Sequel de Wammy's Blues.

Dédié à Lune de Neige et Kaori Beryl.

Merci à Rikamello pour ses fanarts superbes qui n'ont eu de cesse de m'inspirer !... Son Mello est juste divin !...


Cosa Nostra

Chapitre 1 : Welcome to L.A.

Elle reposa l'arme et retira le casque.

"Well, well, well. What have we here ?..." claqua la langue du boss. Il sortit un cigarillo et l'alluma au moyen d'un briquet frappé d'une sirène.

Lentement, elle se tourna vers l'homme taillé comme une baraque, dans son costume clair.

"Si t'es sur le marché, je t'embauche de suite. Ça m'ennuierait de te voir tomber entre de mauvaises mains." assorti d'un sourire qui en dit long.


"Cet hôtel particulier, il est à nous. C'est mon père, immigré italien, venu ici avec rien, qui me l'a légué. Tu y trouveras tout le confort nécessaire et... si l'un d'entre eux t'importune, tu m'en réfères." posant sur les hommes de main un regard circulaire et dissuasif. "Même si je pense qu'il te serait aisé de leur coller une balle entre les deux yeux."

Le hall est vaste et le salon attenant.

"Didi, ramène de quoi grailler."

La jeune femme fila en cuisine.

"Moi, tu vois, je suis pour du sang neuf et pour la parité. Il y a deux ans, nous avons ramassé un gamin si frêle que je pensais pouvoir le casser en deux rien qu'en soufflant dessus. Il nous a ramenés la tête du chef du quartier nord en quelques jours."

Deux femmes viennent s'installer de chaque côté du boss. "Voici Suzanna et Rita." caressant leurs épaules nues. "Tu me diras le matos dont tu as besoin."


La chambre est vaste, tons neutres. Elle défait sa valise sommaire, réfléchissant déjà au matériel qu'elle commandera, faisant une liste rapide dans sa tête.

Puis elle se laisse tomber sur le lit, envisageant cette nouvelle vie avec un certain détachement.


"Dick." tirant d'un coup sec sur le collier étrangleur. "Cesse !" s'arrêtant un instant pour le dominer et lui présenter un index dressé, lui rappelant qui est le maître. Le chien abdique avec un petit couinement contrit.

Le blond relève la tête, ramenant ses cheveux en arrière, dans un geste souple.

"Ah, Mello !... Du neuf ?"

Le blond s'accroupit pour caresser le chien qui jappe. Les gants de cuir parcourent le poil ras de la bête. "Tes soupçons se sont bien confirmés pour ce qui concerne les activités de Miller."

"Entre. Et parlons-en au calme."


Les iris cristallins tombèrent sur la liste. "Qu'est-ce que c'est ?"

"Le matériel que je vais commander à Luigi pour notre nouvelle recrue."

Les doigts fins, gantés de cuir, attrapèrent la liste pour la détailler, autre main menant les carreaux de chocolat jusqu'à la bouche, dents se chargeant de briser la tablette. Un long sifflement. "Dis donc. Ta nouvelle recrue est du genre exigeante." petite pause entre deux masticages. "A propos de Luigi..."


La porte s'ouvrit avec un certain fracas et l'épaule nue se plaça contre l'huisserie.

L'écoulement de la douche le fit sourire. Il s'avança, fouillant sans vergogne dans les affaires de la nouvelle venue, à la recherche d'indices probants. Rien. Du commun.

Un parfum féminin vint lui chatouiller les narines. Sans la moindre gêne, il se vautra sur le lit, attendant que la douche se termine, triturant la croix de son rosaire, en manque de chocolat.

Le rideau de douche est enfin tiré.

"T'en as mis du temps. J'ai failli attendre !..." lance sa voix, dotée d'une pointe de virilité. "Sors de ton trou, Hope."

Un hoquet à l'évocation du pseudo. Un frémissement des pieds à la tête.

"Je ne connais pas encore tes intentions mais... m'avoir côtoyer par le passé te fait déjà prendre un très mauvais départ."

Elle se poste devant le corps sec alangui, moulé de cuir sombre, ne pouvant empêcher son regard de le parcourir.

"Je t'assure que j'ignorai que tu te trouves ici." s'installant en bazardant les jambes longilignes du blond. "Qui serait suffisamment masochiste pour intégrer un groupe dans lequel tu te trouves, sérieusement ?"

