Hellow!

Voui, je reviens avec une nouvelle histoire (en vrai, c'est une ancienne de plus d'un an que je n'ai jamais publiée et que j'ai totalement corrigée et mise au propre, mais faites semblant de ne pas le savoir!)

Cette fiction est déjà terminée et compte 4 chapitres. Je publierais donc deux chapitres par semaine.

C'est une romance assez douce en attendant une fanfic plutôt difficile que je vous concocte dans ma salle de potions tragiques *rit de son jeu de mot parce qu'elle en est fière*.

A SAVOIR :

-J'aime les fictions où nos persos préférés se connaissent depuis toujours, et celle-ci ne fera donc pas exception

-Stiles a 2 ans de plus que Derek (oui, vous avez bien lu, j'avais envie de changer un peu)

-Peter a l'âge de Stiles

- Le reste, je vous laisse le découvrir par vous-même!

Bonne lecture


CHAPITRE 1

Derek ne se rappelait pas sa vie avant Stiles. Aussi loin que sa mémoire s'en souvenait, le gars pâle aux multiples grains de beauté avait toujours été là. Il était le point central de son existence, comme un soleil autour duquel le petit gravitait, silencieux. Presque invisible.

Le fils du shérif était le meilleur ami de son oncle Peter, que beaucoup pensaient être son frère, et l'un ne faisait rien sans l'autre. De deux ans plus vieux que lui, Derek avait souvent l'impression que ses aînés étaient à des kilomètres de sa personnalité. Confiants, chamailleurs, complices, ils débattaient et se battaient, incapables de se séparer.

Derek les observait. Les enviaient. Lui était timide, renfermé et n'aimait pas les études, les jeux vidéo ou même se bagarrer. Derek n'appréciait rien de ce que Stiles semblait aimer, même s'il l'aimait tout entier. Même s'il adorait quand le plus grand lui proposait de rester avec eux. Même si Peter le lui faisait payer dès que Stiles n'était plus là.

La maman de Stiles était partie au ciel quand il n'était encore qu'un bébé. Thalia, sa meilleure amie, avait donc naturellement suggéré d'aider cet époux et ami éploré, Noah Stilinski. Shérif de tout le comté, l'homme de loi n'avait eu d'autre choix que d'accepter, au moins pour que son fils ait une vie équilibrée. Aujourd'hui, Thalia travaillait encore avec Noah, tant familialement que professionnellement.

Ils avaient trouvé un bon compromis.

Derek admirait l'enfant exubérant, joueur et un peu fou. Il admirait ce garçon plus grand qu'il avait vu presque chaque jour depuis toujours. Il contemplait souvent son visage diaphane et ses yeux couleur de miel. Il adorait entendre son rire particulier quand il battait Peter à leurs jeux vidéo et qu'ils se couraient après comme des idiots.

Ou peut-être savourait-il l'état général de Stiles, de ses danses de la victoire ridicules à ses manies et mimiques, en passant par ses bavardages continuels. Et même si Derek était d'un naturel calme et timide, le meilleur ami de son oncle ne lui en tenait jamais rigueur. En plus, il était très affectueux. Oui, Stiles glissait ses doigts dans ses cheveux et le bousculait avec son épaule. Il lui jetait des clins d'œil et lui demandait toujours comment il allait.

— Pas cette manette, tu sais qu'elle déconne ! râla Stiles.

Il balança la commande à un Peter de sept ans. Ce dernier sourit en mettant en place la console. Ils étaient tous trois dans le salon ombragé par les volets fermés.

Un an plus tôt, Stiles avait expliqué au petit qu'on voyait mieux ainsi, sans le soleil qui éblouissait l'écran. Derek retenait tout ce que le garçon plus grand lui enseignait. Il avait très peur d'oublier ses conseils. De faire ou dire quelque chose qui risquait d'éloigner Stiles. Ou pire, qui effacerait ses larges sourires et l'étincelle qui brillait dans ses jolis yeux.

— Je ne te donnerais pas la mienne, Stili, rit l'oncle, évitant de justesse le projectile.

