Bonjour(soir) à tous! Mon Dieu, des semaines de blanc sur Merlin et voilà que je ponds coup sur coup 3 fictions qui me tournaient dans la tête depuis un temps pas possible... Comme quoi..

Cette histoire m'a été inspirée par la profonde fatigue ressentie devant la bêtise et l'acharnement de Merlin dans cette ultime saison. Non, Mordred n'est pas un monstre! C'est seulement à cause de l'obscurantisme digne de la Grande Purge dont fait preuve notre sorcier que le petit druide au regard bleu profond (oui je l'aime) change finalement de camp. J'ai haï les scénaristes si fort pour cela.. Ce n'était pas le sorcier que j'aimais que je voyais là.. Cette fic est donc une sorte de vengeance et correction de tir mêlées, et un hommage à ce magnifique personnage qu'est Mordred, bien trop sous-exploité dans cette saison!

C'est la première fois que j'écris réellement avec celui-ci, et que je mets en scène ce duo tout cours d'ailleurs. J'espère ne pas avoir fait trop de massacre, ne me mettez donc pas au pilori si certaines choses vous semblent illogiques lol!

Cette fic est constituée de trois chapitres tous déjà écrits. Je posterai au rythme d'un par semaine, cela vous laissera tout le long de me laisser des reviews pour me donner vos avis *sourire colgate*

Assez parlé! Bonne lecture, et on se retrouve en bas pour commenter!

Disclaimer: La série et ses personnages ne m'appartiennent (malheureusement) pas. Seule cette fic est de moi, tout le reste est à la BBC.


Les prophéties sont faites pour être changées


Chapitre 1


Les bruits d'épées et de boucliers résonnaient dans les airs alors que les chevaliers tournoyaient sur la piste d'entrainement. Les corps étaient tendus et les expressions concentrées tandis que les défenseurs de Camelot s'affrontaient sous le regard critique du maitre des lieux. Arthur ne laissait passer aucune erreur, les forçant à répéter encore et toujours les mêmes mouvements et expérimenter toutes les situations possibles afin que ses hommes soient toujours prêts en cas d'attaque. La sécurité du royaume en dépendait – et au vu de ces dernières années, ce n'était pas un besoin accessoire.

Merlin ne pouvait qu'approuver cette idée. Debout à l'écart du groupe, le serviteur observait les nobles échanger des coups. Malgré les apparences, le brun n'avait rien contre les entrainements – du moment qu'il ne servait pas de cible. Un juron sur sa droite attira son attention: Gauvain avait plaqué sa main gauche sur son visage, la droite levée en un geste de défense, l'épée dirigée vers un jeune homme aux courtes mèches noires dont le regard bleu marine pétillait de moquerie.

"Hé bien, sir Gauvain, vous n'êtes plus capable de parer un simple coup de pommeau?"

La remarque provoqua des rires autour des deux adversaires. Un léger sourire aux lèvres, Mordred laissa le plus âgé se redresser avant de reprendre le combat. Loyal, comme à son habitude. Le sorcier se pinça les lèvres à cette pensée. Le druide avait rejoint le château depuis bientôt un an, après avoir sauvé sa propre vie et surtout celle du roi. Il était un exemple de courage et de générosité, et n'avait pas tardé à se lier d'amitié avec ses camarades d'armes. L'opposé complet du régicide que le magicien avait découvert avec effroi dans une vision cauchemardesque, peu de temps avant leurs retrouvailles. Depuis, les paroles de Kilgharrah hantaient son esprit, l'emplissant de froideur et de méfiance vis-à-vis de ce garçon apprécié par tous. Gaius avait beau dire, il parvenait difficilement à supporter sa présence. Sa simple vue l'hérissait, et voir Arthur se comporter avec lui comme un père le ferait le remplissait d'amertume. Mordred était sensé le tuer, par les écailles du Grand dragon!

Sensé. Il n'a encore rien fait. La même phrase vint résonner une nouvelle fois silencieusement en lui comme à chaque fois que ce sujet revenait, lui faisant resserrer la prise de ses bras autour de son corps. Morgane non plus n'avait rien fait au début; cela ne l'avait pas empêchée de les trahir et rejoindre Morgause. Parce que tu lui as menti, crétin. Parce que tu n'as pas eu assez de courage pour lui révéler tes pouvoirs, et que tu as voulu la tuer. Fichue morale qui lui rappelait sans discontinuer son erreur. A l'époque, il n'était qu'un adolescent inexpérimenté qui ignorait comment gérer une telle situation; il avait tenté de bien faire, dirigeant la pupille vers les druides et l'assurant de son soutien. Cela n'avait pas suffit, mais était-ce la faute de la jeune fille? Au fond de lui, Merlin savait que non. C'était la sienne. A se taire et refuser d'assumer ses pouvoirs, l'ami du prince avait joué avec le feu, et c'est le royaume qui en avait payé les conséquences. Plus grand sorcier de tous les temps, tu parles.

C'était ce souvenir amer qui l'emplissait de doutes quand il fixait celui qui avait été un petit garçon au regard doux et rêveur. L'image de l'enfant à l'expression haineuse alors qu'il se redressait de sa chute provoquée par l'homme sensé être son protecteur ne l'avait jamais quittée, le rongeant depuis des années. S'il n'avait pas été aussi stupide, s'il avait suivi son cœur... Rien n'est écrit dans la pierre, Merlin. Tout est une question de choix. Cela avait été la première chose que le médecin de la cour lui avait enseignée, et depuis son élève faisait tout pour suivre ce précepte. C'était en s'appuyant sur ce dernier qu'il avait aidé Arthur à devenir le grand roi que le blond était aujourd'hui, cela avait toujours été sa base sur laquelle s'appuyer, vers laquelle se tourner en cas de doute. Mais le temps et les épreuves avaient fissuré cette confiance en les Hommes, meurtrissant son cœur et le laissant rempli de peur et méfiance. Faire confiance ne l'avait jamais conduit qu'à perdre les êtres aimés, soit parce qu'ils mourraient, soit parce qu'ils se retournaient contre lui.

