur qu'elle avait visualisé d'eux, pour eux, ou le désir intense de les protéger.
Les protéger... De futiles pensées...
Des gouttes de sueur dégoulinaient de mon front. Je fermai les yeux en rassemblant les dernières parcelles de mon chakra, puis contemplai les yeux ré-ouverts l'électricité animée dans un feu follet autour de ma main. Je pouvais sentir mes poumons s'engourdir peu à peu. Mon souffle de vie s'échappait... continuellement... inlassablement... tout en notant que Naru n'avait détourné une seule fois son regard de Sasuke.
Je souriais. J'avais presque honte de le concéder maintenant après tout ce que nous avions affronté, mais elle était la seule chose qui me restait... Ma Fierté...
« Il est temps... »
J'acquiesçai. Étaient-ce mes lèvres qui avaient prononcé ces mots, ou était-ce mon état qui me faisait avoir des hallucinations ?
Je m'en moquais éperdument en fait.
Mais Naru, elle aussi, sourit étrangement :
« Oui... Il est enfin temps ! »
Elle me dédicaça un dernier regard.
Pas ce regard... S'il-te-plaît...
Et comme si elle avait deviné mes pensées, elle détourna la tête. Embarrassée ?
Je tournai également la tête et pus voir un dédaigneux rictus se former sur la bouche de notre adversaire, que je lui retournai de la même manière. Au moins, nous nous comprenions...
Nous étions de la même espèce.
Puis alors, Naru me devança soudainement : elle et son clone tissèrent son chakra restant pour réaliser un Rasengan. Renâclant un juron, dans une ultime attaque je m'élançai au combat, allant au devant d'une mort certaine qui ne m'effrayait pas - ou qui ne m'effrayait plus.
Accompagné de ma dernière élève qui joignit sa boule d'énergie pure à mon éclair pourfendeur, brillants vigoureusement dans les ténèbres, je pouvais voir Sasuke de plus en plus proche, se riant de nous.
Il se refusait sûrement à croire que nous pourrions l'atteindre et peut-être qu'il voyait juste après tout.
Je sentais le chakra de Naru flageoler telle une flamme sous le vent et regardais son chakra rouge de combat s'amoindrir. Je me laissais moi-même distraire et ne ressentis guère Sasuke transpercer l'air de par sa lame de chakra. Je regardais alors au ralenti son énergie mortelle s'abattre sur moi dans un bruit suraigu rappelant le cri de milliers d'oiseaux.
Je maugréai. Je tentai de bouger, mais tout ce que je pus percevoir fut la nuit noire tombant sur moi ainsi que la voix âpre de Naru conjurer un ancien et puissant jutsu au dernier moment :
« Hitotoki Dasshutsu no jutsu ! »
Sasuke était si proche que je pouvais le sentir.
Je regardais Kakashi-sensei tousser du sang et je savais qu'il était en mauvais état. Sa chevelure d'argent était maintenant teintée de rose, et raide en haut de sa tête. Ses muscles se bombaient sous le stress et n'étaient que des crampes douloureuses. Il avait combattu ardemment aujourd'hui. Je l'observais vaincre shinobi après shinobi dans l'espoir de protéger ce qui tenaient lieux de vestiges du village. Ses vêtements avaient vu de meilleurs jours et sa peau dégageait des effluves de sueur, de sang et de fatigue.
Je hochais la tête.
Je voulais tant voir le visage qui avait hanté l'équipe sept à nos premières introductions, mais je ne le désirais point en vérité. C'était une victoire fantôme maintenant, car l'équipe sept était morte. Nos mémoires, nos achèvements, nos soucis, nos rires, nos rêves, nos larmes... Tous avaient disparu en seulement quelques minutes - comme la fumée légère s'envolant et se volatilisant dans l'azur nuageux du ciel. Une certaine vanité à laquelle je me raccrochais autant que possible...
Tout en sachant que j'allais bientôt mourir... Pff, au damne ces sentiments, car jamais je ne laisserai Sasuke savourer sa victoire.