Peter, un rictus railleur sur les lèvres, était accroupi devant le meuble télé. Il bidouillait les câbles, ses cheveux châtains lui tombant sur les tempes. Ses iris bleus glacés étaient pétillants d'amusement. Derek, assis et immobile dans le canapé, comprit qu'ils allaient encore se chamailler. Peter se tourna un peu pour regarder son meilleur copain.

— Va chier, Peter, donne-moi un truc qui fonctionne au moins ! se plaignit Stiles, incapable de se défaire de son amusement.

Dès qu'il n'y avait plus d'adultes, les deux grands se mettaient à mal parler. Derek ne disait rien, ne répétait rien. En fait, ça ne le dérangeait pas que Stiles ait ce langage. Peut-être qu'il l'admirait un peu pour ça aussi. Il les observa, comme souvent, évitant soigneusement d'interférer dans leurs batailles quotidiennes.

Derek avait pris l'habitude d'être là sans y être, et à cinq ans, il lui semblait que les deux autres étaient vraiment très grands. Moins que Laura, de cinq ans son ainée, mais bien plus que lui et Cora, qui venait d'avoir quatre ans. En fait, il aurait été logique qu'il traîne avec cette dernière, mais quand Stiles était là, il parvenait tout juste à faire autre chose que le regarder vivre.

— T'espères gagner en trichant, Peter ? Je suis sûr que même sans manette je serais meilleur que toi tellement t'es une bille !

Il se mit à pouffer, les yeux gorgés de larmes. Peter vint le secouer comme un prunier. Il lui grimpa à moitié dessus et ils se bousculèrent en faisant bouger la grande banquette.

— Cette fois, je vais te démonter, s'essouffla Peter en riant sur l'idiot hilare.

— C'est-est ça, Pit, comme en cours, hein ?! s'esclaffa Stiles, attaqué de toutes parts par les chatouilles de Peter.

— Je suis à peine derrière toi, débile !

Ils tombèrent tous deux du canapé, riant aux éclats.

— Ouais ? Bah, continues d'étudier, le psycho, se moqua Stiles en se dégageant, essoufflé et écarlate. T'sais même pas brancher une console. J'espère que tu t'en sors mieux pour pisser, mon pote !

Il s'en amusait encore bruyamment quand il se dirigea vers la télé pour faire un branchement en trente secondes chrono. Il se retourna, les deux bras en l'air. Peter, affalé par terre contre la banquette, leva les yeux au ciel face à sa position victorieuse. Puis il se tourna vers Derek et perdit tout amusement.

— Qu'est-ce que t'as à sourire, toi ?

Derek se détourna de la vision d'un Stiles mordant sa lèvre inférieure et tournoyant sur lui-même.

— Lâche-le, Peter, admets que t'es un naze et qu'Derek et moi on est des pros, coupa Stiles en revenant vers eux.

Il offrit un clin d'œil et une tape amicale à Derek qui sourit gauchement en ravalant sa salive. Stiles s'installa à côté de lui en le bousculant gentiment et Peter et lui commencèrent leur partie.

C'était toujours ainsi. Pour tout. Et comment ne pas les envier, eux qui passaient tellement de temps ensemble, à se toucher et à rire ? Derek savait, là, tout au fond de lui, que Stiles l'appréciait uniquement parce qu'il était petit et discret. Il aurait aimé être comme son oncle Peter pour que le garçon pâle et malin joue avec lui de la même façon. Pour qu'il le regarde avec les yeux brillants de joie comme il regardait son oncle. Pour qu'il le touche et le taquine naturellement. Mais parce qu'il était lui, silencieux et timide, Stiles paraissait le ménager, le protéger, ne jamais le brusquer. Derek avait peur. Peur que ce garçon qu'il admirait ne l'aime jamais autrement que comme le petit frère de Peter.

Derek vivait avec sa maman, son oncle et ses deux sœurs, dans la maison qui longeait l'immense forêt de Beacon-Hills. Ils étaient très loin de la ville à ses yeux. Il pensait souvent à combien c'était triste pour cette maison, d'être toute seule, sans une autre pour lui tenir compagnie. Lui aussi se sentait seul malgré sa famille.

