Titre - La tombe des lucioles

Pairing - DM/HG

Rating - Rating M. Les raisons? Il y aura sans doute un lemon, et dans tous les cas, langage vulgaire, scènes un peu choquantes/gores, disons qu'il y a du sang. Mais rien qui ne soit insurmontable non plus.

Résumé - Elle lui prit la main, doucement, amoureusement, avant de lui briser le poignet dans un geste qui avait perdu toute sa tendresse.

Mot de l'auteur - Je n'ai jamais aimé le couple Drago/Hermione, pourtant il semblerait que je m'y sois attachée d'une certaine manière. Car c'est un couple à potentiel. C'est juste la manière dont s'en servent certains auteurs qui me plait bien moins (Pansy traitée comme une sous-chienne, Hermione canon, Drago ange déchu, Popa méchant, et Dumby compréhensif). En gros, j'en ai tout simplement ma claque des HG/DM où les personnages ne sont que des beaux adolescents incompris qui couchent ensemble au bout d'une semaine de coup de foudre mutuel. Même si je n'aime pas l'idée de Drago et Hermione ensemble, je pense qu'il est très intéressant d'écrire sur une hypothétique relation entre eux, à condition qu'elle soit bien construite.

Avec cette fiction, j'essaie simplement d'exploiter un peu de ce potentiel, je n'ai pas la prétention de pouvoir faire beaucoup plus. Je vais essayer de rendre les personnages humains, de respecter leur caractère, tout en leur accordant une certaine maturité supplémentaire due à ma vision des choses. Que les amateurs de fleur bleue s'écartent, ici il n'est pas question d'amour pur et dur, car je ne peux pas voir un tel amour entre Drago et Hermione, en tout cas pas sur un laps de temps aussi court. C'est une relation de haine, de jalousie, de possessivité, marquée au fer rouge par ce désir malsain de détruire l'autre. Teintée par ce qui pourrait ressembler à de l'amour, qui en est peut-être -certainement- mais qu'aucun des deux ne peut accepter. Je ne conçois pas la relation de ces deux personnages autrement, voilà tout.

L'intrigue n'est pas d'une originalité subjuguante. J'ai imité la "réalité" et il semblerait que la réalité ne soit pas toujours originale; juste compliquée et tortueuse.

Cette fiction sera courte pour la simple raison que je n'ai ni l'envie, ni le besoin d'en faire toute une série. Elle aura deux, peut-être trois, chapitres.

La chanson qui m'a inspiré cette histoire et son titre est A Million Fireflies (Un Million de Lucioles) du groupe The Midway State - découvert récemment en première partie du concert d'Evanescence. Un pur bijou.

Bonne lecture!


La tombe des lucioles

Did you feel the nurse at night? She stroked and held your hand. He cried; you understand? That everything ain't always right, oh hell, it never is. You are going to die tonight like all your parents did… the way they did.

Les rumeurs s'étaient vite répandues. Dans un endroit comme celui-ci, elles étaient rarement teintées de réalisme; plutôt inventées de toute pièces par des personnes qui voulaient se mettre une histoire croustillante sous la dent afin d'oublier leur vie fade ou parfois trop épicée.

Hermione s'était décidée dès son entrée ici à les ignorer. C'était ainsi qu'elles avaient commencé à naître sur sa propre personne. "Tu sais, cette fille aux cheveux broussailleux? A ce qu'il paraîtrait, on l'aurait entendu se plaindre de maux de ventre et de nausées, elle est peut-être enceinte, qui sait?!" se transformait assez rapidement en "La Granger attend des jumeaux, et le père est le fils du cordonnier!".

Au début, dire que cela ne l'avait pas dérangé serait un mensonge. Mais Hermione avait découvert qu'avec le temps, on s'habitue à tout, et cela ne faisait visiblement pas exception à la règle.

Non, elle n'aimait pas ces ragots.

C'est précisément pour cette raison qu'elle faillit étrangler l'infirmière qui vint la déranger pendant sa pause café. La porte s'était ouverte si brutalement qu'elle avait fait tomber la tasse sur son journal... et sur elle-même.

- Docteur Granger! s'exclama la jeune fille en ouvrant des yeux exorbités. Une urgence! Vite! On raconte que...

