Partie 1: Carlisle
CHAPITRE 1: En vingt ans, je ne l'ai jamais oubliée
1911. Je travaillai à Colombus dans l'Ohio en tant que médecin. Après près de deux siècles et demi d'apprentissage et de retenue, j'exerçai enfin la médecine. Les débuts furent très difficiles, le sang humain me frappant plus que ce que j'aurais pu croire. Ce matin-là, j'allais faire une rencontre qui changerait à jamais ma vie.
J'étais à la cafétéria en train de lire un livre. C'était ma pause (bien que je n'en eus pas besoin mais j'avais besoin de m'aérer l'esprit afin que je ne saute pas sur les patients). Une bonne chasse s'avérait ce soir-là.
« _ Eh bien, Carlisle, vous faites une de ces têtes!
Je relevai la tête. Une infirmière, avec qui je m'entendais assez bien, m'apporta un verre d'eau que je déclinai.
_ Non merci, Julie.
_ Vous feriez mieux d'aller vous reposer,dit-elle avec un sourire. Vous n'avez pas l'air en très grande forme.
_ Mal dormi, mentis-je.
_ Allez-y, j'irais expliquer à Kens!
_ Merci Julie, je vous le revaudrai. »dis-je en me levant.
J'allai chercher mes affaires dans les vestiaires et partit. Je déposai mes affaires dans la chambre d'hôtel où je dormais. Puis je me mis en route vers les bois afin de chasser. Soudain, je m'arrêtai. Un bruit me figea. C'était un bruit que je connaissais bien, un coeur. Un coeur humain. Il y avait donc un humain par ici alors que j'étais venu pour chasser. Soudain, le coeur s'emballa avant qu'un cri ne m'attira. Je courus vers ce bruit tout en restant discret et je vis une jeune fille assise dans les buissons, se tenant la jambe. Elle pleurait également. Je m'approchais vivement si bien qu'elle ne m'aperçut pas.
« _ Bonjour, dis-je.
Elle leva la tête et je mis ma main sur sa bouche avant qu'elle ne crie.
_ N'aie pas peur, dis-je. Je me promenais par ici quand je t'ai vue. Je suis également médecin. Puis-je voir ta jambe?
Elle acquiesça, tout en me regardant.
_ Comment t'appelles-tu, jeune demoiselle?
_ Esmée Ann Platt, dit la jeune fille.
Sa voix me figea. Elle était tellement douce. J'avais soif et pourtant, je ne la considérais pas comme un repas potentiel.
_ Quel âge as-tu?
_ 16 ans, docteur.
_ Mmh, dis-je en tâtant sa jambe tandis qu'elle grimaçait, je pense qu'elle est cassée. Habites-tu tout près d'ici?
_ Oui, dit-elle. Mais je ne peux pas marcher!
_ Je te porterais, dis-je en souriant. Laisse-moi faire.
Je me levai et la soulevai. Qu'est-ce qu'elle était souple et légère!
_ Comment vous appelez-vous, docteur?me demanda-t-elle alors que je marchais vers le sud.
_ Carlisle Cullen, Esmée, dis-je. Ah, je vois ta maison.
Elle ferma les yeux et je pensai que c'était due à sa jambe. J'arrivai à la porte de la maison Platt et je frappai. Une femme ouvrit.
_ Esmée!s'écria-t-elle. Mais qu'as-tu? Que lui avez-vous fait?
Je me figeai. Il me fallut quelques secondes pour comprendre qu'elle me tenait pour responsable de l'accident de sa fille.
_ Calmez-vous, Mme Platt, dis-je calmement. J'ai croisé votre fille dans les bois, elle venait de tomber d'un arbre. J'ai bien peur que sa jambe soit cassée. Je suis médecin. Vous devriez aller lui faire une radiographie pour être sur. Je tenais seulement à vous la ramener. Je la voyais mal ramper jusqu'ici avec sa jambe!
_ Oh... Euh... Merci, docteur. »dit Mme Platt, confuse.
Durant les jours qui suivirent, j'observai la jeune fille discrètement. Je me faufilai dans sa chambre sans bruit et la regardai dormir. Ne pouvant tenir face à ce sentiment qui grandissait en moi, je quittai Colombus sans avoir dit adieu à la jeune fille. Il me fallut plusieurs mois avant qu'elle disparaisse dans un coin de ma tête.
