Comme toujours les personnages ne m'appartiennent pas mais l'histoire oui.
Merci à Sakura de m'avoir corrigé en intégralité et merci pour ses encouragements.
Chapitre 1 : La peur
POV Harry
Je repose l'article que je viens de lire, encore une journée où la une ne parle que de morts, de tortures, de souffrances. Je ferme les yeux dans le vain espoir que peut-être le flux d'images qui me traversent pourrait s'évanouir. Cet effort ne mènera à rien, je le sais, j'ai souvent essayé pour toujours finir par abandonner.
Trop longtemps que cela dur, trop de morts pour un combat qui aurait dû être fini depuis bien des années. Toutes ses responsabilités qui m'incombent alors que je n'ai jamais rien demandé, toute cette rage qui me submerge quand le désespoir s'efface pour mettre la réalité à jour, je sens mes dernières défense se briser, s'amenuiser alors que tant de choses reste à faire.
Cette année devrait être la dernière qui m'accueille dans cette école, cette année devrait être celle où tout ce joue, seulement j'ai l'impression que tout s'est joué il y a bien longtemps pour moi, m'a t'on seulement laissé le choix, au moins une fois ?
Je regarde le dortoir, celui qui a accueilli mes premiers éclats de rire avec mes amis, celui qui a abrité mes premiers pleurs face aux pertes de cette guerre, celui qui a entendu mes premiers cauchemars.
Je suis las, fatigué de tout ce qui m'entoure et qui finalement ne fait que m'enfoncer davantage.
Mes meilleurs amis ont réussi à trouver la plus précieuse des choses en ces temps sombres, ils ont réussi à découvrir l'amour qu'ils se vouaient l'un envers l'autre, mais moi je n'arrive pas à percevoir ne serait-ce qu'un simple rayon de lumière.
Si jeune et tant de responsabilité, obligé de réussir là où les adultes ont échoué, mais pour tout ça je dois me sacrifier, oublier que je suis une personne à part entière, oublier que moi aussi j'aimerai trouver une raison pour vivre.
Cette nuit, j'ai vu Fred mourir, ainsi que Remus, les autres soignent leurs blessures alors que moi je sais que les miennes ne pourront pas se refermer. Je dois partir, c'est peut-être lâche certes mais je dois le faire, je n'ai plus le choix. J'ai déjà préparé quelques affaires, je pense juste que j'attendais d'avoir un déclic pour me lancer. J'invoque un parchemin et une plume et couche sur le papier quelques mots à l'encontre de mes deux meilleurs amis.
« Hermione, Ron,,
Je suis désolé, j'aurai dû être là pour vous, j'aurai dû faire ce que tout le monde veut de moi, mais avant de mourir j'aimerai pouvoir vivre, juste un peu, pour moi, sans me soucier d'une opinion, de ma réputation, de mon nom. Je suis lâche, je le sais et pourtant même en le sachant je ne peux m'empêcher de désirer une choses aussi simple et forte que ce que vous partagez ensemble. Désolé mais il est temps pour moi de découvrir autre choses que les morts et les combats.
Ron, prend bien soin de notre Hermione elle est plus fragile qu'il n'y paraît. Toi, Hermione, n'essaye pas de me retrouver, tu n'y arriveras pas.
Je vous aime tout les deux.
H. P. »
Le mot était court mais clair, j'ai senti mon cœur se déchirer au moment où j'ai posé la feuille sur le lit de Ron et pourtant ma résolution ne s'est pas évanouie pour autant.
