Je voulais participer, il y a quelques années, au sein d'un chouette forum, à un challenge : le traditionnel calendrier de l'aven, sans chocolats, mais avec plein d'histoires ! Mais bon, déjà que je mets plus de trois ans à finir une petite histoire, bien évidemment écrire 24 petites histoires en quelques mois est irréalisable pour moi. Donc, on ne s'emballe pas ! J'ai quelques histoires sous le coude, certaines qui datent, d'autres plus récentes, mais pas 24, nope ! Cependant je n'aime pas laisser un travail inachevé : donc je les posterai au compte-goutte, jusqu'à ce qu'on arrive à 24, mais malheureusement pas avant Nowel (honnêtement on serait chanceux/se si elles sont toutes finies avant Noël prochain...).

Celle-ci date un peu, il se peut donc que certains l'aient déjà lu ailleurs. Sur ce, j'espère que cela vous plaira ! Bonne lecture :)

Kilomètres

Les secondes semblaient défiler aussi vite que le paysage glissait sur la fenêtre du train. Et à mesure que ce dernier courait sur ses rails, Rachel regrettait sa décision : Elle aurait dû prendre la voiture.

Certes, elle serait morte affreusement défigurée dans un accident tragique, une de ces collisions mortelles et sanglantes, sa carcasse rôtissant dans les flammes, les os écrasés par une camionnette aux freins défectueux ou par le pick-up d'un vieil ivrogne cherchant à se suicider. Ou elle aurait été enlevée, kidnappée dans le braquage d'une pompe à essence miteuse, et emmener au loin, oubliée et mutilée dans des bois humides et lugubres qu'elle hanterait en chantant. Car, bien évidemment, une femme aussi dramatique qu'elle ne pouvait envisager aucune fin joyeuse à être lâcher seule sur une route dont elle ne connaissait rien, au volant d'une voiture de location surement défectueuse : ce serait affreusement banal. Et Rachel Berry n'était pas banale. Tout ça n'aurait donc pu que finir mal. Même si s'il ne s'agissait que d'un trajet de 2h et de 160km environ. Et dans une région aussi peuplée et civilisée que pouvait l'être celle s'étalant entre New York et New Haven.

Mais là n'était pas la question, puisque de un, elle n'avait pas les moyen de louer une voiture un mois, et de deux, en voiture, elle n'aurait jamais pu être à l'heure. Alors voilà, il ne lui restait comme solution que de prendre le train, n'est-ce pas ? En soit, ce n'était pas bien tragique. Et elle avait bien un abonnement, non ? Après tout, elle était un peu sur la corde en ce moment, et elle ne pouvait pas toujours demander à ses pères, et il fallait bien qu'elle l'utilise un jour, c'était un abonnement à l'année et il ne restait plus que deux mois maintenant avant qu'il n'expire, ça aurait été du gâchis… Oui mais voilà, maintenant elle se sentait coupable…

Les minutes couraient à toute vitesse, elle n'était plus très loin de New Haven maintenant, le trajet était assez court.

Elle allait mourir ! C'est certain, qui essayait-elle de convaincre ?! Mais à quoi elle avait pensé ?! Elle aurait mieux fait de prendre la voiture ! Elle serait morte quand même mais, au moins, pas de la main de Quinn. Elle aurait été déchiquetée dans un accident, ou torturer puis assassiner et pire encore par un psychopathe, certes. Mais là, à l'instant, tout ça semblait bien moins terrifiant que Quinn l'attendant à la gare de New Haven, prête à lui demander des explications. Parce Quinn allait le savoir, c'est sûr ! Quinn sait toujours tout, elle trouve toujours un moyen de découvrir ce qu'on lui cache. Nom de nom, mais qu'est-ce qui lui avait pris d'utiliser l'abonnement qu'elle lui avait donné ?! Bêtement elle s'était dit que puisqu'elle n'avait plus de nouvelles de l'ancienne HBIC depuis des mois (pas qu'elle en ait donné non plus de son côté, mais ce n'était pas ça l'important), puisque la blonde ne s'était pas donnait la peine de venir la voir non plus, alors ce n'était plus qu'un simple abonnement qu'elle devait se dépêcher d'utiliser…. Et non pas un cadeau de Quinn. Cadeau qu'elle lui avait offert pour qu'elles restent en contact.