Quand la maman de sa maman était morte, trois ans après la naissance de Peter, et que Thalia avait adopté son petit frère, Derek avait un an. Il ne se souvenait pas. Ni de son oncle gentil ni de son papa qui était parti un peu avant l'arrivée de Cora. Il ne se rappelait pas la vie d'avant, quand sa maman était très triste. Il savait simplement que Laura, sa toute grande sœur, lui disait que leur papa était méchant et que Thalia lui soufflait souvent qu'il lui ressemblait.

Peut-être qu'elle parlait juste de son physique, mais Derek avait l'impression que c'était plus que ça. Des fois, il se sentait abandonné. Plus que la solitude, c'était ce sentiment désagréable d'être de trop. Un indésirable qui rendait sa maman triste par sa simple apparence. Un enfant différent qui n'arrivait pas à être comme tout le monde pour se faire accepter.

Seul Stiles le regardait réellement, le comprenait peut-être.

Depuis que Peter et lui s'étaient rencontrés, ils ne s'étaient plus jamais lâchés. En plus ils aimaient tous les deux l'école. Vraiment beaucoup. Dans la même classe, ils cherchaient sans arrêt à être meilleurs que l'autre. À la maison, ils discutaient des heures entières sur l'idée d'un exercice ou d'un cours. Ils étaient tellement faits pour s'entendre.

Alors qu'à sept ans, Derek était très angoissé par la scolarité. Personne ne l'aidait pour ses devoirs. Ni Laura, qui était moyenne et qu'il soupçonnait de détester ça. Ni Thalia, trop occupée par son travail avec Noah. Ni Peter, qui aimait beaucoup qu'il ne soit pas bon. Et certainement pas Cora, dont le caractère lunaire lui laissait à penser que la petite fille n'était pas réellement consciente d'y aller.

— Tu bosses sur quoi ? demanda Stiles un matin, débarquant dans la cuisine avec une aisance propre aux habitudes.

Il regarda au-dessus de l'épaule basse du plus jeune.

— Des maths, soupira celui-ci en fronçant les sourcils devant les chiffres qui le narguaient.

— Ho, la classe, j'adore les maths. Fais voir, réclama le grand.

Il prit son cahier de brouillon et s'assit naturellement à son côté.

— Sérieux Stili, laisse-le se débrouiller, tu saouls à être toujours derrière lui, balança Peter en entrant dans la pièce aux tons rouges et blancs.

Il ne leur accorda pas un coup d'œil et se dirigea vers le frigidaire pour en détailler le contenu.

— Sois pas jaloux, Pit, ça te fait une tronche de cake, se moqua Stiles sans détacher son regard du devoir de Derek.

— Va te faire, râla l'oncle en refermant le frigo.

Il ramassa un paquet de mouchoirs qui traînait sur le meuble à côté du panier de fruits et lui jeta nonchalamment.

— Héhéhé, s'amusa le pâlot, ses yeux étincelant de malice.

— Magne-toi, ordonna Peter en passant derrière lui pour lui ébouriffer les cheveux.

Il se barra avant que Stiles ne puisse le chopper pour lui en fiche une. Ce dernier regarda Peter partir et sourit. Il se mordilla sa lèvre et finit par se retourner vers un Derek attentiste.

— On va faire tes exos, comme ça tu pourras venir jouer avec nous au basket, confia-t-il comme un secret. Alors, qu'est-ce que t'as pas compris ?

Le cœur du gamin se gonfla dans sa petite poitrine. Les yeux de Stiles étaient vraiment jolis.

Ils firent ses exercices et Derek osa à peine parler. Il l'adorait. En plus, Stiles était un bon professeur. Le meilleur.

Faire ses devoirs ensemble devint une habitude.

Stiles l'aida chaque fois qu'il le pouvait et Peter commença doucement à l'assister. Tous deux palabraient régulièrement sur la technique d'apprentissage la plus efficace.

Derek grandit, témoin de cette affinité qu'il continuait à envier malgré lui.