1918. J'étais prostré dans la cabane, me demandant si j'avais bien fait. J'écoutai hurler le jeune Edward Masen, douleur qui était provoqué par mon venin dans ses veines. Cela faisait maintenant près de trois jours qu'il hurlait. J'avais envie de l'achever pour qu'il ne souffre plus. Mais sa mère m'avait conjuré de le sauver. Était-ce le prix qu'il fallait que j'endure pour le sauver? Surement. Puis les hurlements s'atténuèrent et sa peau blanchit. Je comprenais que j'avais enfin réussi. J'avais créé un vampire. Comment allais-je lui expliquer ce qu'il était devenu? M'en voudrait-il? Se battrait-il contre moi? Lui ayant une force incroyable tandis que je refusais toujours de me battre? Comprendrait-il que nous nous nourrissions de sang animal? Tant de questions auquel je n'avais aucune réponse. Je commençais à réfléchir à mon plaidoyer.
« Edward, avant de mourir, ta mère m'a fait promettre de te sauver. Savait-elle ce que j'étais? Je l'ignore et je ne le saurais jamais. Je m'appelle Carlisle Cullen et je suis un vampire. N'aie pas peur de moi, je ne te veux aucun mal. Je t'ai vu souffrir sur ton lit, agonisant de la grippe espagnole. Les mots de ta mère résonnaient dans ma tête. Je t'ai pris, emmené dans ma cabane. Je ne savais pas trop comment m'y prendre. Je t'ai mordu dans le cou. J'ai failli ne pas m'arrêter. Mais j'ai réussi. Désormais, toi aussi, tu es un vampire. Tu auras sans doute peur, et je le comprendrais très bien. »
_ Non, je n'ai pas peur.
_ Tu te... Quoi?
J'étais assis dans un coin de la pièce, la tête dans les mains, recroquevillé sur moi-même. Devant moi, se tenait un magnifique jeune homme, aux cheveux cuivres et aux yeux d'un rouge cramoisis. Il me regardait comme je le regardais. Cette fois, c'était moi qui avait peur. Il émit un petit rire. Je me figeai encore plus.
_ C'est le sommet!dit-il d'une voix enchanteresse. C'est moi qui devrait avoir peur de vous et c'est vous qui avait peur de moi! Et non, je ne me battrai pas contre vous.
Je le regardai, les yeux écarquillés. Comment pouvait-il entendre mes pensées?
_ Je n'en sais rien, dit-il. Mais il me semble que vous me parliez.
_ En... Tu entends mes pensées?demandai-je.
_ Oui, apparemment, dt-il, soudain inquiet. Mais je voudrais entendre la fin de l'histoire.
_ Oh, euh... oui. Les débuts d'un vampire sont assez... difficiles. La soif est omniprésente et... Oh, mais... Tu as soif!
Il me regarda puis mit sa main à sa gorge.
_ Je ne vais pas te tenir plus longtemps ici, dis-je. Tu te demandes pourquoi j'ai les yeux dorés?
_ Oui, je vois dans votre esprit que j'ai les yeux rouges.
_ Je ne me nourris pas de sang humain mais de sang animal. C'est assez dur au début mais on finit par s'y habituer. Je ne voulais pas être celui que j'étais devenu alors tuer des êtres humains... Non. Je ne te garde pas prisonnier. Si tu veux partir, tu peux. Mais sache une seule chose: il faut garder le secret sur notre existence. Le soleil est notre pire ennemi: nous étincelons lorsque les rayons nous touchent. Maintenant que choisis-tu? Veux-tu partir ou préfères-tu rester avec moi?
_ Je n'ai nulle part où aller, murmura-t-il.
Je n'osai le lui demander. Suivre mon mode de vie était difficile, extrêmement difficile, surtout pour un nouveau-né.
_ Pourquoi pas?me dit-il. Ai-je une autre solution?
_ Boire du sang humain étancherait totalement ta soif mais il faudrait bouger sans cesse.
_ Mais vous n'aimez pas trop cette idée, je la vois dans votre esprit.
_ Tu es libre de choisir ta voie.
_ Je vais essayer alors, dit-il. Si vous voulez de moi.
_ Bien sur, » dis-je.
Durant les mois qui suivirent, Edward s'habituait avec une rare finesse au mode de vie que j'avais choisi. Six mois après la transformation d'Edward, nous quittâmes Chicago et nous nous dirigeâmes vers l'Alaska. Nous arrivâmes à Anchorage. Alors que je chassai en compagnie d'Edward, je rencontrai une ancienne connaissance.
« _ Eleazar?dis-je.