Je lance un dernier regard sur le dortoir et place ma cape d'invisibilité sur mes épaules. Je me glisse dans les couloirs, ceux que j'ai tant de fois parcourus, j'essaye de passer le plus inaperçu possible et finalement je parviens à arriver face aux portes du château. Je pousse la porte et laisse l'air frais de cette soirée de septembre m'entourer et me montrer que je suis vivant. J'avance un peu, grave dans ma mémoire le moindre détail de cet endroit qui a su m'apporter la paix et un peu de sérénité, un peu de joie dans cette vie remplie de peine. Encore un pas, puis deux, le moment est venu de tourner la page, de regarder vers une autre direction, de laisser une dernière chance à la vie, loin de cette guerre. Je n'ai pas vraiment réfléchi à ma destination après tout, tout un monde s'ouvre à moi, et si je tendais la main pour m'en saisir ? Je pars et je sens mon corps s'éloigner de cet endroit qui maintenant ne comporte que des mauvais souvenirs, je me sens tiré, tiraillé puis finalement je touche enfin la terre ferme. Le soleil caresse mon visage, j'observe le paysage et profite de cette vue magnifique, la mer à perte de vue, le sable chaud et blanc sous mes pieds alors qu'une fine brise m'enroule dans son duvet protecteur. Enfin depuis des mois j'esquisse les prémices d'un sourire.
Pendant ce temps à Poudlard
Ron était retourné au dortoir pour voir Harry et il était particulièrement étonné de ne pas l'y trouver, il aurait cru qu'après les événements de cette nuit il se trouverait dans leur chambre, là où il serait enfin en paix, mais non, pas de Harry, pas l'ombre d'une trace, il regarda vite fait et ne trouva pas la cape d'invisibilité de son ami, en revanche il trouva la carte du Maraudeur, il l'activa et essaya en vain de trouver son meilleur ami. Ron commença à paniquer quand au bout de trente minutes il ne trouva toujours pas son meilleur ami. Prit d'une soudaine bouffée de panique, il alla trouver sa partenaire pour lui faire part de son inquiétude. Cette dernière à l'annonce de cette nouvelle soupira de tristesse en se dirigeant avec son petit ami dans les dortoirs des garçons. Elle observa la pièce, essaya de trouver une trace, puis elle remarqua le mot posé sur le lit du roux. Elle le montra à Ron et d'une main tremblante, ils se mirent à la lire ensemble.
Hermione ne réussit pas à retenir ses larmes, leur dernier espoir avait disparu, leur meilleur ami était parti et même si elle lui souhaitait de trouver un peu de paix, elle souffrait de ce manque qui commençait déjà à se faire sentir. Ensemble après avoir longuement pleuré, ils allèrent voir le directeur afin de l'avertir. Le visage du vieil homme se décomposa à mesure qu'il réalisait le poids des paroles de ses deux jeunes élèves. Au bout de quelques minutes de silence, un fin sourire finit par étirer ses lèvres ridées, il fit un signe de la main pour faire comprendre à ses élèves qu'ils pouvaient disposer.
Trois jours s'écoulèrent sans que l'on ne vit le directeur de l'école, pas plus que Ron et Hermione. Puis Dumbeldore les convoqua. La pièce comptait déjà trois personnes, Severus Rogue, Molly Weasley ainsi que son mari Artur Wesaley. Ron et Hermione allèrent saluer les adultes présents dans la pièce et s'installèrent dans les fauteuils prévu à cet effet.
– J'ai longuement réfléchi à la situation, déclara le directeur, et j'en suis venu à la conclusion qu'il avait le droit de faire ça, aussi douloureuse que soit cette pensée, je ne peux pas vraiment lui en vouloir. Nous nous sommes tous trop reposé sur lui, sur ces frêles épaules sans vraiment lui demander ce qu'il pouvait vraiment ressentir, après tout je n'aurai pas dû oublier que malgré sa maturité il reste un adolescent. Nous allons donc devoir faire sans lui, dans l'espoir qu'il nous reviendra.
– Vous n'êtes pas sérieux Albus, Harry est si jeune, il est en danger, on ne sait pas ce qui pourrait lui arriver, rétorqua une Molly au bord de la crise de nerf.
– Soyons franc Molly, voulez-vous ? Harry est de toute façon perpétuellement en danger, et j'ai confiance en lui, après tout, il a eu d'excellents professeurs n'est-ce pas Severus ?
– Rien n'est moins sûr, néanmoins il est probable que Potter s'en sorte, s'il est suffisamment intelligent, il aura au moins changé de pays.
– C'est exactement ce à quoi je pensais Severus, exactement.
– Mais monsieur, qu'allons-nous dire aux autres ? Demanda Hermione timidement.
