You cried all the time
Le bébé hurlait sans s'arrêter depuis de nombreuses heures et Mrs Hudson avait tout tenté pour la faire taire. Allant du biberon de lait avec une goutte de cognac dedans – John n'en saurait jamais rien, voyons ! – à la berceuse sans fin. Sa couche n'était pas pleine, elle avait mangé, elle avait bu, elle ne voulait pas dormir, et quand Mrs Hudson lui parlait elle hurlait de plus en plus fort.
Cette pauvre petite Rosie ne supportait pas d'être séparée de son père, le docteur John Watson. Il partait tous les matins travailler dans sa clinique et ne revenait que le soir sur les coups de dix neufs heures. Quand Rosie ne dormait pas, elle mangeait et quand elle ne mangeait pas, elle criait. Cela faisait déjà un mois que Mrs Hudson la gardait et elle n'en pouvait plus.
Elle savait ce que John avait dit : « Mrs Hudson, ne confier surtout pas Rosie à Sherlock, il n'est déjà pas responsable de lui-même, ne lui confiez pas la garde d'un enfant en prime », mais à ce niveau-là, elle aurait confié Rosemund à n'importe qui, même Mycroft. Et entre nous, il valait mieux Sherlock que Mycroft, non ?
Elle monta alors les marches qui la séparait de l'étage, menant à l'appartement de son locataire et toqua, essayant de faire plus de bruits que les pas du bébé :
« Sherlock ? » demanda-t-elle « Sherlock, c'est Mrs Hudson ! »
Au départ elle n'eut pas de réponse, or, elle savait que le détective était ici ! Il n'était pas sorti de cet appartement depuis une bonne semaine !
« Sherlock ? » insista-t-elle. « Sherlock, si vous ouvrez je vous rends votre crâne ! »
« Je l'ai déjà récupéré il y a deux mois Mrs Hudson » lui répliqua Sherlock à travers la porte. « je suis au milieu d'une expérience ! Laissez-moi ! »
Mrs Hudson trépigna du pied, désespérée :
« Je vous en supplie Sherlock, c'est pour John ! »
Il y eut un silence de quelques secondes et des pas se dirigèrent vers la porte. Elle s'ouvrit sur le détective en robe de chambre :
« Qu'est-ce qu'il y a ? » demanda le grand détective.
Il était cerné et Mrs hudson n'était pas sûr qu'il porte quelque chose en dessous de sa robe de chambre en satin mauve. Très féminine d'ailleurs, cette robe de chambre. Elle se demanda furtivement où Sherlock l'avait acheté, elle ferait une nuisette parfaite pour ses soirées de…
« Mrs Hudson ? » insista Sherlock. « Qu'est-ce qu'il ya ? »
La logeuse colla alors le bébé entre les bras du détective et le lui laissa :
« Je n'en peux plus Sherlock, c'est à vous de la garder maintenant. Je vais faire une sieste et je reviendrai la chercher dans une heure. » Elle regarda sa montre et commença à descendre l'escalier : « Vous pouvez bien maintenir un enfant en vie pendant une heure, non ? »
Elle n'attendit pas la réponse du détective et descendit vite les marches. Elle n'était pas bien sûr de la réponse non plus, après tout.
Sherlock regarda Rosemund entre ses bras qui pleurait à chaude larme :
« Un bébé. » constata-t-il. « Le bébé de John. » corrigea-t-il.
Il tourna les talons, Rosie dans ses bras et claqua la porte de son appartement.
Ce soir-là, quand John Watson vint sonner au 221b Baker Street, personne ne vint lui ouvrir. Peu importait de toute façon, il avait les clefs. Il pénétra donc dans le hall du petit bâtiment et alla directement toquer à la porte de Mrs Hudson, qui n'ouvrit qu'au bout de deux bonnes minutes. Quand la porte s'ouvrit donc sur la vieille femme, elle avait les cheveux ébouriffés et l'air endormie :
« John… Mais… Quelle heure est-il ? » demanda-t-elle visiblement anxieuse.
« Il est 19h30, désolé Mrs Hudson, un patient est arrivé en urgence à mon cabinet et j'ai dû le prendre avant de partir. Je vais récupérer Rosie, elle dort aussi ? »
Il vit alors sa vis-à-vis suer à grosse gouttes. Il ne paniqua pas, fort d'années d'expérience en situation de crise, persuadé que ce n'était pas aussi grave que ce à quoi il pouvait s'imaginer :
« Mrs Hudson ? »
« Je… je suis monté la confier à Sherlock sur les coups de quatorze heure. Je ne devais la lui laisser qu'une seule heure mais je ne me suis pas réveillée. » John prit un air alarmé. Oh bon sang, oh bon sang de bon soir : « Ne craignez rien John, Sherlock a dû s'occuper d'elle. C'est un bon garçon. »
« J'espère pour vous Mds Hudson ! » s'écria presque John en monta déjà l'escalier : « Non mais je rêve ! Confier MA fille à Sherlock ! » Il arriva sur le palier du premier, ouvrant la porte : « je vous avais pourtant dit qu'il ne pouvait pas s'occuper d'elle ! Il peut passer des heures à faire ces fichues expériences et ne pas calculer une seconde le monde qui… ! »
En ouvrant la porte, il vit Rosemund dormir à point fermée dans les bras de Sherlock, lui aussi endormi sur le canapé. Ils dormaient tous les deux blottis l'un contre l'autre : sur le sol trainant un biberon visiblement remplie de lait non terminé par le bébé. Le sac de Rosie était dans un coin de la pièce, sans nul doute que Sherlock était venu récupéré ses affaires chez Mrs Hudson pendant qu'elle dormait à point fermé. John vit du coin de l'œil une poubelle de fortune sur son ancien sofa où était jeté une couche sale.
Il reporta son attention sur Sherlock et sur sa fille et s'approcha doucement :
« Sherlock… » murmura-t-il. « Sherlock, c'est John. »
Le détective ouvrit un œil et blottit d'autant plus l'enfant contre lui, se redressant légèrement :
« Salut John. » il regarda Rosie dans ses bras et la lui tendit, précieusement : « Ta fille est infernale. Mais intéressante. » il dévisagea Mrs Hudson : « Tu ne devrais pas la laisser à une alcoolique passive. »
Mrs Hudson haussa un sourcil et répliqua, du tac au tac :
« Parce que c'est mieux de laisser un bébé dans les bras d'un Junkie ? »
John se tourna vers elle :
« A vous de me le dire, Mrs Hudson, c'est vous qui avez confié Rosie à Sherlock. »
La logeuse laissa échapper un hoquet et n'ajouta rien.
« Merci Sherlock. » dit John en prenant le sac de Rosie sous le bras. « Désolé de t'avoir dérangé. »
Il commença à partir et Sherlock lui répliqua :
« Ça ne me dérange pas. » commença-t-il. « De m'occuper d'elle. »
John se retourna vers lui et lui sourit. Ils se l'échangèrent se sourire et un accord en fut convenu.
C'est ainsi que Sherlock devint le baby-sitter officiel de Rosemund Watson.