Le vampire se retourna et Edward se mit en position de défense. Aucun souci, Edward, c'est juste un vieil ami. Il se détendit tandis que le vampire brun nous regardait.
_ Que je suis content de te voir en pleine forme, dis-je en lui serrant la main.
_ Moi aussi, Carlisle, dit-il avec un sourire. Je vois que tu t'es trouvé un compagnon!
_ Oui, dis-je. J'ai du moi-même me charger de sa transformation. Edward, approche!
_ Toi? Toi, le vampire végétarien qui n'a jamais gouté au sang humain?dit-il en riant.
_ Eh oui, dis-je avec un petit rire. Edward, je te présente Eleazar, un vieil ami que j'ai rencontré chez les Volturi. Eleazar, je te présente Edward. Mais c'est toi qui me dit que je suis végétarien? Regarde-toi!
_ Il a rejoint un clan un peu plus loin avec sa compagne, dit Edward.
Eleazar le regarda.
_ Un télépathe à distance, murmura Eleazar. Un sacré don!
Edward me regarda et nous rîmes.
_ Eleazar a le don de détecter les pouvoirs des vampires ou humains, expliquai-je. Excuse-le, Eleazar, il est encore jeune.
_ Je vois cela.
_ Eleazar!s'écrièrent plusieurs voix.
Edward et moi nous raidîmes. Quatre vampires arrivèrent, tris femmes blondes et une femme brune.
_ C'est un vieil ami, dit Eleazar aux quatre femmes.
_ Oh, dit la femme brune.
_ Carlisle, Edward, je vous présente ma compagne Carmen, et les soeurs Denali: Tanya, Kate et Irina.
_ Denali?murmurai-je. J'en ai vaguement entendu parler...
_ Peut-être à cause de notre mère, répliqua Irina. Sasha et l'enfant immortel!
_ Oh, dis-je. Excusez-moi.
_ Pas de souci, dit Tanya en regardant Edward. Un jeune vampire...
_ Carlisle, allez chasser, toi et Edward, et venez nous rejoindre un peu plus tard. Ton jeune protégé est assoiffé. Mieux vaut ne pas le faire attendre », dit Eleazar.
Je souris et Edward et moi reprîmes la chasse. Une heure plus tard, je humai Eleazar (connaissant déjà son fumet) et je suivis l'odeur. Elle nous amena à un charmant cottage en rondins au milieu de nulle part, idéal pour des vampires.
« _ Ah, Carlisle! Que de temps ont passé!
_ A qui le dis-tu!dis-je. Tu as enfin trouvé ta moitié!
_ Oui, dit-il en prenant Carmen par la taille. Nous avons rencontré Kate pendant une chasse et nous sommes devenus amis. Nous sommes restés avec elles. D'ailleurs quand elles m'ont parlé de leur mode de vie, j'ai pensé à toi!
_ Amusant, dit Carlisle.
Kate se tenait assez loin de nous.
_ Au moindre contact, elle électrocute la personne, chuchota Edward à mon oreille.
_ Que ce doit être pénible d'avoir quelqu'un dans sa tête tout le temps, dit Tanya.
_ Les vampires ont une ouïe indéfinissable, dis-je à Edward. Tu peux me parler à voix basse, ils t'entendront comme si tu parlais à voix haute. »
Nous restâmes avec les Denali pendant plusieurs mois avant qu'Edward ne vint me trouver une nuit pendant que les autres chassaient.
« _ Je ne t'en ai jamais parlé avant, car je pensais que cela ne me regardait pas mais cette question n'arrête pas de revenir, surtout quand tu es seul.
Je le regardais, ses yeux ambres exprimant de la curiosité et du respect. Je me détournai de son regard. Je savais à qui il faisait allusion. Le visage d'Esmée Ann Platt revenait souvent dans ma tête. Elle? Que veux-tu savoir?
_ Comment tu l'as rencontré, par exemple. Sauf si cela te gêne, je ne t'en parlerais plus. Tu as l'air de tenir beaucoup à elle.
_ Je l'ai rencontrée six ans avant que je ne te transforme, expliquai-je. J'allais chasser quand j'ai entendu un bruit sourd. Une jeune fille était tombée d'un arbre et avait la jambe cassée. Il a fallu deux secondes pour que je tombe sous son charme. Je l'ai ramenée chez elle et pendant plusieurs jours, je suis allée l'espionner durant son sommeil. Mais elle était bien trop jeune et bien trop fragile.
_ Tu as quitté la ville ensuite, dit-il en lisant dans mon esprit. Pourtant tu penses sans arrêt à elle.