– Il serait plus sage d'annoncer qu'Harry a dû partir sans annoncer la véritable raison, comme je le disais, nous avons tous trop fondé d'espoir en lui et nous ne sommes pas les seuls, alors pour éviter tout problème pour le moment, nous allons juste détourner la vérité.
Hermione comprenait les paroles du directeur mais avait peur d'en saisir le sens, un sentiment effroyable l'assaillit, un froid glacial s'insinua en elle à la pensée qu'elle ne le reverrait peut-être jamais. Son frère, son meilleur ami, celui sur qui elle avait toujours pu compter avait disparu de sa vie aussi soudainement qu'il y était apparu. Une larme roula sur sa joue alors que les derniers espoirs de paix pour le futur qu'elle avait conservé s'envolaient doucement mais sûrement. Elle s'accrocha à sa dernière lumière, le seul qui restait présent auprès d'elle, elle l'observa un instant, ces traits tirés par la douleur et la fatigue mais aussi l'incompréhension face à la décision du brun. Hermione avait tout de suite compris que Ron l'avait prit comme une trahison, et elle en souffrait d'autant plus qu'elle comprenait la raison de ce départ sans pour autant l'accepter. Ron avait changé depuis leur première année, il était devenu un homme, beau, fort, sur qui on peut compter, elle l'aimait depuis longtemps mais continuait de se demander si elle ne l'aimait pas de la mauvaise manière. Elle chassa cette pensée et déposa sa tête sur l'épaule de son petit ami, une chose à la fois, se répéta-t-elle, une chose à la fois. Elle laissa s'échapper quelques sanglots alors que Ron l'enveloppait dans une étreinte rassurante. Quelques minutes plus tard, ils sortaient du bureau du directeur. Hermione ne voulait pas le laisser partir, elle ne voulait pas se sentir seule, alors elle demanda au roux si il voulait bien rester avec elle.
Ron ne put qu'accepter, lui aussi ne voulait pas se retrouver seul, depuis qu'il avait rencontré Harry et Hermione, il avait toujours cru qu'ils resteraient tous les trois réunis et maintenant après juste quelques jours, son monde ne tournait déjà plus rond. Ils décidèrent d'aller dans la salle sur demande où pour la première fois, ils se laissèrent aller à ce que leurs instincts réclamaient, oublier dans les bras de l'autre, se laisser aller le temps d'une nuit sans avoir à penser au reste de leur vie.
A des milliers de kilomètres de Poudlard.
Le bruit des vagues s'échouant sur les rochers finirent par réveiller Harry. Il s'étira dans le lit de fortune qu'il s'était créé et observa le tableau qui s'affichait face à lui, cet océan à perte de vue, cette sensation de liberté qui s'emparait de lui alors que les heures s'égrénaient. Tout était différent ici, il avait choisi ce lieu car il l'avait vu dans un livre et maintenant il se trouvait sur une île longeant l'Affrique. Sa magie lui permettait d'obtenir tout ce qui lui était nécessaire pour le moment, il pensa que pour le reste il s'en occuperait plus tard. Pour la première fois de sa vie, il était libre, sans aucune contrainte, sans vivre dans la crainte de sa tante et de son oncle, sans vivre dans la crainte qu'un mage noir complètement taré ne le trouve et abrège sa si courte vie. Enfin la liberté l'enroulait, lui montrait tout un éventail de possibilités, de perspectives d'un avenir différent.
La guerre n'avait pas réussi à s'étendre aussi loin, il n'avait pas encore explorer le lieu où il se trouvait, tout ce qu'il avait fait c'était juste de se construire un abri, et de se fournir de la nourriture et du feu, en somme à peine quelques sorts et relativement simples en plus. Rien ne venait troubler ce calme, il se contentait de regarder l'horizon, cette étendue de mer aussi changeante que l'humeur d'une adolescente, ces pensées s'éloignaient en même temps que le soleil disparaissait et que l'aube renaissait. Il avait pris une décision, difficile certes mais il s'y tiendrait même si probablement personne ne le comprendrait jamais.
Il ferma les yeux et laissa les rayons du soleil paresser sur sa peau, il respira à pleins poumons, une nouvelle vie, un nouveau départ, c'est ce qu'il avait toujours secrètement voulu et aujourd'hui était juste le premier jour de cette nouvelle vie.