Et cadeau qu'elle venait d'utiliser. Sans la prévenir. Et même pas pour lui rendre visite. Grossière erreur…

Elle y avait pensé pourtant, un instant, à l'appeler et la prévenir qu'elle allait vivre quelque temps à New Haven. Elle y avait pensé : c'était une bonne raison pour se revoir après tout. Elle devait y rester entre trois semaines et un mois et ce serait à proximité de la fac. Elle pouvait même utiliser l'argument des études : après tout, la comédie dans laquelle elle avait été retenue comme second rôle se voulait historique et bien référencée, en échos au siècle victorien. Elle avait été co-écrite et partiellement mis en scène par l'un des professeurs de théâtre de Yale…

Oui, elle aurait pu. Mais quand elle était rentrée ce soir-là, ivre de joie d'être enfin prise dans une comédie, même si ce n'était pas à Broadway, et même pas à NY, même si ce n'était pas un premier rôle et qu'ils ne se représenteraient qu'une semaine, et elle ne voulait même pas parler du salaire… Elle aurait pu vraiment : elle s'était glissée dans leur appartement tranquillement, quelques heures à peine après qu'elle ait appris la nouvelle, en tentant de garder son calme si elle voulait faire la surprise à ses colocataires…Un peu trop calmement peut-être au final. Son arrivée était passé inaperçue : Kurt regardait une énième ânerie à la télévision et discutait de temps en temps avec Santana, assise à côté de lui sur le canapé, occupée à Skyper avec Quinn…justement. Rachel avait refermé la porte tout aussi tranquillement et avait rejoint Brody et un ami à lui au CallBack, histoire de fêter un peu son audition réussie. Elle savait totalement que sa réaction était puérile et futile, de vouloir les punir pour avoir froissé son égo en ne les mettant au courant qu'au dernier moment. Mais Brody avait été étonnement courtois, et elle avait beaucoup ris avec le barman, et après quelques verres elle avait appelé ses pères, couinant de joie avec eux. Ils lui avaient promis de monter à NY en fin de semaine afin de la récompenser d'une soirée « real Broadway ». Et en rentrant, tôt le matin, elle n'avait plus cette rancœur.

Mais elle avait quand même décidé de ne pas leur en parler : si d'autres personnes continuaient de la féliciter, elle allait certainement finir par complètement déraper en Diva mode. Ils n'avaient même pas encore commencé les répétitions, il valait peut-être mieux qu'elle garde cette angoisse du « ce n'est pas possible, ils se sont trompés, c'est une erreur, je ne suis pas assez bonne » qui l'avait assez souvent poussée à donner le meilleur d'elle-même. Et pour cela, mieux valait éviter que trop de personne lui dise qu'elle était géniale et qu' « elle était faite pour ça et allait tout éclater ».

Au final, elle n'avait rien dit, et rien dit à Quinn, et avait utilisé cet abonnement de malheur pour n'avoir ni à payer le transport quotidien ni une chambre tous les soirs. Elle se lèverait juste plus tôt le matin et se coucherait plus tard le soir, et puis les soirs de représentation…eh bien elle aviserait. Elle avait encore un peu de temps d'ici-là. Il était donc totalement inutile de s'inquiéter comme ça. Elle ne pouvait pas être au courant. Et même si elle l'était, pourquoi viendrait-elle donc s'embêter à la tuer lentement ? Elle restait Quinn, et elle, eh bien elle n'était que Rachel. Voilà, pas de quoi se ronger les sangs. Elle continua pourtant à doucement préparer sa mort durant les quelques kilomètres qu'il lui restait à parcourir. Et ne se résolue à descendre du train que lorsque le contrôleur la jeta dehors. Pas de Quinn sur les quais. Soulagement ou déception, Rachel n'eut pas le temps de se questionner puisque l'horloge de la gare lui indiquait qu'il lui restait tout juste cinq minutes pour se rendre sur les lieux de répétition, et après… tout cela finit par lui sortir de la tête.

Oui mais voilà, quand, lors de leurs derniers jours de représentation, Quinn se tînt bien droite, en face d'elle, applaudissant avec les autres spectateurs de la petite salle, son visage illisible et le regard vissé à celui de Rachel, celle-ci sut qu'elle aurait dû venir en voiture. Ne serait-ce que pour s'enfuir à des kilomètres de la blonde.