Il avait peur, maintenant qu'il avait neuf ans, peur que Peter et Stiles soient plus que des amis. Quand Stiles dormait à la maison, c'était toujours dans la chambre de son oncle. Derek, dans la pièce voisine, les entendait rire et se battre, jouer et parler pendant des heures. Dans ces moments-là, il n'arrivait pas à s'assoupir. Il rêvait jusque tard dans la nuit, même bien après que les deux grands se soient abandonnés aux songes. Rêvait d'être Peter et d'avoir lui aussi son Stiles à ses côtés.

Au matin, Stiles était toujours magnifique. Ses cheveux trop longs partaient dans tous les sens. Sa peau semblait tout endormie. Ses lèvres étaient enflées de sommeil, comme ses paupières sur ses yeux miel. Et il était gauche, mou et déjà souriant. Derek adorait lui faire son chocolat. Stiles lui avait dit qu'il était l'as du cacao et le plus jeune s'appliquait à le rendre toujours meilleur. Il n'y avait rien de plus beau qu'un Stiles s'extasiant à l'heure du petit déjeuner.

— Hum…, soupira justement celui-ci après une gorgée de sa nouvelle recette. C'est divin…

Il s'affaissa sur le dossier de manière terriblement sexy, un râle appréciateur s'échappant d'entre ses lèvres.

Ce son, Derek l'aima aussitôt. Ce son particulier qui courut dans ses veines et réchauffa son ventre. Ce fut la première fois que son corps eut une réaction inappropriée, là, debout au milieu de la cuisine, statufié devant la posture nonchalante de Stiles et ses paupières closes. Son sexe se mit à durcir et il écarquilla les yeux, le cœur fou. Cette peau pâle, pleine d'éclaboussures foncées, focalisa son regard alors que sa respiration se hachait. Il se sentit affreusement rougir, incapable de bouger, fixant le garçon de douze ans boire à l'aveugle et déglutir bruyamment comme s'il goutait au plus merveilleux des élixirs.

— Je veux la même chose, perça une voix grave de sommeil, sortant Derek de sa contemplation.

Il en lâcha presque la casserole. Il dévisagea Peter qui observait Stiles comme s'il allait le dévorer. Son oncle se retourna vers lui avec un sourire en coin presque vicieux, regardant l'entrejambe de Derek avant de revenir à ses yeux. Les iris bleus de Peter brillaient de raillerie et Derek se sentit minable et se déconfit sur place. Le sang quitta son visage et son cœur se pinça méchamment. Il tendit la casserole de chocolat à son parent sans plus le regarder et partit rapidement. La respiration affolée, le pouls détraqué de peur et de honte mêlées, il s'adossa au mur derrière la porte de la cuisine.

— Comment tu fais pour être canon à ce point au réveil ? entendit-il Peter demander à Stiles qui grognait sourdement.

— Les gens remarquent ma beauté aussitôt que je me tais, Pit, mais je n'y arrive que le matin, répondit Stiles en riant déjà. Où est Derek ?

Derek ferma les yeux, paniqué à l'idée que Peter dise ce qui venait de se passer. Après tout, ces deux-là se confiaient tout. Stiles allait le fuir comme la peste.

— J'sais pas, il s'est barré avant que j'arrive.

Tout en parlant, Peter tira une chaise, sans doute pour s'assoir à côté de son ami.

— Qu'est-ce que t'as encore fait ? râla Stiles en déclenchant un soupir de soulagement chez le gamin caché.

Un bruit de claque suivi d'un grognement de protestation se fit entendre.

— Mais rien ! s'insurgea Peter en lui refichant une baffe.

— C'est ça, ouais, douta franchement l'autre en le chatouillant pour le torturer.

— Putain, c'est vrai que… t'es… pl-plus beau quand tu la fermes, rit Peter dans le capharnaüm ambiant. J'ai-j'ai oublié ce que je… je te trouvais y a pas-pas cinq minutes…

Il s'étouffa en s'esclaffant et un gros boum retentit dans la petite pièce, vite suivi par les bruits d'objets embrassant le sol. Derek, apaisé, expira et se décida à rejoindre son antre en tentant de faire fi de sa tristesse.