Il se redressa et passa une main dans ses cheveux avant de se lever. Il faisait face à cet océan, un homme seul face à une étendue aussi vaste que le monde. Pour la première fois de sa vie, il ressentit un sentiment étrange, celui d'être infiniment petit face au reste du monde, de ne pas être aussi important que ce qu'il avait toujours cru, après tout, le monde continuait à tourner, le monde n'avait pas changé, seul son point de vue était différent. Il sourit face à la véracité de ses pensées, qui pouvait-il bien être pour se croire aussi important ? Il regarda sa baguette, celle qui l'avait aidé tant de fois et décida que le moment était venu de la laisser se reposer. Il la glissa dans son sac, prit un tee shirt et un short et se changea rapidement. Il ramassa les quelques affaires qu'il avait éparpillé et commença sa route vers une nouvelle civilisation.
La chaleur était écrasante, cela faisait déjà cinq heures qu'Harry marchait, il s'était enfoncé vers les terres, ne sachant pas vraiment ce qu'il trouverait mais il continuait, pourtant le soleil commençait à faire son œuvre, sa peau le brûlait, la soif qu'il ressentait était plus intense que jamais mais il continuait, sa vision devenait flou, la sueur qui perlait sur son front lui brûlait les yeux quand elle s'écoulait, il sentait ses forces s'amoindrir, s'envoler à chaque pas qu'il faisait mais il continuait, encore et encore. Puis finalement ses jambes le lâchèrent, il s'effondra sur le sol sec et poussiéreux, il distingua un son, une ombre avant que ses yeux ne se ferment et qu'il se laisse sombrer dans l'inconscience.
Poudlard, une semaine après le départ d'Harry
Une longue semaine, sans aucune nouvelle, non pas que Ron et Hermione ne s'attendaient vraiment à en recevoir, néanmoins des brides d'espoirs subsistaient. Chacun avait parfaitement évité les questions trop personnels suite à la disparition du survivant et d'un commun accord avec leur directeur, ils avaient annoncés à tous qu'Harry était parti en mission pour réussir à vaincre Voldemort. Les avis étaient partagés pourtant personne ne dit rien, enfin personne sauf Draco Malfoy.
Le Serpentard avait tout de suite remarqué la tension qui régnait entre les deux amis du survivant, ils étaient sans cesse sur le qui-vive, toujours à essayer d'esquiver les conversations touchant au brun et dès que quelqu'un prononçait son prénom un voile de tristesse s'abattait soudain sur eux. Il avait toujours était observateur mais là, il ne fallait pas être un génie pour comprendre qu'il y avait un problème. En temps ordinaire, Draco aurait pu se sentir soulagé par l'absence d'Harry mais en cette période de guerre, quand les temps étaient les plus sombres, Harry était le seul à continuer de le voir comme il était, comme Draco Malfoy et non pas comme le fils de Lucius. Son instinct de Serpentard lui disait d'enquêter et son instinct de survie lui hurla presque de le faire rapidement avant que le « Maître » de son père ne trouve un moyen quelconque d'étendre un peu plus son emprise sur lui en lui apposant sa marque. Contrairement à la rumeur publique, Draco n'avait jamais été en accord avec les pensées du Lord noir, il s'était d'ailleurs toujours plus positionné d'une façon neutre à tous ses événements, le bon ou le mauvais côté ne lui importait que très peu, l'important restant de survivre, de réussir à se maintenir hors de cette confusion qui régnait un peu plus chaque jour dans la communauté magique. Sa situation n'était pas des plus aisée et malgré son âge, il comprit pourtant rapidement qu'il se devrait de faire un choix, de choisir un camp. Il n'y avait pas d'autre solution, certains autres Serpentards avaient le même problème, aucun ne suivait les ambitions de leurs parents néanmoins aucun ne serait accueilli à bras ouverts dans l'Ordre du Phoenix. Les serpentards avaient les ressources nécessaires pour survivre à cette guerre mais personne pour les encourager. Malgré son air froid et distan,t Draco se souciait de ses amis mais aussi de lui-même et même si ça lui avait écorché la bouche de le dire la première fois, Harry était leur meilleure chance de s'en sortir, alors cette soudaine absence, cet air triste sur le visage de ses amis juste quelques jours après une bataille importante, tout ceci était étrange et Draco voulait savoir ce que tout ça cachait.