Je clignai des yeux avant de les poser finalement sur le fier village qui fut mien, des larmes noires émergèrent de mes pupilles, des sanglots noircis reflétant les ténèbres de ma légitime rage :
Comment avait-il osé faire ça à notre maison ? COMMENT ?! Et je me sentais piégée, tentant d'ignorer la voix du Kyuubi à l'intérieur de ma tête que je savais mesquin et machiavélique :
Petite, relâche-moi et je pourrai t'offrir la vengeance à laquelle tu aspires tant.
Son offre était tentante, mais je n'allais sûrement pas libérer le démon Renard dans le monde car je savais qu'il ne s'arrêterait pas juste à Sasuke.
Tu es mourante... Ne le sens-tu point ? Ton cœur battant avec tant de rigueur ralentit petit à petit au fil des minutes qui s'écoulent inexorablement vers ta fin prochaine... Daigne au moins ce dernier plaisir à ta si douce personne...
Je hochais la tête et lui rétorquai. « Je ne t'accorderai pas la liberté, je préfère mourir en protégeant mon Village et les miens. »
Oh ? Mais quel village donc ? Celui... que l'autre garçon a détruit, c'est ça ? Uhuhuh... Celui qui n'est plus que ruines car ton tant aimé Sasuke a assassiné ta chère Hokage et tes si tendres amis ? Oh oui... Sens-le... Ce fluide de leur vie s'échappant entre tes impuissantes mains... Terrifiant, n'est-ce pas ? Tu le sais, Naru, que je le sais comme tu le désires, avec tant de vigueur...
Sa mort !
« Tais-toi ! »
Tu nies l'évidence, mais je le sais Naru, je le sais au plus profond de toi... Confie-moi tout... J'exhausserai tes désirs... Princesse...
« Jamais je ne me plierai à toi ! »
Tu ne fais que retarder l'inéluctable. À la fin, tu sais comme moi que tu me céderas le pas.
« Tout est fini, vieux renard, tout est fini ! »
Oh non ! Rien n'est fini encore ! Ce n'est que le commencement ! Le commencement de tout ! Seul moi pourrai décider de votre fin... De ta fin !
« Je l'affronterai... », rugis-je de manière imperceptible, « Je l'assassinerai de mes propres mains... avant de me donner la mort. »
Pauvre folle... Qu'essayes-tu donc d'accomplir par tes actes n'ayant autant sens que ceux des larves rampantes humaines tentant de s'élever de la multitude ? Ou ne tenterais-tu pas plutôt de protéger les miettes de ton orgueil...
Et je ne pus retenir mes larmes face à ces mots ; Tsunade avait saisi ma mort pour la faire sienne, mes amis m'avaient sauvé par leur sacrifice, et ce démon renard ternissait la mémoire que je gardais d'eux, rendant mes actes futiles et dérisoires ainsi que les leurs.
Pourquoi ne disait-il plus rien ?
Le silence m'envahissait soudain... Satané renard... Je le compris alors. Enfin. Tout à la fin :
Il respectait mon choix en réalité, comme s'il avait voulu confirmer et affermir ma détermination en me poussant à réagir éhontée face à ses provocations. Et je pris son mutisme comme une allégation à mes hypothèses.
Revenant à la réalité, j'ignorai le tremblement de mes jambes comme mon sensei me disait d'enlever mon armure.
L'ultime affrontement allait bientôt procéder.
« Oui... Il est enfin temps ! »
En reniflant l'air froid, je me figeai soudain, car je sentais le serpent. Je me retournais vers le traître et lui crachais ma haine au visage.
Le chakra du Kyuubi que je réunissais au plus profond de moi résonnait, vibrait en chœur avec mes sentiments actuels, conflictuels, me permettant de réaliser avec ferveur un orbe tourbillonnant, à l'embrasure de feu et de sang... Cramoisi, étrange, langoureux, le plus beau de tous ceux que j'avais pu former jusque là, comme si ma résiliation entretenait le feu de ma vie jusqu'à sa fin, telle une bougie lançant ses dernières étincelles dans un ultime feu d'artifice.