Hermione soupira. Décidemment, elle ne s'habituerait jamais à ce qu'on l'appelle Docteur. Elle ne se considérait pas encore comme telle, n'était-elle pas encore qu'en période d'essai?

- Je ne tiens pas particulièrement à savoir ce que l'on raconte... dit-elle poliment. Vous savez comme moi Mélanie que nous sommes au beau milieu de la campagne, dans un coin on ne peut plus paisible, il n'y a jamais d'urgences extrêmes. J'ai choisi de travailler dans cette clinique en partie pour ça...

Hermione n'avait pas toujours voulu être médecin. Elle aspirait à l'époque bien plus à être professeur de Métamorphoses, de Runes, ou d'Arithmancie peut-être. Mais après les évènements de ces dernières années, elle avait tout bonnement décidé de rayer de sa vie la magie. Enfin, le monde magique en tout cas, elle n'arrivait toujours pas à se séparer de sa baguette malgré de nombreuses tentatives. C'était pour cette raison qu'elle avait continué ses études dans le milieu moldu, avant d'intégrer une petite clinique également non magique et dans un coin sans histoire. Une vie banale, vide, monotone.

Plus vraiment une vie, en fait. Mais si elle était restée là bas, sous un monde où Voldemort commençait à monter au pouvoir, elle serait morte. Et même si elle s'était de nombreuses fois posée la question de savoir ce qui était pire, son instinct de survie semblait rester dominant.

- Je ne plaisante pas! Je vous en supplie docteur Granger... C'est un jeune homme... Il est entre la vie et la mort, il.. oh mon dieu... s'il vous plait, venez vite!

- Pourquoi ne demandez-vous pas à quelqu'un d'autre?!

- Il est trop tard, ils sont presque tous partis, vous êtes la seule compétente dans notre cas... Je sais que ça ne fait pas longtemps que je suis dans le métier mais je n'avais jamais vu ça!

Avec énervement, Hermione reposa sa tasse. Pour une raison qu'elle ignorait, quelque chose la poussait à aller voir. Qu'est-ce qu'elle avait à y perdre? Quand on a plus rien, on a rien à perdre...

Avec précipitation, l'infirmière la conduisit à la chambre 483. Quelque chose alerta Hermione. Les couloirs étaient bondés, tous les employés semblaient en ébullitions, parlaient, amenaient des tubes et soins vers la chambre. Ce qui n'arrivait d'ordinaire jamais. Il devait réellement se passer quelque chose. Et ce même quelque chose lui dit que les prochaines minutes seraient peut-être décisives dans sa carrière...

Elle entra dans la pièce en respirant un grand coup. De nombreux infirmiers s'agitaient autour du lit, elle les fit s'écarter. Elle retint un frisson de dégoût en apercevant le corps sur le lit.

Rouge.

Ce fut le premier mot qui lui vint à l'esprit devant ce spectacle peu distrayant. Du rouge. La couleur lui sauta aux yeux comme pour l'assassiner, la repousser, la tenter... Du rouge, à certains endroits vif, à d'autres sombre et complètement opaque.

Du sang...

Il y avait du sang, partout, il dégoulinait, trempait les draps, salissait, souillait. Le blanc des murs et du lit ne put rien contre ce liquide malsain; il se laissa envahir et n'opposa aucune résistance.

Des souvenirs...

Des souvenirs qui reviennent en tête, un peu fragiles, mais trop résistants. Des corps. Ce même rouge, ce même sang, la mort... Trop de rouge... Trop de sang... Trop de morts... Toujours trop.

La vue d'autant de sang lui donna envie de pleurer. Peu à peu, les infirmiers se firent moins envahissants. Ils faisaient un peu plus de place à Hermione, et elle ne comprit pas pourquoi ni comment, mais elle eut soudain la responsabilité de ce malade. Même si futur mort semblait plus approprié.

Les secondes passèrent très vite. C'était un homme, voilà une des seules choses dont elle était sûre. Ses cheveux étaient d'un rouge vif à cause de l'hémoglobine mais on voyait encore des mèches blondes, presque blanches. Ses yeux étaient fermés et comme collés par le sang. Vestiges de la douleur insupportable qu'il avait dû vivre, des marques rougeâtres s'étalaient sur son corps, comme des tatouages maudits.