Il suivit le jeune couple le plus discrètement possible et attendit que les deux jeunes s'installent dans un recoin de la bibliothèque. Il resta aux aguets, conscient que les deux adolescents étaient sur leurs gardes, après tout, ils combattaient régulièrement maintenant donc c'était une chose normale, il attendit, fit preuve de patience tout en captant un maximum d'informations sur leur conversation. Seulement rien, à un moment Hermione avait bien tenté d'entamer la discussion sur le brun mais Ron l'en avait aussitôt empêché. L'instant d'après, l'ambiance avait changé et les deux jeunes se muraient dans un silence mal à l'aise.
Il fallut encore à Draco de longues minutes d'attente avant de voir Ron se lever et partir après avoir déposer un baiser rassurant sur le front de sa petite amie. Draco patienta encore, ne voulant en aucun cas que la situation lui échappe à la bibliothèque. Finalement Hermione se leva et se dirigea vers ses dortoirs. Draco attendit sa chance et quand l'occasion se présenta de l'approcher alors que le couloir était désert, il la saisit sans plus y réfléchir.
– Alors Granger c'est rare de te voir seule dans les couloirs, où est donc passé ton escorte ?
Aussitôt la jeune fille se tendit mais ne capitula pas pour autant.
– Malfoy c'est vraiment pas le moment, je suis sûr qu'il y a plein monde dans le château que tu peux aller faire chier alors vas-y et oublie-moi.
– Surveille ton vocabulaire Granger et pour ta gouverne, non il y a personne que je peux aller taquiner alors je me rabbats sur toi vu que Potter est aux abonnés absents.
Draco venait de faire mouche, à l'entente du nom de son ami, ses yeux s'étaient voilés, les larmes menaçaient de s'écouler d'un instant à l'autre. Maintenant Draco en était sûr quelque chose clochait.
– Fous-moi la paix Malfoy.
– Dis donc tu sembles particulièrement de mauvaise humeur, la belette ne fait pas son travail comme il faut ou alors c'est l'absence de Potter qui te mets dans cet état-là. J'ai toujours pensé que vous faisiez ménage à trois.
– Suffit Malfoy, va cracher ton venin ailleurs.
– Je voudrais bien je t'assure mais comme je viens de le dire la balafré n'est pas là alors je passe le temps comme je peux.
– Mais qu'est-ce que tu veux à la fin ?
– Je veux savoir où est Potter et je t'assure que je finirai par le savoir alors autant que tu me le dises tout de suite.
– Pourquoi faire ? Tu comptes aller donner ces informations à ton père Malfoy ?
– Ma pauvre Granger, ne parle pas de ce que tu ne sais pas. Alors j'attends où est Potter ?
Hermione considéra le jeune homme face à elle, elle savait que Draco n'était pas vraiment pour Voldemort, même pendant les batailles, il se contentait de faire en sorte que ses amis s'en sortent, il ne suivait pas vraiment les règles de cette guerre, mais lui confier ce secret était impensable, Ron la tuerait sans compter sur Dumbeldore et les autres. Néanmoins ce comportement l'intriguait, la dépassait, elle percevait clairement l'inquiétude dans les yeux du blond. Ils étaient dans des situations différentes mais au fond ils désiraient juste la même chose.
– Tu sais déjà où il est, il me semble. Dumbeldore a fait une déclaration. Tu en sais autant que moi.
– Écoutes, que tu me dises que tu ne veux pas me répondre, ok je comprends mais me prends pas pour un con. Je te rappelle que Potter et moi on passe notre temps à nous chercher depuis 7 ans alors crois-moi, je vous connais mieux que je ne le voudrais. Tu ne me dis pas tout, je le sais. Il s'est passé quelques chose. Je te préviens, je finirai par le savoir. Cette guerre nous concerne tous, et quand je dis tous, c'est nous aussi les Serpentards, le fait que vous nous ayez oublié ne signifie pas qu'on n'existe pas, je le découvrirais sois en sûr, avec ou sans toi.