À l'inverse, mon sensei réalisait un éclair pourfendeur mourant, s'éloignant silencieusement, comme la fin d'un voyage, lent, aride et illusoire... Toutefois, une chose nous unissait tout deux, ce furent nos réciproques émotions entremêlées en symbiose, une divine cohésion qui représentait le dernier espoir et la dernière défense, à la fois de nos existences, mais aussi de nos mémoires. Nos mains se marièrent ainsi dans une dernière étreinte et union, unissant notre énergie spirituelle telles les racines de deux arbres s'échangeant leurs duveteuses feuilles, leurs pulsantes graines, et leur solide foi. C'est ainsi que nous créâmes notre meilleur assaut possible vers Sasuke dans une vaine tentative de l'abattre.
Mais alors, sentant mon chakra s'amoindrir, j'entendis au loin le hurlement du renard :
Que fais-tu ? Nous allons tous mourir !
Le Kyuubi brilla d'un rouge échelonné à l'intérieur de sa cage, et emplit mon esprit de lumière et d'éclat. À mon interrogation muette, il répondit dédaigneux :
Que fais-je ? Je te sauve toi et ton idiot de maître. Vous me remercierez plus tard pour cela !
Je contemplais alors notre assaut échouer lamentablement, et je ne pouvais même pas sauver Kakashi-sensei se faisant trancher par le chakra maléfique de Sasuke. De mon angoisse et de mon cœur battant une folle chamade face à ce funeste spectacle, j'entendis confusément mais consciemment une voix gutturale surgir de ma gorge sèche :
« Hitotoki Dasshutsu no jutsu ! »
Je clignai des yeux et rivai mon regard vers un ciel bleu aux nuages blancs éparses. Où était donc partie toute cette obscurité ? Étourdi, je levai ma tête et regardai autour de moi n'apercevant que de grands arbres et de la rase broussaille. Pas un seul indice du précédent chaos dans lequel je m'étais embourbé. Nul part, nulle trace, pas même un soupçon de noir. Rien, je ne trouvais rien d'autre qu'une sereine paix tant intérieure qu'extérieur, comme si tout cela n'avait été qu'un fugace rêve.
Je m'asseyais dans un gémissement, me massant la tête de mes mains, puis je bifurquai mes yeux sur Naru. Si elle était là, alors cela ne pouvait être un rêve. Elle était roulée en boule, à mes côtés, sur la pelouse.
Mais elle paraissait si petite... Comme si je pouvais la saisir d'une seule main...
Et je me levai enfin, puis constatai rapidement que mon corps ne réagissait pas correctement. Bien qu'un vertige me saisit, je ne ressentais plus guère le souffle laborieux qui me consumait, ni ma blessure interne qui avait été présente un peu plus tôt. Quel était donc au juste le jutsu qu'elle avait utilisé ? Je trébuchai sur une branche au sol, dévalant la côte avant de tomber dans un petit lac à proximité. Je me débarbouillai dans l'eau, puis me rendis enfin compte que j'avais pied. Toujours dans l'eau boueuse, j'y vis enfin mon reflet en baissant les yeux :
Mes cheveux avaient leur même couleur d'argent d'origine et mon masque était à sa place, seulement, une chose indéniable manquait... Alors je remarquais que mon bandeau protecteur n'était plus noué autour de mon crâne, un sentiment de panique m'enveloppa tel un choc électrique, comme si une multitude d'aiguilles s'étaient enfoncées en moi. Je réalisai enfin avec peine que je n'avais plus de Sharingan. Il y eut d'ailleurs un temps de latence avant que je ne relève que je n'étais plus couvert non plus des blessures que j'avais essuyées au combat :
J'étais sain et sauf, soigné, blanchi. Mais un autre élément me perturbait d'avantage... Mon apparence... Si étrange...
Je tendis alors la main vers le miroir bleuté de l'onde plate, cette petite main attrapant entre ses phalanges ce doux fluide... C'était un mouvement que j'avais tant répété, et qui pourtant, à cet instant, semblait si différent désormais, car lorsque j'ouvris les yeux en grand, et regardai attentivement mon reflet qui n'était qu'une version rajeunie de moi-même, je relevai sur mon faciès d'autres informations bien plus dérangeantes...
J'avais six ans encore.