_ Oui, elle m'a ensorcelé.
Nous émîmes un petit rire.
_ Pourquoi ne pas aller la voir?me demanda-t-il. Qu'as-tu à perdre?
_ Rien, dis-je avec un soupir. Tu as peut-être raison. Nous partirons demain, après avoir chasser.
_ Très bien, » dit-il en se levant, me laissant seul dans mes réflexions.
Deux semaines plus tard, nous déménageâmes près d'Ashland. Je trouvai un poste en tant que médecin urgentiste. Edward étudiait pendant ce temps-là. Un soir, quand je rentrai, je lui offris un cadeau.
« _ 12 septembre 1921, dis-je. Cela fait maintenant trois ans que tu me supportes, dis-je en souriant.
_ Trois ans? Déjà!dit-il en levant le nez de son livre de français. Oh, elle est magnifique!
Il prit la bague et la contempla.
_ Pendant ta transformation, je me suis rendue dans la maison de tes parents. J'ai pris quelques effets. Cette bague appartenait à ta mère, Elizabeth Masen.
_ Elle est magnifique, dit-il d'une petite voix.
_ Si tu veux, j'ai deux gros cartons dans ma chambre. Tu peux aller voir. Tout est à toi!
_ J'irais, me dit-il. Carlisle?
_ Oui?
_ Je me suis promené en ville aujourd'hui, dit-il. Ca a été dur mais j'y ai résisté. J'ai croisé une femme dont son esprit était fort intéressant.
_ Raconte, dis-je.
_ Elle s'appelle Esmée Evenson, dit-il.
Je fronçai les sourcils.
_ Oui, c'est bien elle, dit Edward. Ton visage revenait souvent dans ses pensées. Elle est institutrice dans une petite école ici, à Ashland. Elle a eu un bébé il n'y a pas longtemps. Elle est veuve, son mari étant mort dans la guerre.
Je soupirai. Ce que j'avais craint était arrivé. Elle était mariée, veuve, et mère!
_ Mais... si elle a eu un bébé il y a peu, son mari doit être encore vivant?
_ C'est étrange, dit-il. Maintenant que tu me le dis, elle ne pensait pas à son mari? Le peu que je sache, elle a été battue.
Je grognai de rage.
_ Je comprend, c'est odieux! Je la comprends, dit-il. Je retourne étudier.
Je me levai, tendu. Je devais la retrouver mais je ne voulais pas laisser Edward seul.
_ Je peux rester seul, dit-il. Je n'ai pas soif, ça va aller. »
Je lui souriais en guise de remerciement. Il me sourit en retour et je partis. J'entrai dans l'école où elle travaillait afin de trouver des informations. J'en trouvai une, elle habitait dans une maisonnette près des falaises. Je m'y précipitais et humai. C'était une sensation étrange, n'ayant jamais chassé l'humain. Je ne la trouvai pas. Je téléphonai à Edward lui disant que j'allais directement travaillé après avoir chasser. Il me souhaita une bonne chasse et une bonne journée et je raccrochai.
Quelques heures plus tard, j'arrivai à l'hôpital. Une infirmière m'attrapa alors que j'arrivai.
« _ Ah, Carlisle, dit-elle. Nous venons d'amener une jeune femme à la morgue. Elle s'appelle Esmée Evenson, son nourrisson est mort peu de temps avant. Elle a sauté des falaises. Pouvez-vous l'enregistrer dans les données?
_ Bien sur, dis-je en prenant le dossier.
Je l'ouvris et un sifflement aigu s'échappa de ma bouche. Je me précipitai à allure humaine dans mon bureau et relut le nom de la personne. Esmée Ann Platt Evenson. Ce n'était pas possible. Pas elle! Non!
Je voulais en être certain. Je me dirigeai vers la morgue. Un bruit me terrifia. Un coeur battait encore, pourtant la personne se trouvait ici. Je me dirigeai vers ce bruit. Je regardai le numéro. 56. 56? N'était-ce pas le numéro... Je l'ouvris d'un geste. Une magnifique jeune femme, rougie par son sang, était allongée, son coeur battant très lentement et irrégulièrement. C'était bien elle. Esmée Platt. N'écoutant que ma raison, je la pris, empruntai l'issue de secours et courus jusqu'à la maisonnée. Son parfum m'enivra. Edward m'attendait, ayant perçu nos pensées. Il était figé, tendu.
« _ Edward, tu dois partir...