Draco se tourna dans un mouvement digne de son parrain et commença à s'éloigner. Il savait qu'elle lui cachait quelque chose, maintenant il lui restait à le trouver. Alors qu'il allait disparaître à l'angle d'un couloir, Hermione le rattrapa.
– Je sens que je vais le regretter, j'en suis même sûre mais pour une fois je vais faire ce que moi je veux. Après le dîner, rejoins-moi dans la salle sur demande à 21h. Les préfets auront fait leurs premières rondes, on sera sûr de ne pas être dérangé. Pas un mot à quiconque, Ok ? Même pas à Ron, s'il savait que je te parle, il ferait une attaque.
Hermione regarda Draco, son expression, elle se dit vaguement que peut-être il n'était pas si différent.
– Ok Granger, ce soir 21h.
– Dans ce cas à tout à l'heure, elle commença à s'en aller puis se retourna, au fait Draco, si tu veux qu'on collabore ça serait peut-être bien que tu commences par m'appeler par mon prénom.
Hermione partit sans attendre de réponse. Elle alla dans son dortoir, s'installa sur son lit et réfléchit. Elle comprenait qu'Harry ait voulu fuir, mais serait-il sauf pour autant ? Même s'il était parti à l'étranger Voldemort risquait de finir par le trouver et là que ce passerait-il ? Ils voulaient vivre leurs vies sans avoir à s'inquiéter mais l'époque ne s'y prêtait pas mais peut-être qu'ils pourraient faire autrement ?
L'Ordre les manipulait, les lançait sans cesse dans des combats et des missions et plus ils partaient moins nombreux ils revenaient. Cette voie ne convenait plus à Hermione, elle ne comprenait pas la réaction de son directeur face à la disparition du brun, elle devait le retrouver mais d'abord elle devait trouver une solution, une autre voie, un autre camp.
L'ombre contre la lumière, ce combat qui existe depuis la nuit des temps mais au fond tout le monde à oublier qu'il y avait plus de gris que de noir ou de blanc. Il était temps que les choses changent, il était temps que leur génération se réveille et réclame son dû, la paix et la chance de pouvoir avoir un avenir. Elle soupira alors que l'ébauche d'un plan apparaissait dans sa tête et elle se dit qu'elle aurait sûrement du mal à faire suivre Ron mais elle y arriverait, elle en était sûr.
Le dîner se passa sans encombre même si Ron trouvait sa petite amie peu bavarde. Alors qu'il repartait vers la salle commune de leur maison, Hermione prétexta qu'elle ne se sentait pas bien et fila vers l'infirmerie. Une fois sûr que personne ne la suivait, elle se dirigea vers le point de rendez-vous. Elle était en avance, mais ce temps lui était nécessaire pour faire le point sur ce qui allait se dérouler.
Draco arriva à 21h précises, quand il rentra dans la pièce il ne fut pas surpris de trouver un salon confortable mélangeant les couleurs de leurs deux maisons respectives. Il s'installa sur l'un des deux fauteuils et sur la table basse face à lui, apparut une tasse de thé. Il leva son regard vers le jeune fille et s'aperçut rapidement qu'elle n'était pas aussi à l'aise qu'elle voulait bien le faire croire.
– Je te remercie d'être venu Draco.
– C'est normal, après tout c'est moi qui demande des explications.
– Je sais, comme tu t'en doutes, ma situation est assez délicate.
– J'ai l'impression en effet, néanmoins je te rassure ce qui se dira ici restera entre toi et moi.
– Pourquoi est-ce que je devrais te croire Draco, après tout ce que tu nous as fait pendant toutes ses années, pourquoi est-ce que je devrais te croire ?
– Écoutes, je sais très bien que nous avons un passé disons…tumultueux, mais franchement ce que je vous ai fait, vous me l'avez fait payé au centime près. Alors je crois qu'on est quitte là, en plus il ne s'agit pas de gamineries mais d'une guerre. Même moi je suis capable de savoir que ce qui se dira ici ne doit pas être divulgué.
