On y est. J'ai tellement redouté ce moment que je suis pétrifiée. Je sens les larmes couler le long de mes joues, et pourtant je ne fais rien pour les essuyer ou même les retenir. Je prends une longue inspiration et trouve le courage de fixer ma grand-mère. Les mots s'égrainent rapidement de mes lèvres, j'ai peur. Peur qu'elle me rejette, et je détourne le regard. C'est si dur, j'ai l'impression de la décevoir à chaque mot. Les paroles semblent être un poignard qui lui transperce le cœur. Je peux lire sa peine sur les traits tirés et froids de son visage. Alors, je faiblis et ne peux lui dire toute la vérité.
J'ai ces sentiments pour… Brittany. Je ne peux pas aller contre. C'est pour cela que j'étais toujours en colère. Je ne voulais pas les regarder en face. Mais… Je m'accepte, je suis comme ça.
Sa colère est intense et son rejet total. Mon cœur se brise, et je sais que c'est fini. Que plus rien ne sera comme avant. Je vois dans ses yeux qu'elle ne me reconnait pas. Comme si cet aveu avait tout brisé. Si seulement elle savait…
Lui dire qu'il s'agissait de Brittany était plus simple. Pour ma famille, Brittany était une jeune écervelée. Une fille qu'on protège et qu'on adore pour son côté décalé. Même si c'était difficile à appréhender, je savais qu'ils espéraient tous que ce ne soit qu'une phase. Qu'une expérimentation de jeunesse. La réalité aurait été trop difficile à assumer…
Leur dire que celle j'aime est Quinn, changeait tout. Car avec Quinn, cela prenait une dimension réfléchit, cela devenait une véritable liaison. Et ça l'est…
L'entrée au lycée avait donné lieu à un choc prévisible entre la perfection d'une école privée et la chaleur des quartiers difficiles. Elle régnait sur son petit monde, j'étais un poison. Ma langue ne connaissait aucun répit quand il s'agissait de taquiner ou de blesser les gens. Elle était une garce manipulatrice, la confrontation était inévitable. Et pourtant…
Tout à commencer le jour de la sélection des Cheerios. Même si nous n'étions au lycée que depuis deux semaines, je connaissais son nom et sa réputation. A mon passage, j'avais vu ses prunelles braqués sur moi, et surtout cet air détaché. Tout a commencé ce jour là.
Après notre passage, le coach Sylvester nous avait autorisés à utiliser les vestiaires. Je sentais le regard de Quinn Fabray sur ma nuque. Aussi dérangeant que le bruit d'un moustique un soir d'été. Je me suis retournée pour lui faire face.
Qu'est ce que tu mattes miss perfection ?
Rien justement. Même pas une once de talent.
Si je suis aussi insignifiante, je ne comprends pas pourquoi tu reste les yeux rivés sur moi.
Je te regarde juste une dernière fois, avant de t'ignorer à jamais. Car il est clair que tu n'as pas ce qu'il faut pour intégrer l'équipe.
Une autre blonde s'invita dans la conversation.
Vous saviez que les disputes favorisent le réchauffement climatique ?
Quinn Fabray me lança un regard interloqué. J'éclatais d'un rire franc avant de hausser les épaules. La blonde se présenta.
Brittany Spears, mais vous devez connaitre mon émissions FonduForTwo !
Ce fut au tour de Fabray d'éclater de rire avant de se présenter. Je fis de même. Brittany était tellement spontanée et drôle que notre sortie du vestiaire, toutes les trois riant aux éclats, étonna tout le monde. Brittany était le ciment de cette amitié naissante. Elle avait cette fraicheur qu'aucune de nous n'avait dans nos courtisans respectifs. Elle rendait la présence de Quinn supportable. Mais même Brittany n'a pas réussi à faire de miracle. Les heurts entre Quinn et moi étaient d'une violence à peine croyable. Nos égos nous empêchaient de nous réconcilier rapidement et nos mots étaient d'une dureté infâme. Au cours de cette première année, Quinn s'est rapidement mise en couple avec Finn Hudson, jeune joueur prometteur qui deviendrait très certainement le quaterback en deuxième année. C'était malin, mais le sacrifice était grand. Il était gentil et naïf, elle était froide et manipulatrice. Elle avait une sincère affection pour lui et le défendait toujours face à mes propos peu flatteur, mais elle ne l'aimait pas. J'ai longtemps cru qu'elle n'était pas capable d'aimer. Ce n'est que quand j'ai vu son regard sur Beth que j'ai compris que sa carapace avait des failles. Quand elle a jeté son dévolu sur Finn, je suis sortit avec Puck. Entre nous c'était plutôt une relation sans lendemain, qui reprenait chaque semaine. C'était chaotique, mais ça me convenait. Tout à changer un soir, après l'entrainement.