Il siffle entre ses dents, piqué au vif. Lentement, il se redresse. "A la Wammy's, t'étais loin d'être aussi calée que moi. Ça m'étonnerait que l'idée d'intégrer la Mafia vienne de toi. Alors..." détachant son FS92 de la ceinture pour en pointer le canon sur Hope, sûreté sautée. "Dis moi pour qui tu bosses, Hope."

"Pour le même homme que toi." le fixant.

Il claque de la langue, rapprochant le canon de l'arme de son visage. "Accouche ou je te loge une balle entre les deux yeux. Esthétiquement parlant, ça craint. J'aime autant te prévenir."

Elle écarte lentement le canon de l'arme. "Qu'en penserait le boss, à ton avis ?"

Son visage se déforme instantanément sous l'effet combiné de la rage et du dédain.

"Il m'avait certes bien semblé qu'il tenait à son cerveau mais ne l'a en aucune manière autorisé à dégommer les nouveaux arrivants."

Il se lève, regard mauvais ; prunelles brûlant d'un feu proche de celui qui ronge les enfers, attrapant soudain Hope par les cheveux au-dessus du crâne, serrant là en lui faisant monter la tête, cou s'allongeant, la faisant presque se tenir sur le bout des orteils.

"Compte sur moi pour rectifier son avis." avant de la relâcher brusquement.

Elle chancelle tandis qu'il passe son chemin, la bousculant encore une fois avant de quitter la pièce.


"Merde ! Merde ! Merde !..."

"Un souci, Hope ?"

"Oui, cet abruti ne se positionne pas à l'endroit convenu." parlant de Mello dont elle doit assurer la sécurité depuis un toit.

Pour couronner le tout, un camion à nacelle vient stationner dans la rue, bouchant la vue.

Hope se déplace sur le toit plat pour obtenir un meilleur angle de tir.

Parcourant l'avenue à la lunette, elle note plusieurs hommes postés en embuscade. "Ça schlingue, merde !" crachant sa gomme avant de reprendre position.

"C'est le baptême du feu, ça, Hope !..."

"Ta gueule, Gardner !..."

Un petit rire vint secouer les épaules de la baraque.

La situation semble s'envenimer en contrebas.

Soudain, une tornade sombre fend la foule et saute sur l'homme qui fait face à Mello, attrapant le bras de la main en train de tirer un flingue. L'homme bascule en hurlant tandis que Mello déballe tranquillement une tablette de chocolat. Le chien de sang joue un instant encore avec l'avant-bras dans sa gueule, malmenant le membre quasi-décroché, sur des grognements féroces.

"Dick. Assez."

Le chien libère l'homme et s'assoit. Mello lui caresse la tête.

A cet instant, les hommes embusqués sortent de leurs cachettes et c'est Hope qui les élimine tous les six.


"Mais bordel ! Tu ne respectes rien, Mello !" venant le bousculer à l'aide des deux mains.

Il en rit, jouissant de la faire ainsi sortir de ses gonds.

Dos contre le mur, il déballe une tablette, regard planté dans le sien, laissant sa langue courir le long des carreaux avant de croquer. "Faut apprendre à improviser, Hope."

"La ferme, Mello !..." le fixant, poitrine montant et descendant sur une respiration vive.

"T'es trop sentimentale, Hope." sur un sourire méprisant. "Regarde-toi. L'état dans lequel ça te met." accrochant une main sous la mâchoire féminine pour la faire aller de gauche à droite, lentement. "Tu vas crever, Hope. Sérieusement, tu vas crever." la menaçant de l'index, visage jouissant de la perspective.

Les yeux clairs de la jeune fille lancent des flammes à leur tour tandis qu'en face il s'amuse comme un petit fou. "Ne me parle pas comme si j'étais ton chien, Mello !..."

"Dick est bien mieux dressé que toi, pauvre fille." se détachant du mur, tournant autour d'elle comme un fauve affamé, regard appesanti sur chaque partie du corps opposé. "Bien mieux dressé, ouais." s'arrêtant devant elle.

A dire vrai, elle aurait envie de placer son genou entre les deux jambes de son opposant et c'est ce qu'elle tenta de faire, bloquée par Mello qui la projette en arrière.

"Franchement, Hope, tu crois que j'y suis arrivé de quelle manière ? Hein ?! Certainement pas en ronronnant comme tu le fais !..." récupérant un fusil avant de le lui lancer. "Vas-y, montre moi ce qui a tant séduit Rod !"