L'envie de vomir la prit soudainement, et ne la lâcha plus.

- Il va mourir... C'est fini; il n'y a plus rien à faire, déclara un interne avec indifférence.

Elle n'entendit qu'un écho.

- Hors de question, souffla Hermione. Il est encore en vie. On fera ce qu'on peut jusqu'au dernier moment. Jusqu'à ce que...

Elle n'arriva pas à prononcer ces mots.

Pour une raison qu'elle ignorait, le jeune homme sur le lit ne lui semblait pas totalement étranger. Elle dirait même qu'elle le connaissait cependant l'idée même était absurde. Pauvre homme... Elle ne savait pas comment tout ceci lui était arrivé, mais il était jeune, moins de vingt-cinq ans. Il devait être plutôt beau, mais pour le moment, tout ne restait que chair et hémoglobine. Il avait sans doute une femme, peut-être même un enfant. Une vie perdue; et tellement plus que ça.

La situation pouvait sembler ironique, un médecin ayant ces sentiments vis à vis de la mort... Mais Hermione ne s'était jamais remis du jour de la bataille finale. Enfin, ce qu'elle appelait sa bataille finale, celle où elle avait tout perdu. Harry. Ron. Ginny. Sa famille. Son clan. Ses idées auxquelles elle croyait.

Sa foi.

- Savez vous qui est cet homme? interrogea-t-elle en s'agitant. Comment est-il arrivé ici?

- Il a rampé jusqu'ici apparemment... Mais il devait être un peu fou, il prétendait être un sorcier en arrivant ici. Il aurait eu ces blessures avec des sorts magiques, ben voyons! Il n'a pas eu le temps de dire son nom. Il a utilisé des mots bizarres…

La jeune femme fronça les sourcils. C'était une clinique moldue; mais, et si l'homme était vraiment un sorcier? Il était vrai que ses blessures semblaient particulièrement violentes. Peut-être un peu trop pour être naturelles...

A partir de ce moment, elle perdit la notion du temps. Des secondes, des heures, ou peut-être des journées avaient pu s'écouler sans qu'elle ne s'en rende compte. S'il était vraiment un sorcier, il devait probablement être une victime des Mangemorts, et elle ferait n'importe quoi pour le sauver. Il ne méritait pas de mourir, pas de la main de ces ordures!

Au bout de nombreuses heures, il finit par retrouver un visage humain, des traits normaux. Mais son état n'en restait pas moins critique. Seule la nuit ferait la différence entre la vie et la mort.

- Il faut le laisser dormir maintenant, docteur Granger... Et vous devriez en faire autant, on verra ça demain, dit sagement l'anesthésiste. Vous ne pouvez rien faire de plus... On ne sait pas pourquoi, mais les blessures ne semblent pas s'arranger, elles ont l'air beaucoup plus profondes que...

Il paraissait à présent évident que la victime avait subi des sorts de douleur. Mais seule Hermione le savait... Peu à peu, les infirmiers s'étaient résignés. Que pouvaient-ils faire de plus après tous ces soins, sinon laisser faire le temps?

- Vous avez raison. Je vais y aller...

Hermione attendit avec patience d'être enfin seule dans la chambre. Elle s'avança vers son patient, et le regarda avec pitié... et compassion. Lavé de tout ce sang, il était beau, elle ne s'était pas trompée. Pourtant son état ne semblait pas s'arranger et son mal semblait comme venir de l'intérieur. L'homme était plongé dans un état entre le sommeil et le coma.

- Tu es beau, tu sais? souffla-t-elle en se penchant vers lui, même en sachant pertinemment bien qu'il ne pourrait pas l'entendre. Tu es jeune aussi. Tu as peut-être mon âge. Et je ne sais pas ce qu'il t'est arrivé... J'ai reconnu quelques uns des sorts dont tu as été la victime... Crucifix, Sectum Sempra, Endoloris... Est-il utile de te demander qui t'a fait ça?

Evidemment, le jeune homme ne pouvait pas répondre. Mais cela la soulageait. De parler à quelqu'un qui souffrait autant physiquement pour la même cause qu'elle moralement.

- C'est encore ces putains de Mangemorts, pas vrai?... C'est toujours eux qui font le mal de toute façon. Tu as de la chance, ils ne t'ont pas lancé l'Avada Kedavra. Quoi que je me demande si c'est vraiment une chance... Tu ne vas sans doute pas survivre à cette nuit...