Hey Fabray ! Active, je ne suis pas ton chauffeur.
Je déteste quand tu m'appel comme ça ! J'ai l'impression d'être ma mère !
Madame Fabray, votre chauffeur n'en peut plus d'attendre ! Aller magne toi !
Je préfère largement quand c'est Brittany qui me ramène ! Elle au moins à un peu plus de pati…
Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase, Santana avait débarqué dans les douches. Par réflexes, Quinn se couvrit les seins et le bas ventre.
S'il te plait Quinn ! Je t'ai déjà vu nue ! Aller ! Dépêche ! Je dois retrouver Puck au Bredsticks.
Ok, ok ! Mais… Qu'est ce que tu fais ?
Je te frotte le dos, je gagne du temps.
Quinn éclata de rire et se laissa faire. Une fois fini, Santana recula et la laissa se rincer. Quinn ne pu s'empêcher de la taquiner.
J'ai senti ton regard sur mon corps. Ou devrai-je dire, mes fesses.
Et ?
Jalousie ou envie ?
On en a déjà parlé. Je ne sais pas. Baiser avec Puck c'est pas mal, mais je sens que ce n'est pas ce qu'on doit ressentir quand on fait « l'amour ». C'est peut être simplement parce que je ne l'aime pas.
Je répète, jalousie ou envie ?
T'es vraiment chiante ! A choisir je dirais envie.
Alors embrasse-moi et tu seras fixée. Si tu aimes, c'est que ton corps est fait pour celui d'une autre femme.
Elle connaissait assez bien Quinn pour savoir que tous les fondements religieux qu'elle semblait incarner n'était que de la poudre aux yeux. Qu'un soyeux vernis pour cacher une vraie garce. Mais elle sentait qu'à ce moment précis, Quinn voulait l'aider.
Couvre-toi d'une serviette au moins. Si ça me plait, je ne voudrais pas être accusée de viol.
Toi alors !
Néanmoins, elle se couvrit le corps et s'adossa contre le carrelage blanc et glacial. Un sourire malicieux apparut sur le visage de Santana quand elle plaqua ses mains contre le carrelage, de chaque côté de Quinn, comme pour l'empêcher de fuir. Elle s'approcha lentement. Son cœur battait à tout rompre. Et si elle aimait ça ? Et si elle aimait les filles ? Et si…
Elle fut interrompue dans ses pensées par le contact avec les lèvres de Quinn. Elle avait les lèvres douces et fraiches. Santana sentait son cœur s'emballer et une douce chaleur se diffuser dans son corps. Elle recula et poussa un léger soupir d'aise. Quinn la fixait étrangement.
Non, avec un baiser aussi chaste, tu ne peux pas en être sure Santana !
Quinn l'attira à elle et l'embrassa. Elle força légèrement pour approfondir le baiser et Santana la laissa faire. La langue de Quinn était d'une douceur troublante. Elle avait des picotements dans tout le corps et ne voulait pas que le baiser s'arrête. Quinn s'éloigna et la fixa.
Alors ?
…
Je vois à ton visage que tu as aimé.
Oui.
Elle baissa la tête et Quinn la releva.
Ce n'est rien. Si ça peut te rassurer, je ne pensais pas que tu embrassais aussi bien. Ca m'a aussi fait un peu d'effet.
Un peu… Moi, j'ai réellement apprécié. Je suis perdu… Merci Quinn.
Ce n'était pas le but. Ca fait un moment que je t'observe et ton regard sur les filles est très insistant… Je voulais juste t'aider.
Ca ne m'aide pas Fabray !
Arrête Lopez !
Aller rhabille toi ! On décolle.
