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On s'ennuie de tout, mon ange, c'est une loi de la nature
ou Lettres recueillies dans une société et publiées pour l'instruction de quelques autres
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Les Liaisons dangereuses est un de mes livres préférés. Pour qui ne connaît pas du tout, c'est un magnifique roman par lettres du XVIIIe siècle, dans lequel deux libertins, la marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont, autrefois amants, devenus amis, manipulateurs, brillants et d'une perfidie sans bornes, s'échangent les récits de leurs conquêtes amoureuses, souvent cruelles. Lisez-le si ce n'est pas déjà fait !
Cette histoire, c'est mon Arlésienne. Des années que j'en parle à tout le monde et pas le plus petit signe de début depuis tout ce temps ! Mais cette fois, la voici enfin.
C'est un remake, sauce Shaman King. En partie. Car je respecte le schéma du roman, certains caractères, que vous pourrez reconnaître (amusez-vous donc à chercher qui correspond à qui !), mais l'intrigue suivra d'autres chemins !
Disclaimer : Les personnages de Shaman King appartiennent à Hiroyuki Takei. Merci à Pierre Choderlos de Laclos pour son œuvre sublime, même si j'espère que, de là où il est, jamais il ne lira ces lignes.
Cette histoire contient une foultitude de citations, et notamment mes punchlines préférées du roman, que vous pourrez vous amuser à retrouver. Je me suis aussi éclatée à caser certaines de mes vannes favorites de la littérature ou du cinéma, en tant que citations employées par les personnages, ou pas. Disclaimer donc à Molière, Corneille, Musset, Byron, Dante, Flaubert, Sade, Crébillon fils, Marivaux, Austen, entre autres.
Rating : M
Avertissements : Nous sommes quelque part, perdus dans un XVIIIe siècle franco-japonais-nawak, dans le milieu de la noblesse de sang. Mélanges improbables entre classicisme, libertinage frenchy et culture japonaise.
Autant vous le dire direct : c'est pas safe. Présence d'allusions crasses assez peu voilées, cruauté, subornation de jeunes filles innocentes, éléments de morale classique, abus d'astéronymes, tournures archaïques et ponctuation pseudo XVIIIe, mauvaise foi suprême et grandiloquence éhontée.
Furieuse lecture à vous.
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Seyrarm de M*** à Komeri de C***
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Je t'écris en hâte, car je ne peux demeurer plus longtemps. Anna me fait chercher pour une chose importante qu'elle veut m'annoncer. Je ne sais ce que c'est, mais depuis trois jours je sens qu'il se trame quelque intrigue dans mon dos. On me fait accompagner où que j'aille, on prépare des choses, on m'en cache d'autres. T'ai-je dis que je n'avais pas le droit de veiller après neuf heures, sauf lorsqu'il y a du monde à souper ? C'est presque pire que lorsque j'étais avec toi, au temple ! Voilà qui me fait songer que c'est la première fois que je t'écris depuis que j'en suis partie. Tu dois me juger bien ingrate, ma chère Komeri ! Pardonne-moi de t'avoir ainsi négligée ! C'est qu'on me donne beaucoup d'occupation. Rien qui ne soit plus attrayant que de t'écrire, il est vrai : beaucoup d'ouvrage, des leçons, de la lecture, des thés ennuyeux où ne viennent que des personnes fort en âge, qui ne me parlent point. Si au moins tu étais là, nous pourrions en rire ! J'ai peu de choses à regretter de ce temps, sinon ton amitié.
Ah mais voilà qu'on m'appelle encore. Je ne sais ce qu'on me veut, ce doit être Anna, sans doute. Jusqu'à tout à l'heure.
Oh mon amie, si tu savais ! Non, tu ne pourrais savoir ! Allons, j'ai toute ma matinée devant moi. Voilà bien du temps si j'avais quelque chose à t'écrire… Je ne plaisante pas plus longtemps et vais céder à tes instances muettes.
Moi qui m'effrayais de toute cette agitation ! En réalité, il ne s'agit de rien de plus que de notre retour en ville ! Si tu savais comme je m'en languissais ! Nous y étions si heureux il y six mois ! Ici, il n'y a rien à faire, à part lire et se promener. Hélas, je ne goûte ces deux loisirs que médiocrement. Les livres du temple étaient bien ennuyeux, ici, on me laisse avoir des romans. Des romans, te rends-tu compte ! Mais une fois en ville, j'irai au théâtre, à l'opéra et dans des réunions ! Ce sera bien plus amusant.
Mon frère Reoseb nous rejoindra peut-être. Il fait partie des heureux, mais ne connaît pas sa chance. Lui, il va là où le soleil l'appelle, là où son cœur le mène, et moi… Voilà que je continue de larmoyer, pourtant ma bonne marquise de T*** m'avait fait promettre d'arrêter… J'ai omis de te parler de la marquise, je le crains. C'est une amie d'Anna qui nous a fait plusieurs fois le plaisir de nous visiter. Elle est aussi douce que belle et avec cela d'une grande sagesse. Elle se montre très bonne pour moi et infiniment plus patiente qu'Anna !
Il faut maintenant que je commence nos préparatifs de départ. Anna veut que je l'aide à cacheter des enveloppes, quelle tâche ennuyeuse ! Pourtant, il faut bien que cela soit fait, mais n'est-ce pas pour cela que nous avons des serviteurs ? Mais lorsque je proteste, elle me regarde étrangement et me conseille l'humilité. Je ne sais qu'en penser, elle a de ces regards qui vous mettent mal à l'aise sans paroles. Et tu sais que je ne puis m'empêcher de rougir. C'est pis encore quand elle gronde.
Adieu, ma bonne Komeri, je t'embrasse de bien loin, mais je t'écrirai encore bientôt !
Ta Seyrarm.
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D'Osorezan, ce 4 Mai 17**
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