_ Je résisterai, répliqua-t-il. Que s'est-il passé?
Je laissai tomber le dossier que j'avais enfoui dans une de mes poches. Il le prit et le lut. Un sifflement lui échappa.
_ Tu... Que vas-tu faire?
Je n'ai plus beaucoup de temps, son coeur cesse de battre.
_ Tu dois choisir, me dit-il. Je pars chasser. Occupe-toi d'elle. Elle est ta moitié, je pense. Tu ne l'as pas amenée là par hasard.
Il partit, me laissant seul avec le pauvre corps d'Esmée. Je l'allongeai sur la table.
_ Je suis désolé, lui dis-je. Pardonne-moi.
J'enfonçai mes crocs dans son cou. Je répétai la même morsure au niveau de ses coudes, ses poignets, ses genoux, ses chevilles. Je pris une seringue et j'enlevai une partie de mon venin que j'implantai directement dans son coeur.
_ Vis, je t'en supplie, reviens-moi! »
Je répétai cela inlassablement jusqu'à ce qu'Edward revienne, trois heures plus tard.
« _ Carlisle, comment te sens-tu?demanda-t-il.
_ J'ai agi trop tard, murmurai-je avec une voix à peine audible. Je n'aurais pas du attendre aussi longtemps!
_ Tu as bien fait, me dit-il. Je n'arrive pas à la capter.
Comment ça?
_ Eh bien, c'est comme si son esprit était sur une mauvaise fréquence. C'est assez irritant, dit-il avec une grimace. Le tien est clair, net, précis, le sien est... différent. J'arrive cependant à distinguer deux mots: ange et bébé. Je ne l'entendrais pas si elle était morte!
Soudain, contre toute attente, elle se mit à hurler. Edward sursauta.
_ Le venin, dis-je. Il agit.
Edward me sourit.
_ Je t'aiderais. Je sais ce que c'est d'être un nouveau vampire. »
Trois jours plus tard, elle ouvrit les yeux.
« _ Je suis au paradis, dit-elle. Je suis au paradis.
_ Esmée, m'entends-tu?demandai-je, Edward à mes côtés.
_ Oui, dit-elle, ses yeux rubis étincelants.
_ Esmée, je suis désolé, dis-je. Je sais que tu dois être complètement perdue. Ce que je vais te dire est très important.
_ Il n'y a rien d'aussi important que d'être avec toi au paradis.
_ Elle se croit au paradis avec son ange, dit Edward avec un petit rire. Elle aussi ne t'a jamais oublié!
_ Nous ne sommes pas au paradis, ni à l'enfer, répliquai-je avec douceur. Esmée, nous sommes vivants d'une certaine manière.
_ Viv... Vivante?répéta-t-elle. NON! Je ne veux pas! Je veux mourir! NON!
Elle fit un tour en arrière et se plaqua contre le mur. Soudain, elle porta ses mains à son cou.
_ Elle a soif, dit Edward.
_ Elle doit d'abord savoir, dis-je puis je m'avançai lentement vers elle. Esmée, c'est moi Carlisle. Je ne voulais pas te perdre. Je t'aime. Je t'aime plus que n'importe qui peut t'aimer. Esmée, tu es... tu es comme moi, à présent. Un vampire.
Elle me regarda, une lueur de peur dans ses yeux cramoisis.
_ Tout d'abord, il faut que tu contrôles ta soif. Viens.
Je tendis la main. Elle la pris et me colla à elle.
_ Nous resterons toujours ensemble?
_ Si tu veux de moi, oui, ais il faut que tu chasses.
Elle détourna la tête et s'aperçut dans le reflet de la fenêtre. Elle se dévisagea. Je regardais Edward qui souriait.
_ Elle se demande pourquoi elle a des yeux rouges alors que les tiens sont dorés!
Surprise, Esmée le regarda.
_ Il peut lire dans chaque esprit, dis-je. Certains vampires sont dotés de pouvoirs. J'en connais un petit nombre. Pour répondre à ta question, si nos yeux sont dorés, c'est que nous nous nourrissons de sang animal et non humains. Cela prend du temps à s'habituer. Demande à Edward.
_ C'est vrai que c'est difficile. Même encore maintenant, c'est difficile. Après trois ans de vie vampirique. Carlisle, elle a soif, il faut qu'elle chasse!
