Disclaimer: Pas à moi Harry Potter. Pas à moi les persos. Le tout est à JK Rowling.
A/N: Crépuscule est une préquelle de ma fic Philtra Temporis. Il s'agit d'une suite de POVs de certains des personnages qui ont joué un rôle dans la défaite de Voldemort, afin d'expliquer un peu plus en détail de quelle façon il a été vaincu, étant donné que je ne compte pas développer cette partie de l'histoire dans Philtra Temporis, mais seulement en donner de vagues mentions. Tout se passe le soir de la chute de Voldemort, quelques heures après la fin de la bataille.
A vous de deviner quel personnage parle.
La lecture de Crépuscule n'est pas obligatoire pour comprendre Philtra Temporis, à vrai dire, en lisant ceci, vous risquez même d'en savoir trop si vous aimez guetter les petits détails des fanfics pour deviner ce qu'on vous cache. Mais bon, ça s'écrit tout seul ;;; J'y peux rien.
Crépuscule
1
Terminé. C'est terminé.Il est mort. Harry a réussi. Nous avons réussi.
Deux ans de guerre ouverte, six mois de massacres, et nous nous en sommes tirés si facilement que c'en est presque risible. Nous... L'Ordre, je veux dire. Les couloirs du ministère sont pavés de cadavres, mais personne de l'Ordre n'a été tué, que je sache. Ni aucun membre de ma famille. Pas aux dernières nouvelles.
Certains parleront d'un miracle, mais, soyons réalistes, ceux de l'Ordre ont survécu parce qu'ils étaient préparés.
J'aide à évacuer les blessés, maintenant. Et je veille au passage à ce que les mangemorts stupéfixés le restent. Je n'ai pas participé au combat - j'avais l'ordre de rester en sécurité, loin, et, pour une fois, j'ai obéi. Pas par lâcheté, non, mais parce que nous avons tous appris à la dure à réfléchir avant d'agir, et j'avais un sort à lancer. Au calme. Peut-être que j'ai trop apprécié d'avoir pu échapper à la bataille. J'étais là, au début. J'ai attendu jusqu'à ce qu'Harry trouve Voldemort, puis j'ai transplané - le premier sort qu'il lui a lancé était mon signal de départ.
C'est fini, maintenant. L'Ordre a gagné. Mais ça ne suffit pas, et les survivants traversent les couloirs dévastés, repérant parfois des mangemorts blessés ou agonisants qu'ils ruent de coups et de sorts sans s'avouer qu'ils sont parfois bien plus cruels que leurs victimes. Oui, je suis de l'Ordre, et j'ai des hauts le cœur en voyant des serviteurs de Celui-dont-il-ne-fallait-pas-prononcer-le-nom prendre des coups, parce qu'il faudra m'expliquer quel "bien" il y a à battre à mort un adolescent de dix-huit ans, quel que soit son camp.
Qui se demanderait pourquoi un sorcier s'est tourné vers Voldemort, ou même s'il a eu le choix? La contrainte, la peur, la pression sociale, l'éducation, qu'est-ce que c'est? Non, non, non, si tu n'es pas parfaitement Bon, alors tu es Mauvais.
Si Rogue est encore en vie pour voir ça, il doit en mourir de rire. Son cynisme permanent en serait presque enviable.
- "Hey, qu'est-ce que tu fais là?"
Je me retourne pour croiser le regard d'un auror - ou plutôt, la fente de son seul oeil encore ouvert au milieu d'un visage tuméfié.
- "Je suis là pour aider, mes parents sont quelque part ici."
- "J'vais t'en donner du 'mes parents sont quelque part ici', fous moi..." - Il m'examine un peu plus en détail. - "Oh, je vois. J'pense que j'ai vu ton père à l'étage du dessous, mais j'serais toi, j'attendrais dehors."
- "Je vais descendre, merci."
Je m'éloigne rapidement, cherchant un passage vers l'étage inférieur. Il n'y a plus d'ascenseurs, pas d'escaliers, et le seul moyen de descendre où de monter est d'escalader des piles de gravats là où le plafond et le sol se sont effondrés.