Elle observa ses traits d'un air maternel. Ses cils étaient longs et sombres, étonnamment étoffés et épais. Son nez droit, sa mâchoire bien trop pointue pour être complètement masculine. Une beauté naturelle sans artifice, une beauté qu'elle avait déjà vu quelque part. Il lui rappelait tellement...

Hermione leva paisiblement la main vers son front et le caressa. La peau avait été empreinte de cette texture si particulière que laisse le sang, même après avoir été lavée. Mais cela ne faisait rien. Cela ne faisait plus rien.

- Ta femme doit avoir de la chance d'avoir un mari comme toi car tu dois être quelqu'un de réellement bon. Je le lis sur ton visage. Et elle va peut-être te perdre, à cause des Mangemorts, et de Tu-sais-qui... Tu sais, je les hais, je les hais tellement. Pour ce qu'il t'ont fait: ce qu'ils font à tous ceux qui s'opposent. Je les déteste de toute mon âme. Ils ne méritent pas de vivre, mais même la mort est pour eux un châtiment trop léger... Ils sont le mal. Ne t'en approche plus jamais. Ils pourraient te briser... Comme il m'a brisé moi.

Soudainement, elle fut prise d'un gros doute. Comme une décharge électrique qui vous traverse. Elle tourna vivement les yeux vers l'homme. Il avait les yeux ouverts. Et un regard qu'elle connaissait beaucoup trop bien. Ce n'était ni sa couleur, d'un gris fade, qui l'avait surpris, ni sa forme. Plutôt son éclat et cette lueur d'éternel narcissisme et d'ironie. C'est uniquement grâce à ça qu'elle le reconnut.

- Oh... Non... Ce n'est pas vrai... Malefoy... c'est toi?!...

Drago Malefoy était devant elle. Elle devait rêver. Ou alors…Comment avait-elle pu faire pour ne pas le remarquer? Comment avait-elle fait pour être aussi aveugle et si stupide?... Il ouvrit la bouche et une voix rauque comme celle de quelqu'un qui n'avait pas parlé depuis longtemps en sortit:

- Gr... Granger...

Elle se leva en sursautant presque. Non! Non! Pas lui! Elle refusait !

- MALEFOY! Comment as-tu osé... Je suis sûre que tu es en pleine forme, et que tu as juste fait semblant pour pouvoir me parler...

Il lui lança un regard blessé par ces accusations et elle fut sur le point de les regretter.

- Contrairement à ce que tu crois, sang de bourbe, je n'ai pas vraiment envie de te parler... Je t'en supplie... Je me suis fait attaqué par des Aurors, je... je vais mourir... alors soigne-moi avec ta magie...

Mais pour qui se prenait ce petit con...

- Malefoy... siffla-t-elle d'une voix étranglée. Tu as tué mes parents. Mes meilleurs amis. Ma famille. Avant de me détruire moralement. Alors casse-toi. CASSE-TOI!

Elle ne se rappelait que trop bien de la manière dont Malefoy avait tué ses parents. En septième année, il s'était rallié définitivement au Seigneur des Ténèbres, et avait tué comme tant d'autres avant lui. Sans la moindre pitié. Il avait tué Ron, Mr et Mrs Granger, des amis d'Hermione, et tellement d'autres inconnus qu'elle ne connaîtrait jamais. C'était encore lui, Drago Malefoy, qui avait livré Harry à Voldemort, sans la moindre compassion ou regret.

Hermione avait toujours vu Malefoy comme un petit con riche et raciste, pendant ses années à Poudlard. Mais elle avait tort. Il était tellement plus que ça.

Il était un meurtrier. Il lui avait pris ses proches, sa vie, et était devenu Mangemort. Il avait choisi son camp. Et ce n'était pas celui d'Hermione.

- Ecoute Granger, je ne t'aime pas... Mais guéris-moi, je ne veux pas mourir... Oublie la rancoeur que tu as pour moi...