Est-ce pour autant que tu dois condamner Mordred? Il n'a rien fait. Et encore et toujours la même question. La prudence lui dicterait que non, que le garçon était un danger à éliminer, qu'aucun risque ne devait être pris. Mais agir ainsi, n'était-ce pas attaquer sans preuve? On ne devait accuser que sur des faits, n'est-ce pas? C'était la source même de toute justice, celle que rendait Arthur. Et les faits hurlaient que le chevalier était loyal au souverain: combien de fois l'avait-il défendu, recevant des attaques à sa place? Le druide avait même manqué en mourir quelques mois auparavant. Il a quitté Morgane, il a enfoncé son poignard dans son ventre pour nous sauver. C'est suffisant, non? Merlin se mordilla la lèvre, ne sachant que répondre à cette pique plus que bien placée. Le sorcier avait parfois l'impression que c'était son jeune lui qui lui parlait dans ces moments, aussi fou que cela pouvait paraitre. Comme si le fils d'Hunith plein d'espoir et rayonnant de sourire existait encore malgré toutes les horreurs endurées. C'est le cas. Je suis là, tout au fond de toi. Je sais que tu as peur, que tu as souffert, mais blâmer ce petit sur la base de ce qu'il pourrait faire, et non ce qu'il a fait, c'est agir comme Uther Merlin. La comparaison le fit frissonner violemment, alors qu'il secouait intérieurement la tête; il n'était pas comme le père d'Arthur. Mais tu te comportes comme lui. Ce n'est pas pareil, répliqua férocement le brun. En quoi? La voix s'était faite plus sévère.

Oui, en quoi? Les pupilles au bleu toujours aussi brillant malgré les années passées vinrent se poser de nouveau sur l'objet de ses pensées, occupé à esquiver les attaques d'un Gauvain déchainé. Peut-être se fourvoyait-il sans le vouloir? Peut-être était-ce lui qui risquait de pousser Mordred dans le mauvais camp à force de le repousser? Tant d'hommes de bien étaient passés chez les ténèbres à cause d'attitudes comme la sienne. Est-ce qu'il était en train de commettre une erreur, à rejeter son cadet? Parle-lui. Lui parler? Mais pour lui dire quoi? Explique-toi avec lui. Répare ce que tu peux tant qu'il en est temps, ne commet pas une erreur identique à celle de Morgane. Regarde ce que ta peur a déjà provoqué. La main de Merlin vint frotter machinalement son bras, en un geste naturel de stress. Son cœur battait la chamade à l'idée de s'ouvrir au supposé traitre. Le risque était énorme, les conséquences pouvaient en être désastreuses, mais il était si fatigué de se méfier continuellement... Peut-être cette fois serait la bonne. Parler à Mordred, tout lui raconter, sans rien omettre, reconnaitre ses torts et voir comment ce dernier réagirait. Combien de fois le valet avait-il poussé son meilleur ami à agir ainsi? Son ventre se serra en constatant soudainement à quel point l'idée lui était difficile. A bien y réfléchir, il avait perdu bien plus qu'il ne l'aurait cru. Comment le druide pouvait-il seulement supporter sa haine évidente? Qui aurait cru qu'il se changerait ainsi en un être si froid et sûr de ses convictions au point de rejeter toute hypothèse d'erreur? Certainement pas lui. Le jeune homme déglutit. Laisser son orgueil de côté et trouver le courage d'aller parler à l'enfant de l'Ancienne religion avant que sa soudaine bravoure ne disparaisse et que lui-même ne se renterre de nouveau dans son mutisme. Une chose si difficile pour un être brisé comme lui.

Perdu dans ses pensées, le magicien ne s'était pas rendu compte que l'entrainement tirait à sa fin. Ce furent les rires et le changement soudain d'atmosphère qui le ramenèrent à la réalité. Il se hâta d'aller aider le roi à retirer son armure, jetant un regard discret au plus jeune du groupe qui discutait avec Léon et Gauvain.

"...'ger mon armure."

La voix de l'homme aux boucles blondes le fit tressaillir, alors qu'il réalisait que ce dernier lui parlait. Clignant des yeux, le serviteur se contenta d'hocher machinalement la tête, l'esprit tourné vers toute autre chose. Son maitre fronça les sourcils devant son manque de réaction.

"Merlin?"

Celui-ci sursauta.

"Sire?

"Tu manques de sommeil ou quoi? Tu es totalement ailleurs."

L'intéressé ne répondit pas tout de suite, tournant la tête vers l'endroit où se trouvait l'instant auparavant le cadet des chevaliers, mais ce dernier avait disparu.

"Merlin!" Le ton d'Arthur s'était fait exaspéré. "Qu'est-ce que tu as, bon sang? Tu n'écoutes rien!"

"Pardon", marmonna ce dernier, plus par réflexe qu'autre chose.

Le souverain roula des yeux. C'était officiel, quelque chose n'allait pas. Son camarade ne s'excusait jamais quand cela concernait leurs taquineries. Mais avant qu'il n'ait pu davantage l'interroger, le fils d'Hunith s'enfuit littéralement sous son regard ahuri, les bras chargés de l'armure, à la recherche du druide.