Les niveaux inférieurs ne sont plus éclairés qu'à coups de Lumos, et, dans la semi-obscurité, je me glisse d'étage en étage sans qu'on me remarque. J'aperçois parfois quelques membres de l'Ordre: Tonks qui escorte un mangemort à travers les couloirs, le professeur Flitwick qui s'efforce de réparer des escaliers et de faire léviter des civières, Maugrey qui donne des ordres aux aurors en présence...
C'était un travail de précision, un vrai mécanisme d'horloger. Tout le monde a eu un rôle, un infime rôle dans la chute de Voldemort, mais c'est Harry qui a donné le coup de grâce et sera traité en héros, même s'il a horreur de ça.
Je lui laisse bien volontiers tout le mérite de cette victoire. J'ai fait ma part dans cette guerre, même si je n'ai pas combattu, et tout ce que je veux en récompense, c'est garder ça secret.
Personne ne sait, même Harry ne se doute de rien. Oh, le professeur Dumbledore est forcément au courant, et Rogue, aussi. Mais tous les deux sont assez connus pour leur capacité à dissimuler des informations, et surtout toujours à en dire largement moins que nécessaire. Rien à craindre pour moi de ce côté.
Peut-être Lucius. Peut-être Bellatrix, ou quelques autres mangemorts, mais qui les croirait?
Je descends encore, et encore, et encore, jusqu'à arriver à l'Atrium, au dessus du département des mystères. J'ai croisé Kingsley Shacklebolt à l'entrée du ministère - enfin, le nouveau cratère dans le sol de Londres qui mène au niveau un, l'Accès direct à l'Atrium est impossible par l'extérieur, maintenant -, c'est lui qui m'a donné les nouvelles des autres. Il m'a dit aussi que seuls le professeur Lupin et Hermione étaient restés à cet étage. Le plus gros de la bataille a eu lieu dans les étages du dessus, et la plupart des membres de l'Ordre ont été arrêtés avant même de pouvoir descendre au niveau six. Ron et les jumeaux ont combattu Antonin Dolohov au sept, et je ne sais rien de plus.
Maintenant, l'Atrium grouille d'aurors, et j'arrive juste à temps pour les voir emporter un Peter Pettigrew pétrifié et en cage. Son fameux bras d'argent n'est plus qu'un moignon sanglant, coupé largement au dessus de là où se trouvait la séparation entre le métal et sa vraie chair. J'embrasserais volontiers celui ou celle qui lui a fait ça.
Le professeur Lupin est assis sur les débris d'un mur, encerclé par des aurors qui semblent l'interroger - et pas amicalement. Il semble dans un état second, le regard vitreux, et les employés du ministère semblent devoir répéter une ou deux fois chaque question avant qu'il y réponde. Hermione, à leurs côtés, est en train de leur expliquer quelque chose, avec le ton et l'expression que Rogue emploierait devant un première année particulièrement stupide.
Sauf qu'Hermione finit par élever la voix.
- "... Déjà dans cet état à notre arrivée. Lucius Malfoy..."
Je m'approche un peu, contourne un groupe d'aurors, et j'ai un aperçu de la forme disloquée qui, quelques heures plus tôt, devait être Bellatrix Lestrange.
- "Je ne sais pas ce qui s'est pass", continue Hermione. "Je suppose qu'elle et Malfoy ont eu un différend. Elle était dans cet état quand Mr. Lupin et moi sommes arrivés..."
Mon regard se pose brièvement sur Lupin, qui se reprend et confirme aux aurors ce que Granger vient d'affirmer. Je vois. Bellatrix était tout à fait vivante quand je suis partie, et combattait ces deux là.
A l'autre bout de la salle, Lucius Malfoy gît au sol, les yeux encore grands ouverts, et les traits figés dans une expression d'incrédulité totale.
- "Je n'aurais pas pu employer d'autre sort: Malfoy était protégé par un sortilège bouclier", continue Hermione. "Un 'autre sort' aurait ricoché, et Malfoy aurait tué Mr. Lupin si je n'avais pas réagi immédiatement."