Elle jette le fusil. "Je n'ai aucune preuve à te fournir, Mello !"

"T'es ennuyante, Hope. Un véritable fardeau."

Le poing se serre et elle se jette sur lui, sur un cri de rage, passant le bras autour du cou, serrant fort. Il pivote pour l'écraser contre le mur, sur un grognement.

"J'AI PAS DEMANDE A TOMBER SUR TOI, MELLO !" hurlé, frappant du poing sur le torse.

"ESPÈCE DE... !" l'écrasant plus fermement contre le mur, s'en séparant pour l'y heurter à nouveau.

"DÉJÀ A LA WAMMY'S TU M'AS FAIT VIVRE L'ENFER !" tirant sur les cheveux blonds.

Mello lève le bras pour se saisir de ses cheveux à son tour. "LÂCHE MOI !"

Le blond finit par se jeter au sol, écrasant Hope sous lui - heureusement pour elle, ses 52 kilos sont inoffensifs !... Il se roule sur le côté pour se relever à moitié, en appui sur le mur, défait. Son index pointe Hope. "Toi... je vais... dire à Rod de t'envoyer sur le trottoir !... Tu n'es bonne qu'à tapiner !" crachant parterre.

"TAIS TOI, FILS DE PUTE !"

"RÉPÈTE UN PEU POUR VOIR ?!"

"JE VAIS T'ARRACHER LES YEUX !"

"J'AIMERAI BEAUCOUP VOIR CA !" montant les poings devant lui. "Allez, viens, je t'attends !" l'y invitant, d'un mouvement impatient des doigts, corps penché en avant, rosaire balançant de droite à gauche, dans un mouvement rythmé.

"Mello." intervient la voix de Rod.

Le blond se redresse, reniflant. "Quoi ?"

"Nous allons visiter notre nouvelle base."

"C'est con : juste au moment où nous faisions plus ample connaissance."

Rod s'éloigne. "Je veux te voir dans le hangar tout à l'heure."

"Bon." lâcha Mello, s'essuyant la commissure d'un revers d'avant-bras.

"Hope, tu viens aussi."


Mello déballe sa tablette, observant les installations hors d'usage. Quelque chose de figé s'écoulait encore il y peu de l'enchevêtrement de tuyaux non loin. Une odeur tenace et âcre imprègne l'air.

Il avança son doigt ganté et actionna la chaîne de l'atelier désaffecté. "Il y a encore du jus, à l'évidence." croquant dans un carreau.

"Je suppose que le lieu est validé ?" s'enquiert Rod.

Nouveau craquement de carreaux. Affirmatif.


"Belle bête, pas vrai ?"

"Superbe."

Le boss tend les clés à Hope. "Je te nomme officiellement chauffeur. Je me suis laissé dire que la conduite, tu maîtrisais aussi bien que les armes. Le dernier a planté la caisse au milieu d'un cortège de flics. Je n'ai apprécié qu'à moitié."


Un coup contre le chariot à roulettes fit sortir Hope de dessous le véhicule, appréciant, sans oser la moindre remarque, cette magnifique vue en contre-plongée du corps moulé de cuir de la terreur slave.

"Que puis-je faire pour toi ?"

"Ce pour quoi on t'a assignée." désignant le Hummer H2 noir aux jantes chromées, d'un mouvement de menton.

Pour se faire patienter, Mello déballait une nouvelle tablette de chocolat tandis que Hope retirait ses gants noircis.

"Où est-ce que je t'emmène ?"

"Au 213A. Après tu t'occuperas de la marchandise. J'espère que tu seras un peu plus douée que le dernier abruti qui nous a conduits droit sur les sirènes hurlantes."

Hope tourne dans le quartier, sans se garer, demeurant dans le secteur. Lorsque Mello est descendu de voiture, elle l'a distinctement entendu armer son semi-automatique, ce qui ne présageait rien de bon !... Un règlement de compte entre mafieux ?... Seul ?... Les opérations suicides, Mello en était capable !...

Hope sentait son estomac se contracter, cherchant du regard dans tous les recoins tandis qu'elle circulait. Un appel : "Merde, qu'est-ce tu glandes ?!", une forme s'appuyant contre les pans d'une ruelle étroite, une porte qui s'ouvre, un corps qui s'affaisse, un démarrage en trombe.

Sur la banquette arrière, Mello délirait, brandissant la croix de son rosaire, paroles incompréhensibles répétées comme une lithanie irrévérencieuse, sang dévalant par filets de la tempe gauche.