Il repensa très souvent à ce matin particulier. À ce Stiles alangui. À ses sons agréables dont l'écho faiblissait dans sa mémoire. Seul dans le noir de sa chambre, il n'osait pas toucher son sexe durci, se contentant du frottement de la couverture qui pesait agréablement dessus. Et Stiles. Stiles emplissait sa tête d'images qui le faisaient rougir de plaisir et de honte mêlés. Maintenant, quand le jeune avait des gestes tendres à son égard, soit chaque fois qu'il le voyait, Derek retenait sa respiration et serrait les dents dans l'espoir de ne pas être trahi par son corps entrant dans l'adolescence.

À treize ans, il avait mille souvenirs de gémissements venant de l'aîné. Il faut dire que Derek avait compris que Stiles aimait la nourriture comme personne, et peut-être qu'il s'était lui-même pris d'amour pour la cuisine. À la vérité, Derek excellait dans ce domaine comme il n'excellerait jamais en cours. Il avait assez de motivation pour pouvoir l'envisager comme une passion.

Peter lui lançait de plus en plus de mauvais regards, le bousculant dès qu'il n'y avait plus de témoin. Son oncle l'humiliait continuellement sur son penchant et se rapprochait deux fois plus de Stiles en sa présence. Alors, quand plus personne ne l'observait en dehors de Derek, Peter affichait un sourire victorieux à sa seule attention. Le cadet était un peu en colère. Parce que Stiles ne voyait rien. Peter le taquinait, le touchait, s'affalait sur lui, et Stiles riait comme il avait toujours fait, le repoussait sans conviction et continuait à dormir dans sa chambre, sur le lit de camp.

— J'adore ta tignasse, lui avoua gravement Stiles un matin.

Naturellement, il passa sa main sur la nuque de Derek avant de glisser ses longs doigts pâles dans ses cheveux. Puis, comme si de rien n'était, il s'assit pour se servir un chocolat et du gâteau.

Comme si Derek ne venait pas de frôler la crise cardiaque. Comme s'il ne sentait plus son attouchement brûlant sur son crâne. Comme si son ventre n'était pas douloureusement agréable et sa queue raide comme la justice. Derek déglutit discrètement, le cœur en vrac. Il tenta de ne pas fixer l'adolescent avachi qui buvait sensuellement à sa tasse, sa gorge pâle se contractant divinement à chaque lampée. Et ces sons… Toujours ces sons… Gêné, Derek se trémoussa sur sa chaise, incapable de ne pas regarder les lèvres humides et entrouvertes d'un Stiles littéralement magnifique.

— Arrête de lui dire ça, intervint la voix rauque de Peter qui entrait à sa suite. Il va comprendre que t'es PD.

Il passa sa paume dans les cheveux ébouriffés de son meilleur ami qui secoua la tête pour le chasser. Ils étaient tellement tactiles tous les deux. Toujours en train de toucher l'autre. Peut-être que le plus jeune détestait ça.

— Je suis pas PD.

Stiles pouffa en virant la main insistante de Peter qui s'asseyait tout près de lui.

— Non, plutôt pédhétéro, railla l'oncle en riant franchement devant les yeux écarquillés de son meilleur ami.

— Je te la laisse celle-là, accepta Stiles en haussant les épaules. Même s'il existe un mot aussi simple que "bisexualité" et que ton néologisme est une merde.

À ces mots, il rebut une gorgée et gémit à moitié.

— Putain, comment tu fais ? demanda-t-il en regardant Derek de ses iris miels brillants.

Celui-ci, incapable de parler, fit un signe vague.

— Quoi que, t'es plus PD quand même, reprît Peter, mesquin.

Il arqua ses sourcils moqueurs à l'intention de son neveu figé qui s'efforçait de ne pas rougir.

— Grrrrr, grogna Stiles en le bousculant avant de mettre un gâteau entier dans sa bouche.

Derek ne put empêcher son regard de glisser sur cette bouche. Il détailla chaque miette qui collait à ses lèvres et mordit les siennes en suivant cette langue qui les chassait.

— Remarque, rien que pour le dos de Franck, je veux bien l'être, réfléchit Stiles en avalant sa bouchée. C'est pas humain d'avoir un dos pareil…

Perdu dans ses pensées il reprit un gâteau pour l'engouffrer aussi vite que le premier.