_ Très bien, allons-y. »
Nous sortîmes, Edward ayant tenu à nous accompagner. Les nouveaux-nés étaient rapides et j'avais constaté qu'il était plus rapide que moi. J'acceptai. Et en effet, alors que nous venions de sortir, Esmée se raidit et me lâcha la main. Elle se mit à courir vers la ville, Edward sur ses talons. Je soupirai. J'allais chasser près de la maison, guettant leur arrivée. Je ne les pourchassai pas, j'avais peur de succomber à la tentation.
Je restai dans la maison environ une semaine quand ils revinrent. Ils se figèrent quand ils me virent. Edward était tendu, ses yeux étant d'un noir d'encre. Il était assoiffé et n'osait ouvrir la bouche. Esmée fuyait mon regard, mais je vis ses yeux d'un rubis écarlate.
« _ Esmée..., dis-je. Je ne t'en veux pas. C'est normal. Tu n'as pas à avoir peur. C'est notre nature.
_ Je...
Son souffle m'atteignit en plein visage. Il sentait le sang humain.
_ Je suis désolée!dit-elle en se jetant sur moi.
Elle me plaqua au sol.
_ Tu es plus forte que moi pour le moment, lui annonçai-je. Tes forces s'apaiseront au bout d'un an. Tes tissus sont encore imprégnés de ton sang humain.
_ J'ai failli attaquer ton ami, me chuchota-t-elle.
_ Je ne vous ferai aucun mal, dit Edward. Je dois énormément à Carlisle. Je ne ferai rien contre lui qui pourrait le blesser ou lui faire mal. Je suis un peu plus rapide que Carlisle, c'est pour cela que je vous ai suivie. Et votre réaction était tout à fait normale.
Elle baissa la tête et Edward pouffa de rire. Qu'y a-t-il de si drôle?demandai-je silencieusement.
_ Je repense à la manière dont elle a traqué l'humain à Colombus. Je n'ai jamais vu cela, dit-il. Mais bon, je la comprends.
Esmée le regarda, un sourire aux lèvres.
_ Et qui as-tu traqué comme cela?demandai-je.
_ Charles Evenson, dit Edward. Un homme violent qui passait pour un bon mari devant les autres mais derrière... Elle s'est vengée de son mari. Ainsi que ceux qu'elle connait comme violents. Une quinzaine de meurtres en tout. J'ai eu du mal à l'arrêter et résister. Même si l'envie était là.
Je me figeai à l'annonce des quinze meurtres.
_ Esmée, veux-tu vivre avec nous?demandai-je soudain. Pourrais-tu te faire au mode de vie que nous avons choisi?
_ Tant que je suis avec toi, c'est le principal, même si je dois me contenter de sang animal pour le reste de l'éternité!me dit-elle en me caressant la joue.
_ Carlisle, dit soudain Edward, peut-être devrions-nous aller à Denali? Avec Tanya et les autres, elle s'y habituerait peut-être plus vite. Entourée de vampires comme nous, elle s'y fera surement plus vite et elle t'aime.
_ D'accord, j'appelle Tanya, dis-je en prenant mon portable.
Je n'avais pas beaucoup de numéro de téléphone et j'appelai Tanya. Celle-ci fut étonnée de cet appel.
_ Carlisle? Quelle surprise!dit-elle de sa voix chantante.
_ Pouvons-nous passer quelques temps avec vous?
_ Bien sur, je serais ravie de revoir Edward!
_ Nous avons une nouvelle compagne, annonçai-je. Elle s'appelle Esmée et... bref, elle a suivi son instinct. Je voudrais l'amener pour qu'elle s'habitue au mode animal.
_ Bien sur, dit Tanya avec compassion, nous vous attendons! »
Le lendemain, nous partîmes. Esmée avait entendu nos deux histoires, malgré que je comblais les lacunes d'Edward, ne se souvenant à peine de son passé humain. Esmée nous raconta sa vie, surtout après notre rencontre. Elle regrettait que je ne l'avais transformée à cette époque mais je refusais de prendre une vie humaine alors que cette personne avait un avenir. Elle ne mentionnait pas son bébé et Edward m'apprit un peu plus tard, qu'elle souffrait de la disparition de son enfant. Nous arrivâmes à Denali vers 18h. Les cinq vampires nous attendaient.
« _ Carlisle, Edward!s'écria Tanya. Qu'il est bon de vous revoir. Et voici Esmée, sans doute. Je me présente, je m'appelle Tanya et voici mes soeurs Irina et Kate. Voici deux amis qui nous ont rejoint il y a quelques années: Carmen et Eleazar.
_ Enchantée de te connaître, dit Eleazar. Oh!
_ Quoi?demandâmes Carmen et moi.