– Pour en être sûr et j'espère que tu ne m'en voudras pas de prendre de telles précautions mais je voudrais que tu signes ce contrat magique. Une fois fait si tu divulgues quoique se soit tu tomberas dans un coma profond d'où tu ne te réveilleras pas. C'est clair ?
Draco fit apparaître une plume et signa le contrat face à lui, hors de question de reculer maintenant alors que la jeune fille semblait sur le point de tout lui divulguer.
– Maintenant dis-moi tout.
– Il n'y a qu'une poignée de personnes qui sont au courant mais pendant la dernière bataille, celle du ministère, Rémus et Fred sont morts. Harry était juste à côté d'eux quand c'est arrivé mais il n'a rien pu faire, il se battait déjà contre un mangemort. Ton père en fait. Dès que la situation a commencé à tourner à leur désavantage ils ont disparu et nous sommes rentrés en rapportant les corps. On était tous au château, j'étais avec Ron et sa famille, j'essayais tant bien que mal d'épauler Ron mais je n'ai pas pensé à épauler Harry. Quand Ron a voulu le rejoindre dans le dortoir, il avait disparu en laissant un mot. La vérité Draco, c'est que Harry est parti, la pression était trop grande, il n'a pas supporté ces morts de trop.
– J'y crois pas…il s'est barré, le héros survivant et tout, et tout, et il s'est barré.
– On ne peut pas l'en blâmer Draco, il a vécu bien plus de choses horribles que la plupart d'entre nous.
– Non mais tu sais à qui tu parles là, tu sais où j'habite, tu sais qui sont mes parents, crois-moi je suis loin d'avoir connu la vie de rêve que vous imaginez et pourtant je n'ai pas fuis, je suis là.
– Tu n'as pas fuis certes mais on ne peut pas dire que tu te sois vraiment engagé.
– C'est vrai que pour moi c'est si facile, voyons, soit je suis mon cher père et là je deviendrais au choix un meurtrier pour un mage noir ou encore sa putte personnelle, il paraît qu'il aime particulièrement les blonds… ou alors je vais voir l'Ordre qui va m'accueillir à bras ouverts et qui ne sera pas du tout soupçonneux à mon égard et en plus, vu leur degré de manipulations et d'actions insensées, je suis pas plus sûr d'y survivre.
– Je vois, je me disais bien que tu pensais comme ça, et je me demandais : est-ce que beaucoup de Serpentards sont dans la même situation ?
– Bien sûr, le fait qu'on soit à Serpentard ne signifie pas qu'on est des meurtriers en puissance.
– Je m'en doute Draco, c'est pour ça que j'ai réfléchi. Tu sais vous n'êtes pas vraiment les seuls à être dans une situation délicate. L'Ordre se sert de nous depuis le début, on est juste des pions pour eux et je crois que c'est aussi pour ça qu'Harry est parti. Les anciennes générations ont choisi leurs camps et leur voie il y a longtemps, nous avons été enroulé dans tout ça sans jamais rien demander, je me disais que peut-être il était temps de faire entendre nos voix, notre façon de voir les choses. Je me suis dit que quitte à se battre il serait peut-être temps de se battre pour nous.
Draco examina la jeune femme, pesant chaque mot prononcé, elle était brillante et peut-être que son idée pourrait être réalisable, au fond, elle envisageait une solution qui lui convenait beaucoup plus. Il devait réfléchir aux différents événements qu'il venait d'apprendre.
– Ton avis est intéressant néanmoins si je te suis, tu voudrais donc constituer un autre clan, rassemblant des élèves de différentes maisons ?
– Je pense que oui, c'est un peu ça mais j'aimerais avoir ton avis.
Draco resta surpris face à cette requête, elle lui demandait son avis sans craindre la raillerie, ou ses remarques acerbes.
– Je pense que, en effet, c'est une solution qui pourrait convenir à beaucoup de personnes, mais ton petit ami n'acceptera jamais de pactiser avec les Serpentards. Qui plus est, même si nous arrivons à résister je pense que sans Potter nos chances sont réduites.