— Ouais, j'avoue, dit Peter en suivant le mouvement. Ce gars est un Dieu vivant.

— Huhu, admit intelligemment Stiles en acquiesçant vivement, la bouche pleine. Manque plus qu'un tatouage entre ses omoplates, hum.

Il avala et but ce qui lui restait de chocolat.

— Tes gâteaux sont sublimes, mec, dit-il à l'intention de Derek qui suivait le moindre de ses faits et gestes. Tout ce que tu cuisines est sublime. Je veux t'épouser.

Derek, qui écoutait religieusement la conversation tout en matant l'autre en train de se goinfrer, se figea totalement. Stiles aimait les gars. Stiles aimait tellement manger qu'il accepterait peut-être de l'épouser sans que ce soit une blague prononcée sous le coup d'une émotion culinaire.

— Tu détestes les tatouages, rit Peter en finissant son bol.

— Hum ! protesta Stiles en toussant. Pas chez les autres ! Ma peau est blanche, ce serait un blasphème que de la barioler… mais… un dessin sombre sur sa peau, là, entre ses deux omoplates parfaites…

Rêveusement, il se perdit dans ses pensées. Peter, qui tentait d'imaginer la scène, finit par approuver silencieusement.

— On est grave, rit-il en mettant une claque dans le dos de son meilleur ami qui rigolait tout autant.

— M'en fou, je veux qu'il se tatou, s'amusa Stiles en écrasant un gâteau sur les lèvres de son pote qui le repoussa en s'esclaffant.

— Admettons, mais quoi comme dessin ? demanda ce dernier en s'essuyant.

Stiles avisa les miettes devant lui et les étala correctement. Là, il commença à tracer une forme simple du bout de son doigt. Trois branches réunies à leur base et se terminant en spiral. Derek ne rêva par le regard brillant du pâlot qui lui sourit en lui faisant un clin d'œil particulier, presque trop rapide. Son cœur rata quelques battements et son souffle se coupa net.

— C'est naze ton truc ! balança Peter en le poussant.

Stiles faillit tomber de sa chaise et se releva à temps pour éviter le pire. Un rire cristallin s'échappa de sa poitrine alors qu'il s'esclaffait, le corps plié en deux.

— T'emmerde, le psycho, dit-il en virant son ami de sa chaise pour le pousser. Un dos magnifique avec ce triskèle, et je jure devant Dieu que j'me lasserais jamais de le lécher !

Comme toujours ils finirent par batailler en s'agrippant comme des gamins.

— Tu crois pas en Dieu, tête de cul.

Il le plaqua au mur alors que Stiles se débattait, essoufflé par son hilarité.

— Je crois au Dieu des tatouages au milieu d'un dos magnifique, gloussa ce dernier.

Peter le maintenait d'une poigne de fer, leurs deux corps collés ensemble.

— Ha ouais ? réclama-t-il doucement en approchant sa bouille de celle, rougie, de son ami.

— Ouais…

Sourire en coin, ses iris d'ambre humides et pétillants, Stiles mordilla sa lèvre inférieure et arqua plusieurs fois les sourcils de manière subjective. Le cœur de Derek était dangereusement proche de l'implosion. Les voir comme ça, il ne pouvait pas. Même si son corps s'échauffait divinement en s'imaginant à la place du frère de sa mère.

Tous deux l'avaient oublié. Ils se tripotaient à moitié devant lui, essoufflés, focalisés l'un sur l'autre dans cette bulle à part que Derek aurait aimé pouvoir transpercer d'un simple regard.

Quand Peter fondit sur les lèvres de Stiles, la douleur flirtait avec une excitation que Derek détesta instantanément. Ils se bouffaient littéralement la bouche devant lui et il aurait fallu être aveugle pour ne pas voir leurs langues dans cet échange chaotique. Stiles repoussait encore un Peter qui grognait à moitié, mordant son ami sans scrupule.

Derek se sentait comme une enclume, incapable de bouger ou de détourner les yeux. Leurs corps ondulaient, leurs bouches se mangeaient, leurs mains se touchaient sans douceur comme lors de ces combats auxquels ils se livraient depuis toujours.