"Merde, t'es blessé ?"

Mello bascule son regard clair, lueur folle dans le regard, brandissant son arme pour viser la tête de Hope via la vitre teintée qui séparait le côté conducteur de la banquette arrière. "Roule. Et ferme la !"


"Mello a eu de la chance. La balle lui a effleuré la tempe. Quelques millimètres de plus et ça y était. Merde, je lui ai dit de ne pas y aller seul !..." peste le boss.

Allez empêcher un chien fou de briser ses chaînes et se jeter droit dans la gueule du loup !...


"T'en as pas marre de passer ton temps dans ce hangar, sérieusement, Hope ?" accoudé contre l'établi à outils, sourire terrible aux lèvres.

"Je m'y plais, figure-toi."

Le regard clair lui fait la nique des pieds à la tête. "Vire moi ce bleu dans lequel tu sembles flotter." lui balançant une combinaison de moto. "Change de fringues et rejoins-moi ici dans un petit quart d'heure. Choisis quelque chose de classe, quelque chose dans lequel tu te sentes à l'aise. Ta soirée en dépendra."

La tenue - un slim huilé et un haut coloré ample et léger - semble avoir été validée.


Le Hummer a été boudé, laissé au garage. On lui a préféré la moto pour se faufiler le long des véhicules à l'arrêt sur les artères bondées ce samedi soir.

C'est Mello qui contourne habilement les files de véhicules aux feux stop allumés.

C'est la file d'attente humaine devant les portes en bronze de la boîte. Mello passe devant le videur, s'attirant des protestations véhémentes des clients qui patientent à l'extérieur depuis des heures. Mello leur adresse à tous un doigt d'honneur, en guise de réponse.

A l'intérieur, des enchevêtrements d'escaliers métalliques et de tuyaux car les locaux sont ceux d'une ancienne raffinerie.

Mello se laisse tomber dans le canapé du carré VIP, corps subissant déjà les vagues des décibels. Il tourne aux cocktails qu'il dépense aussitôt sur la piste de danse. Il termine en nage. Le son est tel qu'il les exempte du moindre échange de paroles.

Toujours en quête de tensions et de querelles, Mello pose son pied en travers des cuisses de Hope, sourire de guerre à l'appui. La réaction ne tarde pas et Hope se lève. Mello s'en approche. "Maintenant que t'es debout, tu vas bien danser." la tirant par le bras, poing refermé sur le poignet.

Après un instant d'hésitation, le rythme prend le pas sur le corps réticent de Hope et les deux enfants prodiges se déchaînent sur la piste.


"Je vais finir par croire que ce trou moisi qui pue le cambouis te plaît et que tu ne t'es pas amusée la fois dernière."

La voix cherche. Le ton est grinçant.

"Je te signale que ce n'est pas toi qui te prendras une soufflante si le moteur fait défaut au moment le plus inopportun !..."

Le blond glisse une fesse sur l'établi à outils, déballant une tablette. "On dirait que t'en as peur, Hope." cassant un carreau entre ses dents. "Tu n'en as pas assez de la platitude de ton existence ?"

"Je trouve que nos vies sont déjà suffisamment exposées pour ne pas en rajouter, Mello."

"Poussin. T'as dû te gourer de maison ; tu devrais bosser pour les bonnes œuvres, la charité, les services de l'enfance ou tout autre merdier dans le genre."

"Je te remercie de penser à ma reconversion, Mello." sur un ton neutre.

Le blond esquisse un sourire. "Tu sais que t'étais plus cool à la Wammy's ?"

"Ça s'appelle grandir, Mello."

Il se penche en avant, coude sur la cuisse, défiant. "Tu t'es ramollie. T'es devenue une espèce de bouillie infâme dégoulinant de précautions. J'irai même jusqu'à dire que je ne prendrai aucun plaisir à te briser, Hope."

"Tu oublies que c'est à moi que tu dois la vie sauve, la semaine passée."

"Tu t'attends à des remerciements ? A de la gratitude ?"

"Je n'attends rien de tel de ta part, Mello, pour la simple raison que tu en es incapable."

"Hope. T'écrases pas comme ça devant moi."

"Je connais le principe qui te fait jubiler, Mello ; celui de la tablette de chocolat : je te casse puis je te déguste."

L'éclat de rire qui suit est si léger qu'il comporte des notes enfantines oubliées.