- Tu te fiches de moi, espèce de salaud... Ron non plus ne voulait pas mourir. Pourtant tu l'as tué. Et de sang froid! cracha-t-elle. Et je te hais Malefoy. Tu sais quoi? Je vais te tuer. Je vais enfin pouvoir le faire! Et demain personne ne saura que c'est moi. Je ne veux même pas savoir ce que tu as fait ou ce que tu as à dire pour ta défense. Mais tu as tué ceux à qui je tenais le plus, tu es une vermine, et je ne serais heureuse que quand tu seras mort entre mes bras.

- Tu sais aussi bien que moi que jamais tu ne pourrais t'abaisser à faire quelque chose que j'ai fait. Je te connais trop bien Granger, toi et ta façon pourrie de penser aux choses: d'une manière si extrémiste.

- Tu n'es qu'un connard, trancha-t-elle en le fusillant du regard. Et si tu crois que je suis incapable de tuer, tu te trompes. De toute façon, je n'ai pas envie de te parler.

- Tu es devenue beaucoup plus grossière qu'avant, lança-t-il avec sarcasme.

- Ca fait longtemps qu'on ne s'est pas vus. La dernière fois, tu tenais le cadavre de mon père entre tes bras, je crois?

- Ta mère plus précisément.

Elle eut l'envie de se jeter sur lui, de le battre jusqu'à ce que la mort vienne le chercher, qu'il souffre, qu'il souffre, qu'il ait mal comme elle avait souffert... Que la mort lui apparaisse comme une sauveuse à côté de la douleur qu'il s'apprêtait à avoir. Les meurtriers ne méritaient rien de mieux.

Malefoy lui avait tout pris. Et plus que tout, elle haïssait ce regard arrogant sur son visage pâle encore abîmé, elle avait envie de lui griffer la face jusqu'à ce qu'il baigne dans son propre sang, le marteler de coups, tellement qu'il se mettrait à genoux pour se faire pardonner... Et à ce moment là...

- Tu n'es qu'un monstre... murmura-t-elle en se rapprochant légèrement. Tu n'as même pas idée d'à quel point je peux te détester. Si tu savais à quel point je te déteste, tu souhaiterais presque que je t'aime... Quand je te vois, tu ne m'inspires que le mépris. Avant, je l'avoue, j'avais pitié, mais c'est fini. Tu n'es qu'une enflure, une abjection. Tu ne mérites que ce qu'il t'arrive; c'est précisément pour cette raison que je vais te laisser crever. Car tu n'as pas tort, je ne te tuerais pas avec le sortilège mortel. Je préfère de loin que tu souffres. Tu n'es qu'un...

- Un quoi, sang de bourbe?

Elle avait voulu se retenir, mais c'était trop. D'un coup, elle se rua sur lui, mais hésita un instant.

- Ben voyons, s'amusa-t-il mais elle vit sur ses traits qu'il souffrait par le poids du corps d'Hermione sur lui, ses plaies étant encore à vif. Ca non plus, tu n'en es pas capable...

Il avait tort. Elle leva le poing et lui mit un violent coup au milieu du visage; il poussa un grand cri de douleur avant d'haleter. Elle vit une larme perler au coin de ses yeux. Peut-être trop de souffrance pour la même journée. Mais elle n'en avait rien à faire. Elle-même avait trop souffert pour toute une vie.

- Arrête... je t'en supplie...

Une gifle.

- Je suis fatiguée Malefoy, annonça-t-elle. Maintenant... Je vais simplement profiter de ton immobilité, je vais m'asseoir sur une chaise, dormir, et quand je me réveillerais, faute de soins, tu seras mort. Ne t'inquiète pas pour le personnel hospitalier. Un petit "Oubliettes" et ton visage leur paraîtra à nouveau complètement étranger.

Soudainement, les traits d'Hermione se détendirent, comme paisibles. Une légère culpabilité se peignit sur son visage à présent doux. Elle s'assit sagement sur le rebord du lit, et effleura des doigts le visage de Malefoy.

°°°°°°

Hermione Granger était en train de lui caresser le visage à lui, Drago Malefoy. L'étrangeté de la situation était particulièrement singulière. Drago eut envie de lui demander pourquoi elle faisait ça, lui demander de retirer sa sale main de sang de bourbe, d'arrêter de le souiller avec son toucher impur...

Sauf que ce simple contact était le plus agréable qu'il ait jamais connu.