_ Je pensais qu'elle aurait un pouvoir mais non, dit Eleazar, amusé. Vous avez été transformé par Carlisle, non?
Edward riait derrière moi.
_ Je ne suis pas un traqueur de pouvoir, c'était involontaire avec Edward. J'essayais de faire un discours sur notre nature quand il m'a répondu à une question muette.
_ Mmh, alors c'est l'amour qui t'a poussé à la transformer, me dit-il. Cela se voit dans tes yeux comme dans les siens!
Nous nous regardâmes avant que je ne souris.
_ C'est vrai que je l'aime et elle aussi, je pense.
_ Venez, dit Kate. Rentrons bien que le froid ne nous soit pas insupportable.
_ C'est vrai, nous serions mieux à l'intérieur, dit Tanya.
_ Irina, tu viens avec nous?demanda Carmen. Eleazar, Irina et moi allons chasser. Quelqu'un veut se joindre à nous?
Je regardais Edward qui acquiesça.
_ Je viens aussi, dit soudainement Esmée. J'ai envie d'essayer et ma gorge me brule littéralement!
_ Quel âge a-t-elle?me demanda Irina.
_ Une semaine et deux jours, annonçai-je.
_ Nous nous en occuperons, dit Edward. C'est promis!
Ils partirent donc vers la forêt tandis que Kate, Tanya et moi rentrions. Je m'assis sur le canapé, soucieux.
_ Ne t'inquiète pas, dit Tanya, ils s'occuperont bien d'Esmée. En tout cas, tu as l'air vraiment amoureux!
_ Oui, et ce depuis le premier jour où je l'ai croisée dans la forêt dix ans auparavant.
_ Dix ans!
_ Oui, dis-je. J'aurais du l'emmener et la changer par la suite. Ce qu'elle a vécu est trop horrible!
_ Raconte, dit Kate. On pourrait ainsi l'aider à s'en sortir.
_ Elle s'est mariée peu avant la guerre, dis-je, à un homme bien en public mais violent en privé. Quand elle a appris qu'elle était enceinte, elle s'est enfuie.
_ Je peux la comprendre, dit Kate. N'importe quelle femme partirait si elle est enceinte de l'homme qui la bat!
_ Elle a eu un fils qui est mort quelques jours plus tard d'une infection des poumons. Ne pouvant supporter de perdre la chose la plus importante à ses yeux, elle s'est jetée du haut d'une falaise.
_ Comment l'as-tu trouvée alors?demanda Tanya, une main sur ma jambe.
_ Elle a été transférée directement à la morgue de l'hôpital. Quand je suis arrivé ce matin-là, je devais me charger de son dossier funéraire. Quand j'ai vu sa dénomination, je me suis précipité à la morgue pour savoir si c'était bien elle. Elle était meurtrie, on n'aurait pu ne pas la reconnaître. Mais quelque chose m'a attiré. Un petit son, un coeur qui battait très irrégulièrement. C'est ainsi que je l'ai entendue. Je l'ai prise et je l'ai ramenée avec moi chez Edward et moi. Je lui ai conseillé d'aller chasser pendant que je m'occupais d'elle.
_ Cela n'a... pas... été... trop dur?demanda Kate, ses yeux brillants.
_ Non, elle avait perdu quasiment tut son sang. Quand elle s'est réveillée, je lui ai expliqué puis elle a eu soif. Quand elle a ouvert la porte, elle s'est précipitée au dehors. En même temps, nous n'étions pas loin de la ville. Edward l'a suivie, il court un peu plus rapidement que nous. Ils sont revenus une semaine plus tard, les yeux d'Edward étaient noirs mais j'ai su qu'il avait résisté, les yeux d'Esmée étaient d'un rouge éclatant.
_ Une semaine? Elle est allée où? En Argentine?
_ Elle voulait retrouver son mari, dis-je avec dégoût. Elle l'a tué, ainsi que quatorze autres hommes aussi violent que l'a été sa première victime.
_ Cela doit être dur pour toi, dit Kate. D'après ce qu' Eleazar nous a dit à ton propos, tu n'as jamais gouté au sang humain!
_ Non, et ce n'est pas le premier vampire que je crée. Je me rends compte qu'après les trois jours de souffrance où la présence de la personne est insupportable au-delà des limites, on se sent bien en leur compagnie.