Elle est calme, bien trop calme - elle a toujours été trop nerveuse, et on pourrait penser qu'après avoir tué quelqu'un, elle serait au bord de l'hystérie. Je suppose qu'elle se force à rationaliser, à ne pas laisser la culpabilité prendre le pas sur la logique. Elle ne serait pas la première à utiliser ses facultés de raisonnement comme un mur protecteur, voire une bouée.
Le professeur Lupin a remarqué ma présence, et son regard vers moi attire l'attention de tout le monde.
- "Qu'est ce que vous faites ici?", s'écrie un auror en s'avançant vers moi. "Que quelqu'un l'emmène à l'extérieur!"
Je secoue la tête et lève légèrement les mains.
- "J'ai un message de Poudlard pour le professeur Dumbledore! Est-ce qu'il est toujours au département des mystères?"
L'auror semble désarçonné.
- "Oh, euh, oui, je pense..."
- "Bien. Excusez-moi, c'est urgent."
Je file vers la cage d'ascenseur vide, adressant au passage un "Ne vous inquiétez pas, tout va bien à Poudlard" au professeur et à Hermione qui me fixent avec appréhension, puis dévale les gravats jusqu'au niveau inférieur.
Je connais le chemin par coeur, maintenant, et, de porte en porte, je m'approche de la salle de l'arche. Des médicomages sont en train d'installer Rogue sur une civière - il a l'air à un pas de la mort, mais ça ne l'empêche pas de protester - et je croise brièvement son regard.
Il hoche la tête, moi aussi, puis les guérisseurs l'emmènent et je continue à avancer, apercevant Draco Malfoy qui parle à deux aurors et Dumbledore qui intercède en sa faveur.
- "Monsieur Malfoy a participé au combat contre Voldemort, je vous assure qu'il est de notre côté - son aide nous a été des plus précieuses..."
Cette fouine a finalement choisi son camp, alors? Au dernier moment, je suppose. Très Serpentard de sa part.
J'avance encore.
J'ai besoin de le voir de mes propres yeux.
Et je finis par le trouver, entouré de sphères de magie, de pentacles, d'items magiques, tous destinés à s'assurer que s'il n'est pas vraiment mort, au moins, il sera incapable de s'échapper.
Mais ça a marché, et le corps allongé au sol commence déjà à se rigidifier. Ses yeux rouges sont ouverts, mais ne luisent plus, et plus le moindre sifflement de respiration ne lui échappe.
Mort, mort, mort, mort. C'est terminé.
Harry est assis devant l'arche, en état de choc, et la fixe comme si quelqu'un, derrière le voile, était en train de lui parler - ce qui est probablement le cas. Luna est assise à ses côtés, et finit par l'enlacer doucement. Après quelques instants, il lui rend son étreinte, et revient peu à peu à la réalité.
Il y a si longtemps, déjà, que Luna avait un faible pour Ron, Harry pour Cho Chang, et que la moitié d'entre nous n'étaient encore ni des assassins ni des traîtres.
Terminé, tout est terminé.
Je me tourne à nouveau vers son corps, et ma main se referme sur mon bras gauche, frottant doucement la peau encore douloureuse sous plusieurs épaisseurs de tissu.
Tant de recherches pour ce sort qui a permis à l'avada kedavra final de passer les défenses de Voldemort, mais ça a réussi.
Tout est terminé.
Une main se pose sur mon épaule, et je n'ai même pas besoin de me retourner pour savoir que c'est le professeur Dumbledore, sans le regard pétillant, et je ne veux pas voir ça, donc je garde les yeux baissés vers le cadavre de Tom et laisse ma main s'immobiliser sur ma manche.
Je me demande si certaines marques pourront un jour disparaître.
- "Ca ira?", me demande le vieillard en pressant légèrement mon épaule, comme si ce simple geste pouvait me réconforter.
Je hoche la tête.
- "J'attends juste qu'Harry s'en aille. Tout le monde, en fait..." - Mon regard se pose sur le voile. - "Vous êtes sûr que rien ne revient jamais de l'autre côté?"
- "Rien."
Je glisse la main sous mon manteau, et la referme sur l'objet dissimulé entre les pans de tissu.
Il ne me reste plus qu'une seule chose à faire.