– En premier lieu, on doit faire en sorte de trouver les personnes qui accepteraient de nous rejoindre et une fois cette partie faite, nous devons retrouver Harry.
– Je suis d'accord mais comment on fera pour le retrouver, tu sais mieux que moi à quel point il peut être borné ton pote.
– Ne t'inquiète pas, on verra ça en temps et en heure pour le moment tu dois convaincre les Serpentard de collaborer avec les Gryffondors.
– Contrairement à ce que tu peux croire je suis sûr que le problème viendra plutôt de tes amis que des miens. Nous, tout ce qu'on veut c'est s'en sortir alors que vous, au moins vous êtes protégé.
Hermione savait que Draco avait raison, elle se sentit soudain honteuse d'avoir malgré tout été une privilégiée dans cette guerre. Elle observa Draco, c'était la première fois qu'ils avaient une conversation aussi longue et civilisée, et malgré leur passé commun, elle ne se sentait plus aussi mal à l'aise qu'au début, elle voyait les efforts du blond pour rester à sa place. Ce comportement l'intriguait mais Draco était un sorcier puissant, maîtrisant bon nombre de sorts que beaucoup ne connaîtrait jamais, il possédait un esprit vif et acerbe, elle le savait pour en avoir été un assez grande nombre de fois la cible, indéniablement ,Draco était important et si lui suivait les autres de sa maison aurait moins d'hésitation à les rejoindre. Elle lui fit un mince sourire avant de reprendre.
– Je ferais en sorte que ça se passe bien avec ceux de ma maison. Je sais à quel point les rivalités entre nos maisons sont importantes mais là je crois qu'il y a des choses plus importantes. Nous devons nous battre et survivre, nous devons y arriver par nos propres moyens, sans avoir à compter sur ceux qui ne font que nous exploiter. On a besoins d'unir nos forces, de faire en sorte que ça marche.
– Je sais tout ça, pas besoin de montrer à quel point tu es une gryffondor avec ce discours.
– Je savais pas très bien combien de temps ça allait pouvoir durer, néanmoins une conversation avec toi sans remarque ça ne serait pas une vraie conversation… Alors voilà, je te propose de nous retrouver ici dans une semaine à la même heure. Nous viendrons tous les deux avec toutes les personnes qui voudront bien se joindre à nous. Dès que les premières vacances seront là, on fera en sorte de s'entraîner ensemble et de trouver une solution pour communiquer ensemble sans se faire repérer. D'ici là, silence total sur Harry, on garde la version officielle.
– Je suis d'accord, vu que nous nous voyons obligés d'unir nos forces, je pense qu'il serait donc préférable que nos maisons évitent le genre de petite blagues que nous avons l'habitude de nous faire les uns aux autres.
– En effet ça serait plus raisonnable, mais je te rassure, dès que tout sera finit, on reprendra là où on en était.
– J'en attendais pas moins de toi.
Les deux jeunes se levèrent de leur fauteuil respectifs et se saluèrent d'un signe de main pour conclure leur accord. Chacun repartit de son côté, méditant sur la conversation qu'ils venaient d'avoir. Ils avaient beaucoup à faire, mais Draco sentait au plus profond de lui une rage sans nom, un sentiment de trahison, Potter l'avait lâché, bien sûr Potter n'était même pas au courant du fait que Draco comptait sur lui mais ce n'était qu'un détail, jamais Draco n'aurait pensé que les choses auraient pu tourner de cette manière. S'il avait ce crétin de brun face à lui dans la seconde même il lui collerait la raclée de sa vie, non mais il se prenait pour qui ce trou du cul à tout foutre en l'air comme ça sans même penser aux autres. Tout le monde était dans une situation périlleuse même ceux qui n'avait jamais voulu participer à cette guerre, mais lui alors qu'il avait la force pour changer les choses il avait préféré s'enfuir. Loin de tout et des problèmes, une fois de plus Draco se promit que dès qu'il mettrait la main sur le brun et il allait le trouver parole de Malfoy, il lui collerait son poing dans la gueule et ça le soulagerait.
Le lendemain la première étape de leurs missions commençaient, trouver sans rien divulguer des sorciers capables de les suivre et surtout qui comprennent leur position.
