Prologue : l'Insoumise

Prologue : l'Insoumise

« En l'an de grâce 1314, les patriotes d'Ecosse, affamés et inférieurs en nombre, chargèrent dans les prés de BannockBurn.
Ils se battirent en guerriers-poètes, ils se battirent en Ecossais et conquirent leur liberté ! »
Mel Gibson, William Wallace, Braveheart

Le jeune homme courait comme un véritable fou, il courait à en perdre haleine. Devant lui, défilaient à toute vitesse les piliers gelés de ce long couloir, menant au trône. Un couloir qu'il ne connaissait que trop bien ! Il y avait maintenant presque dix huit ans, il avait participé aux travaux de rénovations entrepris après la bataille des deux sanctuaires. Il avait alors été chargé de la création de statues importantes, telles Siegfried ou bien encore Hagen. Mémoriaux rendant hommage aux héros s'étant sacrifiés, martyr pour Asgard mais aussi pour la Terre. Dans le hall de la Mémoire ils se retrouvaient ainsi tous réunis. Siegfried, Hagen et les autres guerriers divins mais aussi Seiya de Pégase, Shun d'Andromède, Hyoga du Cygne, Shiryu du Dragon et Saori, réincarnation d'Athéna. Depuis peu on pouvait également venir rendre hommage à la grande prêtresse Hilda. Un peu plus reculée, on pouvait même apercevoir celle d'Alberich dans le fond de la salle.

La sueur perlait sur son visage, il avait déjà parcouru plusieurs kilomètres pour rejoindre le palais le plus prestement possible. Arrivé à l'entrée, il avait même jeté les gardes au sol afin ne pas perdre davantage de temps. Et maintenant, enfin, il voyait devant lui l'immense porte de la salle du trône. Il poussa la porte glacée d'un coup d'épaule vif, si violent qu'il sentit son épaule se briser à son contact, mais il ne marqua même pas un temps d'arrêt. Il se retrouva alors dans une salle gigantesque, magnifique, bercée par une douce lumière. Il se dégageait une telle chaleur de cette pièce ! Malgré les températures extrêmes de l'extérieur, le froid ne semblait pas avoir prise ici. Les murs étaient ornés de tableaux aux cadres givrés et des tapisseries venant du monde entier. De belles sculptures de glace paraient cette pièce ovale. Des sculptures représentant de beaux bouquets de fleurs, de petits animaux des forêts ou encore de petits oiseaux. Le sol était recouvert de somptueux tapis aux couleurs ternes pour ne pas trop capter le regard des visiteurs et ainsi les laisser admirer les différents chefs-d'œuvre de la pièce. Il s'approcha de la reine. En sa présence le jeune homme fut soudain apaisé, sa fatigue dissipée, sa blessure à l'épaule soignée. Son cœur fut soudain rempli d'une étrange liesse, il se sentait soudain si heureux, tous doutes, toutes craintes avaient disparu.

« Qu'y a-t-il Brand ? » Quelle voix si douce, si emplie de compassion et d'amour. Il se dégageait d'ailleurs tellement de bonté de la reine. Tout le monde l'adorait.

« Dame Flamme, l'émissaire Rhadamanthe est arrivé sur la côte. Il vous demande céans. »

Rhadamanthe s'était arrêté là ! Là où jadis les guerriers divins et les chevaliers du zodiaque s'étaient confrontés pour la première fois. Un lieu ô combien symbolique. Il était accompagné d'une vingtaine de spectres dont ses deux fidèles lieutenants imposés par Hadès. Morgane de la Fée de l'Etoile Céleste de la Magie, en qui Rhadamanthe avait toute confiance et Fuma du Mangwa de l'Etoile Terrestre Terrifiante. Ce dernier inspirait le dégout et la peur même parmi les spectres. Cet homme noir était si maigre, il n'avait vraiment que la peau sur les os, les doigts crochus et pourvus de longues griffes, le corps couvert de cicatrices, les yeux entièrement noir. Il aimait voir le désespoir de ses ennemis se refléter dedans comme dans un miroir. Ses hanches fines portaient de nombreuses têtes de morts autour de sa ceinture. Personne n'osait jamais se frotter à lui, et son mutisme quasi permanent n'arrangeait rien à cette situation.

« Pensez-vous que la nouvelle prêtresse continuera d'honorer l'accord conclu entre Hilda et le seigneur Hadès, maître ? »

« A-t-elle vraiment le choix ? » répondit Rhadamanthe le sourire aux lèvres.

« Non, si elle est un tant soit peu intelligente alors elle agira comme sa sœur avant elle. »

Depuis la fin de la dernière guerre sainte, il y avait dix huit ans, Asgard avait juré obéissance à Hadès. Lors de l'affrontement final entre celui-ci et Seiya, accompagné de ses compagnons, le dieu de la mort avait réussi à survivre, condamnant ainsi les chevaliers de bronzes et Saori à un sacrifice inutile. Hadès dut son salut à l'intervention inopinée de son frère Zeus, roi des dieux. Ce dernier, bien que ne portant pas Hadès dans son cœur, refusa qu'un autre de ses frères périsse de la main impure des humains. Il stoppa dès lors l'ultime éclipse et laissa le Terre aux bons soins d'Hadès. Ce dernier reconnut aux humains, leur courage. Il décida donc d'asservir l'humanité en lui laissant le droit de vivre son quotidien. Chaque homme se devait de vouer un véritable culte au dieu des morts, de travailler pour lui et d'organiser des sacrifices en son honneur. Le monde sombra dans ses heures les plus noires. La moitié de la population fut rapidement décimée. Les derniers chevaliers furent abattus en un rien de temps après que Hadès eut ressuscité ses spectres.

Le seul pays épargné fut le royaume d'Asgard, Hadès n'ayant en effet aucun pouvoir, aucune emprise sur Odin, et ne voulant pas que la fonte des glaces détruise sa planète. Asgard fut dont sauvée en échange des prières de la prêtresse et le fait qu'il n'y ait aucun chevalier en ses terres, jamais. Hilda avait accepté pour le bien de son peuple mais aussi pour le reste de la planète, que chacun puisse espérer. L'espoir restant la seule fondation de l'humanité ! Se dire qu'il existait encore un lieu paisible, sans douleur et sans sacrifice, Asgard !!

Asgard vécut donc en paix durant un peu moins de dix huit ans. Hilda fut emportée par une maladie foudroyante, laissant son peuple dans une tristesse incommensurable. Ce fut Flamme qui lui succéda. Elle était tout autant aimée par le peuple d'Asgard. Douce, gentille, si aimante comme Hilda. Mais avec quelque chose de plus, quelque chose qu'elle avait acquis lors de sa rencontre avec Athéna ; L'insoumission !