— Alors, pourquoi tu vas pas plus loin avec moi si t'aimes les gars ? réclama Peter entre deux morsures.

Il glissa sa paume sous le tee-shirt de Stiles comme si ce n'était pas la première fois. Comme s'il en connaissait le chemin.

— Jamais, mec, expira difficilement son ami.

Il repoussa la main de ce dernier qui tentait de se faufiler sous son jeans.

— Putain… Stiles… Fais pas ta prude…

Le grognement de Peter sonnait totalement éperdu. Il avala le gémissement d'un Stiles qui continuait à tout faire pour le repousser avec ses gestes sans pour autant cesser de l'embrasser.

— Jamais, répéta-t-il en souriant dans ce baiser bâclé.

Ses hanches se plaquèrent au bassin de Peter.

— T'as Alicia et ta collection, jamais moi, promis Stiles entre deux coups de langue dans la bouche de son pote.

Derek était hypnotisé par les lèvres de Stiles. Par ses râles. Par ses gestes et cet oubli de lui-même. Il regardait les mains de Peter agripper ses hanches laiteuses, glisser dans l'embrasure de son jeans. Il avait envie de vomir et maudit son érection douloureuse. Il haïssait Peter de lui montrer ça, de répondre à ses doutes. Il aimait voir Stiles, la peau rougie, les lèvres enflées, le corps vibrant, perdu entre ses bras. Quand Peter atteint l'intérieur du pantalon, l'horreur de la situation tomba dans le cœur de Derek comme une pierre. Il se redressa comme un arc, l'envie de pleurer tiraillant sa gorge et son ventre serrés.

— ARRÊTEZ ! hurla-t-il, de colère et de douleur.

Stiles, totalement surpris, repoussa violemment Peter. Il s'essuya la bouche en fixant Derek avec des yeux écarquillés. Il peinait à reprendre sa respiration et baissa le regard en passant une main dans ses cheveux pour les frotter méchamment.

— Désolé, souffla-t-il piteusement, sa paume glissant sur sa bouille.

— Pourquoi tu t'excuses ? râla Peter avec aigreur en fusillant son neveu des yeux. C'est bon, c'est pas notre premier baiser et ce ne sera pas le dernier, Stiles.

— Mec, laisse tomber, répondit fortement Stiles.

La colère brûlait dans ses iris d'ordinaire si doux. Derek, la tête bourdonnante, partit se planquer derrière la porte. Il se plaqua contre le mur en se dissimulant totalement.

— Quoi ? C'est vrai, Stiles ! cracha l'autre en bousculant violemment une chaise.

— C'est comme ton petit frère, connard ! s'emporta celui-ci avec rogne.

Derek serra les dents et ferma les yeux de toutes ses forces.

— On n'a pas à parler de cul et se rouler des pèles devant lui !

— Mais putain ! ragea l'oncle entre ses dents. Tu passes ton temps à te chercher des excuses pour me repousser !

— On n'est pas ensemble, Peter, fulmina gravement Stiles. On sera jamais ensemble. On est des potes qui s'embrassent pour pas se coller des pains, t'as oublié ?

— Alors c'est ça, parce que j'ai dit ça un…

— Non, coupa rageusement Stiles. J'ai jamais eu envie d'être avec toi, abruti, et toi non plus. Et t'as une meuf, connard, rappela-t-il avec un sourire dans la voix.

— Connard toi-même, rit vaguement Peter. Elle embrasse comme un poulpe !

Il geignit de dépit en s'asseyant sans discrétion.

— Héhéhé, tu l'as voulu, s'amusa Stiles en s'installant à son tour.

Derek soupira, le cœur allégé à l'idée que leur dispute se soit calmée. Allégé de leur couple inexistant. Même si maintenant, ses fantasmes allaient avoir une tout autre dimension. Même si maintenant, il désirait avoir un tatouage et glisser ses mains dans le pantalon de Stiles après l'avoir préalablement collé à un mur.

Il pouvait vivre avec ça.