La simple sensation de sa main, de ses doigts longs et légers contre son visage meurtri et crispé était simplement exquise. Il la pria silencieusement de continuer. Et cela lui rappela leur septième année à Poudlard. L'époque où Granger l'aimait. Granger, pour une raison qu'il n'avait jamais comprise, était tombée amoureuse de lui vers leurs dix-sept ans. Elle s'était déclarée. Il l'avait sèchement repoussé: il avait déjà choisi son camp; celui de Voldemort, et il n'autorisait pas l'amour. En aucun cas.

- Pourquoi tu dis vouloir ma mort, et être affectueuse juste après? demanda-t-il de but en blanc.

Ses yeux bruns brillaient étrangement, une lueur fougueuse, mais surtout folle.

Folie.

- Tu sais Malefoy, je t'ai aimé à un moment, souffla-t-elle avec une voix sucrée. Tu te rappelles?

- Comment ne pas m'en souvenir..

- Je t'aimais vraiment. Même si je ne te connaissais pas en vérité. Je ne sais pas comment j'ai fait pour aimer quelqu'un comme toi mais je l'ai fait. J'étais attachée à toi. Je te voyais un peu comme un petit ange déchu avec un destin qu'il n'avait pas choisi, obligé de faire le méchant à cause de l'ordre des choses. Je voulais te protéger - oui, c'est stupide, je sais. Mais je voyais en toi quelque chose d'attachant, comme une lueur d'espoir. C'est particulièrement bête à dire mais...

Il voyait flou pour une raison qu'il ne comprenait pas. Tout paraissait évanescent autour d'eux. Comme inexistant. Malgré la douleur que lui provoquait son nez cassé, il perçut une odeur agréable, chaude et enivrante qu'il n'avait pas remarquée auparavant. Un parfum de café; du café que Granger avait renversé sur toute sa robe. Oh, Granger, si seulement les choses avaient été différentes. Si seulement je ne te méprisais pas. Si je ne te détestais pas. Si tu n'étais pas aussi conne. Si tu n'étais pas adepte des monologues de merde. Si tu étais moins moche et mieux roulée. Si tu n'étais pas une saleté de Gryffondor. Si tu n'avais pas des idées toutes faites complètement débiles. Si tu avais le sang pur.

Alors, peut-être...

- Je voulais venir te sauver. T'épargner cet avenir malsain dans les ténèbres. Te sauver. Je n'ai jamais réussi. Et là, maintenant que tu es à ma merci, je vais enfin pouvoir le faire. Etre héroïque. Je vais enfin pouvoir te sauver de la mort.

Elle lui lança un regard tendre. En temps normal, il aurait trouvé ça louche, se serait plus que méfié, mais il n'y arriva pas. Il souhaita même s'il savait que c'était irréel qu'elle soit sincère dans ses paroles et ses gestes.

Quand elle retira sa main délicate de son visage, il eut envie de crier.

Granger... Avec ses cheveux broussailleux, ses yeux doux, son rictus confiant, sa lueur de bravoure au fond de l'iris... Granger, avec son exaspérante solitude, son savoir évident, ses grandes dents. Granger, avec sa manière de faire des longs discours pour ne rien dire. Granger, et sa capacité à dire les vérités les plus cruelles tout en vous regardant les yeux.

Elle lui prit la main, doucement, amoureusement, avant de lui briser le poignet dans un geste qui avait perdu toute sa tendresse. Il hurla.

- Je veux que tu te souviennes de ce dernier instant, de cette imitation d'amour, avant de mourir. Que tu saches ce que tu as perdu en choisissant la mauvaise voie. Je veux que tu te souffres. Que tu saches que je pourrais te sauver... mais que je ne le ferais pas.

Granger et son sourire qui, même brisé, restait triomphant.

Did you feel the nurse at night? She stroked and held your hand. He cried; you understand? That everything ain't always right, oh hell, it never is. You are going to die tonight like all your parents did… the way they did.

Damn me for loving you, it burns a million fireflies.


Merci d'avoir lu! Une review pour me dire si vous aimez ou si vous n'aimez pas (et surtout, ce que vous aimez et ce que vous n'aimez pas:p) serait bien sûre très bienvenue :D. Vous remarquerez que j'ai décidé de ne pas mettre la traduction des paroles car je trouve que ça perdrait trop son charme :)

Bisouilles

NalaH.