Une femme d'honneur

Henriette était une femme d'honneur, droite, honnête. Elle avait vécu la pauvreté et espérait trouver un homme qui l'en tirerait.

Elle ne demandait pas d'honneurs. Juste la dignité.

Aussi, lorsqu'elle avait rencontré le Comte de Grimani, son futur mari, elle y avait vu l'occasion qu'elle attendait depuis si longtemps. Un homme de bonne fortune, bien établi, qui lui promettait un avenir sûr et qui l'aimait et la respectait. Henriette n'était pas amoureuse de lui, mais le respectait pour ce qu'il était.

Sa rencontre avec Casanova avait tout bouleversé. Cet homme séduisant les foules et les femmes l'avait séduite elle aussi. Il s'était découvert une passion pour elle, brûlante, sincère et passionnelle. C'en était troublant, perturbant. Ses sens et son esprit étaient captivés et happés par Casanova.

Mais Henriette restait une femme de bon sens. Le train de vie de Casanova ne lui permettait pas d'entretenir une femme. Et Henriette refusait de retomber dans sa pauvreté d'antan.

Tant qu'il n'aurait pas d'argent, elle ne l'épouserait pas.

Le jour où il avait été la trouver, fou de bonheur pour lui dire qu'il était riche, Henriette avait cru son rêve de vivre avec lui se réaliser.

C'était sans compter la jalousie et le désespoir de Grimani de la voir le quitter pour un autre. L'homme s'était arrangé pour les faire arrêtés tous les deux par la garde, envoyant Casanova en prison pour des motifs qu'Henriette ne connaissait pas et dont elle se moquait.

Forcée d'épouser Grimani, éloignée de force de Casanova, la jeune femme avait pleuré de désespoir, comme jamais elle ne l'avait fait.

Elle avait eu deux enfants avec son mari, enfants qu'elle aimait. Mari qu'elle détestait sans le dire. Les mots ne sont pas toujours nécessaires. Elle avait d'ailleurs fini par faire le choix de le quitter, amenant ses enfants avec elle.L'histoire ne disait pas s'ils s'étaient revus.

C'était uniquement pour ses enfants qu'elle avait refusé l'offre de Casanova de le rejoindre, ce jour-là sur le quai.

Elle l'avait laissé partir. Il était toujours lui, beau et charmant. Sincè ce soit dans ses excès ou dans ses amours.

Ou dans son amour pour elle.

Elle ne l'avait plus jamais revu, mais l'avait veillé de loin. Lorsqu'il avait été blessé, elle lui avait envoyé une gouvernante. Elle avait tenté de prendre soin de lui du mieux qu'elle avait pu.

Elle n'avait jamais cru aux rumeurs sur sa mort. Elle s'était éteinte dans son sommeil en n'ayant jamais oublié le seul homme qu'elle avait aimé dans sa vie. Et dont elle avait transmis le souvenir à ses propres enfants.