Il ne les revit plus s'embrasser et à dire vrai, rien ne semblait avoir changé. Stiles était toujours le même pitre qui s'intéressait à lui et emmerdait son meilleur ami plus que de raison. Peter était toujours le même connard qui lui faisait subir sa complicité avec Stiles dès que le concerné n'était pas là. Plus ils grandissaient, plus Derek devenait fou de cet adolescent attrayant qui peuplait sa vie comme ses rêves.

Cora comprenait et lui en parlait souvent. Elle détestait Peter d'être si proche de Stiles. Derek adorait sa sœur. Elle le soutenait mieux que personne, était toujours de son côté. Laura, elle, était cette grande sœur qui les observait et secouait la tête pour un rien. Si bien que son frère ignorait si elle savait, si elle approuvait, si elle avait honte ou si elle s'en fichait juste comme d'une guigne, préférant jouer les adultes désabusés.

Thalia était au courant et le regardait souvent avec inquiétude. Sans doute était-elle attristée de son unique fils complètement amouraché du meilleur ami de son petit frère…

— Il t'aime bien, dit-elle un soir alors qu'ils faisaient la vaisselle tous les deux.

— Je sais, soupira-t-il en séchant plusieurs fois la même assiette.

— Mais tu veux plus.

Elle ferma le robinet pour s'adosser à l'évier et contempler son enfant. Celui-ci grimaça en fixant les yeux francs de sa mère.

— Ça t'embête ? demanda-t-il dans un murmure.

Thalia lui accorda un sourire tout ce qu'il y avait de plus attendrissant.

— Que tu aimes un garçon ? Non, Derek. J'ai peur… que tu te fasses du mal…

Derek serra les dents et baissa le regard sur une nouvelle assiette, les sourcils froncés.

— Qu'il ne me voit que comme le petit frère de Peter.

— Noah dit qu'il parle beaucoup de toi, Derek. On sait tous les deux qu'il t'apprécie beaucoup… Mais peut-être pas comme toi tu l'aimes, souffla-t-elle en essayant d'être la moins brutale possible malgré ses mots en demi-teinte.

— Ça peut changer, dit l'adolescent en haussant les épaules, incertain d'y croire lui-même.

Pour les dix-sept ans de Peter, Thalia accepta que ce dernier organise une petite fête avec ses amis. Elle partait en week-end chez sa sœur, Ella, dans le Minnesota. Maintenant que Laura était majeure et qu'elle n'avait plus d'enfant en bas âge, Thalia pouvait profiter un peu de leur autonomie pour retrouver petit à petit la sienne. Comme tout ce petit monde, Laura semblait ravie. Quelle meilleure façon de jouer les adultes qu'en étant la seule figure d'autorité présente ?

De plus, jamais leur mère ne les avait laissés tout un week-end. À l'insu de celle-ci, l'aînée se procura de l'alcool. Être adulte, oui, mais une adulte cool adulée par des adolescents.

Ce soir-là, il y avait une vingtaine de personnes et Laura veilla à ce qu'aucun jeune de moins de dix-sept ans ne puisse boire d'alcool. Ce qui n'empêcha donc pas Stiles d'être complètement bourré. Peter aussi. Ils n'arrêtaient pas de se battre, souvent suivis de quelques potes à eux. La petite amie de Peter était très contrariée.

— Tu peux pas dormir ici, tête de gland, rit l'oncle en poussant la sangsue qu'était un Stiles éméché. Ma copine reste avec moi, dans maaaaa chammmmbre.

— M'en fou, rouspéta ce dernier en s'éloignant de son meilleur ami pour enlacer les épaules de Derek. Je dors avec Drek, infâme troublions.

La musique était assourdissante et Laura, qui aurait dû les tempérer, était à peu près dans le même état que la majorité des invités.

— Fais ça, ouais, se moqua Peter, les yeux vagues. Il va être tout chose, le tit Derek.

— Je dors avec toi, chuchota fortement Stiles à son oreille.

Derek, sobre et parfaitement lucide, en eut le ventre douloureux.

— Viens, réclama Stiles en le tirant par la manche pour l'entrainer à l'étage.


Verdict ? Bon ou dois-je me pendre du haut d'un trottoir avec du liseron en fleur ?

Bonne soirée les loupios, profitez des jours trop longs et des nuits trop chaudes

Félie