_ Tu t'es trouvé une femme, un fils, dit Tanya. S'ils arrivent à supporter les humains aussi bien que nous, vous formerez une véritable famille! »
Je fronçai les sourcils. Je n'avais jamais considéré Edward comme un fils. Nous nous tûmes, et les deux soeurs s'exercèrent à la projection de Kate. Ceci était amusant et terrifiant. Dès que Tanya touchait sa soeur, elle était électrocutée. Kate était, quant à elle, plutôt fière.
Trois jours plus tard, je me promenais seul avec Esmée à quelques mètres de la maison mais assez loin pour avoir un peu d'intimité.
« _ Cela me fait bizarre de me promener main dans la main avec toi, dit Esmée. Un parce qu'avec mon mari, on ne faisait jamais cela et de deux, j'ai toujours rêvée de me promener comme ça, avec toi. J'ai l'impression de rêver!
_ Moi aussi, j'ai longtemps rêvé de venir te prendre, t'enlever et de rester pour l'éternité avec toi, dis-je.
_ Crois-tu qu'un jour, ce manque sera comblé?
Je me raidis. Je savais parfaitement que les femmes vampires ne pouvaient plus procréer.
_ Peut-être, dis-je. Personne ne t'enlèvera ce que tu as vécu mais j'ai bien l'intention de t'aider à tourner la page.
Elle me regarda, ses yeux rubis me regardant avec amour. Je pris son menton, sourit et l'embrassai. C'était la première fois que j'embrassai une femme depuis un très long moment. Avais-je déjà embrassé une femme? Non, je ne pense pas. Mais à cet instant, je sus qu'elle était faite pour moi, depuis ce jour dans la forêt. Elle rompit le baiser et me regarda, souriante. Cela ne lui arrivait presque jamais depuis sa transformation.
_ Esmée, je sais qu'on est fait l'un pour l'autre. Je te rendrai heureuse, je te le promets. Nous ne serons jamais séparés. Suite à une discussion avec Kate et Tanya le jour de notre arrivée, j'y réfléchis depuis. Je t'aime, tu m'aimes. Je voudrais que tu deviennes ma femme. Je t'aime plus de ce que tu peux croire. Je donnerai ma vie pour toi. Si tu veux, on fera comme si Edward était notre fils adoptif, je t'en supplie. Épouse-moi.
Je tombai à genoux et la suppliai. Elle me regarda, surprise. Puis elle prit mes mains.
_ On a toute l'éternité, dit-elle, mais... j'ai longtemps rêvé de m'appeler Esmée Ann Platt Cullen!
Je la regardai, souriant.
_ Cela veut dire que...
_ Bien sur, dit Esmée, je veux m'appeler Esmée Cullen!
Je la pris dans mes bras et la fis tournoyer. Nous rîmes aux éclats.
_ Repose-moi, dit Esmée. Sais-tu comment se déroule un mariage vampirique?
_ Je n'en ai pas la moindre idée. Mais je pense qu'en trichant un peu, on peut être marié dans quelques heures.
_ Quoi? Tu veux m'emmener à Las Vegas?
_ Ils s'enfuiront dès qu'ils te verront avec tes yeux rouges, dis-je en pouffant de rire. Non, Eleazar ferait un excellent pasteur!
Esmée me regardait, soucieuse.
_ En tant que vampire, on s'arrange avec les formalités, dis-je. Comment crois-tu que je puisse exercer la médecine alors que j'ai eu mon diplôme il y a plus de 120 ans?
_ Ca se tient, dit-elle. D'accord.
Nous rentrâmes et Edward nous regarda, un sourire sur ses lèvres.
_ Cela fait presque une demi-heure qu'il est comme ça, dit Kate. Mais à chaque fois que j'approche, il le sait et s'enfuit.
_ C'est parce que je suis content, heureux, dit Edward. C'est vrai, je vois bien Eleazar en pasteur!
Les cinq vampires nous regardèrent, surpris. Esmée et Edward pouffèrent de rire.
_ J'ai demandé à Esmée de m'épouser et elle a accepté, dis-je. Je lui ai dit que les formalités ne sont rien pour nous!
_ C'est vrai, dit Eleazar. Bon, je vais aller en ville voir ce que je peux faire. Carmen?
_ Je dois m'occuper de la future mariée, dit la vampire brune. Alors va t'occuper des papiers.
_ Edward, veux-tu être mon témoin?demandai-je.
_ Bien sur, dit Edward.
_ Tanya, voudrais-tu être le mien?demanda Esmée.
_ Avec joie, » dit Tanya.
Le lendemain, nous nous mariâmes et nous fûmes les plus heureux des couples.
